Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 20 mars 2024
(La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)
Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:
Visite du Secrétaire général à Bruxelles
Aujourd’hui, à Bruxelles, le Secrétaire général a participé à un déjeuner de travail organisé par Mme Ursula von der Leyen, la Présidente de la Commission européenne.
Avant le déjeuner, ils ont eu une rencontre conjointe avec la presse au cours de laquelle le Secrétaire général a souligné que cette rencontre a lieu à un moment particulièrement sombre, alors que le rôle de l’Europe sur la scène mondiale est plus important que jamais.
Concernant la situation en Ukraine, le Secrétaire général a réitéré son appel à une paix juste, respectant la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.
En ce qui concerne Gaza, alors que plus de la moitié de la population -soit plus d’un million de personnes- est confrontée à une famine catastrophique, il a appelé les autorités israéliennes à garantir un accès total et sans entrave aux produits humanitaires dans toute la bande de Gaza et la communauté internationale à soutenir pleinement les efforts humanitaires de l’ONU. Nous devons continuer à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour arrêter les tueries, parvenir à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et obtenir la libération inconditionnelle des otages, a-t-il ajouté.
Au-delà de ces conflits, la méfiance et la division règnent en maître, a constaté M. Guterres avant de souligner que le multilatéralisme et la solidarité font partie de l’ADN de l’Union européenne (UE). À l’aune du Sommet de l’avenir de l’ONU en septembre, il a exhorté l’UE et ses États membres à continuer de faire pression pour un système international plus inclusif, plus efficace et plus résilient.
Aujourd’hui également, le Secrétaire général a rencontré Mmes Hadja Lahbib et Caroline Gennez, respectivement Ministre des affaires étrangères et Ministre de la coopération au développement de la Belgique, ainsi que Mme Jutta Urpilainen, Commissaire européenne chargée du partenariat international.
Demain, à l’ouverture du Conseil européen, le Secrétaire général participera à un déjeuner de travail avec les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne. Il devrait également rencontrer la Présidente du Parlement européen, Mme Roberta Metsola, ainsi que d’autres personnalités.
Conseil de sécurité
Ce matin, le Conseil de sécurité a tenu une séance d’information au cours de laquelle il a entendu la Directrice des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Mme Edem Wosornu, qui a mis en garde les membres du Conseil contre une situation d’insécurité alimentaire de grande ampleur et qui se détériore rapidement au Soudan - une situation provoquée par 11 mois de conflit brutal et incessant. Elle a indiqué que dans les États de Khartoum, du Darfour et du Kordofan -où vivent 90% des personnes confrontées à des niveaux d’urgence d’insécurité alimentaire aiguë- il n’y a pas eu de répit dans les combats féroces depuis 340 jours.
Mme Wosornu a signalé que les partenaires humanitaires estiment que dans les semaines et les mois à venir, quelque 222 000 enfants pourraient mourir de malnutrition au Soudan.
Le Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), M. Carl Skau, a également informé les membres du Conseil. Il a déclaré que dans la région, près de 28 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, dont 18 millions au Soudan, 7 millions au Soudan du Sud et près de 3 millions au Tchad. Malgré les efforts du Programme alimentaire mondial, les opérations d’aide d’urgence sont gravement entravées par le manque d’accès mais aussi le manque de ressources.
Pour sa part, le Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Maurizio Martina, a averti que l’extension du conflit à l’État de Gazira constituait une menace importante pour la production alimentaire nationale du Soudan, étant donné que cet État représente environ 50% de la production du blé et 10% du sorgho, notant qu’il s’agit de deux cultures essentielles pour le pays.
Examen de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA)
Le Groupe d’examen indépendant chargé de déterminer si l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) fait tout ce qui est en son pouvoir pour garantir sa neutralité et répondre aux allégations de manquements graves lorsqu’elles sont formulées. Son rapport intérimaire sera officiellement présenté au Secrétaire général plus tard dans la journée par Catherine Colonna, alors que ces conclusions et recommandations lui ont déjà été présentées hier en personne.
Cet examen est dirigé par Mme Colonna, qui travaille avec trois organismes de recherche: l’Institut Raoul Wallenberg en Suède, l’Institut Chr. Michelsen en Norvège et l’Institut danois des droits de l’homme.
