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Assemblée générale: le Vice-Premier Ministre d’Israël constate l’impasse dans les pourparlers de paix et prône « un accord intermédiaire à long terme »

AG/11005

Assemblée générale: le Vice-Premier Ministre d’Israël constate l’impasse dans les pourparlers de paix et prône « un accord intermédiaire à long terme »

28/09/2010
Assemblée généraleAG/11005
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-cinquième session

21e et 22e séances plénières – matin et après-midi


A SSEMBLÉE GÉNÉRALE: LE VICE-PREMIER MINISTRE D’ISRAËL CONSTATE L’IMPASSE DANS LES POURPARLERS DE PAIX

ET PRÔNE « UN ACCORD INTERMÉDIAIRE À LONG TERME »


Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères d’Israël, M. Avigdor Liberman, a déclaré aujourd’hui que les pourparlers de paix avec les Palestiniens « sont toujours dans l’impasse », avant de prôner l’élaboration d’un « accord intermédiaire à long terme ».


Moyen-Orient, Cachemire, corne de l’Afrique, Chypre.  À l’avant dernier jour du débat général, les participants ont attiré l’attention de l’Assemblée générale sur les conflits en cours aux quatre coins du globe.


Avant que l’Autorité palestinienne ne se prononce sur l’avenir des pourparlers de paix, relancés à Washington le 2 septembre dernier, le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères d’Israël, M. Avigdor Liberman, a regretté aujourd’hui que malgré « tous les efforts déployés et les meilleures intentions » les négociations soient « toujours dans l’impasse ».


Il a estimé qu’avant de conclure un accord durable avec les Palestiniens, il fallait d’abord résoudre la question iranienne.  Il a donc prôné l’élaboration « d’un accord intermédiaire à long terme » qui pourrait, selon lui, prendre plusieurs dizaines d’années pour être réalisé, car « nous devons élever de nouvelles générations qui se feront confiance et qui ne se laisseront pas influencer par les messages extrémistes ».


Pour M. Liberman, le principe directeur de l’accord sur le statut final ne doit pas être la terre contre la paix, comme le préconise l’Initiative de paix arabe, mais bien un territoire habité contre un territoire habité.


Il ne s’agit pas de faire bouger les populations, s’est-il expliqué, mais de déplacer les frontières pour mieux refléter les réalités démographiques.  Cela n’est pas une mesure politique controversée, mais une vérité empirique, a insisté le Vice-Premier Ministre, dont les propos ont provoqué le départ des deux représentantes de l’Autorité palestinienne.


Dimanche dernier, Israël a choisi de ne pas proroger son moratoire sur le gel des colonies de peuplement en Cisjordanie, à la suite de quoi l’Autorité palestinienne a indiqué qu’elle se prononcerait le 4 octobre prochain sur l’avenir des pourparlers de paix.  La veille de la fin du moratoire, l’Assemblée générale avait entendu le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, s’engager à « exercer tous ses efforts pour un accord de paix israélo-palestinien d’ici à un an », tout en prévenant qu’« Israël devrait choisir entre la paix et l’expansion de ses colonies de peuplement ».


« Les tambours de la guerre continuent de résonner » a déploré aujourd’hui le Ministre des affaires étrangères de la République arabe syrienne, M. Walid Al-Moualem, qui a dénoncé « une colonisation sans relâche » qui risque, selon lui, d’anéantir la solution envisageant deux États.


Israël, a-t-il accusé, poursuit frénétiquement ses plans de judaïsation de Jérusalem et continue d’appliquer la politique du « fait accompli » en imposant sa volonté au mépris des négociations.  Les manœuvres politiques pendant les négociations, sous couvert d’un « désir de paix », ne font qu’exacerber la situation et la rendre plus volatile, a-t-il prévenu, en ajoutant « la paix ne peut être sérieuse que s’il y existe un effort sérieux de faire la paix ».  Le Ministre syrien a réaffirmé que son pays est prêt à reprendre les négociations là où elles en étaient via le Médiateur turc, à condition qu’Israël s’engage selon les termes de référence du processus de paix


Estimant que le « prétendu processus de paix israélo-palestinienl » ne pourrait pas apporter une solution au conflit, le Secrétaire du Comité populaire général de la Libye, M. Musa Kousa, a réitéré la proposition de créer un nouvel État démocratique, « Isratine », où tous les citoyens pourraient coexister sans discrimination.


Au titre des autres conflits, l’Assemblée générale a entendu le Ministre des affaires étrangères du Pakistan, M. Makhdoom Shah Mehmood Qureshi, indiquer que son pays était prêt à entamer un dialogue de fond avec l’Inde pour normaliser la situation au Jammu-et-Cachemire.  Le Ministre a appuyé le processus de réconciliation nationale en Afghanistan.


Son homologue de l’Érythrée a déploré que les Nations Unies continuent d’ignorer les conséquences graves de l’occupation par l’Éthiopie du « territoire souverain » d’Érythrée.  L’occupation illégale et le silence des Nations Unies coûtent cher aux populations érythréenne et éthiopienne, et compliquent la situation de la région, a fait remarquer M. Osman Saleh.


Le Ministre des affaires étrangères de la Grèce a estimé, quant à lui, que l’ONU devait participer au règlement du différend entre son pays et l’ex-République yougoslave de Macédoine.  M. Dimitris Droutsas a également appelé à la recherche d’une solution « gagnant-gagnant » à la question de Chypre, estimant que les communautés chypriotes turque et grecque étaient capables de « vivre pacifiquement et harmonieusement dans un État de Chypre, membre de l’Union européenne ».


L’Assemblée générale a, par ailleurs, entendu le Ministre des affaires étrangères, de la coopération internationale et de la francophonie de la Guinée équatoriale revenir sur la controverse qui a entouré la proposition de son pays de créer le « Prix Obiang Nguema Mbasogo de l’UNESCO » pour la recherche scientifique sur les maladies qui affectent le monde, en particulier l’Afrique.  M. Pastor Micha Ondo a dénoncé « les manipulations » de la nouvelle Administration de l’UNESCO.


Les représentants de la Chine, de Cuba, de l’Égypte, des Émirats arabes unis et de l’Iran ont exercé leur droit de réponse.


Le débat général se poursuivra demain, mercredi 29 septembre, à partir de 9 heures.


Suite du débat général


M. TONIO BORG, Vice-Premier Ministre de Malte, a estimé que les crises économique et financière mondiales avaient été exacerbées par les nombreuses tragédies humanitaires à travers le monde.  Les catastrophes naturelles, les attaques terroristes, les conflits armés et internes ont continué de causer des pertes en vies humaines, des destructions et des déplacements de personnes à travers le monde.  Devant toutes ces réalités négatives, l’ONU a toujours répondu de façon rapide et dans la cohésion, s’est-il félicité.  Il a ensuite salué les progrès accomplis en matière de désarmement et de non-prolifération au cours des récents mois, lesquels ont été marqués notamment par la signature du nouvel accord START, en remplacement de START I datant de 1991, entre Américains et Russes.  Cette signature, a-t-il dit, a ouvert la voie à la réussite de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a-t-il précisé.  C’est dans ce contexte qu’il a approuvé la tenue d’une conférence en 2012 devant aborder la mise en place d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.


Le Vice-Premier Ministre a également souligné la place et le rôle prépondérant que joue son pays dans la région méditerranéenne, en promouvant le dialogue entre les acteurs de la région.  Dans les mois qui viennent, Malte, a-t-il annoncé, accueillera d’ailleurs le deuxième Sommet du Forum connu sous l’appellation « Dialogue 5+5 » qui est une plate-forme de discussion entre le Nord et le Sud.  Il s’est par ailleurs rallié aux autres membres de l’Assemblée en saluant la reprise des pourparlers de paix directs entre Israéliens et Palestiniens, en rappelant l’urgence de trouver une solution durable à cette question qui est « depuis plus de 60 ans à l’ordre du jour de l’Assemblée générale de l’ONU ».  Aussi, a-t-il appuyé les différents efforts menés en vue de parvenir à la création d’un État palestinien indépendant et viable, vivant dans la paix et la sécurité côte à côte avec Israël.


M. Borg a exhorté la communauté internationale à mettre en place une stratégie efficace pour lutter contre les changements climatiques.  La Conférence de Copenhague a permis de poser les fondements d’un accord pouvant être signé à Cancún, au Mexique prochainement, a–t-il dit.  La protection de l’être humain reste la priorité de Malte, a-t-il poursuivi, en se félicitant du dialogue entamé aux Nations Unies sur la question de la responsabilité de protéger et de l’adoption par l’ONU du plan d’action contre la traite des personnes.  Il a conclu en appelant les États à apporter des réponses aux nouvelles questions nées du développement de la piraterie en mer.


M. ABUBAKR AL-QIRBI, Ministre des affaires étrangères du Yémen, a indiqué que la crise économique, suivie de la chute du prix du pétrole avait provoqué une chute du taux de croissance de son pays.  Notre PNB compte parmi les plus bas de tous les pays en développement, a rappelé le Ministre qui a indiqué que le Yémen a dû conclure un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) pour compenser le déficit budgétaire. 


Le Gouvernement, a-t-il dit, s’efforce d’appliquer son quatrième plan quinquennal de développement, après avoir entrepris des réformes constitutionnelles et fixé la date des élections législatives au mois d’avril prochain.  Le Gouvernement s’efforce aussi d’intensifier la lutter contre le radicalisme et le terrorisme, en particulier la piraterie.


M. Al-Qirbi a ensuite souligné que la rébellion dans le Gouvernorat de Saada, qui avait provoqué le déplacement de dizaines de milliers de personnes, était un défi supplémentaire pour le Gouvernement.  Le Gouvernement applique les accords de paix de Doha alors qu’il doit faire face à la présence d’Al-Qaida qui cherche à déstabiliser le pays.  Le Ministre a prévenu que l’ingérence extérieure dans la lutte contre le terrorisme rend la situation plus complexe et renforce la tendance de la population à soutenir les éléments terroriste. 


Tournant ensuite son attention sur le conflit arabo-israélien, le Ministre a dénoncé le « caractère récalcitrant » d’Israël et son refus du compromis.  Il a exhorté Israël à respecter les résolutions du Conseil de sécurité et à adhérer au Traité sur la non-prolifération afin de faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes nucléaires.  S’agissant de la Somalie, il a réclamé davantage d’appui pour le Gouvernement fédéral de transition et une plus grande implication de la communauté internationale.  Il a également affirmé l’importance de l’unité soudanaise et a réclamé l’annulation du mandat d’arrêt contre le Président Al-Bashir.


M. AVIGDOR LIBERMAN, Premier Ministre adjoint et Ministre des affaires étrangères d’Israël, a affirmé, reprenant la théorie d’Einstein selon laquelle « tout est relatif », que la situation actuelle était d’un côté « réellement difficile » et, de l’autre, « plus simple qu’avant », car Israël jouissait actuellement d’une coalition et d’un Gouvernement stable, ainsi que du soutien d’une majorité de la population israélienne.  « Nous sommes prêts pour une solution juste, et nous sommes prêts à coopérer avec la communauté internationale », a-t-il affirmé.  « Toutefois, a-t-il ajouté, nous ne sommes pas prêts à compromettre ni notre sécurité nationale ni les intérêts vitaux de l’État d’Israël. »  Il a indiqué que, contrairement aux impressions données dans les médias, Israël n’était pas divisé entre ceux qui veulent la paix et ceux qui cherchent la guerre.  Tout le monde veut la paix, a-t-il affirmé, et en Israël, la controverse porte sur la question de savoir comment réaliser cette paix.  Il a regretté que malgré tous les efforts déployés et les meilleures intentions manifestées, citant en particulier Yitzhak Rabin, Shimon Peres, Benjamin Netanyahou, Ehud Barak, Ariel Sharon et Ehud Olmert, malgré les réunions au sommet de Camp David entre Ehud Barak et Yasser Arafat, avec Bill Clinton, et le Sommet d’Annapolis entre Ehud Olmert et Mahmoud Abbas, les pourparlers de paix se trouvaient « aujourd’hui toujours dans l’impasse ».


M. Liberman a ensuite affirmé que contrairement aux idées reçues, le conflit israélo-palestinien n’était pas le cœur de l’instabilité que connaissait la région ou la principale cause des nombreux conflits dans la région.  Il a notamment observé que plus de 90% des guerres et des victimes des conflits de la région depuis la Seconde Guerre mondiale ne résultaient pas du conflit israélo-palestinien ou n’étaient liées en aucune façon à Israël, mais résultaient plutôt d’affrontements impliquant des musulmans ou entre États arabes.  Il a notamment cité la guerre entre l’Iran et l’Iraq, la guerre du Golfe, ainsi que les guerres en Algérie et au Liban.  M. Liberman a également fustigé ceux qui avancent que la cause du problème serait la « soi-disante occupation », les « colonies de Judée et de Samarie » et les colons eux-mêmes.  Des accords de paix ont été conclus avec l’Égypte et la Jordanie malgré la présence de colonies de peuplement, a-t-il argué.  Il a également estimé erroné l’argument selon lequel la question palestinienne empêcherait la création d’un front international pour faire face à l’Iran.  Selon lui, « la vérité est toute autre » car l’Iran peut exister sans le Hamas, le Jihad islamique et le Hezbollah », alors que ces « organisations terroristes » ne peuvent pas exister sans l’Iran.  Afin de conclure un accord durable avec les Palestiniens, a-t-il ajouté, il faut d’abord résoudre la question iranienne.


Le Ministre s’est ensuite penché sur les « problèmes émotionnels » du conflit entre Israël et la Palestine, évoquant notamment le manque de confiance entre les parties.  Selon lui, il faudrait se concentrer sur l’élaboration d’un accord intermédiaire à long terme qui pourrait prendre plusieurs dizaines d’années pour être réalisé.  « Nous devons élever une nouvelle génération jouissant d’une confiance mutuelle et qui ne sera pas influencée par des messages extrémistes », a-t-il déclaré.  Il a, de plus, estimé que le principe de base de l’accord sur le statut final ne devait pas être un échange de la terre contre la paix, mais plutôt un échange de territoires habités.  Il ne s’agit pas de faire bouger les populations, mais de déplacer les frontières afin de mieux rendre compte des réalités démographiques, a-t-il précisé.  Selon lui, les États et les nations doivent être équilibrés afin de garantir la paix.  Cela n’est pas une mesure politique controversée, mais une vérité empirique, a-t-il dit.  M. Liberman a ensuite affirmé qu’au–delà de cette vérité empirique, il existait également une vérité historique.  « Israël n’est pas seulement où nous sommes, Israël est qui nous sommes », a affirmé M. Liberman, concluant en exprimant son espoir de voir la voie vers la véritable paix prophétisée par Isaïe guider « nos deux peuples, dans deux États-nations, vivant dans la paix et la sécurité ».


M. HOR NAMHONG, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Cambodge, a souligné que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) était incertaine, en raison d’une reprise économique fragile dans les pays en développement, et qu’un échec de ces Objectifs à l’horizon 2015 signifierait le blocage de millions de personnes dans le cycle de la pauvreté.  Cette incertitude est d’autant plus forte que les conséquences des changements climatiques affectent le secteur agricole et la sécurité alimentaire.  Regrettant que le Sommet de Copenhague n’ait pas débouché sur un accord contraignant, il a estimé que l’espoir d’un tel accord à Cancún restait, lui aussi, incertain, et a appelé à un esprit de compromis, au nom de l’humanité tout entière, et à un partage des responsabilités entre nations développées et en développement, les premières devant honorer leurs promesses de soutien financier et technologique aux secondes, et montrer l’exemple en abaissant leurs émissions de CO2.  Le Cambodge, a-t-il rappelé, participe à plusieurs initiatives allant dans le sens des principes de Copenhague et de réduction de ses émissions de CO2.


Évoquant le problème de la sécurité alimentaire, le Ministre a pointé le manque de ressources financières et technologiques ou encore l’usage irrationnel de l’eau parmi les facteurs aggravants.  Il a déploré que l’aide publique au développement (APD) n’ait pas été assez mobilisée sur cette question à ce jour, et a appelé à ce que la question d’une hausse de la production alimentaire soit de nouveau saisie par la communauté internationale, alors que la promesse, faite en 2009 au Sommet du G-8 de L’Aquila, d’un financement de 20 milliards de dollars pour soutenir la production agricole, n’a pas été tenue.  Le Ministre a en outre abordé le thème de la paix et de la sécurité, insistant notamment sur la situation « menaçante » dans la péninsule de Corée et où il a invité les parties à éviter toute action qui pourrait conduire à une escalade des tensions dans la région.  Il a aussi appelé les États Membres à mettre en œuvre les résolutions des Nations Unies sur la nécessité de mettre un terme à l’embargo des États-Unis contre Cuba.  Il a enfin déploré que des intérêts particuliers prévalent sur la nécessité d’une réforme du Conseil de sécurité.


M. BRENT SYMONETTE, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’immigration des Bahamas, a estimé que l’un des plus grands dégâts de la crise financière et économique est la perte de vitesse dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Aux Bahamas, a-t-il indiqué, la crise continue de peser sur le tourisme, principal moteur de l’économie du pays.  Le Vice-Premier Ministre a réclamé un système international de notation de crédit plus transparent et tenant dûment compte des besoins des pays en développement.  Il a aussi plaidé pour une plus grande participation de ces pays dans les organes internationaux de régulation et de supervision financière.  Les Nations Unies ont un rôle important à jouer dans ce processus, a-t-il estimé.


Parlant des changements climatiques, le Vice-Premier Ministre a rappelé que les Bahamas figuraient parmi les cinq pays les plus exposés à la montée du niveau de la mer.  Il a exhorté la communauté internationale, et en particulier les nations développées, à prendre des mesures urgentes, ambitieuses et fermes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Il a aussi appelé à un soutien financier et technologique accru aux efforts d’adaptation des petits États insulaires en développement et a dit attendre avec impatience la Conférence de Cancún. 


Le Vice-Premier Ministre s’est attardé sur la lutte contre le terrorisme, en indiquant qu’en tant que Président du Comité interaméricain contre ce fléau, son pays a accueilli, en juin dernier, un atelier régional sur le financement du contre-terrorisme.  Il a aussi abordé la question de la reconstruction d’Haïti, estimant que les progrès sont insuffisants, notamment pour les millions de populations déplacées vivant toujours dans des tentes.  « Il est impératif que les Nations Unies continuent de jouer un rôle pivot pour mobiliser l’aide internationale et contribuer à la reconstruction d’Haïti », a dit le Vice-Premier Ministre. 


À cinq ans de la date butoir pour la réalisation des OMD, M. NYAN WIN, Ministre des affaires étrangères du Myanmar, a dit qu’il est grand temps que les mesures coercitives et les embargos commerciaux « injustes », qui compromettent les efforts de développement, soient levées.  Malgré cela, a-t-il affirmé, le Myanmar a enregistré quelques avancées.  Deux ans après le cyclone Nargis, le Ministre s’est dit heureux d’annoncer que le pays a déjà dépassé le stade des secours d’urgence et reconstruit en mieux les régions affectées, avec l’aide de l’ONU, de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) et de la communauté internationale.


Il a dit espérer que les prochaines négociations au Mexique sur les changements climatiques aboutiraient à des actions concrètes de la part des États développés, notamment en ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre. 


Le Ministre s’est attardé sur le « processus de transformation politique » dans son pays.  Les élections générales multipartites se tiendront effectivement le 7 novembre prochain, marquant ainsi la cinquième étape de la feuille de route politique du pays.  Au total, a indiqué le Ministre, 37 partis politiques représentés par 3 000 candidats participeront à ces élections.  Une telle participation, a estimé le Ministre, est la preuve flagrante que les élections sont devenues virtuellement un processus inclusif.  Doté d’une vaste expérience en matière d’élections, le Myanmar, a-t-il conclu, sait qu’il peut mener ces élections d’une manière ordonnée. 


M. GEORGE YEO, Ministre des affaires étrangères de la République de Singapour, a estimé que le G-20 devait aller au-delà de la réforme des institutions financières internationales et de la coordination des politiques fiscales, monétaires et des taux d’échange.  Sans une restructuration « fondamentale » de l’économie réelle, les risques seront toujours là, et l’injection d’argent dans le système mondial ne pourra que créer d’autres bulles, comme celles que l’on voit déjà se former en Asie.


La restructuration, s’est expliqué le Ministre, exige l’ouverture du système commercial international.  Il a donc souligné le rôle crucial du G-20 dans la lutte contre le protectionnisme.  Nous devons, a-t-il prévenu, à tout prix éviter que l’intérêt pour le Cycle de Doha ne s’émousse.  Le G-20, qui représente 80% du commerce international, doit contribuer à surmonter l’impasse actuelle dans les négociations, a insisté le Ministre, en jugeant qu’il faut faire en sorte que les besoins des pays en développement, en particulier les pays les moins avancés (PMA), soient satisfaits.  La libération du commerce agricole pourrait, par exemple, changer la donne, a précisé le Ministre. 


Le Ministre a ensuite évoqué les activités du Groupe de gouvernance mondiale qui, créé il y a un an, s’est donné pour mandat d’appuyer le travail du G-20 tout en le tenant comptable de ses actes devant l’ONU.  Il a expliqué que, particulièrement préoccupés par la question du développement, les membres du Groupe entendent soumettre un document au Groupe de travail sur le développement du G-20. 


Le développement n’est pas l’aide, a prévenu le Ministre.  Le développement c’est la bonne gouvernance, celle qui investit dans le potentiel des citoyens, à savoir dans l’éducation qui ouvre l’accès à l’information et au savoir et qui rend capable de se battre pour des garanties démocratiques contre l’abus de pouvoir et la corruption.  Dans ce contexte, le Ministre s’est réjoui des bouleversements sociétaux provoqués par la téléphonie mobile.  M. Yeo a estimé que l’accès à l’information est largement facilité par une bonne urbanisation.  Il a vanté l’expérience de son pays dans ce domaine.


M. WALID AL-MOUALEM, Ministre des affaires étrangères de la République arabe syrienne, a expliqué que les tensions et conflits qui avaient alimenté le Moyen-Orient depuis des décennies avaient façonné les relations internationales de la Syrie, en donnant la priorité à la préservation des intérêts de son pays et du monde arabe, et en privilégiant une politique d’ouverture et de dialogue.  S’exprimant sur le processus de paix israélo-palestinien, il a noté que beaucoup avait été dit sur la paix mais que les tambours de la guerre continuaient de résonner.  Il a ainsi fait état d’une colonisation sans relâche qui, selon lui, risque d’anéantir la solution envisageant deux États.  Israël poursuit frénétiquement ses plans de judaïsation de Jérusalem et continue d’appliquer une politique de « fait accompli », selon laquelle il impose sa volonté au mépris des négociations, a souligné le Ministre.  Il a estimé que « la paix ne peut être sérieuse que s’il existe un effort sérieux de faire la paix ».  « Ceci est un test décisif », a-t-il ajouté.  Les manœuvres politiques pendant les négociations, sous couvert d’un « désir de paix » ne font qu’exacerber la situation et la rendre plus volatile », a-t-il dit, ajoutant que la Syrie souhaitait un accord de paix juste et complet, conformément aux résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et à l’Initiative de paix arabe, et souhaitait que soit reconnu le fait que le Golan syrien occupé soit entièrement restitué. 


La Syrie est prête à reprendre les négociations là où elles en étaient via le médiateur turc, a-t-il encore dit, à condition qu’Israël s’engage selon les termes de référence du processus de paix.  La Syrie s’est félicitée du rapport de la Mission d’établissement des faits du Conseil des droits de l’homme sur l’attaque israélienne de la flottille qui se rendait à Gaza dans le cadre d’une mission humanitaire, et attend avec impatience ses conclusions.  La Syrie a aussi plaidé en faveur d’une restauration de l’intégralité de la souveraineté et de l’indépendance de l’Iraq ainsi que pour la préservation de son identité arabe et islamique, l’unité de son peuple et l’intégrité de son territoire, rappelant avoir déjà demandé le retrait de toutes les forces étrangères en Iraq.  Dans ce contexte, le retrait progressif des forces américaines est « une première étape positive », a déclaré le Ministre, espérant que l’Iraq soit doté à terme de capacités militaires et de sécurité solides, garantes d’un État souverain et indépendant.  La Syrie est prête à coopérer avec l’Iraq dans tous les aspects qui pourront défendre les intérêts de ce pays, a-t-il souligné.  Il a en outre rappelé qu’Israël devait se conformer aux décisions internationales sur son adhésion au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et soumettre ses installations aux inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), sachant qu’une telle adhésion d’Israël était essentielle pour la sécurité et la stabilité de la région.  Le Ministre a, de même, abordé la question du réchauffement climatique, plaidant pour un engagement renouvelé lors de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à Cancún, au Mexique.  Il a enfin mis l’accent sur la nécessité d’accroître l’aide au Pakistan, ravagé par les inondations. 


M ALHAJI MUHAMMAD MUMUNI, Ministre des affaires étrangères de la République du Ghana, a rappelé que son pays a souscrit à l’initiative de l’Union africaine visant à faire de 2010, l’Année de la paix et de la sécurité en Afrique.  Maintenant que nous voyons une diminution du nombre des conflits dans le monde, il est temps, a estimé le Ministre, de renouveler l’engagement en faveur de la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Si le Ghana a apporté son plein appui au principe de la responsabilité de protéger, il appelle aujourd’hui à la prudence pour éviter les recours abusifs à ce principe qui ne doit en aucun cas viser à mettre en cause la souveraineté des États.


Sur le plan du développement, le Ministre a souligné que les crises multiples n’avaient pas seulement inversé les progrès économiques « impressionnants » de l’Afrique mais, qu’elles avaient aussi entravé la marche des pays africains vers les OMD.  Il a appelé à la volonté politique en matière de lutte contre les changements climatiques, avant de craindre que les pays en développement ne soient bientôt confrontés à « la lassitude des prometteurs » après avoir connu « la lassitude des donateurs ».


Après avoir appelé les pays industrialisés à respecter leurs engagements financiers, le Ministre a promis que son pays ne fera aucune concession dans la lutte pour la bonne gouvernance.  Il a souligné l’importance de la sécurité alimentaire pour son pays, qui est engagé dans une politique agricole ambitieuse. 


Le Ghana, qui sera bientôt un producteur important de gaz et de pétrole, prend déjà des mesures pour assurer la transparence dans la gestion des revenus pétroliers.  Il a appelé les Nations Unies et les partenaires au développement à appuyer les efforts de son pays pour éviter « la malédiction du pétrole » et exploiter ses ressources « données par Dieu » pour le développement du pays. 


M. MAKHDOOM SHAH MEHMOOD QURESHI, Ministre des affaires étrangères du Pakistan, a rappelé qu’il se présentait devant l’Assemblée générale à un moment difficile de l’histoire de son pays, récemment ravagé par des inondations qui ont laissé derrière elles une traînée de morts et de destruction.  Le Gouvernement pakistanais, a-t-il ajouté, est résolu à reconstruire le Pakistan d’une manière transparente et responsable.


Le monde, a poursuivi M. Qureshi, a besoin d’une approche nouvelle et multilatérale qui souscrit véritablement aux principes des Nations Unies.  Le Pakistan soutient donc une réforme complète du Conseil de sécurité, « qui doit être guidée par les principes de l’égalité et de la démocratie plutôt que retranchée dans des erreurs historiques et les privilèges du passé ».  


Le Pakistan, a-t-il rappelé, est un des plus gros contributeurs de troupes aux efforts de maintien de la paix de l’ONU et son Gouvernement démocratique reste déterminé à combattre l’extrémisme et le terrorisme.  Le problème du terrorisme a des dimensions régionales et mondiales, et il est impératif que d’autres pays fassent plus pour combattre cette menace.


M. Qureshi a exprimé le soutien de son pays pour la restitution des droits inaliénables du peuple palestinien; « nous comptons sur une enquête rapide, impartiale et transparente des Nations Unies sur l’incident de la flottille humanitaire du 31 mai ».


Le conflit au Jammu-et-Cachemire concerne l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple cachemiri à travers un plébiscite libre, juste et impartial sous les auspices des Nations Unies, a déclaré M. Qureshi.  Le Pakistan observe avec une grande inquiétude la situation du Cachemire occupé par l’Inde.  Il réaffirme sa solidarité totale avec le peuple cachemiri et exhorte la communauté internationale à persuader l’Inde de mettre fin à sa politique de répression.  Le Pakistan, a ajouté M. Qureshi, est prêt à entamer un dialogue de fond avec l’Inde afin de normaliser les relations.


Abordant la question de l’Afghanistan, le Ministre a rappelé qu’aucun autre pays n’avait souffert davantage que le Pakistan des décennies de conflits afghans.  Le Pakistan a continué d’abriter la plus grande concentration de réfugiés au monde depuis 30 ans.  « Le Pakistan pense que la restauration de l’équilibre social en Afghanistan est une responsabilité afghane et ne peut être imposée de l’extérieur », a déclaré M. Qureshi qui a appuyé tous les efforts de réconciliation menés par les Afghans eux-mêmes.


En matière de désarmement et de non-prolifération, M. Qureshi a affirmé que ces deux objectifs doivent être poursuivis de façon équitable et non discriminatoire.  Le Pakistan a constamment adhéré à une politique de retenue en matière d’armes conventionnelles et nucléaires, a rappelé le Ministre qui a réitéré sa proposition de créer un « régime de retenue stratégique ».  


M. DIMITRIS DROUTSAS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a réaffirmé la nécessité d’une gouvernance mondiale afin de répondre avec efficacité aux défis que connaît le monde aujourd’hui.  Et, pour exercer cette gouvernance, l’ONU, a-t-il dit, demeure le cadre légitime auquel la communauté internationale doit apporter son soutien.  Les changements climatiques sont la plus grande menace environnementale actuelle, a expliqué par ailleurs M. Droutsas, en appelant la communauté internationale à faire entrer le monde dans une nouvelle « ère verte » et à garantir aux générations futures un avenir meilleur et prospère.  Il s’est aussi dit partisan de la conclusion d’un accord juridiquement contraignant soutenant les efforts d’adaptation aux changements climatiques des États les plus vulnérables.  Le 22 octobre prochain, en prévision de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, à Cancún, au Mexique, la Grèce procédera au lancement d’une initiative méditerranéenne, a-t-il annoncé.


Apres avoir rappelé les conséquences négatives des récentes crises économique et financière, il a indiqué qu’il était devenu urgent de corriger les inconvénients qui caractérisent le système financier international actuel.  L’augmentation croissante du nombre des migrants qui devient un problème humanitaire doit aussi être examinée de façon profonde, en s’attaquant aux raisons explicatives de cette augmentation, a-t-il dit.  La Grèce, a-t-il poursuivi, soutient les efforts déployés en vue de rendre plus efficace et plus efficient le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.  Il en va de la crédibilité, de l’efficacité et de la légitimité du système des droits de l’homme, tel qu’envisagée par la Charte de l’ONU, a-t-il maintenu, avant de détailler l’action de son pays à la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en 2009, marquée notamment par le lancement du Processus de Corfou, relatif au dialogue sur la sécurité en Europe.


Le Ministre a ensuite estimé que la communauté internationale avait une responsabilité de défendre la vision d’une région des Balkans stable sur le plan démocratique, des institutions, de la transparence, de l’état de droit et de la réduction des inégalités économiques.  Le différend sur le nom qui oppose la Grèce à l’ex-République yougoslave de Macédoine n’est pas un différend bilatéral, a-t-il dit.  Il s’agit, selon lui, d’un problème régional, enraciné dans l’histoire.  La Grèce espère parvenir à un règlement de ce différend, le plus tôt possible sous les auspices de l’ONU, a-t-il déclaré.  M. Droutsas a également appelé à trouver une solution « gagnant-gagnant » à la question de Chypre.  « Nous croyons fermement que les communautés chypriotes turque et grecque peuvent trouver des réponses à leur opposition, et qu’elles peuvent vivre pacifiquement et harmonieusement dans l’État de Chypre, membre de l’Union européenne », a-t-il conclu.  « Elles doivent être autorisées à décider librement de leur avenir commun, sans ingérence externe ni pression », a-t-il déclaré, précisant que son pays pouvait les aider dans ce processus.  « Nous vous voulons près de nous, dans notre famille européenne élargie », a-t-il dit à l’adresse de la communauté turque.  Selon lui, un État fédéral réunifié, membre de l’Union européenne, « ne sert pas seulement les aspirations européennes à la stabilité dans la région, mais aussi les aspirations de tous les citoyens des pays concernés ».  La Turquie, a-t-il ajouté, peut prouver son engagement en faveur d’une solution durable de la question chypriote en retirant immédiatement ses forces d’occupation de l’île, en soutenant le processus de négociation et sa propre perspective européenne.  Il a appelé les dirigeants de la Turquie à utiliser ce cadre pour une solution juste.


M. ARVIN BOOLELL, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale, et du commerce international de Maurice, a exhorté la communauté internationale à simplifier l’accès des petits États insulaires en développement aux 30 milliards de dollars promis au Fonds vert de Copenhague pour le climat, et à plus long terme aux 100 milliards de dollars.  Ces financements doivent être des dons et non des prêts, a insisté le Ministre.


Après avoir appelé à un document juridiquement contraignant à la prochaine Conférence de Cancún, le Ministre a rappelé que la dernière réunion sur la Stratégie de Maurice a souligné l’importance de reconnaître les petits États insulaires en développement comme une catégorie spéciale de pays et de leur réserver un traitement spécial par rapport à l’aide publique au développement et aux prêts concessionnels.  Il a donc estimé que les critères de gradation fondés sur le PNB sont particulièrement injustes pour les PMA parce qu’ils ne tiennent pas compte de la vulnérabilité unique de ces pays.


Le Ministre a plaidé pour un nouveau paradigme du développement où les pays en développement feraient partie de la solution pour créer une économie mondiale plus dynamique et véritablement multipolaire.  Venant à la question de la paix, il a appuyé l’initiative de la Coordination nationale des organisations de la société malgache d’organiser un dialogue national pour résoudre la crise.  Maurice, a-t-il indiqué, a offert de contribuer à la mise en place d’un bureau de liaison de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) pour appuyer ce dialogue.


Il a aussi annoncé que Maurice va accueillir le mois prochain, la deuxième Conférence ministérielle sur la piraterie en collaboration avec l’Union européenne, la Commission de l’océan Indien qu’il préside actuellement et le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA).  Le Ministre a par ailleurs réaffirmé la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos, « illégalement séparé du territoire mauricien » par le Royaume-Uni, avant l’indépendance.  Le Gouvernement de Maurice a donc décidé de ne pas reconnaître le statut de zone maritime protégée que le Royaume-Uni a conféré à l’archipel en avril dernier.  Le Ministre a aussi réaffirmé la souveraineté de son pays sur l’île de Tromelin, avant d’indiquer que son pays et la France sont parvenus, plus tôt cette année, à un accord sur la cogestion de l’île et de ses zones maritimes sans préjudice de la souveraineté de Maurice. 


M. NICKOLAY E. MLADENOV, Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, a estimé que l’Union européenne, qui a été créée pour éviter toute résurgence des conflits, ne pourra pas réaliser cet objectif tant que tous les pays de l’ex-Yougoslavie ne seront pas inclus en son sein.  La Bulgarie, a-t-il ajouté, estime que le dialogue entre Belgrade et Pristina est un élément clef tant pour la stabilité de la région que pour la perspective européenne des deux pays.  En Bosnie-Herzégovine, a-t-il ajouté, la communauté internationale fait face à de nombreux défis.  Mais, a-t-il dit, les tensions entre les craintes d’hier et les opportunités de demain ne peuvent être résolues que par le peuple lui-même.  Pour adhérer à l’Europe, a précisé le Ministre, nos voisins des Balkans occidentales doivent réaffirmer leur engagement à mener des réformes difficiles et à renforcer la coopération régionale et les relations de bon voisinage. 


Après avoir passé en revue les principaux problèmes auxquels le monde fait face, le Ministre a souligné que l’engagement de son pays en faveur de l’Afghanistan est sans faille.  La Bulgarie, a-t-il dit, a augmenté sa contribution à la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) et à la Mission de police de l’Union européenne.  Il a estimé que l’efficacité du système global de sécurité ne peut venir que d’un partenariat fort entre les Nations Unies et les organisations régionales.  Il a donc souhaité que la transformation de l’Union européenne en une personnalité juridique des relations internationales après l’entrée en force du Traité de Lisbonne soit reflétée dans la résolution de l’Assemblée relative à la représentation de l’Union européenne aux Nations Unies.  Le Ministre a conclu sur la réforme du Conseil de sécurité et sur la volonté du Groupe des États d’Europe orientale à se voir attribuer un autre siège non permanent. 


M. OSMAN MOHAMMED SALEH, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, rappelant que son pays était engagé dans les efforts internationaux de paix, de sécurité, de justice et de protection de l’environnement, ainsi que dans les efforts régionaux pour garantir la paix, la sécurité, la stabilité, le développement et la coopération dans la corne de l’Afrique, a relevé que son pays travaillait étroitement avec le Soudan et les acteurs concernés en direction de l’Accord de paix global, dans la perspective du référendum en janvier 2011 et au-delà de cette échéance.  Des relations de confiance et de coopération entre les parties, quel que soit l’issue du référendum, sont essentielles pour la paix et la stabilité de la région tout entière, a insisté le Ministre, enjoignant les parties à conclure un accord dès que possible sur les questions postréférendum.  Il a aussi estimé qu’il fallait aider les protagonistes du conflit au Darfour à conclure un accord dans le cadre des négociations de Doha, qui doivent reprendre dans les prochains jours. 


S’exprimant sur la Somalie, le Ministre a souligné qu’une solution militaire n’était pas possible, mais que des doutes subsistaient sur son alternative, à savoir un processus politique complet réalisé par le pays lui-même.  Si celui-ci s’avère sans doute complexe et long, il n’en est pas moins réalisable, a-t-il défendu, exhortant les Nations Unies et les parties concernées à sensibiliser tous les Somaliens et à accorder une attention sérieuse et soutenue à ce processus politique.  Le Ministre a, en outre, déploré que les Nations Unies continuent d’ignorer les conséquences graves de l’occupation par l’Éthiopie du territoire souverain d’Érythrée, huit ans après la décision de la Commission du tracé de la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie et trois ans après que cette Commission eut déposé aux Nations Unies le tracé de cette frontière.  « L’occupation illégale par l’Éthiopie et le silence des Nations Unies, qui signifie la poursuite du conflit, demandent un prix élevé aux populations d’Érythrée et d’Éthiopie, et compliquent la situation de la région », a-t-il relevé, avant de rappeler que l’Érythrée attendait une action responsable et urgente sur cette question.


Soulignant que la faim, la pauvreté et le terrorisme continuent de caractériser le monde, M. PASTOR MICHA ONDO BILE, Ministre des affaires étrangères, de la coopération internationale et de la francophonie de la République de Guinée équatoriale, a appelé les États à concentrer leurs efforts et leurs ressources sur le maintien de la paix et de la sécurité, la promotion d’un environnement plus sain, la création d’un monde exempt d’armes nucléaires et la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée.


Nous devons travailler à un monde de participation et d’égalité, un monde où la réforme du Conseil de sécurité permet un meilleur processus de prise de décisions reflétant la volonté et les intérêts de chaque pays et chaque région, grand ou petit.  Dans ce contexte, le Ministre a rappelé que son Président avait proposé à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) de créer un prix de la recherche scientifique sur les maladies qui affectent le monde, en particulier l’Afrique, et auquel la Guinée équatoriale contribuerait à hauteur de 3 millions de dollars. 


Le Ministre s’est donc étonné que la création de ce prix soit toujours bloquée et a imputé cette situation au fait que l’initiative vient d’un dirigeant africain.  La Guinée-équatoriale, a-t-il ajouté, ne peut que dénoncer les manipulations de la nouvelle Administration de l’UNESCO.  Le Ministre a qualifié de « sans précédent et donc troublant » le fait qu’une décision prise par le Conseil exécutif d’une institution de l’ONU ne soit pas mise en œuvre par les fonctionnaires. 


Nous nous demandons, s’est-il offusqué, si la science, le continent africain et les frontières ont une couleur.  Nous nous demandons si les contributeurs aux progrès de la science ne peuvent provenir que de certains continents ou peuples parfaits.  Si tel est le cas, s’est emporté le Ministre, montrez-moi ces saints qui se sont réservé le droit exclusif de protéger la vie des autres?  Pourquoi alors ces saints, a-t-il ironisé, laissent-ils le sida, le paludisme et les autres pandémies tuer chaque année 20 millions d’Africains?


La chose la plus préoccupante, a estimé le Ministre, c’est la propagation des manipulations orchestrées par des intérêts économiques obscurs dans le système de l’ONU.  Il a dénoncé l’attitude « irresponsable, ouvertement injuste et raciste » de certains acteurs déguisés en organisations non gouvernementales (ONG) qui s’opposent à la création du « prix UNESCO Obiang Nguema Mbasogo pour la recherche en sciences de la vie ». 


Il a demandé la concrétisation « sans aucun délai », de cette initiative, conformément à la décision 180 EX/57 qui a été adoptée à l’unanimité en octobre 2008 par le Conseil exécutif de l’UNESCO, a-t-il rappelé. 


M. MUSA ABDUSSALAM KOUSA, Secrétaire du Comité populaire général pour la liaison extérieure et la coopération internationale de la Jamahiriya arabe libyenne, a rappelé que son pays avait suggéré d’amender le TNP pour garantir le désarmement des pays dotés de l’arme nucléaire et permettre à l’AIEA d’accomplir son mandat et de vérifier la réduction de l’arsenal nucléaire.  Parallèlement, la possession et l’usage de l’énergie nucléaire devraient être encouragés, a-t-il souligné, estimant que l’initiative volontaire de son pays de renoncer à toute activité associée à la production de matériaux interdits devrait servir de modèle aux États nucléaires ou ceux qui veulent se procureur ce type d’armes.


Le Secrétaire du Comité populaire a poursuivi sur les Nations Unies, en précisant que la réforme que son pays appelle de ses vœux doit servir à faire de l’Assemblée générale « un véritable législateur aux résolutions contraignantes représentant le Parlement mondial ».  Dans cette perspective et contrairement à sa version actuelle, le Conseil de sécurité deviendrait le bras opérationnel de l’Assemblée générale et comprendrait un représentant permanent de chaque organisation régionale.  La demande de l’Afrique pour un siège permanent est naturelle et légitime, a souligné le Secrétaire du Comité populaire.  Il a en outre estimé que le moment est venu pour l’Assemblée générale de criminaliser le phénomène colonial et de faire en sorte que les pays concernés assument « leurs responsabilités historiques ».


S’exprimant sur l’Iraq dont « l’invasion est un exemple honteux d’une guerre injuste et horrible », le Secrétaire du Comité populaire a appelé les Nations Unies à créer un panel international pour enquêter sur les raisons réelles de l’invasion, les crimes de masse et l’exécution de prisonniers de guerre, dont le Chef de l’État.  Mon pays, a insisté l’orateur, appelle à la création d’un mécanisme international efficace pour assurer des enquêtes impartiales et sérieuses sur les auteurs des assassinats de personnalités éminentes comme Dag Hammarskjöld, John Kennedy ou encore Patrice Lumumba.


Le Secrétaire du Comité permanent a réitéré une autre proposition libyenne; celle de trouver un autre siège à l’ONU.  Il a demandé à l’Assemblée de créer un groupe de travail, à composition non limitée, pour examiner les diverses offres dont celle de son pays.  Après avoir demandé le réexamen de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel pour prendre en compte les intérêts des petits États, avec notamment l’idée d’indemniser ceux dont les sols ont été contaminés par ces mines, le représentant a voulu mettre un terme à la confusion entre le fléau du terrorisme et la distorsion biaisée de la lutte des peuples colonisés.


Nous appuyons, a dit le représentant, le droit des peuples à résister à l’occupation étrangère et croyons qu’inscrire dans la catégorie des organisations terroristes des mouvements de libération « honorables » ne peut que mener au chaos et à l’ambiguïté.  La manière de décrire la lutte du peuple palestinien porte préjudice à la légitimité de leur combat.  Cette façon de voir les choses est alimentée par un racisme qui nie le droit à l’existence et à l’autodétermination de ce peuple opprimé, a souligné le représentant.


Il a réaffirmé que le conflit israélo-palestinien ne pourra être réglé dans un prétendu processus de paix qui sera de toutes façons sans fin.  Il a plutôt prôné la création d’un État démocratique où tous les citoyens pourraient coexister sans discrimination, conformément au Livre blanc écrit par son Président et intitulé « Isratine ».


M. SAYYID BADR BIN HAMAD AL-BUSAIDI, Ministre d’État chargé des affaires étrangères du Sultanat d’Oman, a estimé que pour renforcer le rôle de l’ONU et son efficacité, il faut que les États membres du Conseil de sécurité acceptent la notion de réorganisation de l’ONU par un élargissement de sa base administrative.  Il faut, a-t-il aussi souligné, une gestion plus juste des intérêts dans le commerce international afin que chaque État sente vraiment que l’ONU appartient à tout le monde.


Nous attendons avec impatience un monde où le dialogue prévaudra, quelles que soient les différences culturelles et sociales.  Le dialogue entre gouvernements, a insisté le Ministre, peut mener à un système plus clair de partenariat et de coexistence tout entier dirigé vers le développement et la prospérité.


Le Ministre a aussi parlé du conflit israélo-palestinien.  S’il a appuyé les négociations directes entre les deux parties, facilitées et parrainées par les États-Unis, il n’a pas caché son sentiment sur la politique d’Israël qui demeure vague pour ce qui est de l’acceptation de ses responsabilités quant aux exigences de la paix et quant à la création d’un État palestinien indépendant, souverain et viable, avec Jérusalem-Est comme capitale.  Israël reste également vague quand au retrait de ses troupes de toutes les terres arabes, conformément aux frontières du 4 juin 1967.  Le Ministre a dit espérer que le Président américain continuera de jouer un rôle positif et a appelé Israël à « forger un partenariat pour la paix et la sécurité avec les pays arabes ».


Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a d’abord souligné que la gouvernance mondiale ne peut être vraiment efficace que si elle est réellement mondiale, du point de vue de la portée mais aussi de la participation des pays.  L’expérience a montré que l’action multilatérale peut être efficace quand elle repose sur un large consensus politique, « ce qui ne veut pas dire qu’il faut attribuer à tout le monde un droit de vote ».


L’endroit où ce consensus a le plus de chances de voir le jour est et reste les Nations-Unies, a poursuivi la Ministre. Tout en se félicitant des initiatives du G-20 dans les questions internationales, elle a, dans le même temps, tenu à souligner que l’inclusion et la participation doivent être placées en tête de l’agenda de ce Groupe et que son travail doit être mieux intégré à celui des Nations Unies.  La qualité du travail du G-20 et le caractère effectif de ses résultats profiteraient largement d’une approche à « géométrie variable », mettant en lumière les points de vue de ceux qui sont directement concernées par les questions à l’étude.


Le Liechtenstein est un membre actif du Groupe de la gouvernance mondiale, coordonné par le Singapour, a rappelé la Ministre qui s’est félicitée du dialogue constructif des ministres de son Groupe avec les prochains hôtes des réunions du G-20, la France et la République de Corée.  Des groupes comme le G-20, a estimé la Ministre, ne peuvent en aucun cas se substituer au véritable multilatéralisme qui ne peut avoir lieu qu’aux Nations Unies.  Mais la sauvegarde de ce rôle exige de l’ONU qu’elle trouve des solutions efficaces aux problèmes des changements climatiques, du désarmement et autres domaines où les résultats restent insuffisants.  Si nous continuons à sous-exploiter le cadre de l’ONU, ne nous étonnons pas que les solutions soient recherchées ailleurs, a prévenu la Ministre.


S’agissant, en particulier, du Conseil de sécurité, dont la réforme semble toujours éloignée, la Ministre a soumis une proposition qui coupe la poire en deux.  Elle a suggéré la création d’une nouvelle catégorie de sièges permettant aux États de siéger, de manière permanente s’ils continuent à être élus.  C’est là, a estimé la Ministre, la seule approche logique vers un compromis, compte tenu de la diversité des propositions.  Mais, a-t-elle poursuivi, si les États sont convaincus que le Conseil ne peut être réformé que dans un climat de grave crise institutionnelle, ce que le Liechtenstein ne croit pas, il faudrait peut-être voir s’il est vraiment pertinent d’essayer de trouver une solution négociée.


Traiter de la manière dont le Conseil mène ses travaux est peut-être le plus grand défi de gouvernance à l’ONU, a encore dit la Ministre.  Le Conseil, a-t-elle conseillé, doit être prêt à écouter les États qu’il est censé représenter.  En l’occurrence, elle a dit l’intention du Groupe des 5 de continuer son travail.  Les performances du Secrétariat, a-t-elle poursuivi, sont un autre point important du rôle de l’ONU dans la gouvernance mondiale.  Elle a appelé à la mise en œuvre immédiate des mesures prises dans le cadre de la réforme de la gestion.


Mme Frick a aussi estimé que l’outil le plus puissant de la gouvernance mondiale est la justice, alors qu’on continue à se battre pour concilier justice et paix.  L’expérience a montré, a-t-elle dit, que dans le long terme, ces deux notions ne se contredisent pas.


M.KAMEL MORJANE, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a rappelé que la démocratie et le développement dépendaient largement d’un engagement actif des femmes dans la vie publique.  Ce parti pris se traduit dans la réalité tunisienne par le fait que les femmes tunisiennes représentent 30% de la force de travail, qu’elles occupent 30% des postes de responsabilité et de prise de décision et représentent 60% des effectifs universitaires, ce qui vaut à la Tunisie d’être classée première dans le monde arabe en termes d’opportunités offertes aux femmes et de leur émancipation économique.  S’agissant de la politique de développement adoptée en Tunisie depuis 1987, le Ministre a expliqué qu’elle était basée sur le caractère indissociable entre la dimension économique et la dimension sociale du développement.  Ainsi, la Tunisie attache notamment une attention particulière aux jeunes qui sont les piliers de l’avenir, a poursuivi M. Morjane avant de rappeler que c’est la délégation tunisienne qui avait proposé que l’année 2010 soit l’année internationale de la jeunesse.  Cette proposition a été votée par l’Assemblée générale au cours de sa soixante-quatrième session.


Tout au long de son histoire, la Tunisie a été attachée aux principes et aux valeurs de la coexistence pacifique, du bon voisinage, de la fraternité et du soutien mutuel, a expliqué le Ministre, en particulier pour ce qui est de ses relations avec les pays du Maghreb.  Selon lui, ces pays partagent un destin commun et l’intégration maghrébine se fera à terme.  Pour ce qui est du processus de paix au Moyen-Orient, la Tunisie espère que la reprise des négociations directes parviendra à satisfaire les aspirations légitimes des Palestiniens, et lance un appel aux parties qui exercent une influence, en particulier aux membres du Quatuor, pour qu’elles poussent Israël à adhérer aux exigences de la paix, sur la base de la légalité internationale.  En tant que pays africain attaché à son appartenance à ce continent, la Tunisie n’a ménagé aucun effort pour promouvoir la paix et la sécurité en Afrique, en participant notamment aux missions de maintien de la paix des Nations Unies et aux divers mécanismes de prévention et de gestion des conflits de l’Union africaine, a-t-il dit.  Abordant également la question de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), M. Morjane a lancé un appel aux pays développés pour qu’ils activent rapidement ales mécanismes de développement internationaux et régionaux existants qui permettraient d’assurer des conditions de vie décentes à tous les Africains.  À titre d’exemple, il a cité le Fonds de solidarité mondial, dont la création avait été décidée en 2002 par l’Assemblée générale, à l’initiative de la Tunisie.  Enfin, M. Morjane a souligné l’urgence d’adopter une politique internationale efficace pour la protection de l’environnement sans quoi il serait difficile, selon lui, de contrecarrer les effets néfastes des changements climatiques.  Cette politique doit accorder la priorité aux intérêts humains et non pas aux profits économiques, a précisé le Ministre, qui a également souligné la nécessité d’aider les pays africains à faire face aux menaces climatiques.


M. MARTY NATALEGAWA, Ministre des affaires étrangères de la République d’Indonésie, a jugé que les défis du XXIe siècle étaient de nature complexe, transnationale et nécessitaient une coopération internationale, ce pour quoi les Nations Unies sont le mieux équipées, allant de la préservation de la paix et de la sécurité à la promotion de la démocratie et de la justice, en passant par les droits civiques, économiques et sociaux.  Il a plaidé pour des progrès en matière d’action coopérative entre nations Nord-Sud et Est-Ouest, rappelant que le monopole de la sagesse n’était détenu par personne.  Dans ce contexte, il a plaidé pour la réforme des Nations Unies, entre un Conseil de sécurité plus représentatif, une Assemblée générale revitalisée et plus efficace, un Conseil économique et social (ECOSOC) plus pertinent et un Secrétariat de l’ONU doté d’une structure plus efficace et plus cohésive.  Le rôle des Nations Unies en termes de gouvernance mondiale ne tient pas seulement à sa capacité à se réformer, mais aussi à sa capacité à livrer des résultats face aux défis du monde contemporain, a assuré le Ministre.


L’Indonésie, a poursuivi M. Natalegawa, entend continuer de participer aux efforts de maintien de la paix des Nations Unies et collaborer aux progrès sur la question du désarmement, le pays étant notamment en cours de ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  L’Indonésie souhaite par ailleurs collaborer sans relâche pour que les Nations Unies continuent de se décharger de leurs responsabilités historiques sur la question de Palestine, a dit le Ministre, qui a salué la reprise de négociations directes entre Israël et la Palestine.  Il a, en outre, fortement déploré la décision du Gouvernement israélien de ne pas étendre le moratoire sur la construction de colonies dans les territoires occupés, et a indiqué que son pays continuerait de contribuer à la construction de capacités de la Palestine, afin d’aider les Palestiniens à se préparer pour le jour où ils pourront enfin exercer leur droit à la souveraineté.  Il a également plaidé pour de meilleures synergies entre les Nations Unies et les organisations régionales, citant l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), au nom de l’équilibre de la région Asie-Pacifique et de la promotion de la démocratie.


CHEIKH ABDULLAH BIN ZAYED AL-NAHYAN, Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis, a « regretté profondément » l’occupation par l’Iran des trois îles appartenant à son pays.  Il a prévenu que toutes les mesures adoptées par l’Iran étaient nulles et non avenues et n’ont aucun effet juridique quelle que soit la durée de l’occupation.


Après avoir parlé de la situation en Iraq, le Ministre a espéré voir la naissance d’un État palestinien indépendant l’année prochaine.  Il a salué le discours du Président Obama et son engagement en faveur du processus de paix.  Le Ministre s’est ensuite attardé sur la situation au Liban, au Yémen et au Soudan.  S’agissant de la Somalie, il a annoncé que son pays accueillera au mois de mars prochain une Conférence sur la lutte contre la piraterie et les crimes maritimes. Il a également annoncé la convocation, au mois d’octobre à Dubaï, d’une Conférence sur le partenariat entre les secteurs public et privé et l’investissement dans des projets de développement en Afghanistan.


Après avoir appelé à un soutien en faveur du Pakistan et condamné le terrorisme sous toutes ses formes, le Ministre s’est attardé sur les questions liées aux changements climatiques.  Il a réclamé une coopération stratégique aux niveaux international, régional, sous-régional et bilatéral et cité en exemple, le partenariat entre son pays et les États insulaires du Pacifique pour les aider à surmonter les problèmes nationaux, écologiques, économiques et autres nés des changements climatiques.  Ce partenariat, a-t-il indiqué, a été élargi, en juin dernier, à tous les États de la Ligue arabe.


M. Al-Nahyan a, par ailleurs, affirmé que les mesures prises par les Émirats pour construire un programme nucléaire à des fins pacifiques se fondaient sur la transparence, la sureté et la non-prolifération.  Il a réclamé la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et dans la région du Golfe, et pour ce faire, il a demandé que l’on exerce des pressions sur Israël.  Il a aussi exhorté l’Iran à pleinement coopérer avec l’AIEA et la communauté internationale pour dissiper les doutes et les craintes qui entourent la nature de son programme nucléaire.  Le Ministre a appelé les différentes parties à résoudre de manière pacifique les différends sur le programme nucléaire iranien.


M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et de la coopération internationale du Tchad, a soutenu qu’en dépit du fait que la coopération internationale avait permis de juguler la crise financière internationale, les pays pauvres continuaient de souffrir des méfaits des crises alimentaires et énergétiques auxquelles s’ajoutaient les effets néfastes des changements climatiques.  Il a par ailleurs appelé la communauté internationale à faire en sorte que les recommandations pertinentes du dernier Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ne restent pas sans effet.  Les relations entre le Tchad et le Soudan se sont normalisées, a-t-il poursuivi, en rappelant la préoccupation de la communauté internationale en ce qui concerne la question du Darfour.  Les deux pays ont décidé, dans ce cadre, de mettre en place une force mixte pour sécuriser leurs frontières communes.  Ils se sont aussi engagés à n’apporter aucun soutien, de quelque nature que ce soit, aux forces rebelles présentes chez eux, a-t-il ajouté, en soulignant que la situation au Darfour méritait encore une attention particulière.


Le référendum qui se tient dans les semaines à venir au Soudan est un événement à haut risque, si le processus qui y mène n’est pas maîtrisé et si le scrutin n’est pas organisé dans les conditions optimales d’indépendance, de sécurité et de transparence, a averti le Ministre.  Les ratés de ce processus pourraient compromettre la paix et la sécurité au Soudan et dans la sous-région, a-t-il dit.  Le Tchad souhaite néanmoins voir préserver l’unité et l’intégrité du Soudan, a également souligné M. Mahamat.  En prévision du retrait de la Mission des Nations Unies au Tchad et en République centrafricaine (MINURCAT), le Tchad a pris l’engagement d’assumer, par ses propres forces, la protection des milliers de refugiés présents sur son territoire ainsi que celle du personnel humanitaire et du personnel associé, a-t-il dit par ailleurs.  Le respect de ses engagements amène le Tchad à faire des efforts financiers de l’ordre de 12 millions de dollars par an, a-t-il souligné.  Il a, en outre, invité la communauté internationale à prendre la mesure de l’ampleur des défis auxquels était confrontée la République centrafricaine.  Le Ministre a, d’autre part, fait état du climat de confiance qui règne entre le Gouvernement et l’opposition dans son pays depuis l’accord du 13 août 2007.  Sur le plan du développement, le Gouvernement a consacré 60% des ressources pétrolières aux secteurs sociaux et aux infrastructures de base.  Mais ces ressources sont insuffisantes et le pays a besoin de ressources additionnelles, a-t-il dit.  Il a conclu en apportant son soutien aux efforts menés par l’ONU et les États-Unis, en vue d’aboutir à un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens qui permette la coexistence pacifique entre deux États souverains.


Mme Maxine Pamela Ometa McClean, Ministre des affaires étrangères de la Barbade, a insisté sur la mise en place d’un nouveau système de gouvernance mondiale, souhaitant que la réforme des organes des Nations Unies figure en tête de l’agenda international, lors de soixante-cinquième session de l’Assemblée générale.  La Ministre a mis l’accent sur la réforme du Conseil de sécurité pour qu’il soit plus représentatif de la communauté internationale dans son ensemble et des réalités géopolitiques d’aujourd’hui.  À ce titre, elle a souhaité que le Brésil, l’Allemagne, l’Inde et le Japon deviennent des membres permanents du Conseil de Sécurité et que le nombre de sièges permanents et non permanents soit augmenté.  La Barbade, en tant que petit État insulaire en développement, possède une place importante au sein de la famille de l’ONU, a-t-elle ajouté.


S’agissant de la gouvernance économique mondiale, Mme McClean a évoqué de nouvelles approches en matière de développement économique.  Elle s’est félicitée de l’élargissement du G-8 à plusieurs économies émergentes et pays en développement, ainsi que de la désignation du G-20 comme premier forum de coopération économique dans la stabilisation de l’économie mondiale.  Elle a appelé à dépasser les blocages au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour garantir le succès du Cycle de négociations de Doha pour le développement, insistant également sur une coopération Sud-Sud.  Elle a estimé que les progrès dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) restaient mitigés et qu’une action collective était nécessaire pour garantir le succès en 2015.  La Barbade s’est engagée à lutter contre les ravages du VIH/sida et des autres maladies infectieuses.  Elle a rappelé le soutien de son pays à la résolution sur la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles, introduite par la Communauté des Caraïbes (CARICOM), lors de la soixante-quatrième session de l’Assemblée générale.


Selon la Ministre, l’économie verte est au cœur du modèle économique et social de son pays.  Elle a considéré que le développement durable représentait un modèle à suivre pour les autres petits États insulaires en développement (PEID) en créant des partenariats avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  Elle a aussi estimé que des progrès devaient être accomplis pour répondre aux changements climatiques, lors de la Conférence de Cancun, en décembre.  Le financement et l’adaptation pour les pays les plus vulnérables, l’adoption d’un grand accord et le versement des 30 milliards de dollars promis à Copenhague, constituent, pour elle, les trois points essentiels à Cancún.  Mme McClean a enfin rappelé que la communauté internationale devait tenir ses promesses pour aider Haïti financièrement et matériellement après le séisme de janvier dernier.


M. MOCTAR OUANE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la République du Mali, a d’abord tenu à rappeler qu’aux yeux de son pays, les Nations Unies étaient à même de jouer un rôle de catalyseur dans le processus de démocratisation de la gouvernance mondiale.  Après avoir plaidé pour une réforme de l’architecture financière et économique mondiale, M. Ouane a réaffirmé l’attachement de son pays à une représentation plus juste et équitable de toutes les régions du monde au sein des Nations Unies, notamment à travers la réforme du Conseil de sécurité.  Le Mali « appuie pleinement la revendication de l’Afrique de deux sièges permanents et de cinq sièges non permanents », a précisé le Ministre.


S’agissant de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, M. Ouane a appelé la communauté internationale à poursuivre l’accompagnement des efforts menés par son pays, « tant nous sommes encouragés par les résultats des stratégies précédentes ».  En matière des changements climatiques, « le Mali ne ménagera aucun effort pour apporter sa modeste contribution à la recherche d’un accord global et contraignant », a-t-il indiqué.


Le Ministre a ensuite rappelé l’importance de la lutte contre le VIH/sida, rappelant que le Mali avait entrepris un vaste programme de réforme multisectorielle tant au plan institutionnel qu’opérationnel conformément à plusieurs de ses engagements internationaux.  Il a, par ailleurs, tenu à souligner les défis posés par le terrorisme et le trafic de drogues, d’armes et d’êtres humains, indiquant que son pays y apportait une réponse suivant deux axes, à savoir le renforcement des capacités nationales de sécurité et la promotion d’une coopération régionale efficace.  Il a rappelé l’initiative de son président d’organiser une conférence sur la paix, la sécurité et le développement dans la région sahélo-saharienne.


M. SERGEI ALEINIK, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a estimé que tous les grands problèmes et défis actuels ne pouvaient être réglés qu’avec la participation de tous les États.  La réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en dépit des retards évidents actuels, peut être atteinte si les moyens financiers, les technologies et l’expertise nécessaires sont octroyés aux États, en particulier aux plus pauvres d’entre eux, a-t-il soutenu, en rappelant que pour faire face aux crises économique et financière récentes, les États développés « avaient sorti des milliards de dollars ».  Il faut plus de solidarité, a-t-il lancé.  Il a par ailleurs dénoncé les politiques protectionnistes mises en place par certains pays et qui rendent difficiles la réalisation des OMD par les plus vulnérables.  Il a ensuite appelé à une refonte du système financier international en renforçant les institutions de Bretton Woods qui, a-t-il dit, doivent s’ouvrir aux pays en développement.  Il a également rappelé que des efforts avaient été fournis par la communauté internationale afin de faire de l’ECOSOC un organe véritablement économique ayant moins de compétences politiques.  Sur ce plan des progrès ont été faits, mais il faut approfondir cette ambition, a-t-il insisté.  En tant que pays candidat à un poste au sein de cette entité pour 2011, le Bélarus s’engage à œuvrer en ce sens, a-t-il promis.  Il a en outre appelé les pays développés à respecter les engagements qui sont les leurs au titre de l’aide publique au développement.


M. Aleinik a, de même, souhaité qu’une nouvelle dimension à la lutte contre les changements climatiques soit donnée lors de la prochaine Conférence de Cancún, au Mexique.  Les problèmes des changements climatiques sont liés aux questions de la sécurité énergétique et de l’économie dite « verte ».  Cette complexité, a-t-il dit, explique qu’aucune organisation ni aucun État ne peut résoudre cette menace tout seul, a-t-il dit.  En tant qu’État attaché à la protection de la jeunesse, le Bélarus, a annoncé le Ministre, souhaite voir l’Assemblée générale de l’ONU organiser un débat thématique portant sur « le talent des jeunes et leur protection contre la dégradation sociale ».  Le Ministre a par ailleurs affirmé que, jusqu’à ce jour, les effets de la catastrophe de Tchernobyl se faisaient sentir au Bélarus et en Fédération de Russie.  Il a ainsi annoncé l’intention de son pays de déposer auprès de l’Assemblée générale un projet de résolution relatif « au renforcement de la coopération et des efforts en vue de réduire les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl ».


M. GEORGE REBELO CHICOTI, Secrétaire d’État aux relations extérieures de la République d’Angola, a rappelé que les forces armées de son pays étaient un facteur de stabilité non seulement pour l’Angola mais aussi pour l’Afrique centrale et australe.  L’Angola fait partie du mécanisme d’alerte avancée de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), et est actuellement engagé dans la recherche d’une solution à la crise en Guinée équatoriale en étroite coopération avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  « C’est donc avec un grand étonnement que nous avons appris l’évocation de la participation présumée des Forces armées angolaises dans des violations des droits de l’homme commises dans la République démocratique du Congo (RDC), dans un rapport destiné à être diffusé comme document de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme », a dit M. Chicoti.  Ce document, a continué le représentant, a été produit à l’initiative d’une agence du Secrétariat des Nations Unies sans mandat spécifique du Secrétaire général ou des États Membres.


L’Angola, a rappelé M. Chicoti, est intervenu en RDC sous un mandat de la SADC à la demande du Gouvernement de la RDC.  Cette intervention a contribué à arrêter l’effusion de sang et à sauver des millions de vies, a-t-il déclaré.  « L’Angola rejette avec véhémence cette suggestion (…) et met en doute les motivations derrière elle », a-t-il dit, ajoutant que les forces angolaises continueraient de se conduire de façon responsable en conformité avec les normes internationales et le respect scrupuleux des droits de l’homme.  Le Secrétaire d’État a d’autre part exprimé son soutien à la reprise des pourparlers de paix au Moyen-Orient et s’est élevé contre le blocus américain contre Cuba.  S’agissant de la question du Sahara occidental, l’Angola note avec inquiétude que les progrès répondant aux atteintes des peuples de cette région n’ont pas eu lieu, a-t-il dit.  Pour sa part, après trois décennies de guerre et d’instabilité politique, l’Angola est en train de commencer un nouveau cycle caractérisé par l’adoption d’une nouvelle constitution qui établit finalement l’État démocratique et l’autorité de la loi, a conclu M. Chicoti.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a rappelé que la responsabilité première des Nations Unies était le maintien de la paix et de la sécurité internationales et que les guerres et conflits sur tous les continents avaient mis à rude épreuve la capacité de l’Organisation à prévenir, contenir et à régler les conflits armés.  Il a observé un espoir de paix au Moyen-Orient grâce à une reprise des négociations directes entre le Gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne.  Il a néanmoins déclaré que l’espoir d’un accord définitif était obscurci par les menaces et provocations des forces extrémistes qui cherchent à faire dérailler les négociations directes.  Les dirigeants d’Israël et de l’Autorité palestinienne ont un rendez vous avec l’histoire, a-t-il affirmé, en souhaitant qu’ils soient à la hauteur des circonstances.


L’existence d’armes de destruction massives demeure une menace pour l’humanité, a également déclaré M. Heller en remarquant toutefois que l’année 2010 avait permis des progrès significatifs en matière de désarmement et de non prolifération et que la crédibilité et la viabilité de l’ordre du jour du désarmement dépendaient de l’universalité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires.  Parallèlement, la création d’une zone exempte de l’arme nucléaire au Moyen-Orient serait un pas décisif dans ce sens, a estimé le représentant, qui a encouragé au dialogue et à la négociation dans les cas de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et de la République islamique d’Iran.  Il a déclaré que la sécurité internationale était également menacée par l’existence et le trafic illégal des armes de petit calibre et légères.  Le moment est venu, a-t-il dit, d’affronter ce défi par la mise en œuvre du Programme d’action sur le trafic illégal des armes de petit calibre et des armes légères, et d’accomplir des progrès en vue de l’adoption du Traité sur le commerce des armes.


Le terrorisme et la mondialisation de la criminalité transnationale organisée, y compris du trafic de drogues, sont autant de nouvelles menaces à la paix et le Gouvernement mexicain a pleinement assumé les défis que représentent le narcotrafic et les activités de la criminalité organisée en rétablissant l’autorité de l’État dans les espaces où prévalait l’impunité, a-t-il souligné.  M. Heller a aussi déclaré que la migration constitue une réalité du monde contemporain que nul ne peut ignorer et que ses multiples dimensions obligent à en examiner les causes et les effets à partir d’une perspective internationale.  Il a annoncé, à cet égard, que son pays accueillerait en novembre prochain le quatrième Forum mondial sur la migration et le développement.  Il a aussi souligné que cette année le Mexique célébrerait son bicentenaire en tant que nation indépendante et le centenaire de sa révolution, la première des grandes révolutions sociales du XX siècle.


M. CARSTEN STAUR (Danemark) a appelé à un système multilatéral efficace face aux nombreux défis auxquels le monde était confronté aujourd’hui.  Ce monde, a-t-il dit, sort tout juste de la crise économique et financière, mais demeure exposé aux conséquences du réchauffement climatique, à la pauvreté, à la démographie et aux nouvelles menaces à la sécurité.  Il a souhaité que la mise en œuvre du Traité de Lisbonne puisse être reflétée dans la future position de l’Union européenne aux Nations Unies, tout en regrettant qu’aucun accord n’ait pu être conclu à ce jour.  Le représentant a, en outre, appelé à ce que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) deviennent une réalité pour tous, ce qui, a-t-il dit, nécessite des progrès accélérés.  Il faut se montrer innovant, a-t-il ajouté, estimant que les pays en développement devaient consacrer leur volonté politique, leurs capacités administratives et leurs ressources budgétaires à la réalisation des OMD, tandis que les pays donateurs devaient maintenir leurs engagements.  Rappelant que les pays fragiles ou affectés par des conflits étaient les plus à la traîne dans la réalisation des Objectifs, M. Staur a fortement encouragé les efforts actuels visant à renforcer le rôle des Nations Unies pour leur venir en aide.


Abordant les questions environnementales, le représentant a vanté les bienfaits de la « croissance verte », citant notamment les technologies vertes et les énergies renouvelables, et présentant celles-ci non comme un obstacle mais comme une opportunité pour le développement.  Il a exprimé son espoir de voir la Conférence de Cancún sur les changements climatiques couronnée de succès.  M. Staur a par ailleurs évoqué la question des droits de l’homme, rappelant qu’il incombait aux États de garantir ces droits, y compris le droit des femmes et les questions de parité et saluant le débat en cours entre certains États Membres autour de la responsabilité de protéger.  Il a mis en exergue les engagements du Danemark en faveur du respect de l’état de droit, citant la participation aux efforts pour lutter contre la piraterie en mer au large de la Somalie ou encore le soutien à la Cour pénale internationale (CPI).  Il a aussi salué les progrès dans la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive et a exprimé ses inquiétudes au sujet « de la nature prétendument pacifique » du programme nucléaire iranien.  Le représentant s’est aussi réjoui de la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens, tout en apportant le soutien du Danemark aux efforts des États-Unis dans ce processus de paix.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a estimé, qu’en matière de paix et de sécurité, la résolution des conflits dans le monde et en particulier en Afrique, restait un défi majeur pour la communauté internationale.  Ainsi, si certaines crises sont plus ou moins en voie d’être résorbées, notamment en Afrique de l’Ouest, d’autres, en revanche, continuent d’être un sujet de graves inquiétudes, a-t-il souligné.  Au Togo, des élections ouvertes, libres et transparentes ont pu se tenir au cours de cette année 2010, s’est félicité le représentant.  En Côte d’Ivoire, de sérieux progrès ont été enregistrés, avec le désarmement effectif des Forces Nouvelles, la publication de la liste électorale et la fixation du premier tour de l’élection présidentielle au 31 octobre 2010, a-t-il poursuivi.  En Guinée, « nous gardons l’espoir que les derniers obstacles qui ont entraîné le report du deuxième tour de l’élection présidentielle seront vite surmontés », a déclaré M. Kafando, avant d’ajouter que sa délégation appelait tous les acteurs politiques guinéens à la modération, afin de permettre à leur pays de s’ouvrir très rapidement à la démocratie et de bâtir une économie prospère et profitable à tous.


Passant en revue les différents conflits en Afrique, le représentant a jugé que les résultats engrangés à travers les négociations de Doha étaient encourageants et devaient inciter la communauté internationale à user de son influence pour accélérer le dialogue politique et le renforcement des capacités opérationnelles de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).  Le Burkina Faso est par ailleurs préoccupé par la situation d’insécurité et d’instabilité en Somalie, avec la poursuite des attaques des insurgés contre le Gouvernement fédéral de transition et les forces de la Mission d'observation militaire de l'Union africaine en Somalie (AMISOM).  C’est pourquoi, a-t-il dit, le Burkina Faso exhorte le Conseil de sécurité et les pays donateurs à traduire dans les faits leur engagement à soutenir le processus de réhabilitation de l’État somalien.  Par ailleurs, le Burkina Faso suit avec grande attention l’évolution de la situation politique à Madagascar et au Niger, a poursuivi M. Kafando, qui a salué les initiatives prises par les autorités de transition pour l’organisation d’élections libres en vue d’assurer le retour à l’ordre constitutionnel dans ces deux pays.  S’agissant du Sahara occidental, le représentant a salué l’élan imprimé au processus de négociations par le Secrétaire général et appelé les protagonistes à poursuivre le dialogue politique, pour un règlement pacifique de ce différend.  Enfin, a-t-il précisé, on ne peut parler de paix et de sécurité en Afrique sans évoquer la question du trafic de stupéfiants et ses liens manifestes avec les conflits armés, la prolifération des armes légères, le blanchiment d’argent, le financement de la criminalité transnationale organisée et le terrorisme.  Par conséquent, la nécessité de conjuguer les efforts ne doit laisser aucun pays indifférent, a affirmé le représentant en conclusion.


M. AFELEE PITA (Tuvalu) a souligné que le coût de la dépendance de son pays à l’importation du fioul a un effet dévastateur sur le budget national.  Nous avons, a-t-il dit, désespérément besoin d’énergie renouvelable et de technologies efficaces qui conviennent aux conditions uniques de Tuvalu.  Le représentant de Tuvalu est revenu sur la Stratégie de Maurice qui a donné lieu à des discussions la semaine dernière en Assemblée Générale.  Les petits États insulaires en développement (PEID), a-t-il rappelé, ont fait trois propositions principales à savoir un appui à la lutte contre la pêche illégale, la création d’un mécanisme d’assurances-risques contre les catastrophes climatiques qui serait financé par des fonds publics internationaux, et la reconnaissance des PEID comme un groupe distinct aux Nations Unies.


Il a espéré que la Conférence de Cancún aboutira à des résultats concrets et non à de vagues promesses.  Il a réclamé un accord sur tous les amendements et règles liés au Protocole de Kyoto, une décision sur le mandat des négociations relatives à un instrument juridiquement contraignant fondé sur le Plan d’action de Bali, et un accord sur des mesures intérimaires de mise en œuvre des dispositions à incorporer dans cet instrument juridique.  À son tour, il a appelé le Conseil économique et social (ECOSOC) a examiné sérieusement la question de la gradation, pour y introduire des critères de vulnérabilité.  Il a conclu sur la réforme du Conseil de sécurité, en demandant un siège pour les PEID.


M. MARTEN GRUNDITZ (Suède) a déclaré que les progrès concernant les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avaient été mitigés, notamment en ce qui concerne l’amélioration de la santé maternelle.  La Suède est l’un des plus gros contributeurs à l’aide publique au développement, a-t-il rappelé.  « Nous avons une responsabilité partagée, pays développés et pays en développement, pour réaliser les OMD d’ici à 2015 ».  Afin de renforcer la capacité commerciale des pays les plus pauvres, l’achèvement du Cycle de Doha est une priorité.


Les changements climatiques sont l’un des plus grands défis de notre génération, a poursuivi le représentant, qui s’est félicité de l’établissement du Groupe du Secrétaire général sur la durabilité.   Sans respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, tout progrès sera incomplet, a déclaré en substance le représentant.  « C’est à nous qu’il appartient de mettre les idéaux en pratique ».  Le Conseil des droits de l’homme doit utiliser tous les instruments dont il dispose pour répondre aux violations des droits de l’homme.  Pour devenir membres du Conseil, les États devraient eux-mêmes remplir leurs obligations internationales en matière de droits de l’homme.


Il reste beaucoup à faire dans ce domaine.  La peine de mort continue d’être largement appliquée dans le monde.  Comme on vient de le voir, dans certains pays, les femmes peuvent même être condamnées à mort par lapidation pour adultère; des hommes et des femmes peuvent être exécutés en raison de leur orientation sexuelle.  « C’est à nous, gouvernements, qu’il appartient de mettre un terme à ces actes barbares », a insisté M. Grunditz.


La question de l’égalité des sexes demeurant l’un des plus grands défis aux droits de l’homme et à la démocratie, la Suède salue la création de l’entité ONU-Femmes.  La liberté d’expression revêt également une importance fondamentale.  L’accès aux nouvelles technologies doit être un catalyseur pour les droits de l’homme.  Le représentant s’est dit très préoccupé par la situation des journalistes et des bloggeurs dans des pays comme la Chine, le Viet Nam, l’Égypte, le Myanmar, Cuba, la République populaire démocratique de Corée, l’Érythrée et l’Iran.  S’agissant des situations de conflit, il a souligné la responsabilité de protéger qui incombe à la communauté internationale et a mis l’accent sur la lutte contre la violence sexuelle.


La Suède reconnaît le rôle central que doivent jouer les Nations Unies dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix.  En Afghanistan, l’ONU contribue à un développement sécurisé, stable et démocratique.  Au Moyen-Orient, la Suède regrette la décision israélienne de ne pas proroger le moratoire sur les colonies de peuplement.  « Nous nous efforçons d’avoir un monde sans armes nucléaires », a poursuivi le représentant, ajoutant que la Suède faisait du contrôle des armes classiques une priorité urgente.  « Nous devons continuer à réformer les Nations Unies pour qu’elles continuent à jouer un rôle pertinent », a-t-il conclu.


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a estimé qu’en dépit des progrès accomplis vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, des problèmes persistaient, qui prennent leur origine dans trois phénomènes qu’il a identifiés.  Tout d’abord, la crise économique et financière, qui continue d’avoir un impact négatif sur les performances du Guatemala et d’autres pays.  Ainsi, le revenu national a augmenté de moins de 1% en 2009, en raison de la chute de nos exportations, la réduction des envois de fonds et l’effondrement de l’investissement étranger direct, a indiqué le représentant.  Il a ensuite évoqué la question de l’expansion, au cours de la décennie écoulée, des activités illégales liées à la criminalité organisée, qui constituent une menace pour le Guatemala et la sous-région.  S’il a cité le trafic d’êtres humains et d’armes, M. Rosenthal a tout particulièrement incriminé celui des stupéfiants, « qui a affaibli nos institutions démocratiques ».  Enfin, il a désigné la fréquence des catastrophes naturelles, qui démontre que le Guatemala est extrêmement vulnérable aux effets des changements climatiques.


Dans un second temps, le représentant a formé le vœu que la réforme tant retardée du Conseil de sécurité fasse des progrès significatifs au cours de cette session de l’Assemblée générale.  Cet organe devrait devenir plus représentatif du monde actuel et plus légitime, a souligné le Guatemala, qui est candidat pour la période 2012-2013.  M. Rosenthal a également réitéré le soutien de son pays à la prochaine Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra en décembre prochain à Cancún.  Par ailleurs, en rejoignant le Conseil des droits de l’homme, le Guatemala a réitéré son engagement en faveur du plein respect des droits de l’homme, y compris la responsabilité de protéger les populations du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité.  Le représentant a souhaité en conclusion que les négociations actuellement en cours entre la Palestine et Israël soient couronnées de succès et se concrétisent par la création d’un État palestinien coexistant en paix et en sécurité avec Israël.


M. Antonio Pedro Monteiro Lima, Ambassadeur et Représentant Permanent de la République du Cap-Vert, a insisté sur les changements climatiques, estimant que le temps n’est plus à la tergiversation pour diminuer de façon conséquente les émissions de gaz à effet de serre, freiner le réchauffement de la planète et éviter une montée du niveau des mers qui menace les petits États insulaires.  Il a souligné que le Cap-Vert, en tant qu’État sahélien, est confronté à la sécheresse, à la désertification et au manque d’eau.  Dans ce contexte, une économie verte et une agriculture durable est indispensable pour répondre à la crise alimentaire, liée aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles, qui menace en particulier l’Afrique et les petits États insulaires.  Le financement constitue un facteur clef, a-t-il poursuivi, avec l’aide apportée aux pays les plus vulnérables par les pays développés et des grands pays émergents.  Il a mentionné la signature, il y a quelques jours, d’un accord entre la Norvège et six pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest pour mieux protéger leur littoral.


S’agissant des OMD, le Représentant a mis en avant l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme comme moteur du développement.  Malgré les avancées réalisées au Cap-Vert, de grands défis demeurent, a-t-il ajouté.  Le Gouvernement du Cap-Vert comporte huit femmes parmi les 14 ministres.  La parité a été atteinte dans l’éducation primaire et secondaire.  La santé materno-infantile a progressé.  Cependant, une femme sur quatre souffre de violence domestique.  Les femmes sont plus touchées par le chômage et par la pauvreté.  Face à ces défis, le Cap-Vert a lancé plusieurs programmes en collaboration avec ONU-Femmes.  Le représentant s’est aussi félicité de la progression de son pays, depuis son indépendance, il y a 35 ans, dans l’indice de développement humain; le Cap-Vert faisant désormais partie des pays à revenu intermédiaire.


En plein débat sur la gouvernance globale, M. Monteiro Lima a réaffirmé le rôle central de l’ONU dans la résolution des conflits.  Il a mis l’accent sur l’importance des pourparlers de paix entre la Palestine et Israël, en demandant la fin des hostilités, l’arrêt de la colonisation dans les Territoires occupés, le démantèlement du mur et la fin du blocus.  Il a aussi demandé la fin du blocus américain sur Cuba.  Face aux défis du monde contemporain, une réforme des Nations Unies est essentielle pour « simplifier une certaine bureaucratie onusienne », a-t-il conclu.


Droit de réponse


Réagissant aux propos de l’Érythrée, le représentant de l’Éthiopie a rappelé que le régime érythréen avait toujours manifesté une attitude agressive à l’égard de ses voisins, comme en a témoigné encore récemment la tentative d’envahir Djibouti en 1997, puis en 2008.  L’Érythrée, a estimé le représentant, fait une campagne contre mon pays pour faire croire que c’est nous qui sommes les agresseurs et qui refusons de mettre en œuvre la décision rendue par la Commission du tracé de la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie.


Les affirmations selon lesquelles l’Éthiopie occupe une partie du  territoire érythréen est un pur produit de l’imagination, a affirmé le représentant, avant de dire que son pays a toujours été prêt à ouvrir un dialogue avec son voisin.  Mais, a-t-il regretté, l’Érythrée s’y refuse, en cherchant au contraire à chercher partout dans la corne de l’Afrique des motifs d’agression.


La représentante de l’Érythrée a qualifié d’infondées les accusations portées par son homologue éthiopien.  La Commission de délimitation de la frontière, a réglé les problèmes entre les deux pays, a-t-elle estimé, accusant l’Éthiopie de continuer à occuper illégalement une partie de son territoire.  Si l’Éthiopie s’était acquittée de ses obligations, il n’y aurait pas de problèmes entre nos deux pays, a-t-elle lancé.


Le représentant de la République islamique d’Iran a estimé que le représentant des Émirats arabes unis avait fait des affirmations inacceptables à propos des trois îles qui se trouvent dans le Golfe persique.  Ces îles ont trait à l’intégrité territoriale de l’Iran et  relèvent de sa souveraineté.  L’Iran, a-t-il assuré, est néanmoins prêt à poursuive des échanges bilatéraux avec les responsables des Émirats arabes unis.


Répondant à ces propos, le représentant des Émirats arabes unis a regretté que l’Iran ait réitéré sa position, en rejetant ainsi les nombreuses initiatives de paix de son pays concernant les trois îles.  Il s’est opposé à l’occupation iranienne et aux mesures militaires et civiles prises pour modifier la nature historique et démographique de ces îles.  Il a espéré que la communauté internationale appuiera la position de son pays qui consiste à demander à l’Iran de mettre fin à son occupation illégale.


Le représentant de l’Égypte a déploré les allégations faites par le représentant de la Suède sur la liberté d’expression dans son pays.  L’Égypte est à la tête de la réforme politique au Moyen-Orient; la liberté d’expression étant garantie par la Constitution et dans la pratique.  L’Égypte compte quelque 300 journaux qui représentent tous les points de vue.  Il est donc choquant, a dit le représentant, d’entendre la délégation de la Suède mentionner mon pays sur ce sujet.  La Suède devrait savoir faire la différence entre la liberté d’expression et les insultes au Prophète.


Le représentant de la République islamique d’Iran, se référant aux propos tenus par ses homologues de la Suède et de l’Irlande sur la situation des droits de l’homme dans son pays, a recommandé à ces deux pays d’éviter d’utiliser cette tribune pour proférer des fausses accusations politiques.


Commentant également les propos tenus par la Suède, le représentant de Cuba s’est demandé d’où ce dernier tirait son autorité pour juger de la situation des droits de l’homme à Cuba.  De quel droit ose-t-il donner un avis sur huit pays respectables de cette Organisation?  La communauté internationale, a argué le représentant cubain, n’est pas sans voir que la Suède est un des pays qui a autorisé les vols secrets de la CIA en Europe.  « Je pourrais également parler de la prostitution et de la situation des petites filles », a menacé le représentant qui a cependant demandé au Gouvernement suédois quand il comptait renoncer à ces vols secrets illégaux.


Le représentant de la Chine a lui aussi réagi à la déclaration de la Suède.  Il a affirmé que son gouvernement veillait à la protection des droits de ses citoyens, notamment la liberté d’expression.  La situation des droits de l’homme s’est beaucoup améliorée ces dernières années en Chine et nul ne peut le contester, a estimé le représentant.  La Suède, a-t-il dit, a connu des pages sombres dans son histoire des droits de l’homme et elle continue de violer les droits des minorités.  Quand les droits de l’homme sont menacés comme ils le sont en Suède, le représentant de cet État n’a pas le droit de juger ce qui se passe dans d’autres pays.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité réaffirme l’importance de renforcer la coopération internationale pour mieux répondre à un terrorisme en évolution constante

CS/10038

Le Conseil de sécurité réaffirme l’importance de renforcer la coopération internationale pour mieux répondre à un terrorisme en évolution constante

27/09/2010
Conseil de sécuritéCS/10038
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6390e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ RÉAFFIRME L’IMPORTANCE DE RENFORCER LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR MIEUX RÉPONDRE À UN TERRORISME EN ÉVOLUTION CONSTANTE


Le Conseil de sécurité a de nouveau condamné, ce matin, le terrorisme sous toutes ses formes et souligné que tous les instruments de lutte contre ce fléau, notamment ses résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005), doivent être pleinement mis en œuvre par le biais d’une coopération accrue.


Les membres du Conseil, dont certains étaient représentés au niveau ministériel, se sont ainsi félicités de la réaffirmation de l’appui récent de l’Assemblée générale à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, adoptée en 2006, et de l’institutionnalisation de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, en vue d’assurer la coordination et la cohérence de l’action antiterroriste menée par le système de l’ONU.


Répondant à l’appel de la présidence turque du Conseil de sécurité, qui était assurée ce matin par le Ministre des affaires étrangères, M. Ahmet Davutoğlu, les participants au débat ont unanimement reconnu la nécessité d’agir collectivement dans la lutte contre une menace dont ils ont souligné la nature évolutive.  La déclaration présidentielle qu’ils ont approuvée -et qui demande à la communauté internationale de veiller à ce que la lutte contre le terrorisme demeure une priorité au niveau international- note en effet le caractère de plus en plus diffus de la menace terroriste et le fait que les actes de terrorisme sont inspirés par l’intolérance.


Face à la mondialisation de ce phénomène, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a plaidé en faveur de l’adoption d’une approche multidimensionnelle qui viserait à priver les terroristes de financement et de mobilité et à les empêcher d’acquérir des armes de destruction massive.  Le Secrétaire général a également appelé à promouvoir en amont l’éducation, le développement et le dialogue interculturel « qui ont tous une pertinence croissante pour traiter des conditions qui conduisent au terrorisme ».


« Nous devons faire toujours mieux car la lutte contre le terrorisme est une tâche mondiale qui nécessite, de tous, le plus haut degré de coopération.  Nous devons comprendre cette menace en œuvrant ensemble, en partageant nos informations et nos idées car les groupes terroristes ont une ambition mondiale », a estimé, quant à elle, la Secrétaire d’État des États-Unis, Mme Hillary Rodham Clinton.


Mettant en exergue le fait que la lutte contre le terrorisme exige des démocraties qu’elles empêchent leurs populations de se tourner vers la destruction et l’autodestruction -« en s’attaquant ainsi aux causes économiques et sociales sous-jacentes du terrorisme »-, elle a déclaré que « nous devrons offrir des alternatives d’espoir sans jamais renoncer à nos valeurs démocratiques et au progrès ».


En écho à ces propos, le représentant de la France a noté que si, « dans tous les cas », le terrorisme est inexcusable, « cela ne doit pas empêcher de chercher à comprendre les racines du phénomène afin de mieux y faire face ».  « Il est impératif de mettre en œuvre les 16 instruments juridiques internationaux de lutte contre le terrorisme existants et d’avancer rapidement dans les négociations sur le projet de convention générale sur le terrorisme international », a insisté l’Ambassadeur Gérard Araud.  Se disant convaincu que la pauvreté et l’absence de perspectives constituent le terreau du terrorisme, il a appelé les institutions spécialisées, fonds et programmes de développement du système de l’ONU à prendre davantage en compte cette réalité.


Sur ce dernier point, la déclaration présidentielle reconnaît justement que le développement, la paix, la sécurité et les droits de l’homme se renforcent mutuellement.  Elle souligne aussi l’effort entrepris sur le plan international pour éliminer la pauvreté et favoriser une croissance économique soutenue, le développement durable et la prospérité mondiale dans l’intérêt de tous, et apprécie le rôle positif joué par l’Alliance des civilisations.


Les participants à la réunion ont par ailleurs rappelé qu’il était important que la lutte contre le terrorisme soit menée dans le respect des principes des droits de l’homme.


Le Ministre des affaires étrangères de l’Autriche, pays qui préside le Comité 1267 du Conseil concernant Al-Qaida et les Taliban, a ainsi rappelé que la Liste récapitulative du Comité avait été mise à jour et qu’environ 10% des noms qui y figuraient en avaient été retirés.  « La nomination, au mois d’août, de Mme Kimberly Prost, au poste de Médiateur chargé de répondre aux demandes de radiation constitue un pas en avant », a ajouté également M. Michael Spindelegger.


« Légitimité et efficacité vont de pair », a souligné l’Ambassadeur Claude Heller, dont le pays, le Mexique, préside le Comité créé en vertu de la résolution 1540.  La déclaration présidentielle réaffirme les obligations faites aux États Membres, par la résolution 1540, de s’abstenir d’apporter un appui à des acteurs non étatiques qui tenteraient de mettre au point, d’acquérir, de transférer ou d’utiliser des armes nucléaires, chimiques ou biologiques et leurs vecteurs.


De son côté, M. Ahmet Davutoğlu a appelé les pays à mieux lutter contre les actes d’incitation au terrorisme, les organisations terroristes recourant « largement à la propagande par le biais d’Internet et des nouvelles technologies de communication ».  « Nous ne pouvons autoriser que les droits fondamentaux, comme la liberté d’expression, soient exploités à des fins de criminalité », a-t-il dit.


Le Chef de la délégation turque, qui a par ailleurs indiqué que son pays avait signé des accords de sécurité avec plus de 70 États, a considéré que l’ONU, « qui est l’enceinte clef pour l’élaboration de normes internationales de la lutte contre le terrorisme », avait aussi un rôle d’assistance technique important à jouer.  Il a salué les efforts menés en ce sens par la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et les contributions de l’Office des Nations Unies contre le crime et la drogue (UNODC).



MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME


Lettre datée du 1er septembre 2010, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de la Turquie auprès de l’Organisation des Nations Unies ( S/2010/462 )


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, qui prenait la parole après l’ouverture du débatpar le Ministre des affaires étrangères de la Turquie, M. Ahmet Davutoğlu, a souligné qu’au cours des cinq dernières années, les Nations Unies avaient élargi leurs activités de lutte contre le terrorisme, en renforçant notamment la coopération interinstitutions et en améliorant les partenariats avec les organisations régionales.  Des initiatives conjointes avec les États des régions comme le Sahel, la corne de l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et centrale ont démontré que beaucoup pouvait être fait, a-t-il dit.  Pour M. Ban, la lutte contre le terrorisme exige une approche multidimensionnelle.  Insistant d’abord sur la nécessité que la communauté internationale mette tout en œuvre pour priver les terroristes de financement et de mobilité et pour les empêcher d’acquérir des armes de destruction massive, le Secrétaire général a également appelé à promouvoir en amont l’éducation, le développement et le dialogue interculturel « qui ont tous une pertinence croissante pour traiter des conditions qui conduisent au terrorisme ».


Le Secrétaire général a également mis l’accent sur l’importance de consolider le régime juridique des instruments internationaux de lutte contre le terrorisme en vigueur et d’améliorer la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  La valeur de ces résolutions et de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies dépend en effet de leur application régulière et équitable, a-t-il ajouté.  Après avoir noté l’utilité de mieux partager l’information et les pratiques efficaces, en établissant des points focaux nationaux et des réseaux régionaux et en mobilisant la société civile, le secteur privé et les médias, M. Ban a rappelé l’impératif de mener une lutte contre le fléau du terrorisme « respectueuse des droits de l’homme ».  Concluant son intervention, le Secrétaire général de l’ONU a annoncé que le 8 octobre prochain se tiendra, au Siège à New York, le deuxième séminaire sur les victimes du terrorisme.  À cette occasion, a-t-il indiqué, sera projeté le film « Killing In The Name » (« Tuer au nom de »), un documentaire qui décrit la détresse des victimes et qui, a-t-il espéré, contribuera à accroître le degré d’engagement nécessaire pour mettre fin aux crimes terroristes.


M. MICHAEL SPINDELEGGER, Ministre des affaires étrangères de l’Autriche, a déclaré que la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies fournit le premier cadre universellement agréé pour lutter contre le terrorisme de manière holistique.  Son succès dépend de sa mise en œuvre concrète, a-t-il ajouté.  Il a noté que des progrès ont été réalisés dans la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Il faut continuer à déployer des efforts pour faire mieux connaître la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, a poursuivi le Ministre, qui a rappelé que l’Autriche avait organisé en septembre 2009, à Vienne, conjointement avec la Suisse, la Turquie, la Norvège et d’autres partenaires, le premier Séminaire international des points focaux sur la lutte contre le terrorisme.


Le Ministre a insisté sur l’importance de la coopération et de la coordination dans la lutte contre le terrorisme, y compris avec le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  Il a encouragé l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme à poursuivre ses efforts et a appelé le Conseil de sécurité et ses trois comités 1267, 1373 et 1540 à rechercher les moyens visant à renforcer le travail de l’Équipe spéciale.  Il a appelé en ce sens à la mise en œuvre effective de la résolution 1904 (2009).  Pour son pays, a rappelé le Ministre, le respect des droits de l’homme et de l’état de droit doit être à la base de tous les efforts de lutte contre le terrorisme.  « Nous devons tous garantir que toute mesure prise pour lutter contre le terrorisme tienne compte des obligations découlant du droit international », a-t-il souligné.  La mise en place de systèmes efficaces de justice pénale fondée sur l’état de droit représente en ce sens un élément essentiel, a rappelé le Ministre, qui a salué le travail effectué par la Division de la prévention du terrorisme de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), qui apporte une assistance juridique aux États qui en font la demande.


L’Autriche, qui préside le Comité 1267, œuvre pour appliquer les sanctions de manière équitable et dans le respect de la légalité, a déclaré M. Spindelegger, qui a rappelé que la Liste récapitulative du Comité avait été mise à jour et qu’environ 10% des noms qui y figuraient en avaient été retirés.  Il a estimé que la nomination, en mois d’août, de Mme Kimberly Prost au poste de médiateur constituait un pas en avant.  Il reste toutefois encore de grands défis, a déclaré le Ministre, qui a demandé la mise en place de directives sur les meilleures pratiques des États dans le domaine du respect des droits de l’homme dans la lutte contre le terrorisme, afin de garantir une approche cohérente des États.  Le renouvellement à venir du mandat du Comité 1373 sera l’occasion de réaffirmer cet engagement, a estimé le ministre.  L’Autiche a également veillé au strict respect du droit international dans la mise en œuvre de la résolution 1540, a-t-il poursuivi.  « Nous ne pourrons combattre le terrorisme à long terme que si nous traitons de ses causes sous-jacentes et si nous gagnons les cœurs des gens, a déclaré le Ministre, qui a salué le rôle de l’Alliance des civilisations en ce sens.  Il a déclaré qu’en novembre prochain, son pays lancera le premier forum des jeunes dirigeants arabo-européens pour discuter des moyens de mettre en œuvre un leadership responsable, dans les secteurs de la politique, de la société civile, des affaires ou de l’environnement.


Mme HILLARY RODHAM CLINTON, Secrétaire d’État des États-Unis, a insisté sur le fait que la lutte contre le terrorisme était une « mission commune ».  « Nous devons mener cette lutte tout en aidant à créer les conditions propices pour la réalisation de progrès à long terme afin de faire obstacle au recrutement des groupes terroristes, a-t-elle ajouté.  Pour Mme Clinton, les Nations Unies sont « l’instance principale où l’on peut mettre en partage, de manière coordonnée et transparente, les pratiques optimales et renforcer les capacités des États en développement qui sont confrontés à la menace du terrorisme ».  Mme Clinton a salué la pertinence des travaux du Comité 1267 du Conseil de sécurité, ou « Comité des sanctions contre Al-Qaida et les Taliban », « qui a su faire évoluer ses méthodes de travail en s’adaptant à la menace de groupes qui elle-même n’a de cesse de se transformer ».  Notant que le Comité a récemment décidé de radier 45 noms de sa Liste et d’y ajouter 17 autres, « y compris de nouvelles branches d’Al-Qaida », Mme Clinton s’est également félicitée de la nomination d’un médiateur, Mme Kimberly Prost, chargée de recevoir les demandes de radiation d’individus et entités incriminés.


Les États-Unis restent engagés, à travers l’ONU, à répondre à la menace terroriste, cela en consolidant l’architecture multilatérale, a-t-elle ensuite assuré.  « Nous devons faire toujours mieux car cette lutte est une tâche mondiale qui exige de tous le plus haut degré de coopération.  Nous devons comprendre cette menace en œuvrant ensemble, en partageant nos informations et nos idées car les groupes terroristes ont une ambition mondiale », a également souligné la Secrétaire d’État américaine.  Avant de conclure, Mme Clinton a mis en exergue le fait que le contre-terrorisme exige des démocraties qu’elles empêchent leurs populations de se tourner vers la destruction et l’autodestruction, en s’attaquant donc aux causes économiques et sociales sous-jacentes du terrorisme.  « Nous devrons offrir des alternatives d’espoir sans jamais renoncer à nos valeurs démocratiques et de progrès », a-t-elle déclaré.


M. CELSO AMORIM, Ministre des relations extérieures du Brésil, a rappelé que la violence et l’intolérance prennent racine dans un environnement d’injustices sociales, politiques et culturelles durables.  En matière de lutte contre le terrorisme, le Brésil a une préférence marquée pour les mesures et accords  multilatéraux et il est important de renforcer les capacités des Nations Unies à cet égard, a déclaré M. Amorim, qui a rappelé que son pays appuyait la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Il a appelé à s’abstenir de toute rhétorique ou position susceptible d’alimenter la xénophobie et les préjugés.  « La tolérance est essentielle si nous voulons éviter la polarisation et l’extrémisme », a-t-il dit, en estimant que des initiatives en ce sens, comme l’Alliance des civilisations sont bienvenues.


M. Amorim a rappelé qu’en 2003, le Président Lula avait déjà déclaré que le terrorisme ne pourrait être combattu uniquement par la répression et que des initiatives fondées sur le respect du droit international était nécessaires.  Le Brésil, a-t-il ajouté, souhaite une conclusion rapide des négociations sur le projet de convention générale sur le terrorisme international.  Une attention particulière doit être accordée à la criminalité transnationale organisée et au financement du terrorisme, a-t-il souligné, avant de rappeler que le meilleur moyen d’éviter que des armes de destruction massive, notamment nucléaires, tombent entre les mains de terroristes est d’éliminer totalement et définitivement ces armes.   Le Conseil de sécurité a un rôle unique à jouer pour réagir au terrorisme et le prévenir, a affirmé le Ministre brésilien des affaires étrangères, qui a estimé que la meilleure contribution que le Conseil puisse apporter consiste à parvenir à des solutions justes et durables pour régler des questions qui figurent depuis longtemps à son ordre du jour.  La consolidation de la paix peut aussi contribuer à prévenir l’expansion du terrorisme, a-t-il ajouté.  Avant de conclure, il s’est enfin prononcé pour un renforcement de la coopération et du partage d’informations et a réaffirmé l’appui du Brésil aux travaux des Comités pertinents du Conseil de sécurité.


M. WILLIAM HAGUE, Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni, a fait remarquer que la situation préoccupante à la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan risquait de devenir plus complexe en raison des récentes inondations.  « Nous devons donc renforcer notre appui international au Gouvernement du Pakistan, a-t-il affirmé, afin d’empêcher l’instabilité et réduire la misère humaine qu’exploitent sans scrupule les recruteurs de groupes terroristes ».  Les terroristes de demain essayeront, a-t-il prévenu, de tirer profit des catastrophes naturelles, des conflits à long cours et de l’instabilité régionale.  De l’avis de M. Hague, les efforts communs doivent porter autant sur le maintien de l’ordre que sur la réduction de la pauvreté, la prévention des conflits et la consolidation de la paix « qui permettront à terme de saper l’idéologie extrémiste ».  La Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2006 et dont la pertinence a été réaffirmée récemment par l’Assemblée générale, reconnaît l’importance d’appréhender les conditions qui favorisent le terrorisme, a encore souligné M. Hague qui, en conclusion, a appelé les institutions de l’ONU, comme le PNUD et l’UNESCO, à jouer un rôle plus actif auprès de l’Équipe spéciale chargée de la lutte contre le terrorisme.


M. PAUL TOUNGUI, Ministre des affaires étrangères, de la coopération internationale et de la francophonie du Gabon, a estimé que le caractère tentaculaire du terrorisme appelait une réaction forte et solidaire de la communauté internationale.  Il a estimé qu’avec les résolutions 1267, 1373 et 1540 du Conseil de sécurité, les Nations Unies avaient pris la pleine mesure de leur responsabilité en fournissant aux États Membres l’assistance nécessaire pour une lutte efficace contre le terrorisme.  Il a estimé que l’élan créé par l’adoption de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies par l’Assemblée générale, en 2006 devrait contribuer à consolider le cadre juridique et les moyens d’action contre le terrorisme existants.  En ce sens, il a souhaité que les divergences qui empêchent encore la finalisation du projet de convention générale sur le terrorisme international soient aplanies.


M. Toungui a noté une asymétrie dans les moyens de lutte contre le terrorisme et a déclaré qu’au coût considérable des moyens de lutte s’ajoute la sophistication des méthodes opérationnelles utilisées par les terroristes.  Il a donc lancé un appel pour un renforcement des capacités des pays en développement en tenant compte des besoins spécifiques et de menaces identifiées.  Il a, par ailleurs, rappelé la tenue, en juin dernier à Libreville, de l’atelier régional organisé par l’UNODC pour les pays de l’Afrique centrale, avant d’indiquer que son pays avait pris diverses mesures en matière de sécurité.


M. HENRY ODEIN AJUMOGOBIA, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a déclaré que les attentats de Kampala et ceux qui avaient été perpétrés ailleurs démontraient l’ampleur « mondiale » du défi que pose le terrorisme aux États.  Le risque augmente avec la porosité croissante des frontières et le fait qu’à ce jour, les mesures de privation du financement des groupes terroristes se sont avérées insuffisantes, a-t-il fait remarquer.  Le Ministre nigérian des affaires étrangères a plaidé pour la conclusion d’un traité spécifique visant à mettre fin au commerce illicite des armes légères et de petit calibre qui, en Afrique de l’Ouest, alimente les pratiques terroristes.  Après avoir mis en avant l’efficacité des points focaux nationaux et des centres de lutte régionaux contre le terrorisme, il a salué la qualité de la Direction exécutive de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, « qui contribue à améliorer les contacts multilatéraux et l’échange d’informations concernant le maintien de l’ordre aux frontières », a-t-il également assuré.  Concluant, M. Ajumogobia a rappelé que la lutte contre le terrorisme ne pouvait être le fait « d’un seul pays ou d’une seule région », le Conseil de sécurité devant prendre des mesures « pour coordonner la mise en œuvre des résolutions pertinentes de l’ONU et remédier aux insuffisances en matière de capacités des États qui sont propices à la propagation du terrorisme ».


M. SAM KUTESA, Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda, a rappelé que son pays avait, en juillet dernier, été victime du terrorisme des milices somaliennes Al-Shaabab.  Les Nations Unies ont apporté une contribution importante dans la lutte contre le terrorisme, notamment par la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, a-t-il estimé.  Il a qualifié d’essentielles les activités des trois comités du Conseil de sécurité chargés de la lutte contre le terrorisme.  Les réseaux terroristes sont de plus en plus complexes, a déclaré le Ministre, qui a insisté sur leurs liens avec les réseaux de la criminalité transnationale organisée avant d’ajouter que tous les États devraient réduire leur vulnérabilité et améliorer les capacités des différents pays afin qu’ils puissent protéger la vie et les activités de leurs ressortissants.  Il s’est dit convaincu que les mesures de lutte contre le terrorisme savamment élaborées qui traitent des vulnérabilités fondamentales peuvent efficacement priver les terroristes de havres et de terreau pour le recrutement.  Il a souhaité qu’on mette l’accent sur le renforcement des capacités nationales et régionales et sur la coopération, y compris entre les Nations Unies et les organisations régionales.  Les pays africains ont adopté des instruments pour établir un cadre commun, a-t-il expliqué, avant de rappeler que le récent Sommet de l’Union africaine de Kampala qui avait souligné la nécessité de renforcer les mesures et la coopération.


M. GÉRARD ARAUD (France) a souligné que la France, qui « vient d’être frappée par le terrorisme au Niger », souhaite que L’ONU joue un rôle accru dans la lutte contre ce fléau.  Il existe actuellement 16 instruments internationaux pour lutter contre cette grave menace à la paix et à la sécurité internationales qui n’a de cesse d’évoluer, a-t-il a dit.  Notant que l’Assemblée générale vient de réaffirmer son soutien à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, M. Araud a indiqué que la menace terroriste changeait « d’aspects et de nature en fonction de chaque région ».  Dans tous les cas, le terrorisme est inexcusable mais cela ne doit pas nous empêcher de chercher à comprendre les racines du phénomène afin de mieux y faire face, a estimé le représentant.  Notant une propension à la régionalisation de mouvements autonomes les uns par rapport aux autres, il a demandé aux États de faire preuve d’imagination pour riposter contre les nouvelles stratégies régionales de déstabilisation.  Il est impératif de mettre pleinement en œuvre les 16 instruments juridiques internationaux de lutte contre le terrorisme et d’avancer rapidement dans les négociations sur une convention générale sur le terrorisme international, a souligné M. Araud.  Convaincu également que la pauvreté et l’absence de perspectives constituent le terreau du terrorisme, il a appelé les institutions spécialisées, fonds et programmes de développement de l’ONU à prendre davantage en compte cette réalité.  Avant de conclure, il a apporté son appui à l’Équipe spéciale contre le terrorisme qui, a-t-il dit, est « indispensable pour coordonner efficacement l’action commune des États Membres.  Cette action, a-t-il précisé, doit être menée dans le respect des principes des droits de l’homme ».


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) s’est dit convaincu que les Nations Unies pouvaient indiquer l’orientation dans la lutte contre le terrorisme, conformément à la Charte de l’ONU et aux autres normes du droit international.  Il a estimé que les résolutions du Conseil de sécurité sur la lutte contre le terrorisme gardent toute leur actualité et constituent un élément essentiel des mesures prises par les États dans un cadre plus vaste, y compris celui de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  La Fédération de Russie continuera d’apporter son soutien aux Nations Unies en ce sens, a affirmé le représentant.


M. Churkin a rappelé le caractère essentiel de la poursuite du dialogue entre le Conseil de sécurité et les États Membres pour la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil.  Il a insisté sur la corrélation qui existe entre le terrorisme et les autres activités criminelles, citant en exemple l’Afghanistan où, a-t-il fait remarquer, les revenus générés par la production de stupéfiants servent à financer le terrorisme.  Il a également rappelé le lien entre la piraterie et le terrorisme.  Le représentant a plaidé pour un renforcement de la coopération juridique entre États et pour l’application du principe de l’obligation de juger ou d’extrader (aut dedere aut judicare).  Il a souhaité un renforcement du cadre juridique de la lutte contre le terrorisme et a souhaité qu’on trouve enfin une définition du terrorisme dans le cadre du projet de convention générale sur le terrorisme international.  Il a appelé à un élargissement du nombre des États membres aux conventions de lutte contre le terrorisme existantes et a salué le travail de l’UNODC en matière d’assistance dans la lutte contre le terrorisme. Il s’est aussi prononcé en faveur d’une convention universelle contre la cybercriminalité.


M. Churkin a également plaidé pour l’adoption de mesures de prévention du terrorisme.  Récusant toute notion d’un choc des cultures ou des civilisations, la Fédération de Russie soutient, au contraire, les travaux de l’Alliance des civilisations, a assuré le représentant, qui a souhaité l’adoption de nouvelles mesures pour encourager le dialogue entre les différentes cultures et religions et pour lutter contre les extrémismes.  Il a, en outre, espéré que l’initiative, prise par son pays en 2006, en faveur d’un partenariat entre le secteur privé et le secteur public se concrétise.


M. UVAN BARBALIĆ (Bosnie-Herzégovine) a rappelé qu’il incombait en premier lieu aux Nations Unies, en particulier au Conseil de sécurité, principal responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales, d’améliorer les mesures prises en matière de lutte contre le terrorisme et de respecter les normes de droit international pertinentes.  Il a souhaité la conclusion rapide des négociations sur le projet de convention générale sur le terrorisme international, qui fournirait aux États Membres un outil efficace pour renforcer leur coopération et leur coordination dans la lutte contre le terrorisme.  Pour le représentant, la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies reste un cadre international essentiel pour permettre à la communauté internationale de prendre des mesures efficaces et de mieux les coordonner.  Il a donc appelé à sa mise en œuvre complète et s’est félicité de l’adoption par consensus d’une nouvelle résolution par l’Assemblée générale, à l’occasion du deuxième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, au début du mois.


M. Barbalić a rappelé que, si les États sont les principaux responsables de la mise en œuvre des mesures de lutte contre le terrorisme, les Nations Unies ont un rôle de chef de file et de coordination à jouer, notamment par le biais de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme et les organes subsidiaires du Conseil de sécurité.  Les trois Comités 1267, 1373 et 1540 du Conseil restent des éléments centraux du dispositif de lutte contre le terrorisme, a-t-il ajouté, en affirmant que son pays les appuyait pleinement.


Le représentant a insisté sur le respect des droits de l’homme et de l’état de droit dans la lutte contre le terrorisme et les poursuites contre les auteurs de tels actes.  Il a estimé que, depuis le débat du Conseil de sécurité sur le terrorisme, qui s’était tenu en décembre 2008, des progrès substantiels avaient été accomplis dans le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.  L’adoption de la résolution 1904 (2009) et la nomination récente de Mme Kimberley Prost comme Médiatrice témoignent de l’engagement de la communauté internationale en faveur d’une gestion transparente et équitable de la Liste récapitulative du Comité 1267, qui contribuera aussi à la crédibilité du régime de lutte contre le terrorisme, a déclaré M. Barbalić.  Le représentant a en outre mis l’accent sur le rôle des Nations Unies dans le renforcement des capacités des États pour lutter efficacement contre le terrorisme, notamment par un échange constant d’informations, de renseignements et de bonnes pratiques, ainsi que par l’assistance technique aux pays qui en ont besoin, afin de leur permettre de remplir pleinement leurs obligations internationales.


M. NAWAF SALAM (Liban) a rappelé que « l’histoire a connu plusieurs formes de terrorisme, faisant à chaque fois des victimes innocentes ».  « Nous essayons encore de définir ce fléau et, pendant ce temps, il continue de frapper et de détruire », a-t-il regretté.  Il faut absolument se garder « d’assimiler une religion particulière au terrorisme », a fait remarquer le représentant.  « Le Coran dit qu’il faut débattre et dialoguer », a-t-il rappelé, notant que le terrorisme n’épargnait pas les musulmans en Iraq, en Afghanistan, au Yémen et en Somalie.  Mais il est aussi un terrorisme intellectuel qui a conduit à l’émergence d’une véritable islamophobie, et dont les manifestations, qui sont autant de provocations, attisent le terrorisme, a également estimé le représentant.  Poursuivant, M. Salam a affirmé que « la résistance à l’occupation étrangère était un droit ».  Il a déclaré à ce propos que « l’on n’avait pas qualifié la résistance française contre le nazisme de ‘‘terrorisme’’ ».  Estimant par ailleurs qu’il est fondamental de renforcer les capacités juridiques de tous les États pour leur permettre de lutter efficacement contre le terrorisme et la criminalité transfrontière organisée, il a, à son tour, plaidé pour un échange accru et coordonné d’informations et de renseignements « devant aller de pair avec un examen approfondi des causes sous-jacentes du terrorisme ».  Il doit être mis fin à la pratique des « deux poids deux mesures » et à l’occupation étrangère qui contribuent à créer des tensions et à attiser la haine, a-t-il insisté avant de conclure.


M. TSUNEO NISHIDA (Japon) a déclaré que, malgré les progrès de la lutte contre le terrorisme, ce dernier continue de constituer une menace à la paix et à la sécurité internationales.  Pour l’éliminer, il faudrait adopter une approche multidimensionnelle qui doit être appliquée par tous.  Le représentant a rappelé que l’examen récent de la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies avait été l’occasion pour son pays de renouveler son engagement en faveur de la lutte contre le terrorisme.  Il a souhaité que l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme puisse coordonner les travaux afin d’éviter les redondances.


Le Conseil de sécurité doit continuer de jouer un rôle de chef de file, notamment par le biais de ses trois Comités 1267, 1373 et 1540, a déclaré M. Nishida.  Il a reconnu que l’adoption de la résolution 1904 (2009) avait permis de rendre les procédures plus transparentes et s’est félicité de l’actualisation de la Liste récapitulative.  Il a souhaité que le Comité contre le terrorisme et sa Direction exécutive puissent renforcer les capacités des États Membres qui en ont besoin.  Le Japon continuera, quant à lui, de jouer un rôle actif au sein de la communauté internationale, a conclu le représentant.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a souligné la nécessité pour les États de veiller à ce que les obligations internationales qui découlent du régime de l’ONU soient conformes à celle des droits de l’homme, du droit international humanitaire et du droit relatif aux réfugiés.  Le renforcement de cette relation doit aider à mieux faire comprendre le fléau du terrorisme et à améliorer les méthodes de lutte, a-t-il estimé, rappelant que « légitimité et efficacité vont de pair ».  M. Heller s’est félicité de ce que le Comité 1267 ait, « dans cet esprit », amélioré ses méthodes de travail en renforçant la transparence du processus de révision de sa Liste récapitulative et en créant un poste de médiateur qu’occupe depuis deux mois Mme Kimberly Prost.  Il faut tenir compte des causes sous-jacentes de propagation du terrorisme, a également indiqué M. Heller, qui a demandé aux institutions spécialisées, fonds et programmes du système des Nations Unies de renforcer leurs efforts en matière de développement pour améliorer les conditions de vie dans les zones susceptibles de devenir des terreaux du terrorisme.  Le représentant du Mexique s’est ensuite dit convaincu que l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international compléterait le cadre juridique existant.  De même, l’assistance technique comme celle fournie par l’UNODC doit axer davantage sa démarche sur la prévention en prenant en compte les spécificités locales et en renforçant l’état de droit, a-t-il ajouté.  Pour M. Heller, « la mondialisation ne doit pas donner le champ libre aux terroristes pour mobiliser sans contrainte leurs ressources.  C’est pourquoi il est vital de prendre d’autres mesures pratiques pour resserrer le contrôle aux frontières ».  Évoquant la présidence du Mexique pendant l’examen du rapport du Comité 1540, il a fait savoir que le Mexique mettait l’accent sur le renforcement de la coopération devant faciliter l’application de la résolution pertinente en vue de réduire le risque d’acquisition d’armes de destruction massive par des terroristes.


M. LI BAODONG (Chine) a déclaré que, face à la menace commune du terrorisme, son pays avait toujours apporté sa contribution.  La communauté internationale doit s’en tenir au principe selon lequel tout acte de terrorisme est inacceptable et injustifiable.  Les résolutions adoptées au cours de ces dernières années par le Conseil de sécurité, ainsi que la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, adoptée en 2006 par l’Assemblée générale, permettent de fournir une orientation sur la lutte contre le terrorisme.  Cette orientation, a rappelé le représentant, doit respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des États, qui doivent en retour coopérer.


Les efforts de lutte contre le terrorisme doivent aussi s’attaquer de manière intégrée aux causes profondes du terrorisme, comme la pauvreté ou l’injustice sociale et éviter la marginalisation, l’intolérance et les extrémismes, a déclaré M. Li.  « Si nous négligeons ces efforts intégrés au seul profit des méthodes militaires et répressives, nous risquons de nous retrouver face à un terrorisme renforcé », a-t-il averti.  Avant de conclure, il a rappelé que l’on ne peut lier le terrorisme ni à un État ni à une religion.


M. AHMET DAVUTOĞLU, Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a estimé que la lutte contre le financement du terrorisme était un domaine spécifique qui exige des efforts soutenus.  En dépit de la Convention pour la répression du financement du terrorisme et la résolution 1373 du Conseil de sécurité, ce problème important continue, l’extorsion, la mobilisation et le transfert de fonds vers des groupes terroristes étant des activités qui renforcent sous nos yeux les groupes terroristes, a expliqué le Ministre turc des affaires étrangères.  Il a également appelé les pays à mieux lutter contre les actes d’incitation au terrorisme, les organisations terroristes recourant « largement à la propagande par le biais d’Internet des nouvelles technologies de communication ».  « Nous ne pouvons autoriser que les droits fondamentaux comme la liberté d’expression soient exploitées à des fins de criminalité », a-t-il dit, invoquant une « liberté partagée d’empêcher cela sans exception ».  M. Davutoğlu a ensuite indiqué que la Turquie avait signé des accords de sécurité avec plus de 70 pays manquant de capacités en matière de lutte contre le terrorisme.  L’ONU, qui est l’enceinte clef pour l’élaboration de normes internationales contre le terrorisme, a aussi un rôle d’assistance technique important à jouer, a-t-il poursuivi, en saluant les efforts menés en ce sens par la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et les contributions de l’Office des Nations Unies contre le crime et la drogue (UNODC).  Enfin, le Ministre turc des affaires étrangères a rappelé que les activités de lutte contre le terrorisme devraient être conduites sur une base légitime et dans le respect des droits de l’homme et de l’état de droit.


En fin de séance, Mme ROSEMARY A. DICARLO(États-Unis) a repris la parole pour souligner que le rôle du Conseil de sécurité devrait être de promouvoir les efforts de lutte contre le terrorisme et les utiliser de manière productive.  Les États-Unis ne pensent pas que d’autres griefs devraient faire partie d’une telle discussion, a-t-elle ajouté.


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité réaffirme qu’aux termes de la Charte des Nations Unies, il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.


Le Conseil note avec préoccupation que le terrorisme reste une grave menace pour la paix et la sécurité internationales, la jouissance des droits de l’homme et le développement économique et social de tous les États Membres et compromet la stabilité et la prospérité mondiales, menace devenue plus diffuse du fait de la multiplication, dans diverses régions du monde, des actes de terrorisme inspirés notamment par l’intolérance et l’extrémisme et exprime sa détermination à combattre cette menace.


Le Conseil condamne le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, réaffirme que tout acte de terrorisme est criminel et injustifiable, quels qu’en soient les motifs, l’époque et l’auteur et réaffirme également que le terrorisme ne saurait être associé à aucune religion ou nationalité, ni à aucun groupe ethnique.


Le Conseil, tout en étant conscient des importants progrès accomplis, reconnaît qu’il reste des insuffisances à combler dans la lutte mondiale contre le fléau du terrorisme, exhorte tous les États Membres et le système des Nations Unies à remédier à ces insuffisances et souligne la nécessité de veiller à ce que la lutte contre le terrorisme demeure une priorité à l’échelon international.


Le Conseil réaffirme l’importance de toutes ses résolutions et déclarations sur le terrorisme rappelant notamment ses résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005), ainsi que les autres instruments internationaux de lutte contre le terrorisme, souligne qu’ils doivent être pleinement mis en œuvre et lance un appel en faveur d’une coopération accrue à cet égard.


Le Conseil appelle à nouveau tous les États Membres à adhérer d’urgence aux conventions et protocoles internationaux relatifs à la lutte antiterroriste, qu’ils soient ou non parties à une convention régionale sur la matière, et à s’acquitter pleinement des obligations qui leur incombe en vertu des instruments auxquels ils sont parties et se félicite de l’assistance technique fournie par le Service de la prévention du terrorisme de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime à cet égard.


Le Conseil reconnaît que la force militaire, les mesures coercitives et les activités de renseignement ne sauraient à elles seules venir à bout du terrorisme et souligne la nécessité d’agir sur les conditions favorables à la propagation du terrorisme, y compris, mais sans s’y limiter, de tout faire pour prévenir les conflits prolongés ou les régler par des moyens pacifiques et de promouvoir l’état de droit, la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales, la bonne gouvernance, la tolérance et l’ouverture de façon à offrir d’autres solutions à ceux qui seraient susceptibles d’être recrutés à des fins de terrorisme et radicalisés au point de commettre des actes de violence.


Le Conseil reconnaît, à cet égard, que le développement, la paix, la sécurité et les droits de l’homme sont liés et se renforcent mutuellement et souligne l’effort fait sur le plan international pour éliminer la pauvreté et favoriser une croissance économique soutenue, le développement durable et la prospérité mondiale dans l’intérêt de tous.


Le Conseil souligne que continuer d’œuvrer sur le plan international à approfondir le dialogue des civilisations et l’entente entre elles, dans le but d’empêcher le dénigrement inconsidéré de telle ou telle religion ou culture peut aider à faire pièce aux forces qui incitent à la polarisation et à l’extrémisme et contribuera à renforcer la lutte contre le terrorisme et, à cet égard, apprécie le rôle positif joué par l’Alliance des civilisations et d’autres initiatives similaires.


Le Conseil réaffirme sa profonde solidarité avec les victimes du terrorisme et leurs familles, souligne qu’il importe d’aider ces victimes en leur apportant ainsi qu’à leur famille le soutien dont elles ont besoin pour faire face à leur perte et à leur douleur, reconnaît le rôle important que les victimes et les réseaux de survivants jouent dans la lutte contre le terrorisme, notamment en s’exprimant avec courage contre les idéologies violentes et extrémistes et, à cet égard, salue et encourage les efforts déployés et les activités menées par les États Membres et le système des Nations Unies, notamment l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, dans ce domaine.


Le Conseil appelle à nouveau les États Membres à renforcer leur coopération et leur solidarité, notamment par le biais d’arrangements et d’accords bilatéraux et multilatéraux visant à prévenir et à réprimer les attentats terroristes, et encourage les États Membres à renforcer leur coopération aux niveaux régional et sous-régional, en particulier par l’intermédiaire de mécanismes régionaux et sous-régionaux et grâce à une meilleure coordination sur le plan opérationnel.


Le Conseil réaffirme que les États Membres doivent veiller à ce que toute mesure prise pour lutter contre le terrorisme soit conforme à toutes les obligations qui leur incombent en vertu du droit international, en particulier celles découlant du droit des droits de l’homme, du droit des réfugiés et du droit humanitaire, souligne que les mesures de lutte contre le terrorisme et le respect des droits de l’homme, des libertés fondamentales et de l’état de droit vont de pair et se renforcent mutuellement et font partie intégrante de toute action antiterroriste efficace et note que le respect de l’état de droit est important pour lutter efficacement contre le terrorisme.


Le Conseil souligne que le sanctuaire donné aux terroristes continue à poser un sérieux problème et rappelle que tous les États Membres doivent coopérer sans réserve à la lutte contre le terrorisme, le but étant de retrouver, de priver de sanctuaire et de traduire en justice, en application du principe juger ou extrader, quiconque concourt à financer, planifier, préparer ou exécuter des actes de terrorisme, quiconque y apporte aide ou assistance, y participe ou tente d’y participer, et quiconque donne sanctuaire à leurs auteurs.


Le Conseil encourage les États Membres à se doter d’un système pénal efficace et fondé sur la légalité, qui organise la coopération judiciaire en matière d’extradition et d’entraide judiciaire, en particulier pour accélérer et simplifier les procédures de demande d’extradition et d’entraide judiciaire en matière de terrorisme et à appliquer les meilleures pratiques internationales et régionales en matière d’extradition et d’entraide judiciaire, dans le respect du droit international, et en particulier du droit international des droits de l’homme, du droit des réfugiés et du droit humanitaire.


Le Conseil rappelle aux États Membres qu’ils ont l’obligation de veiller, conformément au droit international, à ce que le statut de réfugié ne soit pas utilisé abusivement par les auteurs, organisateurs ou facilitateurs d’actes terroristes.


Le Conseil rappelle aux États Membres qu’ils ont l’obligation de prévenir les mouvements de groupes terroristes, notamment en organisant des contrôles efficaces aux frontières et, dans ce contexte, les invite à échanger rapidement des informations et à améliorer la coopération entre les autorités compétentes de façon à prévenir les mouvements de terroristes et de groupes de terroristes en provenance ou en direction de leur territoire, ainsi que la fourniture d’armes aux terroristes et de fonds susceptibles d’être utilisés pour perpétrer des actes de terrorisme.


Le Conseil réaffirme l’obligation faite aux États Membres de s’abstenir de fournir toute forme d’appui, actif ou passif, à des entités ou personnes participant ou associées à des actes terroristes, notamment en réprimant le recrutement de membres de groupes terroristes, conformément au droit international, et en mettant fin à la livraison d’armes aux terroristes.


Le Conseil réaffirme également les obligations faites aux États Membres par la résolution 1540 (2004), notamment celle de s’abstenir d’apporter un appui, quelle qu’en soit la forme, à des acteurs non étatiques qui tenteraient de mettre au point, d’acquérir, de fabriquer, de posséder, de transporter, de transférer ou d’utiliser des armes nucléaires, chimiques ou biologiques et leurs vecteurs.


Le Conseil réaffirme l’obligation faite aux États Membres de prévenir et de réprimer le financement d’actes terroristes et d’ériger en infraction la fourniture ou la collecte délibérée, par leurs nationaux ou sur leur territoire, par quelque moyen que ce soit, directement ou indirectement, de fonds que l’on prévoit d’utiliser, ou dont on sait qu’ils seront utilisés, pour perpétrer des actes de terrorisme.


Le Conseil se déclare préoccupé par la multiplication des enlèvements et des prises d’otage dans certaines régions du monde et dans un contexte politique particulier dans le but de lever des fonds ou d’obtenir des concessions politiques.


Le Conseil condamne une fois de plus, dans les termes les plus vigoureux, l’incitation à commettre des actes de terrorisme et toute tentative pour justifier ou glorifier des actes de terrorisme susceptibles d’inciter à commettre d’autres actes de terrorisme et reconnaît qu’il importe que les États Membres coopèrent pour empêcher les terroristes d’exploiter les technologies, moyens de communication et ressources disponibles pour inciter à appuyer des actes de terrorisme.


Le Conseil estime que les sanctions sont un outil important de lutte contre le terrorisme, reste résolu à faire en sorte qu’il soit institué des procédures équitables et claires pour l’inscription d’individus et d’entités sur les listes des comités des sanctions et leur radiation de ces listes, ainsi que pour l’octroi d’exemptions pour raisons humanitaires et rappelle, dans ce contexte, ses résolutions 1822 (2008) et 1904 (2009), y compris la désignation d’un médiateur et d’autres aménagements d’ordre procédural apportés au régime des sanctions contre Al-Qaida et les Taliban.


Le Conseil redit la préoccupation que lui inspirent les liens de plus en plus étroits que le terrorisme entretient, dans bien des cas, avec la criminalité transnationale organisée, la drogue illicite, le blanchiment d’argent et le trafic d’armes et  souligne qu’il convient de mieux coordonner l’action menée aux échelons national, sous-régional, régional et international afin de renforcer la riposte mondiale grâce à ce grave problème et à la lourde menace qu’il fait peser sur la paix et la sécurité internationales et encourage l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime à poursuivre ses travaux à cet égard, en collaboration avec d’autres entités compétentes des Nations Unies.


Le Conseil reconnaît l’importance du soutien apporté par les collectivités locales, le secteur privé, la société civile et les médias pour sensibiliser l’opinion aux menaces que fait peser le terrorisme et y faire face de manière plus efficace.


Le Conseil apprécie ce que les entités des Nations Unies et leurs organes subsidiaires font pour aider les États Membres à renforcer leurs capacités techniques et autres de lutte contre le terrorisme. Il reconnaît que certains États Membres n’ont pas les moyens d’appliquer les résolutions du Conseil concernant la lutte contre le terrorisme et des questions connexes et note avec préoccupation que les groupes terroristes et autres organisations criminelles cherchent à exploiter ces défaillances.


Le Conseil souligne à cet égard qu’il importe d’aider les États Membres à se donner les moyens nécessaires en leur fournissant l’assistance technique voulue pour donner effet aux résolutions, encourage le Comité contre le terrorisme et sa Direction exécutive à continuer à œuvrer avec les États Membres, sur leur demande, à évaluer leurs besoins en matière d’assistance technique et faciliter sa fourniture, en étroite collaboration, en particulier, avec l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, ainsi qu’avec d’autres fournisseurs bilatéraux et multilatéraux d’assistance technique, et se félicite de l’approche ciblée et régionale adoptée par la Direction exécutive pour répondre aux besoins de chaque État Membre et de chaque région en matière de lutte contre le terrorisme.


Le Conseil réaffirme qu’il importe de renforcer la coopération entre les comités chargés de lutter contre le terrorisme créés en vertu des résolutions 1267 (1999), 1373 (2001) et 1540 (2004) et leurs groupes d’experts respectifs, note qu’il importe que les comités se concertent et dialoguent en permanence avec tous les États Membres pour que leur coopération soit efficace, encourage les comités à continuer à mettre l’accent sur la transparence et rappelle sa résolution 1904 (2009), dans laquelle il prie le Secrétaire général de prendre toutes les dispositions nécessaires pour réunir les groupes sous un même toit dès que possible.


Le Conseil souscrit de nouveau fermement à l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies (A/RES/60/288) du 8 septembre 2006 et à l’institutionnalisation de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, conformément à la résolution 64/235 de l’Assemblée générale, en vue d’assurer la coordination et la cohérence d’ensemble l’action antiterroriste menée par le système des Nations Unies et la pleine participation, dans le cadre de leurs mandats, des organes subsidiaires compétents du Conseil de sécurité aux activités de l’Équipe spéciale et de ses groupes de travail, et se félicite de l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution 64/297.


Le Conseil encourage les États Membres à faire tout leur possible pour mener à bien les négociations sur le projet de convention générale sur le terrorisme international.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les pays discutent de leurs responsabilités partagées face au développement et à la lutte contre l’impunité, les trafics illicites et les changements climatiques

AG/11004

Les pays discutent de leurs responsabilités partagées face au développement et à la lutte contre l’impunité, les trafics illicites et les changements climatiques

27/09/2010
Assemblée généraleAG/11004
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-cinquième session

19e et 20e séances plénières

matin et après-midi


LES PAYS DISCUTENT DE LEURS RESPONSABILITÉS PARTAGÉES FACE AU DÉVELOPPEMENT ET À LA LUTTE

CONTRE L’IMPUNITÉ, LES TRAFICS ILLICITES ET LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES


Au quatrième jour du débat général de sa soixante-cinquième session, l’Assemblée générale a entendu une quarantaine de chefs de gouvernement et de ministres s’exprimer sur leurs responsabilités partagées face au développement et à la lutte contre l’impunité, les trafics illicites et les changements climatiques.


La première responsabilité partagée, c’est le développement, a relevé le Ministre des affaires étrangères de la France qui a rappelé que son pays contribue à hauteur de 9 milliards d’euros par an à l’aide publique au développement (APD).  Sans vouloir diminuer cette aide ou esquiver la responsabilité de son pays en la matière, Bernard Kouchner a réitéré la proposition « dont son pays parle depuis 20 ans » d’instaurer une taxe internationale minime, soit 0,005%, sur les transactions financières qui pourrait, selon lui, lever 30 à 40 milliards d’euros par an, près du quart de l’aide publique au développement (APD) annuelle.


Le développement ne peut advenir sans la paix et la sécurité, a reconnu le Ministre français, en parlant en particulier du Moyen-Orient.  « Le processus a failli s’arrêter hier soir et je ne suis pas sûr qu’il continue de façon ordonnée et unanimement soutenue », a dit craindre le Ministre, après la décision d’Israël de ne pas proroger le moratoire sur le gel des colonies en Cisjordanie.


« La Palestine, ce nouvel État membre de l’ONU que nous sommes nombreux à appeler de nos vœux, sera la meilleure garantie de sécurité pour Israël », a estimé Bernard Kouchner qui a appelé Israéliens et Palestiniens à prendre la « décision stratégique » d’en finir avec le conflit et à faire « les compromis douloureux » sur le chemin de la paix.


L’expérience de l’Irlande du Nord a montré que le progrès politique ne peut se faire qu’à travers le dialogue, a commenté le Ministre irlandais des affaires étrangères, Micheál Martin.  Une grande modération pendant les pourparlers serait un modeste prix à payer pour une paix durable, a-t-il dit.


En Afghanistan, la paix, a expliqué le Ministre des affaires étrangères, Zalmai Rassoul, exige que l’on détruise le lien insidieux entre le terrorisme et le trafic de stupéfiants qui menace de déstabiliser la région tout entière.  La question des trafics de stupéfiants et d’armes a été soulevée par plusieurs délégations de la région des Caraïbes mais aussi par le Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan. 


Ruslan Kazakbaev, qui a imputé les troubles de mai et juin derniers à des « éléments criminels voulant diviser Kirghizes et Ouzbeks », a demandé une assistance technique pour les programmes de lutte contre le trafic de stupéfiants et la criminalité organisée que son pays vient de rétablir. 


Le Premier Ministre de Trinité-et-Tobago, Kamla Persad-Bissessar, a réitéré la proposition de son pays d’inscrire le trafic de stupéfiants dans la liste des crimes relevant de la compétence de la Cour pénale internationale (CPI).  Soulignant aussi que dans son pays « les armes légères sont des armes de destruction massive », elle a dit attendre avec intérêt la conférence des Nations Unies pour discuter d’un instrument juridiquement contraignant sur le commerce de ces armes.


Le succès de l’ONU doit être jugé à l’aune de sa contribution à la protection des civils, a estimé le Ministre français des affaires étrangères qui a, par ailleurs, salué la CPI comme « « l’une des avancées les plus essentielles dans l’histoire d’une humanité consciente des dangers auxquels l’exposent ses propres démons ».  La France, a promis Bernard Kouchner, soutiendra toujours l’idée d’une justice pénale internationale impartiale et universelle, seul moyen de faire respecter l’exigence de lutte contre l’impunité.


D’un avis radicalement différent, le Vice-Président du Soudan, Ali Osman Mohamed Taha, n’a pas manqué de dénoncer « la politisation et la sélectivité » de la CPI.  Il a demandé au Conseil de sécurité de « retirer » le dossier du Darfour à la Cour et de le renvoyer au système judiciaire soudanais.


Le thème du changement climatique a continué de retenir l’attention des délégations, notamment celles des petits États insulaires en développement (PEID).  À l’aube de la Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, prévue du 29 novembre au 10 décembre à Cancún, le Premier Ministre de Samoa, Tuilaepa Sailele Malielegaoi, a prévenu: «  Les États insulaires n’ont pas le luxe d’attendre.  Ils sont en première ligne pour ce qui est de confronter l’impact destructeur des changements climatiques mais en dernière ligne pour ce qui est des responsabilités ». 


L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, mardi 28 septembre, à partir de 9 heures.


Suite du débat général


M. LENÍN MORENO GARCÉS, Vice-Président de l’Équateur, a rappelé la création de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR) par les pays d’Amérique du Sud, un espace d’intégration qui vise notamment à éliminer les inégalités et à renforcer la démocratie.  L’Équateur, qui en assure actuellement la présidence, passera la main au Guyana en novembre prochain, a-t-il indiqué.  Illustrant la coopération Sud-Sud entre les pays de cette région, il a souligné la solidarité qui a été démontrée envers le peuple d’Haïti.  S’agissant des changements climatiques, le Vice-Président a longuement expliqué les avantages que présente le parc Yasuní, classé par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) au rang de réserve mondiale de la biosphère.  Outre sa biodiversité hors du commun et le patrimoine culturel qu’il constitue, c’est le lieu de vie de deux peuples autochtones qui ont souhaité se protéger de la civilisation occidentale, a-t-il précisé.  Il a également mentionné les ressources souterraines que renferme le parc, notamment pétrolières, expliquant que l’Équateur aurait pu extraire 846 millions de barils de pétrole si son Président, M. Rafael Correa, n’avait pas pris la décision de ne pas le faire afin d’éviter les émissions de 407 millions de tonnes de CO2 et de préserver la biodiversité du pays.  « Nous espérons ainsi récolter 3,6 milliards de dollars, ce qui représente la moitié des bénéfices que le pétrole confèrerait au pays », a dit M. Garcés, avant d’appeler la communauté internationale à poursuivre ses efforts en ce sens.  La terre n’a pas été héritée de nos pères mais nous a été prêtée pour que nous la transmettions à nos enfants, a-t-il affirmé.


L’Équateur a atteint les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a poursuivi le Vice-Président, tout en reconnaissant que ces Objectifs avaient omis les personnes handicapées.  M. Garcés, lui-même en fauteuil roulant, a fait part des résultats d’une étude menée par l’Équateur sur ces personnes, qui ont révélé combien ces personnes vivaient de façon isolée et souffraient de la honte.  S’il reste encore beaucoup à faire, l’Équateur a déjà progressé dans ce domaine, a-t-il assuré.  « Nous pouvons maintenant localiser les personnes handicapées par satellite et atteindre celles qui ont besoin de soins », a-t-il expliqué.  « Nous avons aussi créé un salaire minimum pour reconnaître le travail des personnes qui s’occupent des personnes handicapées graves.  Cuba a joué un rôle prépondérant dans cette étude, sans tenir compte du blocus dont il souffre et que l’Équateur condamne », a précisé M. Garcés.


Le Vice-Président a ensuite lancé un appel pour que tous les pays signent la Convention sur les travailleurs migrants et leur famille, soulignant que tous les peuples doivent partager la réalisation d’un rêve, la « citoyenneté universelle ».  Il a enfin souhaité arriver à un monde sans arme nucléaire et appelé à montrer l’exemple.  « Nous devons prendre une décision définitive afin de démanteler les arsenaux nucléaires et pénaliser la production et la commercialisation des armes de destruction massive », a déclaré M. Garcés.


M. MOMPATI MERAFHE, Vice-Président de la République du Botswana, a souligné que, si le Botswana est classé aux premiers rangs des pays à revenu intermédiaire, il n’en reste pas moins qu’il est toujours confronté à un large éventail de défis liés à son développement, au moment même où l’aide publique au développement (APD) se réduit.  La crise économique et financière, a-t-il poursuivi, a montré la nécessité de réformer l’architecture financière internationale afin d’améliorer son système d’alerte précoce, sa capacité de résister aux chocs, l’intégration des États les plus pauvres dans l’économie mondiale.


M. Merafhe a, par ailleurs, appuyé l’accès des pays en développement à l’utilisation pacifique de la technologie nucléaire.  Il a toutefois estimé que ces pays devaient agir de façon transparente et en pleine coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Le Vice-Président du Botswana a conclu en se déclarant optimiste quant à l’issue de la prochaine Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.


M. MOHAMED WAHEED, Vice-Président de la République des Maldives, a rappelé que si son pays avait atteint cinq des huit Objectifs du Millénaire pour le développement, plusieurs d’entre eux étaient de plus en plus menacés.  Il a estimé que des progrès étaient à faire dans l’autonomisation des femmes et la protection de l’environnement, soulignant que l’extrémisme religieux fragilisait l’égalité et la justice sociale et mettait en danger les progrès faits en matière d’égalité des genres.  Les faiblesses aux niveaux environnemental et économique menacent également les progrès réalisés en faveur des OMD.  Tout en expliquant que son pays était en train de sortir de la liste des pays les moins avancés (PMA), il s’est déclaré néanmoins préoccupé par la réduction soudaine du soutien apporté à ces pays, et a dit attendre le déboursement rapide des sommes promises lors de la Conférence des donateurs en mars dernier aux Maldives.  M. Waheed a aussi indiqué être impatient d’adopter une stratégie de développement qui mettra en exergue une meilleure indépendance et une plus grande stabilité économique via des investissements privé et public.  Il a, au passage, évoqué la fragilité des Maldives avec la récession qui a conduit à des mesures d’austérité.


M. Waheed a souligné que la transition économique de son pays s’accompagnait d’une transition politique ambitieuse, se disant fier des progrès faits vers la démocratie, même si beaucoup reste à faire, notamment face à l’abolition de la torture et en matière de droit des femmes.  Il a aussi salué l’élection des Maldives au Conseil des droits de l’homme.  Le Vice-Président a par ailleurs déploré le développement de l’islamophobie dans les États non musulmans, rappelant que l’intolérance religieuse faisait partie des discriminations qui fragilisaient la mission de l’ONU en faveur de la paix et de la sécurité, et a plaidé pour une culture de la tolérance et la poursuite du dialogue entre les civilisations.  De même, il a fait état des efforts fournis par les Maldives face aux conséquences des changements climatiques, notamment dans des projets d’assainissement des eaux et de défense côtière ou encore des programmes de déplacements volontaires vers des îles plus viables à l’intérieur du pays.  Il a plaidé pour une poursuite des efforts au niveau international et dans la région Asie, et a appelé à se réunir dans un esprit de coopération à Cancún, lors de la prochaine Conférence de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. 


M. MIZENGO PINDA, Premier Ministre de la République-Unie de Tanzanie, a souligné l’importance des partenariats mondiaux pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, appelant à ce titre les partenaires de son pays à jouer leur rôle.  Il a illustré les efforts collectifs des pays africains en citant l’Alliance des dirigeants africains contre le paludisme (ALMA), avant de demander que le Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose soit pleinement reconstitué.  En Tanzanie, a-t-il poursuivi, où la majorité des peuples vit de l’agriculture, le Gouvernement a mis au point un programme qui fait passer ce secteur en premier, notamment en investissant dans l’irrigation et le transport de l’énergie.  Mais le financement des infrastructures ne peut se faire que grâce à la participation du secteur privé, a-t-il expliqué, précisant qu’une loi avait été adoptée en ce sens.  Le Gouvernement de la Tanzanie réaffirme son engagement envers l’état de droit et la bonne gouvernance, a poursuivi M. Pinda, signalant la tenue d’un référendum qui donne la possibilité de créer un gouvernement d’unité nationale après les élections prévues le 31 octobre.  De plus en plus de pays africains tiennent des élections pacifiques qui mènent à une bonne transition, comme au Kenya, s’est-il félicité.  Il a appelé à trouver une solution pacifique au Darfour et a salué l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) pour ses efforts.  Le référendum qui aura lieu dans ce pays devra être le résultat d’un processus équitable, a-t-il affirmé.


La Tanzanie continuera à jouer un rôle dans la stabilité en Afrique et ailleurs, notamment par la participation aux missions de maintien de la paix au Darfour et au Liban.  M. Pinda s’est inquiété de la situation en Somalie et en Ouganda, mais il a félicité ce dernier, ainsi que le Burundi, pour leur contribution à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  Il a aussi appelé le Conseil de sécurité à s’impliquer davantage pour trouver une solution dans ce pays.  M. Pinda s’est en outre inquiété de la question de la piraterie en Somalie, estimant qu’elle exigeait une réponse intégrée de la part de la communauté internationale.  « Nous avons récemment amendé notre Code pénal pour que nos tribunaux puissent poursuivre les pirates conformément à la compétence universelle », a-t-il expliqué.  Sur la question des réfugiés, il a indiqué que cette population avait diminué en Tanzanie, ce qui a permis de fermer 12 camps de réfugiés.  En outre, cette année, la Tanzanie a naturalisé 162 254 personnes qui étaient entrées dans le pays en 1972, mais cela représente un coût considérable auquel la communauté internationale devrait participer.


M. Pinda s’est ensuite félicité de la création de l’entité ONU-Femmes, rappelant que son pays avait exercé un rôle pilote dans le cadre du programme « Unis dans l’action ».  « Nous serons parmi les premiers pays à présenter un programme en janvier 2011 », s’est-il félicité.  Il a enfin plaidé en faveur de la réforme du Conseil de sécurité, afin de permettre à l’Afrique d’y être représentée par deux sièges permanents et cinq non permanents.


M. ALI OSMAN MOHAMED TAHA, Vice-Président du Soudan, a rappelé que l’Accord de paix global signé en 2005 vient de faire l’objet d’une réunion de haut niveau à l’ONU.  Il a dit souhaiter que « nos frères du Sud » puissent s’exprimer en toute liberté et que l’unité du pays soit le choix de tous les habitants.  Avant d’en venir à la situation au Darfour, il a engagé au respect des résultats du référendum.  Au Darfour, a-t-il dit, le Gouvernement a élaboré une nouvelle stratégie. 