Le rapport intérimaire a constaté que l’UNRWA a mis en place un nombre important de mécanismes et de procédures pour garantir le respect du principe humanitaire de neutralité, et le Groupe a également identifié certains domaines critiques à aborder.
Territoire palestinien occupé
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a déclaré aujourd’hui que l’opération militaire israélienne à l’intérieur et autour de l’hôpital Chifa dans la ville de Gaza s’est poursuivie pour la troisième journée consécutive. L’OCHA continue d’appeler à la protection des civils, y compris les malades, les blessés et le personnel médical. Les hôpitaux et les établissements de santé ne doivent pas être pris pour cible.
Il y a une semaine, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait recensé un total de 410 attaques contre des facilités sanitaires à Gaza depuis le 7 octobre. Ces attaques auraient fait des centaines de victimes, endommagé près de 100 installations et touché plus de 100 ambulances. Sur la même période, ce sont 403 attaques qui ont été recensées en Cisjordanie par l’OMS. Elles auraient tué une douzaine de personnes, blessé près de 70 autres et touché près de 50 établissements de santé et 275 ambulances.
L’OMS demande que les civils et les facilités de santé soient protégés et que le droit international soit respecté.
Sur un autre volet, Mme Sigrid Kaag, la Coordonnatrice de haut niveau de l’action humanitaire et de la reconstruction pour Gaza, se trouve à Chypre en ce moment et jusqu’à demain pour discuter de l’acheminement de l’aide par voie maritime vers Gaza.
Haïti
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a indiqué aujourd’hui que l’ONU a pu acheminer par voie aérienne plus de 800 kilos de médicaments, dont des poches de sang et d’autres fournitures médicales, en plus du personnel humanitaire. Ces fournitures sont essentielles à la réponse sanitaire des agences de l’ONU et des ONG, les établissements de santé étant gravement touchés par la violence.
Cela a également permis aux organisations humanitaires de disposer de suffisamment de personnel dans le pays pour continuer à fournir de l’aide.
Par ailleurs, le Programme alimentaire mondial (PAM) a distribué, hier, plus de 8 400 repas chauds à des personnes contraintes de fuir leur domicile à Port-au-Prince.
Haïti/Réfugiés
Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) a publié aujourd’hui de nouvelles orientations juridiques pour garantir que la protection internationale des réfugiés soit accordée aux Haïtiens qui en ont besoin. Les nouvelles orientations du HCR visent à aider les États dans leur évaluation des demandes d’asile, compte tenu des dures réalités auxquelles sont confrontés les Haïtiens aujourd’hui.
Dans ses nouvelles orientations, le HCR considère que, conformément à la Convention relative au statut des réfugiés de 1951, les Haïtiens pouvant être considérés comme éligibles à la protection des réfugiés peuvent inclure des militants politiques, des journalistes, des juges, des avocats et d’autres personnes luttant contre la corruption et la criminalité, entre autres profils à risque.
En outre, les Haïtiens peuvent également être éligibles à la protection des réfugiés en vertu de la définition régionale du réfugié de la Déclaration de Carthagène de 1984. Selon cette définition, appliquée par de nombreux pays de la région, la protection des réfugiés devrait être étendue aux personnes touchées par des circonstances qui perturbent gravement l’ordre public dans le pays et par une violence généralisée dans les zones touchées par les activités des gangs.
Ukraine
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) rapporte que les hostilités en cours ont continué à entraver gravement la fourniture de l’aide et des services humanitaires en janvier et février, notamment dans les communautés de première ligne. C’est ce que révèle la dernière évaluation de l’accès humanitaire réalisée par l’OCHA.
L’acheminement de l’aide aux populations vivant dans les territoires occupés par la Fédération de Russie reste particulièrement difficile. Par exemple, il est impossible d’acheminer de l’aide aux civils d’Avdiivka, dans la région orientale de Donetsk, depuis l’occupation de la ville en février.
L’OCHA note que la plupart des habitants dépendent fortement de l’aide humanitaire et que la situation sécuritaire a également rendu plus difficile l’accès aux communautés voisines qui accueillent des personnes déplacées par les hostilités.
La sécurité des travailleurs humanitaires en Ukraine continue également d’être menacée. Pendant les seuls mois de janvier et février, les organisations humanitaires du pays ont signalé au moins 24 incidents ayant eu un impact sur l’accès humanitaire, avec deux travailleurs humanitaires tués et 10 autres blessés. Plus d’une douzaine d’incidents ont été signalés au cours desquels des ressources et des installations humanitaires ont été endommagées.