Cette stratégie, a-t-il expliqué, se fonde sur cinq piliers, à savoir la sécurité, la consolidation du développement, la réinstallation des personnes déplacées internes, la réconciliation nationale et la poursuite des négociations politiques.  La stratégie se base également sur le partenariat avec divers organismes internationaux et la participation citoyenne de la population.  Dans ce contexte, le Gouvernement entend améliorer ses relations avec le Tchad, a-t-il ajouté.


Le Vice-Président n’a pas manqué de dénoncer « la politisation et la sélectivité » qui prédominent à la Cour pénale internationale (CPI), « instrument qui brise la volonté des peuples et qui cherche à leur imposer ses choix ».  Il a demandé au Conseil de sécurité de « retirer » le dossier du Darfour à la CPI et de le renvoyer au système judiciaire soudanais, « conformément » au droit international et au droit soudanais.  Après la signature de l’Accord de paix global, nous aurions espéré, a dit le Vice-Président, que la communauté internationale nous tende la main, en annulant, par exemple, notre dette.


M. ORETTE BRUCE GOLDING, Premier Ministre de la Jamaïque, a noté que les conséquences des changements climatiques ne connaissaient pas de frontières, tout comme la crise financière, mais que dans ce monde interconnecté, la recherche d’un dénominateur commun aux nations pour trouver des consensus avait souvent échoué.  Soulignant le manque d’égalité d’opportunités sur la planète, il a estimé que les pays en développement devaient partager le poids de la responsabilité aux cotés des pays développés.  Ils doivent prendre des décisions difficiles et nécessaires pour garantir l’avancement de leurs populations, a-t-il dit.  Selon le Ministre, le système financier mondial ne permettra pas de modifier ces déséquilibres entre pays, les forces de marché et la concurrence sont indispensables pour le développement économique, mais les plus faibles doivent être soutenus pour faire plus que survivre et pour alimenter un équilibre mondial, car une région qui ne peut exporter vers le reste du monde ne sera pas en mesure d’importer, a-t-il affirmé.  Il a plaidé pour que des efforts soient fournis en faveur d’une conclusion du Cycle de Doha allant vers une aide à la compétitivité pour les pays faibles en termes d’exportation.  Il a aussi soutenu l’idée d’une réforme des institutions financières internationales afin de créer une structure plus démocratique.  Il a souhaité que le G-20 intègre les points de vue du monde en développement et que les agences multilatérales progressent dans la garantie d’un système international de paiements sûr.


S’agissant de la question des changements climatiques, il a dit ses espoirs dans des progrès vers un accord légalement contraignant lors de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra du 29 novembre au 10 décembre à Cancún, au Mexique.  Rappelant que son pays faisait partie de ceux très vulnérables face au réchauffement climatique, il a répété que la Jamaïque, les pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et de l’Alliance des petits États insulaires en développement (PEID) soutenaient l’idée d’une hausse des températures à un seuil de 1,5 degré au-dessus des niveaux préindustriels, et non de 2 degrés comme le proposent certains pays, ce qui, a-t-il dit, aurait des conséquences catastrophiques pour les pays de la région de la Jamaïque.  Il a noté en outre que les catastrophes naturelles ayant frappé récemment Haïti et le Pakistan servaient de rappel à la vulnérabilité accrue de plusieurs régions du monde.  Il a salué, au passage, l’engagement de la communauté internationale à verser près de 10 milliards de dollars pour aider à la reconstruction d’Haïti.  Abordant le thème de la sécurité, il a souligné que l’Amérique latine et la zone Caraïbes étaient menacées par le trafic illégal de drogues et d’armes légères.  Il a ainsi appelé à une collaboration bilatérale, régionale et internationale pour lutter contre le crime organisé transnational, plaidant aussi pour un instrument légalement contraignant, sous l’égide des Nations Unies.


M. MOHD NAJIB ABDUL RAZAK, Premier Ministre de la Malaisie, a parlé de la paix et estimé qu’elle doit, pour être durable, se fonder sur un pacte entre hommes de bonne volonté et non pas être imposée par la peur ou la coercition.  Se réjouissant des efforts entrepris s’agissant de l’incident de la flottille humanitaire, le Premier Ministre a aussi salué l’Administration américaine pour ses initiatives visant la réalisation de la paix au Moyen-Orient. 


Le Premier Ministre s’est dit préoccupé par la tendance accrue à l’islamophobie dans certaines parties du monde.  Le problème n’est pas entre musulmans et non-musulmans, mais bien entre modérés et extrémistes de toutes les religions, a-t-il souligné.  Il a donc encouragé un « mouvement mondial des modérés » de toutes les religions pour combattre et marginaliser les extrémistes qui ont pris le monde en otage. 


Le Premier Ministre s’est félicité qu’un groupe de chrétiens évangéliques des États-Unis aient œuvré sans relâche contre la menace de certains de brûler des exemplaires du Coran, en arguant du caractère « antichrétien » d’un tel acte.  C’est là, a-t-il commenté, un exemple probant de ce qui peut être fait quand des modérés tiennent têtes aux extrémistes qui veulent prendre en otage des valeurs propres à toutes les religions.


Le Premier Ministre a aussi félicité le Président Barack Obama et le maire de New York, Michael Bloomberg, pour avoir reconnu le droit de ceux qui militent en faveur de la construction de la « Cordoba House » près du site du « World Trade Center ».  Il a rendu hommage à la « Cordoba House », une fondation de promotion de la paix, de la compréhension et de la modération entre musulmans et non-musulmans et au sein de la communauté musulmane. 


M. JOSAIA VOREQUE BAINIMARAMA, Premier Ministre de la République des Îles Fidji, a estimé que la paix durable, la justice, la dignité et le respect pour tous exigent des États qu’ils ne se cantonnent pas dans des sphères d’influence politiquement prédéterminées et élargissent l’éventail de leurs relations au niveau international.  Ce qu’a fait Fidji, a affirmé le Premier Ministre, en décrivant la nouvelle politique étrangère de son pays.  Au niveau interne et pour se conformer aux conventions internationales, a poursuivi le Premier Ministre, Fidji a adopté une loi qui supprime tous les archaïsmes dans les procès pour viol et une autre sur la violence domestique.


Malgré les nombreux efforts nationaux déployés en coopération avec la communauté internationale, les Petits États insulaires en développement ne peuvent se prévaloir que d’un bilan mitigé s’agissant des OMD, a regretté le Premier Ministre qui a appelé à des ressources pour financer les efforts d’adaptation aux effets des changements climatiques et à leur atténuation, à des moyens pour élargir l’accès aux nouvelles technologies de l’information et à une bonne gestion des stocks de poissons dans le monde. 


M. PAKALITHA BETHUEL MOSILI, Premier Ministre du Royaume du Lesotho, a estimé que la décennie du millénaire nous a appris « la futilité de l’unilatéralisme, de l’intolérance, de la guerre, et le caractère suicidaire de l’égoïsme dans les relations internationales ».  Nous ne pouvons encourager l’injustice et espérer la paix, a dit le Premier Ministre en demandant la levée des sanctions imposées au Zimbabwe pour que son peuple puisse déterminer son propre avenir et choisir ses dirigeants.  Compte tenu du bilan des OMD, il a appelé les partenaires au développement à tenir leurs engagements en matière d’aide publique au développement.


Par ailleurs, selon lui, le terrorisme, renforcé par la décentralisation permise par la mondialisation, doit être éradiqué en s’attaquant sérieusement à ses causes et non à ses symptômes.  L’intolérance religieuse est très liée au terrorisme, a prévenu le Premier Ministre, avant de rappeler que les dirigeants africains ont proclamé 2010 « Année de la paix et de la sécurité en Afrique ».  Il a appelé la communauté internationale à compléter les efforts et les ressources du continent en matière de maintien et de consolidation de la paix et les protagonistes des conflits à faire preuve de bonne volonté et à faciliter les interventions extérieures pour autant qu’elles soient légitimes.


M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre de Samoa, a regretté qu’en matière de changements climatiques, les intérêts nationaux prennent le pas sur la recherche d’une solution juste et globale de la question.  Les États insulaires n’ont pas eux le luxe d’attendre, a-t-il fait observer.  Ils sont en première ligne pour ce qui est de confronter l’impact destructeur des changements climatiques mais en dernière ligne pour ce qui est des responsabilités. 


Les changements climatiques, a tenu à souligner le Premier Ministre, sont une question transversale qui menace le développement économique et social ainsi que la paix et la sécurité.  Il a averti qu’un instrument juridique ne sera pas efficace sans l’adhésion de tous les États Membres des Nations Unies car, à ce jour, l’absence de solutions ne tient pas tant à l’inaction qu’au refus de certains pays de faire partie d’une action unie. 


Le Premier Ministre a ironisé, en estimant que les promesses de fonds annoncées avec force publicité à Copenhague pour financer les efforts d’adaptation et d’atténuation sont devenues « le secret le mieux gardé ».  Rien ne filtre sinon vaguement, a-t-il accusé, sur la manière dont ces promesses ont été honorées, dont les fonds ont été débloqués et auprès de qui.  


Parlant de la future Conférence de Cancún, le Premier Ministre s’est voulu clair: « nous ne pouvons plus attendre pour prendre les décisions difficiles ».  L’indécision, a-t-il prévenu, ne fait que multiplier, de manière disproportionnée, les risques pour les pays vulnérables.


Mercredi prochain, a rappelé le Premier Ministre, Samoa célébrera le 1er anniversaire du tsunami qui l’a dévastée.  Les efforts de reconstruction et de relance économique avancent bien et cela n’aurait pas été possible sans la générosité des partenaires au développement de la communauté internationale, a souligné l’orateur.


Mme ANTONELLA MULARONI, Ministre des affaires étrangères de Saint-Marin, a déclaré que « Saint-Marin apprécie l’intérêt que le Secrétaire général a montré vis-à-vis de tous les Membres de l’ONU, sans distinction aucune ».  Elle a ensuite loué son engagement à mener des réformes et sa présence constante sur le terrain pour des raisons de politique internationale ou dans le cadre des catastrophes comme cela s’est vu en Haïti et au Pakistan.  Mme Mularoni a noté que son pays suit, depuis 1994, le processus de réforme du Conseil de sécurité et a dit espérer que ces réformes aboutissent à un « Conseil de sécurité plus démocratique, plus responsable et plus transparent ».  Poursuivant, elle a évoqué la récente crise du système financier mondial et a appelé à des réformes qui pourraient, selon elle, être menées par l’ONU du fait de sa nature d’institution démocratique qui serait la mieux habilitée à œuvrer pour un développement durable pour tous les peuples.  Ces réformes pourraient se faire en complémentarité avec les actions mises en route par le G-20, a-t-elle souligné.


S’exprimant sur les réformes entreprises au sein de l’ONU, Mme Mularoni s’est dite satisfaite des orientations nouvelles qui devraient rendre le système des Nations Unies plus transparent et plus efficace.  Elle a salué, dans ce cadre, la création d’ONU-Femmes qui commence ses activités le 1er  janvier 2011.  Rappelant que les femmes et les enfants constituent les classes humaines dont les droits sont les plus violés, la Ministre s’est dite particulièrement ravie que les Nations Unies aient engagé, en juillet dernier, le Plan d’action mondial sur la lutte contre la traite des personnes.  Relevant que la réalisation des OMD a connu un succès relatif, Mme Mularoni a noté que les crises économique et financière mondiales ainsi que les catastrophes naturelles comme celles d’Haïti et du Pakistan exigent de la communauté internationale qu’elle s’engage, de manière plus coordonnée, dans la réalisation de ces Objectifs. 


M. ABBAS EL FASSI, Premier Ministre du Royaume du Maroc, qui a lu discours de Sa Majesté le Roi MOHAMMED VI, a affirmé que la sécurité et la stabilité, le développement et la prospérité, ainsi que la promotion des droits de l’homme et de la dignité humaine continuaient de constituer le socle du nouvel agenda international.  Il a affirmé que son pays s’était attaché à mettre en « parfaite adéquation » ses priorités nationales avec l’agenda international.  « C’est avec une sincère volonté d’assainir les relations dans notre région du Maghreb, a-t-il poursuivi, que nous avons soumis en 2007 aux Nations Unies, une initiative d’autonomie en vue de régler définitivement le différend artificiellement entretenu autour du recouvrement par le Maroc de ses provinces du Sud. »  Il a indiqué que cette initiative bénéficiait du soutien de la communauté internationale et du Conseil de sécurité, lesquels avaient salué la « contribution active » du Maroc pour faciliter la résolution de ce différend qui « hypothèque l’intégration maghrébine et entrave la prospérité de cinq peuples maghrébins ».  Le Maroc, a ajouté le Premier Ministre, appelle les autres parties à saisir cette opportunité historique pour s’engager dans des négociations de fond sous l’égide du Secrétaire général et de son Envoyé personnel. 


M. El Fassi a ensuite appelé la communauté internationale à appuyer le processus de négociations directes israélo-palestiniennes qui est en cours sous les auspices de l’Administration américaine.  Il a estimé que les négociations posaient non seulement la question d’un État palestinien exerçant sa pleine souveraineté avec Jérusalem comme capitale, mais également la nécessité d’éviter les actions unilatérales et d’arrêter la colonisation, surtout à Jérusalem.  Jérusalem, a-t-il ajouté, doit redevenir un symbole de coexistence harmonieuse des religions monothéistes.  Abordant ensuite la question des Objectifs du Millénaire pour le développement, le Premier Ministre a affirmé qu’au vu de sa population et de ses ressources naturelles, l’Afrique pourrait devenir un continent de croissance, mais qu’elle demeurait marginalisée par rapport au flux d’investissements étrangers directs.  Il a proposé l’organisation par l’Assemblée générale d’un dialogue de haut niveau sur l’investissement en Afrique.  Il a également réclamé des « réformes significatives urgentes » de l’architecture actuelle de la gouvernance économique mondiale, ainsi qu’une mobilisation accrue pour jeter les bases d’un nouvel ordre environnemental juste, équitable et opérationnel.  Le Premier Ministre a par ailleurs affirmé que le Maroc avait réalisé des « avancées notoires » en matière d’élargissement de l’espace des libertés individuelles et collectives, ainsi que la sauvegarde de la dignité humaine et des droits de ses citoyens.  Il a notamment rappelé que le Maroc était l’un des cofacilitateurs du processus de révision du Conseil des droits de l’homme.


M. SAM CONDOR, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Saint-Kitts-Et-Nevis, a estimé que, face aux défis actuels, l’ONU devait renforcer ses relations avec les États Membres, en particulier les organisations régionales.  Il l’a aussi encouragée à placer ses relations avec le monde des affaires et la société civile dans un cadre plus structuré, pour pouvoir traiter plus efficacement des questions telles que la fuite de cerveaux qui prive les pays en développement de précieuses ressources humaines.  Compte tenu de la multiplication des catastrophes naturelles qui frappent de manière disproportionnée les petits États insulaires en développement comme le sien, M. Condor a appelé à une approche proactive coordonnée, en collaboration avec les institutions financières, les compagnies d’assurances et autres acteurs de l’atténuation des effets de catastrophes.


M. Condor a ensuite réitéré le point de vue selon lequel davantage d’attention devait être accordée au problème de la violence interpersonnelle et de ses conséquences sur le développement, la santé, la sécurité et la gouvernance.  Chaque jour, a-t-il précisé, 4 300 personnes succombent à cette forme de violence, soit une personne toutes les 20 secondes; la moitié relevant d’homicides.  Pourtant à ce jour, aucune résolution n’appelle à une approche intégrée face à ce phénomène, a regretté le Vice-Premier Ministre.  Aucune résolution ne traite ni de la violence chez les jeunes ni de la nécessité d’une approche multisectorielle.


Le Vice-Premier Ministre a donc engagé les États Membres à appuyer l’adoption, en 2011 à l’occasion de la célébration de l’Année internationale de la jeunesse, d’une résolution allant dans ce sens. 


M. BERNARD KOUCHNER, Ministre des affaires étrangères et européennes de la France, a rappelé aux États Membres qu’ils ont su collectivement se montrer révolutionnaires sur des sujets fondamentaux.  Il a cité la résolution adoptée en 1988, sur l’assistance humanitaire aux victimes de catastrophes naturelles et en situations d’urgence, et celle en 1991 du Conseil de sécurité sur la situation au Kurdistan qui visait la protection des populations civiles contre l’État oppresseur.  Ce furent là deux moments historiques qui posèrent les premiers jalons du droit d’ingérence, devenu la responsabilité de protéger qui a été adoptée par consensus en 2005.  M. Kouchner a relevé que, pour en arriver là, les États Membres ont franchi des obstacles réputés infranchissables et que rien ne les empêche de recommencer sur des sujets dont ils décideront collectivement de se saisir. 


Notre première responsabilité partagée, c’est celle du développement, a-t-il affirmé.  La France est le deuxième donateur mondial d’aide publique au développement, avec 9 milliards d’euros par an, un engagement qui ne faiblira pas, a-t-il confirmé.  Nous devons aller plus vite et plus loin, a-t-il ajouté, pour les enfants qui meurent du paludisme, pour les familles décimées par le sida, pour tous ceux qui ont faim ou qui ne peuvent aller à l’école.


Serons-nous capables de prendre une décision ambitieuse pour lutter contre les changements climatiques et pour préserver notre environnement, s’est interrogé le Ministre.  Il a appelé à le faire avant qu’il ne soit trop tard et de s’assurer que les engagements pris seront mis en œuvre, que des mécanismes de suivi et des institutions efficaces seront mis en place.  Pour tout cela, a reconnu le Ministre, il faudrait trouver beaucoup d’argent, plusieurs milliards de dollars par an.  Il a donc réitéré la proposition de son Président d’imposer une taxe internationale sur les transactions financières dont la France parle depuis plus de 20°an. 


Il a expliqué qu’un prélèvement infime de 0,005% pourrait lever de 30 à 40°milliards d’euros par an, près du quart de l’aide publique au développement.  Ne serait-ce qu’avec la moitié de cette somme, il serait possible de scolariser tous les enfants des pays à faible revenu.  Soulignant que tout le monde est d’accord aujourd’hui sur la faisabilité technique et économique d’un tel mécanisme, le Ministre a insisté sur le fait qu’il ne s’agit pas de diminuer l’APD ou d’esquiver ses responsabilités. 


Poursuivant, le Ministre a considéré que le conflit israélo-arabe, qui inclut les volets palestinien, libanais et syrien, nous concerne tous.  « Nous sommes devant une opportunité historique, nous ne pouvons pas la laisser passer », a-t-il dit.  « Le processus a failli s’arrêter hier soir et je ne suis pas sûr qu’il continue de façon ordonnée et unanimement soutenue », a dit craindre le Ministre.  « La Palestine, ce nouvel État Membre de l’ONU que nous sommes nombreux à appeler de nos vœux, sera la meilleure garantie de sécurité pour Israël », a estimé le Ministre, en affirmant que ce qui est nécessaire c’est qu’Israéliens et Palestiniens prennent la décision stratégique d’en finir avec ce conflit, dans leur propre intérêt.  Il a invité le Président Abbas et le Premier Ministre Netanyahou à faire les compromis douloureux sur le chemin de la paix.


Qu’est-il advenu de la responsabilité de protéger, a, par ailleurs, interrogé le Ministre, expliquant qu’aujourd’hui le succès de l’ONU doit être jugé à l’aune de sa contribution à la protection des civils.  Tous les jours, des massacres et des viols sont commis en Somalie, au Darfour, en République démocratique du Congo, y compris dans des régions où sont déployées des opérations de maintien de la paix, a-t-il noté.  M. Kouchner a salué la Cour pénale internationale (CPI) comme « l’une des avancées les plus essentielles dans l’histoire d’une humanité consciente des dangers auxquels l’exposent ses propres démons ».  Il a assuré que la France soutiendra toujours l’idée d’une justice pénale internationale impartiale et universelle, seul moyen de faire respecter l’exigence de lutte contre l’impunité que dicte l’histoire. 


Il a parlé de la situation en Guinée pour laquelle le Procureur de la CPI a engagé une procédure et où le deuxième tour des élections aura lieu dans deux à trois semaines.  M. Kouchner a dit avoir tenu à parler de ce succès des Nations Unies qui montre que quand « nous sommes tous d’accord et qu’un mouvement se dessine dans la société civile, nous pouvons encore agir ».


M. MOURAD MEDELCI, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a appelé à une refonte de la gouvernance financière et économique qui laisserait moins de place aux aléas du marché et à la spéculation et qui assurerait une représentation équitable aux pays en développement.  Parlant des OMD dont les résultats tardent en Afrique, le Ministre a jugé « fondamental » que la communauté internationale respecte ses engagements en matière d’aide publique au développement.  Il a aussi demandé un moratoire sur la dette des pays en développement et une amélioration de l’accès de leurs produits aux marchés des pays industrialisés.


Le Ministre a par ailleurs, souligné la nécessité de renforcer le rôle de l’ONU dans la protection de la biodiversité dans les pays en développement et dans la promotion d’une coopération mutuellement bénéfique permettant de mieux partager les bénéfices découlant de l’exploitation des ressources.  S’agissant de la prochaine Conférence de Cancún, il a voulu que la priorité soit donnée au soutien à accorder aux pays en développement pour leur permettre de s’adapter aux changements climatiques.  Au vu de la multiplication des catastrophes naturelles, il a demandé une restructuration des mécanismes internationaux en charge de ces catastrophes.


S’agissant du nucléaire, le Ministre a indiqué que l’Algérie, qui a toujours plaidé en faveur du droit légitime des pays à l’acquisition de la technologie nucléaire à des fins pacifiques et déploré la politique de deux poids deux mesures, est convaincue que seul le dialogue et les moyens pacifiques sont susceptibles d’aplanir les désaccords.  « La réalité internationale contemporaine nous enseigne qu’aucun État ne peut sanctuariser son territoire par la seule force brutale des armes. »


En matière de lutte contre le terrorisme, le Ministre a rappelé le soutien de son pays à la résolution 1904 portant sur l’incrimination juridique du versement de rançons aux groupes terroristes.  Mais, a-t-il dit, beaucoup reste à faire pour éliminer le terrorisme, en particulier dans le traitement de la problématique de l’élargissement des terroristes en contrepartie de la libération d’otages.  Il a aussi invité la communauté internationale à être vigilante face aux moyens modernes utilisés par les groupes terroristes, tels que l’imagerie satellitaire par Internet.


Le Ministre a ensuite appelé la communauté internationale à exercer des pressions « crédibles » sur la force d’occupation au Moyen-Orient pour l’amener à respecter ses engagements.  Il a encouragé l’Assemblée générale à reprendre ses travaux sous le thème « Unissons-nous pour la paix », unique voie pour doter ses résolutions de la force juridique capable de contraindre la puissance d’occupation à mettre un terme à sa politique « unanimement condamnable ». 


L’Algérie, a aussi dit le Ministre, demeure disposée à apporter son plein appui aux efforts de l’ONU visant à résoudre le conflit au Sahara occidental.  Il est « indispensable », a-t-il ajouté, que la communauté internationale assure sa pleine responsabilité afin de parvenir à une solution politique qui permettra au peuple du Sahara occidental d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination au moyen d’un référendum. 


Le Ministre a conclu en prévenant qu’une justice internationale à deux vitesses et focalisée uniquement sur une région particulière risque de menacer la paix et la sécurité régionales, de dénaturer les nobles causes de cette justice et de l’instrumentaliser, in fine, à des fins politiques et géostratégiques.  Le Ministre n’a pas manqué d’appeler à une réparation de l’injustice historique dont a été victime l’Afrique, seul ensemble à ne pas disposer de représentant dans la catégorie des membres permanents du Conseil de sécurité alors qu’elle compte environ pour le tiers des États Membres de l’ONU.


M. RUSLAN KAZAKBAEV, Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan, a indiqué que l’année 2010 avait été marquée de défis pour l’unité de son pays.  Il est revenu sur les événements des mois de mai et juin derniers dans le sud du pays, lorsque des « éléments criminels » ont provoqué des affrontements sanglants entre les communautés kirghize et ouzbek.  Le 27 juin, a-t-il rappelé, une nouvelle Constitution a été adoptée, et aujourd’hui « nous pouvons déclarer que toutes les conditions sont réunies pour organiser des élections parlementaires transparentes, le 10 octobre prochain ». 


Il a indiqué que son gouvernement avait l’intention d’analyser de « très près » les causes des conflits régionaux.  L’unité de la nation doit être renforcée et nous développons des initiatives pour stabiliser la situation, a-t-il fait savoir.  Il a insisté sur l’importance de l’aide humanitaire, faisant remarquer que le pays n’avait reçu que 40% de l’aide promise.  Cette aide est essentielle, les gens sont toujours sans abri, d’autres ont besoin de soins médicaux et plusieurs écoles doivent être construites, a-t-il souligné.


Après avoir averti du risque du terrorisme à tous les États, le Ministre a demandé une assistance pour les programmes de lutte contre les stupéfiants et la criminalité organisée que son pays a rétablis.  Il a ensuite fait part de ses préoccupations au sujet de la situation en Afghanistan et a dit espérer que les élections parlementaires pourront renforcer la paix dans le pays. 


Passant au volet nucléaire, il a évoqué les activités menées par son pays dans le cadre de l’Accord sur la zone exempte d’armes nucléaires en Asie Centrale.  Il a également mentionné les répercussions écologiques de l’industrie nucléaire, notamment les problèmes liés aux déchets d’uranium.  M. Kazakbaev a indiqué que son pays se tenait prêt à contribuer davantage de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, et qu’il était candidat à un siège non permanent au Conseil de sécurité.


CHEIKH KHALID BIN AHMED AL KHALIFA, Ministre des affaires étrangères du Royaume de Bahreïn, a estimé que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015 était l’un des principaux défis de la planète, rappelant que son pays était en pointe en matière de protection sociale, d’éducation de base gratuite et de qualité, de santé, de sécurité sociale pour les populations les plus pauvres, d’emploi et de développement des ressources humaines.  Il a fait état du chantier de réforme économique entrepris en 2008 et qui vise à transformer une économie basée sur le pétrole en une économie « concurrentielle et productive », alimentée par un secteur privé « dynamique », permettant le développement d’une classe moyenne.  Sur le plan financier, il a appelé le G-20 à jouer un rôle majeur dans la création de plans d’action collective qui permettront à l’avenir aux pays de répondre aux crises et de progresser vers une économie ouverte et intégrée.


S’agissant du conflit arabo-israélien, il a réitéré les espoirs de son pays pour la conclusion d’un accord de paix durable et complet.  Il a salué les efforts du Président des États-Unis, M. Barack Obama, dans le processus de paix et a rappelé la nécessité de l’engagement sans faille de toutes les parties concernées.  Le Ministre s’est aussi dit impatient de connaître un Iraq pacifié et prospère, capable de fonctionner sans intervention internationale et fidèle à son identité arabo-islamique.  Il a dit son impatience de voir la République islamique d’Iran jouer un rôle dans l’élimination du « fantôme de la discorde » autour de son programme nucléaire.  Il a salué l’engagement de ce pays en faveur d’un programme nucléaire de nature pacifique et a rappelé le besoin de transparence et de respect des exigences de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a, au passage, jugé qu’un accord sur la question des îles des Émirats arabes unis occupées par l’Iran serait une étape essentielle vers la stabilité de la région.  Toujours sur la question de la stabilité régionale, le Ministre a apporté son soutien à la République du Yémen dans ses mesures visant à combattre le terrorisme et s’est dit impatient que les actuelles négociations sur le Darfour soient finalisées.  Le monde fait face à des défis de fond, qu’il s’agisse de sécurité et de terrorisme, mais aussi de catastrophes naturelles, et la communauté internationale, pour répondre à ces menaces, doit restructurer les relations internationales et bâtir des alliances plus inclusives, et ce, en respectant les opinions et les valeurs de chacun, a-t-il conclu.


M. BRUNO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de la République de Cuba, a tracé un parallèle entre les leçons de la Seconde Guerre mondiale et la volonté de préserver les générations futures du fléau de la guerre, d’une part, le constat actuel desdites générations qui ne voient que dégradation de l’environnement et menace nucléaire.  Il a dénoncé les « forces puissantes et influentes » aux États-Unis et en Israël qui préparent la scène pour une attaque contre la République islamique d’Iran alors que le Conseil de sécurité « cherche à étrangler l’économie iranienne » par des mesures unilatérales qui ont peut-être pour but d’empêcher l’attaque. 


Mais « il s’agit d’une menace trop grave pour faire confiance à la capacité du Conseil de sécurité », a souligné le Ministre, rappelant que l’Iraq et l’Afghanistan ont montré que l’on ne doit pas confier à un ou quelques gouvernements la faculté de décider quand les démarches diplomatiques pour prévenir la guerre sont épuisées.  Il est urgent, a dit le Ministre, de réformer radicalement les Nations Unies et de rétablir les pouvoirs de l’Assemblée générale.  La manipulation autour de la non-prolifération nucléaire basée sur une politique de deux poids deux mesures et les intérêts d’un club de privilégiés ainsi que les tergiversations sur le droit des pays du Sud à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire doivent cesser. 


Il a, à ce titre, invité les États-Unis à ne plus s’opposer à la négociation d’accords contraignants pour libérer le monde de la menace nucléaire.  Abordant la question des changements climatiques, il a voulu que les intérêts mesquins et les prétendus agendas serrés ne l’emportent pas sur la nécessité d’adopter des accords contraignants à la Conférence de Cancún.  Il a appelé à des objectifs plus ambitieux de la part des pays développés, principaux responsables du réchauffement climatique. 


S’adressant aux États-Unis, le Ministre s’est dit convaincu que le développement de liens basés sur le droit international et les principes des Nations Unies permettra aux deux pays de gérer un grand nombre de leurs différends et d’en régler d’autres.  Il a noté que la demande de dialogue et d’agenda, présentée en juillet 2009 au Président des États-Unis, M. Barack Obama, n’avait pas reçu de réponse.  Aucune modification n’a été opérée au cours de ces deux dernières années dans la politique de blocus contre Cuba, a aussi dénoncé le Ministre.  « Il est profondément immoral que les États-Unis inscrivent Cuba de manière arbitraire dans la liste illégitime des États qui soutiennent le terrorisme international », a souligné le Ministre, qui a estimé que le Président américain a encore une chance de faire une « rectification historique » du « génocide politique » qui dure depuis 50 ans. 


M. JEAN-PAUL ADAM, Ministre des affaires étrangères des Seychelles, a déclaré que son pays, qui a fait d’énormes progrès dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, était en train de concentrer tous ses efforts à ne pas perdre le terrain si chèrement acquis.  « Les OMD sont-ils une fin en soi? » s’est demandé le représentant seychellois.  Qu’arrivera-t-il après 2015, a-t-il ajouté, appelant dès maintenant à un débat sur les moyens dont disposeront les États Membres après cette date.  M. Adam a rappelé que les petits États insulaires en développement à revenu moyen, dont fait partie la République des Seychelles, devaient affronter des problèmes spécifiques contre lesquels l’architecture du développement international n’a pas de solution.  Il n’y a pas de financement fiable, a dit le Ministre, qui a proposé que le Secrétaire général commence une évaluation de l’efficacité de l’aide des Nations Unies aux petits États insulaires en développement afin d’améliorer le processus.  Il y a urgence à adopter des moyens nouveaux et innovateurs pour financer le développement.


M. Adam a cité l’exemple des Seychelles, qui, sous la pression de crises diverses, a engagé de vastes réformes macroéconomiques et qui a également commencé à recevoir de nouveaux investissements étrangers directs en provenance du Golfe, de l’Afrique et de l’Asie.  Cette dynamique Sud-Sud est souvent négligée, mais nous devons être pragmatiques, et nous devons agir, a-t-il ajouté.  Le Ministre a enfin exprimé son inquiétude concernant la situation en Somalie, précisant que la piraterie avait coûté à l’économie de son pays des pertes équivalent à 4% de son produit intérieur brut.  « Nous devons être prêts à aller au-delà de ce que nous avons déjà essayé », a-t-il conclu.


M. MICHAEL T. SOMARE, Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a estimé que l’engagement des États Membres à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) était sans équivoque, en dépit des résultats mitigés actuels.  Comme d’autres pays en développement, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a connu des réussites en ce domaine, s’est-il félicité, avant de saluer les engagements à hauteur de 40 milliards de dollars décidés lors du dernier Sommet sur les OMD dans le but de réduire la pauvreté et d’améliorer la santé des femmes et des enfants.  Après avoir présenté la stratégie de la Papouasie-Nouvelle-Guinée en matière d’OMD, le Premier Ministre a exhorté les partenaires donateurs à respecter les principes de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide au développement et le Programme d’action d’Accra.  L’engagement pris par les pays riches de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique au développement (APD) doit également être concrétisé, a-t-il aussi souhaité, en reconnaissant que la réalisation des OMD ne pouvait être le résultat d’une action unilatérale.  Il s’agit, a-t-il dit, d’une entreprise commune unissant les États développés et les États en développement.  C’est pourquoi, a-t-il souligné, son pays est-il déçu du fait que les pays développés accordent peu d’intérêt à  l’Objectif no 8 relatif à la mise en place un partenariat mondial pour le développement.


Le Premier Ministre a d’autre part appelé la communauté internationale à faire davantage face aux conflits actuels que connaît le monde, et particulièrement en Afghanistan et en Iraq.  Il a également salué les efforts déployés par les forces de maintien de la paix de l’ONU, avant d’annoncer que la Papouasie-Nouvelle-Guinée avait rempli les obligations internationales devant lui permettre de participer dorénavant aux opérations de maintien de la paix.  Il a également appelé au renforcement de la coopération afin de répondre au fléau du terrorisme.  « Mon gouvernement estime que les armes de destruction massive sont inutiles et doivent être éliminées », a par ailleurs poursuivi M. Somare, en apportant son soutien aux efforts menés en vue du renforcement des mécanismes qui soutiennent la non-prolifération.  Il a enfin mis l’accent sur les effets négatifs des changements climatiques en affirmant que certains territoires de son pays étaient graduellement submergés par la montée des eaux.  Il a appelé les partenaires des pays développés à faire preuve de grande responsabilité en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’assistance aux pays en développement, particulièrement les petits États insulaires en développement.  M. Somare a conclu en appelant à une réforme de la composition et des méthodes de travail du Conseil de sécurité.


M. BATBOLD SUKHBAATAR, Premier Ministre de la Mongolie, a proposé à l’ONU de débattre du concept d’« État développeur » né par opposition au néolibéralisme, dans des pays où la croissance rapide a pu être combinée avec des progrès dans la lutte contre la pauvreté.  L’expérience de ces pays a montré que l’État peut délibérément intervenir dans l’économie et même y apporter des corrections et promouvoir ainsi une croissance et un développement durable inclusifs.


Il a estimé que si l’ONU veut renforcer son rôle dans la gouvernance mondiale, elle doit être plus efficace et mener des réformes vigoureuses.  Il a cité, dans ce contexte, la revitalisation de l’Assemblée générale, le renforcement du Conseil économique et social (ECOSOC) et la réforme du Conseil de sécurité. 


Parlant des pays en développement sans littoral (PDL), le Ministre s’est félicité de ce que les ministres des affaires étrangères de ces pays aient approuvé, la semaine dernière, l’Accord multilatéral sur la création, proposée par la Mongolie, d’un centre international de réflexion sur les PDL.  Poursuivant sur la question du changement climatique, le Ministre a rappelé qu’en 20 ans, 70% du territoire mongolien a été affecté par la désertification.  Il a indiqué que conformément à la réunion spéciale à laquelle son gouvernement a assisté dans « le sable du désert de Gobi », la Mongolie entend mettre l’accent sur la question de la désertification dans le cadre de la Convention pertinente de l’ONU. 


Le Ministre a souligné que la réalisation des OMD passait aussi par l’accès à l’énergie nucléaire.  Cette année, a-t-il indiqué, la Mongolie fait partie des huit pays-sites dans le cadre du Système normalisé de contrôle des accès et pourra ainsi partager son expérience dans la lutte contre la multiplication des cancers induits par l’exposition à l’uranium.


M. WINSTON BALDWIN SPENCER, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a d’abord souligné que l’ONU est la seule organisation ayant la légitimité et la structure opérationnelle capable de créer le consensus économique et politique nécessaire pour affronter les problèmes actuels du monde.  Il a regretté qu’à ce jour, l’action la plus remarquable contre le changement climatique ait été la multiplication des promesses de contributions financières et de réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Las d’attendre, Antigua-et-Barbuda, a annoncé le Premier Ministre, a pris la décision de réduire son niveau d’émission de 25% d’ici à 2020, date à laquelle le pays aura une « économie verte ». 


Après s’être attardé sur les efforts d’intégration régionale de l’Amérique latine et des Caraïbes, le Premier Ministre a souligné qu’il s’agisse de stratégie politique ou de manœuvre économique, « l’étranglement » de Cuba est tout simplement « injustifiable ».  Il a aussi plaidé pour le retour « sans condition » de l’ancien Président Zelaya à la tête du Honduras. 


Le Premier Ministre a ensuite dénoncé le « jeu » qui se poursuit à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) malgré plusieurs jugements favorables à son pays.  Il a donc appelé les États-Unis à travailler rapidement avec son gouvernement pour régler la question.  De nombreux pays à revenu intermédiaire, a-t-il poursuivi, ont besoin de programmes d’allègement de la dette.  Le service de la dette qu’ils sont obligés de payer dépasse bien souvent leur PNB, a souligné le Premier Ministre.


Soulignant la chute substantielle des revenus et le grave démembrement économique dont son pays souffre depuis les crises économique et financière, le Premier Ministre demande au G-7, au G-20, au FMI et à la Banque mondiale de donner une suite favorable aux nouveaux Accords d’emprunt (NAB).


M. JAUME BARTUMEU CASSANY, Chef du Gouvernement d’Andorre, s’est attardé sur les conséquences du changement climatique, « phénomène qui met en danger les populations les plus pauvres, modifie l’accès à l’eau, aggrave la malnutrition et incite à la violence ».  « Les menaces sont réelles mais les solutions aussi », a-t-il affirmé, avant d’émettre l’espoir qu’un texte ambitieux serait adopté lors de la Conférence sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tendra à Cancún, au Mexique, à la fin de l’année.  De son côté, l’Andorre a pris des mesures en matière de traitement de l’eau et de réduction des substances qui dégradent la couche d’ozone, a-t-il indiqué, ajoutant que son pays avait prévu d’approuver prochainement la ratification de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique.  L’Andorre a pu sortir de la « liste grise » de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) grâce à la signature de 17 accords bilatéraux d’échange de renseignements en matière fiscale, a poursuivi M. Cassany.  « Nous voulons continuer à progresser sur la voie de la transparence et de la coopération internationale dans la lutte contre la fraude fiscale », a-t-il assuré.  À cet égard, il a estimé utile de mettre en place un mécanisme européen permanent de stabilité financière ainsi qu’une régulation très stricte des produits dérivés.  Il s’est dit également favorable à la création d’une agence européenne de qualification de la solvabilité des activités financières et des administrations.  Il a, par ailleurs, encouragé la mise en place d’une définition internationale de minima sociaux.


Rappelant que son pays ne dispose pas d’armée, le Chef du Gouvernement andorran s’est félicité de vivre en paix depuis plus de 700 ans, tout en signalant qu’il allait ratifier prochainement la Convention sur les armes à sous-munitions.  En novembre prochain, l’Andorre sera soumise pour la première fois à l’examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme, a poursuivi M. Cassany.  La lutte contre la violence faite aux femmes est l’une des priorités du Gouvernement, a-t-il ajouté, se prévalant de la création récente du Secrétariat d’État à l’égalité et au bien-être qui vise à favoriser la situation de la femme.  L’Andorre ratifiera au cours des prochains mois la Convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains, a-t-il aussi indiqué, avant de saluer la création récente de l’entité ONU-Femmes.  M. Cassany a ensuite mis l’accent sur la solidarité dont faisait preuve son pays face aux grandes catastrophes et aux crises humanitaires dans le monde, par des contributions internationales volontaires.


M. EDWARD NIPAKE NATAPEI, Premier Ministre de la République du Vanuatu, a, en tant que Président du Forum du Pacifique, donné lecture de la déclaration finale de la 41ème réunion que l’instance a tenue, le mois dernier, dans son pays.  Il a ensuite annoncé qu’en prévision de la Conférence de Cancún, Kiribati accueillera en novembre prochain, une réunion des pays les plus vulnérables au changement climatique avec les représentants des principales économies.


Le Premier Ministre s’est par ailleurs interrogé sur les processus d’autodétermination.  Il a jugé « troublant » de voir que l’ONU pourrait par ces actes « légitimer » des pratiques contraires aux principes sur lesquels elle repose.  Les questions liées à la décolonisation et aux violations graves des droits de l’homme doivent être examinées de manière impartiale, a-t-il tranché. 


Le Premier Ministre a aussi estimé que les mécanismes et critères pour évaluer l’éligibilité à la gradation doivent être distincts de la vulnérabilité permanente et inhérente aux pays comme le sien.  Il a jugé tout à fait irréaliste que les agences de l’ONU examinent des progrès et fassent des projections sans tenir dûment compte des questions liées à cette vulnérabilité et de la réelle capacité des pays à soutenir la croissance.  Les indicateurs, a-t-il plaidé, indiquent clairement que ces pays avancent très lentement vers le développement  humain.  Le changement climatique, les irruptions volcaniques et les autres catastrophes naturelles sont toujours des facteurs importants qui font obstacle au développement des petits États insulaires.  Ces facteurs doivent être soigneusement inclus dans les critères de gradation, a insisté le Premier Ministre.


M. TILLMAN THOMAS, Premier Ministre de la Grenade, a déclaré qu’un affaissement des Nations Unies ne pourrait être dans l’intérêt général, ajoutant que celles-ci devaient demeurer, selon l’expression utilisée par la reine Elizabeth II lors de son allocution devant l’Assemblée générale, le 6 juillet, une « force réelle pour le bien commun » dans le monde.  Face aux nouvelles réalités d’un monde changeant, les Nations Unies doivent s’adapter, a poursuivi M. Thomas, qui s’est félicité des récentes avancées faites dans le domaine de la cohérence du système des Nations Unies, et en particulier de la création de l’ONU-Femmes.  En outre, les Nations Unies doivent reconnaître la nécessité d’une gouvernance démocratique.  En ce sens, la Grenade soutient l’idée d’une réforme du Conseil de sécurité prévoyant un siège pour les petits États insulaires.  M. Thomas a rappelé l’importance pour son pays du changement climatique, qui doit rester l’une des priorités de la communauté internationale.  La Grenade continue de demander l’adoption d’objectifs ambitieux pour limiter les effets adverses du changement climatique, a ajouté le Premier Ministre, qui a rappelé qu’à ce jour, seule une fraction des 30 milliards de dollars promis au titre du fonds « fast start » destiné à aider les pays en développement à prendre des mesures d’adaptation, a été effectivement versée.  Cet état de fait doit être corrigé, a-t-il ajouté.


Le Premier Ministre s’est félicité de la tenue, la semaine passée, de la Réunion de haut niveau sur la biodiversité, ainsi que de la Réunion d’examen de la Stratégie de Maurice pour le développement des petits États insulaires en développement.  Rappelant que la Grenade, présidente de l’Alliance des petits États insulaires en développement, avait joué un rôle de coordination dans ce processus d’examen, il a souhaité que l’adoption, samedi, de la Déclaration, permette de mettre rapidement en œuvre l’intégralité de la Stratégie de Maurice.  Soulignant l’engagement de son pays en faveur de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), M. Thomas a demandé un réexamen approfondi des critères de détermination des pays à revenu intermédiaire.  Les petits États insulaires en développement ne pourront atteindre le plein développement s’ils sont abandonnés sur le rivage de l’océan du développement du fait d’un diagnostic erroné sur le degré de préparation, a affirmé le Premier Ministre.  M. Thomas a également appuyé l’idée d’une réunion de haut niveau en 2011 consacrée aux maladies non contagieuses, rappelant que ces dernières constituaient la première cause de mortalité dans les pays de la Caraïbe.  Il a également demandé aux États-Unis de mettre fin à leur embargo économique contre Cuba, « ne serait-ce que sur une base humanitaire », et de respecter la récente décision de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans le différend qui les opposait à Antigua et Barbuda.


Mme KAMLA PERSAD-BISSESSAR, Premier Ministre de la République de Trinité-et-Tobago, a estimé que la gouvernance mondiale ne veut pas dire seulement s’entendre  sur des lois, des règles et des pratiques qui placeraient l’ONU au centre de toutes les questions.  La gouvernance veut dire tenir les dirigeants et les institutions comptables de leurs actes.  La gouvernance mondiale, a-t-elle poursuivi, ne saurait se limiter à l’élaboration d’instruments relatifs à la promotion de la démocratie.  Elle devrait être une composante clef des règles « justes et équitables » pour améliorer les perspectives de développement des pays du Sud. 


Elle a donc appelé à la création de canaux prévisibles et réguliers pour un dialogue entre le G-20 et le G-192, soit tous les membres de l’ONU.  Elle a attiré l’attention de l’Assemblée générale sur les efforts déployés par le Commonwealth pour appuyer les économies vulnérables et a dit son intention, en tant que Présidente de l’association, de promouvoir une coopération renforcée avec l’ONU.  Elle a engagé les institutions financières internationales à voir si certaines de leurs politiques n’avaient pas contribué à un perpétuel cycle de pauvreté dans certains États, petits et vulnérables. 


La bonne gouvernance, a-t-elle poursuivi, exige des pays développés qu’ils honorent les engagements pris lors du Sommet du Millénaire.  Elle a ensuite engagé les États Membres à participer au plus haut niveau à la réunion de l’Assemblée générale, l’année prochaine.


Passant à la question des changements climatiques, elle a réclamé aux pays développés qu’ils réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre de 40 à 50% d’ici à 2020, et de 85% à 90% d’ici à 2050.  Mme Persad-Bissessar s’est ensuite penchée sur les problèmes liés à la prolifération des armes légères et de petit calibre.  Elle a estimé que l’accord juridiquement contraignant sur les armes conventionnelles devait comporter une clause sur le commerce de ces armes, ainsi qu’un mécanisme de vérification et un régime de sanctions en cas de non-respect.  Dans les Caraïbes, a-t-elle fait savoir, les armes de destruction massive sont les armes légères et de petit calibre, a souligné le Premier Ministre.


Elle a également réclamé une action concertée pour répondre au problème du trafic de stupéfiants et a réitéré la proposition de son pays d’inscrire ce trafic parmi les compétences de la CPI.  Elle a conclu en annonçant l’intention de sa délégation de présenter à la Première Commission une résolution sur les femmes, le désarmement, le contrôle des armes et la non-prolifération.


Mme JADRANKA KOSOR, Premier Ministre de la Croatie, a estimé que le développement accéléré du monde contemporain exigeait une action concertée, une responsabilité commune et une nouvelle solidarité.  La Croatie, a-t-elle dit, contribue aux forces de maintien de la paix, de police et aux effectifs d’experts militaires des 14 missions internationales des Nations Unies, de l’OTAN et de l’Union européenne.  Le pays, a-t-elle ajouté, est prêt à offrir des conseils et ses services en matière de sécurité et de défense pour des pays sortant de conflit armé, rappelant que la consolidation de la paix était l’un des défis les plus difficiles pour les Nations Unies.  Dans ce contexte, la Croatie souhaite continuer à contribuer aux efforts dans ce domaine et est candidate pour un siège de membre au sein de la Commission de la consolidation de la paix (CCP) pour la période 2012-2013.


Mme Kosor a par ailleurs salué les « étapes concrètes » prises par certains États pour réduire leurs capacités nucléaires, et a appelé tous les États à respecter leurs engagements sur le sujet.  Elle a aussi souligné l’engagement de son pays à lutter contre le terrorisme et à prévenir cette menace.  Au cours de son mandat de deux ans au Conseil de sécurité, la Croatie a présidé le Comité contre le terrorisme.  De même, a-t-elle précisé, sous sa présidence du Conseil de sécurité, la Croatie a organisé un débat sur le sujet de la menace que constituent les actes de terrorisme à la paix et à la sécurité internationales.  En tant que membre de l’OTAN et futur pays président de l’Union européenne, la Croatie est fortement engagée dans les opérations de maintien de la paix et de la stabilité dans les régions du sud-est de l’Europe, a-t-elle dit, appelant à « une perspective euro-atlantique » pour les États de la région.  Il faut appliquer les principes initiaux de l’Union européenne, a-t-elle insisté, citant la coopération, le dialogue et le respect mutuel.  Elle a mis en exergue, dans cette perspective, l’accord entre la Croatie et la Slovénie sur leur frontière commune ainsi que la résolution sur le Kosovo adoptée par acclamation par l’Assemblée générale. Mme Kosor a en outre souligné que son pays appuyait le travail du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et saluait la stratégie de sortie du Tribunal. 


M. ZALMAI RASSOUL, Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan, a estimé que le monde actuel nécessitait l’engagement de tous de travailler ensemble.  L’ONU joue un rôle clef pour remplacer le désespoir par la prospérité, a-t-il estimé.  Il a affirmé que l’Afghanistan était fermement engagé à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), mais que des défis liés au terrorisme, entre autres, rendait la tâche difficile.  « Malgré nos efforts, les terroristes continuent d’infiltrer nos frontières et de nuire à notre population », a-t-il dit.  Pour gagner cette guerre, il faut regarder au-delà des villages afghans pour démanteler les réseaux mondiaux.  C’est un phénomène mondial qui exige la coopération des fora concernés, a fait savoir le Ministre, pour ensuite faire part de l’engagement de l’Afghanistan à lutter contre ce fléau.


M. Rassoul a ensuite indiqué qu’une jirga de la paix consultative avait été convoquée au printemps dernier afin de relancer un processus représentatif de paix et de réconciliation.  La jirga a engagé les Taliban à mettre un terme à la violence et a mis sur pied une structure pour vieller à la bonne réintégration des anciens combattants, a-t-il notamment expliqué.  Évoquant les Conférences de Londres et de Kaboul sur l’Afghanistan, il s’est dit convaincu que son gouvernement réussirait à concerter ses efforts pour lutter contre les terroristes ainsi que pour mener le programme de réforme promis par le Président Karzaï.  Il a de plus souhaité que les Forces de sécurité afghanes assument un plus grand rôle dans la sécurité du pays.  Le peuple afghan aspire à un avenir meilleur, mais le lien insidieux entre le terrorisme et le trafic de stupéfiants menace de déstabiliser la région, a-t-il dit.  Il a indiqué que des mesures supplémentaires seraient lancées pour réduire la production et la consommation de pavot.  L’Afghanistan, a-t-il ajouté, pourrait jouer un rôle clef dans le transit commercial de la région.  Il a ensuite passé en revue plusieurs accords signés entre l’Afghanistan et ses voisins dans ce domaine.  Le Ministre a ensuite eu un mot sur la Palestine et s’est dit encouragé par la reprise des pourparlers directs.


M. SAMUEL SANTOS LÓPEZ, Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, a attribué au capitalisme mondial la responsabilité des crises profondes auxquelles le monde fait face.  Les pays pauvres, a-t-il dit, peuvent démasquer ceux qui les ont conduits au bord de l’extinction par soif d’argent, de pouvoir et par égoïsme.  Le Nicaragua est opposé à la guerre comme moyen de résoudre les conflits entre États et de s’approprier les ressources de la planète.  Le Ministre a estimé que l’établissement de bases militaires sur le sol latino-américain menaçait la stabilité politique des nations.  Il y a, au contraire, une relation étroite entre désarmement et développement.  Le développement doit être centré sur l’être humain, tandis que les ressources dégagées par le désarmement doivent garantir nos objectifs nationaux de développement social.  Le Nicaragua souhaite que le monde aboutisse à un désarmement nucléaire complet dans un climat de confiance et de solidarité.  Il appuie le droit inaliénable des parties au Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  S’agissant de l’Iran, M. Santos López considère que la déclaration tripartite –Brésil, Turquie, Iran– constitue une alternative vers la paix régionale et mondiale.


Le Ministre a souligné la nécessité de démocratiser l’ordre mondial, à commencer par l’ONU et le Conseil de sécurité.  « Nous avons pris la décision historique de créer la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes »,  a-t-il indiqué, et « l’Alliance bolivarienne des peuples de nos Amériques est à l’avant-garde du processus de changement ».  Le Nicaragua s’est également joint au peuple de Porto Rico pour brandir la « bannière de son indépendance injustement violée ».  Le blocus criminel des États-Unis contre Cuba doit être levé immédiatement, a poursuivi M. Santos López, qui a en outre exprimé sa solidarité avec le peuple argentin dans sa revendication de souveraineté sur les Îles Malouines.  « Le Sommet de Copenhague sur le changement climatique nous a fait perdre notre temps », a déploré par ailleurs le Ministre.  Il a espéré que les pays arriveront unis à Cancún, au Mexique, pour parvenir à des accords qui inverseront en partie le mal, et trouver la voie pour rétablir l’équilibre entre l’homme et la planète Terre.  Évoquant la situation intolérable de centaines de millions de personnes affamées dans le monde et de la dizaine de millions d’enfants de moins de 5 ans qui meurent chaque année dans les pays en développement, M. Santos Lopez a demandé aux pays développés d’honorer leurs engagements pour mettre fin à cette souffrance.     


M. PETER SHANEL AGOVAKA, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur des Îles Salomon, a salué le travail des 400 observateurs nationaux et internationaux, qui, grâce à la coordination du Bureau des affaires politiques des Nations Unies et du PNUD, ont supervisé les élections nationales du mois dernier aux Îles Salomon.  Les recommandations de réformes électorales que ces observateurs ont proposées seront dûment prises en compte pour l’amélioration du système électoral national, a assuré le Ministre.  Il a souligné que chaque pays devait décider du type et de la forme de démocratie qu’il adopte, car « la démocratie ne peut pas être imposée ». 


C’est la raison pour laquelle les Îles Salomon préfèrent le dialogue aux sanctions et à la confrontation avec Fidji, et appuient les efforts de Fidji pour déterminer son avenir.  Rappelant la présence de la Mission d’assistance régionale aux Îles Salomon (RAMSI), qui existe depuis 7 ans, le Ministre a expliqué que le cadre de partenariat actuel favorise une plus grande cohérence et une meilleure prévisibilité de la coopération en matière de développement.  Il a cependant souligné que si les relations avec RAMSI ont permis de créer une stabilité politique et financière, les causes profondes du conflit n’ont toujours pas été réglées, notamment les questions liées à la tolérance et au respect des différentes cultures.  Le Ministre a assuré que son gouvernement était déterminé à s’occuper de ces questions. 


Abordant la menace des changements climatiques, le Ministre a insisté sur l’urgence de parvenir à un accord international juridiquement contraignant à la Conférence de Cancún.  En tant que PEID, les Îles Salomon se rallient à l’appel visant à limiter l’augmentation de la température en deçà de 1,5ºC et à réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre.  Le Ministre a rappelé que cette année, huit des petits États insulaires du Pacifique, dont les Îles Salomon, avaient décidé de coordonner la gestion et la conservation des stocks de thon.  Il a regretté que les engagements internationaux en faveur du Programme d’action de la Barbade restent décourageants alors même que la situation des PEID est de plus en plus vulnérable.


M. MICHEÁL MARTIN, Ministre des affaires étrangères de la République d’Irlande, a rappelé la nécessité de tenir les engagements pris pour protéger les plus vulnérables des effets de la récession actuelle.  Il est impératif, a-t-il dit, que les pays développés et ceux en développement mènent un examen rigoureux des actions qui ont véritablement contribué à la lutte contre la pauvreté.  Nous avons besoin de nous concentrer plus clairement sur les secteurs clefs, a déclaré le Ministre, qui a également appelé à ce qu’une action ferme soit entreprise contre la menace du changement climatique.


M. Martin a d’autre part mis l’accent sur la nécessité d’une réforme des Nations Unies, en particulier celle du Conseil de sécurité, afin que les structures de ce dernier reflètent les objectifs et les réalités du XXIe siècle.  Le système régissant la répartition des dépenses doit refléter le principe de la capacité de payer, a-t-il ajouté.


S’agissant du processus de paix dans le Moyen-Orient, l’expérience de l’Irlande du Nord a montré que le progrès politique ne peut se faire qu’à travers le dialogue, a déclaré M. Martin.  Une grande modération pendant la durée des pourparlers serait un modeste prix à payer pour une paix durable, a dit le Ministre, qui a déploré la décision israélienne de ne pas proroger le moratorium sur les colonies de peuplement.  Nous ne devons pas oublier le sort de Gaza, où les conditions de vie sont simplement inacceptables.  Le travail vital de relèvement et de reconstruction doit être facilité, ainsi que les exportations de Gaza, a dit M. Martin. 


Le Ministre irlandais a exprimé son inquiétude en l’absence de progrès sur la question du programme nucléaire iranien.  Il a appelé le Gouvernement iranien à se conformer aux conditions clairement énoncées dans de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).


M. Martin a enfin exprimé l’espoir que toutes les parties soudanaises continueront d’apporter leur soutien aux efforts des Nations Unies et de l’Union africaine au Darfour.  Il a également appelé pour une libération immédiate et sans condition d’Aung San Suu Kyi en Birmanie.


M. MAMADOU TANGARA, Ministre des affaires étrangères de la Gambie, de la coopération internationale et des Gambiens de l’extérieur, a déclaré qu’en l’absence d’actions pour mettre en œuvre une réforme des Nations Unies, la légitimité des actions de cette organisation était en question.  Il est temps d’arrêter de consigner l’Afrique à un statut de seconde classe, a-t-il dit, appelant à une redéfinition des rôles de l’Afrique et de l’Asie sur une base d’équité et de justice, et non pas en fonction de la puissance économique ou militaire.  Les Nations Unies ont été créées pour unifier le monde, non pour le diviser, a dit M. Tangara.  Le droit pénal international et ses institutions ont un rôle crucial à jouer dans un monde où dominent l’abus de pouvoir et la violation des droits de l’homme par le biais de guerres illégitimes et autres formes d’intervention excessive.  Le représentant gambien a demandé à ce que les sanctions imposées par le Conseil de sécurité, qui ont un effet négatif sur les vies et le bien-être de personnes innocentes, soient levées immédiatement.


L’Afrique a été un perpétuel objet d’exploitation, de marginalisation et d’humiliation, a poursuivi le Ministre, et des tentatives sont constamment faites pour tromper le peuple africain et lui faire accepter des concepts étrangers à sa culture politique.  Le concept de gouvernance mondiale doit aller au-delà des systèmes politiques pour englober les stratégies employées pour contrôler les pays fragiles.  La bonne gouvernance doit imprégner les structures financières telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), a déclaré M. Tangara.  Le Ministre a observé que l’Afrique de l’Ouest était la cible des trafiquants de drogues, qui tiennent certains États de la région pratiquement en otage.  Les dangers des narcotiques transcendent les frontières, et les Forces de sécurité de la Gambie sont fermement engagées dans ce combat.  M. Tangara s’est par ailleurs élevé contre l’islamophobie, et a mis en garde l’Occident contre les actions d’une petite minorité qui maltraitent le Coran et menacent même de le brûler.  Le représentant gambien a enfin plaidé en faveur de l’admission de la République de Chine (Taiwan), qui contribue immensément à la communauté internationale à travers le commerce, l’investissement, le transport aérien, la finance, la technologie et la protection de l’environnement.  Il a également appelé à la fin de l’embargo américain contre Cuba.


M. MANUEL SALVADOR DOS RAMOS, Ministre des affaires étrangères et des communautés de Sao Tomé-et-Principe, a appelé au renforcement du rôle des Nations Unies en matière de prévention et de règlement des conflits, de promotion de la paix et de l’appui au développement.  Cela suppose, selon lui, une réforme du Conseil de sécurité.  Le Ministre a engagé la communauté internationale à faire pression sur les parties concernées par le conflit au Sahara occidental à poursuivre sur la voie du dialogue.  Il a également souligné que le conflit israélo-palestinien représentait potentiellement un risque d’embrasement pour tout le Moyen-Orient et une menace à la paix et la sécurité mondiales.  À cet égard, son pays encourage la reprise récente du dialogue entre Palestiniens et Israéliens, et salue l’engagement personnel du Président américain Barack Obama en vue de trouver une solution permanente à ce conflit.  En tant que pays disposant d’un long littoral, Sao Tomé-et-Principe est directement concerné par les nouvelles menaces internationales comme la piraterie, le crime transnational et le trafic de drogues.  Par conséquent, le pays accorde un intérêt particulier aux organisations régionales et aux mécanismes de prévention et de gestion des conflits pour assurer la paix et la sécurité en Afrique centrale. 


En tant que petit État insulaire en développement, Sao Tomé-et-Principe milite en faveur d’un nouvel accord sur le commerce international équitable et pour la signature d’une Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Il a également appelé à un esprit nouveau de partenariat en matière de développement, et à des efforts renouvelés en termes d’aide publique au développement.  Le Ministre a rappelé que son pays avait enregistré des progrès notables en termes d’éducation et de santé, y compris une baisse de la mortalité infantile et de la prévalence du VIH/sida et du paludisme.  Il a cependant reconnu que beaucoup restait à faire pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Pour avoir d’ores et déjà subi les conséquences néfastes des changements climatiques sur la production agricole et, partant, sur la sécurité alimentaire, le Gouvernement de Sao Tomé-et-Principe espère pouvoir compter sur la collaboration de la communauté internationale et des organismes spécialisés des Nations Unies, a-t-il déclaré. 


M. ANTOINE GAMBI, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et de la francophonie de la République centrafricaine, a noté qu’aux conflits armés touchant pratiquement tous les continents venaient s’ajouter les crises alimentaire, énergétique et financière qui, a-t-il dit, rendant de plus en plus précaire la vie des populations les plus vulnérables.  Il s’est dit convaincu que la prévention des conflits et leur règlement par des moyens pacifiques constituaient le gage le plus sûr pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le Ministre a estimé que la coopération internationale de lutte contre la faim devait privilégier une approche fondée sur le soutien à l’agriculture, en lieu et place de l’assistance alimentaire qui ne devrait répondre que de manière ponctuelle à des circonstances exceptionnelles.  M. Gambi a précisé que dans son pays, 72% des personnes pauvres et souffrant de la faim vivaient dans les zones rurales où l’agriculture joue un rôle primordial.  Le Ministre a fait savoir que le taux de scolarisation au primaire était de 55% dans son pays et, il a invité les partenaires au développement à soutenir le plan de développement de la République centrafricaine.


M. Gambi a plaidé pour une pleine représentation de l’Afrique dans les organes de prise de décision et plus particulièrement au Conseil de sécurité.  Il a ajouté que toute réforme viable au Conseil de sécurité devait prendre en compte le poids politique et numérique de l’Afrique à l’Assemblée générale.  S’agissant de son pays, le Ministre a noté que le programme de désarmement des ex-combattants connaissait des avancées appréciables dans la partie nord-ouest et au centre du territoire.  Néanmoins, la sécurité reste un problème dans le nord-est du fait du conflit du Darfour, tandis que le sud-est est aussi victime de l’incursion des rebelles ougandais de l’Armée de résistance du seigneur (LRA).  Cette situation entraîne des déplacements de populations des campagnes vers les centres urbains, a noté M. Gambi.  Il a aussi rappelé que le mandat de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) arrivait à terme le 31 décembre 2010, lançant ainsi un appel à la communauté internationale en vue d’une assistance dans le cadre du renforcement des capacités opérationnelles des Forces armées centrafricaines, qui devront prendre le relais pour assurer le maintien de la paix et de la sécurité dans le pays.


M. MOHAMED BOLKIAH, Ministre des affaires étrangères et du commerce de Brunei Darussalam, a déclaré que la sécurité, le progrès et le développement relèvent de la responsabilité individuelle des pays.  Toutefois, a-t-il souligné, le débat de l’Assemblée générale sur les OMD a démontré que de nombreux enjeux auxquels font face les pays vont au-delà de la sphère nationale voire régionale.  Nous avons besoin d’aide et de compétences et c’est ce que les Nations Unies nous offrent, s’est-il réjoui, en se félicitant particulièrement de l’aide de l’Organisation mondiale de la santé pendant l’épidémie de grippe A H1N1.  Sans les fonds et programmes, le rôle de l’ONU dans la gouvernance globale serait au mieux une idée ou des mots creux. 


M. OLDEMIRO MARQUES BALÓI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, a expliqué que grâce à sa stabilité politique, le Mozambique avait entamé une reforme globale de son service public et du processus de décentralisation de son administration.  Cette stabilité sociopolitique, cumulée à une bonne gestion macroéconomique, et soutenue par une législation en matière d’investissements attractive, a contribué à la mise en place de conditions appropriées pour la promotion de la croissance économique et le développement durable, a-t-il souligné.  La lutte contre la pauvreté, a-t-il insisté, exige de s’attaquer simultanément aux autres défis que représentent les changements climatiques, la crise énergétique et l’insécurité alimentaire, qui touchent particulièrement les pays en développement.  Faire face aux changements climatiques doit continuellement être une priorité, et la question doit être abordée de façon globale, aux niveaux national, régional et international, a-t-il maintenu.  Les États d’Afrique subsaharienne touchés par les effets de ces changements climatiques ne possèdent pas les ressources financières requises pour entreprendre les mesures d’atténuation des effets des changements climatiques, a souligné le Ministre, avant de réaffirmer l’engagement de son pays à travailler de façon concertée avec les partenaires internationaux et l’ONU sur cette question.


M. Balói a également souligné la nécessité de renforcer le rôle de l’ONU en matière de gouvernance mondiale, en lui octroyant les ressources adéquates et l’autorité appropriée à sa responsabilité mondiale qui est de trouver des réponses aux besoins planétaires croissants.  C’est dans ce contexte qu’il a plaidé pour la mise à disposition de ressources et de l’autorité suffisante à l’Assemblée générale de l’ONU, afin de lui permettre d’assumer ses responsabilités au nom de la communauté internationale.  De même, a-t-il souhaité l’octroi de sièges permanents au Conseil de sécurité à l’Afrique.  Il a conclu en défendant la nécessité de trouver une solution durable au problème du Sahara occidental.


M. BHIM BAHADUR RAWAL, Ministre des affaires intérieures du Gouvernement du Népal, a déclaré que les engagements exprimés par les leaders la semaine dernière ont fait renaître l’espoir que le monde sera différent en 2015.  Il a également souhaité que la réforme des Nations Unies sera poursuivie de façon systématique afin d’améliorer la stature mondiale de l’Organisation.  Les réalités du monde contemporain exigent un changement dans la composition et les méthodes de travail du Conseil de sécurité, a ajouté le représentant népalais, qui s’est également prononcé en faveur d’un plus grand rôle pour le Conseil économique et social.  Il a présenté la candidature du conseiller de son Premier Ministre pour le processus de paix et les affaires internationales à la présidence de la soixantième-sixième session de l’Assemblée générale. 


Évoquant le cas du Pakistan voisin, qui a souffert des pertes tragiques à la suite des inondations récentes, ainsi que celui d’Haïti, M. Rawal a affirmé que le changement climatique représentait une menace multidimensionnelle contre l’écologie mondiale et la civilisation humaine.  Le Népal, qui fait partie des pays les moins avancés (PMA) et qui, de surcroît, est dépourvu de littoral, est extrêmement vulnérable au changement climatique, a-t-il dit.  Le réchauffement climatique a accéléré la fonte des neiges dans l’Himalaya népalais et deux douzaines de lacs peuvent rompre à tout moment, infligeant des pertes énormes. Les pays comme le Népal ont un impact minimal sur le changement climatique, mais ils en subissent les conséquences de façon disproportionnée.  Nous ne pouvons pas attendre éternellement, a dit le Ministre. 


M. Rawal a constaté que les réponses internationales aux besoins et problèmes des PMA ont eu un succès limité.  Les PMA sont à la traîne quand il s’agit des objectifs liés au développement.  Ces problèmes ne peuvent être surmontés sans un nouveau partenariat mondial pour le développement. Les Nations Unies accueilleront la quatrième Conférence sur les PMA à Istanbul l’an prochain, a rappelé le représentant, qui a souhaité que la conférence débouche sur des résultats concrets.  


Le Népal est en train de traverser une période de transition ardue, a noté M. Rawal.  Nous avons fait un long chemin depuis juin 2006, lors du début du processus de paix.  La prochaine étape importante sera l’établissement d’une nouvelle constitution pour la jeune république, a dit le Ministre, qui a informé l’Assemblée d’un accord entre le Gouvernement et le Parti communiste du Népal (maoïste) pour compléter le processus d’intégration et de réhabilitation des ex-combattants maoïstes.


M. Rawal a enfin fait part des efforts en cours pour relancer l’économie, en particulier la célébration de l’année du tourisme népalais en 2011.  Le Népal espère mettre en place des mesures de relance ambitieuses, avec le soutien de la communauté internationale.


M. KALOMBO MWANSA, Envoyé spécial du Président et Ministre de la défense de la Zambie, s’est félicité de la tenue du Sommet sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et a invité les partenaires au développement à honorer leurs engagements afin que les objectifs fixés pour 2015 soient atteints dans les temps.  Il a expliqué que certaines des mesures prises par son pays pour combattre la faim et la pauvreté avaient permis à des familles paysannes pauvres d’améliorer leur productivité et a annoncé que la récolte de maïs, principale production du pays, avait atteint cet année un niveau record, qui devrait permettre d’assurer la sécurité alimentaire et d’augmenter les revenus des agriculteurs.


Toutefois, a averti le Ministre, les conséquences du changement climatique représentent des menaces graves pour l’agriculture et la production alimentaire en général ».  Selon lui, le débat sur le changement climatique ne doit pas perdre de vue la nécessité d’aider des pays en développement comme la Zambie à se doter de capacités nationales.  Sans cette assistance, la Zambie  continuera de connaître la faim et la pauvreté, a affirmé M. Mwansa.  Il s’est également dit inquiet de la perte de biodiversité, mais a estimé que celle-ci ne pourrait être préservée que si chacun renforçait ses efforts pour atteindre les OMD et les autres objectifs de développement internationalement agréés.


Le Ministre a en outre estimé que le commerce illicite des armes légères menaçait la sécurité et retardait le développement socioéconomique.  La Zambie plaide donc en faveur d’un traité international fort et contraignant sur le commerce des armes et apporte tout son appui à la convocation d’une conférence des Nations Unies en 2012 pour adopter une convention en ce sens.  La Zambie souhaite par ailleurs une réforme du Conseil de sécurité qui permette à l’Afrique de disposer d’au moins deux postes permanents.  Par ailleurs, il a appelé la communauté internationale à fournir une assistance financière à son pays pour lui permettre d’assumer ses responsabilités et de fournir des servies de base aux réfugiés.  Il a en outre appelé l’attention sur le sort du nombre croissant de personnes déplacées, notamment en Afrique.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée réaffirme son soutien à la Stratégie de Maurice pour les petits États insulaires en développement

AG/11002-ENV/DEV/1163

L’Assemblée réaffirme son soutien à la Stratégie de Maurice pour les petits États insulaires en développement

25/09/2010
Assemblée généraleAG/11002
ENV/DEV/1163
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-cinquième session

18e séance plénière – après-midi


L’ASSEMBLÉE RÉAFFIRME SON SOUTIEN À LA STRATÉGIE DE MAURICE POUR LES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN DÉVELOPPEMENT


L’Assemblée générale a adopté, ce soir, le Document final* de la Réunion de haut niveau sur l’examen quinquennal de la Stratégie de Maurice, qui réaffirme la résolution des États Membres à soutenir les efforts de développement durable que déploient les petits États insulaires en développement (PEID).


L’Assemblée clôturait ainsi une Réunion qu’elle avait entamée hier matin, et au cours de laquelle elle aura entendu une quinzaine d’orateurs, dont sept chefs d’État et de gouvernement, et organisé deux tables rondes thématiques et un dialogue interactif sur des questions essentielles pour les PEID. 


Le Président de la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale, M. Joseph Deiss (Suisse), s’est félicité de l’adoption sans vote de ce Document, qui consacre, selon lui, une vision où « le bien-être de tous est dépendant du bien-être de chacun ».


Si des progrès substantiels ont été accomplis dans la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice, qui est directement liée à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a estimé la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Asha-Rose Migiro, il faut cependant « des efforts renouvelés pour tenir les promesses et les engagements pris au cours des dernières années ».


Adoptée en 2005, la Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement énonce des mesures dans 19 domaines prioritaires, y compris les thèmes initialement proposés dans le Programme d’action de la Barbade.


Le Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement, adopté à la Barbade en 1994, mettait en lumière les difficultés particulières qui ont gravement entravé le développement socioéconomique de ces pays.  Le Programme d’action de la Barbade a traduit Action 21  en mesures concrètes visant à permettre aux petits États insulaires en développement de parvenir à un développement durable.


Plusieurs priorités ont été identifiées lors de la Réunion de haut niveau.  L’une d’entre elles est de « définir des objectifs et des indicateurs mesurables et de renforcer les capacités de collecte de données et d’analyse », a précisé Mme Migiro, qui a également souligné l’importance d’augmenter les ressources disponibles pour les PEID.


Pendant ces deux jours, les orateurs ont également mis l’accent sur la nécessité de « renforcer les partenariats stratégiques et les mécanismes de surveillance et de coordination, en particulier au niveau régional et au sein du système des Nations Unies, comme par exemple le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement et de la Commission du développement durable ».  Le renforcement de la coopération Sud-Sud, y compris entre PEID, est une autre piste à privilégier, a indiqué Mme Migiro.


Hier, lors de l’ouverture de la Réunion de haut niveau, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, avait plaidé pour une augmentation de l’aide en faveur des PEID, dont les vulnérabilités, avait-il dit, sont «  uniques et particulières ». 


L’Assemblée générale a donc exhortéla communauté internationale à « continuer d’appuyer les effortsque déploient les petits États insulaires en développement pour améliorer laproduction, la productivité et la viabilité agricoles et faire de la sécurité alimentaireune priorité ».


« Eu égard à la situation économique mondiale actuelle », les partenaires de développement sont, de même, invités à « continuer d’accorder l’attention voulue aux vulnérabilités propres aux petits États insulaires en développement ».


Les États Membres ont également exhorté les institutions financières internationales à « continuer de tenir compte des particularités de la situation et des vulnérabilités de chaque petit État insulaire en développement afin que chacun ait l’accès voulu aux ressources financières, notamment à des prêts à des conditions de faveur destinés à des investissements dans le développement durable.


Dans son Document final, l’Assemblée générale constate en outre que les PEID ont « intégré les principes de développement durable dans leurs stratégies nationales, par exemple en sensibilisant le public à leur importance, en créant des zones protégées (marines, côtières et terrestres), en jouant résolument un rôle moteur dans la protection de la biodiversité et en adoptant des stratégies de promotion des énergies renouvelables ».


Mais, en dépit de ces efforts, « ces pays continuent de rencontrer des obstacles liés à leurs vulnérabilités spécifiques et ont obtenu des résultats inégaux quant aux Objectifs du Millénaire pour le développement », souligne le Document. 


« La plupart d’entre eux sont handicapés, dans leurs efforts de développement durable, par leur petite taille, leur éloignement géographique, le caractère limité de leurs ressources et de leurs exportations et les conséquences qu’ont pour eux des problèmes environnementaux mondiaux », tels que les changements climatiques et l’élévation du niveau de la mer.


Aussi la communauté internationale est-elle invitée « à continuer de renforcer son appui à l’élaboration et l’application des stratégies nationales d’atténuation des effets des changements climatiques et d’adaptation des PEID, ainsi qu’à trouver des sources de financement spéciales, en œuvrant au renforcement des capacités et en transférant des technologies » permettant de faire face à ce phénomène.


La Réunion de haut niveau a été également rythmée par deux tables rondes et un dialogue interactif, auxquels ont participé des dirigeants d’États Membres, des Ministres, des représentants des Nations Unies et d’organisations régionales, notamment des groupements de petits États insulaires. 


Au cours de la première Table ronde, intitulée, « Réduire la vulnérabilité et renforcer la résilience des petits États insulaires en développement », les participants ont fait observer que la vulnérabilité des PEID devait être pleinement reconnue pour ce qu’elle était par la communauté internationale, là aussi invitée à renforcer l’assistance qu’elle prête à ces pays.


C’est ce même thème, celui du renforcement de l’appui au PEID, qui a été approfondi aujourd’hui lors d’une seconde Table ronde, qui a fait ressortir l’importance pour les pays donateurs non seulement de concrétiser leurs promesses de contributions, mais aussi d’aligner leur aide sur les priorités nationales de développement des pays récipiendaires.  Dans ce contexte, les participants ont également réfléchi aux moyens pour ces pays d’attirer les investisseurs.


Enfin, au cours d’un dialogue interactif sur les « perspectives transrégionales », les intervenants ont estimé que le développement de la coopération Sud-Sud pourrait constituer un substitut à l’effondrement du pouvoir d’achat des pays développés, qui a frappé de plein fouet les PEID au moment de la crise économique et financière.

* A/65/L.2


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: la bonne gouvernance et l’avènement d’un véritable multilatéralisme impliquent une réforme de l’ONU et du Conseil de sécurité

AG/11001

Assemblée générale: la bonne gouvernance et l’avènement d’un véritable multilatéralisme impliquent une réforme de l’ONU et du Conseil de sécurité

25/09/2010
Assemblée généraleAG/11001
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-cinquième session

16e et 17e séances plénières – matin et après-midi


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: LA BONNE GOUVERNANCE ET l’AVÈNEMENT D’UN VÉRITABLE MULTILATÉRALISME IMPLIQUENT UNE RÉFORME DE L’ONU ET DU CONSEIL DE SÉCURITÉ


Le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, s’engage à exercer tous ses efforts pour un accord de paix israélo-palestinien d’ici à un an


« La bonne gouvernance passe par une véritable réforme des Nations Unies, dont l’élargissement de la composition du Conseil de sécurité, afin de permettre une meilleure représentation de l’Amérique latine, de l’Asie, de l’Afrique et des pays les plus démunis », ont insisté la plupart des 28 délégations intervenues aujourd’hui, à l’occasion de la troisième journée du débat général de la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale, qui a pour thème cette année la gouvernance mondiale. 


De nombreux États Membres, actuellement en conflit ou sortis d’un conflit, ont rappelé que malgré la multitude des défis, la paix et la bonne gouvernance demeuraient « le meilleur allié du développement ».


Pour assurer la bonne gouvernance, le Président de la République tchèque, M. Václav Klaus; les Premiers Ministres des Pays-Bas, M. Jan Peter Balkenende, et du Portugal, M. José Socrates; ainsi que les Ministres des affaires étrangères de l’Allemagne, M. Guido Westerwelle; de l’Italie, M. Franco Frattini; de l’Espagne, M. Miguel Ángel Moratinos et de l’Autriche, M. Michael Spindelegger; ont reconnu qu’il était nécessaire d’adapter la structure et la composition des organes principaux de l’ONU aux réalités contemporaines. 


Les pays qui cherchent à exercer une influence doivent, avant tout, s’acquitter de leurs obligations financières, politiques et en matière de droits de l’homme, a insisté le Premier Ministre des Pays-Bas.


Plusieurs délégations ont salué la déclaration faite par le Président des États-Unis, M. Barack Obama, devant l’Assemblée générale, le 23 septembre, qui envisage la possibilité de voir, dès l’année prochaine, siéger à l’Assemblée générale: « un État palestinien indépendant et souverain vivant en paix avec Israël ».  Alors qu’il s’est engagé à « exercer tous ses efforts pour un accord de paix israélo-palestinien d’ici à un an », M. Mahmoud Abbas, Président de l’Autorité palestinienne, a prévenu qu’« Israël devrait choisir entre la paix et l’expansion de ses colonies de peuplement ».  Cette déclaration intervient alors que le moratoire israélien sur la construction des colonies en Cisjordanie arrive à son terme demain. 


M. Ahmed Aboul Gheit, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a estimé, pour sa part, que la reprise des négociations entre Palestiniens et Israéliens représente « une occasion importante qui ne doit pas nous échapper ».  La partie israélienne, a-t-il dit, doit réaliser que les négociations ne sont pas une fin en soi.


Certains intervenants, à l’instar de M. Guido Westerwelle, Ministre allemand des affaires étrangères, ont plaidé pour l’établissement d’une zone exempte d’armes de destruction massive et d’armes nucléaires au Proche-Orient.  S’ils ont estimé que chaque pays a le droit d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, ils ont toutefois émis des doutes sur la nature civile du programme iranien.  Prenant à son tour la parole, le Ministre intérimaire des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée, M. Shin Kak-soo, a jugé impératif de renforcer les régimes de non-prolifération. 


Trois anciens pays de l’ex-Yougoslavie, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine et la Slovénie ont salué l’adoption, il y a quelques semaines par l’Assemblée générale, d’une résolution portant sur l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur la déclaration d’indépendance du Kosovo et qui ouvre la voie à un dialogue facilité par l’Union européenne. 


Toutefois, M. Boris Tadić, Président de la Serbie, a défini la « sécession unilatérale » comme une violation des principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies.  Si M. Haris Silajdžić, Président du collège présidentiel de la Bosnie-Herzégovine a fustigé les « disciples nostalgiques de Milosević, Karadzić et Ratko Mladić, qui appellent à la sécession d’une région de son pays », le Premier Ministre slovène a présenté l’intégration euro-atlantique de l’ensemble de la région des Balkans occidentaux comme le meilleur moyen d’assurer la stabilité de cette partie de l’Europe.


Dans le domaine des changements climatiques, le Président des Îles Marshall, M. Jurelang Zedkaia, le Président du Suriname, M. Desiré Delano Bouterse, et le Président de Dominique, M. Nicholas Joseph Orville Liverpool, ont estimé que la survie de leur pays respectif dépendait des résultats de la prochaine Conférence sur les changements climatiques, qui se tiendra à Cancún, au Mexique, à la fin de l’année. 


Le Premier Ministre des Pays-Bas a déclaré qu’il était inacceptable que le Président Al-Bachir du Soudan, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, circule librement dans un pays partie au Statut de la Cour pénale internationale (CPI).


Réagissant à ces commentaires, la délégation du Soudan a exercé son droit de réponse.


L’Assemblée générale poursuivra son débat général lundi, 27 septembre, à 9 heures.


Suite du débat général


M. JURELANG ZEDKAIA, Président des Îles Marshall, a rappelé que son plat pays était un archipel étroit, à un mètre au-dessus de l’océan.  Il est temps d’agir contre les changements climatiques dont les conséquences sont incalculables.  L’engagement mondial pris à Copenhague est confronté à un test essentiel, a-t-il souligné.  Le Président a demandé qu’à la Conférence de Cancún prévue à la fin de l’année, les États établissent une confiance politique grâce à un système de financement rapide pour transformer les engagements en résultats.  « Nous ne pouvons pas nous laisser dépasser », a-t-il insisté.


Les plus vulnérables doivent assurer la direction de ce processus en présentant leur accord et en s’engageant sur la voie d’actions réelles et ambitieuses.  Le Gouvernement des Îles Marshall a établi un nouveau plan de lutte contre les changements climatiques pour réduire ses émissions de 40% d’ici à 2020 et a adopté des mesures concrètes pour garantir la croissance des communautés locales qui doivent être protégées de l’impact du climat.  M. Zedkaia a souligné la nécessité de réduire les risques à long terme pour la sécurité et la souveraineté de son pays et d’envisager des options pour protéger les droits politiques de sa population si la terre devient inutilisable face à l’élévation du niveau de la mer.


Les Îles Marshall sont une grande nation océanique avec une zone économique exclusive qui couvre plus de 2 millions de mètres  carrés.  En sa qualité de Président en exercice du Groupe des États parties à l’Accord de Nauru, M. Zedkaia s’est adressé à l’Assemblée générale au nom d’un bloc politique uni chargé de maintenir l’avenir des régions occidentale et centrale de l’océan Pacifique, la plus importante zone de pêche au thon au monde.  S’engageant à faire cesser l’utilisation mondiale illimitée de ses ressources, il a jugé inacceptable le statu quo de la pêche qui en menace la viabilité.  « Nous ne réalisons qu’une toute petite fraction d’une industrie qui représente des milliards de dollars et nous avons besoin d’un appui politique et d’un partenariat économique pour que nos bénéfices augmentent. »


Les Nations Unies doivent refléter la dynamique moderne du XXIe siècle et le Conseil de sécurité doit être restructuré, a poursuivi le Président.  Il faut faire en sorte que l’Afrique et les petits États, y compris les petits États insulaires, fassent mieux connaître leur voix.  Par ailleurs, le Président des Îles Marshall a déclaré que son pays avait une raison unique de rechercher un monde sans armes nucléaires.  Quand les Îles Marshall étaient un territoire sous tutelle des Nations Unies, elles ont subi 67 essais nucléaires à grande surface réalisés en 1954 et en 1956.  Aucun peuple ne devrait être obligé de supporter ce fardeau, a-t-il dit.  Soulignant l’impact de ces essais sur la santé des générations qui ont suivi, M. Zedkaia a souhaité une attention accrue de la part des Nations Unies et des institutions multilatérales.  Il a salué à cet égard les efforts du Forum des Îles du Pacifique et du Mouvement des pays non alignés pour que, lors de la prochaine Conférence des Parties chargée de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), la question des sites contaminés par les essais nucléaires soit traitée.


M. Nicholas Joseph Orville Liverpool, Président de Dominique, a déclaré que de grandes opportunités et des défis importants se présentent à l’humanité pour cette deuxième décennie du Millénaire.  Il a insisté sur les engagements des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), soulignant le lien qui existe, d’une part, entre le développement financier, social et économique et, d’autre part, l’utilisation durable des ressources naturelles.  Il a suggéré une accélération des efforts pour atteindre les engagements des OMD dans 5 ans, rappelant le rôle des pays développés et le renforcement d’une coopération Sud-Sud.


Évoquant le phénomène des changements climatiques, le Président Orville Liverpool a souligné que les États des Caraïbes et les petits États insulaires en développement (PEID) sont très vulnérables du fait de l’augmentation des ouragans, de la sécheresse, des inondations, de la destruction du littoral et de la montée du niveau des mers.  Les changements climatiques constituent une grave menace pour les pays en développement et freinent leurs efforts visant à atteindre les OMD, a-t-il ajouté, regrettant l’échec de la Conférence de Copenhague et le manque de consensus de la communauté internationale.  Il a toutefois réitéré son soutien de la Conférence de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en tant que forum international pour trouver une réponse aux changements climatiques.


En matière de paix et de sécurité, M. Orville Liverpool a insisté sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Il s’est également dit préoccupé par l’augmentation du commerce illicite des armes légères et de petit calibre dans la région des Caraïbes.  Un commerce qui est alimenté par le trafic de drogues et la demande des pays du Nord pour la production de drogues venant des pays du Sud, a-t-il fait remarquer.  Il a aussi rappelé l’importance de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme radical.  Le Président de Dominique a lancé un appel à la communauté internationale pour la reconstruction de la « Nation sœur » d’Haïti après le séisme de janvier 2010.  S’agissant de Cuba, il a demandé aux États-Unis de mettre fin à son blocus économique contre le peuple et la République de Cuba.  Tous ces défis rappellent l’importance du multilatéralisme, a-t-il dit.  Face au monde d’aujourd’hui, qui est de plus en plus interconnecté, « les Nations Unies possèdent un rôle central dans la gouvernance mondiale », a-t-il conclu.


SA MAJESTÉ MSWATI III, Roi du Swaziland, a déclaré qu’il était urgent pour l’ONU de procéder à une réforme profonde qui lui permette de faire face à un monde en pleine évolution et aux nouveaux défis.  Le continent africain, a-t-il ajouté, est résolu à résoudre tous les conflits par le dialogue.  Il a fait remarquer que la coordination et la coopération entre l’Union africaine et les autres blocs régionaux commençaient à porter leurs fruits.  Alors que l’Union africaine a déclaré 2010, « Année de la paix », il faut s’assurer que tous les auteurs de coups, qui sont responsables de guerres civiles et des conflits, soient traités comme il se doit.  Le Swaziland est fier d’être un pays pacifique, a-t-il dit, en rappelant que la paix est le meilleur allié du développement.  Le Rois Mswati III s’est inquiété de la persistance de conflits à Madagascar, en Somalie, au Darfour, au Moyen-Orient et en Afghanistan, en appelant à la restauration de la paix dans toutes les zones en conflit.  Il s’est félicité des efforts de compréhension entre la République de Chine à Taiwan et la République populaire de Chine, qui ont permis d’établir entre eux plus d’échanges commerciaux et autres.  Il s’est dit heureux de constater que Taiwan ait été autorisé à participer en tant qu’observateur aux travaux de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).  Il a espéré que cette évolution permettra à Taiwan de participer aussi aux travaux d’autres organismes des Nations Unies.


Tout en soulignant l’importance de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, le Roi Mswati III s’est dit par ailleurs préoccupé par les risques de prolifération nucléaire. Il a regretté que les efforts visant à assurer la mise en œuvre des résolutions de l’ONU en matière de désarmement nucléaire soient menacés en raison de la position de certaines parties.  L’ONU ne doit pas compromettre la mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a-t-il dit, en souhaitant que toutes les parties, sans exception, en respectent les dispositions.  Il a jugé essentiel l’élimination de toutes les armes de destruction massive en raison des menaces qu’elles présentent pour l’avenir.  Il a déclaré que le Swaziland attendait beaucoup de la Conférence sur les changements climatiques qui se tiendra à Cancún, au Mexique, à la fin de l’année.  Il a espéré que cette Conférence se traduira par un accord acceptable par tous.  Le Roi Mswati III s’est félicité que les pays développés aient ouvert leurs marchés à certains produits des pays en développement.  Il a espéré une conclusion rapide des négociations commerciales de Doha qui permettraient de stimuler les échanges commerciaux et le relèvement économique du monde en développement.  Il a assuré que le Royaume du Swaziland continuait de promouvoir l’égalité dans tous les domaines de son économie.  Il a salué la mise en place de la nouvelle entité de l’ONU consacrée aux femmes.  Les femmes, a-t-il affirmé, jouent un rôle clef en matière de développement économique, social et politique.  En conclusion, il a estimé important de trouver des solutions durables à tous les défis qui incluent la pauvreté, le chômage, les maladies et le réchauffement climatique.  Le principal défi, a-t-il insisté, est de faire la paix entre toutes les nations.


M. Boris TadiĆ, Président de la Serbie, a remercié l’Assemblée générale d’avoir joué un rôle essentiel dans le processus de réconciliation de sa région et dans la consolidation de la Serbie moderne.  Dans un monde confronté à tant de menaces nouvelles, a-t-il poursuivi, les Nations Unies doivent constamment répondre à ces nouveaux défis.  Le Président serbe a rappelé que l’Assemblée générale avait adopté, il y a quelques semaines, une résolution sur le Kosovo, présentée par la Serbie avec le soutien des 27 pays de l’Union européenne.  La résolution, qui a été adoptée sans vote, a été soumise après la publication de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice à La Haye sur la légalité de l’indépendance unilatéralement proclamée par le Kosovo.  La résolution salue la disposition de l’Union européenne à faciliter le dialogue entre les deux parties et il a exprimé l’attente que l’adoption de ce document crée les conditions pour le dialogue des Serbes et des Albanais, a-t-il ajouté.


M. Tadić a insisté sur le fait que la Serbie a toujours considéré la sécession unilatérale comme une violation des principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies, de l’Acte final d'Helsinki, et de la résolution 1244, adoptée en 1999 par le Conseil de sécurité.  Une grande majorité d’États Membres de l’ONU n’ont pas encore reconnu l’indépendance du Kosovo.  « La position de la Serbie reste inchangée.  La déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo ne sera pas reconnue implicitement ou explicitement », a-t-il insisté.


Le Président de la Serbie s’est toutefois montré ouvert à un dialogue dans un climat de confiance qui doit être facilité par le rôle de l’Assemblée générale et de l’Union européenne.  « Les deux parties vont bientôt discuter ensemble pour la première fois depuis de nombreuses années », a-t-il ajouté, la Serbie est à la recherche constante de la « réconciliation régionale ».  L’Assemblée nationale de Serbie a adopté une déclaration condamnant la mort de milliers d'hommes et d'adolescents musulmans par des Serbes de Bosnie à Srebrenica en 1995.  « Un tel geste démontre la maturité de la démocratie en Serbie », a-t-il affirmé.  Le Président Tadić a souligné que la criminalité organisée constitue le principal problème auquel son pays et l’ensemble des Balkans sont confrontés, a-t-il estimé.  Ces trafiquants apportent la drogue, les armes, le trafic d'êtres humains et la corruption au sein de nos sociétés.  L'Europe est engagée dans une course contre la montre face à ce phénomène, a-t-il dit.  Avant de conclure, M. Tadić a insisté sur l’importance d’atteindre les engagements des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en rappelant la contribution de la Serbie.


M. DESIRE DELANO BOUTERSE, Président du Suriname, a souligné la nécessité de trouver un bon équilibre entre la pleine reconnaissance de la souveraineté des États Membres des Nations Unies et le besoin d’une gouvernance mondiale pour les problèmes qui menacent la survie même de notre planète et de ses habitants.  « Mais nous en sommes encore loin. »  Pour cela, il faut que les États s’abstiennent de recourir à la force militaire et/ou à des mesures de coercition économique.  À cet égard, le Suriname demande la fin de l’embargo économique, commercial et financier unilatéral imposé à Cuba.


Le Président a promis que personne ne sera laissé pour compte dans le développement de la nation.  Il s’est engagé à accorder une importance particulière aux populations autochtones et aux communautés tribales pour rompre le cycle de leur isolement et améliorer leur qualité de vie.  Dans tous les secteurs de l’économie et de la société, la croissance du Suriname a décliné et c’est pourquoi « nous avons besoin d’une nouvelle vision audacieuse pour donner au peuple ce à quoi il a droit en tant que copropriétaire de ce pays qui recèle tant de richesses ».


Le Suriname doit surmonter deux énormes défis qui hantent la destinée de son peuple depuis la colonisation, a souligné M. Bouterse.  Il faut démanteler tous les reliquats de la police de l’État colonial qui entravent la mise en place d’un État libre, constitutionnel et démocratique, ainsi qu’une presse libre et indépendante.  Il s’agit ensuite de transformer la société et de construire une économie saine créée par et pour les habitants du Suriname.


S’agissant des changements climatiques, le Président a rappelé que le Suriname, avec ses côtes très basses, appartient aux 10 premiers pays qui vont être touchés par l’élévation du niveau de la mer.  Par ailleurs, la perte en biodiversité mondiale est très élevée.  Le Suriname pourrait servir d’exemple au monde car ses lois visant à assurer la préservation de ses forêts et la biodiversité remontent au milieu du siècle dernier.  C’est à juste titre que les efforts du pays le plus vert de la planète, avec une couverture forestière de 90%, doivent être pris en compte.  Regrettant qu’il n’y ait pas de structures pour encourager son pays à rester sur la voie de la viabilité, le Président a proposé de créer, à partir de la sous-région d’Amérique du Sud et des Caraïbes, une véritable force pour gérer les effets négatifs des changements climatiques.  M. Bouterse a accordé une importance particulière à l’initiative des dirigeants de la CARICOM, entérinée par le Commonwealth, d’organiser une réunion en 2012 pour traiter des incidences croissantes des maladies non transmissibles qui ont un impact négatif sur les OMD en touchant de façon disproportionnée les plus pauvres.  Faisant part de ses réflexions sur les causes structurelles de la pauvreté et les effets qui en découlent pour les sociétés, il a estimé que l’éducation était le seul moyen d’éliminer la pauvreté car l’argent remis aux pauvres pour avoir bonne conscience est un gaspillage absolu.  Au lieu de parler de « lutte contre la pauvreté », il a proposé le slogan « supprimer la pauvreté en recherchant la richesse ».


M. MALAM BACAI SANHÁ, Président de la Guinée-Bissau, a déclaré que la dignité humaine trouvait sa place dans les efforts de paix et de développement.  Il a dit son admiration de l’ONU pour l’esprit d’altruisme qui caractérise ses missions de maintien de la paix.  Il a indiqué que la Guinée-Bissau fêtera, le 24 septembre prochain, le trente-septième anniversaire de son indépendance.  Il y a moins d’un an, a-t-il rappelé, le pays a été frappé par des actes violents.  M. Sanhá a remercié la communauté internationale pour avoir soutenu les élections libres, justes et transparentes et les efforts de réforme de l’administration publique, sans oublier le soutien au budget de l’État.  Malheureusement, cette tendance positive a été contrastée par des événements violents du 1er avril 2010.  La réforme des secteurs de la défense et de la sécurité est extrêmement urgente et délicate.  Le Président bissau-guinéen a souligné le caractère exceptionnel des 80 000 îles et récifs que possède la Guinée-Bissau.  Il a regretté cependant que son pays n’ait pas les moyens de contrôler ces îles.  Il a affirmé que son peuple était fier et déterminé à mettre un terme à la situation actuelle, en consolidant la paix et le développement.  « Si la situation de la Guinée-Bissau est grave, a-t-il assuré, nous n’avons jamais confondu nos problèmes internes avec ceux de nos voisins. »


En cette période difficile, le Président de la Guinée-Bissau a appelé la communauté internationale, notamment l’UNESCO et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à aider son pays à protéger les 15% de son territoire qui est une zone naturelle protégée.  Il a appelé à la solidarité internationale pour faire face aux conséquences des changements climatiques en cette année de la biodiversité.  Il a particulièrement salué la contribution de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) -actuellement présidée par l’Angola-, en particulier du Brésil et du Portugal qui n’ont jamais cessé d’attirer l’attention du monde sur la situation de la Guinée-Bissau.  Il a salué également l’esprit de partenariat et de collaboration dont ont fait preuve le Sénégal, la Lybie, la Chine, la France, Cuba, les États-Unis, l’Algérie, le Maroc, l’Afrique du Sud et d’autres, sans oublier la contribution de l’Union européenne, de l’Union africaine, de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et des Nations Unies dans le cadre des travaux du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS).  Le Président a précisé que son pays avait connu un taux de croissance de 2,7 et 3,5% respectivement en 2007 et 2009.  Citant l’impact de la crise, il a indiqué que l’augmentation des prix internationaux et des produits de base s’est traduit par une inflation de 10% dans son pays.  En 2008, le Gouvernement a conclu un programme du FMI pour les pays sortant de conflit. Le 7 mai 2010, le Fonds monétaire international (FMI) a conclu un nouvel accord triennal avec la Guinée-Bissau qui portera sur l’exercice 2010-2012.  Il a déclaré que les évaluations de la Banque mondiale et du FMI démontrent la qualité des efforts de la Guinée-Bissau pour mettre de l’ordre dans ses finances publiques.  Au niveau international, il a salué les efforts de paix au Moyen-Orient en précisant que l’appartenance de la Guinée-Bissau à l’Alliance des civilisations s’appuie sur des objectifs de paix.  Il a demandé une représentation plus équitable du monde dans les organisations internationales, en souhaitant que le continent africain y trouve enfin la place qu’il mérite.


      SHEIKH SHARIF SHEIKH AHMED, Président du Gouvernement fédéral de transition de la Somalie, a mis l’accent sur la gravité de la situation politique et économique actuelle dans son pays, fait le point sur les actes terroristes et de piraterie maritime, et lancé un appel à la communauté internationale et aux États qui ont promis d’aider son pays de les honorer d’urgence.  Il a ainsi exhorté la communauté internationale à « investir dans la réhabilitation de certaines institutions étatiques critiques et à confronter les menaces posées par le terrorisme d’Al-Shabaab, soutenu par Al-Qaida.  « Tout retard pris pour faire face à ce danger évident et présent confortera et prolongera l’instabilité régionale et le terrorisme international », a-t-il mis en garde.


Le Président a cité la pêcherie illégale et le largage des déchets toxiques dans les eaux territoriales somaliennes parmi les autres menaces auxquelles son pays se heurte.  Des maladies jusque-là inconnues en Somalie frappent maintenant la population.  Ces activités illégales ont, en fait, provoqué la colère des Somaliens et conduit à des actes de piraterie et à d’autres activités criminelles, a fait remarquer Sheikh Ahmed, qui a par ailleurs décrit les efforts du Gouvernement fédéral de transition à la suite de la Conférence et de l’Accord de paix de Djibouti.  Fidèle à sa politique de la main tendue pour résoudre les différends, son gouvernement a réussi notamment à conclure un accord avec des parties qui n’y avaient pas participé comme l’Ahlu Sunnah Wal Jamee et des éléments des militants du Hizb Islam.  Toutes les négociations pour la paix en Somalie devraient être menées avec le Gouvernement, a-t-il considéré, en remerciant tous les pays, les organisations internationales et régionales qui continuent de fournir leur soutien à la population somalienne et à alléger ses souffrances.


Au cours des deux ans de son existence, le Gouvernement fédéral de transition a réussi à s’acquitter de ses responsabilités et a, en particulier, reconstruit plusieurs institutions publiques, recruté un personnel professionnel, qui est toutefois encore réduit, distribué des vivres à ceux qui sont dans le besoin et aux personnes déplacées à l’intérieur, créé des opportunités d’emplois pour les jeunes, former les forces de sécurité, rédigé un projet de constitution, veillé à créer un environnement propice au dialogue et à la réconciliation nationale et tenté de mettre fin à la discorde interne à travers un processus démocratique.  Il a en outre appelé le Conseil de sécurité à adopter une « résolution forte » aux fins de juguler l’expansion des terroristes d’Al-Qaida et leurs affiliés locaux comme le groupe Al-Shabaab. Il a aussi invité les États Membres à continuer à apporter leur appui au Gouvernement fédéral de transition pour lui permettre de fournir directement les services dont les Somaliens ont besoin et d’épauler ses efforts de stabilisation.


      M. HARIS SILAJDŽIĆ, Président du collège présidentiel de la Bosnie-Herzégovine, a exprimé sa gratitude à la communauté internationale qui a continué à aider son pays à l’issue de l’Accord de paix de Dayton, signé il y a 15 ans, et qui a mis un terme à l’agression et instauré la paix dans son pays, lequel siège actuellement au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent.  Il a indiqué que le processus de reconstruction s’est plutôt rapidement achevé, compte tenu du niveau de dévastation.  En revanche, la reconstruction de la société dévastée s’est avérée nettement plus ardue.  Entre 1992 et 1995, une société ancienne et véritablement multiculturelle a été brutalement et intentionnellement éclatée par la force, a-t-il rappelé, en précisant que la moitié des habitants avaient été obligés d’abandonner leur foyer et que 300 000 d’entre eux se trouvent encore hors de la Bosnie-Herzégovine à cause des obstructions systématiques aux programmes de rapatriement.  Quant à ceux qui ont pu revenir, ils sont souvent confrontés à un mur de barrages ou de violations flagrantes de leurs droits les plus élémentaires.


M. Silajdžić a estimé qu’une économie saine pourrait servir d’instrument à l’instauration du caractère pluraliste et de l’esprit tolérant au sein de la société de la Bosnie-Herzégovine, pays riche en ressources hydriques et énergétiques.  Le pays a également fait des progrès pour relancer son commerce et a procédé à une réforme de sa défense, l’une des grandes victoires post-Dayton, selon M. Silajdžić, qui a précisé que son pays était doté de forces armées unifiées et modernes, qui participent aussi aux missions de maintien de la paix des Nations Unies.  Il a néanmoins attiré l’attention sur l’existence, aujourd’hui encore, de ceux qui, disciples de Milosević, Karadzić et Ratko Mladić, pensent réaliser un projet politique qui s’est avéré catastrophique non seulement pour la Bosnie-Herzégovine mais pour l’ensemble de la région et qui appellent publiquement à la sécession d’une région.  Cette tentative est vouée à l’échec, a affirmé M. Silajdžić car la Bosnie-Herzégovine sera défendue.


M. BORUT PAHOR, Premier Ministre de la Slovénie, a estimé que le renforcement de la gouvernance mondiale signifie qu’il faut renouveler notre engagement commun en faveur du multilatéralisme et des principes d’inclusion et de transparence. L’ONU doit garder sa place au cœur des structures de gouvernance mondiale, a-t-il insisté.  L’ONU doit aussi s’adapter aux réalités d’un monde interdépendant, a-t-il ajouté, en estimant que la composition actuelle du Conseil de sécurité était dépassée.  Il a demandé que les travaux de l’Assemblée générale soient revitalisés.  Les progrès dans le domaine du maintien de la paix renforcent toutes les autres activités de l’ONU, a-t-il dit, en soulignant l’importance de la diplomatie préventive et de la consolidation de la paix après un conflit.  Les réformes des systèmes financier et économique internationaux doivent s’accélérer pour mieux refléter les besoins actuels.  « Nos efforts doivent se concentrer sur une plus grande responsabilité et solidarité tout en tenant compte d’une meilleure participation des pays en développement qui devraient être totalement inclus dans la réponse internationale à la crise.


« Nous avons besoin, a déclaré le Premier Ministre slovène, d’un monde où les indicateurs économiques ne sont pas la seule mesure de la prospérité d’une société, mais qui tient compte de critères sociaux et environnementaux ».  Il a souhaité que la coopération entre l’ONU et le G-20 contribue à trouver les meilleures réponses à la crise et aux besoins des plus vulnérables.  Le Premier Ministre a estimé que la communauté internationale n’a pas su saisir l’occasion que lui offrait la Conférence de Copenhague de décembre 2009 sur les changements climatiques, alors que la perte de biodiversité est sans précédent et que la survie de certains États Membres de l’ONU est en jeu.  Il a souligné qu’il était urgent de parvenir à un accord sur le climat qui permettra de limiter l’augmentation de la température à moins de 2° d’ici à la fin du siècle et qui améliorera l’adaptation des populations de nos pays aux effets délétères des changements climatiques.  Il a appelé à la poursuite du processus d’élargissement de l’Union européenne et de l’OTAN, notamment dans les Balkans occidentaux.  Il a salué l’adoption, il y a deux semaines par l’Assemblée générale, d’une résolution sur l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) concernant la légalité de la déclaration d’indépendance unilatérale du Kosovo.  Il s’est félicité de l’adoption de cette résolution qui, a-t-il dit, ouvre la voie à un dialogue que l’Union européenne est prête à faciliter.  En outre, le Premier Ministre a cité les initiatives de la Slovénie pour favoriser l’intégration euro-atlantique de l’ensemble de la région des Balkans occidentaux.  Il a rappelé que la Slovénie était candidate à un poste de membre non permanent du Conseil de sécurité.


      M. JOSE SOCRATES, Premier Ministre du Portugal, après avoir déclaré qu’il n’existait aucune alternative à l’Organisation des Nations Unies dans son rôle unique de gestion des rapports internationaux, a affirmé que son pays était guidé par les principes d’indépendance nationale, du respect des droits de l’homme, de l’égalité entre les États, de règlement pacifique des différends et de coopération internationale.  Il a rappelé que le Portugal participe activement aux missions de maintien de la paix et ses soldats sont présents, par milliers, en Afghanistan, au Sud-Liban, à Timor-Leste, dans la région occidentale des Balkans, au Tchad et dans la République démocratique du Congo.


S’agissant des défis actuels à la paix et la sécurité internationales, le Premier Ministre a considéré que l’année prochaine sera critique pour le processus de paix au Moyen-Orient, le choix étant entre « la paix et le retour à l’instabilité ».  Il a salué la reprise des négociations de paix, conformément à la vision d’une solution à deux États et a exhorté à œuvrer de concert en vue de la création d’un État palestinien indépendant, démocratique et viable, vivant côte à côte avec l’État d’Israël dans la paix et la sécurité.  Il a également indiqué que la Conférence de Kaboul devrait être finalisée au prochain Sommet de l’OTAN à Lisbonne, pour garantir un processus de transition durable, dirigé par les Afghans eux-mêmes.


La paix et la sécurité exigent un multilatéralisme effectif des organes des Nations Unies, reposant sur des structures où chaque membre se sent à son aise, a-t-il déclaré, en soulignant que « les Nations Unies sont indispensables » pour établir une corrélation entre le multilatéralisme et la primauté du droit, qu’il faudrait garder à l’esprit dans la lutte contre les menaces du terrorisme.  Il a estimé, par ailleurs, particulièrement urgent de réformer les Nations Unies et la mise en place de la Commission de consolidation de la paix a constitué un pas significatif dans le processus de réforme.  Il n’en reste pas moins qu’il faille aussi examiner la composition du Conseil de sécurité pour en faire un organe plus représentatif, plus transparent et plus efficace.  Il a jugé « illogique » que des pays comme le Brésil et l’Inde, qui jouent de nos jours un rôle économique et politique irremplaçable, soient encore des membres non permanents du Conseil de sécurité.


Il convient d’atteindre d’urgence les Objectifs du Millénaire pour le développement, a poursuivi le Chef du Gouvernement portugais, qui a en outre considéré que la Conférence prévue à Cancún (Mexique) sur les changements climatiques représentait un autre pas dans la bonne direction.  Le Portugal, a-t-il précisé, a d’ores et déjà atteint l’objectif annoncé l’an dernier devant l’Assemblée de produire 45% de son électricité à partir de ressources renouvelables locales et s’est fixé comme nouvel objectif d’atteindre 60%.  Le pays est également classé deuxième dans le monde pour l’utilisation de ressources renouvelable.


M. JAN PETER BALKENENDE, Premier Ministre des Pays-Bas, a déclaré que le système des Nations Unies avait fait ses preuves depuis 65 ans, même s’il est basé sur les réalités de l’après-guerre et non sur l’équilibre international des pouvoirs et les problèmes mondiaux d’aujourd’hui.  Les Pays-Bas préconisent une approche progressive pour rénover le système, plutôt qu’une stratégie de « big bang ».  Évoquant le thème de la gouvernance mondiale, le Premier Ministre a regretté que l’ONU ait perdu du terrain au profit du G-20 pour ce qui est de la gestion de la crise économique, par exemple.  De même, le Sommet de Copenhague sur le climat aurait produit de meilleurs résultats si le monde s’était uni pour prendre des décisions vigoureuses.  En ce qui concerne les Objectifs du Millénaire pour le développement, les progrès sont d’autant plus mitigés que l’architecture internationale de l’aide est fragmentée et déficiente.


Dans le domaine des droits de l’homme, les Pays-Bas jugent inacceptable le fait que des personnes, souvent des femmes, soient encore lapidées en 2010.  Ils demandent un renforcement du système relatif aux droits de l’homme, et notamment du Conseil des droits de l’homme.  Pour commencer, les tâches doivent être clairement réparties entre le Conseil et la Troisième Commission de l’Assemblée générale (chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles).  Certains régimes profitent du manque de clarté pour détourner l’attention des violations des droits de l’homme.


La question de l’ordre juridique international est au cœur des priorités des Pays-Bas, a expliqué M. Balkenende.  La Haye est ainsi la « capitale juridique du monde ».  Les institutions internationales basées à La Haye signifient que la communauté internationale ne permettra pas que les violations des droits de l’homme et les crimes contre l’humanité restent impunis.  La visibilité, la crédibilité et l’autorité de ces institutions –TPIY, CIJ, CPI– doivent être renforcées grâce à l’amélioration de la coopération internationale au niveau des enquêtes et des poursuites, et au respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Pour les Pays-Bas, il n’est pas acceptable que le Président Al-Bachir du Soudan, contre lequel un mandat d’arrêt a été émis, circule librement dans un pays partie au Statut de la CPI.


En ce qui concerne la paix et de la sécurité internationales et la réforme du Conseil de sécurité, les Pays-Bas considèrent que les grands pays qui n’étaient pas assez grands en 1945, ou qui n’étaient pas encore membres des Nations Unies, devraient pouvoir s’exprimer, de même que les petits pays contributeurs de troupes ou ayant un intérêt particulier dans une région donnée.  Il faut toutefois que les pays cherchant à exercer une influence réalisent les obligations financières, politiques et morales qui en découlent.


M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’Autorité palestinienne, a dénoncé la non-application par certains États des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  La communauté internationale doit prendre des mesures effectives pour contraindre ces pays à respecter et à faire appliquer les résolutions et, notamment, à mettre fin aux puissances d’occupation étrangère, à la colonisation et à l’exploitation du monde afin de promouvoir les valeurs de liberté, de justice, de tolérance et de combattre l’extrémisme et le terrorisme, a estimé le Président Abbas.  Les Nations Unies, a-t-il souligné, ont un rôle fondamental à jouer dans la promotion des relations entre les peuples.  Il a regretté que le peuple palestinien et la région du Moyen-Orient soient toujours exposés à la violence, manquant chaque occasion de répondre sérieusement aux problèmes auxquels font face les peuples de la région et de parvenir à une solution complète et véritable ».  C’est, selon le leader palestinien, le résultat de la mentalité de l’expansion et de la domination de la politique et de l’idéologie israélienne, « la puissance occupante », qui continue d’occuper la Palestine et qui n’applique pas les résolutions adoptées par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.


« Un tel mépris a rendu inefficace ces résolutions, affaiblissant la crédibilité des Nations Unies et augmentant l’idée qu’il y a une politique de « deux poids, deux mesures », notamment en ce qui concerne la cause du peuple palestinien et qu’Israël est au-dessus des lois », a critiqué le Président Abbas.  Il a dénoncé « les oppressions, les arrestations et les détentions, les assassinats, les destructions et les démolitions de maisons, le siège, l’expansion des colonies de peuplement, le mur de séparation », qui, selon lui, sapent le droits du peuple palestinien.  Le Président Abbas a poursuivi son discours en mettant l’accent sur la situation qui prévaut dans la bande de Gaza « qui subit un blocus injuste et sans précédent », en « violation du droit international et des résolutions pertinentes des Nations Unies » tout en étant « victime de l’agression militaire israélienne ».  « Ce blocus illégal et les agressions ont eu pour conséquence la destruction des infrastructures et de la capacité productive dans la bande de Gaza et ont détruit 25% des maisons et près de 75% de sa subsistance », a poursuivi M. Abbas.  Il a estimé que le blocus de la bande de Gaza empêche la reconstruction, et ce, malgré le fait que la communauté internationale de donateurs a promis quelque 5 milliards de dollars pour l’aide à la reconstruction.


Le Président de l’Autorité palestinienne a salué la mission d’établissement des faits établie par le Conseil des droits de l’homme après l’attaque de la flottille, le 31 mai dernier, qui transportait à son bord de l’aide humanitaire pour la population de Gaza.  Il a, par ailleurs, rappelé que des milliers de prisonniers palestiniens sont toujours dans des centres de détention israéliens.  Ils luttent pour leur liberté et doivent être relâchés, a-t-il rappelé.  « Nous ne pouvons atteindre un accord de paix sans la libération de tous ces détenus », a prévenu le Président Abbas.  Son peuple, a-t-il dit, aspire à vivre en paix et en sécurité sur le territoire palestinien.  « Nous sommes prêts à parvenir à un règlement global juste et à une paix durable, basés sur la justice et conformément aux résolutions de la légitimité internationale, de l’Initiative de paix arabe, de la Feuille de route et de la vision de deux États, et qui mèneront au retrait d’Israël, la puissance occupante, de tous les territoires arabes et palestiniens occupés depuis 1967, y compris Jérusalem-Est » et permettant la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale, a dit M. Abbas.  Faisant référence à la reprise des pourparlers de paix avec son homologue israélien, le Président Abbas s’est engagé à exercer tous ses efforts pour atteindre un accord de paix israélo-palestinien, d’ici un an, conformément aux engagements pris en vertu de la Feuille de route et à la vision d’une solution de deux États.


« Notre demande pour la cessation des activités d’implantation de colonies de peuplement, la levée du blocus et la fin de toutes autres pratiques et politiques israéliennes illégales ne constituent pas une condition arbitraire au processus de paix.  Elle est faite dans le respect des obligations et engagements antérieurs », a dit M. Abbas.  Il a ajouté que le respect par Israël de ces obligations conduira à la création d’un environnement propice aux négociations.  Alors que le moratoire israélien sur la construction des colonies en Cisjordanie arrive à son terme demain, le Président Abbas a prévenu qu’« Israël devrait choisir entre, d’une part, la paix et, d’autre part, l’expansion de ses colonies de peuplements ».


Le Gouvernement palestinien, a-t-il poursuivi, est déterminé à rétablir l’unité nationale entre les deux parties de son territoire et à rétablir l’unité à travers le dialogue et à travers les efforts bons et honorables « de ses frères et de ses amis, et notamment l’Égypte ».  « Nous n’économiserons pas nos efforts pour mettre fin à la division résultant d’un coup contre la légitimité palestinienne et l’institution de la démocratie, ferme fondation de notre vie politique. »  À cet égard, le Président Abbas a fait part de son appréciation à tous ceux qui appuient et contribuent au processus de paix, notamment le Président des États-Unis, M. Barack Obama, qui a réaffirmé son soutien à une solution de paix durable, qui prévoit la coexistence de deux États et au gel de la construction de colonies de peuplement.  Avant de conclure, M. Abbas a également salué les efforts de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient qui fournit une aide essentielle aux réfugiés palestiniens, depuis plus de 60 ans.


M. MOULAYE OULD MOHAMED LAGHDAF, Premier Ministre de la Mauritanie, a affirmé que son pays, comme le reste du monde, était confronté au danger du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée, et que le meilleur moyen de les combattre est de renforcer la justice sociale, former et intégrer les jeunes dans la vie active et de donner l’espoir à ces derniers pour qu’ils ne deviennent pas une cible facile pour les organisations terroristes et extrémistes.  La Mauritanie ne ménage aucun effort sur tous ces fronts pour accroître le rôle d’universitaires éminents dans le débat sur les meilleurs moyens de présenter une image correcte de l’Islam, religion de tolérance, de vertu et d’acceptation de l’autre, et de rejeter l’extrémisme.  Dans ce cadre, il a estimé que l’instauration d’un Maghreb uni constituait un choix stratégique pour les peuples et la région dont la non-réalisation aurait des conséquences préjudiciables pour l’avenir de cette région vitale du monde.  Une solution rapide au problème du Sahara, qui recueillerait l’assentiment des deux parties, contribuera à l’accélération de l’intégration du Maghreb et permettra à l’Union du Maghreb de jouer pleinement son rôle en tant que partenaire régional indispensable et efficace, a estimé M. Laghdaf.


Le Premier Ministre mauritanien a soutenu le processus de réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies et son élargissement à une représentation permanente du continent africain et du monde arabe car « la démocratie est une exigence internationale et pas seulement une pratique ou un objectif national ».  « Il n’est ni logique ni acceptable de ne pas octroyer de sièges au continent africain et au monde arabe, compte tenu de leur poids culturel, humain et stratégique », a-t-il affirmé.  Le Premier Ministre a formé l’espoir que des négociations directes entre les Palestiniens et les Israéliens aboutiront à des résultats tangibles dans des délais acceptables car, a-t-il dit, personne au Moyen-Orient n’a soif de paix autant que le peuple palestinien.  Il a aussi appelé à la levée du « siège injuste de la ville de Gaza » et à mettre fin à la punition collective et inhumaine à l’encontre du peuple palestinien.  En conclusion, il a réaffirmé qu’il était convaincu, comme il l’avait déjà souligné lors du Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement, que les défis du développement doubleraient si les obligations internationales ne sont pas entièrement respectées.  Les pays pauvres, a-t-il rappelé, ont besoin, d’urgence, d’une attention accrue de la part de la communauté internationale pour leur stabilité et développement, et de la part des partenaires pour le développement à intégrer le système économique global.


Mettant l’accent sur la volonté de l’Allemagne d’assumer des responsabilités au niveau international, M. GUIDO WESTERWELLE, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a indiqué que son pays se portait candidat pour devenir membre non permanent du Conseil de sécurité.  M. Westerwelle a saisi cette occasion pour rappeler que le monde a évolué et qu’il était nécessaire que le Conseil de sécurité s’adapte aux changements survenus, notamment avec l’émergence des continents, d’Amérique latine ou d’Asie.  Concernant les questions relatives au désarmement ou la prolifération nucléaire, M. Westerwelle a estimé qu’il était nécessaire de prendre toutes les dispositions nécessaires pour éviter leur utilisation.  Il a souhaité que la communauté internationale s’engage à poursuivre les engagements pris lors de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Il a d’ailleurs plaidé pour l’établissement d’une zone exempte d’armes de destruction massive et d’armes nucléaires au Proche-Orient.  M. Westerwelle a estimé que chaque pays a le droit d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, y compris l’Iran.  Toutefois, la position du Président iranien laisse planer le doute sur la nature civile de son programme, a-t-il dit.


Concernant les questions de politique étrangère, le Ministre a indiqué que l’Allemagne appuyait les discussions de paix entre les dirigeants israéliens et palestiniens.  Il a mis en garde les pays contre toutes actions qui bloqueraient le chemin vers la paix.  L’Allemagne soutient également le processus de paix et de sécurité en Afghanistan, a-t-il dit.  Des mesures effectives doivent être prises pour prévenir la violence, a-t-il ajouté.  « Mon pays appuie les engagements pris à Londres et à Kaboul concernant le transfert des questions de sécurité au Gouvernement afghan d’ici à 2014 », a rappelé le Ministre.  M. Westerwelle a, par ailleurs, exprimé ses préoccupations concernant les changements climatiques et leur impact négatif sur certaines régions du monde.  « Mon pays s’engage, d’ici à 2020, à réduire de 40% ses émissions de gaz à effet de serre, par rapport à son niveau de 1990 », a annoncé le Ministre.


M. AHMED ABOUL GHEIT, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a fait remarquer que la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale coïncidait avec les préparatifs du cinquantième anniversaire du Mouvement des pays non alignés.  Les travaux du Mouvement ont démontré la capacité des pays en développement à contribuer de manière efficace au maintien de la paix et la sécurité internationales, au développement, au respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, et à la promotion de la bonne gouvernance au niveau international.  L’Égypte n’accepte pas que la composition des membres permanents du Conseil de sécurité soit soumise aux règles obsolètes d’une ère révolue.  Elle n’accepte pas non plus que les travaux du Conseil ne soient ni transparents ni équilibrés.  Le Conseil a commis de nombreuses erreurs qui ont provoqué la perte de vies innocentes, a déclaré M. Aboul Gheit.


Dans le domaine économique, les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods ne sont plus en tête de file pour gérer les dossiers importants.  D’autres formations internationales, comme le G-20, commencent à jouer ce rôle.  Refusant la marginalisation, le Ministre a souligné que les pays du Sud avaient des droits et qu’ils devaient participer aux décisions économiques.


Évoquant les attaques dont font l’objet l’Islam et les musulmans, M. Aboul Gheit a estimé que l’Occident est entraîné dans un affrontement avec le monde musulman.  Un tel affrontement ne servira qu’aux extrémistes et à ceux qui ont des idées perverses des deux côtés.  Il ne sera pas dans l’intérêt de la sécurité et de la stabilité dans le monde, a-t-il dit.  L’Égypte, a-t-il souligné, ne peut pas accepter le prétexte de la liberté d’expression pour justifier les pratiques contre l’Islam.


Le désarmement et la lutte contre la prolifération nucléaire, a indiqué le Ministre, font partie des priorités de l’Égypte qui suivra de près la mise en œuvre du plan concernant le Moyen-Orient, adopté lors de la dernière Conférence des Parties chargée d’examiner le TNP.  M. Aboul Gheit a réitéré la position de son pays selon laquelle le TNP doit devenir universel dans la région et toutes les installations nucléaires du Moyen-Orient doivent être soumises aux inspections de l’AIEA.


La reprise des négociations entre Palestiniens et Israéliens représente « une occasion importante qui ne doit pas nous échapper », a souligné le Ministre.  La partie israélienne doit réaliser que les négociations ne sont pas une fin en soi.  Sans sérieux et crédibilité, le processus perdra très vite le peu de soutien dont il bénéficie dans l’opinion publique des deux parties.  L’Égypte demande à la partie israélienne de prendre les décisions nécessaires et difficiles pour parvenir à un règlement politique juste et de respecter son engagement du gel des activités de colonisations.  Sinon, Israël devrait assumer la responsabilité de toute conséquence négative, a-t-il prévenu.


L’Égypte suit avec intérêt les développements au Soudan, avec la perspective du référendum sur la libre détermination du Sud-Soudan.  Elle poursuivra ses efforts pour préserver l’unité du Soudan dès lors qu’il s’agira du choix de la majorité, mais respectera le résultat si les Soudanais du Sud en décident autrement et travaillera avec toutes les parties pour la paix et la sécurité.


Même si les menaces prononcées à l’encontre d’un État membre de l’Organisation de la Conférence islamique ne sont pas acceptables, l’Iran doit s’abstenir de prendre des mesures qui pourraient exacerber la situation dans la région.  Toutes les parties doivent choisir les négociations en tant que solution pour un règlement pacifique et politique du problème.  La communauté internationale doit pouvoir vérifier que l’Iran n’agisse pas en violation de ses obligations en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a précisé le Ministre égyptien des affaires étrangères avant de conclure.


M. KEVIN RUDD, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a estimé qu’il était nécessaire de revitaliser les travaux de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, afin de permettre une meilleure représentativité de tous les États Membres.  Il a indiqué que son pays était candidat, en tant que membre non permanent, aux travaux du Conseil de sécurité pour la période 2013-2014.  « Mon pays est un important pays contributeur de contingents pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU, notamment en Afghanistan, à Chypre, au Soudan et à Timor-Leste », a-t-il ajouté.  Par ailleurs, le Ministre a souligné que son pays était le douzième plus gros contributeur au budget ordinaire des Nations Unies.


M. Rudd s’est félicité de la participation active de la communauté internationale au Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qui s’est tenu, du 20 au 22 septembre, au Siège de l’ONU à New York.  À cette occasion, il a annoncé que l’Australie allait multiplier par deux, dans les cinq prochaines années, son programme d’aide, notamment en faveur des pays de la région du Pacifique et des petits États insulaires en développement.  Il a également promis que son pays allait investir 5 milliards de dollars pour l’éducation primaire pour tous et 6 milliards de dollars pour la santé maternelle et infantile pour permettre à certains pays de parvenir à la réalisation de leurs objectifs en matière de développement.  Le Gouvernement australien est engagé dans la lutte contre les violences faites aux femmes, notamment les femmes autochtones.


S’agissant des changements climatiques, le Ministre a rappelé la participation active dans son pays au cours du Sommet de Copenhague.  Il a regretté qu’en dépit des efforts inlassables entrepris pour parvenir à un accord sur les changements climatiques à Copenhague, il reste encore beaucoup à faire.  Il faut des mesures concrètes pour répondre aux besoins des États insulaires, notamment le reboisement des forêts tropicales.  L’Australie est, pour sa part, prête à travailler avec la Norvège sur ces questions, a-t-il assuré.


M. Rudd a également fait part des préoccupations de son gouvernement face à la menace terroriste croissante.  Il a reconnu que depuis 2001, la coopération internationale pour régler cette question a été sans précédent.  Beaucoup d’États Membres, a-t-il rappelé, ont déployé des contingents militaires et de police et du personnel humanitaire en Afghanistan.  Le Ministre a également fait part de la préoccupation de son pays concernant la menace nucléaire qu’il qualifie de « menace bien réelle » et appuie le régime des sanctions à l’encontre de la République islamique d’Iran.


Enfin, M. Rudd a rappelé l’engagement pris par son pays dans le cadre de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Le Gouvernement australien appuie la déclaration que le Président des États-Unis, M. Barack Obama, a prononcée devant l’Assemblée générale pour une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient et invite toutes les parties à appuyer la relance des pourparlers de paix, a-t-il déclaré avant de conclure.


M. Kanat Saudabayev, Secrétaire d’État et Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a rappelé que le premier test nucléaire sur le sol kazakh s’est déroulé, le 29 août 1949, près de la ville de Semipalatinsk.  Le Président du Kazakhstan, M. Nursultan Nazarbayev, a adopté, le 29 août 1991, un décret pour mettre fin à un des plus grands sites d’essais nucléaires au monde.  À titre symbolique, 18 ans plus tard, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution établissant le 29 août comme Journée internationale contre les essais nucléaires.  Il a souligné que le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, a commencé sa visite au Kazakhstan, en avril dernier, en se rendant sur le site de Semipalatinsk.  En 40 ans, plus de 490 essais nucléaires ont été faits sur ce site qui est synonyme d’horreur pour la population kazakhe.


Le Ministre a ainsi appelé les États qui n’ont pas ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) à le faire le plus vite possible.  Il a aussi insisté sur l’importance du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il est aussi essentiel d’élaborer un traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles.  La mise en place de zones libres de toutes les armes nucléaires, incluant le Moyen-Orient, représente un objectif indispensable, celui d’un monde dénucléarisé.  « Nous soutenons en revanche l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques », a-t-il ajouté.  Le Kazakhstan, qui est l’un des plus grands producteurs d’uranium au monde, est favorable à la mise en place d’une banque du matériel nucléaire.


Le Kazakhstan doit accueillir, les 1er et 2 décembre prochain, le Sommet de l’OSCE.  « Notre objectif est d’établir une communauté de sécurité et non pas un espace de sécurité », a ajouté M. Saudabayev.  Dans ce contexte, il est important de progresser dans la stabilisation sociale et économique de l’Afghanistan, puisque la seule solution militaire n’existe pas.  Il a aussi évoqué la profonde crise politique au Kirghizistan, qui engendre des effets négatifs en Asie centrale, insistant sur l’élaboration de mécanismes pour éviter de tels conflits.  Face au terrorisme, le Gouvernement du Kazakhstan est favorable à l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international, a indiqué le Ministre.  Le Kazakhstan, a-t-il poursuivi, va présider la session ministérielle de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) avec la promotion des idées de tolérance, de non-discrimination, de dialogue interculturel et interreligieux.  Face à la crise économique et financière, le Ministre a souligné l’importance de développer une nouvelle architecture financière.  Il a aussi insisté sur les questions environnementales, rappelant les catastrophes écologiques dans la mer d’Aral et dans la région de Semipalatinsk.  Avant de conclure, il a rappelé l’engagement de son pays à la démocratisation de sa société et la construction d’un État de droit.


M. JOSÉ RAMOS-HORTA, Président du Timor-Leste, a jugé que les propos tenus à l’Assemblée générale par le Président iranien à propos des attentats du 11 septembre 2001 étaient une « obscénité ».  Par ailleurs, la possession d’armes nucléaires n’est pas un raccourci pour obtenir un statut de superpuissance comme certains en Asie semblent croire et ne met personne à l’abri des menaces posées par les armes conventionnelles au XXIe siècle.  Le Timor-Leste fait partie des pays les moins avancés, a-t-il rappelé, précisant que ce jeune État, qui a accédé à l’indépendance il y a huit ans, demeure fragile.  Mais depuis trois ans, le Timor-Leste vit en paix et connaît une croissance économique forte de 3%, a expliqué M. Ramos-Horta.  Le niveau de pauvreté a décru de 9%.  La mortalité infantile a été réduite et, d’ici deux à trois ans, il sera mis fin à l’analphabétisme.  Le pays finalise, cette année, un plan de développement stratégique pour 2011-2013 qui devrait sortir la population de siècles de pauvreté.


Concernant la bonne gouvernance, le Président a assuré que le Timor-Leste gère de façon transparente ses ressources en gaz et en pétrole.  Une commission a été créée pour combattre la corruption qui ronge la société et l’administration, a-t-il ajouté.  S’agissant des droits de l’homme, le Gouvernement a ratifié tous les traités essentiels et le Président lui-même, « guidé par des principes humanistes », prône la compassion dans l’exercice de la justice dans son pays, a assuré M. Ramos-Horta.  


Le Président du Timor-Leste a demandé aux États-Unis de libérer cinq prisonniers cubains et de lever l’embargo imposé à Cuba.  Par ailleurs, il a jugé que la détention continue de Daw Aung Suu Kjie, au Myanmar, était injuste et illégale.  Évoquant la question des changements climatiques, le Président a estimé que le monde en développement ne devrait pas se contenter de blâmer les riches et les puissants pour le mal fait à la planète mais reconnaître sa part de responsabilité dans la destruction des forêts, des lacs, des rivières et des mers.  M. Ramos-Horta a appelé les dirigeants asiatiques à se mobiliser pour concevoir une « feuille de route » en vue d’éliminer la pauvreté extrême et l’analphabétisme, qui constituent les racines du mécontentement et de l’extrémisme, et inverser la détérioration de l’environnement.


« Que peut-on faire collectivement pour aller de l’avant? » a-t-il poursuivi.  La moitié de la population mondiale et 60% des pauvres vivent en Asie, et pourtant il y a d’énormes réserves.  « Si nous n’agissons pas maintenant, dans quelques décennies des centaines de millions d’Asiatiques seront déracinés et deviendront des réfugiés climatiques, exacerbant les tensions et les conflits, a-t-il prévenu.  « Nous nous entretuerons pour de l’eau, des terres et des ressources énergétiques, en plus des conflits frontaliers et des tensions religieuses et ethniques, et des rivalités régionales qui affectent notre région depuis des années », a-t-il regretté.


Enfin, le Président du Timor-Leste a appelé les riches et les puissants à se demander s’ils ont rempli leurs promesses et si leurs pratiques ont été adéquates.  Les donateurs doivent aussi analyser leurs politiques d’une façon honnête et critique.  Ils doivent investir davantage dans le développement rural, l’agriculture, la sécurité alimentaire, l’eau, l’assainissement, les routes, l’éducation et la santé et « moins dans eux-mêmes ».  Le Président a ainsi déploré les coûts consacrés aux consultants internationaux.  Le Timor-Leste est favorable à l’élargissement du Conseil de sécurité pour refléter les réalités économiques et démographiques du XXIe siècle.  De grandes puissances régionales comme l’Inde ou le Brésil doivent obtenir le statut de membre permanent au sein du Conseil de sécurité.


M. Václav Klaus, Président de la République tchèque, a déclaré que le monde d’aujourd’hui est très différent de celui de 1945 quand l’Organisation a été fondée avec 51 États.  Aujourd’hui, l’ONU est composée de 192 États Membres.  Face à cette évolution, « mon pays est convaincu que les structures des Nations Unies ont besoin d’être modifiées », a-t-il poursuivi, « en particulier le Conseil de sécurité a besoin d’être réformé pour refléter les réalités géopolitiques, économiques et démographiques du XXIe siècle.  « Les changements sont essentiels, a-t-il souligné, précisant cependant que l’ONU ne doit pas chercher de nouvelles missions.  Les objectifs des Nations Unies doivent toujours être fondés sur les principes de la Charte: le maintien de la paix et la sécurité internationales, le développement de relations amicales et de bon voisinage entre les nations et la coopération internationale pour résoudre les problèmes du monde.  « Les Nations Unies ne doivent pas s’éloigner de ces principes, mais demeurer une plate-forme intergouvernementale », a-t-il ajouté. 


M. Klaus a mis en avant deux thèmes importants pour l’agenda de l’ONU.  Tout d’abord, la mise en place d’une méthode pour répondre à la crise économique mondiale.  Il a considéré qu’il ne faut pas aller dans le mauvais sens.  La solution, a-t-il fait remarquer, ne passe pas par « davantage de bureaucratie », en créant de nouvelles institutions gouvernementales ou supranationales, ou en incitant à une gouvernance globale dans l’économie mondiale.  De même, les pays en développement ne doivent pas être écartés de la croissance économique car, a-t-il dit, ils ont aussi besoin d’un accès au marché international. 


L’autre défi des Nations Unies, selon le Président Klaus est la non-prolifération nucléaire.  Il a déclaré que son pays avait tenu, en avril dernier, un événement important qui a permis la signature, entre les États-Unis et la Fédération de Russie, d’un traité sur la réduction et la limitation des armes offensives.  Il a tenu à préciser qu’il n’entendait pas mettre en cause le droit des États à l’énergie atomique à des fins pacifiques.  Cependant, a-t-il dit, « il n’est pas tolérable que certains États ne respectent pas le droit international, menaçant la stabilité de leur région et augmentant les risques de prolifération », a-t-il poursuivi.  « Les Nations Unies sont uniques et irremplaçables », a estimé M. Klaus.  C’est un forum unique qui réunit les petits et les grands pays.  Il a conclu en insistant sur la nécessité de mieux intégrer les organisations non gouvernementales pour renforcer le rôle de l’ONU dans la gouvernance globale.


M. ANOTE TONG, Président, Chef du Gouvernement et Ministre des affaires étrangères de Kiribati, a estimé que la question des changements climatiques était l’un des plus grands défis que doit relever la communauté internationale.  Ces changements, a-t-il dit, affectent tous les pays.  Toutefois, il a regretté que les petits États insulaires en développement (PEID) soient les plus touchés alors qu’ils produisent beaucoup moins de gaz à effet de serre que les pays développés.  M. Tong a dénoncé l’échec des négociations du Sommet de Copenhague sur le climat.  L’expérience de Copenhague, a-t-il ajouté, a montré qu’il était urgent pour les dirigeants mondiaux de surmonter leurs divergences.  La Conférence sur les changements climatiques, qui se tiendra en fin d’année à Cancún, au Mexique, doit être l’occasion pour les États Membres de s’accorder sur une position commune et de réaffirmer leurs engagements, a estimé le Président.


M. Tong a, par ailleurs, dénoncé le comportement de certains pays développés qui perçoivent les changements climatiques comme un processus évolutif irrémédiable.  « Pour les petits États insulaires en développement, la question des changements climatiques représente un défi immense », a rappelé le Président.  Les petites îles sont de plus en plus les victimes des dégâts causés par l’érosion côtière, la montée du niveau de la mer et les violents orages, a fait remarquer M. Tong.  Nos îles, a-t-il ajouté, deviendront inhabitables bien avant qu’elles ne soient inondées.  M. Tong a regretté que les petits États insulaires continuent de consacrer leurs maigres ressources à lutter contre l’augmentation du niveau de la mer et des conséquences négatives des changements climatiques.  C’est pourquoi, a-t-il dit, Kiribati ne sera pas en mesure de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


Rappelant les promesses de dons faites à Copenhague en faveur du Fonds d’adaptation pour aider les pays vulnérables à mieux répondre aux changements climatiques, M. Tong a estimé qu’il était nécessaire de débloquer ces fonds pour répondre aux besoins les plus urgents.  Par ailleurs, il a mis l’accent sur l’engagement de son pays en vue de préserver la biodiversité.  Il a, à cette occasion, cité « Pipa », la plus grande zone maritime protégée d’une superficie de 400 000 kilomètres carrés et qui est un terrain pour la pêche tropicale.  La préservation de cette zone, a-t-il ajouté, est un don de Kiribati à l’humanité et sa contribution à la conservation internationale de la biodiversité.  Kiribati et les îles du Pacifique sont engagées dans la conservation durable et la gestion de l’écosystème des océans, a assuré M. Tong.  La conservation de la biodiversité et des écosystèmes dans la région du Pacifique est non seulement essentielle pour le développement durable des peuples du Pacifique, mais également pour le reste du monde, a-t-il souligné. 


M. Rufyikiri Gervais, Vice-Président de la République du Burundi, a souligné que son pays participait à la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale, au lendemain du renouvellement des institutions nationales.  « Pour la première fois dans l’histoire du Burundi, les institutions démocratiquement élues ont terminé leur mandat », a-t-il ajouté, précisant que « le parti qui a gagné les élections est conscient de la nécessité de promouvoir la réconciliation nationale et la tolérance politique ».  Le Gouvernement du Burundi s’est engagé à poursuivre son programme de consolidation de la paix et le renforcement de la sécurité en achevant notamment, le désarmement de la population civile et la réinsertion économique et sociale des personnes démobilisées et des rapatriés.


M. Gervais a déclaré que le Burundi voulait agir en faveur de l’intégration régionale, de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption.  En matière de développement économique et social, le Gouvernement du Burundi veut concentrer tous ses efforts dans la lutte contre la pauvreté, à travers le développement de l’agriculture, de l’énergie, des infrastructures sociales, du tourisme et de l’environnement.  Dans le domaine social, l’objectif est de renforcer les secteurs de l’éducation et de la santé.  La promotion de l’économie burundaise va de pair avec la consolidation des ensembles régionaux, a-t-il poursuivi.  Le Burundi souhaite également que les pays en développement soient mieux représentés au sein des institutions financières internationales, dont la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international.


Le Vice-Président du Burundi a affirmé que son pays soutenait la position de l’Union africaine dans la réforme du Conseil de sécurité, pour que le continent africain ait deux sièges permanents avec tous les privilèges reconnus aux cinq membres permanents actuels.  Il a aussi évoqué les défis que représentent les changements climatiques et les catastrophes naturelles, demandant aux pays développés d’aider davantage les pays en développement.  Le Burundi, a-t-il rappelé, participe activement aux missions de maintien de la paix, dont l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT), l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) et la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  S’agissant de la Somalie, il a demandé aux autres pays de fournir des troupes additionnelles, « afin que l’AMISOM soit une mission du continent africain à la hauteur de sa tâche ».


M. ALIK L. ALIK, Vice-Présidentdes États fédérés de Micronésie, a exprimé la solidarité de son pays envers les victimes des récentes catastrophes naturelles.  Ces incidents montrent que les changements climatiques évoluent plus vite que le processus de négociation sur la question, a regretté M. Alik.  L’avenir des petites îles est intrinsèquement lié au climat mondial et la Micronésie est préoccupée par l’élévation du niveau de la mer, a-t-il rappelé.  Il a exprimé sa profonde déception après le peu de progrès enregistrés lors des réunions sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Le Vice-Président a exhorté les États Membres à prendre toutes les mesures nécessaires lors de la Conférence de Cancún (Mexique), qui se tiendra à la fin de l’année.  « C’est une question de survie », a-t-il plaidé, avant de mettre l’accent sur la nécessité de prendre des mesures pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre. 


M. Alik a poursuivi son propos en rappelant que les petits États insulaires en développement ne sont pas les principaux responsables des changements climatiques, mais qu’ils sont déterminés à trouver des solutions.  La Fédération de Micronésie continue de mener le combat contre les changements climatiques, en recourant à l’application du Protocole de Montréal relatif aux substances qui appauvrissent la couche d’ozone, a expliqué le Vice-Président.  Grâce à ce Protocole, a-t-il estimé, une partie des problèmes liés aux changements climatiques peuvent être éliminés. 


La Micronésie accepte sa responsabilité de préserver la biodiversité marine et s’engage avec les Îles Marshall, les Palaos, le territoire de Guam et le Groupe des îles Mariannes du Commonwealth à préserver d’au moins 30% les ressources marines près des côtes et de 20% les ressources terrestres de la région, d’ici à 2020, a indiqué M. Alik.  La pêche illégale, non déclarée et non réglementée, est également un sujet de préoccupation pour la Fédération de Micronésie, a expliqué le Vice-Président.  Ces pratiques odieuses sont associées à des opérations criminelles et elles menacent l’avenir des stocks de poissons, a-t-il dit.  Avant de conclure, M. Alik a déclaré que le Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement et la Réunion de haut niveau sur la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice ont été l’occasion pour la Fédération de Micronésie de présenter les défis auxquels elle est confrontée.  Rappelant que les moyens des pays insulaires sont relativement limités, M. Alik a encouragé les partenaires de développement à poursuivre leurs efforts, grâce à un appui financier renforcé. 


SHEIKH HASINA, Premier Ministre de la République populaire du Bangladesh, affirmé qu’en dépit des nombreux attentats contre les membres de sa famille, de son parti la Ligue Awami et contre sa personne, dont le plus récent a eu lieu le 21 août 2010 lors d’un rassemblement public portant justement contre les attentats et assassinats terroristes, le terrorisme ne sera jamais le bienvenu sur le sol du Bangladesh.  Cette position ferme contre le terrorisme a conduit à la négociation de l’Accord des Chittagong Hill Tracts, qui a mis un point final à des décennies de conflit interne, ainsi qu’à la négociation d’un règlement pacifique du violent soulèvement, en 2009, des forces paramilitaires aux frontières du pays.  Au plan international, l’attachement de son pays à la paix, essentielle pour le développement, a été reflété par l’appui inébranlable aux missions de maintien de la paix des Nations Unies.  Depuis 1988, le Bangladesh a mis 97 000 soldats à la disposition de 32 opérations de maintien de la paix des Nations Unies déployées dans 24 pays, ce qui en fait le premier contributeur de troupes au monde.  Quatre-vingt-douze d’entre eux y ont fait le sacrifice ultime.  Elle a déploré, dans ce contexte, que la présence de son pays au sein du Département des opérations de maintien de la paix « demeure négligeable, tout autant que notre voix dans l’élaboration des stratégies de planification des missions de maintien de la paix.  En toute équité, a-t-elle commenté, cela appelle à notre représentation proportionnelle au sein du Département des opérations de maintien de la paix.


Évoquant la vulnérabilité particulière de son pays aux changements climatiques, Sheikh Hasina a souligné que les migrants climatiques s’entassent d’ores et déjà dans les villes, ce qui crée un nouveau fardeau pour les infrastructures déjà limitées et cause des troubles sociaux.  La situation deviendrait catastrophique si le niveau de la mer s’élève d’un mètre en raison du réchauffement climatique, a-t-elle signalé, en précisant que cela inonderait le quart du pays, avec un impact direct sur 11% de la population, causant une migration massive.


Alors que le monde se débat encore avec la crise économique, elle a rappelé que les pays les moins avancés continuent de souffrir de la réduction des exportations, avant de proposer l’établissement d’un fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour leur venir en aide.  Elle a, en outre, demandé la conclusion rapide des négociations commerciales de Doha et le respect par les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) de leur engagement de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement, dont 0,2% aux pays les moins avancés, comme cela a été réaffirmé dans le Programme d’action de Bruxelles.  Depuis la proclamation par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) d’une Journée internationale de la langue maternelle et en reconnaissance aux martyrs qui, en 1952, ont sacrifié leur vie pour leur langue maternelle, le bangla, cette Journée est célébrée avec ferveur dans le monde.  Comme le bangla est parlé par environ 300 millions de personnes, le Parlement du Bangladesh a adopté une résolution invitant l’ONU à déclarer le bangla comme l’une de ses langues officielles, a indiqué Sheikha Hasina, en souhaitant que cette demande soit approuvée.


M. FRANCO FRATTINI, Ministre des affaires étrangères de l’Italie, a rappelé que l’Italie était le sixième contributeur au budget des opérations de maintien de la paix et le premier contributeur de Casques bleus parmi l’Union européenne et le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États.  À ce jour, 8 000 soldats italiens participent à des opérations de l’ONU, notamment au Liban, en Haïti, en Afghanistan et dans les Balkans.  Il s’est dit convaincu de la nécessité de renforcer les capacités de l’ONU, pour donner à l’Organisation les moyens de contribuer avec efficacité au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Les synergies entre l’ONU et les organisations régionales sont le meilleur moyen d’apporter la paix dans les zones de crise.  Il a précisé que le Traité de Lisbonne instituait de nouveaux arrangements pour la représentation de l’Union européenne au niveau international.  En matière de désarmement, il s’est inquiété de la menace croissante que constitue la prolifération des armes de destruction massive.  Cette menace, a-t-il insisté, ne peut être combattue que par le biais d’une véritable coopération internationale.  Il a exprimé la volonté de son pays de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires en s’accordant sur une date butoir.