Myanmar
Au Myanmar, où le conflit continue de provoquer des besoins humanitaires et de poser de graves menaces en matière de protection, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a indiqué aujourd’hui que dans l’État rakhine, la population civile supporte le poids des combats incessants entre l’Armée arakanaise et les forces armées du Myanmar, marqués par des bombardements aériens meurtriers et le violent pilonnage de zones résidentielles. Les recrutements forcés constituent également une préoccupation croissante.
Les organisations humanitaires tirent la sonnette d’alarme sur la pénurie d’eau dans les sites abritant des personnes déplacées, alors que la région sera bientôt confrontée aux semaines les plus sèches de l’année. Une certaine quantité d’aide parvient aux communautés touchées grâce aux efforts locaux, mais cela ne suffit pas. Les stocks de fournitures vitales diminuent, à l’approche de la saison des cyclones.
Dans le sud-est du pays, des frappes aériennes et des bombardements ont également été signalés ces derniers jours dans les cantons de Hopong et de Hsihseng, dans le sud de l’État shan, blessant plusieurs civils et endommageant des maisons.
Dans le nord-ouest, les affrontements affectent gravement les civils dans la commune de Kale à Sagaing. Quelque 28 000 personnes ont été déplacées depuis l’escalade, fin février, des combats entre les forces armées du Myanmar et les Forces de défense du peuple dans cette zone. Cela comprend quelque 7 000 personnes qui ont été nouvellement signalées comme déplacées au cours de la seule semaine dernière.
Dans le nord-est, plus de 20 000 personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers dans 10 townships du Kachin depuis que l’Armée de l’indépendance kachina lancé une nouvelle vague d’attaques offensives le 7 mars. Cela a aggravé les besoins humanitaires d’une population déjà vulnérable.
Le financement reste un défi majeur pour les efforts de réponse. Le Plan de réponse aux besoins humanitaires 2024 requiert 994 millions de dollars, et n’est financé qu’à 7%, soit 74 millions de dollars. Des ressources supplémentaires sont nécessaires de toute urgence.
Consolidation de la paix
Le rapport 2023 du Secrétaire général sur le Fonds pour la consolidation de la paix a été publié aujourd’hui. Répondant aux demandes nationales de soutien à la consolidation de la paix, le Fonds a approuvé l’année dernière 202 millions de dollars pour soutenir les communautés et le renforcement des institutions dans 36 pays et territoires.
Sur les trois volets prioritaires de la stratégie 2020-2024 du Fonds, plus de 24 millions de dollars ont été approuvés pour soutenir les approches transfrontalières et régionales, 38 millions de dollars pour faciliter les transitions de l’ONU et 57 millions de dollars pour appuyer l’autonomisation des femmes et des jeunes.
Dans l’ensemble, le soutien a été nettement inférieur à la demande et se situe en deçà du niveau ciblé en raison de la réduction du financement. Face à une demande accrue de la part des États Membres malgré une baisse des contributions, le Fonds a atteint son niveau de liquidités le plus bas depuis sa création. Nous devons investir maintenant dans une paix durable pour demain.
Journées internationales
La Journée internationale du bonheur est célébrée aujourd’hui, afin de reconnaître la pertinence du bonheur et du bien-être en tant qu’objectifs et aspirations universels dans la vie des êtres humains du monde entier et l’importance de leur reconnaissance dans les objectifs des politiques publiques.
Aujourd’hui est aussi la Journée de la langue française.
Le Bureau du porte-parole a lancé une chaîne WhatsApp qui permet de recevoir des notifications sur le point de presse de midi, y compris les faits saillants et les transcriptions.
Elle permet également de se tenir informé des activités en rapport avec les points de rencontre avec la presse et autres.
Invitée du point de presse
Demain, la Coordonnatrice résidente et Coordonnatrice de l’action humanitaire en Haïti, Mme Ulrika Richardson, sera l’invitée du point de presse. Elle fera le point par visioconférence sur la situation dans le pays,
Contributions financières
La Trinité-et-Tobago et Vanuatu ont payé leur cotisation au budget ordinaire de l’ONU.