S’agissant de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, le Ministre a indiqué que l’Italie appuyait une approche holistique du développement.  Il a jugé essentiel que les partenaires au développement s’assurent que les bénéficiaires de l’aide soient de véritables protagonistes du développement.  Par ailleurs, le Ministre italien des affaires étrangères a demandé à l’ONU d’augmenter son engagement en Somalie, en estimant insuffisants les moyens accordés à l’AMISOM.  Il a également précisé que l’Italie avait décidé d’accorder une aide supplémentaire de 80 millions d’euros pour faire face aux conséquences des inondations qui ont touché 20 millions de personnes au Pakistan.  Il a mis l’accent sur la lutte contre la discrimination des femmes, en soulignant l’initiative prise par l’Italie en coopération avec le Groupe des États d’Afrique pour mettre fin à la pratique de la mutilation génitale.  


Le Ministre italien des affaires étrangères a souligné que réaffirmer le rôle central de l’ONU dans la gouvernance mondiale requiert un engagement constant en faveur d’une réforme d’ensemble de l’Organisation.  Une telle réforme devrait affecter le Secrétariat, les différents fonds, programmes et institutions spécialisées et, certainement, les organes de décision de l’ONU.  Il a espéré que l’ONU parviendra à un compromis réaliste en ce qui concerne l’évolution de la composition du Conseil de sécurité afin d’assurer une représentation adéquate des pays arabes et africains et de tous les autres groupes de pays sous-représentés.  Après 15 ans de négociations, a-t-il dit, il est maintenant temps de parvenir à un compromis ambitieux.  Il a également mis l’accent sur la nécessaire revitalisation de l’Assemblée générale.  Avant de conclure, il a déclaré que la future coexistence pacifique et l’enrichissement mutuel des valeurs et des cultures ne pourront devenir une réalité qu’avec la finalisation de ce processus de réforme.    


M. Miguel Ángel Moratinos cuyaubÉ, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Espagne, réaffirmant l’importance du multilatéralisme, a souligné les succès des actions des Nations Unies, notamment lors du séisme en Haïti ou des inondations au Pakistan.  Depuis le 11 septembre, des progrès ont été enregistrés avec l’adoption de la Stratégie mondiale antiterroriste.  Cette année, il y a eu une grande avancée en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaire avec la Conférence des Parties chargée de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et le Traité sur de nouvelles réductions et limitations des armements stratégiques offensifs (START III) qu’ont signé en avril dernier les États-Unis et la Fédération de Russie.


M. Moratinos a évoqué la crise économique et financière actuelle qui constitue la pire crise depuis celle de 1929.  L’absence de réglementation internationale a favorisé la crise des institutions financières, a-t-il ajouté, insistant sur le rôle du G-20 comme nouveau forum de gouvernance économique.  Le Gouvernement de l’Espagne veut aussi insister sur les efforts que doit accomplir la communauté internationale pour faciliter la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en dépit de la crise économique et financière.  « Il est temps de nous acquitter de nos responsabilités pour combattre les changements climatiques », a affirmé M. Moratinos, insistant sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et sur les transferts financiers des pays développés vers les pays en développement.  Avec la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) comme cadre de référence, il est essentiel de marquer des progrès à la Conférence de Cancún, au Mexique, en décembre prochain, a-t-il rappelé.


Le Ministre a évoqué plusieurs dossiers à mettre en avant au sein des débats aux Nations Unies, dont la relance du processus de paix au Proche-Orient, la stabilisation de la région des Balkans et l’intégration de ces pays dans l’Union européenne, les efforts de médiation pour le Sahara occidental, la fin de l’embargo imposé par les États-Unis à Cuba.  Il a aussi rappelé les progrès à faire pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et pour l’abolition de la peine de mort dans le monde.  M. Moratinos a aussi affirmé que l’Europe, depuis le Traité de Lisbonne, doit obtenir un statut approprié à l’Assemblée générale. 


M. MICHAEL SPINDELEGGER, Ministre fédéral pour les affaires européennes et internationales de l’Autriche, a estimé que le tremblement de terre en Haïti, les inondations dévastatrices au Pakistan et la crise financière rappellent que les défis globaux du XXIe siècle requièrent une action concertée.  L’Organisation des Nations Unies doit jouer un rôle clef pour répondre à ces défis car c’est le forum par excellence du système multilatéral actuel jouissant de la plus haute légitimité, a-t-il dit.  La participation inclusive est son avantage comparatif principal, a-t-il ajouté, précisant que cette autorité morale doit aller de pair avec des mécanismes et des ressources adéquates garantissant son efficacité.  L’adhésion à la primauté du droit est fondamentale.  Tous les efforts multilatéraux et les activités dans ce contexte doivent reposer sur des règles claires et prévisibles appliquées à tous les États Membres sur un pied d’égalité, a estimé le Ministre autrichien pour les affaires européennes et internationales.  Soulignant que la coopération avec d’autres acteurs internationaux était indispensable dans les efforts de l’ONU visant à relever les défis complexes de notre temps, M. Spindelegger a formé l’espoir que l’Union européenne obtiendra l’assentiment de l’Assemblée générale concernant les modalités de sa participation à cet organe.  Il a ajouté que la bonne gouvernance était une composante inhérente à la gouvernance mondiale.  Tant le travail accompli par l’Office des Nations Unies contre le crime et la drogue (UNODC) à Vienne en matière de lutte contre la criminalité transnationale organisée, que la création récente de l’Académie internationale contre la corruption constituaient des jalons importants pour relever les défis.


Le combat contre les changements climatiques est l’un des problèmes majeurs de ce siècle et il faudrait, dès lors, un consensus général pour limiter le réchauffement à 2 degrés centigrade et inverser la tendance de l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020.  Personne ne devrait sous-estimer la difficulté de cette tâche, a-t-il souligné, en observant toutefois que la lutte contre les changements climatiques est aussi l’occasion de créer un cadre de croissance durable et qualitative à l’échelle mondiale.  M. Spindelegger a par ailleurs déclaré qu’il était fondamental de proroger le moratoire sur l’implantation de colonies de peuplement pour créer un climat propice à la reprise des négociations de paix au Moyen-Orient.  En outre, les efforts de réforme interne de l’ONU doivent se poursuivre, en particulier au sein du Conseil de sécurité avec un élargissement de sa composition pour mieux refléter les réalités politiques, économiques et sociales actuelles, ainsi que de ses méthodes de travail tendant à améliorer sa légitimité et l’acceptation de ses décisions, a également souligné le Ministre autrichien.  Il faut aussi œuvrer pour que la consolidation de la paix soit irréversible, a-t-il ajouté, en saluant l’évolution positive en matière de désarmement nucléaire et la création de l’ONU-Femmes que dirigera Mme Michelle Bachelet.


Mme MAITE NKOANA-MASHABANE, Ministre des relations internationales et de la coopération d’Afrique du sud, a réaffirmé l’engagement de son pays pour renforcer les Nations Unies.  Son caractère universel confère à l’Organisation la légitimité qu’il faut pour répondre aux défis mondiaux.  L’ONU a déjà joué dans le passé un rôle irremplaçable dans le processus de décolonisation et pour éliminer l’apartheid en Afrique du Sud.  Son gouvernement, a-t-elle dit, considère la revitalisation de l’Assemblée générale comme l’une des pierres angulaires de la réforme des Nations Unies, notamment en ce qui concerne la paix et la sécurité internationales.  Quant au Conseil de sécurité, il doit assurer une représentation véritable des États Membres et réagir efficacement aux crises internationales, comme cela est stipulé dans la Charte de l’ONU.  Mme Nkoana-Mashabane a déploré le fait que l’Afrique, qui constitue une part importante du travail du Conseil, n’appartienne pas à la catégorie des membres permanents.


Évoquant la crise économique mondiale, la Ministre a estimé que le G-20 devrait compléter le bon travail des Nations Unies et non pas se poser en alternative.  Dans sa composition, le G-20 devrait également refléter la diversité de l’humanité en faisant en sorte que toutes les régions du monde, et l’Afrique en particulier, soient dûment représentées.  L’Afrique du Sud voit dans la transformation de l’architecture financière internationale, y compris la réforme des institutions de Bretton Woods, le moyen de bâtir un système mondial fondé sur l’équité et la justice sociale.  Par ailleurs, les questions environnementales sont devenues des priorités, a-t-elle souligné, en se déclarant convaincue que l’Accord de Copenhague indiquait la marche politique à suivre pour le futur.  Il faut travailler à l’unisson pour faire en sorte que la réunion au Mexique prenne des mesures audacieuses et concrètes pour répondre aux changements climatiques.  L’Afrique du Sud, a-t-elle annoncé, accueillera la dix-septième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, en décembre 2011.


Avant de conclure, la Ministre a souligné que le peuple du Zimbabwe a besoin de la main tendue de la communauté internationale pour mettre en œuvre son accord politique global.  Elle a estimé que les Nations Unies devraient continuer à prendre des décisions qui permettent de répondre efficacement aux défis de la paix et de la sécurité sur le continent.  À cet égard, elle est honorée que l’Union africaine ait soutenu sa candidature à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2011-2012.


M. EDWARD NALBANDIAN, Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, évoquant la situation qui prévaut dans la région où se trouve son pays, s’est demandé comment il est possible de maintenir la paix, la sécurité et la stabilité quand on décuple les dépenses militaires, quand on menace régulièrement d’employer la force et de déclencher la guerre.  Comment peut-on assurer des relations amicales et pacifiques entre les peuples quand on incite à l’intolérance et à la haine, quand on impose le blocus et qu’on ferme les frontières?, s’est-il interrogé en faisant référence au conflit qui oppose l’Azerbaidjan au Nagorno-Karabakh.  À cet égard, il a réaffirmé le droit inaliénable des peuples à l’autodétermination.  Il a aussi rappelé l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice concernant la déclaration d’indépendance unilatérale du Kosovo, de juillet dernier et la médiation du Groupe de Minsk de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).


L’initiative arménienne de normalisation des relations avec la Turquie sans condition préalable a été appuyée par la communauté internationale et, après d’intenses négociations, les protocoles arméno-turcs ont été finalement signés, a indiqué le Ministre arménien des affaires étrangères.  Il a ensuite déploré que la Turquie ait fait marche arrière et se soit abstenue de ratifier ces protocoles.  Le résultat en est que la frontière entre l’Arménie et la Turquie est la seule qui demeure fermée en Europe.  Il a exprimé le souhait de son pays de normaliser les relations sans condition.  M. Nalbandian a défendu la responsabilité de protéger et s’est dit encouragé par le rapport du Secrétaire général intitulé « Alerte rapide, évaluation et responsabilité de protéger » et le prochain débat de l’Assemblée générale pour se mettre d’accord sur une formule permettant d’agir en temps voulu et d’une façon cohérente aux fins de prévenir des situations susceptibles d’aboutir à un génocide, à des crimes de guerre et crimes contre l’humanité.     


M. SHIN KAK-SOO, Ministre intérimaire des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée, a mis l’accent sur les Objectifs du Millénaire pour le développement et, en particulier, sur la santé maternelle et infantile car c’est l’objectif qui a pris le plus de retard dans la plupart des régions.  Son pays a rejoint l’initiative du G-8, lancée lors de son Sommet à Muskoka, pour la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants et appuyé l’initiative du Secrétaire général pour l’adoption d’une Stratégie mondiale pour la santé des femmes et des enfants.  Les perspectives de réalisation des OMD ne sont pas encourageantes et la communauté internationale doit dynamiser ses efforts pour atteindre ces objectifs et honorer les engagements en faveur du développement pris lors de la Réunion de haut niveau qui a eu lieu cette semaine. La République de Corée s’est engagée à tripler son aide publique au développement et à réformer son système d’aide publique au développement.  Elle met tout en œuvre pour jouer un rôle de passerelle entre les États donateurs et les États récipiendaires.


La coopération pour le développement est un investissement pour tous.  La réduction du fossé en matière de développement est un objectif commun du G-20 et de l’ONU.  Lors du prochain Sommet du G-20 à Séoul, en novembre prochain, il faudra compléter les programmes déjà existants en matière de développement tels que les OMD et établir des filets de sécurité financiers mondiaux robustes et fiables.  Le Sommet aidera à se concentrer sur la mise en œuvre des réformes des institutions et instruments financiers.  La République de Corée, qui présidera cette année le G-20, est attachée à obtenir un résultat réussi pour contribuer à surmonter la crise actuelle.  M. Kak-Soo a souligné qu’il faudrait mettre davantage la « croissance verte » au cœur du développement durable.  Son pays s’efforce d’aider les pays en développement dans ce sens.


Les opérations de maintien de la paix nécessitent des améliorations constantes, notamment une meilleure définition des objectifs stratégiques, a souligné le Ministre, rappelant que la République de Corée a beaucoup contribué aux efforts de maintien de la paix de l’ONU.  Elle a dépêché 240 soldats en Haïti et compte actuellement 650 soldats sur le terrain servant dans 11 opérations de maintien de la paix.  S’agissant de la prolifération des armes de destruction massive, le Ministre a estimé qu’il était impératif de renforcer les régimes de non-prolifération.  À cet égard, il a accueilli avec satisfaction l’adoption du Document final de la Conférence des États Parties chargée de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2010.  Le lien entre les armes de destruction massive et les terroristes représente un grave danger pour la sécurité nationale.  Les conséquences du terrorisme nucléaire seraient potentiellement catastrophiques. 


Enfin, le Ministre a proposé une vision nouvelle de réunification coréenne pacifique qui servira à stabiliser les relations intercoréennes, mais n’est pas dénuée d’obstacles car des menaces à la paix persistent sur la péninsule coréenne.  La communauté internationale a adressé un message fort et unifié à la Corée du Nord par la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité du 9 juillet dernier.  La Corée du Nord doit s’abstenir de tout autre acte de provocation.  Le règlement du problème nucléaire nord-coréen est fondamental pour réaliser une communauté de la paix.  La communauté internationale a exhorté ce pays à abandonner tous ses programmes et à honorer ses engagements en matière de dénucléarisation.  À cette fin, la République de Corée a proposé une initiative appelée « Accord important»  contenant toutes les mesures nécessaires pour assurer un avenir meilleur.


Droit de réponse


Le représentant du Soudan, en réponse à l’intervention ce matin du Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, M. Jan Peter Balkenende, a rappelé que celui-ci avait indiqué que son gouvernement refusait que le Président soudanais, en dépit d’un acte d’accusation contre lui, circule librement.  Le représentant du Soudan s’est dit surpris par une telle déclaration qui manifeste une ignorance du Statut de la Cour pénale internationale (CPI) auquel le Soudan n’est pas partie.  Selon le représentant soudanais, même un étudiant de première année à la faculté de droit est familier avec cette disposition.  Il a renvoyé à la Convention de Vienne sur les traités, qui stipule qu’un État non partie à un traité international n’est pas lié par les dispositions dudit traité.  Il a aussi cité la résolution adoptée par l’Union africaine après la visite du Président Al-Bachir au Kenya et au Tchad.


En outre, il a indiqué que la déclaration des Pays-Bas constituait une ingérence dans les affaires intérieures de son pays et a déploré que certains pays soient encore imprégnés de l’esprit de colonialisme. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

« Il faut mettre fin à la paralysie de la Conférence du désarmement et la revitaliser », préconisent les délégations à la Réunion de haut niveau de New York

DCF/457

« Il faut mettre fin à la paralysie de la Conférence du désarmement et la revitaliser », préconisent les délégations à la Réunion de haut niveau de New York

24/09/2010
Assemblée généraleDCF/457
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Réunion de haut niveau sur les travaux

de la Conférence du désarmement

matin


« IL FAUT METTRE FIN À LA PARALYSIE DE LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ET LA REVITALISER », PRÉCONISENT LES DÉLÉGATIONS À LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU DE NEW YORK


Malgré ce constat unanime, des États expriment des points de vue divergents sur les priorités et les règles d’une relance des négociations sur le désarmement


« Il faut mettre fin au scandale que constitue l’incapacité de la Conférence du désarmement d’avancer dans ses travaux depuis 13 ans », a déclaré ce matin, Kevin Ruud, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, au cours de la Réunion de haut niveau organisée en vue de revitaliser les travaux de cette instance et de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement.


« Le fait que la Conférence du désarmement (CD), créée en 1978, n’ait pas pu faire de progrès depuis 13 ans démontre la nécessité de modifier ses méthodes de travail », a estimé la majorité des 70 délégations –dont une cinquantaine de ministres des affaires étrangères– qui ont pris la parole ce matin au cours des travaux.  Parmi les pistes proposées, les délégations ont suggéré l’abandon de la pratique du consensus au niveau de la négociation et l’élargissement de la composition de la CD dont le nombre des membres s’élève actuellement à 65.  Certains intervenants ont suggéré que la quatrième session spéciale de l'Assemblée générale consacrée au désarmement soit l’occasion de procéder à une évaluation du fonctionnement des mécanismes de la CD.


Dans ses remarques de clôture, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon a indiqué qu’il demanderait auConseil consultatif pour les questions de désarmement d’examiner toutes les questions soulevées au cours de la Réunion de haut niveau, y compris la création d’un groupe de personnalités de haut niveau.  Dans son discours d’ouverture, M. Ban avait auparavant souhaité que le débat permette aux délégations de faire preuve de courage politique, de créativité, de souplesse et de leadership pour parvenir à des progrès tangibles en matière de désarmement.


À l’instar de ses homologues de plusieurs autres délégations, le Ministre des affaires étrangères du Japon, Seiji Maehara, a jugé opportun de réfléchir à la création d’une autre instance de négociation sur les questions de désarmement pour faire face aux blocages qui ont paralysé la Conférence du désarmement.  Relevant que l’arrêt des travaux de la CD a pour origine des « antagonismes politiques », le Directeur des affaires politiques et de sécurité de la France, Jacques Audibert, a estimé que ceux qui « pensent tirer avantage de ce blocage » vont « à contresens de l’histoire ».


«  Le problème de la CD ne réside pas dans son règlement intérieur ou ses procédures, mais dans l’absence d’une réelle approche multilatérale du désarmement », ont estimé certains intervenants.  C’est pourquoi, à l’instar de celle de la Belgique, qui prenait la parole au nom de l’Union européenne, un certain nombre de délégations ont demandé la nomination d’un coordonnateur chargé de se pencher en 2011 sur les moyens d’élargir le nombre des membres de la Conférence.


Le principe de consensus ne devrait pas être appliqué au niveau du processus de négociation, ont estimé les Ministres des affaires étrangères de la Suède et de la Norvège, en rappelant que les États membres de la CD ont le choix de ratifier ou non les textes négociés.


Réagissant à ces nombreux appels au changement, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine a souhaité le respect des procédures de la CD et du principe de consensus.  Il a rappelé que la CD a permis de conclure de nombreux accords de désarmement dans le cadre actuel.  Si Sergei Lavrov, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré que son pays était pleinement attaché aux mécanismes internationaux de désarmement existants, son homologue de la République de Corée a, pour sa part, salué l’atout que constitue la mémoire institutionnelle de la Conférence du désarmement qui a permis la négociation des Conventions sur les armes chimiques et sur les armes bactériologiques, du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  De nombreuses délégations ont jugé important de modifier les méthodes de travail de la Conférence, tandis que d’autres ont estimé que la capacité d’action de la CD reposait avant tout dans la volonté politique de ses membres.


La plupart des délégations ont salué les évolutions positives récemment survenues en matière de contrôle des armements, comme l’Accord américano-russe du 8 juillet 2009 (START), la résolution 1887 du Conseil de sécurité du 24 septembre 2009, le Sommet sur la sécurité nucléaire de Washington, qui a eu lieu au mois d’avril 2010, ou encore l’entrée en vigueur de la Convention sur les armes à sous-munitions. Elles ont jugé qu’il est urgent de lancer des négociations sur l’élaboration d’un traité sur l'arrêt de la production de matières fissiles à des fins militaires, et d’un autre sur la prévention de la militarisation de l’espace extra-atmosphérique.  À cet égard, le responsable américain du Contrôle des armements et des armes de destruction massive, de la prolifération et du terrorisme, a qualifié « d’indispensable » la négociation, l’adoption et l’entrée en vigueur d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires pour lutter contre la course aux armements et contre le terrorisme nucléaire.  « Mais », a-t-il dit sur un ton de regret, « un seul pays bloque ce processus ».


Le Ministre des affaires étrangères de l’Iran, Manouchehr Mottaki, a, quant à lui, proposé que soit négociée une convention interdisant la totalité des armes nucléaires d’ici à 2025 et la mise en place sans délai d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Le représentant israélien, Daniel Ayalon, a fustigé « les programmes clandestins d’armes de destruction massive » iraniens, en estimant que tout projet de désarmement au Moyen-Orient devait être accompagné de mesures de confiance dans le domaine des armes classiques.


Outre les délégations d’États Membres, ont également pris part à ce débat les représentants de l’Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, de l’Organisation du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, et de l’Agence internationale de l'énergie atomique.


RÉUNION DE HAUT NIVEAU DESTINÉE À REVITALISER LES TRAVAUX DE LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ET À FAIRE AVANCER LES NÉGOCIATIONS MULTILATÉRALES SUR LE DÉSARMEMENT, CONVOQUÉE PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que les dépenses mondiales liées à l’armement ont augmenté de 50% en 10 ans atteignant près de 1 500 milliards de dollars.  Imaginez ce que nous aurions pu faire pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement avec cette somme, a-t-il dit.  Tout en se félicitant que la Conférence du désarmement ait pu s’accorder sur un programme de travail pour la première fois après plus de 10 ans, il a regretté que ce programme n’ait pu se traduire en évolution concrète.  Il a souligné l’importance des accords bilatéraux en citant le récent Traité START entre les États-Unis et la Fédération de Russie.  Il a souligné l’importance de l’efficacité du mécanisme de désarmement international en citant la Conférence du désarmement, la Commission du désarmement, mais aussi de la Première Commission de l’Assemblée générale chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale.  Il a exhorté les délégations à faire preuve de courage politique, de créativité, de souplesse et de leadership pour parvenir à des progrès tangibles en matière de désarmement.  Les débats d’aujourd’hui constituent la base d’une action concrète, a-t-il dit, en invitant les États Membres à identifier les initiatives qui auront le plus grand potentiel dans ce domaine.


M. JOSEPH DEISS, Président de l’Assemblée générale, a souhaité l’entrée en vigueur rapide du Traité START sur la réduction des missiles nucléaires.  Il a également souhaité que tous les autres États nucléaires s’engagent aussi à réduire leurs arsenaux nucléaires.  « Nous devons œuvrer pour réaliser le désarmement nucléaire afin d’assurer le bien de l’humanité », a-t-il dit.  M. Deiss a souhaité des Nations Unies fortes, rappelant que la Charte des Nations Unies autorise l’Assemblée générale à « étudier les principes généraux de coopération pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, y compris les principes régissant le désarmement et la réglementation des armements ».  « Cette disposition n’a toujours pas été pleinement mise en œuvre », a-t-il fait remarquer.


Il faut, a souligné M. Deiss, renforcer le mécanisme de l’ONU visant à assurer le désarmement.  « Mais aucun effort ne pourra aboutir à moins de mettre fin à l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence sur le désarmement », a-t-il toutefois prévenu.  Après une impasse qui avait duré plus d’une décennie, la Conférence avait réussi à adopter son programme de travail, a-t-il rappelé, notant cependant qu’il n’a toujours pas été mis en œuvre.  « Les négociations doivent commencer dès que possible, notamment en ce qui concerne l’élaboration d’un traité sur les matières fissiles », a affirmé le Président de l’Assemblée générale.  Il a par ailleurs formulé l’espoir que l’appui politique accordé aujourd’hui à la Conférence sur le désarmement permettrait de créer un monde exempt d’armes nucléaires.  « La paix et la sécurité sont des objectifs que les États Membres ont le droit, voire même l’obligation, de réaliser.  La communauté internationale doit travailler de manière unie pour réaliser la mise en œuvre de ces objectifs », a-t-il dit avant de conclure.


M. Henri Eyebe Ayissi, Ministre des affaires étrangères du Cameroun, qui s’est exprimé au nom du Président de la République du Cameroun, M. Paul Biya, a rappelé que son pays exerçait, depuis la fin août 2010 et jusqu’en janvier 2011, la présidence tournante de la Conférence du désarmement.  Le Cameroun, depuis son indépendance, n’a cessé de cultiver les initiatives, en vue de désamorcer les tensions dans le monde et de préserver la paix.  Le Gouvernement du Cameroun a ainsi pu résoudre son différend frontalier avec le Nigéria.  Le problème du désarmement est très largement entre les mains des grandes puissances, a-t-il ajouté, estimant que cela explique la « sage lenteur » des grandes négociations multilatérales.


Le Ministre a néanmoins marqué son optimisme, expliquant que le choc de la seconde guerre mondiale a rendu consciente les grandes puissances des risques de la course à l’armement.  Il a aussi insisté sur le lien qui existe entre l’armement et le développement, faisant référence au Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement qui vient de se tenir à New York.  « Si l’on rapproche le montant des contributions nécessaires pour réduire la pauvreté dans le monde, dans cinq ans, de celui que les États ont consacré aux dépenses militaires –1 535 milliards de dollars pour 2009– une faible partie pourrait faire disparaître ces autres armes de destruction massive que sont la faim, la maladie, l’analphabétisme et la misère », a-t-il conclu.


M. JEAN ASSELBORN, Vice-Premier Ministre du Luxembourg, a indiqué que la déclaration que le Président des États-Unis, M. Barack Obama, a faite à Prague, avait donné un nouvel élan au désarmement nucléaire.  Parmi les avancées, il a cité l’entrée en vigueur de la Convention sur les armes à sous-munitions.  Il s’est inquiété cependant des crises persistantes en République populaire démocratique de Corée et en Iran en fustigeant l’attitude de ces deux pays qui a ébranlé la confiance de la communauté internationale.  Il a souligné qu’une réduction du volume des armes nucléaires passe par des efforts visibles des puissances nucléaires.  Il faut que des accords concrets fassent suite à l’adoption du programme de travail de la Conférence de désarmement, a-t-il ajouté.  Le Vice-Premier Ministre a estimé qu’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient doit être créée.  Il a aussi mis l’accent sur la nécessité de parvenir à l’adoption d’un traité d’interdiction de la production des matières fissiles.


M. Kanat Saudabayev, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a déclaré que son pays appuie fermement le processus du désarmement.  Il a émis l’espoir que les États arriveront à mettre de côté leurs divergences.  Il a regretté également que plusieurs pays n’aient pas ratifié le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Le Ministre a expliqué que le Président du Kazakhstan, M. Nursultan A. Nazarbayev, a appelé à la mise en place d’un instrument contraignant afin de mieux contrôler le désarmement nucléaire.  Il est aussi important de se concentrer sur les matières fissiles, afin de réduire au minimum les programmes nucléaires à des fins militaires et de combattre efficacement le terrorisme nucléaire.  L’année 2010 a été marquée d’événements positifs en matière de désarmement, a-t-il estimé, en espérant que cela serve d’exemple pour poursuivre les efforts sur cette voie.


M. MICHEAL MARTIN, Ministre des affaires étrangères de l’Irlande, a rappelé que l’approche de son pays en matière de désarmement était la coopération multilatérale et il a rappelé le rôle joué par l’Irlande  dans la Convention sur les sous-munitions et lors de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires(TNP).  Il s’est dit déçu de constater que la Conférence du désarmement de Genève n’ait pratiquement pas progressé depuis 10 ans, rappelant qu’aussi bien l’Assemblée générale que la Conférence des États parties au TNP lui ont confié trois dossiers à traiter immédiatement, dont celui d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles, pour lequel l’Irlande estime qu’il devrait inclure un système de vérification et couvrir les stocks existants.  La Conférence du Désarmement  pourrait aussi traiter utilement de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique et des assurances négatives de sécurité.  Jugeant le blocage de la Conférence du désarmement frustrant et démoralisant, le Ministre a notamment dénoncé le recours au consensus pour les moindres questions de procédure et l’interprétation du règlement qui contraint la Conférence du désarmement à adopter, chaque année, un programme de travail qui inclut des mandats complexes et non un simple calendrier.  Enfin, M. Martin a rappelé que la Conférence du désarmement n’est pas la seule instance qui traite du désarmement au niveau multilatéral, question qui relève également de la compétence de la Première Commission de l’Assemblée générale.  Cette dernière devrait rester concentrée sur les défis actuels et ne pas perdre le contact avec les questions les plus pressantes, a-t-il déclaré, avant d’en demander la revitalisation.


M. FRANCO FRATTINI, Ministre des affaires étrangères d’Italie, s’est dit encouragé par le récent accord Start entre les États-Unis et la Fédération de Russie, l’adoption de la résolution 1887 du Conseil de sécurité, le succès du Sommet de Washington sur les essais nucléaires et les engagements concrets pris lors de la récente Conférence des Parties chargée d’examiner le TNP.  Il a jugé que cela représentait une étape importante vers un monde exempt d’armes nucléaires et qu’il était nécessaire d’utiliser tous les instruments à disposition pour poursuivre les efforts sur cette voie.  M. Frattini a insisté sur l’importance de continuer les négociations sur l’élaboration d’un traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles et sur les garanties négatives de sécurité.  Par ailleurs, M. Frattini a déploré la prolifération des armes de destruction massive qui représentent un risque de « terrorisme nucléaire ».  Les terroristes, a-t-il dit, pourraient disposer d’armes nucléaires ou de matériaux fissiles si des mesures de prévention efficaces ne sont pas prises.  La question du désarmement est un défi qui exige en engagement accrue de tous les États Membres et la volonté de travailler ensemble, a-t-il dit.


M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ (Égypte), prenant la parole au nom de M. Ahmed Aboul Gheit, Ministre des affaires étrangères, et s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés (MPA), a rappelé qu’en juillet 2009, lors du Sommet de Charm el-Cheikh, en Égypte, le MPA avait réaffirmé son attachement à promouvoir le multilatéralisme, en ce qui concerne le désarmement et la non-prolifération.  Le Ministre a ensuite fait part de la profonde inquiétude du MPA face à l’absence de consensus sur le calendrier et le mécanisme de discussion concernant le désarmement, avant d’apporter son soutien à la convocation de la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au désarmement.  S’il est nécessaire d’améliorer l’effectivité du mécanisme en la matière, il est tout aussi important de préserver la nature, le rôle, et l’objectif de chaque texte juridique adopté à ce jour en ce domaine, a-t-il poursuivi.


Le MPA a par ailleurs pris note de la signature du nouveau Traité START, entre les États-Unis et la Fédération de Russie, en soulignant la nécessité de rendre cet accord irréversible, transparent et vérifiable, afin qu’il conduise ses signataires à remplir leurs obligations en matière de désarmement et aide à la mise en place d’un monde exempte de nucléaire.  M. Aboul Gheit a par ailleurs salué la tenue de la Conférence d’examen 2010 du TNP, en appelant à la pleine mise en œuvre de son plan d’action.  « L’opportunité offerte par ce plan d’action de progresser concrètement vers l’établissement d’une zone exempte de nucléaire au Moyen-Orient ne doit pas être perdu », a-t-il insisté.  Après avoir ensuite défendu la place de la Conférence sur le désarmement comme seul lieu fondamental en matière de négociation sur la question, il a réaffirmé l’importance pour le MPA de parvenir à la conclusion d’un instrument universel juridiquement contraignant sur les assurances négatives de sécurité qui doivent être données par les États nucléaires aux pays non dotés de l’arme nucléaire.


M. SERGUEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré que son pays était pleinement attaché aux mécanismes internationaux de désarmement et de non-prolifération.  Il a souligné l’importance des trois organes de l’ONU que sont la Commission de désarmement, la Première Commission de l’Assemblée générale (chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale) et la Conférence du désarmement.  Ces trois instances ont montré leur contribution importante à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il dit.  Les nouveaux défis exigent un ordre du jour unificateur, a-t-il souligné.  Aujourd’hui, la majorité des États ne perçoivent pas la sécurité autrement que par le biais d’un accord juridique conclu sous l’égide des Nations Unies.  Il faut un compromis raisonnable reposant sur des intérêts équilibrés, a-t-il insisté.


M. Zhai Jun, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine, s’est félicité des récents progrès accomplis en matière de désarmement, dont la Conférence d’évaluation de la mise en œuvre du TNP, tenue en mai dernier aux Nations Unies à New York.  La Chine veut mettre en avant trois principes.  Tout d’abord, le statut de la Conférence du désarmement (CD) doit être renforcé, a dit le Vice-Ministre chinois.  Cet instrument a déjà permis de conclure de nombreux accords en matière de contrôle des armements.  Deuxièmement, le règlement intérieur de la CD doit être respecté, notamment le principe du consensus.  Enfin, la préoccupation concernant la légitimité des États à assurer leur propre sécurité doit être prise en considération.  Le désarmement va de pair avec la sécurité des États, a-t-il souligné.


Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine a déclaré que la CD est le meilleur instrument dont dispose la communauté internationale en ce qui concerne le lancement de négociations en vue de parvenir à l’élaboration et l’adoption d’un traité sur l’interdiction de la production des matières fissiles à des fins militaires.  Il a aussi insisté sur les autres dossiers importants dont devrait prioritairement débattre la CD, dont notamment l’interdiction d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, le besoin de donner des garanties négatives de sécurité aux États ne possédant pas d’armes nucléaires, ainsi que le désarmement nucléaire général et complet.  La Chine est résolue à travailler avec toutes les parties pour que des progrès soient accomplis sur ces questions, a-t-il poursuivi, afin de garantir la sécurité de tous les États Membres.


M. ALISTAIR BURT, Ministre adjoint des affaires étrangères du Royaume-Uni, a rappelé que son pays avait annoncé en mai 2010 un état de son stock d’ogives nucléaires.  Le Royaume-Uni est engagé à maintenir une dissuasion nucléaire minimale et c’est pourquoi, il a cessé toute production de matières fissiles, a-t-il assuré.  Le Royaume-Uni et la Norvège ont continué à travailler ensemble sur les défis de vérification du désarmement nucléaire.  Le Royaume-Uni, a rappelé M. Burt, a toujours appuyé l’objectif d’un Moyen-Orient exempt d’armes nucléaires.  M. Burt s’est félicité de l’évolution des mentalités en faveur de la négociation d’un traité sur l'arrêt de la production de matières fissiles, regrettant cependant qu’un pays bloque les discussions.


M. Gary Samore, Conseiller spécial du Président pour la coordination du contrôle des armements et des armes de destruction massive, de la prolifération et du terrorisme des États-Unis, a souligné que le Président Barack Obama était favorable à la mise en place d’un processus sur le désarmement nucléaire.  Il s’est félicité des progrès marqués par les États-Unis en matière de désarmement nucléaire grâce au Traité START qu’ils ont signé avec la Fédération de Russie.  M. Samore a rappelé que le Conseil de sécurité et la communauté internationale sont déterminés à imposer des sanctions contre les pays qui se dotent secrètement de l’arme nucléaire.  Parallèlement à ce régime de sanctions, les États-Unis se disent prêts à laisser la porte ouverte aux négociations.


M. Samore a insisté sur l’importance des négociations sur l’élaboration d’un traité interdisant la production de matières fissiles.  « Un seul pays a changé d’avis, bloquant le processus.  Ce pays crée des frustrations pour tous les autres pays qui souhaitent avancer dans les négociations », a-t-il fait remarquer.  Les États-Unis considèrent que ce traité est un instrument indispensable pour faire obstacle à la course aux armements et au terrorisme nucléaire, a dit M. Samore.  Il a insisté sur le fait que le moment est venu pour la reprise des négociations en vue d’interdire la production de matières fissiles.


M. JACQUES AUDIBERT, Directeur général des affaires politiques et de sécurité de la France, a indiqué que sa délégation partageait les « légitimes frustrations » nées du blocage de la Conférence du désarmement.  Il a engagé les États Membres à réfléchir « ensemble aux causes réelles » de ce blocage et de faire des propositions constructives pour sortir de l’impasse.  Relevant que l’arrêt des travaux de la Conférence du désarmement avait pour origine des « antagonismes de nature politique », il a accusé ceux qui « pensent tirer avantage de ce blocage » d’aller « à contresens de l’histoire ».  Pour la première fois depuis l’apparition des armes nucléaires, a-t-il ajouté, la volonté de l’immense majorité des pays de voir s’ouvrir la négociation sur un traité interdisant la production des matières fissiles à des fins militaires rencontre celle des pays du P-5, a-t-il noté.  « Ma délégation, a-t-il dit, souhaite que cette négociation soit menée à la Conférence du désarmement « dont c’est la vocation ».  Évoquant ensuite la future présidence française du G-8, M. Audibert a souligné que son pays portera aussi un effort particulier sur le renforcement du régime de non-prolifération, l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), et la consolidation des moyens de vérification de l’AIEA.  M. Audibert a demandé que les États travaillent ensemble à des stratégies ciblées de règlement des tensions et au renforcement des mécanismes de sécurité collective.  « C’est par cette voie réaliste que nous ferons des progrès tangibles vers le désarmement réel et que nous rendrons l’élimination des armes nucléaires réalisables à terme », a-t-il estimé avant de conclure.


M. CARL BILDT, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a regretté que la Conférence de désarmement n’ait pas été en mesure d’apporter la moindre contribution au désarmement depuis 13 ans alors qu’elle constitue le seul organe multilatéral chargé de négocier des accords.  Il a exhorté les délégations à ne pas s’opposer à l’adoption du programme de travail en rappelant que les pays avaient le choix de ratifier ou non les traités adoptés.


M. ALBERTO G. ROMULO, Ministre des affaires étrangères des Philippines, a mis l’accent sur l’importance des trois piliers du désarmement nucléaire, à savoir le désarmement nucléaire, la non-prolifération nucléaire et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Le processus de désarmement ne peut être limité à 65 pays, a-t-il dit en souhaitant que les travaux de la Conférence du désarmement soient ouverts à tous les pays qui estiment pouvoir apporter une contribution au désarmement.  Il a suggéré que soient modifiées les méthodes de travail de la Conférence.


M. Jonas Gahr Støre, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a déclaré qu’il est temps de se poser des questions sur les améliorations à apporter à la Conférence du désarmement, a-t-il estimé.  Dans un premier temps, le principe de consensus doit être appliqué dans les procédures.  D’autre part, le désarmement ne doit pas être laissé aux seuls diplomates.  Il faut laisser la porte ouverte à la société civile, a estimé M. Gahr Støre.  Troisièmement, il est aussi important de mettre en place des groupes régionaux afin de faciliter les coopérations interrégionales.  Le Ministre des affaires étrangère de la Norvège s’est néanmoins félicité de plusieurs avancées récentes, citant notamment les Conventions sur l’interdiction des mines antipersonnel et sur l’interdiction des armes à sous-munitions.  Il s’est aussi réjoui du Document final sur le TNP, adopté par la Conférence des États parties en mai dernier.  Ces exemples montrent que la Conférence du désarmement est essentielle pour relancer les travaux sur le désarmement et, en particulier sur la non-prolifération.  « Il est temps maintenant d’agir pour libérer le monde des armes nucléaires », a-t-il conclu.


M. MARTY M. NATALEGAWA, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a estimé que tant que les armes nucléaires existent sur terre, l’humanité fait face à un danger important.  C’est dans ce contexte que nous devons revitaliser la Conférence du désarmement et les autres instruments des Nations Unies.  Il a rappelé la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement, en 1978, qui avait été marquée par un consensus sur une stratégie et un agenda en matière de désarmement.  Le Document final avait insisté sur l’importance du désarmement et le rôle central de l’ONU dans ce domaine.  « Malheureusement, peu de progrès ont été réalisés depuis cette date », a-t-il regretté.


Le Ministre indonésien des affaires étrangères s’est félicité toutefois de deux avancées récentes.  En avril dernier, les États-Unis et la Fédération de Russie ont signé un nouveau Traité START sur la limitation des armes offensives stratégiques.  L’autre avancée s’est produite en mai dernier avec la conclusion d’un Document final sur le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Ces deux étapes importantes ont montré que des progrès pouvaient être réalisés, a-t-il fait remarquer.  Alors que la Conférence du désarmement a connu une impasse pendant plus d’une décennie, il est temps maintenant de redoubler d’efforts pour assurer la mise en œuvre de son programme de travail, a-t-il souligné.


M. MICHAEL SPINDELEGGER, Ministre des affaires étrangères de l’Autriche, a, à son tour, souligné la nécessité urgente de relancer les travaux de la Conférence du désarmement, qui était dans l’impasse pendant plus de 10 ans.  « La Conférence du désarmement risque de devenir obsolète », a-t-il averti, avant de saluer l’initiative du Secrétaire général de rechercher l’appui nécessaire pour sauver cet organe.  Pour le Ministre autrichien, si la session de fond de la Conférence du désarmement ne peut débuter à la fin de l’année, l’Assemblée générale devra obligatoirement identifier ou établir un forum de remplacement qui sera chargé de traiter les questions les plus pressantes.  Il a ainsi souligné l’importance de commencer sans retard les négociations sur un traité d’interdiction de production de matières fissiles à des fins militaires et d’avancer sur le projet de création d’un centre de compétence sur la non-prolifération et le désarmement nucléaire.  Ce centre, qui serait basé à Vienne, travaillerait avec la société civile et servirait de plate-forme pour fournir une expertise indépendante sur la dénucléarisation, a-t-il précisé.


M. CELSO AMORIM, Ministre des affaires étrangères du Brésil, a estimé que les difficultés de la Conférence du désarmement ne découlent pas de son règlement intérieur mais de l’absence d’une réelle approche multilatérale de désarmement.  Elle a estimé que la future négociation d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles devrait prendre en compte toutes les questions connexes.  Elle a aussi souligné l’importance de s’attaquer à la prévention de la prolifération des armes dans l’espace.


M. KOSTYANTYN GRYSHCHENKO, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a rappelé que son pays considérait la Conférence du désarmement comme le seul forum international de négociations en la matière et a appuyé les discussions sur le projet d’élaboration d’un traité juridiquement contraignant sur les matières fissiles.  Il a rappelé que l’Ukraine avait, en 1994, volontairement renoncé à son arsenal nucléaire hérité de l’URSS, et qui en importance le troisième au monde.  L’Ukraine a espéré depuis les 16 dernières années écoulées que des manifestations de bonne volonté politique comparables de la part d’autres États les amèneraient à réduire ou à se débarrasser de leurs arsenaux nucléaires, a dit M. Gryshchenko.  Vu l’absence de cette bonne volonté, l’Ukraine est fortement préoccupée du blocage à la Conférence du désarmement, a-t-il poursuivi.


Pourtant, ces blocages n’ont pas empêché notre pays de décider le retrait de son territoire de tous les matériaux fissiles nucléaires qui y sont encore présents, a poursuivi le Ministre, qui ajouté que l’Ukraine accueillerait favorablement toute décision de compromis qui permettrait de débloquer le chemin qui devrait mener à une mise en œuvre du programme de travail de la Conférence du désarmement.  En outre, l’Ukraine propose de définir un calendrier pour parvenir à un désarment international complet sous contrôle international effectif.  Cela permettrait de consolider les déclarations des États dans un document multilatéral pertinent placé sous l’égide des Nations Unies et qui pourrait être un traité sur un désarmement général et complet, dont l’adoption fournirait des garanties définitives aux États qui disposent de stocks limités d’armes atomiques et hésitent à s’en séparer, a préconisé le Ministre.


M. KASIT PIROMYA, Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, qui s’exprimait au nom du groupe informel des pays observateurs à la Conférence du désarmement, a déclaré que l’élimination totale des armes nucléaires était le seul moyen de garantir qu’elles ne seront pas utilisées.  Il est essentiel que les travaux de la Conférence du désarmement puissent rassembler toutes les parties prenantes, a-t-il dit, en regrettant que sa composition soit limitée à 65 États membres, soit seulement un tiers des États Membres de l’ONU.  C’est pourquoi, il a demandé la nomination d’un coordonnateur spécial qui sera chargé, en 2011, de la question de l’élargissement de sa composition, dans l’intérêt du multilatéralisme.


M. VUK JEREMIĆ, Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a estimé que le meilleur moyen de réaffirmer le rôle de la Conférence sur le désarmement comme seul organe de désarmement multilatéral est de la rendre plus efficace.  En clair, cela signifie qu’il faut mettre en place des mécanismes, qui permettent de surmonter les blocages actuels.  Il a estimé que l’un des problèmes les plus pressants est l’élargissement de la Conférence du désarmement, qui n’a pas été examiné depuis 1999.  En tant qu’un des États successeurs de la Yougoslavie, qui était membre de la Conférence du désarmement, la Serbie, qui a un statut d’observateur, attache une importance particulière à cette question et appuie la nomination d’un coordonnateur spécial en la matière.  Il a ensuite expliqué en quoi son pays souhaitait apporter une contribution positive aux travaux de la Conférence du désarmement, précisant notamment que la Serbie avait contribué à l’accord sous-régional de 1996 sur le contrôle des armements, conclu avec la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro et la Croatie.


M. SEIJI MAEHARA, Ministre des affaires étrangères du Japon, a regretté que le comportement d’un pays ait empêché la Conférence du désarmement de commencer son travail, malgré l’accord obtenu sur son programme de travail.  Il a souhaité que la Conférence du désarmement commence immédiatement des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles.  Il a souligné l’importance de se consacrer à la prévention de la militarisation de l’espace.  « Nous ne pouvons pas accepter que les intérêts de l’ensemble de la communauté internationale soient bloqués par un seul pays », a-t-il dit.  Il y a quelques jours, le Japon et neuf autres pays ont constitué un nouveau groupe visant à faciliter des progrès concrets sur un certain nombre de questions liées au désarmement, a-t-il précisé.


M. Sergei Martynov, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a affirmé que le processus de négociation a été paralysé ces dernières années au sein de la Commission du désarmement (CD).  Il est temps de dépasser les blocages pour poursuivre les négociations sur le désarmement et la sécurité internationale, a-t-il ajouté.


Le Ministre des affaires étrangères du Bélarus, dont le pays présidait la Conférence du désarment au mois de mars, a dit espérer que les États membres de la CD allaient pouvoir atteindre un consensus sur le contrôle et l’usage des matières fissiles.  Il est difficile de conjuguer les efforts, vu les diversités de vues entre les États, a-t-il cependant reconnu.  Il est donc essentiel de redoubler d’efforts.  Il a aussi insisté sur l’importance de l’élargissement de la Conférence à de nouveaux membres.  Le Bélarus soutien l’idée de la participation de la société civile dans les activités de la CD, a-t-il souligné.


M. STEVEN VANACKERE, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Belgique, qui s’est exprimé au nom de l’Union européenne (UE), a insisté sur l’importance du désarmement et de l’architecture du contrôle des armements.  Il s’est aussi félicité des récents progrès, dont l’adoption de la Résolution 1887 du Conseil de sécurité, du nouveau Traité START conclu entre les États-Unis et la Fédération de Russie, du Sommet de Washington sur la sécurité nucléaire, de la Conférence d’examen de la mise en œuvre du TNP, ainsi que de la Convention sur les armes à sous-munition.  L’UE est décidée à renforcer ces engagements, a-t-il poursuivi.


M. Vanackere a affiché la vive préoccupation de l’Union européenne concernant les dysfonctionnements d’une partie du mécanisme du désarmement et de la Conférence du désarmement (CD).  Il a préconisé de se concentrer sur les négociations en vue d’un traité multilatéral sur l’interdiction de la production et de l’usage à des fins militaires des matières fissiles.  « Les négociations constituent le début du processus, elles ne sont pas une fin », a-t-il poursuivi.


Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Belgique a appelé la Conférence du désarmement, la Première Commission, et la Commission du désarmement´des Nations Unies, à revoir et améliorer leurs méthodes de travail.  Il a également insisté sur l’engagement de l’UE à entamer des discussions sur le fonctionnement de la Commission du désarmement et des autres instruments de l’ONU chargé du contrôle des armements.  L’Union européenne est favorable à l’élargissement de la CD à des nouveaux membres, dont des États observateurs, la société civile et les instituts de recherche, a indiqué M. Vanackere.


M. KEVIN RUDD, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a rappelé que son pays avait, en coopération avec le Japon, créé une commission sur la non-prolifération et le désarmement pour préparer la dernière Conférence des États parties chargée d’examiner le TNP.  C’est dans la même optique que nous avons créé, il y a deux jours, un groupe de pays chargé de donner un élan politique aux recommandations qui figurent dans le plan d’action du TNP.  Il a estimé qu’il faudrait mettre un terme au véritable scandale que constitue l’incapacité de la Conférence du désarmement d’avancer depuis 13 ans maintenant.  Nous devons voir comment nous pouvons commencer le travail de négociation d’un traité sur l'arrêt de la production de matières fissiles si nous ne pouvons pas le faire dans le cadre de la Conférence du désarmement.


M. ANIFAH BIN HAJI AMAN, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a souhaité que les États membres dépassent la pratique du consensus pour adopter un programme de travail de la Conférence du désarmement.  Il faut, a-t-il dit, que l’adhésion aux principes de transparence et d’exclusivité soit la marque de travail de la Conférence du désarmement et que cet organe puisse devenir plus efficace, en faisant participer à ses travaux la société civile.  Il a souhaité que la Conférence du désarmement rende des comptes à l’Assemblée générale de l’ONU.  Il est de la plus grande importance de faire preuve d’une volonté politique forte pour faire avancer l’ordre du jour du désarmement, a-t-il insisté.


M. RADOSLAW SIKORSKI, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a noté l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement, trois décennies après sa création.  Il a souligné la nécessité de procéder aux réformes nécessaires et de tout mettre en œuvre pour éviter la marginalisation de la Conférence du désarmement.


M. DIMITRIS DROUTSAS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a jugé urgent le lancement de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles et d’avancer dans le domaine de la prévention de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.  Il a appuyé la proposition de nommer un coordonnateur spécial qui sera chargé d’explorer, en 2011, les moyens d’élargir la composition de la Conférence du désarmement.  Il a dit la volonté de la Grèce de rejoindre la Conférence du désarmement.


M. NICKOLAY MLADENOV, Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, a rappelé que son pays a présidé les travaux de la Conférence du désarmement en juillet dernier et qu’à cette occasion la Bulgarie attache une grande importance à ce forum.  Des opportunités réelles existent en vue de relancer les négociations et la confiance internationale sur les questions de contrôle d’armements, a-t-il estimé.  Ainsi, la récente Conférence des Parties chargée d’examiner la mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, qui a eu lieu à l’ONU à New York, a été un succès, a-t-il dit.  Il a cependant regretté qu’en dépit de tous les efforts entrepris cette année, la Conférence ne soit pas parvenue à atteindre un consensus sur la mise en œuvre de son programme de travail.  La méfiance et la suspicion continuent de prévaloir entre les États, alors que rien ne peut justifier un tel comportement, a-t-il ajouté.  M. Mladenov a souhaité que la communauté internationale s’engage à trouver une solution à l’impasse qui s’est installée à la Conférence du désarmement.  Le désarmement et la non-prolifération sont essentiels à la promotion de la paix et de la sécurité internationale, a-t-il rappelé.


M. GORDAN JANDROKOVIĆ, Ministre des affaires étrangères de la Croatie, a déclaré qu’en tant qu’observateur à la Conférence du désarmement, son pays appuie le travail de cet organe.  C’est le seul organe de négociation multilatéral en la matière, dont l’objectif principal, a-t-il rappelé, est de mener des négociations substantielles sur le désarmement sur des questions qui ne font pas l’objet de traités contraignants.  La Croatie regrette que la Conférence du désarmement n’ait pas pu engager des négociations substantielles depuis 1996-  Elle appuie, a-t-il dit, des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles.  La non-prolifération et le désarmement ne devraient pas être tenus en otage par des demandes non réalistes, a-t-il estimé, convaincu que le meilleur moyen de faire avancer la cause de la non-prolifération est de procéder de manière graduelle.  M. Jandroković a par ailleurs rappelé que de nombreux États décrivent la Conférence du désarmement, qui compte 65 États membres, comme un « club exclusif » réticent à ouvrir ses portes à l’ensemble des États Membres des Nations Unies.  La Croatie estime que la Conférence du désarmement devrait respecter les souhaits des États intéressés à y entrer, ajoutant que l’élargissement de cet organe ne pourrait que le servir en permettant à de nouveaux membres d’apporter leur expérience et leur expertise.


M. MOURAD MEDELCI, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a estimé que le blocage actuel de la Conférence du désarmement ne saurait être imputé à une défaillance de ce mécanisme institutionnel ou à son mode de prise de décisions.  Il faut en rechercher les causes dans l’évolution de la problématique du désarmement et des politiques de sécurité hors du cadre de la Conférence du désarmement, a-t-il ajouté.  Pour le Ministre algérien, l’absence de volonté politique pour la prise en charge de l’ensemble des questions à l’ordre du jour de la Conférence est à l’origine du blocage.  Invitant à ne pas menacer et condamner la Conférence à la marginalisation, M. Medelci a assuré que l’autorité et la crédibilité de cet instrument dépendaient de sa capacité à susciter la confiance nécessaire aux États en étant à l’écoute de leurs préoccupations légitimes de sécurité non diminuées pour tous.  La négociation à la Conférence du désarmement d’un traité sur l’interdiction des matières fissiles s’inscrit bien dans la perspective d’aboutir à l’élimination complète des armes nucléaires selon un échéancier clair.  La prévention de la course aux armements dans l’espace constitue, elle aussi, un élément fondamental pour la stabilité et la sécurité internationales, a-t-il également dit.  En conclusion, le Ministre algérien des affaires étrangères a mis en garde contre le dessaisissement par l'Assemblée générale des prérogatives de la Conférence du désarmement.  En revanche, la convocation  de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement pourrait permettre de sortir de l’impasse en traitant de la problématique du désarmement dans sa globalité, a-t-il jugé. 


M. MANOUCHEHR MOTTAKI, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, s’est dit convaincu que le blocage de la Conférence du désarmement résultait non pas de sa structure et de la sclérose de ses méthodes de travail, mais de l’absence de volonté politique des États dotés de l’arme nucléaire.  Ceux-ci, a-t-il ajouté, s’opposent à un programme de travail équilibré et complet et refusent, ce faisant, de traiter des questions prioritaires sur un pied d’égalité.  Pour le Ministre iranien, la Conférence du désarmement est et doit rester l’unique organe de négociations multilatérales des traités en matière de désarmement.  Plus encore, son rôle dans le domaine du désarmement nucléaire doit être renforcé, a-t-il renchéri.  M. Mottaki a appuyé la tenue de négociations à la Conférence du désarmement d’une convention interdisant la totalité des armes nucléaires, la mise en œuvre d’un tel outil devant conduire réellement à l’élimination complète et irréversible de tous les arsenaux d’ici à 2025.  Poursuivant, le Ministre iranien a souligné que les États-Unis étaient la seule partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) à avoir utilisé « ces armes inhumaines ».  Il a ensuite regretté que, récemment, les États-Unis aient ouvertement menacé de recourir à ces armes contre d’autres parties au Traité.  Concluant son intervention, M. Mottaki a appelé à la mise en place sans délais d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, telle que prévue dans la résolution de la Conférence d’examen du TNP, adoptée en 1995.  Dans l’attente de l’instauration d’une telle zone, le « régime sioniste » doit renoncer à la possession de ses arsenaux nucléaires, adhérer au TNP et placer la totalité de ses installations nucléaires sous le régime de vérification de l’AIEA, a conclu le responsable iranien.


M. OMAR HILALE (Maroc), prenant la parole au nom de M. Taïb Fassi-Fihri, Ministre des affaires étrangères et de la coopération, a affirmé que la Conférence du désarmement était devenue « une instance statique dans un environnement mondial en plein mouvement ».  Il a appelé les membres de celle-ci à conjuguer leurs efforts et à faire preuve d’imagination et de flexibilité pour innover dans la recherche de solutions de compromis.  « Notre réflexion devrait s’orienter vers la recherche de l’alchimie politique à même de réussir l’équilibre nécessaire entre les impératifs de la sécurité globale et les besoins légitimes de la sécurité nationale des États ».  Il a également appelé la Conférence du désarmement à adopter une approche globale, intégrée et pragmatique en se fixant comme objectif le désarmement nucléaire.  M. Hilale a ensuite lancé un appel pour la convocation d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement, dont l’objectif serait de faire un « diagnostic général » de toutes les instances onusiennes en charge du désarmement, de s’accorder sur des solutions aux problèmes systémiques de la Conférence du désarmement et d’adopter son agenda aux défis sécuritaires du XXIe siècle.  La convocation d’une telle session est une urgence si nous voulons préserver la Conférence du désarmement de la marginalisation, a-t-il affirmé.


M. SHIN KAK-SOO, Ministre des affaires étrangères par intérim de la République de Corée, a estimé que les raisons du blocage de la Conférence du désarmement étaient multiples et complexes.  Il a déclaré que l’impasse à long terme au sein de la Conférence du désarmement était due à des considérations de sécurité régionale.  Les règles opérationnelles de la Conférence de désarmement devraient être amendées.  Il a souligné l’urgence d’entamer des négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles.  Il faut fixer une date butoir pour la conclusion de négociations multilatérales en matière de désarmement.  La mémoire institutionnelle de la Conférence du désarmement est un atout précieux pour la communauté internationale, a-t-il dit en rappelant que c’est la Conférence du désarmement qui a permis la négociation des Conventions sur les armes chimiques et sur les armes bactériologiques, ou encore du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).


M. ALEXANDER STUBB, Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a souhaité l’élimination totale des armes nucléaires en rappelant que les armes nucléaires ne renforçaient en rien la sécurité.  « Si nous ne sommes pas en mesure de nous entendre sur un traité sur l'interdiction de la production de matières fissiles et les autres questions inscrites au programme de travail, la Conférence du désarmement sera certainement amené à disparaître », a-t-il prévenu.


M. GUIDO WESTERWELLE, Ministre des affaires étrangères d’Allemagne, a mis l’accent sur les avancées positives en matière de désarmement, de contrôle des armes et de non-prolifération, au cours de l’année 2010.  M. Westerwelle a mis l’accent sur le récent Traité START qu’ont signé récemment les États-Unis et la Fédération de Russie et a estimé qu’il était nécessaire de poursuivre sur cette voie.  Il a, par ailleurs, indiqué que son pays appuyait les efforts visant à créer un monde exempt d’armes nucléaires.  La récente Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires a été l’occasion de relancer les discussions sur le désarmement nucléaire et la non-prolifération, a-t-il ajouté.  Il a jugé qu’il était important que les négociations se poursuivent en vue d’élaborer un traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles.


M. LAWRENCE CANNON, Ministre des affaires étrangères du Canada, s’est interrogé sur le bien-fondé de maintenir la règle du consensus au sein du règlement intérieur de la Conférence du désarmement.  De son point de vue, il convient en effet de se demander si une enceinte formée de 65 États peut fonctionner sur la base d’une interprétation stricte du consensus exprimé par un petit nombre d’États.  Depuis 1998, a-t-il rappelé, la Commission du désarmement ne parvient pas à accomplir la seule tâche qui lui est confiée, à savoir entamer des négociations sur le désarmement.  Le Ministre a invité tous les États Membres à faire connaître leur point de vue sur le régime de désarmement, et ce, dès l’ouverture, la semaine prochaine, des travaux de la Première Commission de l’Assemblée générale.  Il a également estimé que si la Conférence du désarmement ne commence pas l’examen des questions de fond inscrites à son ordre du jour avant la fin de la session de 2011, il faudra alors que l’ordre du jour provisoire de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale prévoie l’examen des mesures à prendre pour poursuivre le travail confié à la Conférence du désarmement.  « Nous devons être prêts à sortir des sentiers battus de façon à trouver des façons novatrices et concrètes de mener des négociations multilatérales sur le désarmement », a-t-il estimé.


M. MURRAY McCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a déclaré que la Conférence du désarmement était et devait rester l’organe le plus important permettant à la communauté internationale de négocier les principaux traités de désarmement.  Le blocage dont nous parlons aujourd’hui empêche depuis plus de 10 ans la Conférence de se pencher sur les questions de fond, et cette impasse n’est plus acceptable pour la majorité des États Membres, a-t-il souligné à son tour.  Nous ne pouvons nous permettre de gâcher les chances de renforcer la paix, a-t-il ajouté, notant qu’alors que la Conférence du désarmement (CD) est à l’arrêt, des progrès ont lieu dans d’autres forums en matière de contrôle des armes.  L’idée noble d’un monde sans armes nucléaires suit son chemin, y compris dans les opinions publiques des principales puissances nucléaires, s’est-il félicité avant d’estimer que l’interdiction de la production des matières fissiles devait être décidée au sein de la CD.  Malgré les blocages dont la Conférence est victime et malgré la résistance de certains États à discuter de ce genre de traité, nous sommes convaincus que la seule poursuite de leurs intérêts personnels par les États n’est pas souhaitable, et avons espoir que les choses pourraient se faire dans le cadre de la CD avec la participation constructive de tous ses membres.


M. DIPU MONI, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, s’est dit déçu par le blocage des travaux de la Conférence du désarmement que son pays a présidée lors de la première session de 2010.  Toutefois, a-t-il ajouté, nous ne devons pas perdre espoir, avant de rappeler que la Convention sur les armes biologiques, la Convention sur les armes inhumaines et le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE) avaient été négociés avec succès au sein de la Conférence du désarmement.  Pour M. Moni, seule l’élimination totale des armes nucléaires offrira la garantie absolue qu’elles ne seront pas utilisées.  En attendant, les pays qui ne possèdent pas cette arme ont le droit légitime de recevoir des autres des garanties qu’elle ne sera pas utilisée à leur encontre et c’est pourquoi, le Bangladesh renouvelle son appel en faveur de la négociation immédiate d’un traité universel, inconditionnel et contraignant en ce sens.  Le Bangladesh appuie aussi l’ouverture de négociations sur un traité mettant fin à la production de matières fissiles.  La Conférence du désarmement doit surmonter son impasse actuelle, a poursuivi le Ministre, qui a lancé un appel à la volonté politique et estimé qu’il faudrait revoir l’ordre du jour que la Conférence du désarmement doit adopter chaque année en fonction de l’évolution rapide de la situation dans le monde.  Il faut aussi modifier les règles de procédure de la Conférence du désarmement pour faciliter la prise de décisions et créer un espace d’expression pour la société civile.  Afin de débloquer réellement la Conférence du désarmement, le Bangladesh est favorable à la convocation d’une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au désarmement.


M. URMAS PAET, Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, est intervenu brièvement pour affirmer que la sécurité collective était une question indivisible.  C’est ainsi qu’il a plaidé pour un élargissement du nombre de membres de la Conférence du désarmement qui, avec ses 65 membres, ne représente même pas un tiers du nombre total d’États Membres de l’ONU.


M. BRUNO RODRIGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a proposé de consacrer au moins la moitié des budgets militaires annuels, qui dépassent largement les 1 500 milliards de dollars, au développement.  Ces ressources seraient utilisées rationnellement par le biais d’un fonds géré par les Nations Unies et pourraient permettre rapidement d’en finir avec un fléau comme celui de la faim, a-t-il assuré.  Pour le Ministre cubain, la création d’une convention visant à l’élimination complète des arsenaux nucléaires doit être la priorité d’une CD revitalisée.


M. LUIS F. M. AMADO, Ministre des affaires étrangères du Portugal, a appuyé les propos de son homologue de l’Estonie, tout en ajoutant que les questions traitées par la CD étaient par définition universelles, car elles touchent tous les pays et peuples du monde.  Le Portugal appuie la nomination d’un coordonateur spécial chargé d’examiner la question de l’élargissement de la CD, a-t-il déclaré.


M. MILENKO SKOKNIC (Chili) a déclaré que son pays appuyait les efforts visant à assurer un désarmement complet et la non-prolifération des armes de destruction massive, estimant que les deux questions sont des processus complémentaires et interdépendantes.  Il a rappelé que le Chili avait travaillé tout au long de ces dernières années en qualité « d’Ami du Président » de la Conférence du désarmement afin de lui permettre de sortir de la paralysie.  À ce titre, le Chili s’était félicité de l’adoption en 2009 d’un programme de travail de la Conférence du désarmement.  Cette décision avait été adoptée par consensus et suscité beaucoup d’espoirs, qui ne se sont malheureusement pas traduits en résultats concrets.  Aujourd’hui, la Conférence du désarmement ressemble à une relique du passé, a ajouté M. Skoknic, qui a grand besoin d’être réactivée.  Il a estimé que le principal organe du système de désarmement ne peut pas être bloqué par une pratique de consensus qui aboutit à une forme de veto interdisant à la majorité des États membres d’entreprendre les activités qu’ils jugent nécessaires.  Il a également souhaité que soit réexaminée la composition de la Conférence du désarmement afin que des pays qui attendent depuis des années de la rejoindre puissent enfin apporter leur contribution, et que la société civile puisse être autorisée à bénéficier d’un statut d’observateur pour participer à ses travaux.


M. NOORA DHAFIR JAAFAR AL-SARIAA (Iraq), prenant la parole au nom de M. Hoshyar Zebari, Ministre des affaires étrangères, a déclaré qu’il est essentiel de faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes de destruction massive et, en particulier, d’armes nucléaires.  En ce sens, l’Iraq coordonne ses efforts avec ceux de la Ligue des États arabes aux Nations Unies, à l’AIEA et dans les autres instances pertinentes.  Afin de jouer un rôle stabilisateur dans la région, l’Iraq a renoncé, de manière permanente, à posséder des armes de destruction massive et a inscrit cette décision dans sa Constitution, a déclaré le Ministre.  L’Iraq, par le respect de ses engagements, a permis au Conseil de sécurité de mettre fin au mandat de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection des Nations Unies (COCOVINU), a ajouté M. Zebari, qui a cité d’autres mesures prises par le Gouvernement de l’Iraq, comme la signature du Traité sur l’interdiction des armes chimiques et du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), ou encore son adhésion en juillet dernier au Code de conduite international de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques.  Affirmant que les obligations de l’Iraq en matière de désarmement avaient été remplies, le Ministre a conclu en estimant que le temps était venu pour le Conseil de sécurité de lever les dernières sanctions imposées à son pays en vertu de ses résolutions 687 et 707, adoptées en 1991.


M. SOMANAHALLI MALLAIAH KRISHNA, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, a assuré que son pays appuyait le lancement, dès 2011, de négociations à la Conférence du désarmement (CD) sur un traité d’interdiction de la production et de l’usage, à des fins militaires, de matières fissiles.  Nous appelons à l’intensification du dialogue parmi les États Membres en vue de renforcer le consensus international sur le désarmement et la non-prolifération, a-t-il ajouté avant de souhaiter que le document de clôture du Secrétaire général réaffirme le rôle critique de la CD en tant qu’enceinte multilatérale de négociations indispensable pour réaliser les objectifs communs de sécurité.


M. GRIGOL VASHADZE, Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a mis l’accent sur les risques créés par le non-respect, par certains États, des obligations internationales qu’ils ont pourtant contractées en tant que parties aux principaux instruments qui forment la base du système de sécurité multilatéral.


M. MOHLABI TSEKOA, Ministre des affaires étrangères du Lesotho, a déclaré qu’un nombre de membres limités au sein de la Conférence du désarmement n’augure rien de bon avec le multilatéralisme.  Alors que la Conférence du désarmement se présente comme le seul organe multilatéral chargé du désarmement, il ne comporte que 65 membres, a-t-il dit.  Les deux autres principaux organes chargés de la question du désarmement au sein des Nations Unies, qui sont l’Assemblée Générale et la Première Commission, sont composés de tous les États Membres.  M. Tsekoa a souligné que l’argument selon lequel, plus l’organisation est petite, plus elle est efficace, ne se vérifie pas dans toutes les situations.  Le Ministre a souligné par ailleurs la nécessité d’améliorer les méthodes de travail et les procédures de la Conférence du désarmement.  Il est souvent apparu que peu de progrès ont été réalisés au sein de la Conférence du désarmement, à cause de la pratique du consensus, a-t-il estimé.


M. Samuel Žbogar, Ministre des affaires étrangères de la Slovénie, a estimé qu’il est temps aujourd’hui que la communauté internationale sorte de l’impasse qui dure depuis 10 ans à la CD.  Il a toutefois vu des signes positifs dans le forum de la Conférence du désarmement de Genève.


Le Ministre slovène a avancé trois points qui sont essentiels pour le Gouvernement de la Slovénie.  Il s’agit d’abord de dépasser les blocages au sein de la Conférence du désarmement, a-t-il indiqué.  Dans un deuxième temps, il convient d’élargir la CD.  Enfin, les négociations sur un traité d’interdiction de la production des matières fissiles à des fins militaires doivent reprendre le plus tôt possible, a-t-il préconisé.  « La communauté internationale doit sortir de son immobilisme d’une décennie en matière de désarmement », a conclu M. Žbogar.


M. SURUJRATTAN RAMBACHAN, Ministre des affaires étrangères de Trinité-et-Tobago, a axé sa déclaration sur l’importance d’établir rapidement un traité sur le commerce des armes, « qui agirait positivement sur le développement et la paix dans des régions minées par la présence excessive d’armes légères et de petit calibre ».  Dans mon pays, 72,1% des meurtres ont été commis avec des armes à feu, a-t-il annoncé.  La question, sous tous ses aspects, de la vente et de la circulation des armes légères et de petit calibre, doit faire partie intégrante des discussions portant sur un désarmement général et complet à l’ONU, a-t-il conclu.


M. CHRISPUS KIYONGA, Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda, a souhaité que cette Réunion de haut niveau débouche sur la reprise des travaux de fond de la CD.  Les règles de procédure de la Conférence permettent de commencer les négociations dans le cadre des séances plénières, a-t-il rappelé.  Certains États Membres doivent cesser d’user de la procédure pour bloquer les efforts de la majorité, a-t-il renchéri.  Peut-être devrions-nous nous inspirer du processus de négociations qui prévaut dans le cadre revitalisé du TNP, a enfin suggéré le Ministre ougandais.


M. DANIEL AYALON (Israël) a affirmé que les membres de la CD avaient la responsabilité de trouver des moyens de sauvegarder le rôle unique de la Conférence en matière de négociations sur le désarmement et la non-prolifération.  Il a souligné que les règles de procédure de la CD stipulaient que les travaux doivent être menés en suivant la règle du consensus.  Cela signifie que les impératifs de sécurité nationale ne peuvent être négligés, a-t-il dit.  Le représentant a en outre assuré que son pays aspirait à réaliser la paix et la sécurité dans la région du Moyen-Orient.  La réalité politique exige toutefois que l’on privilégie une approche souple, étape par étape, la paix entre Israël et ses voisins ne pouvant être envisagée sans la prise de mesures de confiance et d’accords mutuels en vue, notamment, d’établir une zone exempte d’armes de destruction massive dans la région, a-t-il noté.  Pour M. Ayalon, la communauté internationale, par le biais de la CD, doit s’attacher plus activement à résoudre la question du nucléaire iranien.  L’Iran est l’exemple même d’un État engagé non seulement dans un programme clandestin d’armes de destruction massive, mais aussi dans l’appui à des organisations terroristes sévissant dans la région et au-delà, a estimé le représentant israélien.


M. KALOMBO T. MWANSA, Ministre de la défense de la Zambie, a notamment émis l’espoir que la mise en œuvre de la nouvelle Convention sur les armes à sous-munitions renforcera la paix et la sécurité ainsi que les droits des personnes handicapées victimes de l’usage intolérable de ces arsenaux.


M. LUIS ALMAGRO, Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a déclaré que c’est dans le cadre de négociations multilatérales transparentes que devraient progresser le désarmement et la non-prolifération.  C’est grâce aux négociations engagées au sein de la Conférence du désarmement que divers traités ont été élaborés, dont le dernier en date, en 1996, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), a rappelé le Ministre, qui a regretté que ce dernier ne soit toujours pas entré en vigueur.  La Conférence du désarmement est dans l’impasse, a déclaré M. Almagro.  Certes, on peut trouver un nombre incalculable de causes à la paralysie de ces dernières années et multiplier les analyses mais il incombe à tous de faire en sorte que l’organe chargé de ces négociations multilatérales sur le désarmement remplisse son mandat.  Le Ministre a proposé de profiter du climat actuel pour en revenir à un « multilatéralisme modéré » et à la réaffirmation de la compétence des organes internationaux.  En ce sens, la Conférence du désarmement doit commencer sans délai des négociations sur le projet de traité mettant fin à la production de matières fissiles.  Les États doivent aussi lancer d’urgence des discussions sur les garanties négatives de sécurité pour les pays qui ne disposent pas de l’arme nucléaire.  En outre, l’Uruguay considère qu’un des moyens de revitaliser la Conférence du désarmement est de l’élargir.  Enfin, si la Conférence du désarmement n’est pas en mesure d’agir, il appartiendra à l’Assemblée générale de se saisir de la question sur la base de l’article 11-1 de son règlement intérieur, comme cela a été le cas pour le projet de traité sur le commerce des armes, que l’Uruguay espère voir finalisé en 2012.  Le Ministre a également apporté son soutien au plan en cinq points du Secrétaire général de 2008 pour le désarmement et la non-prolifération.


M. ARVIN BOOLELL, Ministre des affaires étrangères de Maurice, a estimé que l’on est passé de l’incertitude, avec le blocage des travaux de la Conférence du désarmement, à un plan d’action sur la non-prolifération nucléaire.  Il a souhaité que l’on parvienne à l’élimination totale des armes nucléaires.  Le Ministre a mis l’accent sur la contribution de son pays aux efforts qui ont mené à la création de la ZEAN de Pelindaba.  Il a souhaité que des mesures concrètes soient prises pour revitaliser des travaux de cette instance et faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement.


Mme PATRICIA LONDONO, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Colombie, s’est dit favorable au principe du consensus pour l’adoption du programme de travail de la Conférence du désarmement.  Elle a souligné l’urgence de lancer les négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles et de progresser en matière de prévention de la militarisation de l’espace extra-atmosphérique.


M. ALBERTO D’ALOTTO, Secrétaire aux relations extérieures de l’Argentine, a regretté que la Conférence du désarmement soit restée dans un état d’hibernation prolongée, alors que l’adoption en 2009 d’un programme de travail avait relancé les espérances.  En revanche, il a estimé que les résultats de la Conférence d’examen du TNP aient apporté un peu d’air frais, dans la mesure où le document final contient des éléments qui peuvent et doivent influencer positivement le travail de la Conférence du désarmement.  Il ne faut pas perdre de vue non plus les caractéristiques essentielles de la Conférence du désarmement, seul organe multilatéral pour les négociations en matière de désarmement, mais aussi la règle du consensus, outil de ces négociations qui a rendu possible, dans les années qui ont suivi la fin de la guerre froide, l’adoption d’importants traités au sein de la Conférence, et enfin la participation des acteurs pertinents.  S’il a jugé que la volonté politique est nécessaire pour avancer, M. D’Alotto a estimé qu’il n’était pas indispensable de modifier les procédures de négociation au sein de la Conférence, estimant que cela pourrait entraîner une rupture de l’équilibre et de l’intégrité du système actuel.  En revanche, il a souhaité une participation plus active de la société civile.  Ces dernières années, a-t-il constaté, des progrès ont été réalisés en ce sens, ce qui a permis de garantir une contribution substantielle des ONG aux débats futurs de la Conférence.


M. JUAN PABLO DE LAIGLESIA, Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, a estimé qu’il était mal venu d’invoquer des intérêts nationaux pour s’opposer à des négociations multilatérales.  Il a souhaité que soit abordée au plus vite la négociation d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires.


M. T. D. HART, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a préconisé qu’au lieu de revenir sur la règle du consensus prévalant à la Conférence du désarmement, les États membres soient encouragés à participer de manière ouverte et active en se basant sur l’image la plus large possible de la situation en matière de paix et de sécurité internationales.  À son tour, il a plaidé pour un élargissement de la composition de la Conférence, afin de rendre les débats plus transparents et de refléter l’ensemble des réalités géostratégiques. 


M. PETER MAURER, Secrétaire d’État du Département des affaires étrangères de la Suisse, a estimé que la revitalisation de la Conférence du désarmement dépendait d’abord de la volonté politique des membres de cet organe.  Elle a nécessité également que les membres de la Conférence du désarmement réexaminent la manière d’appliquer les règles de procédure, à la lumière notamment de l’adoption d’un programme de travail, a-t-il ajouté.  M. Maurer a également appelé à s’engager dans une réflexion profonde sur les objectifs, les orientations et la structure du mécanisme de désarmement.  Il a par ailleurs mis en garde contre le recours abusif de la règle du consensus en vigueur à la Conférence du désarmement.


M. KAMEL MORJANE, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, s’est dit préoccupé par les difficultés que connaît la Conférence du désarmement, que la Tunisie a présidée en 2008.  Il a rappelé qu’à ses débuts, la Conférence du désarmement avait montré ses capacités à élaborer et adopter des traités et conventions majeurs en matière de désarmement, avant de regretter qu’elle n’ait pas pu poursuivre cet élan au cours de ces dernières années.  Pourtant, aujourd’hui plus que jamais, elle est appelée à jouer le rôle qui lui est dévolu dans le cadre d’une approche consensuelle et d’un dialogue constructif, a affirmé le Ministre.  À cette fin, la volonté politique de chacun est nécessaire, a-t-il ajouté.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a estimé que le temps était venu de poser un ultimatum, en fixant une limite à la reprise de ses travaux de fond.  Si demain, la Conférence du désarmement n’est pas en mesure de reprendre son travail, il reviendra à l’Assemblée générale de déterminer le futur de cet organe, a-t-il ajouté.  M. Heller a souhaité que le résumé de la réunion du Secrétaire général reflètera une stratégie claire pour sortir la Conférence de l’impasse, due selon lui au fait qu’une minorité d’États tiennent l’ordre du jour de la Conférence du désarmement en otage.


M. RAFAEL QUINTERO, Sous-Secrétaire d’État aux relations multilatérales de l’Équateur, a souligné l’urgence de lancer les négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires et de faire des progrès en ce qui concerne la prévention de la militarisation de l’espace extra-atmosphérique.  Il a déclaré que les blocages actuels étaient dus à des problèmes d’équilibre régionaux.  Ils sont le fruit de problèmes politiques qui nécessitent donc une résolution de même nature, a-t-il estimé.


M. ALEXIS AQUINO (Pérou) a déclaré que les armes ne garantissent pas la paix et qu’il est donc dans l’intérêt de tous de réduire les dépenses militaires afin de mieux répondre aux défis de la mondialisation et d’éliminer la pauvreté.  La communauté internationale doit mettre l’accent sur le développement durable au lieu de continuer à miser sur la course aux armements, y compris dans l’espace extra-atmosphérique, a-t-il dit.


M. AHMET UZUMCU, Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, est intervenu pour signaler qu’à ce jour, 60 millions d’armes de ce type ont été détruites sous vérification internationale.  « La vérification systématique des activités de l’industrie chimique que nous avons développée au fil des années sert directement les objectifs de non-prolifération de la communauté internationale », a-t-il aussi affirmé.


M. Tibor TOTH, Secrétaire exécutif de l’Organisation du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, a déclaré que l’initiative du Secrétaire général est importante et montre que les négociations multilatérales sur le désarmement sont possibles.  Alors que les blocages se poursuivent au sein de la Conférence du désarmement, il est nécessaire aujourd’hui d’œuvrer activement en faveur du désarmement nucléaire et de l’élimination des armes nucléaires.  M. Toth a souligné l’importance de la Conférence organisée pour faciliter l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et les négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles.  Les membres de la Conférence du désarmement ont un choix à faire, a-t-il poursuivi.  Ils doivent surmonter les divergences dans les négociations sur le désarmement nucléaire afin d’œuvrer pour un monde plus sûr pour les générations futures.


M. GOEFFREY SHAW, Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a expliqué que l’Agence pouvait contribuer aux efforts de désarmement par le biais de ses activités de vérification.  Elle peut faciliter la mise en œuvre du désarmement en contribuant à la mise en place de mesures de confiance, par exemple en vérifiant de manière indépendante que des matériaux nucléaires démantelés ne seront jamais utilisés à des fins militaires.  Les États-Unis et la Fédération de Russie ont ainsi récemment demandé à l’AIEA de vérifier la mise en œuvre de l’accord conclu entre les deux pays sur l’utilisation du plutonium qui n’est plus nécessaire à des fins de défense.


L’AIEA peut aussi apporter son assistance à la mise en place de nouvelles zones exemptes d’armes nucléaires et plus de 100 États de différentes régions du monde reconnaissent le rôle de vérification de l’AIEA dans ce domaine.  L’AIEA a un mandat pour empêcher que des matériaux nucléaires soient détournés à des fins militaires.  M. Shaw, l’AIEA peut fournir un appui concret à des États, sur leur demande, en termes de conseil, de formation et d’équipement, pour conforter leurs efforts nationaux visant à empêcher des groupes terroristes de se procurer des matériaux nucléaires ou radioactifs et renforcer la sécurité des installations contenant de tels matériaux.


M. LUVSANTSEREN ORGIL (Mongolie) a souligné que son pays avait obtenu la reconnaissance internationale de son statut d’État exempt d’armes nucléaires.  Sur cette base, la Mongolie s’attache à apporter une contribution constante au processus de désarmement et de non-prolifération, a-t-il indiqué.  Concernant la revitalisation de la CD, il a estimé que toute décision en son sein ne pouvait découler d’un consensus.  Il a à cet égard estimé qu’un ordre du jour clair, pouvait, par exemple, être adopté à l’issue d’un vote.  La relance des travaux de la CD dépend de la souplesse et de la volonté politique dont feront preuve les États qui en sont membres, a ajouté M. Orgil.


M. IVAN BARBALIC (Bosnie-Herzégovine) a déclaré que la CD était une institution précieuse, « dont les prérogatives et les responsabilités particulières méritent amplement d’être préservés dans un contexte mondial d’aspiration à l’élimination complète des armes nucléaires ».  Il a ajouté que pour être revitalisée, la Conférence devait préalablement devenir universelle dans sa composition.


M. Tacan Ildem, Directeur général pour les affaires de sécurité internationale de la Turquie, a affirmé que les problèmes mondiaux doivent être résolus de manière multilatérale.  Il faudrait mettre fin à l’impasse au sein de la Conférence du désarmement de manière constructive.  Il a estimé que la Conférence du désarmement constitue le seul organe multilatéral où tous les États nucléaires officiels ou non déclarés siègent.  M. Ildem a insisté sur l’importance des négociations sur l’élaboration d’un traité mettant fin à la production de matières fissiles.  Il a rappelé que les négociations lancées dans le cadre du mandat Shannon, qui ne devraient pas exclure les stocks existants, pourraient répondre aux préoccupations des États Membres à titre individuel.  C’est dans ce contexte que la Conférence du désarmement peut faciliter ces travaux, a-t-il ajouté, grâce à un esprit de flexibilité,de compromis et de détermination.


Mme MARY-HONOR KLOEG (Pays -Bas) a déclaré que les négociations multilatérales sur le désarmement constituent un intérêt commun pour la sécurité mondiale.  Parallèlement, le désarmement multilatéral et le contrôle des armes font partie intégrante des politiques de sécurité nationale.  Des progrès récents ont été réalisés avec le Traité START que les États-Unis et la Fédération de Russie ont signé il y a quelques mois, la Conférence des Parties chargée d’examiner le TNP et le lancement des négociations en vue d’obtenir un traité sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre.


Mme Kloeg a estimé qu’il faudrait mettre fin au blocage qui paralyse l’avancée des travaux de la Conférence du désarmement.  Les méthodes de travail au sein de la Conférence du désarmement sont en partie responsables de ces difficultés, a-t-elle ajouté.  « Aujourd’hui, nous sommes prêts à discuter de propositions concrètes pour améliorer les méthodes de travail et faciliter le processus de décision avant de débuter la première session de la Conférence du désarmement en 2011 », a-t-elle conclu.


M. MUSA M. ABDUSSALAM KOUSA, Secrétaire général du Comité du peuple pour la coopération internationale et la liaison extérieure de la Jamahiriya arabe libyenne, a demandé la pleine mise en œuvre du Plan d’action adopté lors de la dernière Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, en particulier le volet concernant l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il a également appelé la communauté internationale à exercer davantage de pression pour qu’Israël adhère au TNP sans délai et place toutes ses installations nucléaires sous le régime de vérification de l’AIEA.  M. Kousa a par ailleurs appuyé la nomination d’un coordonnateur spécial chargé de réfléchir aux moyens d’élargir la composition de la Conférence du désarmement.  Cela permettrait de renforcer la transparence du processus multilatéral des négociations en matière de désarmement, a-t-il estimé.


M. JUSTIN N. SERUHERE (République-Unie de Tanzanie) a expliqué que les armes légères et de petit calibre, en favorisant la criminalité transnationale organisée entre pays en développement, constituaient de « véritables armes de destruction massive ».  Lorsqu’elle débat des armes les plus destructives, la communauté internationale ne devrait pas négliger le sort de nos pays, a-t-il recommandé.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Stratégie de Maurice: M. Ban Ki-moon demande une augmentation de l’aide en faveur des petits États insulaires en développement

AG/10998-ENV/DEV/1161

Stratégie de Maurice: M. Ban Ki-moon demande une augmentation de l’aide en faveur des petits États insulaires en développement

24/09/2010
Assemblée généraleAG/10998
ENV/DEV/1161
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-cinquième session

13e séance plénière - matin


STRATÉGIE DE MAURICE: M. BAN KI-MOON DEMANDE UNE AUGMENTATION DE L’AIDE

EN FAVEUR DES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN DÉVELOPPEMENT


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a ouvert, ce matin, la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur l’examen quinquennal de la Stratégie de Maurice en plaidant pour une augmentation de l’aide en faveur des petits États insulaires en développement (PEID), dont les vulnérabilités, a-t-il dit, sont « uniques et particulières ». 


Les États Membres procèdent jusqu’à demain à une évaluation approfondie des progrès réalisés, des enseignements tirés de l’expérience et des obstacles rencontrés dans l’application de la Stratégie de Maurice, adoptée il y a cinq ans, tout en s’attachant à trouver les moyens de réduire encore la vulnérabilité des petits États insulaires en développement.


La Stratégie de Maurice constitue « la feuille de route en matière de développement durable pour les petits États insulaires », a déclaré le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, dans son discours d’ouverture de cette Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale de deux jours, qui doit s’achever par l’adoption d’un document final*.


M. Ban a souligné que les PEID, dans l’ensemble, ne bénéficiaient toujours pas d’un accès suffisant au financement pour entreprendre les « changements spectaculaires » exigés par leur situation et pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Il est donc nécessaire, selon lui, « non seulement d’augmenter l’assistance financière à leur égard, mais aussi de simplifier et d’harmoniser les mécanismes financiers, en particulier pendant et après les catastrophes naturelles, comme celle que nous avons observée en Haïti ».  Le Secrétaire général a également jugé qu’il était temps d’intégrer les stratégies d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques dans les plans et politiques gouvernementaux.


Dans sonrapport, qui constitue une synthèse générale, à l’adresse des États Membres, des examens quinquennaux préparatoires nationaux et régionaux de la Stratégie de Maurice, M. Ban indique que les petits États insulaires en développement ont fait moins de progrès que les autres, ou ont parfois même régressé, en matière de réduction de la pauvreté et d’endettement tolérable.


« De fait, nombre d’avancées obtenues à grand peine sont menacées par les changements climatiques et les catastrophes naturelles, ainsi que par les crises mondiales récentes, qu’il s’agisse des crises de l’alimentation et de l’énergie ou de la crise financière. »


« Bien que des progrès majeurs aient été accomplis dans les PEID pour préserver l’environnement, un des Objectifs du Millénaire pour le développement, l’éradication de la pauvreté extrême, n’a pas encore été atteint », a ainsi relevé le Président de la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale, M. Joseph Deiss (Suisse). 


Au cours des deux prochains jours, progrès et lacunes seront passés en revue, a-t-il dit, souhaitant que « les discussions conduisent à renforcer la volonté politique de la communauté internationale de réduire les vulnérabilités des PEID et d’établir avec eux un partenariat ».


Lors du débat qui a suivi, auquel ont pris part une quinzaine d’orateurs, dont sept chefs d’État et de gouvernement, l’accent a été mis sur la nécessité d’intégrer les vulnérabilités spécifiques des PEID dans l’agenda multilatéral et les programmes de développement.


Au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, le Président de Nauru, M. Marcus Stephen, a estimé qu’en l’absence d’objectifs clairs, la Stratégie de Maurice ne saurait être très efficace.  « La plupart des petits États insulaires en développement du Pacifique n’atteindront pas l’objectif lié à la baisse de la pauvreté et certains pays verront même la pauvreté s’aggraver », a-t-il dit, regrettant que la « vision de la Barbade » ne se soit « pas encore concrétisée ».


Le Premier Ministre de la Grenade et Président de l’Alliance des petits États insulaires, M. Tillman Thomas, a souligné que le manque de capacités avait limité l’accès des PEID aux mécanismes financiers internationaux, tels que le Fonds pour l’environnement mondial.


Le Premier Ministre du Japon, M. Naoto Kan, a invité tous les pays du monde à mettre en pratique le concept de sécurité humaine, au cœur de la coopération et du dialogue avec les PEID, afin que ces derniers puissent connaître un développement durable et que leurs populations soient en mesure de vivre dans la dignité. 


Cette séance plénière a été suivie, dans l’après-midi, d’une table ronde sur le thème « Réduire la vulnérabilité et renforcer la résilience des petits États insulaires en développement ».


Le Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement, adopté à la Barbade en 1994, mettait en lumière les difficultés particulières qui ont gravement entravé le développement socioéconomique de ces pays.  Le Programme d’action de la Barbade a traduit Action 21 en mesures concrètes visant à permettre aux petits États insulaires en développement de parvenir à un développement durable.


Adoptée en 2005, la Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement énonce des mesures dans 19 domaines prioritaires, y compris les thèmes initialement proposés dans le Programme d’action de la Barbade.


La Réunion de haut niveau se poursuivra demain, à partir de 10 heures.


*     A/65/L.2

**    A/65/115


SUIVI ET APPLICATION DE LA STRATÉGIE DE MAURICE POUR LA POURSUITE DE LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN DEVELOPPEMENT: RÉUNION DE HAUT NIVEAU CHARGÉE D’EXAMINER L’APPLICATION DE LA STRATÉGIE DE MAURICE POUR LA POURSUITE DE LA MISE EN OEUVRE DU PROGRAMME D’ACTION POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN DEVELOPPEMENT: PROJET DE RÉSOLUTION A/65/L.2


Déclarations


M. JOSEPH DEISS, Président de l’Assemblée générale, a déclaré qu’au sein de la famille des Nations Unies, les pays les plus vulnérables méritaient une attention particulière.  Le cinquième examen de la Stratégie de Maurice a indiqué que les économies des petits États insulaires en développement étaient fortement dépendantes des pêcheries et du tourisme.  La distance géographique qui les sépare des ressources dont ils ont besoin et leur petite taille ont considérablement freiné leur développement, sans parler des crises environnementales.  Les catastrophes naturelles les ont affectés de manière disproportionnée, a poursuivi M. Deiss, qui a rappelé que la montée du niveau des océans constituait une menace pour les récifs coralliens. 


Tout cela ne peut laisser indifférent, a souligné M. Deiss, comme en témoigne la réaction des États Membres Nations Unies qui ont adopté le Programme d’action de la Barbade en 1994 et la Stratégie de Maurice en 2005.  Bien que des progrès majeurs aient été accomplis dans les PEID pour préserver l’environnement, un des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), l’éradication de la pauvreté extrême, n’a pas encore été atteint, a relevé le Président de l’Assemblée générale.  Il a déclaré qu’au cours des deux prochains jours, progrès et lacunes seraient passés en revue, souhaitant que les discussions conduisent à renforcer la volonté politique de la communauté internationale de réduire les vulnérabilités des PEID et d’établir avec eux un partenariat.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que la Stratégie de Maurice, adoptée en 2005, constituait la feuille de route en matière de développement durable pour les petits États insulaires, avec 19 domaines prioritaires clairement identifiés.  « Nous sommes réunis aujourd’hui pour évaluer les progrès accomplis dans sa mise en œuvre, ainsi que les lacunes qui doivent être comblées le plus rapidement possible », a-t-il déclaré.  Les petits États insulaires en développement (PEID) se caractérisent par des vulnérabilités uniques et particulières dont ils sont l’objet et reconnues de longue date par la communauté internationale, a rappelé le Secrétaire général.  Elles découlent de la taille de leur territoire, de leur isolement, de leurs ressources limitées et des restrictions qui s’imposent à eux pour développer des économies d’échelle, sans compter leur exposition élevée aux menaces environnementales.  En outre, au cours des cinq dernières années, ces États ont souffert, comme tous les autres, de l’impact des crises financière, alimentaire et énergétique, a poursuivi M. Ban.  Les changements climatiques ont eu par ailleurs un impact important sur leurs industries touristiques et sur leurs pêcheries, ainsi que sur leur biodiversité.


Le Secrétaire général s’est félicité de constater que les plans et les politiques de ces États reflètent désormais les principes clefs du développement tels qu’énoncés dans la Stratégie de Maurice.  Plusieurs pays ont entrepris des réformes économiques en vue de renforcer leur résilience à l’impact de la mondialisation.  Le renforcement des cadres institutionnels régionaux a été observé dans plusieurs sous-régions.  Si certains exportateurs de produits de base situés dans des pays insulaires ont réussi à se ménager des opportunités, la croissance à l’export des îles qui disposent de peu de ressources reste trop faible.  Les PEID manquent toujours d’un accès suffisant au financement dont ils ont besoin pour entreprendre les changements spectaculaires exigés par leur situation, a fait observer M. Ban.  Il est donc nécessaire, non seulement d’augmenter l’assistance financière à leur égard, mais aussi de simplifier et d’harmoniser les mécanismes financiers, en particulier pendant et après les catastrophes naturelles, comme celle que nous avons observée en Haïti.  Il est également temps d’intégrer les stratégies d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques dans les plans et politiques gouvernementaux, a également préconisé le Secrétaire général.


M. MARCUS STEPHEN, Président de Nauru, qui s’exprimait au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, a félicité les États ayant connu des progrès en matière de développement durable ainsi que les partenaires qui les ont soutenus.  Néanmoins, le Président a estimé qu’en l’absence d’objectifs clairs, la Stratégie de Maurice ne saurait être très efficace.  Il a constaté que certains pays avaient évolué dans la réalisation des OMD.  Mais, a-t-il ajouté, la plupart des petits États insulaires en développement du Pacifique n’atteindront pas l’objectif lié à la baisse de la pauvreté et certains pays verront même la pauvreté s’aggraver.  Le Président de Nauru a regretté que la vision de la Barbade ne se soit pas encore concrétisée.


Concernant les obstacles aux progrès des petits États insulaires en développement du Pacifique, M. Stephen a mis en cause une mauvaise compréhension par la communauté internationale des spécificités de ces petits États insulaires. Il a ainsi cité, entre autres, l’éloignement des grands marchés internationaux, l’insuffisance de ressources, la vulnérabilité aux changements climatiques, la hausse du niveau de la mer. 


Le Président a exhorté ensuite la communauté internationale à trouver des solutions aux problèmes climatiques lors de la prochaine Conférence de Cancún, au Mexique, afin de sauver les petits États insulaires menacés de disparition.  Le Président de Nauru a ensuite rappelé les engagements des pays riches dans le cadre de l’aide publique au développement et a cité le Secrétaire général des Nations Unies, pour qui il ne faut pas équilibrer les budgets sur le dos des pauvres. 


Le Chef de l’État a également invité le Conseil de sécurité à se pencher sur le problème des changements climatiques qui menacent les PEID.  Il a souhaité que le Secrétaire général vienne sur place dans le Pacifique toucher du doigt les réalités de ces pays.


M. TILLMAN THOMAS, Premier Ministre de la Grenade et Président de l’Alliance des petits États insulaires, a déclaré que le manque de capacités avait limité l’accès des PEID aux mécanismes financiers internationaux, tels que le Fonds pour l’environnement mondial.  C’est un fait établi que les PEID deviendront les plus grands perdants économiques et les pays avec le plus grand nombre de personnes déplacées si la température de la planète augmente de plus de 1,5ºC au-delà des niveaux préindustriels, a-t-il dit.  Le Premier Ministre a rappelé que 106 États Membres des Nations Unies soutenaient l’appel à maintenir la hausse de la température moyenne en-dessous de cette limite, et que 41 restaient indécis.  Ce qui signifie, selon lui, que plus de 147 pays sont opposés à une hausse de 2º et plus.  Et pourtant la communauté internationale ne parvient pas à s’accorder sur les conclusions d’une simple étude scientifique qui fixe à 1,5º la limite de ce qui est tolérable. 


M. Thomas a par ailleurs fait état d’une nouvelle étude qui détermine que les récifs coralliens, un des écosystèmes marins les plus importants dont disposent les États insulaires, se détériorent rapidement, en particulier dans les Caraïbes.  Le Premier Ministre s’est déclaré, en conclusion, profondément déçu du refus des Nations Unies de considérer les petits États insulaires en développement comme une catégorie spéciale de pays.


M. EDWARD NIPAKE NATAPEI TUTAFANUA’ARIKI, Premier Ministre de Vanuatu, a noté que le rapport 2009-2010 sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en Asie et dans le Pacifique faisait ressortir le fait que les États du Pacifique étaient les moins avancés en terme de réalisation des OMD et les plus vulnérables face aux changements climatiques.  Il a ajouté que le problème climatique apparaissait comme un obstacle majeur au développement de ces pays et a relevé d’autres obstacles tels que la dépendance aux énergies fossiles, les catastrophes naturelles, l’insuffisance d’infrastructures ainsi que la pêche illégale.  Tous ces défis et ces vulnérabilités, a ajouté le Premier Ministre, ont été aggravés par les récentes crises alimentaire, énergétique et financière, et continueront d’augmenter les impacts sur les changements climatiques.


Le Premier Ministre de Vanuatu a ensuite mis l’accent sur le soutien de l’ONU et des partenaires internationaux aux PEID.  Il a notamment souligné l’appui des Nations Unies et du Conseil des organisations régionales dans le Pacifique pour la préparation du présent Sommet.  Il a enfin invité la communauté internationale à tenir compte des spécificités et besoins des PEID dans les programmes de développement liés à ces derniers.


S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. ABDULLAH M. AL-SAIDI (Yémen) a fait part de sa préoccupation devant les vulnérabilités spécifiques aux PEID, et des mesures insuffisantes prises au niveau international pour leur venir en aide.  Il a ensuite attiré l’attention des États Membres sur les difficultés rencontrées par un certain nombre d’entre eux qui ne parviendront pas à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à temps.  L’impact des crises multiples continue de se faire ressentir, de même que celui des catastrophes naturelles et des changements climatiques, a-t-il dit. 


La plupart des investissements dont les PEID ont besoin pour renforcer leur résilience, que ce soit en termes d’infrastructures aériennes et maritimes, d’adaptation aux changements climatiques et à la montée du niveau des océans, de gestion des déchets, d’énergie, de tourisme et de télécommunications, ne bénéficient pas de ressources adéquates.  Aussi le Groupe des 77 et la Chine a-t-il exhorté tous les partenaires de développement à honorer leurs promesses de contribution et à faciliter les transferts de technologie et le renforcement des capacités locales.  Les Nations Unies sont encouragées à soutenir les efforts des PEID pour mettre en œuvre le Programme d’action de la Barbade et la Stratégie de Maurice, a ajouté le représentant.


M. HEINZ FISCHER, Président de l’Autriche, a souligné l’engagement de son pays à soutenir la Stratégie de Maurice.  Il a relevé que les PEID étaient les plus vulnérables aux changements climatiques qu’ils n’avaient, du reste, pas causés.  M. Fischer a ensuite noté que la protection climatique était étroitement liée aux autres domaines de la coopération au développement.  De ce fait, l’Autriche considère le problème climatique comme transversal dans ses programmes de développement. 


Affirmant que le problème d’énergie était aussi une préoccupation majeure pour l’Autriche, M. Fischer a exprimé le soutien que son pays apportait à la campagne du Secrétaire général de l’ONU pour assurer un accès universel à l’énergie d’ici à 2030.  Dans sa coopération avec les PEID, l’Autriche a forgé un partenariat réussi au côté de l’Italie et de la ville de Milan, a également souligné M. Fischer, précisant que celui-ci portait sur des projets d’énergie renouvelable sur le terrain, basés sur des priorités nationales.  Le Président a terminé en réaffirmant la volonté de son pays à participer aux efforts internationaux pour le développement des PEID.


M. DANNY FAURE, Vice-Président des Seychelles, a lui aussi plaidé pour que les vulnérabilités spécifiques des PEID soient intégrées dans l’agenda multilatéral et les programmes de développement.  Il est également nécessaire, selon lui, de veiller à ce que leur situation soit prise en considération dans les processus d’examen de la gouvernance internationale, notamment la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, prévue en 2012.  Pour le Vice-Président, les critères du produit intérieur brut (PIB) ou du produit national brut (PNB), qui continuent de gouverner les modalités d’attribution de l’aide internationale, disqualifient d’emblée la plupart des petits États insulaires en développement pour accéder aux sources de financement dont ils ont besoin.  M. Faure a affirmé que cela était regrettable et ne reflétait pas les défis nombreux et complexes auxquels sont confrontés les États insulaires. 


Le Vice-Président a par ailleurs préconisé l’établissement d’un centre régional d’excellence pour les changements climatiques et le développement.  M. Faure a insisté en conclusion sur le fait que l’augmentation de la température moyenne dans le monde ne devait en aucun cas dépasser les 1,5ºC sous peine de condamner à mort des pays comme le sien.


M. NAOTO KAN, Premier Ministre du Japon, a souligné que les PEID étaient victimes de nombreuses catastrophes naturelles parmi lesquelles les tsunamis, les tremblements de terre, les ouragans.  Il a mentionné le tremblement de terre qu’Haïti a connu en janvier dernier afin de noter le niveau de dommages que les petits États insulaires pouvaient connaître dans de telles situations.  Rappelant que des équipes de secours japonais s’étaient rendues promptement en Haïti pour appuyer les efforts des Nations Unies, il a affirmé que la promesse d’aide de 100 millions de dollars prévue pour la reconstruction d’Haïti par son gouvernement serait tenue.  Le Premier Ministre japonais a ensuite invité les PEID à prendre des mesures de prévention et de gestion de catastrophes aux niveaux communautaire et national en citant en exemple les directives adoptées à Kobe, au Japon, en 2005 et qui s’inspirent du Plan d’action de Hyogo.


Mettant l’accent sur la vulnérabilité des PEID aux changements climatiques, M. Kan a fait état du programme d’aide que son gouvernement a mis en place pour la période 2009-2012 afin de soutenir, à hauteur de 15 milliards de dollars, les États en développement et les PEID qui ont élaboré des politiques d’atténuation liées aux changements climatiques.  Poursuivant dans le même sens, M. Kan a annoncé la coopération du Japon avec les PEID pour la réussite de la Conférence sur le climat qui a lieu en fin d’année à Cancún, au Mexique.  Le concept de sécurité humaine est au cœur de la coopération et du dialogue avec les PEID, a affirmé le Premier Ministre japonais.  Il a invité tous les pays du monde à mettre en pratique ce concept de sécurité humaine, afin que les PEID puissent connaître un développement durable et que les populations de ces pays soient en mesure de vivre dans la dignité.  Rappelant que le Japon était lui-même constitué d’îles, M. Kan a renouvelé la volonté de son pays d’aider ses amis des PEID.


M. PETER KENT, Ministre des affaires étrangères du Canada, a noté que les PEID vivaient une situation de vulnérabilité particulière du fait des changements climatiques, de l’élévation du niveau des océans, des désastres naturels et environnementaux et des coûts élevés des transports et de l’énergie.  Il a ensuite reconnu les efforts des PEID à œuvrer pour le développement durable et s’est félicité des progrès dans la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice.  Mettant l’accent sur le rôle du Canada dans les efforts internationaux de développement, M. Kent a cité des contributions substantielles de son pays dans diverses initiatives de coopération telles que le Programme pilote de la Banque mondiale pour la résistance aux chocs climatiques, des programmes internationaux de lutte contre les changements climatiques, le mécanisme d’assurance de la Banque mondiale contre les risques liés aux catastrophes, l’aide au développement dans les Caraïbes et un appui important pour la reconstruction d’Haïti.


En réaffirmant le rôle majeur que l’ONU doit jouer pour aider les PEID à atteindre un développement durable, M. Kent a invité les institutions financières internationales et le secteur privé à s’y investir.  Il a évoqué le partenariat pour le développement du secteur privé de la Communauté des Caraïbes que le Canada soutient par le biais de financements destinés au secteur privé.  M. Kent en a appelé à la coopération entre la communauté internationale et le secteur privé pour concrétiser la Stratégie de Maurice et aider les PEID à se développer.


Mme STEFANIA PRESTIGIACOMO, Ministre de l’environnement, de la terre et de la mer de l’Italie, a commencé par rappeler l’injustice fondamentale que constituait le fait que les PEID soient les premiers touchés par les changements climatiques, alors qu’ils en sont les moins responsables.  Elle a ensuite indiqué que l’Italie avait soutenu des initiatives clefs à leur égard, notamment en établissant un Centre de la Communauté des Caraïbes sur les changements climatiques.  Tandis que la communauté internationale débat toujours d’un accord global qui garantirait la participation équitable de tous aux efforts d’atténuation des changements climatiques, l’Italie a lancé de son côté, il y a trois ans, un programme dans la région Pacifique destiné à mettre en œuvre des stratégies d’adaptation, a-t-elle dit.  Ce programme de coopération est devenu un modèle à succès repris ailleurs, s’est félicité la Ministre, qui a estimé en conclusion que cela tenait notamment au fait qu’il respectait pleinement le principe d’appropriation.


M. JUAN MANUEL GÓMEZ-ROBLEDO, Vice-Ministre des affaires étrangères du Mexique, s’est déclaré inquiet par le fait que la mise en œuvre du Programme d’action de la Barbade et de la Stratégie de Maurice soit partielle.  La seizième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Cancún au mois de décembre, offrira la possibilité à la communauté internationale d’accomplir des progrès substantiels dans la lutte contre ce phénomène et de parvenir à une solution multilatérale satisfaisante pour tous les États parties, a-t-il souhaité.  Le pire scénario serait de n’adopter aucun document, a-t-il prévenu, car les petits États insulaires en développement seront les premiers à en subir les conséquences.  Il a assuré qu’il n’était pas possible de repousser le moment de réaliser des avancées et que la seule pièce manquante était la volonté politique: « Le moment d’agir est venu », a-t-il lancé en conclusion.


M. KAMALESH SHARMA, Secrétaire général du Commonwealth, a rappelé que 26 des 54 États membres du Commonwealth étaient des petits États insulaires en développement.  Le Commonwealth, a-t-il dit, est venu en aide à plusieurs d’entre eux, dont Maurice, qu’il a aidé à diversifier l’économie, laquelle reposait essentiellement sur la production de sucre et le tourisme, et qu’il a ouvert à des activités telles que la commercialisation de fruits de mer, les services financiers et l’éducation à distance.  Le Commonwealth a également aidé la Barbade à aligner son système commercial sur les normes internationales en vigueur et à amener les producteurs, les entrepreneurs et les communautés à développer l’industrie touristique locale. 


Toujours grâce à ses efforts, le Commonwealth a également aidé 14 États membres à obtenir des Nations Unies deux millions de mètres carrés de fonds marins supplémentaires.  M. Sharma a déclaré que les politiques et programmes des institutions financières internationales et de la communauté internationale exigeaient de prendre en compte les vulnérabilités spécifiques des PEID.  De ce point de vue, des mesures doivent être prises pour lever les barrières commerciales qui entravent leurs économies à l’exportation et un allègement de la dette est également nécessaire, a conclu le Secrétaire général du Commonwealth.


S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes, M. KENNETH BAUGH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Jamaïque, a souligné le lien symbiotique entre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et le Programme de la Barbade.  En effet, si les défis auxquels font face les petits États insulaires en développement ne sont pas relevés, la plupart d’entre eux ne seront pas en mesure de réaliser les OMD, a-t-il prévenu.  En raison de leurs ressources limitées, les PEID ont un besoin urgent de financements et d’investissements de la part de leurs partenaires de développement, a poursuivi M. Baugh, qui a regretté que des pays comme le sien soient considérés comme appartenant à la catégorie des pays à revenus intermédiaires, et d’être ainsi privés d’un accès à certaines aides, comme l’allègement de la dette. 


S’agissant de l’expansion des exportations, le Premier Ministre a exhorté les partenaires de développement à renforcer leurs initiatives d’« aide pour le commerce » et à conclure les négociations du Cycle de Doha.  Un défi majeur au développement durable des PEID est le changement climatique, a-t-il ensuite souligné, expliquant que, là aussi, les mesures d’adaptation et d’atténuation exigeaient un financement adéquat, un renforcement des capacités et des transferts de technologie.  M. Baugh a en outre exhorté au financement adéquat de l’unité des PEID au sein du Département des affaires économiques et sociales (DAES).


Mme CATHERINE ASHTON, Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a rappelé la coopération de longue date de l’Union avec les PEID, comme en témoigne l’établissement de l’Alliance mondiale pour la lutte contre les changements climatiques.  Elle a saisi l’occasion pour réitérer l’engagement de l’Union européenne à lutter contre les changements climatiques, dont les États Membres ont inscrit dans leurs législations l’obligation de contribuer à cette lutte en réduisant de 20% leurs émissions de gaz à effet de serre.  L’Union européenne, a-t-elle dit, est également disposée à porter ce seuil à 30%, mais à condition que tous les pays développés et les pays en développement assument leurs responsabilités respectives en la matière.  L’Union européenne, a ajouté Mme Ashton, est par ailleurs prête à tenir ses promesses de fournir 2,4 milliards d’euros au cours de la période 2010-2012 pour financer les activités « fast start », avec une répartition équilibrée entre atténuation et adaptation, en accordant une attention particulière aux pays les moins avancés, aux petits États insulaires et à l’Afrique.


M. FREDERICK BARTON (États-Unis) a affirmé que son pays cherchait à renforcer la résilience des PEID aux catastrophes naturelles, en particulier dans les Caraïbes et le Pacifique, où des systèmes d’alerte rapide ont été déployés.  Les États-Unis contribuent à hauteur de 300 millions de dollars par an en faveur du maintien de la biodiversité, a indiqué le représentant.  Pour sa délégation, l’avenir de ces pays réside avant tout dans la transition qu’ils peuvent opérer vers une économie « verte ».  Les États-Unis réfléchissent actuellement aux différents moyens de parvenir à cet objectif, a-t-il dit.  « Nous sommes fermement engagés aux côtés des PEID pour soutenir un régime solide, global et durable pour lutter contre les changements climatiques, au sein duquel tous les pays pourraient entreprendre leurs actions de manière transparente, y compris les pays en développement », a ajouté le représentant.  Les États-Unis, a annoncé M. Barton, verseront 100 millions de dollars pour l’année fiscale 2010 afin d’aider les PEID à s’adapter et à développer leur résistance à l’impact des changements climatiques.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les pays africains proposent des pistes pour renforcer le rôle de l’ONU dans la gouvernance mondiale

AG/10999

Assemblée générale: les pays africains proposent des pistes pour renforcer le rôle de l’ONU dans la gouvernance mondiale

 

Forts de la performance de leur continent dans une économie mondialisée, les chefs d’État africains ont aujourd’hui proposé des pistes pour renforcer le rôle de l’ONU dans la gouvernance mondiale, thème du débat général que l’Assemblée générale a entamé hier. 

Les leaders d’Afrique se sont d’abord attardés sur leur succès.  Mon pays se redresse, a clamé la Présidente libérienne, Ellen Johnson–Sirleaf, qui a dévoilé l’ambition de faire du Libéria un pays à revenu intermédiaire d’ici à 2030.  C’est un objectif ambitieux mais nous sommes déterminés, a-t-elle prévenu, avant que son homologue ougandais ne se réjouisse car « le nuage de l’afro-pessimisme est en train de se dissiper ». 

Certains groupes en Occident, s’est enorgueilli Yoweri Kaguta Museveni, commencent même à évoquer les « lions africains » dans une comparaison avec les « tigres asiatiques » du passé.  Mais quid du rôle de l’ONU dans ces performances? 

Le Président du Sénégal, Abdoulaye Wade, a tranché: « la question n’est pas de savoir si l’Organisation a concouru à l’amélioration de la gouvernance mondiale mais plutôt de s’attacher à rendre son action plus utile et plus efficace dans les bouleversements inédits qui agitent le monde ».

Si le Président de la Namibie, Hifikepunye Pohamba, s’est montré confiant en arguant de l’universalité de l’ONU qui ferait d’elle la structure la plus à même de réformer, par exemple, le système économique international, son homologue du Rwanda s’est montré plus sceptique.

Paul Kagamé a estimé que l’ONU doit d’abord changer.  Il l’a accusée d’être devenue une Organisation reflétant un monde divisé entre ceux qui chériraient les valeurs louables des droits et des libertés et ceux auxquels il faudrait les enseigner.  Il a appelé à un débat entre ces deux catégories de pays pour retrouver les idéaux de l’Organisation et éviter ainsi d’en faire un instrument au service des puissants.

Sommes-nous disposés, s’est interrogé le Président sénégalais, à définir un nouvel ordre mondial au sein duquel l’Afrique et les puissances émergentes joueront pleinement le rôle que leur confèrent les mutations en cours?  Oui, a semblé répondre Nicholas Clegg, Vice-Premier Ministre du Royaume-Uni, dont les propos sur le nucléaire lui ont valu un droit de réponse du représentant de l’Iran. 

Décrivant un monde caractérisé par « une nouvelle géographie des puissances, une mondialisation des problèmes et une plus grande fluidité des formes d’identité », il a estimé que la nouvelle géographie des puissances et ses économies émergentes exigent la réforme des institutions internationales et, en premier lieu, les Nations Unies. 

L’ONU, a renchéri le Président nigérian, Goodluck Jonathan, doit s’adapter aux réalités du moment pour garder sa légitimité.  Il s’est attardé sur la composition du Conseil de sécurité où l’absence de l’Afrique, a-t-il insisté, n’est plus justifiée.  Le Président du Zimbabwe, Robert Mugabe, a continué à douter de la volonté de certains membres permanents de partager leur droit de veto avec d’autres. 

Celui des Comores a stigmatisé leur mépris pour les résolutions de l’Assemblée générale.  Ahmed Abdallah Sambi, qui a centré son intervention sur l’île de Mayotte a, « face à la situation actuelle », demandé à l’Assemblée d’exiger de la France qu’elle reconsidère sa position par rapport à la main que lui tendent les Comores.

Quand il n’y a aucun recours devant un jugement international, quand les principales institutions ne prennent pas la peine de rendre des comptes et que le citoyen moyen a le sentiment que l’ONU ne peut rien faire pour lui, l’Organisation ne peut être vue comme crédible, pertinente ou démocratique, a prévenu le Président du Rwanda.

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, samedi 25 septembre, à partir de 9 heures.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION: PRÉSENTATION PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE SON RAPPORT ANNUEL (A/65/1)

Suite du débat général

M. PÁL SCHMITT, Président de la République de Hongrie, a annoncé que son pays s’était porté candidat pour devenir un membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période allant de 2012-2013.  Le Président a ensuite réaffirmé l’attachement de son pays aux droits des minorités, estimant que la question doit figurer en tête de l’ordre du jour international.  En attendant, a-t-il indiqué, la Hongrie a décidé de créer à Budapest l’Institut Tom Lantos, centre international pour la promotion des droits de l’homme et la propagation des valeurs de la tolérance. 

Le Président, qui s’est attardé sur les questions de politique étrangère, a dénoncé toutes formes de terrorisme.  Près d’une décennie après les attentats à New York, il a jugé que « l’horrible déclaration faite hier par un des orateurs sur cet évènement tragique est tout simplement inacceptable et défavorable à la noble cause de la compréhension mutuelle et du dialogue entre les religions et les civilisations ».

Venant à la région des Balkans, le Président a dit « respecter » l’avis de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur l’indépendance du Kosovo.  La Hongrie promet d’encourager un dialogue direct entre les pays et les communautés de la région.  Le Chef d’État a, en revanche, déploré la décision prise par l’Assemblée nationale de reporter sa décision sur la résolution relative à la participation de l’Union européenne au travail des Nations Unies.  La Hongrie, qui prendra la tête de la présidence tournante du Conseil européen au premier semestre de 2011, a un intérêt particulier à trouver une solution permettant à l’Union européenne de contribuer de manière plus efficace aux activités des Nations Unies. 

Mme CRISTINA FERNÁNDEZ, Présidente de la République argentine, a tout d’abord commenté l’actuelle crise économique, affirmant que si cette crise était née dans les pays développés, les pays en développement étaient en revanche à l’origine de la reprise économique actuelle.  Elle a indiqué qu’en 2001, l’Argentine avait subi une crise économique très semblable à la crise actuelle, mais qu’elle avait pu la surmonter grâce à des mesures politiques pertinentes. 

Huit ans plus tard, le taux de pauvreté a chuté et le pays a enregistré le taux de croissance économique le plus élevé de son histoire, s’est félicitée la Présidente, précisant qu’il se situait aux alentours de 9%.  Elle a notamment expliqué que l’Argentine avait adopté une politique de rationalisation des réserves, concept qui est actuellement à l’étude au niveau du G-20, afin de s’acquitter de sa dette.  Pour la Présidente, il est urgent d’avoir une législation mondiale en matière de fonds et de réformer le système financier international.

La Présidente a ensuite abordé la question des changements climatiques et la prochaine Conférence de Cancún. « Il n’est pas juste que les pays en développement aient à assumer le fardeau environnemental qui résulte des activités des pays développés lesquels refusent de faire face à leur responsabilité », a-t-elle affirmé.  Il faut repenser les objectifs de la communauté internationale, a-t-elle dit.

La Présidente a rappelé que son pays avait également été victime, en 1992 et 1994, d’actes terroristes perpétrés par des ressortissants iraniens.  En dépit du fait que le système argentin garantit un procès équitable, la demande d’extradition que le pays a présentée au régime iranien est restée lettre morte, a-t-elle regretté.  S’adressant directement à la République islamique d’Iran, elle lui a proposé de choisir un pays tiers où pourrait se dérouler le procès et ce, avec le suivi de l’ONU.  « Il faut en finir avec les excuses de non-neutralité et les tergiversations qui empêchent la traduction en justice des auteurs de crimes, en prétextant un prétendu manque d’impartialité », s’est-elle impatientée. 

La Présidente Fernández a ensuite réitéré la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malouines et a dénoncé la position du Royaume-Uni sur ce dossier.  Comment peut-on avoir une souveraineté sur un territoire qui se trouve à des milliers de kilomètres du sien et où la population a été transplantée, s’est-elle demandée.  Commentant les exploitations « offshore » de ressources pétrolières par le Royaume-Uni, elle a évoqué la possibilité d’une catastrophe écologique, car ce territoire échappe actuellement au contrôle de l’Argentine.

Mme Fernández a ensuite réclamé la révision de la structure actuelle du Conseil de sécurité.  Le Conseil a perdu de sa fonctionnalité car il n’est plus adapté aux dangers d’aujourd’hui, a-t-elle avancé.  Elle a notamment confié que le volet des Malouines n’a pu être résolu parce que les membres permanents du Conseil de sécurité s’y sont refusés.

M. NICHOLAS CLEGG, Vice-Premier Ministre du Royaume-Uni, a déclaré que le monde doit apporter des réponses adéquates aux nouveaux défis que sont la nouvelle géographie des puissances, la mondialisation des problèmes et une plus grande fluidité des formes d’identité.  La nouvelle géographie des puissances exige, a estimé le Vice-Premier Ministre, la réforme des institutions internationales et en premier lieu, les Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité.  M. Clegg a soutenu l’accession du Brésil, de l’Inde, de l’Allemagne et du Japon à un siège permanent au Conseil de sécurité ainsi que pour l’Afrique.  Il a aussi plaidé pour que soit mieux représenté, à l’Assemblée générale, le rôle vital de l’Union européenne dans la promotion du développement et de la prospérité.

Toujours dans le contexte de la nouvelle géographie des puissances, le Vice-Premier Ministre a parlé du terrorisme, du droit pénal international et du nucléaire.  Il a regretté, « une nouvelle fois », que la grande préoccupation de la communauté internationale qu’est le nucléaire, ait été contournée par les propos « bizarres, offensifs et assoiffés de publicité » du Président iranien, hier à cette tribune. 

Après avoir demandé l’élargissement du commerce international, le Vice-Premier Ministre s’est attardé sur la question de la mondialisation des problèmes.  « Le monde doit s’habituer à l’idée de problèmes sans frontière », a-t-il déclaré.  En l’occurrence, le maintien de la paix ne saurait suffire, il faut consolider cette paix, a-t-il plaidé.  M. Clegg a souligné qu’en dépit des contraintes budgétaires, son pays ne reculera pas et transposera en loi sa décision d’octroyer 0,7% de son PNB à l’aide publique au développement d’ici à 2013.

Le Vice-Premier Ministre a conclu sur la question de la fluidité des idées en arguant qu’aujourd’hui gagner la guerre des idées est aussi important que les victoires militaires.  Les valeurs « libérales » d’égalité, de droit et d’autodétermination n’appartiennent à aucune nation car elles sont universelles et au cœur de la Charte. 

M. Clegg a déclaré que son pays fondait sa politique étrangère sur les trois nouveaux défis qu’il a expliqués, en particulier sa stratégie de défense et sa politique de sécurité.

M. ALI BONGO ONDIMBA, Président de la République gabonaise, a rappelé que depuis bientôt un an, il avait engagé son pays dans un vaste chantier de réformes économique, sociale et politique avec pour socle la valorisation du patrimoine environnemental, la promotion d’un tissu industriel et la dynamisation du secteur des services.  M. Bongo a indiqué que son pays vient de conclure avec le Brésil et la France, un partenariat visant l’installation d’une station d’images satellites pour le suivi du couvert forestier du bassin du Congo, soit plus de 2 millions de kilomètres carrés de forêts équatoriales humides.

Saluant le rôle des Nations Unies dans la gouvernance du monde, le Président a proposé une nouvelle approche de gestion des conflits, en prônant une philosophie « d’imposition de la paix » et une culture de la prévention.  La quête de la paix et de la sécurité demeure en Afrique la préoccupation de tous les instants, a rappelé le Président, citant à titre d’exemple les incertitudes liées au référendum du Sud-Soudan.  Pour lui, l’espoir de règlement politique d’une épineuse préoccupation de portée régionale, côtoie la crainte de balkanisation d’un continent qui n’a que trop souffert de divisions. 

Il a déclaré que les enjeux du Soudan préfiguraient peut-être un cycle du destin de l’Afrique de demain et a saisi l’occasion pour lancer un appel à la communauté internationale à se mobiliser en faveur du succès de ce référendum.  Abordant la situation en RDC, il a invité les pays de la région et la communauté internationale à soutenir les efforts du Gouvernement congolais dans sa détermination à assurer la sécurité et la stabilité sur son territoire.  Enfin, s’agissant de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Niger et de Madagascar, M. Bongo a exhorté la communauté internationale à les accompagner dans l’organisation d’élections libres et démocratiques. 

Pour ce qui est du processus de paix au Moyen-Orient, autre source de préoccupation majeure de la communauté internationale, M. Bongo a salué la reprise des négociations et a formé le vœu de voir ces consultations se poursuivre et aboutir à la création d’un État palestinien vivant côte à côte avec Israël, à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues.

S’il s’est félicité de ce que la communauté internationale ait pris conscience de la « nécessité urgente » de trouver une solution au problème du Moyen-Orient, en particulier la question de Palestine, M. MICHEL SLEIMAN, Président de la République libanaise, a prévenu qu’il sera impossible, comme l’expérience l’a montré, de trouver une issue permanente sans une solution « juste et globale » traitant de tous les aspects du conflit, l’exercice d’une réelle pression sur les protagonistes et sans le rejet de toute installation de camps de réfugiés palestiniens dans les pays arabes. 

Le Liban, a réitéré le Président, n’acceptera aucune forme d’installation de réfugiés palestiniens sur son territoire, compte tenu de l’impact qu’il pourrait avoir sur la sécurité et la stabilité du pays.  La question des réfugiés palestiniens ne saurait être résolue dans des négociations israélo-palestiniennes, en ignorant le Liban et d’autres pays hôtes concernés.  C’est à la communauté internationale, a rappelé le Président, que revient la responsabilité d’assurer le bien-être des réfugiés palestiniens, en augmentant les contributions à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

Le Président a ensuite dénoncé les violations d’Israël à la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité sur le retrait de toutes les troupes étrangères du territoire libanais.  Nous nous réservons le droit, a-t-il averti, de récupérer ou de libérer nos territoires occupés par toutes les voies légitimes à notre disposition.  Il a aussi demandé un plus grand appui technique et financier au déminage des mines et bombes à sous-munitions dispersées par Israël lors de l’agression de 2006, entre autres.  M. Sleiman a promis de n’épargner aucun effort pour amener Israël à octroyer des indemnisations pour toutes les pertes et dégâts causés au cours de ces agressions. 

Le Président a aussi réaffirmé le droit du Liban à exploiter ses richesses en eau, en pétrole et en gaz naturel, dans les limites de la carte que son gouvernement a soumis au Secrétariat de l’ONU en juillet 2010.  Il n’a pas manqué de souligner l’importance de la coopération et de la coordination entre l’armée libanaise et la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL). 

M. ABDOULAYE WADE, Président de la République du Sénégal, a évoqué le thème de cette soixante-cinquième session, consacré à « la place de l’ONU dans la gouvernance mondiale ».  À son avis, la question n’est pas de savoir si l’Organisation a concouru à l’amélioration de la gouvernance mondiale mais plutôt comment rendre son action plus utile et plus efficace dans les bouleversements inédits qui agitent le monde.  « Sommes-nous disposés à définir un nouvel ordre mondial au sein duquel l’Afrique et les puissances émergentes joueront pleinement le rôle que leur confèrent les mutations en cours? ».  Après 65 ans d’existence, le système des Nations Unies reste encore marqué par l’héritage d’une période historique close, la Charte de l’Organisation portant en elle-même les stigmates de l’après-guerre et les préjugés coloniaux.

La réforme du Conseil de sécurité se négocie depuis 17 ans sans une perspective réelle de consensus.  « Si nombre de décisions du Conseil de sécurité sont aujourd’hui contestées et leur mise en œuvre défaillante, c’est parce qu’elles sont perçues par la grande majorité des États Membres plus comme l’expression d’intérêts nationaux que la traduction d’un mandat au nom de la communauté des Nations », a souligné M. Wade.  Il n’est pas possible de concevoir un rôle crédible pour l’ONU dans la gouvernance mondiale sans que l’Afrique, qui compose plus du quart de ses effectifs et occupe 70% des questions à l’ordre du jour du Conseil, ne dispose d’un siège permanent.  Le Sénégal a proposé qu’il soit octroyé à ce continent un siège permanent avec droit de veto.

Par ailleurs, le Président a jugé que la Cour pénale internationale (CPI) ne sera jamais crédible si le Président du Soudan doit être le seul poursuivi avec « un empressement suspect ».  La CPI doit refléter les principes agréés par les Nations Unies dans les domaines des droits de l’homme: l’universalité, l’objectivité, la non-sélectivité et l’impartialité.

S’agissant de la gouvernance économique mondiale, le Sénégal, avec d’autres, cherche à mettre en place un cercle indépendant de spécialistes de très haut niveau, pour se placer en amont du G-8 et du G-20 et apporter aux chefs d’État et de gouvernement ses réflexions sur les sujets qu’ils évoquent.  Pour parer à la hausse brutale des prix agricoles, M. Wade a proposé la mise en place d’un mécanisme institutionnel adéquat, associant pleinement les producteurs, afin d’établir une gouvernance mondiale des produits agricoles tenant compte des intérêts des producteurs et des consommateurs.  Ce sera l’objet du deuxième Forum Dakar agricole, après celui de 2005, que le Sénégal accueillera en janvier-février 2011.

Le Sénégal poursuit ses efforts de protection de l’environnement, notamment dans le cadre du projet d’édification de la grande muraille verte le long de la zone sahélo-saharienne, de Dakar à Djibouti.  S’agissant des Objectifs du Millénaire pour le développement, M. Wade a souligné que l’approche quantitative qui ne voit le développement qu’en termes de financement est insuffisante.  Il a cité un certain nombre d’initiatives mises en œuvre au Sénégal qui montrent la nécessité de recourir à l’innovation pour réaliser les OMD.

En sa qualité de Président en exercice de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), le Président a mis l’accent sur la recrudescence de l’islamophobie dans certains milieux.  Il a souhaité que chacun comprenne que l’islam et les musulmans ne sont les ennemis de personne.  « L’islam est une religion du juste milieu, qui enseigne la modération, exhorte au bien, prêche le respect de la diversité et la coexistence paisible entre les peuples, quelles que soient leurs obédiences. »

Mme TARJA HALONEN, Présidente de la République de Finlande, a déclaré que les changements climatiques et la récente crise économique et financière ainsi que la sécurité alimentaire sont trois questions qui appellent au changement.  Le monde a besoin d’une approche du développement qui est économiquement, socialement et écologiquement viable, s’est-elle expliquée.  Paraphrasant le mahatma Gandhi, elle a dit: « le monde a assez pour répondre aux besoins de chacun mais pas assez pour satisfaire l’avidité de tous ».

La Présidente a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur d’un accord climatique ambitieux.  Pour arriver à notre objectif, a-t-elle conseillé, il faut mobiliser les ressources nécessaires, s’assurer d’une coopération impliquant les États, les organisations non gouvernementales (ONG), le secteur privé et les citoyens ordinaires, en sachant que les solutions durables aux défis mondiaux ne peuvent être trouvées sans une participation active des femmes aux processus de prise de décisions à tous les niveaux.

Dans ce contexte, elle s’est dite honorée de coprésider le Groupe de haut niveau du Secrétaire général sur la durabilité aux côtés du Président sud-africain, Jacob Zuma.  Elle s’est aussi dite encouragée par les discussions de cette semaine et la création d’ONU-femmes qui contribuera à la promotion des droits des femmes dans le monde.

Mme Halonen a ensuite réaffirmé la valeur de la trinité paix et sécurité; développement et droits de l’homme avant de demander que la protection des droits de l’homme soit intégrée dans les efforts de consolidation de la paix et la gestion des crises à l’échelle mondiale.  Elle a notamment exigé que l’on mette un terme à l’impunité et a réaffirmé le soutien de son pays au travail de la Cour pénale internationale. 

Mme Halonen a proposé une approche sur le long terme qui intègrerait des programmes de développement et le règlement des conflits.  Dans ce contexte, elle a rappelé le rôle précieux des organisations régionales et des activités de médiation des Nations Unies.

M. JOHNSON TORIBIONG, Président de la République des Palaos, s’est dit heureux d’annoncer que son pays est parvenu à la réalisation de tous les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), cinq ans avant l’échéance de 2015.  Fort de l’expérience de son pays, il a invité la communauté internationale à réorienter ses priorités et à faire de la biodiversité et du bien-être des écosystèmes la priorité de ces priorités.  Si une question symbolise les menaces à la biodiversité, c’est bien celle des océans, a estimé le Président.  

Nous ne pouvons accepter que « 73 millions de requins finissent chaque année dans un bol de soupe », s’est énervé le Président, en rappelant que son pays a créé le premier sanctuaire mondial pour ces poissons.  Il s’est dit fier d’avoir signé avec le Président du Honduras une Déclaration commune appelant toutes les nations à arrêter la pêche non viable des requins dont la santé, d’après les scientifiques, est directement liée à celle du thon. 

La pêche au thon, a expliqué M. Toribiong, est la principale activité maritime de pays comme le Palaos et pour en assurer la viabilité, les États parties à l’Accord de Nauru ont arrêté certaines mesures.  Le Président a conclu en se félicitant, une nouvelle fois, de ce que l’Assemblée générale ait adopté, l’année dernière, une résolution sur les répercussions possibles des changements climatiques sur la sécurité.  La multiplication des conflits et des déplacements dus aux phénomènes climatiques exigent une réponse urgente du Conseil de sécurité, a-t-il souligné.  Il a conclu en saluant, entre autres, les Émirats arabes unis pour avoir convoqué un sommet « historique » entre la Ligue des États arabes et les petits États insulaires en développement (PEID).

Il n’a pas oublié de rappeler les dégâts causés à son pays pendant l’époque coloniale, en particulier l’exploitation effrénée du phosphate dans la riche île d’Angur.  Il a appelé la communauté internationale à prendre des mesures appropriées pour panser cette « plaie historique ».  Il a aussi appelé les pays concernés à faire enlever les explosifs qu’ils ont parsemés sur son territoire pendant la Deuxième Guerre mondiale.  Il a réservé son dernier mot à la question du développement économique, en arguant que plus que des dons, son pays a besoin d’investisseurs et d’entrepreneurs étrangers. 

M. DIMITRIS CHRISTOFIAS, Président de la République de Chypre, s’est félicité de la reprise des négociations entre Israël et l’Autorité palestinienne.  Il n’y a pas d’alternative au dialogue et la solution devrait conduire à la création d’un État palestinien souverain et indépendant, coexistant avec l’État d’Israël.  Chypre et la Grèce ont proposé au peuple de Gaza la création d’un corridor humanitaire.

Chypre célèbre cette année son cinquantenaire de la République de Chypre, a souligné le Président.  En tant que membre fondateur du Mouvement des non-alignés, le pays a toujours pris une part active aux travaux des Nations Unies.  Toutefois, l’occupation par l’armée turque de 37% du territoire de la République de Chypre se poursuit, de même que la violation des droits de l’homme de tous les citoyens chypriotes, grecs et turcs.

Le peuple de Chypre a trop souffert.  Il est temps de résoudre les problèmes et de parvenir à une réconciliation entre les deux communautés. Depuis les années 60, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité s’occupent de la question de Chypre.  Depuis mon élection en 2008, je me suis engagé activement, a dit le Président, avec les dirigeants de la communauté chypriote turque dans un processus chypriote mené dans le cadre de la mission de bons offices du Secrétaire général, afin de trouver une solution mutuellement acceptable sur les aspects constitutionnels et internes du problème.

Des progrès ont été réalisés, en dépit des difficultés, a assuré le Président.  Dans un ensemble de trois propositions, il a d’abord suggéré de lier les chapitres relatifs à la propriété, aux ajustements structurels et aux colons.  Ensuite, quand un accord sur les aspects internes du problème se rapprochera, il propose de tenir une conférence internationale sous les auspices du Secrétaire général, avec la participation des membres permanents du Conseil de sécurité, des puissances garantes, de l’Union européenne, de la République de Chypre et des deux communautés, pour examiner les aspects internationaux du problème.

Enfin, en ce qui concerne Famagusta, M. Christofias, qui a proposé de rendre la ville à ses véritables habitants, sous contrôle des Nations Unies, a suggéré de restaurer la partie médiévale où vivent les Chypriotes turcs et d’ouvrir le port au commerce extérieur sous supervision de l’Union européenne.  Un tel développement bénéficierait directement aux Chypriotes turcs et favoriserait les négociations de la Turquie sur son accession à l’Union européenne.  Le Président a également appelé la garde nationale et l’armée turque à annuler de nouveau, cet automne, leurs exercices militaires annuels.

Le Président de Chypre a renouvelé son appel aux dirigeants turcs pour qu’ils le rencontrent, parallèlement au processus de négociation, afin qu’il puisse partager avec eux sa vision pour une solution au problème chypriote qui serve les intérêts des Chypriotes, de la Turquie, de la Grèce, ainsi que de la paix et de la sécurité dans la région.

CHEIKH NASSER AL-MOHAMMAD AL-AHMAD AL-SABAH, Premier Ministre de l’État du Koweït, a souligné que depuis 50 ans, le Koweït n’a cessé de fournir assistance et dons à plus de 100 pays grâce à un budget annuel correspondant à 1,31% du PNB, soit près du double du pourcentage de l’aide publique au développement agréé à l’échelle internationale.  De plus, le Koweït a décidé de quintupler ses contributions à un certain nombre de fonds et de programmes des Nations Unies, renforçant ainsi sa coopération avec l’Organisation. 

Cette année marque l’anniversaire de 20 ans de l’invasion du Koweït par l’Iraq, a rappelé le Premier Ministre qui a décrété que son pays et ses frères iraquiens étaient déterminés à dépasser ce triste épisode.  Président du Conseil de coopération du Golfe, le Premier Ministre a réaffirmé le droit de tous les pays à l’utilisation pacifique du nucléaire et leur devoir de coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Les États concernés, a-t-il insisté, doivent prendre toutes les mesures qui s’imposent pour restaurer un climat de confiance et rassurer la communauté internationale sur la nature leurs programmes. 

Le Koweït souligne que toute question doit être réglée de manière pacifique par la voie diplomatique et des négociations directes.  Une telle approche permettrait d’ouvrir la voie à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a estimé le Premier Ministre. 

Abordant la question du conflit israélo-palestinien, il a émis l’espoir que les négociations directes entamées au début de mois entre les parties conduiront au rétablissement des droits légitimes des Palestiniens et déboucheront sur une paix juste et globale au Moyen-Orient et la création d’un État palestinien avec pour Jérusalem pour capitale.

M. NAOTO KAN, Premier Ministre du Japon, a déclaré que son pays attachait la plus grande importance à la réduction de la souffrance humaine et la construction proactive d’une société dans laquelle une paix véritable peut être réalisée.  Le Japon a contribué de façon significative dans quatre domaines majeurs: le développement, l’environnement, le désarmement nucléaire et le maintien de la paix.

M. Kan a rappelé que le Japon avait réalisé sa reconstruction économique grâce à l’aide internationale après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, et qu’il ne peut par conséquent négliger les réalités du monde d’aujourd’hui, dans lequel un milliard de personnes souffre de la faim.  Lors de la Réunion plénière de haut niveau sur les OMD, le Japon s’est engagé à contribuer à hauteur de 5 milliards de dollars en assistance médicale et 3,5 milliards de dollars en aide à l’éducation, sur une période de cinq ans.  De surcroît, le Japon propose d’organiser une conférence internationale, l’année prochaine, sur le renforcement de la coopération entre les gouvernements, les organisations internationales et les ONG.

Dans le domaine de l’environnement, M. Kan a rappelé que son pays avait annoncé l’an dernier qu’il s’engageait à réduire ses émissions de 25% en 2020 par rapport à 1990.  Le mois prochain, la dixième Réunion de la Conférence des États Parties à la Convention des Nations Unies sur la biodiversité (COP-10) aura lieu à Nagoya, au Japon.  Cette Réunion se doit d’aboutir à un accord sur les mesures à prendre pour stopper la perte de biodiversité, les difficultés principales ayant trait à l’adoption d’un objectif d’action globale et l’établissement d’un nouveau régime dans le domaine de l’accès aux ressources biologiques et du partage des bénéfices.

Le Japon, le seul pays au monde à avoir subi la dévastation des bombardements atomiques, a la responsabilité morale de prendre des mesures concrètes pour créer un monde sans arme nucléaire, a dit M. Kan.  Le Premier Ministre a déclaré que le programme de développement nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) représentait une menace pour la communauté internationale tout entière.  Le Japon insiste pour que la RPDC prenne des mesures correspondant aux résolutions du Conseil de Sécurité et à la Déclaration commune des Pourparlers à Six.  À cet égard, il est indispensable que soit résolue la question des enlèvements.  M. Kan a également appelé l’Iran à faire des efforts afin de dissiper les doutes de la communauté internationale.

S’agissant du maintien et de la consolidation de la paix, la Force d’autodéfense japonaise a contribué aux efforts en cours en Haïti ainsi qu’au Pakistan et au Timor oriental.  Le Japon continuera également de soutenir le développement économique et social de l’Iraq et continuera d’offrir une assistance importante en Afghanistan dans le domaine de l’amélioration de la sécurité, de la réintégration des anciens soldats Taliban, et du développement agricole.

M. Kan a enfin abordé la question de la réforme des Nations unies.  Le Japon, qui a subi des bombardements nucléaires mais qui ne possède pas l’arme atomique, aspire à prendre davantage de responsabilités au service de la paix et de la sécurité internationales en devenant un membre permanent du Conseil, a-t-il conclu.  

M. GOODLUCK EBELE JONATHAN, Président de la République fédérale du Nigéria, élu le 6 mai dernier, a rappelé que son pays, qui célèbre le cinquantième anniversaire de son indépendance, avait toujours activement participé aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Le Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement, qui vient de se tenir, a montré l’énormité de la tâche à laquelle sont confrontés de nombreux pays, dont le Nigéria.

Le Nigéria a eu sa part de défis qu’il lui reste à surmonter, a déclaré le Président.  En ce qui concerne les Objectifs nºs 4 et 5, relatifs à la mortalité infantile et à la santé maternelle, les progrès ont été lents.  En revanche, le Nigéria a bien progressé dans le secteur de l’éducation primaire pour tous.  S’agissant du combat contre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies, le pays est à la fois bailleur et bénéficiaire du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et s’apprête à faire une nouvelle contribution de 10 millions de dollars.  M. Ebele Jonathan a demandé l’expansion du Fonds pour inclure les Objectifs nºs 4 et 5.

Le Nigéria accorde une importance fondamentale à la bonne gouvernance, au respect de l’état de droit et des droits de l’homme.  Le retour de la démocratie en 1999 et ma propre accession à la présidence, a dit M. Ebele, montrent l’engagement de tous les protagonistes vis-à-vis de la démocratie.  Il a promis de tenir des élections libres, régulières et crédibles et a garanti que chaque vote comptera au Nigéria.

Par ailleurs, le pays renforce ses structures institutionnelles pour combattre la corruption, la criminalité financière, la traite des êtres humains et le trafic de stupéfiants.  Le but est d’assurer la stabilité politique, l’harmonie sociale et la croissance économique.  Il développe également ses capacités pour combattre toutes les formes d’extrémisme; deux projets de loi sur le terrorisme et le blanchiment d’argent étant à l’étude à l’Assemblée nationale.

Le Président a mis l’accent sur les armes légères et de petit calibre (ALPC) qui déstabilisent le continent africain, sapent les initiatives de paix, empêchent le développement et nourrissent une coutume de criminalité organisée et de violence.  Il a appelé l’ONU à prendre des mesures énergiques pour combattre la prolifération de ces armes qui tuent beaucoup plus de gens sur le continent africain que d’autres types d’armes.  On en compte 100 millions en Afrique subsaharienne et leur utilisation constitue l’un des plus grands défis auxquels sont confrontés les dirigeants africains.  Il est grand temps que l’ONU agisse pour adopter un traité sur le commerce de ces armes.

En tant que Président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO),  le Nigéria a choisi le thème de la diplomatie préventive pour le débat organisé lors de sa présidence du Conseil de sécurité en juillet.  M. Ebele Jonathan a exhorté l’ONU à prêter, de nouveau attention, à la diplomatie préventive dans l’esprit des Chapitres VI et VII de la Charte.  En tant que pays contributeur de troupes, il a souhaité la révision des règles d’engagement dans les opérations de maintien de la paix en vue d’éviter un trop grand nombre de morts parmi les Casques bleus.

Enfin, les Nations Unies doivent accélérer les réformes pour s’adapter aux réalités du moment et maintenir leur légitimité.  Le Président a estimé que l’expansion du Conseil de sécurité permettrait une plus grande efficacité dans la gouvernance mondiale, car l’exclusion de l’Afrique dans la catégorie des membres permanents du Conseil de sécurité ne peut plus se justifier.

M. JEAN ASSELBORN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Luxembourg, a rappelé que son pays faisait partie de ceux qui tiennent leurs promesses, même en temps de crise.  L’aide publique au développement du Luxembourg, qui avait déjà atteint le seuil de 0,7% du revenu national brut depuis 2000, a franchi la barre de 1% en 2009.  Le Gouvernement luxembourgeois s’engage à maintenir cet effort, a ajouté le représentant.

Faisant référence aux viols de masse et aux agressions sexuelles qui ont eu lieu cet été au Nord-Kivu, M. Asselborn a souligné l’importance d’une action conséquente des Nations unies pour mettre fin au recours à la violence sexuelle comme arme de guerre.  « La communauté internationale doit tout faire pour appuyer le Gouvernement congolais dans ses efforts afin que les responsables de ces crimes atroces soient activement recherchés, jugés et punis », a déclaré le Vice-Premier Ministre.  La lutte contre l’impunité pour les crimes les plus graves doit cesser d’être un objectif abstrait pour devenir une réalité effective et concrète, a-t-il dit.

Le représentant du Luxembourg a exprimé le souhait de voir la paix établie au Moyen-Orient, mais il a ajouté que la reprise des pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens ne doit pas se laisser détourner par les ennemis de la paix.  Il est important de mettre fin à toutes les implantations de colonies de peuplement, de trouver d’urgence une solution durable à la situation à Gaza et de relancer son économie.  M. Asselborn a enfin salué le lancement par le Secrétaire général d’une enquête sur l’incident survenu en mai dernier à la flottille d’aide qui faisait route vers Gaza.

Abordant la situation au Soudan, M. Asselborn s’est réjoui qu’après plus de deux décennies d’affrontements, la perspective d’un règlement se dessine enfin.  Il a insisté sur la nécessité d’une démarche globale en Somalie qui seule permettra de lutter contre la menace terroriste que représentent les groupes armés pour la Somalie, la sous-région et la communauté internationale.

Dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération, il a souligné l’importance de poursuivre les efforts de désarmement aussi bien nucléaire que classique.  « La constante recherche de la sécurité au plus bas niveau possible d’armement sera une contribution essentielle à la stabilité dans le monde, » a-t-il dit.

Rappelant enfin la nécessité d’une réforme du Conseil de sécurité afin de le rendre plus inclusif et plus représentatif des réalités d’aujourd’hui, M. Asselborn a souhaité que soit garantie une place adéquate pour les petits États qui représentent la vaste majorité des États Membres de l’Organisation.

Mme ELLEN JONHSON SIRLEAF, Présidente de la République du Libéria, a déclaré qu’elle est aujourd’hui devant l’Assemblée générale pour présenter les progrès enregistrés par son pays.  Le Libéria est sur la voie de son redressement, a-t-elle affirmé, en se disant fière d’un pays qui siège parmi les gouvernements ayant montré leur attachement à la bonne gouvernance et prouvé leur respect des droits de l’homme.

La Présidente s’est enorgueillie du fait que son pays ait reçu, dimanche dernier, un prix pour ses progrès dans la réalisation de l’OMD nº3 relatif à l’autonomisation des femmes.  Plaidant pour un fort soutien de la communauté internationale à la Banque mondiale et à la Banque africaine de développement (BAD), la Présidente a prévenu que les progrès de son pays, en particulier en matière de sécurité, continuent d’être fragilisés par la situation de la sous-région.

Elle a aussi évoqué les tensions liées aux milliers de jeunes sans qualification et sans emploi ainsi que le manque criant de routes, d’écoles et d’hôpitaux.  Peut-être, a-t-elle avoué, le pire défi est encore de mettre en place des mécanismes efficaces de lutte contre la corruption.  Elle s’est tout de même arrêtée sur les menaces transfrontières que sont le trafic de drogues et la traite des êtres humains.   

Les élections de 2011, a souligné la Présidente, constituent un véritable tournant, mettant fin à la période de transition dans le pays.  Si elles réussissent, elles seront la preuve que le Libéria est engagé, de manière irréversible, dans la voie de la paix et du développement.

Le Libéria se redresse, a conclu la Présidente.  Sa nouvelle vision est de devenir un pays à revenu intermédiaire d’ici à 2030.  C’est un objectif ambitieux mais, a affirmé la Présidente, nous sommes déterminés.  Grâce à une judicieuse allocation des fonds et une utilisation des ressources naturelles, nous réussirons, a promis la Présidente.

L’heure de l’Amérique latine a sonné, a estimé, M. JUAN MANUEL SANTOS CALDERÓN, Président de la République de Colombie, nouvellement élu.  Il a d’emblée annoncé la candidature de son pays à un siège non permanent du Conseil pour la période 2011-2012.  L’Amérique latine peut et veut faire partie de la solution aux problèmes du monde, a-t-il dit en vantant le dynamisme économique et les ressources naturelles du continent.  L’Amérique latine doit être une région décisive pour le sauvetage de la planète, a-t-il ajouté.  Avec des indemnisations adéquates, elle est capable de ralentir la déforestation et de planter de nouvelles forêts, a-t-il insisté. 

Saluant les résultats remarquables dans la lutte contre le trafic de drogues dans son pays, le Président est ensuite passé à la lutte contre le terrorisme.  Il a rappelé qu’hier, il a annoncé la mort du principal chef militaire des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), dans une opération « impeccablement » conduite par les Forces armées colombiennes.  C’est le coup le plus fatal et le plus décisif porté aux FARC, a commenté le Président, en espérant qu’il rapprochera son pays de la paix. 

Revenant au trafic de drogues, il s’est dit préoccupé par les contradictions de certains qui, d’un côté, demandent une lutte frontale contre ce fléau et de l’autre, légalisent la consommation de drogues, étudient la possibilité de la légaliser et commercialisent certaines drogues.

Ces contradictions rendent nécessaire une révision des stratégies mondiales pour parvenir à une politique unique plus efficace et dans le cadre de laquelle tous les pays feront une contribution égale à cet effort.

M. ROBERT MUGABE, Président de la République du Zimbabwe, a déclaré que les États Membres des Nations Unies devaient trouver un moyen de rétablir le rôle prééminent de l’Organisation.  Pourquoi, alors, les pays occidentaux développés, en particulier les membres permanents disposant du droit de veto, s’opposent-ils à la démocratisation des organes des Nations Unies, en particulier celle du Conseil de sécurité?

M. Mugabe a rappelé la position bien connue de son pays, qui estime complètement inacceptable que l’Afrique demeure le seul continent sans représentation permanente au Conseil.  Cette injustice historique doit être corrigée, a-t-il poursuivi.  « Nous exigeons que les États membres prennent dûment en considération la demande légitime de l’Afrique pour deux sièges permanents avec plein droit de veto ainsi que deux sièges non permanents », a dit le Président.

Les problèmes critiques que nous affrontons aujourd’hui ne peuvent être réglés efficacement tant que de nombreux pays et régions sont exclus du processus de prise de décisions dans les institutions de gouvernance mondiale.  C’est pour cela que le Zimbabwe continue de demander une réforme des institutions financières multilatérales, y compris les institutions de Bretton Woods, a dit M. Mugabe.

Soulignant que les changements climatiques constituent un des problèmes les plus pressants de notre temps, le Président du Zimbabwe a souhaité que la réunion de Cancún produise un résultat qui répondra aux besoins de ceux qui sont les plus affectés par ces changements.

M. Mugabe a également réitéré son appel pour une augmentation urgente et substantielle de l’investissement dans l’agriculture des pays en développement.  Il a ajouté que le Cycle de négociations de Doha doit, non pas mourir à petit feu, mais rester concentré sur le développement tel qu’il avait été envisagé à l’origine.

Le Président du Zimbabwe a déclaré que son pays continuait d’être la victime de sanctions illégales imposées par l’Union européenne et les États-Unis, avec l’intention de provoquer un changement de régime.  « Notre gouvernement inclusif est uni contre ces sanctions illégales et a émis des appels répétés en vue de leur suppression immédiate et sans conditions », a dit M. Mugabe.

Le Président s’est également élevé contre les sanctions imposées par les États-Unis à Cuba et a exprimé ses inquiétudes concernant la situation au Moyen-Orient.

M. RENÉ GARCIA PRÉVAL, Président de la République d’Haïti, a commencé par saluer la mémoire des victimes du séisme qui a touché Haïti.  Cependant, chaque tragédie apporte son lot de solidarité humaine, et les Haïtiens savent apprécier à sa juste mesure l’immense mouvement de solidarité et de compassion que la communauté internationale a exprimée à son endroit depuis le tremblement de terre, a-t-il déclaré.  La Commission intérimaire en charge de coordonner les ressources pour la reconstruction d’Haïti, a-t-il indiqué, a déjà approuvé plus d’une trentaine de projets se rapportant à l’éducation, la santé ou aux infrastructures, pour plus d’un milliard de dollars. 

Pour ce qui est de la réalisation des OMD, M. Préval s’est demandé ce qu’il faut dire des milliers de milliards de dollars engloutis par des guerres depuis 10 ans, des budgets de défense qui chaque année dépassent de loin ce qu’il faudrait pour atteindre les OMD, des incalculables richesses volatilisées dans la spéculation, dans l’arrogante suprématie de l’économie virtuelle, de la baisse continue de l’aide publique au développement qui ne représente plus que le tiers des subventions agricoles. 

Pour lui, le moment est venu d’inventer une nouvelle forme de mondialisation fondée sur la simple notion de la communauté humaine, sur la confiance, la coopération, le respect mutuel, celui de l’environnement et de toutes les formes de vie sur terre.  Il faut rompre d’urgence avec la vision qui érige le profit en véritable divinité, réduit les citoyens au rang de simples consommateurs et la Terre en une colonie dévastée par les hommes.

En tant que PEID, le Gouvernement haïtien et son peuple sont particulièrement inquiets du réchauffement de la planète et des dérèglements climatiques.  La guerre contre la drogue, a-t-il encore dénoncé, se traduit par des escarmouches dans les pays consommateurs et par des batailles sanguinaires dans les pays producteurs et de transit, allant jusqu’à menacer l’existence même des États.

Pour le Président, le seul espoir qui subsiste est un humanisme renouvelé, lucide, englobant tout le vivant et l’environnement.  En ce sens, la coopération Sud-Sud est porteuse de promesses selon M. Préval, qui a convié les dirigeants des pays du Sud à approfondir cette voie pour le bien-être de leur peuple.  Avant de conclure, il a formulé le vœu de voir levé l’embargo contre le peuple cubain.

M. PAUL KAGAME, Président de la République du Rwanda, a estimé que l’ONU est devenue une Organisation reflétant un monde qui semble divisé en deux catégories de pays, à savoir ceux qui ont les valeurs louables des droits et des libertés, d’une part, et ceux auxquels il faut enseigner ces valeurs.  Le Rwanda et de nombreux pays du monde en développement appartiendraient à la deuxième catégorie.  Non seulement marginalisés et méprisés, nous sommes également considérés comme des violateurs chroniques de nos propre droits de l’homme, a dénoncé le Président. 

La conséquence est que les Nations Unies imposent des normes différentes en fonction des pays, en particulier lorsqu’il s’agit de questions internationales où chaque État Membres devrait être traité de la même manière devant la loi.  Le Président a appelé à un débat entre ces deux catégories de pays pour retrouver les idéaux de l’ONU.  Lorsqu’il n’y a aucun recours devant un jugement international et que l’on voit un déficit de reddition des comptes dans les principales institutions et le sentiment chez le citoyen ordinaire que l’ONU ne peut pas l’aider, l’Organisation ne peut être vue comme crédible, pertinente et démocratique.  Il faut faire en sorte que l’ONU ne devienne pas l’instrument des puissants, pour renforcer leur influence ou l’user contre les autres. 

Au Rwanda, a conclu le Président, nous savons que la stabilité est une condition préalable au développement et à l’amélioration des conditions de vie.  Nous continuerons à travailler avec nos voisins, les organisations régionales et internationales et l’Union africaine pour assurer la paix et la sécurité et faire en sorte que l’Afrique réalise son potentiel, a conclu le Président.

M. HIFIKEPUNYE POHAMBA, Président de la République de Namibie, a engagé les États Membres à réaffirmer le rôle central de l’ONU dans la gouvernance mondiale.  Il a estimé que l’universalité de l’ONU la rendait le mieux à même de veiller à la refonte du système économique international.  Il a indiqué que son pays souffrait toujours des cicatrices laissées par son passé colonial.  Nous vivons la répartition la plus inégale des revenus au monde, a-t-il notamment indiqué.  Il a appelé les institutions internationales à aider les pays à revenu intermédiaire à accéder aux ressources pour le développement à des termes concessionnels.

Passant ensuite à la question des changements climatiques, le Président namibien a indiqué que son pays avait connu des inondations et des sécheresses très graves qui avaient détruit ses cultures.  Il a appelé les pays développés à faire preuve d’une plus grande volonté pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et intensifier les efforts d’adaptation et d’atténuation aux effets des changements climatiques. 

Il s’est félicité de la création d’une nouvelle entité pour appuyer l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.  Il s’est plus précisément félicité de la nomination de Michelle Bachelet à sa tête.

M. Pohamba a ensuite fait savoir que son pays continuerait de travailler avec la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) à la recherche d’une solution à la crise politique de Madagascar.  Il a par ailleurs demandé la mise en œuvre immédiate et sans condition du plan de règlement de l’ONU pour le Sahara occidental.  Il a également réclamé la levée du blocus économique imposé à Cuba et des sanctions économiques dont le Zimbabwe est l’objet, faisant remarquer que ces mesures avaient une incidence sur le bien-être économique des autres membres de la SADC.

En venant au volet nucléaire, le Chef d’État de la Namibie a estimé que le multilatéralisme était l’option la plus viable pour créer un monde exempt du danger nucléaire.

M. BHARRAT JAGDEO, Président de la République du Guyana, a soutenu l’idée que le seul moyen pour venir à bout des défis d’aujourd’hui, qui ne connaissent plus de frontières et qui témoignent du degré d’interconnexion du monde, était de trouver des réponses « mondiales ».  La notion de pouvoir défendre les intérêts nationaux et mondiaux par des réponses nationales n’est plus d’actualité, a-t-il dit.  Il y va de l’intérêt de tout le monde que les Nations Unies développent une plate-forme qui faciliterait les réponses mondiales, a poursuivi M. Jagdeo, avant d’avertir qu’il restait beaucoup à faire pour la concrétisation d’une telle initiative.  M. Jagdeo a illustré son propos par les progrès modestes obtenus en termes d’OMD, ce qu’il impute à l’absence de volonté du monde développé à honorer ses engagements.  Il a également évoqué la crise financière mondiale qui n’a pas réussi à encadrer les bénéfices d’un système financier ouvert avec des mesures de protection aux risques liés à un tel système. 

S’agissant des changements climatiques, il a dénoncé le fait que la communauté internationale n’ait pas été capable de lier les évidences scientifiques à une politique mondiale permettant d’affronter les nouveaux défis climatiques.  Plutôt que de continuer sur cette voie, le Président Jagdeo a invité les États Membres à prendre leurs responsabilités, et a demandé aux Nations Unies de définir un cadre adéquat pour trouver des réponses mondiales qui soient à la hauteur des ambitions de l’Organisation.  Allant plus loin, il a proposé que l’ONU développe un ensemble d’indicateurs de « responsabilité mondiale » qui permettraient de voir de manière transparente si les États Membres poursuivent des politiques « responsables », qui ne se limiteraient plus à offrir de l’aide au développement, mais qui couvriraient également les pratiques commerciales injustes et les politiques en matière de changements climatiques. 

Un premier groupe de ces indicateurs a été développé à travers les OMD, a noté M. Jagdeo, qui a appelé à des actions plus fortes en termes de protection de l’environnement et de la biodiversité.  Cela suppose un passage délibéré vers des économies plus « vertes » et des sources d’énergie moins polluantes, a-t-il poursuivi, avant de regretter que la communauté internationale n’ait pourtant toujours pas adopté les mesures qui s’imposent pour y arriver.  C’est la raison pour laquelle, le Président du Guyana milite en faveur d’un traité sur le climat juridiquement contraignant.  Dans ce contexte, il a souligné que les pays qui n’avaient pas souscrit à l’Accord de Copenhague pouvaient cependant appuyer les dispositions qu’il défend en attendant un tel traité.  Pour sa part, le Guyana a d’ores et déjà développé un mécanisme de financement qui lui permet de protéger toute sa forêt vierge et, en utilisant les ressources qui lui sont accordées pour avoir protégé la forêt vierge, le pays réoriente son économie vers une économie plus verte.

M. AHMED ABDALLAH SAMBI, Président de l’Union des Comores, a centré son intervention sur « l’importante question » de l’île comorienne de Mayotte, différend qui oppose son pays à la France depuis plus de 30 ans.  Il a notamment affirmé qu’il ne pouvait y avoir de stabilité durable dans son pays sans une solution définitive à cette question.  Il est revenu sur les résolutions de l’ONU qui confirment la légitimité de la revendication comorienne sur l’île de Mayotte, pour citer notamment la résolution 31 (IV) du 21 octobre 1976 dans laquelle il est dit que « l’occupation par la France de l’île comorienne de Mayotte constitue une atteinte flagrante à l’unité nationale de l’État comorien ».  La résolution, a rappelé le Président, condamne également les référendums du 8 février et du 11 avril 1976.  Elle a argué que le principe de l’intangibilité des frontières était devenu une règle coutumière internationale codifiée par l’article 6 de la résolution 1514 (1960), et que la jurisprudence internationale reconnaît pleinement le principe de l’indivisibilité des entités coloniales.

Le Président comorien a dénoncé l’instauration, en 1994, par la France d’un visa pour tout Comorien désirant se rendre à Mayotte, ainsi que le lancement, en 2000, du processus illégal de départementalisation de l’île.  « Je tiens à souligner que l’imposition de ce visa a des conséquences humanitaires dramatiques.  Elle fait du bras de mer d’environ 70 kilomètres séparant Anjouan de l’île sœur de Mayotte le plus grand cimetière marin au monde, avec près de 7 000 morts déjà comptabilisés, a notamment fait savoir M. Sambi.  Il s’est dit étonné que la France n’ait pas donné de réponse positive à la proposition novatrice d’« un pays, deux systèmes » proposée par son pays l’an dernier.  Il a expliqué que ce double système garantirait le respect du droit international tout en permettant à la France de continuer à administrer l’île comorienne de Mayotte de façon légitime, pendant une période qui serait déterminée de commun accord.

« Face à cette attitude », a poursuivi le Président comorien, nous nous trouvons dans l’obligation de solliciter notre chère Organisation d’exiger de la France qu’elle respecte et se conforme au droit international et qu’elle reconsidère sa position par rapport à cette main tendue.  Pour M. Sambi, il y va de l’avenir des Comores, de l’honneur de la France et de l’honneur des Nations Unies.

M. CARLOS MAURICIO FUNES CARTAGENA, Président de la République d’El Salvador, a mis l’accent sur les problèmes de son pays, à savoir la pauvreté, la violence faite aux femmes, l’injustice sociale ou la criminalité organisée.  Alors que l’Assemblée générale a achevé mercredi son débat sur les OMD, le Président a estimé que les efforts entrepris jusqu’à maintenant n’ont pas eu les résultats escomptés. 

M. Cartagena a dénoncé l’assassinat de 72 migrants dont 14 Salvadoriens, qui tentaient de fuir vers les États-Unis ou le Canada à la recherche d’une vie meilleure.  Cela est une tragédie qui met en lumière la pauvreté, la misère et l’injustice généralisée qui touche les populations d’Amérique latine, a-t-il souligné.  Sur les 9 millions d’habitants au Salvador, 3 millions ont émigré vers d’autres pays.  Le trafic des armes et l’insuffisance de résultats dans la lutte contre la pauvreté sont un constat d’échec pour les politiques mises en place jusqu’à présent au Salvador, a-t-il reconnu.  Il a appelé la communauté internationale à s’attaquer aux racines du mal et à ne pas abandonner l’Amérique centrale à son triste sort. 

M. Cartagena a rappelé que El Salvador n’était pas le seul pays victime des cartels de la drogue.  Il a proposé la création d’une commission d’enquête sur les crimes organisés, qui prendrait des mesures, en partenariat avec les pays voisins, en vue de coordonner les politiques.  Selon lui, la création d’une telle commission contribuerait au renforcement des institutions qui bien souvent sont infiltrées par le crime organisé. 

Dévoilant sa stratégie, il a expliqué que la commission reposerait sur la transparence et s’attaquerait à la création de narco-États au sein même des pays.  Les défis sont considérables, a-t-il estimé, et El Salvador est à ce jour le seul pays de la région d’Amérique centrale à obtenir des résultats, notamment grâce à la mise en place d’un Sous-Secrétariat à la transparence et à la lutte contre la corruption. 

M. TOOMAS HENDRIK ILVES, Président de la République d’Estonie, a rappelé que les OMD ne seront atteints que si les États Membres assument leur responsabilité et marchent dans la même direction.  Il ne nous reste plus que cinq ans, a-t-il averti.  L’Estonie contribue à la réalisation des OMD par une politique de développement et de coopération, notamment en Afghanistan.  En plus de fournir une aide à travers la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), elle œuvre aussi à des projets à long terme dans les domaines de la santé et de l’éducation dans la province de Helmand, a dit le Président.

Les technologies de l’information et des communications ont été un moteur de développement et de modernisation crucial pour l’Estonie, a-t-il rappelé, avant de dire que son pays a créé un institut de formation pour aider les gouvernements dans les pays en développement.  Il a ajouté que l’Estonie contribue depuis 10 ans au budget de maintien de la paix et continuera de le faire.

L’Estonie exprime son ferme soutien à la souveraineté, à l’intégrité territoriale, à la sécurité et à la stabilité de la Géorgie, conformément au droit international.  Les problèmes humanitaires dans cette zone doivent être pris avec sérieux, a estimé le Président, en appuyant aussi la justice pénale internationale.

Il a appelé à une coopération entre États pour les menaces d’attaques informatiques, avant d’exprimer son soutien au renforcement du Conseil des droits de l’homme, dont l’Estonie espère faire partie en 2012.

M. BENIGNO S. AQUINO III, Président de la République des Philippines, a rappelé que la mondialisation avait apporté son lot de défis « mondiaux » à relever comme le terrorisme, les changements climatiques ou encore la prolifération des armes de destruction massive, la traite illicite d’êtres humains, les pandémies et le crime organisé.  Ainsi, désormais, le problème d’un seul pays devient celui de tous, a noté le Président.  Les réponses doivent, en revanche, tenir compte du fait qu’aucun pays ne peut fonctionner en vase clos et que les progrès ne peuvent se faire que si toutes les nations progressent en tant qu’une seule.  La recherche de la dignité humaine ne peut être définie par des frontières géographiques, raciales ou culturelles, a poursuivi M. Aquino, qui a soutenu la notion selon laquelle tout progrès mondial doit être équitable.  Cela signifie, selon lui, qu’il faut venir en aide à ceux qui sont dans le besoin.  « C’est à la fois humain et nécessaire », a-t-il affirmé.  Même si cette idée est prônée depuis des décennies, dans les faits les inégalités restent l’un des plus grands défis à relever, a-t-il souligné.  « Le fossé entre les puissants de ce monde et les autres est loin d’être comblé », a-t-il estimé. 

Cet écart est, selon le Président philippin, d’autant plus frappant en termes d’efforts mondiaux pour lutter contre les changements climatiques.  M. Aquino a expliqué que ceux qui avaient le plus à perdre n’étaient pas ceux qui étaient à l’origine de ces changements climatiques.  Il y va, a-t-il dit, de la simple justice que de venir en urgence en aide aux pays les plus vulnérables.  Parallèlement, les grandes économies devraient prendre des engagements ambitieux pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, a-t-il souligné.

Pour les Philippines, la coopération internationale doit en premier lieu avoir pour vocation la réalisation des huit OMD d’ici à 2015.  Cela ne signifie cependant pas pour autant que le monde en développement doit demeurer passif et se contenter de l’aide internationale.  Pour M. Aquino les pays en développement doivent activement s’impliquer dans la coopération Sud-Sud et promouvoir leurs propres intérêts économiques.

M. FILIP VUJANOVIĆ, Président du Monténégro, a déclaré que son pays, le plus jeune membre des Nations Unies, était un partenaire fiable de l’Organisation.  Le Monténégro continuera à jouer un rôle constructif dans la stabilité de la communauté internationale, notamment dans les Balkans occidentaux et en Europe du Sud Est, a-t-il dit.  Le pays renforce sans cesse sa participation et sa contribution aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Le Président a appuyé la Stratégie antiterroriste mondiale et tous les instruments juridiques sur le contrôle des armements et le désarmement. 

S’agissant des Objectifs du Millénaire pour le développement, la crise, a-t-il souligné, a mis en relief la nécessité de réaliser un développement durable, qui implique un équilibre entre le développement économique et social et la protection de l’environnement.  Le Monténégro encourage un partenariat entre l’Union européenne et l’Afrique, en vue d’éliminer la pauvreté sur ce continent.    

Déplorant les catastrophes naturelles récentes qui ont frappé Haïti et le Pakistan, M. Vujanović a estimé qu’il fallait trouver une réponse mondiale aux changements climatiques, conformément à la Convention-cadre des Nations unies sur cette question.  Le Monténégro a établi un forum régional avec des pays voisins et de la région pour traiter des défis et de la prévention des changements climatiques aux niveaux national et régional.  Enfin, le Président a donné son plein appui aux activités du Conseil des droits de l’homme et du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, et à une interaction renforcée entre l’Assemblée générale et les commissions concernées.

M. YOWERI KAGUTA MUSEVENI, Président de la République d’Ouganda, a déclaré que son pays allait à coup sûr atteindre les OMD liés à l’éradication de la pauvreté, l’accès à l’éducation, la promotion de l’égalité femmes-hommes, l’environnement durable et le partenariat pour le développement.  S’agissant de la santé maternelle et infantile, domaine dans lequel l’Objectif pourrait ne pas être atteint, l’Ouganda a développé une feuille de route.  Le pays a également fait des progrès énormes en matière de la prévention et du contrôle du VIH/sida.

L’Ouganda, a déclaré M. Museveni, n’a jamais pensé que les contributions des bailleurs de fonds constituent une solution durable aux OMD.  Ces Objectifs doivent être ancrés dans la croissance et la transformation des économies des pays cibles.

« Il est particulièrement réjouissant, à cet égard, que le nuage de l’Afro-pessimisme soit en train de se dissiper », a dit le Président.  Certains groupes en Occident ont commencé à évoquer les « lions » africains, les comparant sans doute aux « tigres » asiatiques du passé.  L’Ouganda a ainsi été classé par le groupe McKinsey parmi les économies en transition, a dit M. Museveni, qui a fait noter que les économies africaines avaient collectivement enregistré un taux de croissance du PIB de 4,9%, contre 2% dans les pays de l’OCDE.

Si nos partenaires pouvaient concentrer leurs efforts sur le développement de l’infrastructure, la transition de l’Afrique pourrait s’accélérer davantage, a dit le Président.  Que se passera-t-il quand les goulots d’étranglement de l’infrastructure pourront être résolus?  Que se passera-t-il quand l’électricité deviendra bon marché et abondante, quand les transports routiers et ferroviaires deviendront plus abordables?  L’aide dans les secteurs pertinents sera la bienvenue.

« L’Afrique a été le maillon faible dans la lutte pour une meilleure gouvernance dans les 50 dernières années; une amélioration de la performance économique de l’Afrique sera donc bonne pour elle et bonne pour le reste du monde », a conclu M. Museveni.

M. CHOUMMALY SAYASONE, Président de la République démocratique populaire lao, a déclaré qu’il était temps de pleinement concrétiser les promesses faites et les engagements pris.  Le processus de réforme des Nations Unies devrait prendre une forme plus concrète pour assurer des bénéfices à tous les États Membres.  Les résultats de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de mai dernier n’ont pas satisfait nos attentes, a-t-il dit, en regrettant qu’un consensus soit toujours loin à cause des doutes et de la méfiance mutuelle.

Plusieurs décennies après les guerres, le pays souffre encore cruellement de leurs conséquences, a dit le Président.  La guerre d’Indochine a laissé derrière elle une quantité énorme de vestiges et de munitions non explosées, qui ont continué de tuer et de blesser des innocents.  Plus de 30% du territoire laotien a été contaminé par les munitions non explosées, a-t-il précisé.

En tant que pays le plus affecté par les munitions non explosées, notamment les bombes à sous-munitions, le pays joue un rôle actif dans le Processus d’Oslo, qui a mené à l’adoption de la Convention sur les armes à sous-munitions.  Il continuera de coopérer avec la communauté internationale pour assurer la pleine application de la Convention, a dit M. Sayasone.

L’année 2010 est riche de sens pour le pays qui a complété la mise en application du sixième Plan quinquennal de développement socioéconomique et qui prépare son septième plan pour 2011-2015.  L’économie s’est développée à un rythme de 7% en moyenne.  La pauvreté a reculé de façon continue, et le niveau de vie du peuple multiethnique du pays s’est amélioré de façon progressive. 

Cependant, a continué le Président, le Laos reste exposé à la crise financière et économique mondiale qui contribue à la chute du taux de croissance économique.  Le pays a encore besoin d’assistance et de soutien de la part de la communauté internationale afin d’atteindre son objectif final, qui est de quitter le groupe des pays les moins avancés (PMA) en 2020. 

M. MARCUS STEPHEN, Président de la République de Nauru, a tout d’abord relevé que son allocution intervenait au cours d’une semaine particulièrement importante pour son pays et pour les petits États insulaires en développement du fait de la session de l’Assemblée générale consacrée aux OMD et de celle relative à la Stratégie de Maurice.  « Nauru a connu un tournant majeur de son histoire en 2005, avec l’adoption de sa Stratégie nationale de développement durable », a-t-il noté.  Ce plan, a-t-il expliqué, a permis à Nauru de connaître de nombreuses avancées dans divers secteurs de la vie nationale.  Soulignant que ces avancées avaient été possibles grâce au soutien de la communauté internationale, le Président de Nauru s’est aussi félicité de l’ouverture d’un Bureau conjoint des Nations Unies dans son pays afin de toucher du doigt les réalités locales et mieux traiter les problèmes du pays.

Évoquant les problèmes qui minent la jeunesse de son pays, M. Stephen a néanmoins prédit que Nauru devrait réaliser l’objectif lié à l’éducation primaire pour tous à l’horizon 2015 et a mis l’accent sur la place que son gouvernement accorde aux jeunes qui sont les dirigeants de demain.  « Les Nations Unies devraient permettre la mise en place d’une nouvelle catégorie formelle de groupe de pays dénommés petits États insulaires en développement », a-t-il déclaré.  Il a ajouté que la communauté internationale avait déjà reconnu la vulnérabilité de ce groupe de pays mais que des marques de reconnaissance formelle étaient encore à attendre, notamment des mécanismes clairs de soutien au développement de ces pays spécifiques.  Ces pays, a expliqué M. Stephen, restent impuissants face au pillage de leurs ressources halieutiques et à la pêche industrielle illégale qui hypothèquent l’avenir de leurs enfants.

Le Président de Nauru a également mis l’accent sur l’importance de la prochaine Conférence de Cancún sur les changements climatiques, cette année.  « Nous devons agir comme si l’avenir de nos enfants dépendait des décisions que nous prenons », a déclaré M. Stephen.  Estimant que les changements climatiques posaient de nombreuses menaces, y compris à la sécurité, il a jugé que le Conseil de sécurité, en tant qu’organe garant de la paix et de la sécurité internationales, devait jouer son rôle en la matière.

M. VALDIS ZLATERS, Président de la République de Lettonie, a d’entrée rappelé que cette année marque le vingtième anniversaire de l’indépendance de son pays, après 50 ans d’occupation, d’oppression et d’injustice soviétique.  L’histoire de la Lettonie montre que l’on peut surmonter les divisions les plus profondes, a-t-il soutenu.  Abordant la question des OMD, il a estimé que nous sommes sérieux dans la volonté d’atteindre ces objectifs, nous devons montrer de l’engagement et de l’action.

Il a appelé à faire face à la menace des changements climatiques et des catastrophes qui en résultent, en invitant la communauté internationale à considérer cette question comme étant une problématique sécuritaire.

Malgré les difficultés économiques auxquelles elle doit faire face, la Lettonie, a poursuivi le Président, a contribué à hauteur de 150 000 euros au Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires (CERF), s’est félicité M. Zlaters qui s’est par ailleurs exprimé sur le fonctionnement du système des Nations Unies.    

Il a appelé à une réforme du Conseil de sécurité qui doit maintenant refléter les réalités du XXIe siècle.  Il a aussi salué la promotion de l’égalité entre hommes et femmes menée par l’ONU et marquée par la création d’ONU-Femmes.

Après s’être satisfait de la conclusion du nouveau Traité START entre Américains et Russes, et estimé que cet instrument est un exemple remarquable des avancées qui peuvent être faites pour réduire la menace des armes stratégiques, le Président a apporté son soutien aux discussions sur la sécurité nucléaire entamées par le Président américain.  Il a conclu en appelant la communauté internationale à poursuivre son soutien à l’Afghanistan où son pays entreprend un projet de formation de la police.

M. GJORGE IVANOV, Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine, s’est félicité du fait que les États aient réussi à faire face aux crises économique et financière mondiales qui auraient pu entraver les progrès accomplis dans la réalisation des OMD et dans le combat pour la paix à travers le monde.  Se félicitant du résultat final de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur les OMD, M. Ivanov a appelé à poursuivre la réalisation de ces Objectifs pour lesquels son pays reste engagé, en dépit du ralentissement actuel.  Il a, à son tour, souligné la menace que représentent les changements climatiques et estimé que la lutte pour la préservation de la nature ne devait pas se contenter de discours et rester à l’échelle mondiale.  Elle doit être présente dans chaque ville, chaque État et incluse dans toutes les stratégies nationales de développement, a-t-il dit.

Le Président a ensuite rappelé la nécessité de s’attaquer aux conflits récurrents, en adoptant une approche régionale et internationale.  C’est seulement en promouvant la paix, les droits de l’homme et l’état de droit par le dialogue et avec tolérance, que l’on peut créer un monde juste et équitable.  Il a par ailleurs apporté son soutien aux efforts menés en vue d’améliorer la cohérence du système des Nations Unies, puis s’est attardé sur les réformes politiques et économiques entamées par son pays qui attend l’ouverture des négociations devant mener à son adhésion au sein de l’Union européenne et de l’Organisation de l’Atlantique Nord (OTAN).  Par ailleurs, M. Ivanov a indiqué qu’il avait rencontré hier au Siège de l’ONU le Premier Ministre grec dans le but d’établir un climat de confiance mutuelle et de compréhension.  Il a ainsi dit souhaiter qu’en tant que voisins, les deux pays puissent trouver une solution acceptable.  « Ce sera une grande étape pour nous, mais une étape énorme vers l’aboutissement de la vision commune à l’ensemble de notre région », a déclaré le Président de la République de Macédoine.

M. GILBERT FOSSOUN HOUNGBO, Premier Ministre de la République togolaise, a remercié les Nations Unies pour leur appui multiforme tout au long du processus de démocratisation et de consolidation entamé depuis des années par son pays, avant de les appeler à s’investir davantage dans la voie de la diplomatie préventive, en réfléchissant notamment sur les mécanismes qui doivent conduire les parties à accepter les résultats d’élections reconnues crédibles et transparentes par la communauté internationale.  En quête d’une meilleure gouvernance et du bien-être de ses populations, le Togo poursuit inlassablement et de façon irréversible sa marche vers plus de démocratie, de liberté et de justice dans la paix et la stabilité, a-t-il déclaré.  Le Togo, a-t-il promis, poursuivra sans relâche l’œuvre engagée en vue de consolider les acquis de la démocratie et de la paix, tout en consacrant davantage ses efforts à la réalisation des OMD pour un développement humain durable pour tous.

S’il existe des signes annonciateurs, en ce qui concerne la relance de l’économie mondiale, il n’est pas exagéré de dire que le chemin vers la stabilisation et le contrôle des effets perturbateurs est encore périlleux et incertain, a–t-il dit, avant d’appeler les États à répondre à la menace que représentent les changements climatiques.  L’heure n’est plus au discours, il est temps d’agir et d’agir maintenant, a insisté le Premier Ministre.  Le Premier Ministre a également estimé que le récent Sommet sur les OMD avait permis de démontrer le lien intrinsèque qui existe entre aide et développement, d’une part, et entre développement et volonté politique, aux plans national et international, d’autre part.  Les résultats modestes obtenus par le Togo, a-t-il dit, auraient pu être bien meilleurs et se seraient rapprochés davantage des objectifs dans les délais prescrits, s’ils n’avaient été privés, pendant de trop longues années, de l’apport précieux que constitue l’aide au développement.

M. EMIL BOC, Premier Ministre de la Roumanie, a indiqué que le monde était confronté à des défis immenses qui exigent d’exercer hautement, les grandes responsabilités placées dans les dirigeants de la planète par les générations présentes et futures.  Il s’est dit réconforté de voir plus d’engagement de la part des États à agir de façon collective face à ces défis.  En dépit des retards constatés dans la réalisation des OMD, il s’est dit convaincu de la capacité des États à atteindre ces Objectifs à la date butoir de 2015.  Il a ensuite appelé à des progrès à la prochaine Réunion de Cancún au Mexique sur les changements climatiques.  Cette rencontre doit ouvrir la voie à l’adoption d’un accord juridiquement contraignant pour l’après-Kyoto, a-t-il souhaité.

Tout développement qui n’est pas assis sur la bonne gouvernance ne peut être durable, a-t-il souligné, en défendant aussi l’importance de l’égalité entre les citoyens, de la protection des droits et de la liberté dans ce processus.  Il a par ailleurs plaidé pour la recherche de voies et moyens visant à améliorer l’état de ces libertés dans la région des Balkans de l’Ouest et en Europe de l’Est.

Rappelant la priorité qui doit être accordée à la prévention et au règlement des conflits par la communauté internationale, le Premier Ministre a indiqué que son pays contribuait de façon substantielle aux opérations civiles et militaires menées sous les auspices de l’ONU.  Il a part ailleurs appelé à poursuivre l’engagement aux côtés de l’Afghanistan, en se félicitant des résultats obtenus à la suite des Conférences de Londres et de Kaboul. 

Il a aussi salué l’implication de la communauté internationale à la reconstruction de l’Iraq.  Abordant la question du Kosovo, il a estimé que l’avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice à la demande de la Serbie, ne répondait pas à la question essentielle de la légalité ou non de la création d’un État.  La Roumanie maintient qu’en vertu du droit international, toute sécession unilatérale est impossible, a-t-il conclu.

M. STEPHENSON KING, Premier Ministre de Sainte-Lucie, a souligné l’importance « critique » de la réunion de Cancún sur les changements climatiques.  Il a aussi souligné que les petits États insulaires en développement (PEID), dont Sainte-Lucie, sont les plus vulnérables aux changements climatiques alors qu’ils ne contribuent qu’à moins de 1% aux émissions totales de gaz à effet de serre sur la planète.  C’est pour cette raison qu’ils sont déterminés, a dit le Premier Ministre, à soutenir la conclusion d’un accord juridiquement contraignant et qu’ils rappellent que la victoire sur ce phénomène exige des ressources financières nouvelles et additionnelles et un transfert des technologies pour l’adaptation et l’atténuation. 

M. King a en outre souligné la nécessité d’un retour rapide à une économie mondiale qui soutienne la croissance, avant de faire part de son inquiétude face aux incertitudes qui continuent de caractériser les marchés occidentaux.  Il a indiqué que son pays avait pris des mesures pour faire face à la crise, en mettant notamment en place un plan stratégique pour la période 2011-2016.  Cependant le rôle des institutions financières et du G-20 est primordial dans la stabilisation de l’économie mondiale et la restauration de la croissance des PEID, a-t-il maintenu.

Le Premier Ministre a par ailleurs demandé des réponses à la grande tragédie que représente le trafic illicite de drogues, en s’étonnant que l’on ait décidé de fermer la représentation caribéenne du Bureau des Nations Unies contre la drogue et le crime.

M. MURRAY MCCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a exprimé sa préoccupation devant le fait que la région du Pacifique Sud soit classée juste après l’Afrique subsaharienne en termes de progrès dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire.  C’est pourquoi la Nouvelle-Zélande déploie de plus en plus de ressources dans sa propre région.  Elle continuera d’augmenter son aide malgré les obstacles qui s’opposent à sa propre économie, a promis M. McCully.  Cependant, a poursuivi le Ministre, l’argent n’est pas tout; l’efficacité de l’aide et la coordination entre donateurs sont des éléments cruciaux.  Le progrès dépend également de la bonne gouvernance dans la région.

L’année passée n’a fait que montrer l’importance de la préparation face aux catastrophes et de la capacité à gérer les crises.  M. McCully a pris pour exemple le récent tremblement de terre de Christchurch, le plus destructeur de l’histoire de la Nouvelle-Zélande, ainsi que les tremblements de terre en Haïti et au Chili.

M. McCully a également mis l’accent sur le maintien de la paix, qui est une responsabilité essentielle de cette Organisation.  Les soldats, ingénieurs, policiers, douaniers, médecins et autre personnel néo-zélandais prennent part à 12 opérations de par le monde, en Afrique, en Afghanistan, au Moyen-Orient, en Asie et dans le Pacifique.  La Nouvelle-Zélande a notamment eu un rôle majeur au Timor-Leste, a dit le Ministre.

Le Ministre a exprimé son soutien au Plan d’action adopté cette année à la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, au Sommet sur la sécurité nucléaire, et à l’entrée en vigueur de la Convention sur les armes à sous-munitions.  Il a cependant fait part de son inquiétude face à l’inertie qui continue de caractériser la Conférence du désarmement.

M. ÖSSUR SKARPHÉŎINSSON, Ministre des affaires étrangères, de l'industrie, de l’énergie et du tourisme de l’Islande, a rappelé qu’il y a seulement un an, son pays était ravagé par une crise financière qui avait laissé son système bancaire dans un état d’effondrement total.  Après le passage de mesures d’urgence et une réforme fiscale radicale, le pays est sur la voie de la reprise, a déclaré M. Skarpheŏinsson.  Cette crise, a continué le Ministre, a ouvert nos yeux sur ce qui importe vraiment dans la vie, les valeurs essentielles de la démocratie et des droits de l’homme.  L’Islande a pris des mesures importantes pour augmenter le pouvoir du peuple, assurer l’égalité des partenariats du même sexe, et promouvoir la participation des femmes au processus de prise de décisions.  À cet égard, il a appelé l’Iran à épargner Sakineh Ashtiani, condamnée à la lapidation.

M. Skarpheŏinsson a également évoqué les risques liés aux changements climatiques, qui menacent les petits États insulaires, le Pakistan et les Inuits. Il a appelé à des mesures plus radicales que celles préconisées à Copenhague.  L’Islande, qui a appris à maîtriser l’énergie géothermique, a commencé des discussions avec certaines grandes nations d’Afrique de l’Est pour former des partenariats.  Le Ministre a conclu en exprimant le soutien de son pays au peuple palestinien, occupé par une force d’oppression.  L’Islande, qui n’a pas craint de reconnaître l’indépendance des pays baltes, n’a pas peur aujourd’hui de se lever en faveur du peuple palestinien.

M. BASILE IKOUEBE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Congo, s’est félicité de l’adoption d’un plan d’action au cours du Sommet sur les OMD qui s’est tenu récemment, avant d’affirmer l’engagement du Congo à atteindre ces OMD.  L’Afrique, a-t-il souligné par la suite, sort d’un cycle de violences armées qui ont mis à mal son évolution vers le développement et la prospérité.  Mais grâce aux efforts de l’Union africaine avec l’appui de la communauté internationale et des dirigeants africains, de nombreux conflits sont en voie d’être résolus, s’est-il satisfait.  En dépit des difficultés constatées dans la conduite des processus électoraux, la démocratie s’installe indéniablement en Afrique, a en outre estimé le Ministre en fondant l’espoir de voir se dérouler dans un climat apaisé les prochaines échéances électorales qui auront lieu, notamment, en Centrafrique et en Côte d’Ivoire.  Concernant l’Afrique centrale, le Ministre a estimé que l’ouverture imminente du Bureau des Nations Unies dotera sa sous-région d’un instrument supplémentaire qui contribuera à promouvoir la bonne gouvernance et à renforcer la paix, la coopération et le développement.

M. Ikouebe, a également expliqué que le Congo avait œuvré âprement pour asseoir la paix et la réconciliation sur son territoire, après les événements l’ayant endeuillé dans les années 90.  Il s’est ensuite appesanti sur les relations de bon voisinage qu’il entretient avec les autres États.  Ces relations trouvent une parfaite illustration dans la manière avec laquelle le Congo gère la crise humanitaire résultant de l’arrivée de plus de 100 000 ressortissants de la province de l’Équateur en RDC, sur son sol, a-t-il souligné.  Évoquant le sujet de la biodiversité, il a rappelé que son pays compte parmi les pays qui abritent le bassin du Congo, lequel représente un important puits de carbone.  « Nous ne doutons pas que les conclusions de la prochaine Réunion de Nagoya, au Japon, sur la biodiversité porteront un regard sur les conclusions du récent segment de haut niveau sur la biodiversité, organisée par l’Assemblée générale », a-t-il conclu.

M. MARIO CANAHUATI, Secrétaire d’État au Ministère des relations extérieures du Honduras, a déclaré que les OMD étaient difficiles et ambitieux, mais réalisables.  La lutte contre la pauvreté exige des efforts supplémentaires et nous avons la responsabilité collective de protéger et partager ces biens publics mondiaux.

Le Gouvernement du Honduras assume son adhésion à ses objectifs et étant donné les résultats, le Président Porfirio Lobo Sosa a lancé un appel pour que le pays arrive dès que possible à un accord mondial qui guiderait ses actions à partir de 2015, a poursuivi M. Canahuati.

Le Honduras s’est engagé dans un programme d’aide aux plus démunis et tient également à bâtir une société inclusive et à renforcer le processus de participation des citoyens dans la formulation des politiques publiques.  M. Canahuati a cité un programme national de promotion de l’emploi ainsi que des programmes de coopération avec l’Union européenne, le Japon et Taiwan.  Il faut favoriser les investissements privés pour donner des emplois dignes aux 200 000 jeunes qui se déversent chaque année sur le marché du travail.  Grâce à ces efforts, une nouvelle ère s’ouvre, a-t-il dit.

Pendant 30 ans, les Honduriens se sont efforcés de renforcer leurs institutions démocratiques et au bout de trois décennies, ils sont parvenus à passer d’un monopole du pouvoir exécutif à un système plus équilibré.  Au cours de cette évolution, a affirmé le Secrétaire d’État, le pays a souffert d’une crise politique dont il a réussi à sortir après que le peuple eut voté massivement et dans une grande transparence, a déclaré M. Canahuati. 

Le Honduras a envoyé un message sans équivoque sur son attachement à la démocratie, au respect de ses institutions et son choix du dialogue au détriment de la confrontation.  Ce message a été accepté et respecté par la grande majorité des nations ici présentes, et il doit être accepté par tous les pays.

M. Canahuati a ajouté qu’une Commission vérité et réconciliation avait été mise en place afin que les évènements de 2009 ne se répètent plus jamais.  Le rapport de la Commission devrait devenir opérationnel au 1er trimestre de l’année prochaine, a-t-il assuré. 

Droit de réponse

      Répondant aux remarques du Royaume-Uni, le représentant de la République islamique d’Iran a souligné que, lors de son intervention, son Président n’a fait que soulever un certain nombre de questions concernant l’un des évènements les plus importants de cette dernière décennie qui a d’ailleurs affecté les relations internationales et eu des conséquences sur le monde.  La réaction du Royaume-Uni, a estimé le représentant, montre la montée de l’intolérance et du mépris pour la liberté d’expression dans un pays qui se prétend pourtant seul défenseur de ces valeurs.  L’époque où les centres de pouvoir dictaient à l’opinion publique mondiale la façon de penser est révolue, a dit le représentant avant de rappeler que l’Iran a été l’un des premiers pays à qualifier de « crime lâche et horrible » les attaques terroristes du 11 septembre 2001 à New York.     

Commentant ensuite les propos tenus par le pays « ami » qu’est le Koweït, le représentant a nié toute existence de conflit s’agissant des îles concernées qui, a-t-il souligné, font partie intégrante de l’Iran et relèvent de sa souveraineté.  Il a regretté les termes malheureux pour qualifier la question, avant d’assurer de la détermination de son pays à préserver les relations de bon voisinage dans le golfe Persique. 

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sommet du Conseil de sécurité: la paix et la sécurité internationales appellent désormais une approche véritablement globale et concertée

CS/10036

Sommet du Conseil de sécurité: la paix et la sécurité internationales appellent désormais une approche véritablement globale et concertée

23/09/2010
Conseil de sécuritéCS/10036
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6389e séance – après-midi


S OMMET DU CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES APPELLENT DÉSORMAIS UNE APPROCHE VÉRITABLEMENT GLOBALE ET CONCERTÉE


Il faut dépasser l’idée d’une séquence clairement définie entre rétablissement de la paix, maintien de la paix et consolidation de la paix, déclare M. Ban Ki-moon


Le Conseil de sécurité, que présidait le Président de la Turquie, M. Abdullah Gül, en présence de huit autres chefs d’État et de gouvernement et du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, s’est réuni, cet après-midi, pour débattre des « moyens d’assurer l’efficacité du rôle du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales».  Il a réaffirmé, dans une déclaration présidentielle, que la paix et la sécurité internationales appellent désormais une approche véritablement globale et concertée.


S’exprimant à l’ouverture de cette réunion de haut niveau, le Secrétaire général a déclaré que les conflits suivaient rarement une trajectoire linéaire et a donc invité chacun à dépasser l’idée d’une séquence clairement définie entre rétablissement de la paix, maintien de la paix et consolidation de la paix.


Aux termes de la déclaration présidentielle, le Conseil, qui réaffirme sa responsabilité principale en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, que lui a assignée la Charte des Nations Unies,reconnaît les difficultés et menaces, en constante évolution, qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales, notamment les conflits armés, le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive et des armes légères, la criminalité transnationale organisée, la piraterie, la drogue et la traite d’êtres humains.  Il souligne qu’il faut remédier aux causes profondes des conflits, en sachant que le développement, la paix et la sécurité et les droits de l’homme sont intimement liés et se renforcent mutuellement.


Le Conseil se félicite des progrès considérables accomplis pour affiner et renforcer les moyens de l’Organisation en matière de diplomatie préventive, de rétablissement de la paix, de maintien de la paix et de consolidation de la paix et il s’engage à continuer de concourir à les adapter.  Il souligne, en outre, que le lien entre ces outils ne suit pas toujours un ordre linéaire et qu’il faut les utiliser de manière globale et intégrée et en toute souplesse.  Il salue, en particulier, le rôle que joue la Commission de consolidation de la paix, créée en 2005.  Il redit sa volonté de renforcer les partenariats stratégiques avec les organisations régionales et sous-régionales, conformément au Chapitre VIII de la Charte, dans les domaines de la prévention des conflits ainsi que de l’établissement du maintien et de la consolidation de la paix.  Le Conseil, qui constate que les opérations de paix sont des entreprises de plus en plus complexes, réaffirme son ferme appui à la protection des civils et sa conviction que la protection des civils, en particulier des femmes et des enfants, en temps de conflit armé devrait être un important aspect de toute stratégie globale de règlement des conflits.  Il se dit une fois de plus opposé à l’impunité des violations flagrantes du droit international humanitaire et du droit relatif aux droits de l’homme.


Rappelant lui aussi que les conflits suivaient rarement une trajectoire linéaire, M. Ban Ki-moon a invité le Conseil à déployer les différents outils à sa disposition de manière intégrée et non plus séparée.  Il a ajouté que le Secrétariat continuerait de travailler avec le Conseil de sécurité et d’autres sur l’initiative « Nouvel horizon » mais a averti qu’il n’y avait « pas de solution rapide pour des sociétés brisées ».  Cela exige patience, ressources et engagement à long terme, a-t-il ajouté, avant de plaider pour un développement de l’architecture de consolidation de la paix.  Les Nations Unies doivent « aider les populations à résoudre les problèmes, et non pas servir de simple sparadrap pour maintenir les troubles sous contrôle », a-t-il souligné.


Dans leurs déclarations, le Président de l’Ouganda, M. Yoweri Kaguta Museveni, et le Président du Nigéria, M. Goodluck Ebele Jonathan, ont opposé les échecs en Afrique de l’ONU quand elle agissait seule aux succès obtenus lorsqu’elle collabore avec l’Union africaine ou des organisations sous-régionales. Tout en mettant en avant le partenariat stratégique entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine, le Président Museveni a demandé davantage de moyens de la part du Conseil et de la communauté internationale pour les opérations de maintien de la paix déployées par l’Union africaine, notamment l’AMISOM en Somalie.


Le Premier Ministre de la Chine, M. Wen Jiabao, a invité le Conseil de sécurité à intensifier ses missions de bons offices et de médiation et à « agir dans le respect des principes d’impartialité et de non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ».  Pour sa part, le Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov, a apporté son plein soutien au dialogue du Conseil avec les pays contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix et a rappelé que son pays avait, lors de sa présidence du Conseil en août dernier, invité les commandants des contingents militaires des opérations de maintien de la paix à ses réunions.  Il a aussi rappelé que la Fédération de Russie était favorable au renforcement des activités du Comité d’état-major.


Rendant un hommage appuyé au personnel des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, la Secrétaire d’État des États-Unis, Mme Hillary Rodham Clinton, a cependant regretté le peu de progrès réalisés depuis l’adoption de la résolution 1888 (2009) sur les violences sexuelles contre les femmes dans les conflits.  Elle a annoncé que son pays allait apporter un nouveau financement pour assurer la mise en œuvre effective de cette résolution.  Si les Nations Unies ne pouvaient pas relever le défi du maintien de la paix, « personne ne pourra le faire à sa place », a déclaré le Ministre des affaires étrangères de la France, M. Bernard Kouchner, qui a aussi souhaité que l’enjeu de la consolidation de la paix soit « pris en compte dès les premières étapes de la gestion d’une crise ».


Ce sommet, le sixième de l’histoire du Conseil, devait faire un bilan, dans une perspective politique, de l’efficacité, collective et individuelle, des instruments opérationnels du Conseil, à savoir: la diplomatie préventive, le rétablissement, le maintien et la consolidation de la paix –une notion ajoutée par le rapport intitulé « Un agenda pour la paix », lui-même issu du premier Sommet que le Conseil avait tenu le 31 janvier 1992- pour tenter de résoudre les problèmes complexes et toujours plus nombreux de la paix et de la sécurité internationales.  Il devait aussi « regarder vers l’avenir », sachant qu’une réunion au niveau des chefs d’État et de gouvernement offrait l’occasion « d’insuffler une énergie nouvelle à l’ensemble de ce processus ».


MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES


Document d’orientation sur « les moyens d’assurer l’efficacité du rôle du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales » (S/2010/461)


Ce document, adressé le 1er septembre 2010 au Secrétaire général par le Représentant permanent de la Turquie auprès de l’ONU, présente une justification du souhait de la Turquie de convoquer une réunion au Sommet du Conseil de sécurité  le 23 septembre 2010, et du thème choisi pour celle-ci, et explique les visées de la réunion et les résultats attendus.


Le document constate que, 65 ans après avoir été créées pour « préserver les générations futures du fléau de la guerre », les Nations Unies fonctionnent dans un monde traversé de menaces nouvelles contre la paix et la sécurité internationales « que personne n’aurait jamais pu prévoir en 1945 ».  Pourtant, la menace de conflits violents et le coût de la guerre demeurent au cœur des problèmes que traite l’ONU et on attend du Conseil de sécurité, en sa qualité d’organe ayant la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales, qu’il agisse de façon décisive pour prévenir les conflits, protéger les populations et mettre fin aux guerres et empêcher qu’elles ne reprennent.  Il est donc impératif que le Conseil réexamine régulièrement l’évolution de la situation sur le plan de la sécurité internationale et ses conséquences pour les Nations Unies et pour le Conseil lui-même.


Un premier réexamen stratégique a eu lieu à l’occasion de la première réunion au sommet jamais tenue par le Conseil, le 31 janvier 1992, après la fin de la guerre froide.  Le Conseil avait alors adopté une déclaration présidentielle dans laquelle il soulignait combien il importait de renforcer et d’accroître l’efficacité des Nations Unies et invitait le Secrétaire général à présenter son analyse et ses recommandations à cette fin, en particulier pour augmenter la capacité de l’Organisation en matière de diplomatie préventive, de rétablissement de la paix et de maintien de la paix.  Le rapport du Secrétaire général (A/47/277-S/24/11) en date de juin 1992, intitulé « Un agenda pour la paix », présentait une vaste analyse de l’évolution de la situation sur le plan de la sécurité et formulait plusieurs recommandations concernant les domaines d’action recensés par le Conseil de sécurité.  En particulier, il ajoutait au lexique de la diplomatie une nouvelle notion, celle de consolidation de la paix après un conflit, pour tenter de parachever le cercle de la paix.


En 2010, comme en 1992, le Conseil demeure dépendant de ces principaux instruments opérationnels –la diplomatie préventive, le rétablissement, le maintien et la consolidation de la paix (qui constitue elle-même un moyen de prévention des conflits) pour tenter de résoudre les problèmes complexes et toujours plus nombreux de la paix et de la sécurité internationales.  Au cours de ces 20 dernières années, ajoute le document, l’ONU a considérablement progressé dans le polissage et le renforcement de chacun de ces instruments et en est venu à apprécier leur nature éminemment politique.


C’est pourquoi « le moment est venu, dans une perspective politique », de faire un bilan de leur efficacité, collective et individuelle, face à des circonstances changeantes, et pour repérer les mesures qui permettraient de combler les lacunes ou d’aiguiser ces instruments, et éventuellement d’autres.


La tenue d’un nouveau débat stratégique ambitieux de ce type au niveau des chefs d’État et de gouvernement devrait permettre à la fois de repérer les problèmes les plus graves et les dangers de l’heure, et de dégager les voies que les Nations Unies pourraient suivre pour guider le changement dans un sens pacifique.


Le document estime que « 5 ans après le Sommet mondial de 2005, une décennie après l’important rapport du Groupe d’étude sur les opérations de paix des Nations Unies -le rapport Brahimi- et près de 20 ans après la première réunion au sommet du Conseil, une autre réunion de ce niveau est nécessaire pour faire le bilan et pour regarder vers l’avenir ».  Ainsi, les membres du Conseil pourront réaffirmer leur attachement aux buts et aux principes de la Charte et amorcer la définition et l’analyse d’une perspective plus ambitieuse, plus complexe, plus prospective du rôle du Conseil dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales aujourd’hui et demain.


Pour le document d’orientation, le sommet offre l’occasion « d’insuffler une énergie nouvelle à l’ensemble de ce processus ».  La déclaration du Président du Conseil qui sera adoptée à la fin de la réunion « pourrait souligner la volonté du Conseil sur ces questions, en offrant des directives plus précises et un cadre mieux intégré  pour les efforts que font les Nations Unies » en matière de diplomatie préventive, de rétablissement de la paix, de maintien de la paix et de consolidation de la paix après un conflit.  Cette déclaration « pourrait alors être utilisée pour lancer un processus visant à faire le bilan de l’action menée par les Nations Unies pour rétablir la paix et la sécurité au XXIe siècle, et de l’efficacité de ses instruments et des dispositions institutionnelles que prévoit la Charte de l’ONU à cette fin ».


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que, depuis la fin de la guerre froide, le nombre de conflits violents avait diminué.  Il a estimé que les succès du maintien et du rétablissement de la paix avaient contribué à cette évolution.  Toutefois, a-t-il ajouté, souvent la violence éclate et le monde se tourne alors vers les Nations Unies.


Le Conseil de sécurité et le Secrétariat ont beaucoup agi, a déclaré M. Ban.  Ils ont revitalisé la diplomatie préventive et augmenté les capacités de médiation des Nations Unies, réagi rapidement à des troubles, rendu les opérations de maintien et de rétablissement de la paix plus efficaces, y compris grâce à l’initiative « Nouvel horizon », qui doit permettre de mieux s’adapter à des situations complexes dans des terrains difficiles et des situations politiques instables.  « Nous avons aujourd’hui davantage de situations où, comme à Chypre, les efforts de maintien et du rétablissement de la paix sont menés de pair et nous continuons de renforcer notre vivier d’envoyés, d’approfondir notre coopération avec les partenaires régionaux, d’aider les États Membres à renforcer leurs capacités et d’appuyer les misions de terrain et nos bureaux régionaux », a poursuivi le Secrétaire général.


M. Ban a rappelé que les Nations Unies déploient actuellement 122 000 personnes en civil ou en uniforme dans 15 opérations de maintien de la paix, plus 4 000 autres dans le cadre de 14 missions politiques qui, tous, s’acquittent de mandats variés.  « En outre, nous avons renforcé la consolidation de la paix et les versements du Fonds pour la consolidation de la paix sont de plus en plus ciblés et attribués au bon moment », a-t-il assuré.


« Nous travaillons à la protection des civils dans les conflits armés », a affirmé M. Ban, qui a ajouté que les viols en masse, commis en République démocratique du Congo (RDC) le mois dernier, témoignent de la difficulté d’assurer efficacement cette protection, et rappelé qu’il avait demandé à sa Représentante spéciale, Mme Margot Wallström, de contribuer à la mise en place de systèmes plus robustes pour faire face à ces atrocités.


Si notre engagement est de plus en plus efficace, nous devons faire plus encore, a reconnu le Secrétaire général, qui a appelé à dépasser l’idée d’une séquence clairement définie entre rétablissement de la paix, maintien de la paix et consolidation de la paix, et à déployer ces différents outils de manière intégrée et non plus séparée.  Les conflits suivent rarement une trajectoire linéaire, a-t-il expliqué, avant d’affirmer que le Secrétariat continuera de travailler avec le Conseil de sécurité et d’autres sur l’initiative « Nouvel horizon ».


Il n’y a pas de solution rapide pour des sociétés brisées, a déclaré M. Ban.  Cela exige patience, ressources et engagement à long terme.  Les Nations Unies doivent aider les populations à résoudre les problèmes, et non pas servir de simple sparadrap pour maintenir les troubles sous contrôle, a-t-il affirmé.  M. Ban a souhaité un développement de l’architecture de consolidation de la paix en renforçant la Commission de consolidation de la paix et le Fonds pour la consolidation de la paix et s’est prononcé pour une plus grande cohérence entre les différents organes des Nations Unies travaillant dans ce domaine.  Le monde a besoin d’un Conseil de sécurité qui assume pleinement, équitablement et sans retard sa responsabilité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, a affirmé M. Ban, qui a souligné que l’on doit faire plus et être mieux équipé pour réaliser cet objectif.  Le Secrétaire général a demandé que chacun reconnaisse le lien étroit entre le Sommet du Conseil de sécurité et le Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement qui s’est achevé hier, au Siège de l’ONU à New York.  La construction de la paix et les progrès du développement se renforcent mutuellement, a-t-il rappelé, avant de conclure que « sur tous ces fronts, notre leadership sera crucial et notre unité, essentielle ».


M. WEN JIABAO, Premier Ministre du Conseil d’État de la République populaire de Chine, a souligné que la situation internationale actuelle en matière de sécurité était marquée par l’incertitude, « une situation attisée, a-t-il précisé, par la crise financière et économique mondiale ».  Il a estimé que face aux multiples menaces et défis complexes, il était essentiel de renforcer la coopération multilatérale, « comme le reconnaissent déjà la majorité des États Membres ».  « Dans ce contexte, le Conseil de sécurité doit renforcer son autorité et jouer un rôle accru dans la sauvegarde de la paix et de la sécurité », a-t-il ajouté.  M. Jiabao a invité le Conseil de sécurité à « porter très haut le drapeau de la paix, qui est une aspiration commune tandis que la guerre est rejetée par tous ».  « Le Conseil de sécurité doit, conformément aux buts et objectifs de la Charte des Nations Unies, intensifier ses missions de bons offices et de médiation pour, à chaque fois qu’il le peut, encourager les parties à un conflit à régler pacifiquement ce conflit et à éviter toute escalade des tensions régionales », a-t-il encore préconisé.


Évoquant ensuite le rôle des opérations maintien de la paix, M. Wen Jiabao a exhorté le Conseil de sécurité à « agir dans le respect des principes d’impartialité et de non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ».  « Il incombe au Conseil d’améliorer sa coordination avec les organisations régionales, au premier rang desquelles l’Union africaine, et de s’attacher à mieux planifier les phases d’entrées et sorties de ses missions », a-t-il dit.  Pour le Premier Ministre chinois, « il convient de faire un usage prudent des sanctions, lesquelles ne doivent jamais être un objectif en soi.  Les conséquences de ces sanctions, a-t-il dit, finissent souvent par aller à l’encontre des buts pacifiques recherchés ».  M. Jiabao a par ailleurs appelé le Conseil de sécurité à prendre une part plus active dans la lutte contre les causes sous-jacentes des conflits, de la pauvreté et du sous-développement.  « En se rapprochant des acteurs onusiens chargés du développement sur le terrain, il pourra aider plus efficacement à inscrire la paix sur la durée », a-t-il jugé.


« Gardons-nous de faire aux autres ce que l’on ne voudrait pas subir », a-t-il aussi dit, se référant à la philosophie de Confucius.  Appelant de ses vœux l’instauration d’une nouvelle doctrine de sécurité internationale basée sur la recherche de la confiance réciproque et des bénéfices mutuels, il a rappelé le rôle constructif de la Chine dans les dossiers iranien, nord-coréen et soudanais.  « Avec 14 000 personnes engagées dans 25 missions des Nations Unies, la Chine réaffirme son attachement à la paix, et c’est dans cet esprit et en s’acquittant de ses obligations internationales en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, qu’elle poursuivra son développement », a-t-il enfin affirmé.


M. YOWERI KAGUTA MUSEVENI, Président de l’Ouganda, a déclaré que, lorsque le Conseil de sécurité a agi seul, il a commis des erreurs, comme au Congo dans les années 1960 et au Rwanda dans les années 1990.  En outre, la majorité des problèmes qui ont pu être résolus en Afrique l’ont été grâce à des mesures dirigées régionalement, les Nations Unies et d’autres organes non africains jouant alors un rôle de soutien.  Le Conseil de sécurité doit veiller à traiter des nouvelles formes de menaces au maintien de la paix et de la sécurité internationales par une approche plus concertée, aux niveaux mondial, régional et national, a déclaré M. Museveni, qui a souligné qu’il faudrait éviter les situations dans lesquelles les Nations Unies sont soit incapables d’agir soit se montrent indifférentes à un conflit, car cela nuit à leur crédibilité.  De même, il est essentiel que le Conseil de sécurité évalue en permanence ses propres diagnostics et les mesures qu’il a prises, a déclaré M. Museveni, qui a rappelé que, dans certains pays, des opérations de maintien de la paix avaient été présentes plusieurs années, puis retirées, pour devoir être ensuite renvoyées afin de répondre aux mêmes problèmes.  Il faut aussi faire davantage pour soutenir les pays fragiles sortant d’un conflit en renforçant leurs capacités nationales pour qu’ils puissent faire face aux problèmes de sécurité.


M. Museveni a demandé que le Conseil de sécurité s’intéresse aussi aux questions ayant trait à la sécurité humaine et, notamment, aux questions de développement social et économique qui comptent pour beaucoup de pays en développement.  Il a aussi plaidé pour un renforcement du soutien à l’appropriation nationale.  Seuls les acteurs nationaux peuvent traiter des besoins de leur société d’une manière qui garantisse une paix, une sécurité et une prospérité durables, a-t-il affirmé le Président de l’Ouganda.  M. Museveni s’est félicité du renforcement du partenariat stratégique entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine et d’autres organisations sous-régionales du continent.  L’Union africaine, a-t-il ajouté, a montré son engagement en faveur de la prévention des conflits et de la médiation.  Toutefois, le manque de ressources représente le principal défi à l’efficacité des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine, comme l’AMISOM en Somalie, a-t-il affirmé, en demandant un soutien plus important et urgent de la part des Nations Unies et d’autres partenaires internationaux.  M. Museveni a estimé que la réforme du Conseil de sécurité était urgente et qu’il était injuste que l’Afrique, avec ses 53 États et une population de plus d’un milliard d’habitants, n’y occupe toujours pas de siège permanent.  Il a demandé que le Conseil de sécurité assure plus de transparence dans ses travaux.  Avant de conclure, il a demandé que le Conseil discute davantage avec les pays dont la situation est inscrite à son ordre du jour.


M. HEINZ FISCHER, Président de l’Autriche, a fait remarquer que le maintien de la paix s’était développé au cours des dernières décennies au point de devenir un outil de gestion de crise efficace.  La nature même du maintien de la paix a changé, les Casques bleus d’aujourd’hui se retrouvant au cœur des conflits et face à des défis et tâches de plus en plus complexes, a-t-il ajouté.  Soulignant que l’Autriche avait offert de déployer des troupes immédiatement après être entrée à l’ONU, M. Fischer a précisé que depuis 1960, 90 000 Autrichiens avaient été déployés sur le terrain pour assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le Président autrichien a ensuite indiqué que son pays, pour faire face aux nouvelles menaces, avait identifié la protection des civils dans les conflits armés comme une priorité absolue.  Il a ainsi qualifié de condition sine qua non à la paix durable la protection effective des populations civiles, et ce, aussi longtemps qu’une opération de maintien de la paix de l’ONU est impliquée dans telle ou telle situation.  Il s’agit là d’une question de crédibilité du Conseil de sécurité, a-t-il estimé.


Le Président autrichien, après avoir souligné l’importance d’appliquer pleinement les résolutions 1894 (2009) sur la protection des civils en période de conflit armé ainsi que la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité dont l’ONU célébrera le dixième anniversaire en octobre prochain, a plaidé pour une approche intégrée en vue de permettre au Conseil de résoudre durablement les conflits.  Dans ce cadre, le maintien et la consolidation de la paix doivent aller de pair, a-t-il assuré, afin de fournir développement et sécurité avec l’objectif clair de renforcer les institutions nationales et empêcher toute reprise des hostilités.  Avant de conclure, le Président Fischer a déclaré que la prévention était le moyen le plus sûr de gérer les conflits.  C’est ainsi qu’il a salué les efforts du Secrétaire général pour affermir la capacité de l’ONU en matière d’alerte précoce, de prévention des conflits et de médiation.  À cet égard, en tant que membre de l’Union européenne, l’Autriche croit fermement au partenariat entre les Nations Unies et les organisations régionales, a-t-il dit.


M. GOODLUCK EBELE JONATHAN, Président du Nigéria, a déclaré que le paysage sécuritaire évolue et qu’il est marqué par de nouvelles menaces et par une inégalité extrême, aggravées par des problèmes systémiques tels que le sous-développement, la pression sur les ressources naturelles ou les difficultés liées à la cohésion sociale et la gouvernance.  Ces défis complexes exigent une perspective, une créativité et un engagement des Nations Unies.  Le Conseil de sécurité doit envisager de se repositionner pour faire face à la nouvelle donne internationale, a déclaré M. Jonathan, qui a rappelé que les discussions sur le « Nouvel horizon » ont défendu l’idée d’un renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale, l’ECOSOC, et d’autres organes comme la Banque mondiale.  L’architecture actuelle de sécurité n’est pas le meilleur modèle et le coût croissant du maintien de la paix et de la sécurité internationales est insoutenable, a affirmé le Président.  Il a cité le Libéria et la Sierra Leone comme des exemples de la manière dont les institutions des Nations Unies peuvent travailler avec les acteurs politiques pour renforcer la stabilité.


« En Afrique, et en Afrique de l’Ouest en particulier, nous avons progressivement pris conscience de la valeur de la diplomatie préventive », a poursuivi M. Jonathan, qui a vu de nouveaux signes de changement dans la gestion des confits.  Il a estimé que le Département des affaires politiques de l’ONU et son Groupe de médiation jouent un rôle important de médiation avec les communautés locales et a souhaité que le futur Bureau régional des Nations Unies en Afrique centrale puisse reproduire les succès du Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest.  Toutefois, il faut reconnaître que le Conseil de sécurité a rarement réussi à libérer des peuples du fléau de la guerre sans la contribution des acteurs régionaux, conformément au Chapitre VIII de la Charte de l’ONU, a déclaré le Président nigérian, qui a opposé à ces échecs les succès obtenus en collaboration avec la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine.  Il a jugé que son pays était bien placé pour diriger de tels efforts de coopération.  Les personnes vulnérables, marginalisées et opprimées demandent aux Nations Unies d’être en première ligne pour le règlement des conflits.  Il a invité ses homologues à faire preuve de créativité, de pragmatisme et de constance pour y réussir.


M. HARIS SILAJDŽIĆ, Président de la présidence collégiale de Bosnie-Herzégovine, a rappelé que, par le passé, le Conseil de sécurité, en maintenant l’embargo sur les armes dans son pays, avait commis l’erreur de renforcer dramatiquement la puissance militaire du régime de Milošević.  Cela eût pour conséquence, selon les données du Comité international de la Croix-Rouge, la mort de 200 000 personnes, dont 12 000 enfants, a-t-il précisé.  M. Silajdžić a ensuite affirmé que certains des membres les plus puissants du Conseil de sécurité avait justifié un tel choix pour « éviter de jeter de l’huile sur le feu ».  « En réalité, ce feu fut alimenté par le sang de civils innocents », a-t-il renchéri.  Le Président Silajdžić est ensuite revenu sur le « génocide de Srebrenica », citant un extrait du rapport du Secrétaire général sur ce drame imputable, selon lui, à la passivité et aux erreurs de jugement de la communauté internationale.


« Ce que nous rappelons aujourd’hui à propos de ces tragédies qui hanteront l’histoire doit servir pour l’avenir », a-t-il poursuivi.  Pour le Président Silajdžić, le Conseil de sécurité doit envoyer un message clair aux auteurs des crimes perpétrés au nom d’idéologies déviantes, selon lequel « le crime ne paie pas ».  « Les erreurs commises en Bosnie-Herzégovine continuent, à ce jour, de rester impunies », a poursuivi M. Silajdžić, déplorant « les nombreux appels lancés ouvertement en faveur de la sécession du pays qui, a-t-il dit, constituent des violations des Accords de Dayton ».  Il a également alerté contre le recours à une rhétorique visant à diviser et contre les appels à la transformation de frontières internationalement reconnues.  Ces agissements constituent, surtout lorsqu’ils surviennent en période électorale, une menace à la paix et la sécurité dans la région, a affirmé le Président Silajdžić, qui a par ailleurs insisté sur le fait que tout processus de consolidation de la paix était de la responsabilité des autorités nationales des pays sortant d’un conflit.  Plaidant à ce sujet en faveur du dialogue entre toutes les parties à un conflit et pour un renforcement actif des capacités des institutions nationales et de la confiance, il n’a pas manqué de noter, qu’à ce jour, « Ratko Mladic, l’exécutant en chef du génocide de Srebrenica, est toujours en fuite ».  En conclusion, M. Silajdžić a souhaité que soit renforcé le rôle des femmes dans les efforts de consolidation de la paix, en particulier au sein des sociétés postconflit.


M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a invité le Conseil de sécurité à mettre un accent particulier sur la prévention, « car il vaut mieux prévenir les crises et conflits que d’en rechercher le règlement ».  « J’exhorte le Secrétaire général de l’ONU à poursuivre ses actions de médiation et à tout mettre en œuvre pour améliorer le système d’alerte rapide de l’Organisation », a ajouté le Président gabonais.  M. Bongo a ensuite souligné l’attachement de son pays au rôle de la diplomatie préventive, qui a conduit le Gabon à mettre en place des mécanismes tels que le Mécanisme d’alerte rapide de l’Afrique centrale ou encore le Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale.  Après avoir salué l’ouverture prochaine, à Libreville, du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique centrale, M. Bongo a demandé au Conseil de sécurité de revoir son approche en matière de maintien de la paix, en s’inspirant de la réflexion « Nouvel horizon » initiée par le Secrétaire général de l’ONU et dont la finalité est de rendre plus robustes les opérations pertinentes.  Pour le Président Bongo, les missions de paix de l’ONU doivent également avoir un caractère global et pluridisciplinaire.  « C’est dans cette perspective que nous saluons l’inclusion dans ces opérations de nouvelles composantes telles que la prise en charge des enfants soldats, des victimes d’abus sexuels et la protection des civils », a-t-il expliqué.  Évoquant la coopération entre le Conseil et les organisations régionales, il s’est félicité de la création d’un mécanisme de consultation officielle entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  « Je me réjouis par ailleurs de ce que les deux organisations collaborent dans la recherche de solutions de paix au Darfour et en Somalie », a conclu M. Bongo.


M. MICHEL SLEIMAN, Président du Liban, a estimé que le Conseil de sécurité devrait être réformé pour qu’il soit plus démocratique et représente mieux les nouveaux équilibres mondiaux.  Si la dissuasion nucléaire et la lutte contre la terreur ont permis d’éviter un nouveau conflit mondial, ils n’ont pas pu empêcher de nombreuses autres guerres injustes et meurtrières, comme celui de la Palestine, qui constitue l’essence du conflit au Moyen-Orient, a-t-il affirmé.  Le Président libanais a reproché à Israël de persister dans son occupation des terres arabes, privant le peuple palestinien de ses droits inaliénables, et de s’accrocher à son arsenal nucléaire alors que les États arabes prônent la création d’une zone exempte d’armes nucléaire au Moyen-Orient.  M. Sleiman a demandé qu’Israël évacue inconditionnellement toutes les parties encore occupées du territoire libanais, conformément à la résolution 1701 (2006), que le Liban, a-t-il dit, respecte.  Le Président Sleiman a par ailleurs rendu hommage à la FINUL.  Appelant à l’établissement d’une paix juste et globale au Moyen-Orient, il a néanmoins averti que le Liban n’accepterait aucun règlement au Moyen-Orient dont il serait tenu à l’écart ou qui serait contraire à ses intérêts supérieurs.  Il a jugé que l’implantation des réfugiés palestiniens dans son pays était contraire à leur droit au retour, à la Constitution libanaise et à l’Accord de Taëf.


Alors que le Conseil de sécurité a le pouvoir de prendre toute une série de mesures, y compris des mesures coercitives dans le cadre du Chapitre VII de la Charte, les peuples qui se tournent vers le Conseil de sécurité pour trouver un refuge et un défenseur de leur cause se plaignent souvent de l’incapacité du Conseil de sécurité à faire appliquer ses propres résolutions, ou encore son recours à un régime de sélectivité, a déclaré le Président libanais. C’est ainsi, a-t-il fait remarquer, qu’Israël est dispensé de rendre des comptes et autorisé à agir en violation du droit international, alors que l’ONU apparaît comme une institution impuissante et bloquée, a ajouté le Président.  Il a donc réclamé du Conseil de sécurité un examen effectif des causes qui sont à l’origine de l’image négative qu’il répercute et des moyens d’y remédier, afin de jouer un rôle efficace dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales et de gagner la confiance des peuples, évitant par là-même qu’ils soient contraints à recourir à la résistance et autres moyens de légitime défense.


M. NAOTO KAN, Premier Ministre du Japon, a déclaré qu’en tant que Président du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix, le Japon tiendrait bientôt des discussions sur l’amélioration de la coopération entre pays contributeurs de troupes.  « Le Japon contribue lui-même activement au maintien de la paix, comme en témoigne l’envoi cette année d’équipes d’autodéfense en Haïti et au Pakistan, pays affectés par des catastrophes naturelles », a-t-il rappelé.  Concernant la consolidation de la paix, le Premier Ministre japonais a souligné l’importance de lier cet effort aux activités de maintien de la paix, « des premières phases jusqu’au retrait des missions ».  M. Kan a estimé que l’Afghanistan était le pays présentant les plus grands défis à la communauté internationale en termes de consolidation de la paix; « et c’est à ce pays que le Japon fournit son assistance la plus importante ».  Après avoir détaillé les éléments de cette assistance en matière de formation policière, d’appui intégré au Gouvernement afghan, de création d’emplois et d’assistance agricole, il a précisé qu’une telle action avait pour but ultime d’améliorer le quotidien des populations.  M. Kan a insisté sur le fait que la création d’un environnement sûr, permettant aux civils de vivre normalement, ainsi que l’adoption de mesures de confiance, étaient des nécessités vitales dans le contexte des sociétés sortant d’un conflit.  Il a en outre exhorté le Conseil de sécurité à continuer de lutter énergiquement contre la prolifération des armes de destruction massive pour éviter que des groupes terroristes ou d’autres organisations ne s’emparent de ces arsenaux.


M. SERGEY V. LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré que les Nations Unies et plusieurs organisations régionales et sous-régionales ont, durant les dernières années, accompli un travail considérable en faveur de la prévention et du règlement des crises, ainsi que de la reconstruction postconflit.  « Confrontés à des défis mondiaux ou transfrontaliers à la stabilité internationales tels que la prolifération des armes de destruction massive, le terrorisme, le trafic de drogues et la criminalité organisée, nous travaillons à créer de nouveaux mécanismes efficaces capables d’assurer la stabilité régionale et mondiale ».  En vertu de la Charte de l’ONU, le Conseil de sécurité a la responsabilité principale de ces efforts, a rappelé M. Lavrov, qui a souligné qu’il était important que le Conseil améliore les instruments et mécanismes à sa disposition pour réagir plus rapidement et plus efficacement aux situations de crise ou de conflit.  La plus importante des conclusions tirées de l’expérience est que les conflits modernes ne peuvent être résolus par la force, a déclaré M. Lavrov.  Ils doivent être, avant tout, résolus aux plans politique et diplomatique et, par la participation, au dialogue et aux négociations de toutes les parties, sans qu’on cherche à exclure l’une d’elles.  « Nous avons tous vu en août 2008 quel peut être le résultat d’une rupture unilatérale des mesures convenus de maintien de la paix et du recours à la force », a ajouté le Ministre russe des affaires étrangères.


« En outre, nous ne devrions épargner aucun effort en matière de prévention des conflits et de renforcement du potentiel des Nations Unies en matière de diplomatie préventive et de médiation, car il est bien connu que la prévention d’un conflit est beaucoup moins coûteuse que les accords d’après-conflit », a poursuivi M. Lavrov, qui a appuyé la création des centre régionaux des Nations Unies pour la diplomatie préventive.  Par ailleurs, le succès des efforts de maintien et de rétablissement de la paix dépend de notre capacité à prendre en compte les intérêts et les priorités des parties concernées.  Aucune assistance au nom de la communauté internationale ne peut être imposée, a rappelé le Ministre.  Les conflits modernes exigent des stratégies complexes et des solutions globales fondées sur l’intégrité des objectifs, la prévisibilité du soutien à ceux-ci, une combinaison efficace des efforts de stabilisation civils et militaires, une coopération étroite, la prise en compte des contextes régionaux et une utilisation maximale du potentiel des organisations régionales, en application du Chapitre VIII de la Charte de l’ONU.  La duplication des efforts et toute rivalité doivent être évitées, a poursuivi le Ministre.


M. Lavrov a apporté son plein soutien au dialogue du Conseil de sécurité avec les pays contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix et a rappelé « l’utile initiative » de la présidence russe du Conseil de sécurité, le mois dernier, consistant à inviter les commandants des contingents militaires des opérations aux réunions du Conseil.  Il a rappelé que la proposition de son pays de renforcer les activités du Comité d’état-major reste pertinente, affirmant qu’elle recevait un soutien croissant.  Elle offrirait, a-t-il affirmé, une évaluation militaire systématique aux opérations de maintien de la paix.  Au vu de la clôture ou de la réduction des effectifs dans plusieurs missions, il devient particulièrement important de mettre en place des stratégies de sortie efficaces, a-t-il ajouté.  Le Ministre a conclu en rappelant les contributions en personnel de son pays à plusieurs opérations de maintien de la paix des Nations Unies et en affirmant que la Fédération de Russie continuera d’augmenter cette contribution concrète.


M. CELSO AMORIM, Ministre des affaires étrangères du Brésil, a affirmé que la paix ne pouvait naître là où sévissent la faim et la pauvreté.  « De même qu’une stratégie de sortie, les opérations de maintien de la paix doivent être dotées d’une stratégie de durabilité », a-t-il ajouté, précisant que celle-ci devrait avoir pour finalité de générer de réels dividendes en matière de paix, de développement et de renforcement des institutions nationales.  « Le maintien et la consolidation de la paix doivent, dans la mesure du possible, aller de pair », a, à son tour, estimé M. Amorim.  Précisant à ce propos que le Conseil de sécurité ne doit pas avoir pour mandat de promouvoir le développement, il a cependant assuré que, dans la plupart des cas, le Conseil de sécurité devrait tenir davantage compte des avis de la Commission de consolidation de la paix (CCP).


Le Ministre brésilien des affaires étrangères s’est ensuite appesanti sur la situation en Haïti où, selon lui, « la stabilité ne sera possible que si la Mission des Nations Unies pour la  stabilisation en Haïti contribue réellement à renforcer les institutions et à améliorer les conditions de vie des Haïtiens ».  « Cela requerra un engagement profond de la part des différents organes économiques et sociaux ainsi que des institutions financières internationales, tous ces acteurs devant œuvrer dans un cadre coordonné par l’ONU », a encore indiqué M. Amorim.  Celui-ci a également estimé que des actions de maintien et de consolidation de la paix coordonnées faciliteraient la gestion des situations de crise en Guinée-Bissau et en République démocratique du Congo.  Le Ministre a en outre déclaré que l’amélioration de l’efficacité du Conseil de sécurité dépendait du rôle de ses membres non permanents, ces derniers devant « participer pleinement aux processus de décision ».  « Il n’est pas correct de demander aux membres non permanents d’entériner les décisions prises, au préalable, par les membres permanents du Conseil de sécurité », a-t-il tranché.  M. Amorim a aussi demandé que soient mises sur la table des « formules imaginatives » pour restreindre l’usage du droit de veto.  Concernant les sanctions, il a jugé qu’elles devraient être utilisées « avec la plus grande prudence et quand toutes les solutions privilégiant le dialogue sont épuisées ».


Mme HILLARY RODHAM CLINTON, Secrétaire d’État des États-Unis, s’est dite heureuse que la Déclaration présidentielle accorde une grande importance à la prévention des conflits, ainsi qu’à la protection des civils, et qu’elle reconnaisse aussi les limites des Nations Unies.  « J’ai vu le travail effectué par les Nations Unies de par le monde, a affirmé Mme Clinton », qui a ensuite rendu un hommage appuyé aux activités de paix des Nations Unies, notamment au Libéria, au Pakistan à la suite des inondations, ou encore à Haïti après le terrible séisme de janvier dernier, où, a-t-elle rappelé, les Casques bleus sont venus aider la population, alors que de nombreux collègues y avaient payé un lourd tribu.  Mme Clinton a également rendu hommage aux pays qui apportent des contributions, financières ou autres, aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Mais ces dernières deviennent de plus en plus complexes, a observé la Secrétaire d’État, qui s’est dite préoccupée de l’écart entre les besoins croissants des opérations de maintien de la paix et les ressources mises à leur disposition.  Trop souvent, les missions des Nations Unies sur le terrain n’ont pas suffisamment de moyens pour appliquer leur large mandat, a-t-elle déclaré. Face à ces limitations, il nous faut coopérer davantage avec les forces régionales et avec les pays bénéficiaires eux-mêmes, a déclaré Mme Clinton.


L’amélioration de l’efficacité du Conseil de sécurité passe par des mandats clairs pour les opérations de maintien de la paix, a affirmé Mme Clinton.  Les États-Unis, a-t-elle ajouté, sont favorables à des réformes qui permettraient aux opérations de maintien de la paix de se déployer rapidement et efficacement sur le terrain. Les États-Unis redoublent d’efforts pour aider d’autres pays à former des unités de police constituées, a déclaré Mme Clinton, qui a aussi mis l’accent sur le rôle des femmes dans les opérations de la paix et plaidé pour une meilleure intégration de la protection des civils dans toutes les activités de ces opérations.  Elle a notamment rappelé qu’elle avait présidé la réunion du Conseil de sécurité qui avait adopté la résolution 1888 en 2009 sur la protection des femmes contre les violences sexuelles dans les conflits armés.  Estimant qu’en République démocratique du Congo (RDC), la violence sexiste et sexuelle contre les civils avait atteint « des proportions inimaginables », Mme Clinton a regretté le peu de progrès réalisés depuis l’adoption de la résolution 1888, et a annoncé que les États-Unis allaient apporter un nouveau financement pour permettre sa mise en œuvre effective.  Les opérations des Nations Unies peuvent permettre à des États fragiles de ne pas devenir des États qui ont échoué, a déclaré Mme Clinton, rappelant que des pays qui étaient sortis d’un conflit contribuent aujourd’hui à aider d’autres États.  Les États-Unis joueront leur rôle pour que les opérations de maintien, de rétablissement et de consolidation de la paix des Nations Unies soient plus efficaces, a-t-elle conclu.


M. WILLIAM HAGUE, Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni, s’est inquiété du danger représenté pour la paix et la sécurité internationales par les nouvelles menaces et défis qui ne connaissent pas de frontières.  La sécurité doit être un effort mondial exigeant des stratégies intégrées, a-t-il dit, soulignant qu’à l’ONU, le Conseil de sécurité devrait s’efforcer de lier davantage maintien et consolidation de la paix.  Après avoir rendu hommage à l’action des Casques bleus sur des théâtres d’opérations aussi difficiles que le Soudan, la République démocratique du Congo ou Haïti, M. Hague a estimé que la stabilité à long terme ne pouvait se gagner qu’au prix d’un renforcement des activités de consolidation de la paix.  Celles-ci doivent s’attaquer aux cas des conflits et des crises et rechercher la restauration de l’état de droit, l’amélioration des cadres de gouvernance et l’affermissement de la confiance entre populations et dirigeants politiques, afin de rendre possible l’application des accords de paix, a considéré le Ministre britannique.  La Commission de consolidation de la paix (CCP) doit être en mesure de relever les défis véritables et donner le cap à prendre pour résoudre les problèmes en vue d’assurer un transfert souple d’autorité vers les gouvernements nationaux des pays hôtes de missions, a également déclaré M. Hague.  Concluant son intervention, M. Hague a rappelé l’exigence de résultat de l’ONU, dont le Conseil de sécurité « doit prouver qu’il peut réduire l’impact de la violence contre les civils et renforcer et poser les fondations de la paix durable ».


Mme PATRICIA ESPINOSA CANTELLANO, Ministre des affaires étrangères du Mexique, a déclaré que le Conseil de sécurité, conformément à ses prérogatives, devrait continuer de renforcer ses outils et les mesures qu’il prend pour faire face aux menaces, y compris les nouvelles menaces qui planent sur le monde et qui nous concernent tous.  Le Conseil de sécurité en a les moyens, a affirmé la Ministre, qui a noté que, rarement dans son histoire, le Conseil de sécurité avait pu rechercher autant qu’aujourd’hui le consensus en se fondant sur les négociations menées dans son cadre et avec de nombreux autres États.  Mme Espinosa a aussi appelé à lutter contre l’impunité, notamment dans les cas  de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire.


La Ministre a également souhaité qu’on mette l’accent sur la prévention des conflits, y compris en encourageant le développement économique et social et l’utilisation plus rationnelle des ressources, mais aussi en mettant l’accent sur la diplomatie préventive, la promotion de l’état de droit et la transparence au sein des travaux du Conseil de sécurité.  Le Mexique est convaincu de la nécessité d’un plus grand recours au Chapitre VI de la Charte sur le règlement pacifique des conflits.  Grâce à une pratique massive de la médiation, l’Amérique latine est l’une des régions dans le monde qui connaît désormais le moins de conflits, a affirmé la Ministre mexicaine des affaires étrangères, qui a rappelé que son pays avait organisé en 2008 un débat sur ce thème au sein du Conseil de sécurité.


M. BERNARD KOUCHNER, Ministre des affaires étrangères de la France, a déclaré que si les Nations Unies ne pouvaient pas relever le défi du maintien de la paix, « personne ne pourrait le faire à sa place ».  « Nous avons donc le devoir d’être à la fois exigeants, engagés et pragmatiques, afin de respecter nos engagements à l’égard de la Charte », a-t-il souligné.  Appelant le Conseil de sécurité à adapter ses décisions pour permettre à l’ONU de remplir sa mission dans les meilleures conditions possibles, M. Kouchner a salué le fait que la réunion du jour embrassait « l’ensemble des aspects relatifs au maintien de la paix ».  « La France contribue à hauteur de 585 millions de dollars au budget des opérations de maintien de la paix, a-t-il rappelé avant d’évoquer « les succès, les échecs mais aussi les tragédies, au Rwanda, en ex-Yougoslavie et en République démocratique du Congo (RDC) ».  Le Ministre français a estimé que « le succès des Nations Unies sera jugé à l’aune de leur contribution à la protection des civils ».


« La MONUSCO et la MINUAD illustrent les défis auxquels nous devons faire face », a-t-il précisé, en ajoutant qu’à la nécessité première de protéger les civils, s’ajoutait celle d’élaborer des stratégies de sortie de crise garantissant un retour durable à la paix.  M. Kouchner a, en outre, souligné l’importance de renforcer la chaîne de commandement des opérations, « pour améliorer, a-t-il dit, la coopération avec les contributeurs de troupes et assurer un suivi politique, militaire et financier plus rigoureux de ces opérations ».  Évoquant enfin le rôle de la Commission de consolidation de la paix (CCP), il a expliqué que cet organe pouvait servir de point focal, de lieu commun à tous les acteurs concernés pour mieux gérer les phases de sortie de conflit.  « L’enjeu de la consolidation de la paix doit être pris en compte dès les premières étapes de la gestion d’une crise », a également estimé M. Kouchner, qui a préconisé une évaluation accrue des risques associés aux nouvelles menaces que sont le trafic de drogues et d’êtres humains, la criminalité transnationale organisée et la corruption, « qui ont un fort potentiel de déstabilisation dans les pays fragiles ».


M. ABDULLAH GÜL, Président de la Turquie, a déclaré que l’objectif de la réunion avait été bien servi et qu’elle avait été très utile pour son pays dont la situation géographique le place au confluent de nombreuses questions de sécurité.  Comme d’autres membres de la communauté internationale, la Turquie s’appuie sur une large gamme d’outils allant de la prévention et la médiation à la consolidation de la paix après les conflits, a-t-il déclaré.  Les efforts de prévention sont pour nous les plus efficaces, a ajouté M. Gül, qui a estimé que son pays avait sur ce point des avantages comparatifs.


Le Président Gül a rappelé que la Turquie fournit d’importants contingents de Casques bleus et de policiers internationaux aux opérations de maintien de la paix et participe à de nombreuses autres activités.  Il a estimé que tous les grands acteurs de la communauté internationale devraient coopérer.  Il a notamment demandé que le Conseil de sécurité coopère davantage avec les autres États.  Il s’est prononcé pour une utilisation plus cohérente et intégrée, et moins séquentielle, des différents outils à la disposition du Conseil de sécurité.  Par exemple, a-t-il expliqué, le maintien de la paix doit inclure au plus tôt des éléments de la consolidation de la paix à venir.  Les causes profondes de conflits doivent en outre être traitées au plus tôt.  Il nous faut aussi reconnaître le caractère très évolutif de la situation en matière de sécurité.  Malgré ses efforts, le Conseil de sécurité reste encore lent à s’adapter à cette nouvelle donne, a déclaré M. Gül, qui a encore une fois demandé une plus grande coopération du Conseil avec les États non membres.  Il a souhaité qu’il se dote de mécanismes souples, avant de conclure en estimant que le débat d’aujourd’hui avait démontré que nous pouvions prendre de telles mesures.


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité réaffirme la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales à lui assignée par la Charte des Nations Unies.  Il rappelle à cet égard ses résolutions et les déclarations de son président concernant la diplomatie préventive, le rétablissement de la paix, le maintien de la paix et la consolidation de la paix.


Le Conseil constate que des progrès ont été accomplis dans de nombreuses régions du monde s’agissant de consolider la paix et la stabilité.  Il reconnaît toutefois les difficultés et menaces, en constante évolution, qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales, notamment les conflits armés, le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive et des armes légères, la criminalité transnationale organisée, la piraterie, la drogue et la traite d’êtres humains.


Le Conseil réaffirme par conséquent que la paix et la sécurité internationales appellent désormais une approche véritablement globale et concertée.  Il souligne qu’il faut remédier aux causes profondes des conflits, en sachant que le développement, la paix et la sécurité et les droits de l’homme sont intimement liés et se renforcent mutuellement.  À cette fin, il exprime sa ferme volonté de contribuer au renforcement de l’efficacité de l’Organisation des Nations Unies tout au long du cycle des conflits.


Le Conseil se félicite des progrès considérables accomplis ces dernières années pour ce qui est d’affiner et de renforcer les moyens de l’Organisation en matière de diplomatie préventive, de rétablissement de la paix, de maintien de la paix et de consolidation de la paix et s’engage à continuer de concourir à adapter ces outils à l’évolution des circonstances.  Il souligne en outre que le lien entre ces outils ne suit pas toujours un ordre linéaire et qu’il faut les utiliser de manière globale et intégrée et en toute souplesse.


Le Conseil souligne qu’il est important d’utiliser les outils de diplomatie préventive, de rétablissement de la paix, de maintien de la paix et de consolidation de la paix de manière globale et cohérente pour créer les conditions d’une paix durable.  Il s’engage à apporter l’appui politique nécessaire à la réalisation de cet objectif fondamental.


Le Conseil réaffirme son ferme appui à la protection des civils et sa conviction que la protection des civils, en particulier des femmes et des enfants, en temps de conflit armé devrait être un important aspect de toute stratégie globale de règlement des conflits.  Il se dit une fois de plus opposé à l’impunité des violations flagrantes du droit international humanitaire et du droit des droits de l’homme.


Le Conseil demande aux États Membres de régler les différends par des voies pacifiques et appelle en particulier l’attention sur l’importance que revêt la diplomatie préventive comme mode efficace et peu coûteux de gestion des crises et de règlement des conflits.  Il encourage les initiatives visant à renforcer les moyens de prévention des États Membres, de l’Organisation des Nations Unies et des organisations régionales et sous-régionales, et réaffirme son appui à ces initiatives.  Il souligne en particulier combien il importe de développer les capacités de ces acteurs en matière d’alerte rapide, d’évaluation, de médiation et d’intervention et d’assurer une coordination judicieuse entre ceux-ci.


Le Conseil rend hommage au Secrétaire général pour ce qu’il a fait en usant de ses bons offices, représentants, envoyés spéciaux et médiateurs ainsi qu’aux organisations régionales et sous-régionales pour concourir au règlement durable et global des conflits, et s’engage à continuer de les appuyer dans leur action.

Le Conseil s’engage en outre à suivre de près les situations de conflit existantes et potentielles qui sont de nature à nuire à la paix et la sécurité internationales, à collaborer avec les parties engagées dans l’action préventive, à encourager l’adoption de mesures pour apaiser les tensions et accroître la confiance et à soutenir les efforts visant à mobiliser les spécialistes et les moyens de l’Organisation des Nations Unies.  Il est conscient qu’il importe d’intensifier les efforts, notamment en matière de coordination entre donateurs bilatéraux et multilatéraux, en vue de fournir en temps voulu un concours financier prévisible et cohérent qui permette d’utiliser au mieux les outils de diplomatie préventive.


Le Conseil souligne sa volonté de continuer de renforcer l’efficacité d’ensemble des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  À cet égard, il réaffirme son appui à tout ce qui est fait, notamment par l’Assemblée générale et le Secrétariat de l’Organisation, pour accroître l’efficacité et l’efficience des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et donner à l’Organisation les moyens de planifier, mettre en place, déployer, conduire, suivre et d’évaluer les opérations de maintien de la paix, ainsi que pour assurer la transition et mener les opérations à terme, y compris les mesures prises pour accélérer le déploiement de spécialistes de la police et de l’état de droit.  Il se félicite à cet égard de ce que le Secrétariat de l’Organisation fait pour susciter des partenariats entre toutes les parties prenantes.


Le Conseil constate que les opérations de paix sont des entreprises de plus en plus complexes, qui exigent une stratégie politique globale pour chaque mission, un dispositif de dissuasion à la mesure des mandats, une direction civile et militaire forte, une dotation financière adéquate et un personnel militaire, civil et de police expérimenté, formé et équipé, capable de dialoguer véritablement avec les populations locales.  Il constate aussi qu’il faudrait renforcer le savoir-faire militaire et entend, à cet égard, continuer à examiner le rôle du Comité d’état-major.


Le Conseil salue le rôle inestimable que jouent les pays qui fournissent des contingents ou des effectifs de police en matière de maintien et de consolidation d’une paix durable dans de nombreuses régions instables du monde et redit sa volonté de renforcer les consultations avec ces pays, tout en engageant les États Membres qui en ont les moyens à fournir davantage de personnel militaire, civil et de police, y compris un personnel féminin, aux missions de maintien de la paix et aux missions politiques des Nations Unies.


Le Conseil souligne que, pour être effective, la consolidation de la paix doit obéir à une approche globale fondée sur la cohérence des objectifs définis en matière de politique, de sécurité, de développement, de droits de l’homme, d’action humanitaire et de primauté du droit et qu’il convient de prendre en compte l’aspect de la consolidation de la paix dès les premiers stades de la planification et de la mise en œuvre des opérations de paix.


Le Conseil affirme que toute entreprise de consolidation de la paix qui se veut durable doit également être prise en main par le pays concerné et reposer sur des capacités nationales renforcées et responsabiliser les personnes touchées par les conflits.  Il souligne que le Secrétaire général doit continuer à mettre en œuvre son programme d’action visant à améliorer les initiatives de consolidation de la paix de l’ONU, de manière à mieux répondre aux besoins prioritaires recensés par les pays concernés. Le Conseil attend ainsi, avec intérêt, les résultats de l’évaluation des capacités civiles.


Le Conseil souligne également qu’il faudrait mieux préciser les rôles et responsabilités des protagonistes de la consolidation de la paix et salue, en particulier, le rôle que joue la Commission de consolidation de la paix dans la promotion d’une approche cohérente et intégrée de la consolidation de la paix et dans l’appui à cette approche.  Il renouvelle son appui à l’action de la Commission et exprime sa volonté de recourir davantage à son rôle consultatif. Le Conseil attend avec intérêt le rapport des facilitateurs relatif à l’examen de 2010 des activités de la Commission.


Le Conseil constate que toute stratégie globale et intégrée en matière d’établissement, de maintien et de consolidation de la paix doit associer toutes les parties prenantes et prendre en compte les circonstances propres à chaque conflit.  Il considère que le meilleur moyen d’instaurer durablement la paix et la sécurité consiste dans la collaboration effective entre toutes les parties concernées agissant dans le cadre de leurs compétences respectives.


Le Conseil redit sa volonté de renforcer les partenariats stratégiques avec les organisations régionales et sous-régionales, conformément aux dispositions du Chapitre VIII de la Charte, dans les domaines de la prévention des conflits ainsi que de l’établissement, du maintien et de la consolidation de la paix.  Il souligne sa volonté de continuer, d’un point de vue stratégique et sur le terrain, à renforcer ses partenariats avec toutes les autres parties prenantes, notamment l’Assemblée générale, le Conseil économique et social, la Commission de consolidation de la paix, les institutions financières internationales, comme la Banque mondiale, et la société civile.


Le Conseil réaffirme aussi l’importance du rôle que jouent les femmes dans tous les volets de la prévention et du règlement des conflits ainsi qu’en matière de maintien et de consolidation de la paix et considère que toute approche concertée et résolue qui s’attaque aux causes profondes des conflits doit également faire systématiquement une place aux questions concernant les femmes, la paix et la sécurité.  À cet égard, le Conseil attend avec intérêt de commémorer le dixième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 (2000) en se prononçant sur un ensemble complet d’indicateurs, au vu des recommandations que lui présentera le Secrétaire général.


Le Conseil est pleinement conscient des responsabilités à lui assignées par la Charte des Nations Unies ainsi que des aspirations collectives des peuples du monde, qui le poussent à prendre des mesures efficaces pour maintenir la paix et la sécurité internationales et éliminer le fléau de la guerre.  Il exprime sa volonté de continuer à s’acquitter de ses obligations de la manière la plus efficace possible et en pleine coopération avec ses partenaires. Le Conseil constate que, pour s’acquitter de cette mission, force lui est de réexaminer et d’adapter constamment ses pratiques en matière de diplomatie préventive ainsi que d’établissement, de maintien et de consolidation de la paix.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Ouverture du débat général de l’Assemblée générale: M. Ban Ki-moon appelle l’ONU à « suivre la voie de la collectivité » contre la « politique de la polarisation »

AG/10996

Ouverture du débat général de l’Assemblée générale: M. Ban Ki-moon appelle l’ONU à « suivre la voie de la collectivité » contre la « politique de la polarisation »

23/09/2010
Assemblée généraleAG/10996
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-cinquième session

Plénière

11e et 12e séances plénières – matin et après-midi


OUVERTURE DU DÉBAT GÉNÉRAL DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: M. BAN KI-MOON APPELLE L’ONU À « SUIVRE LA VOIE DE LA COLLECTIVITÉ » CONTRE LA « POLITIQUE DE LA POLARISATION »


Le Président des États-Unis, M. Barack Obama, voit un État palestinien siéger l’an prochain à l’Assemblée générale


L’Assemblée générale a donné, aujourd’hui, le coup d’envoi du débat général de sa soixante-cinquième session, organisé cette année sur le thème de la gouvernance mondiale, l’occasion pour le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, d’appeler les Nations Unies à suivre la voie de la « collectivité » pour éviter la tendance actuellement observée d’une « politique de la polarisation ».  Le Président de l’Assemblée générale, M. Joseph Deiss (Suisse), s’est, lui, déclaré partisan d’une « ONU forte, inclusive et ouverte ».


« Aujourd’hui, nous sommes mis à l’épreuve », a déclaré M. Ban dans son discours d’ouverture du débat général de l’Assemblée générale, auquel ont aujourd’hui pris part une trentaine de chefs d’État et de gouvernement et de ministres.  « La haine parle », a-t-il dit.  « Certains insistent pour établir des divisions artificielles entre ˝ eux ˝ et ˝ nous ˝ et se refusent au moindre compromis. »


Pour l’ONU, a poursuivi le Secrétaire général, « la voie à suivre est celle de la collectivité ».  C’est là, selon lui, l’« esprit même de la gouvernance mondiale ».  M. Ban a également appelé les États Membres à adhérer à une nouvelle ère de la « responsabilité » dans le domaine des droits de l’homme.  « Aucune nation ne peut impunément violer les droits de ses citoyens », a-t-il affirmé.


De son côté, le Président des États-Unis, M. Barack Obama, a envisagé la possibilité de voir, dès l’année prochaine, siéger à l’Assemblée générale un nouveau membre: « un État palestinien indépendant et souverain vivant en paix avec Israël ».  Il s’est notamment félicité, après un « chemin sinueux » long de 12 mois, de la tenue de négociations directes entre Israéliens et Palestiniens à Washington, Charm el-Cheikh et Jérusalem.  Plus sceptique, son homologue turc, M. Abdullah Gül, a estimé qu’il serait difficile de faire des progrès tangibles, à moins de mettre un terme à la « tragédie humaine » à Gaza.  « Si on ne parvient pas à conclure un accord, a souligné le Président américain, la Terre sainte deviendra le symbole de notre divergence et non pas de notre humanité commune. »


Le volet du nucléaire iranien a abondamment retenu l’attention de l’Assemblée générale.  Le Président de l’Iraq, M. Jalal Talabani, a affirmé le droit légitime des États à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et a exhorté à rechercher une solution pacifique, par la voie du dialogue et de la diplomatie.  « Toute escalade en la matière serait préjudiciable aux intérêts de toutes les parties et mettrait en péril la sécurité de la région », a-t-il prévenu.


De son côté, le Président de la République islamique d’Iran, M. Mahmoud Ahmadinejad, a dénoncé l’amalgame créé, selon lui, par « certains membres permanents » du Conseil de sécurité entre énergie nucléaire et bombe atomique.  Il s’est dit « prêt à débattre sérieusement et librement avec le Chef d’État américain » sur la question, avant de proposer de proclamer l’année 2011, année du désarmement nucléaire.  « La porte reste ouverte à la diplomatie », a assuré de son côté le Chef d’État américain, « mais, le Gouvernement iranien doit démontrer un engagement clair et crédible et confirmer les intentions pacifiques de son programme nucléaire ».


M. Ahmadinejad a également abordé la question du terrorisme sous la forme d’un long commentaire sur les attaques du 11 septembre qui a contraint la délégation américaine, suivie de plusieurs autres, y compris européennes, à quitter la salle.


« Ce que nous avons vu et enduré au début du XXIe siècle et qui a été désigné sous le nom de « guerre contre la terreur », a expliqué pour sa part l’Émir du Qatar, M. Hamad bin Khalifa Al-Thani, « n’a rien à voir avec les relations internationales et nous a plongés dans une guerre sans limites, ni finalité, ni logique, ni justification morale ou juridique ».  L’Émir s’est notamment interrogé sur le bien-fondé de combattre le terrorisme par le biais de guerres classiques.


Les conflits régionaux se sont également imposés au cours de cette première journée de débat, les Présidents de la Géorgie, de l’Azerbaïdjan ou de l’Albanie s’exprimant longuement sur les situations de contentieux dans lesquelles leurs pays sont impliqués.


S’agissant des changements climatiques, le Secrétaire général a reconnu qu’il ne serait « pas facile » de négocier un accord complet et contraignant en la matière ».  Le Ministre brésilien des relations extérieures, M. Celso Luiz Nunes Amorim, a demandé aux États de cesser de trouver des prétextes à l’inaction.  M. Obama a, lui, assuré que les États-Unis appuieraient un processus dans lequel toutes les grandes économies honoreraient leur engagement de protéger la planète et de mettre les énergies propres au service de la croissance et du développement.  Son homologue bolivien, M. Evo Morales Ayma, a proposé d’élaborer à l’ONU un projet sur les droits de la Terre.  « Il faut se préparer pour Cancún et réfléchir aux moyens de refroidir la planète », a-t-il dit.


Nombre d’orateurs sont également revenus sur les crises financière et économique internationales.  « La crise économique et financière a montré l’importance d’une réponse coordonnée et rapide », a déclaré le Président de la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale.  M. Deiss, qui soutient une « ONU forte, inclusive et ouverte », a cependant averti du danger que l’Organisation soit marginalisée face à l’émergence d’autres acteurs sur la scène internationale.  L’ONU, a renchéri la Présidente de la Confédération suisse, Mme Doris Leuthard, « possède une légitimité unique du fait de sa composition universelle ».  « Mais cette légitimité dépend aussi de la performance d’une organisation et de sa capacité à répondre à ce que l’on attend d’elle », a-t-elle ajouté.


Le débat général se poursuivra demain, vendredi 24 septembre, à partir de 11 h 30.


RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION: PRÉSENTATION PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE SON RAPPORT ANNUEL (A/65/1)


Exposé du Secrétaire général


« Aujourd’hui, nous sommes mis à l’épreuve », a déclaré M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, dans son discours d’ouverture du débat général de l’Assemblée générale, constatant qu’une « nouvelle politique de la polarisation » faisait son chemin.  « La haine parle.  Certains insistent pour établir des divisions artificielles entre ˝ eux ˝ et ˝ nous ˝ et se refusent au moindre compromis », a-t-il observé, en présentant son rapport.  « Pour l’ONU, a poursuivi le Secrétaire général, la voie à suivre est celle de la collectivité.  C’est là l’esprit même de la gouvernance mondiale, le thème de cette session de l’Assemblée générale. »  M. Ban a ensuite affirmé que l’ONU demeurait l’institution mondiale indispensable au XXIe siècle, précisant qu’au cours des trois dernières années, un programme « ambitieux » fondé sur trois « idées piliers de notre époque » avait été mis en œuvre.  Il a notamment évoqué un monde plus prospère, plus propre et plus sûr.  « Nous continuerons d’aller de l’avant avec la ferme détermination de montrer la voie et une solide volonté politique », a affirmé le Secrétaire général.


M. Ban est ensuite revenu sur le Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), pour engager l’Assemblée à honorer « concrètement » la « promesse » d’un partenariat responsable.  « Il faut aider les gens à s’aider eux-mêmes », a affirmé le Secrétaire général, pour qui il importe d’investir dans l’éducation, la création d’emplois, la santé, les petites exploitations agricoles, l’infrastructure et l’énergie propre.  Il a également affirmé que « les femmes devaient être mises à l’avant-plan, pour se féliciter ensuite de l’approbation de la Stratégie mondiale pour la santé des femmes et des enfants ».  Il a également engagé les États Membres à « appuyer au maximum » Mme Michelle Bachelet, ancienne Présidente du Chili, qui a récemment été nommée pour diriger cette Stratégie.


Abordant ensuite la question des changements climatiques, M. Ban a convenu qu’il ne serait « pas facile » de négocier un accord complet et contraignant en la matière.  Il a néanmoins poussé les États Membres à faire fond sur les accords importants déjà conclus, notamment ceux qui concernent l’adaptation et l’atténuation des effets des changements climatiques, les transferts de technologies, le renforcement des capacités et la lutte contre le déboisement.  Il a également affirmé qu’au vu du fait que la population mondiale aura augmentée de 50% d’ici à 2050, il fallait réduire de 50% les rejets de gaz à effet de serre d’ici là.


Le Secrétaire général a ensuite fait état de la signature du nouvel accord START et a engagé l’Assemblée à trouver un moyen pour que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) entre en vigueur, à conclure des accords sur les matières fissibles et à sécuriser les matières et installations nucléaires.  Il a également passé en revue les autres faits marquants de l’année onusienne, notamment les catastrophes naturelles qui ont frappé le Pakistan et Haïti.  Il a également affirmé qu’au cours de l’année à venir, l’ONU aurait un rôle critique à jouer dans le maintien d’une « paix plus large » au Darfour, et que l’ONU continuerait d’exhorter l’Iran à se conformer « intégralement » aux résolutions du Conseil de sécurité.  « Les droits de l’homme, a-t-il ajouté, se trouvent au cœur de tout ce que nous faisons.  Sans la justice, la paix n’est pas possible. »  Évoquant l’ouverture d’une nouvelle ère de la « responsabilité », M. Ban a averti qu’aucune nation ne pouvait impunément violer les droits de ses citoyens.


S’agissant du fonctionnement de l’Organisation, le Secrétaire général a indiqué que les travaux de rénovation du Secrétariat avançaient bien et que les changements institutionnels introduits ces dernières années portaient leurs fruits.  Il a notamment cité l’initiative « Horizons nouveaux » dont l’objet est de rationaliser les opérations de maintien de la paix.  « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour créer un corps de fonctionnaires plus dynamique, plus moderne, plus souple et plus efficace », a-t-il promis.  « Souvenons-nous en ces temps difficiles, que nous sommes mis à l’épreuve.  Souvenons-nous de ceux qui ont donné leur vie pour nos idéaux.  Souvenons-nous que le monde continue d’attendre de l’ONU qu’elle montre la voie morale et politique. »


Débat général


M. JOSEPH DEISS, Président de la soixantième-cinquième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a déclaré que beaucoup restait à faire pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans les délais que s’est fixée la communauté internationale.  Pour y parvenir, a-t-il estimé, il faut un véritable partenariat mondial, fruit d’une gouvernance globale inclusive, où toutes les parties prenantes puissent se faire entendre.  Mais ce partenariat mondial, a poursuivi le Président, c’est dans bien d’autres domaines qu’il est nécessaire: « pauvreté, conflits, réchauffement climatique, crise économique et financière, migrations, pandémies, terrorisme, crime global et beaucoup d’autres questions ont des conséquences qui ne peuvent être gérées de manière individuelle et que l’humanité ne peut affronter que grâce à des stratégies globales et communes ». 


L’établissement d’un tel partenariat, selon M. Deiss, se heurte à la difficile formation d’un consensus sur l’action à mener.  L’ONU a une légitimité unique pour jouer un rôle central à cet égard.  Avec ses 192 États Membres, l’Assemblée générale atteint la quasi-universalité et reflète la diversité des situations et des intérêts en jeu, a jugé son Président.  Par ailleurs, l’ONU, en tant qu’entité opérationnelle, a de plus en plus l’expertise et la présence sur le terrain pour jouer ce rôle central.


Mais il y a le danger que l’ONU soit marginalisée face à l’émergence d’autres acteurs sur la scène internationale, a prévenu M. Deiss.  « L’ONU est critiquée: elle n’est pas assez efficace, pas assez efficiente.  Il paraît plus facile et plus rapide de décider d’une action urgente dans un cadre plus restreint », a-t-il précisé.  Il a cependant indiqué qu’il ne s’agissait pas de nier le rôle que pouvaient jouer des entités comme le G-20.  La crise économique et financière a montré l’importance d’une réponse coordonnée et rapide.  Mais, pour le Président de l’Assemblée, il est indispensable de jeter des passerelles entre les différents acteurs, d’améliorer les mécanismes d’information, de consultation et de coordination entre ces entités et les pays qui n’en font pas partie.  Cela, a-t-il affirmé, seules l’ONU et son Assemblée générale peuvent le faire.  Partisan d’une « ONU forte, inclusive et ouverte », M. Deiss a appelé à l’établissement d’un lien solide entre les États et le secteur privé, la société civile et les acteurs régionaux.


Une telle ONU nécessite aussi la poursuite décisive des réformes de l’Organisation, à savoir la revitalisation de l’Assemblée générale, la réforme du Conseil de sécurité, l’examen du fonctionnement du Conseil des droits de l’homme et de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a souligné le Président.  Il faut également revaloriser les institutions économiques de l’ONU et leur permettre de jouer pleinement le rôle pour lequel elles ont été créées, a-t-il ajouté, avant d’appeler à trouver « une articulation idéale entre légitimité et efficacité ».  Le Président a annoncé en conclusion qu’il convoquerait des réunions informelles à cet effet.


M. CELSO LUIZ NUNES AMORIM, Ministre des relations extérieures du Brésil, a déclaré que plus de 20 millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté et que 30 millions ont rejoint la classe moyenne du pays durant les deux mandats du Président Lula, grâce à des politiques publiques fortes et transparentes qui ont permis de réduire les inégalités de revenus.  Le Brésil est fier d’avoir réalisé presque tous les OMD et d’être sur la bonne voie pour les réaliser tous d’ici à 2015.  Nous sommes convaincus que nous pouvons avoir une politique étrangère humaniste sans perdre de vue les intérêts nationaux, a dit M. Celso Amorim.  Il a précisé que la politique du Brésil s’appuyait sur la coopération Sud-Sud.  Il a indiqué que le Fonds de réduction de la pauvreté créé par le Dispositif IBAS pour l’atténuation de la pauvreté et la lutte contre la faim à l’initiative de l’Inde, du Brésil et de l’Afrique du Sud, finançait des projets en Haïti, en Guinée-Bissau, au Cap-Vert, en Palestine, au Cambodge, au Burundi, en République démocratique populaire lao et en Sierra Leone.  L’Afrique occupe une place particulière dans la diplomatie brésilienne, comme en atteste les 11 voyages du Président Lula sur ce continent où il a visité 20 pays, a dit le Ministre.  Il s’est dit particulièrement inquiet de la situation de la Guinée-Bissau, en souhaitant que la communauté internationale n’isole pas ce pays.  Alors que la plupart des pays africains fêtent cette année les 50 ans de leur indépendance, nous réaffirmons notre volonté de défendre une Afrique indépendante, prospère et démocratique, a souligné M. Amorim. 


Par ailleurs, il a salué la mise en place de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR) qui vise à consolider une zone de paix et de prospérité dans cette partie du monde.  En créant la Communauté des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, lancée à Bahia et confirmée à Cancún, nous avons réaffirmé la volonté d’étendre à l’Amérique centrale et aux Caraïbes les idéaux d’intégration qui animent les Sud-Américains, a dit Celso Amorim.  Il a condamné l’embargo illégitime contre Cuba qui entrave les efforts de développement de millions de Cubains.  Le multilatéralisme est le visage international de la démocratie, a-t-il dit en estimant urgent de redéfinir les règles qui définissent les relations internationales.


Le Ministre des affaires étrangères du Brésil a noté que la crise financière de 2008 avait accéléré les changements dans la gouvernance économique mondiale.  Si le G-20 a remplacé le G-8 en tant que principal forum de délibération sur les questions économiques, il a cependant souhaité que sa composition soit ajustée pour permettre une meilleure participation africaine.  Si nous avons évité le scénario du pire avec le risque de l’émergence d’un protectionnisme incontrôlé qui nous aurait plongés dans une profonde dépression, il faut reconnaître que les pays développés n’ont pas fait preuve de l’engagement nécessaire pour garantir la stabilité économique mondiale, a-t-il dit.  Ils continuent de se laisser guider par des intérêts égoïstes.  En témoignent les négociations du Cycle de Doha de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui n’ont pu aboutir depuis 10 ans, alors que nous savons que la fin des subventions, source de distorsions et des barrières douanières excessives, permettrait d’assurer le développement des pays les plus pauvres. 


En matière de changements climatiques, M. Amorim a demandé aux États de cesser de trouver des prétextes et de prendre conscience qu’on ne peut pas négocier avec la nature.  Alors que le Brésil s’apprête à accueillir Rio +20 en 2012, il a exhorté toutes les nations à respecter leurs engagements en faveur du développement durable.  Il a également demandé que le Conseil de sécurité soit élargi pour permettre une meilleure représentativité du monde en développement.  S’agissant du problème nucléaire iranien, Celso Amorim a d’abord dénoncé les rapports de renseignements « fabriqués et faux qui, dans le passé, ont servi à lancer et vouloir justifier des guerres contre des pays de manière unilatérale ».  Après avoir rappelé l’initiative prise par le Brésil et la Turquie, et qui avait abouti à la Déclaration de Téhéran, le Ministre s’est étonné que le fruit de cette démarche, « faite pour créer la confiance » ait été rejeté.  Il a demandé au Gouvernement iranien, ainsi qu’aux autres parties concernées de faire preuve d’une attitude de souplesse dans les négociations. 


Mme DORIS LEUTHARD, Présidente de la Confédération suisse, a déclaré que la rénovation architecturale de l’ONU l’amenait à se poser la question suivante: « Quelle ONU sommes-nous en train d’édifier pour les 10, 20 et 30 prochaines années? ».  Selon elle, l’avenir de l’ONU doit correspondre au monde de demain.  Dans un monde où nous sommes toujours plus nombreux, une communauté internationale forte a besoin de solidarité.  Ceci, a précisé la Présidente, implique non seulement d’apporter notre soutien aux pays qui ne sont pas en mesure d’aider leur population, mais aussi de rappeler aux États leur responsabilité envers leur propre population dans des domaines tels que la sécurité, l’état de droit, les droits de l’homme et la démocratie.  La recherche de solutions durables aux défis qui se posent aujourd’hui passe par une vraie gouvernance, qui reflète davantage les nouveaux équilibres mondiaux.  Si les succès économiques permettent à de nouveaux États de prendre une part plus active à la gouvernance du monde, ces derniers doivent aussi en accepter les responsabilités qui en découlent.


L’ONU, a-t-elle dit, possède une légitimité unique du fait de sa composition universelle.  Mais cette légitimité dépend aussi de la performance d’une organisation et de sa capacité à répondre à ce que l’on attend d’elle.  Dans certaines situations, l’ONU semble mal équipée et hésitante à agir, a jugé la Présidente.  Pour elle, une action d’envergure mondiale exige de mettre rapidement et complètement en œuvre les OMD.  En outre, « nous savons que jeter un sac de riz d’un hélicoptère n’est pas suffisant », a-t-elle dit.  « Nous devons plutôt apprendre aux gens à cultiver du riz », a-t-elle poursuivi, avant d’affirmer qu’il convenait de définir au plus vite des objectifs contraignants visant la réduction des émissions de CO2.  « Il faut agir, a-t-elle souligné, chacun avec des mesures ciblées pour son propre pays. »  Attendre que les pays industrialisés aient investi dans le Sud ne suffit pas.  « Également ici, chacun doit prendre ses responsabilités », a insisté Mme Leuthard.


Trente ans après la fin de la guerre froide, la prolifération des armes de destruction massive représente toujours le plus grave danger pour la paix et la sécurité internationales, a-t-elle ensuite fait observer.  Mais les véritables ravages, a-t-elle estimé, sont causés par les armes légères et de petit calibre (ALPC).  Le terrorisme profite de cette situation et peut facilement s’alimenter sur le marché.  La Suisse, avec d’autres pays, soutient une mise en œuvre complète de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Cette initiative prévoit également l’engagement de spécialistes de l’aide humanitaire ou de l’éducation.  Par ailleurs, l’égalité des genres doit enfin devenir une réalité, a déclaré la Présidente, pour qui il est temps de recourir pleinement aux femmes et aux filles et à leur potentiel de médiation ou d’actrices dans la reconstruction de pays affectés par un conflit.  Mme Leuthard a donc salué la création récente de l’entité « ONU-Femmes », qui rapproche de cette vision.


Elle a estimé en conclusion qu’il ne faut pas faire de l’ONU un « monument historique », mais une organisation dynamique capable d’atténuer les différences et d’établir l’équilibre entre les régions.  « Pour que cela fonctionne, chacun doit prendre ses responsabilités et commencer par faire le ménage dans sa propre maison. »  Toutefois, la Suisse reste fermement convaincue de la pertinence d’une approche multilatérale, dont les Nations Unies sont le centre, a déclaré la Présidente en conclusion.


M. BARACK OBAMA, Président des États-Unis, a déclaré que Les quartiers de New York racontaient l’histoire d’une décennie difficile, notamment la destruction, il y a neuf ans, du World Trade Center, qui a signalé l’existence d’une « menace qui ne connaît pas de frontière », ainsi que la crise financière de Wall Street, il y a deux ans, qui a dévasté des familles américaines.  Ces deux événements séparés ont affecté les gens à travers le monde, a affirmé le Président américain, qui a passé en revue les initiatives lancées par son Administration pour relever ces défis.  Les États-Unis, a-t-il notamment indiqué, ne pouvaient pas agir seuls et ont joint leurs forces à celles de la communauté internationale pour s’assurer que les crises financières ne se reproduiront pas à l’avenir.  Évoquant notamment le travail du G-20, il a estimé qu’il importait d’agrandir son cercle de coopération pour y inclure les économies émergentes.  « Nous devons obtenir une prospérité plus grande pour tous les peuples du monde », a-t-il dit.


Les États-Unis, a ajouté M. Obama, continuent de lutter contre Al-Qaida et de poursuivre, avec leurs alliés, une stratégie visant à briser l’élan des Taliban et renforcer la capacité du Gouvernement de l’Afghanistan et des forces de sécurité, de sorte que la transition vers la responsabilité afghane puisse commencer en juillet prochain.  S’agissant de l’Iraq, les États-Unis, a-t-il dit, s’efforcent de construire un partenariat durable avec les Iraquiens, tout en maintenant leur engagement à retirer le reste de leurs troupes d’ici à la fin de l’année prochaine.


M. Obama a affirmé que son pays voulait assurer la paix et la sécurité dans un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a notamment fait état de la signature entre son pays et la Fédération de Russie du traité de contrôle des armes « le plus complet depuis des décennies », ainsi que des efforts déployés par son pays pour renforcer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Dans le cadre des efforts américains en vue de la non-prolifération, M. Obama a également affirmé avoir proposé l’an dernier une « main tendue » à l’Iran, qui, a-t-il ajouté, « a des droits et des responsabilités en tant que membre de la communauté internationale ».  Les États-Unis et la communauté internationale cherchent une solution à leurs différences avec l’Iran, et «  la porte reste ouverte à la diplomatie », a-t-il souligné.  « Mais, le Gouvernement iranien doit « démontrer un engagement clair et crédible et confirmer les intentions pacifiques de son programme nucléaire. »


Concernant les changements climatiques, le Président américain, qui a évoqué la signature de l’Accord de Copenhague, a affirmé que son pays appuierait un processus dans lequel toutes les grandes économies honoreraient leur engagement à protéger la planète et à mettre les énergies propres au service de la croissance et du développement.  Il a également engagé les États Membres à appuyer le Pakistan, suite aux importantes inondations qui ont frappé le pays.  Le Président américain a de plus fait savoir que son pays resterait aux côtés du peuple haïtien « jusqu’à ce qu’il puisse voler de ses propres ailes ».


Le Président américain a ensuite consacré une longue partie de son intervention au volet du Moyen-Orient, affirmant avoir déployé ses efforts les plus importants, l’an passé, pour soutenir l’objectif de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.  M. Obama s’est félicité, après « un chemin sinueux » long de 12 mois, que des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens eussent été menées à Washington, Charm el-Cheikh et Jérusalem.  Dans les deux camps, a-t-il dit, se trouvent des forces qui rejettent ce processus et s’attacheront à le faire dérailler.  « Certains disent qu’après des décennies de conflit, la paix est impossible », a-t-il regretté.  « Si on ne parvient pas à conclure un accord, a poursuivi le Président américain, la Terre sainte deviendra le symbole de notre divergence et non pas de notre humanité commune. »


« Chacun de nous doit choisir la voie de la paix », a déclaré M. Obama, qui a dit avoir été frappé par les mots du Premier Ministre israélien, M. Benyamin Netanyahu, et du Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, des dirigeants israéliens et palestiniens.  «  Ces mots doivent maintenant être suivis d’actions et je crois que les deux dirigeants ont le courage de le faire », a-t-il souligné.  Le Président américain a notamment réclamé la prolongation du moratoire sur les colonies juives et la poursuite des pourparlers, « jusqu’à ce qu’ils aboutissent ».  « Le temps est venu de renforcer la confiance et de prendre le temps pour que des progrès substantiels soient réalisés », a-t-il déclaré.  « Chacun d’entre nous doit jouer son rôle.  La sécurité véritable pour l’État juif exige une Palestine indépendante, et les droits du peuple palestinien ne seront assurés que par une voie pacifique », a dit le Président.


M. Obama a en outre engagé les signataires de l’Initiative de paix arabe à adopter des mesures tangibles pour garantir la normalisation promise à Israël.  Il a de plus estimé que l’Autorité palestinienne devait bénéficier d’un appui politique et financier, permettant ainsi auxPalestiniens de bâtir les institutions de leur État.  « Ceux qui souhaitent une Palestine indépendante doivent cesser de chercher à détruire Israël », a-t-il affirmé.  « Son existence ne doit pas faire l’objet de débats. »  M. Obama a engagé les États Membres à atteindre ce qu’ils ont de meilleurs en eux.  « Si nous le faisons, a-t-il dit, lorsque nous reviendrons ici l’an prochain, nous aurons un nouvel accord qui aboutira à l’inclusion d’un nouveau Membre des Nations Unies, un État palestinien indépendant et souverain vivant en paix avec Israël. »


« La tyrannie est toujours avec nous », a encore déclaré M. Obama en abordant le thème des droits de l’homme.  Il a notamment cité les Taliban et la « tyrannie » qu’ils exercent sur les écolières, et évoqué la situation en République populaire démocratique de Corée (RPDC) et en République démocratique du Congo (RDC) où le viol est utilisé comme arme de guerre.  Pour le Président américain, « la démocratie, plus que toute autre forme de gouvernement, donne ce qu’il faut à nos citoyens ».  « Cette vérité ne sera que plus forte dans un monde où les frontières s’estompent. »


M. Obama a ensuite indiqué avoir établi, hier, une nouvelle politique de développement axée sur l’ouverture et qui place la dignité humaine en son centre.  « L’obligation des gouvernements est de donner des moyens aux citoyens et non pas d’entraver leurs efforts ».  Après avoir affirmé que la société civile était la conscience de notre monde, il a indiqué que les États-Unis avaient l’intention d’élargir l’accès à l’Internet pour « permettre à chacun de se forger ses propres opinions ».


« L’année prochaine, a poursuivi le Chef d’État américain, nous devons avoir des engagements précis pour promouvoir la transparence, lutter contre la corruption et appuyer les idéaux de tous les pays.  Affirmant que l’ONU était une « institution indispensable » pour la protection les droits de l’homme, il s’est félicité, sous une salve d’applaudissements, de la création d’ONU-Femmes.  Il a également appelé à la redynamisation du maintien de la paix afin de mettre un terme à la violence sexuelle et d’assurer le règne de la dignité.  « Une partie du prix de notre liberté est la défense de la liberté des autres.  Cette conviction sera la base du leadership des États-Unis au XXIe siècle », a-t-il lancé.  Le Président américain a notamment appelé à la création d’un « monde où les promesses du développement iront jusqu’aux prisons de la pauvreté et de la maladie ».


De l’avis du Président américain, la création de l’ONU est le témoignage du progrès humain. « Nos prédécesseurs ont choisit l’espoir de l’unité, plutôt que la facilité de la division, et ont promis aux générations à venir que la dignité et l’égalité des êtres humains seraient notre cause commune ».  C’est à nous qu’il incombe de transformer cette promesse en réalité, a-t-il dit.


M. BINGU WA MUTHARIKA, Président de la République du Malawi et Président de l’Union africaine (UA), a d’emblée regretté que les médias privilégient les misères de l’Afrique au détriment des succès enregistrés par un certain nombre de gouvernements du continent.  « Nous n’entendons pas parler des succès en matière de participation démocratique et de bonne gouvernance, de la tenue d’élections multipartites et pacifiques, des taux élevés de croissance macroéconomique dans certains pays africains », a-t-il dénoncé. 


« Je veux vous présenter une autre Afrique, celle du nouvel espoir, celle des opportunités industrielles, minières et agricoles, celle des perspectives d’emplois et celle qui produit assez de nourriture pour nourrir son peuple », a insisté le Président, en parlant de la « nouvelle Afrique ». 


Soulignant la « vision claire » qu’ont les dirigeants du continent de cette « nouvelle Afrique » qui a décidé de passer de l’afro-pessimisme à « l’afro-optimisme », l’Afrique, s’est-il expliqué, a décidé unanimement de prendre de nouvelles mesures pour faire en sorte que d’ici cinq ans, elle soit capable de nourrir son peuple et qu’à l’issue de la même période, aucun enfant ne meure de faim ou de malnutrition.


Les dirigeants, a précisé Bingu Wa Mutharika, ont décidé de transformer l’Afrique en « panier de la ménagère » par l’allocation de ressources accrues et la promotion des investissements privés dans l’agriculture et la production alimentaire.  Les dirigeants africains ont décidé de changer leurs politiques d’intervention pour se concentrer sur les domaines prioritaires que sont l’agriculture et la sécurité alimentaire, les transports et le développement énergétique et les changements climatiques. 


S’attardant sur les défis des changements climatiques, le Président a critiqué la performance des premiers rôles à la Conférence de Copenhague.  Il a demandé que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et le Protocole de Kyoto soient mis en œuvre de « toute urgence ». 


Le Président a aussi dénoncé le « manque de mouvement » dans le Cycle des négociations commerciales de Doha dont tout résultat doit clairement bénéficier aux exploitants agricoles, aux producteurs, aux exportateurs et aux consommateurs des pays en développement.


Après avoir abordé la question de la paix et de la sécurité, en particulier en Somalie, le Président a parlé du Soudan où la priorité doit être de consolider la paix et la stabilité.  Il a fait part de la préoccupation des pays africains face aux agissements de la Cour pénale internationale (CPI) qui semble vouloir « exiger son dû impitoyablement » en insistant sur l’arrestation du Président El-Béchir.  Pour l’Afrique, cela ne peut que « polariser négativement » les positions des différentes parties prenantes et ce faisant, les éloigner d’un règlement pacifique. 


Le Président malawien a donc, au nom de l’Union africaine, exhorté l’Assemblée générale de l’ONU à amender l’article 16 du Statut de Rome pour pouvoir reporter d’un an l’affaire El-Béchir et permettre le succès des négociations et du dialogue en cours. 


Les sanctions, a poursuivi Bingu Wa Mutharika, contre certains membres de l’Union africaine et du Mouvement des pays non alignés ont provoqué des difficultés économiques pour les peuples les plus vulnérables.  L’Union africaine estime que les justifications idéologiques, pour autant qu’elles existent, sont désormais dépassées. 


Les sanctions, a insisté le Président, sont contraires à l’esprit du dialogue sur la réforme de l’ONU et à l’obligation des États Membres de promouvoir le progrès social.  Il a donc appelé à la levée des sanctions contre le Zimbabwe et Cuba. 


Revenant à la réforme du Conseil de sécurité, pour conclure, le Président a réitéré la position de l’Union africaine consistant à attribuer à son continent deux sièges permanents avec droit de veto et cinq sièges non permanents; à charge pour l’Afrique de désigner elle-même ses représentants au Conseil. 


Mme LAURA CHINCHILLA MIRANDA, Présidente de la République du Costa Rica, a appelé les États Membres à prendre une action concertée et immédiate contre les effets des changements climatiques.  Ceux qui rejettent ou ignorent cette urgence doivent se rappeler les millions de Pakistanais frappés par les inondations, les peuples des Caraïbes, de l’océan Indien et du Pacifique qui chaque jour voient leur terre diminuer, et les fermiers qui sont déplacés par la désertification.


« Il est aussi choquant de voir que, même aujourd’hui, des femmes attendent d’être lapidées, des populations entières sont victimes du génocide et des armes nucléaires sont stockées alors que les réserves alimentaires s’épuisent », a déclaré la Présidente.


Le Costa Rica, qui a instauré l’enseignement primaire gratuit en 1869 et aboli la peine de mort en 1877 et l’armée en 1949, veut faire de son mieux pour représenter les valeurs de la liberté individuelle, des droits sociaux, de la solidarité, de l’état de droit et d’un débat public permanent, a dit Mme Chinchilla.


La Présidente du Costa Rica a enjoint les Membres des Nations Unies à donner davantage de force aux concepts, organisations et instruments qui œuvrent à la promotion et la protection des droits de l’homme.  Elle a rappelé que son pays avait été le premier à ratifier la Convention américaine relative aux droits de l’homme en 1969.


En matière de paix et de sécurité, le Costa Rica insiste sur la nécessité de démarrer les négociations en vue d’un traité sur le transfert des armements, de faire des progrès en vue d’une convention modèle sur l’interdiction des armes nucléaires, et d’achever la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.


« Il est paradoxal que de nombreux pays gaspillent leurs ressources dans l’armement alors que la communauté internationale s’est montrée incapable d’affronter de manière efficace les fléaux du trafic de drogues, du crime organisé, du terrorisme ainsi que du trafic d’armes et de la traite des personnes », a poursuivi Mme Chinchilla.


Le Costa Rica et l’Amérique centrale souffrent de plus en plus de l’agression des cartels de drogues.  Si nous ne réagissons pas, nous risquons d’être complètement contrôlés par leurs gangs, avec des conséquences qui dépasseront l’échelle locale et qui poseront un problème de sécurité internationale.  La grande bataille contre le crime transnational ne peut être gagnée qu’à travers une coopération mondiale et un remaniement des stratégies utilisées jusqu’ici et qui se sont révélées inefficaces, a dit la Présidente.


Le Costa Rica, pays à revenu intermédiaire, a atteint des indices de développement humain comparables aux pays à haut revenu grâce au remplacement des dépenses militaires par des investissements dans le social.  L’aide internationale doit aller en priorité aux pays en situation précaire, mais elle ne doit pas négliger les pays qui ont réussi à améliorer leur niveau de vie grâce à des investissements judicieux et des choix politiques justes, a dit Mme Chinchilla.


La Présidente du Costa Rica a rappelé que le réchauffement climatique continuait d’avancer, affectant même les pays qui n’ont pas contribué au problème.  Elle a appelé la communauté internationale à agir ensemble et rapidement.


Mme Chinchilla a enfin exprimé le souhait que les Nations Unies adaptent leur propre gouvernance à un monde qui est en train de changer à toute vitesse.  Si elle ne répond pas aux réalités nouvelles, si les États Membres ne respectent pas leurs obligations, l’Organisation risque de sombrer dans l’inconséquence.


M. MAHINDA RAJAPAKSA, Président de la République socialiste démocratique du Sri Lanka, a déclaré qu’il était heureux de s’exprimer au nom d’un Sri Lanka enfin en paix.  Une paix, a-t-il dit, qui n’était encore qu’un rêve il y a quelques années.  Si beaucoup de choses ont été dites sur l’action menée par le Sri Lanka pour se libérer du terrorisme, presque rien n’a été dit sur les souffrances endurées par le Sri Lanka et la véritable nature de l’ennemi combattu.  Il a indiqué que le Sri Lanka avait dû faire face pendant près de 30 ans à une des organisations les plus brutales, les mieux organisées et les mieux financées au monde. 


Le Président a dit que les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) étaient une organisation tellement brutale, que même ceux qu’il prétendait représenter, à savoir les membres de la communauté tamoule, subissaient autant sa terreur que le reste de la population du Sri Lanka.  Ceux qui de loin suggéraient au Sri Lanka d’accéder aux exigences des terroristes doivent se rappeler que la terreur reste la terreur, quels que soient son masque et l’idéologie derrière laquelle elle se cache. 


Ma responsabilité, a dit le Président, est d’assurer paix et prospérité à la nation.  Dans ce contexte, il a jugé utile de réexaminer la capacité du droit international humanitaire à répondre aux besoins du monde contemporain.  La nature asymétrique des conflits initiés par des acteurs non étatiques soulève de sérieuses questions qui méritent d’être examinées par la communauté internationale, a-t-il dit. 


Maintenant que le Sri Lanka ferme le triste chapitre de son histoire, le Président a tenu à rappeler que les responsables sri-lankais ont, à maintes reprises, tenté vainement d’engager un dialogue constructif avec le LTTE.  C’est dans ce contexte, qu’il a fallu monter une opération humanitaire avec la « bénédiction » de nombreux amis de la communauté internationale, pour neutraliser les terroristes et rétablir la paix et la sécurité. 


Le Président du Sri Lanka a déclaré que la nation tout entière s’attèle maintenant à la mise en œuvre d’un ambitieux agenda « du renouveau » et à ce propos, il a tenu à souligner « qu’aucune nation au monde ne peut souhaiter plus de bien à la communauté tamoule que le Sri Lanka lui-même ».  Aux critiques qui « s’égarent », le Président a dit: « gardez-vous de devenir l’instrument de la division, de la haine et de la violence.  Au contraire, joignons nos forces, brisons les chaînes de la méfiance et mettons-nous à la hauteur du nouvel horizon ». 


Le Président s’est félicité de la mise en place d’une commission d’enseignements tirés et de réconciliation.  Si notre histoire nous a appris une chose, a-t-il dit, c’est que les solutions imposées de l’extérieur ne font qu’alimenter le ressentiment avant d’échouer.  Le Président a conclu en se félicitant d’une économie qui est en train de profiter des dividendes de la paix et en citant une croissance de 8% au cours du dernier trimestre.  Il n’a pas oublié, en tant qu’un responsable d’un pays contributeur de troupes, de réaffirmer son attachement aux activités de l’ONU en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.


M. ABDULLAH GÜL, Président de la République de Turquie, a déclaré que le terrorisme était le défi le plus grand et le plus urgent auquel devait faire face la communauté internationale.  Notre lutte contre le terrorisme est vouée à l’échec si l’on ne combat pas toutes les organisations terroristes quels que soient leurs prétendus objectifs politique, idéologique, ethnique ou religieux, a prévenu le Président.  De même, le Président turc a prévenu qu’il ne peut y avoir de régime « crédible » de non-prolifération nucléaire si l’on continue à nier « la présence de facto » d’armes nucléaires dans certains États qui sont pourtant au cœur des régions les plus sensibles. 


Les problèmes mondiaux, a-t-il encore prévenu, ne peuvent se résoudre unilatéralement, bilatéralement ou dans des petits cercles de pays amis.  Il est donc essentiel d’adopter une approche multilatérale, en particulier s’agissant de la crise économique.  M. Gül a estimé que le G-20 devait continuer de jouer un rôle central dans l’élaboration de nouvelles mesures et politiques. 


Soulignant aussi que l’environnement durable était un « bien public mondial indivisible », il a plaidé pour la création d’une « capacité internationale de réaction rapide » pour réagir aux catastrophes naturelles, aux pénuries alimentaires et aux épidémies, laquelle serait financée par un petit pourcentage des dépenses militaires.


Tout en se félicitant des efforts déployés au Moyen-Orient par le Président Obama, M. Gül a tenu à répéter que l’attaque que les Forces armées israéliennes ont menée, au mois de mai dernier, contre un convoi humanitaire, en causant de graves dégâts civils, constitue un acte inacceptable et en violation flagrante avec le droit international.  La Turquie attend des excuses officielles et un dédommagement pour les familles des victimes et les blessés, a tranché le Président. 


Il a revanche affirmé que 2010 a été une année remarquable pour les relations entre son pays et la Grèce.  S’agissant, en particulier de Chypre, il a avancé, à l’instar du Secrétaire général, qu’un règlement pourrait intervenir avant la fin de l’année.  Il s’est dit fermé à l’idée d’un processus illimité. 


SHEIKH HAMAD BIN KHALIFA AL-THANI, Émir de l’état du Qatar, a commencé par rappeler que le Moyen-Orient était une région du monde sous très haute tension.  La question de la Palestine attend une solution juste depuis des décennies; la situation reste précaire en Somalie, en Afghanistan et en Iraq; et la crise nucléaire iranienne exige un dénouement pacifique.  Il a souligné l’importance de rechercher une solution au travers de moyens pacifiques et diplomatiques et d’un dialogue direct fructueux entre les États-Unis et la République islamique d’Iran.  Stabiliser le Moyen-Orient et le golfe Persique est une tâche difficile qui ne pourra être atteinte qu’en renonçant à l’usage de la force, en faisant de ces régions une zone exempte d’armes de destruction massive et en réglant les litiges bilatéraux et les conflits régionaux sur la base du droit international, de la Charte et des résolutions des Nations Unies, a-t-il ajouté.  Pour l’Émir du Qatar, la persistance d’Israël à violer le droit international humanitaire a été démontrée dans l’« acte de piraterie » perpétré contre des activistes pacifiques qui tentaient de briser le « siège injuste et inhumain » imposé aux Palestiniens de Gaza.  Il a rappelé que la seule paix acceptable, durable et garantie est celle qui garantit les droits du peuple palestinien, en particulier l’établissement de leur État avec pour capitale Jérusalem.


Évoquant ensuite la question du terrorisme, M. Al-Thani a indiqué que, tout en reconnaissant l’existence de certaines pratiques relevant du terrorisme, il n’était pas d’accord avec l’idée selon laquelle le terrorisme découle de la religion musulmane: « Il s’agit d’une injustice historique réfutée par les événements récents », a-t-il dit.  Ainsi, au XXe siècle, des actions violentes ont eu lieu aux États-Unis, en Europe et en Asie et personne n’a dit que le terrorisme était américain, européen ou asiatique.  Cette violence était plutôt attribuée à des causes politiques, économiques, sociales et même idéologiques, a-t-il expliqué.  « Mais ce que nous avons vu et enduré au début du XXIe siècle et qui a été désigné sous le nom de ˝ guerre contre la terreur ˝ n’avait rien à voir avec les relations internationales et nous a plongés dans une guerre sans limites, ni finalité, ni logique, ni justification morale ou juridique », a estimé l’Émir.  Même si l’Administration américaine actuelle a cessé d’utiliser le terme de « guerre contre la terreur », des initiatives plus claires et audacieuses se font toujours attendre.  Le terrorisme, a poursuivi l’Émir du Qatar, ne devrait pas être combattu par des guerres.  Ce qu’il faut craindre par-dessus tout, c’est que la guerre contre la terreur se transforme en transactions commerciales, en contrats financiers et en armées de mercenaires se livrant à des assassinats sans égard pour le droit international, a-t-il estimé.  Le Qatar, pour sa part, s’efforce de promouvoir le dialogue pour résoudre les conflits, a assuré l’Émir, citant les exemples du Liban, du Yémen ou du Soudan.


M. MWAI KIBAKI, Président de la République du Kenya, a déclaré que son pays avait pris des mesures importantes pour résoudre les difficultés politiques survenues après les élections de 2007.  Il a parlé de « progrès considérables » dans la mise en œuvre de réformes ambitieuses visant à consolider la démocratie et assurer la paix et la stabilité.  En tête de cet agenda de la réforme, le Président a placé la nouvelle Constitution promulguée le 27 août 2010, après un référendum « réussi ». 


Après s’être attardé sur les efforts de son pays pour mettre en œuvre les OMD, le Président a évoqué l’« obstacle important » à ces efforts qu’est l’instabilité politique en Somalie dont le Kenya supporte le fardeau depuis le début des années 90.  La réticence apparente du Conseil de sécurité à s’engager en Somalie est une source de grande préoccupation pour ceux qui souffrent le plus des conséquences du conflit, a souligné le Président, avant de présenter une autre occasion « qui ne doit pas être perdue ». 


Il a appelé les Nations Unies et la communauté internationale dans son ensemble à saisir l’occasion qu’a offerte l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en juillet 2010 en identifiant des éléments critiques et en prenant des décisions sur la marche à suivre.  Le Président a donc demandé la nomination d’une éminente personnalité pour la Somalie, le déploiement des 2 000 soldats supplémentaires attendus, le réexamen du mandat actuel de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) dans le but de renforcer sa capacité de maintien de la paix et l’élargissement de l’appui au Gouvernement fédéral de transition pour améliorer son efficacité dans tout le pays.


En tant que Président du Comité de l’IGAD sur le Soudan, M. Kibaki a dit avoir eu les assurances du Président Omar El-Bashir et du Vice-Président Salva Kiir de poursuivre les préparatifs du référendum.  Les deux hommes, a dit le Président, m’ont réaffirmé leur engagement à résoudre toutes les questions en suspens, à tenir le référendum le 9 janvier 2011 et à en accepter les résultats. 


Le Président a aussi annoncé qu’il organiserait le deuxième sommet extraordinaire de l’IGAD sur le Soudan en novembre prochain, notamment dans le but d’appuyer les efforts liés aux arrangements postréférendum.      


M. EMOMALI RAHMON, Président de la République du Tadjikistan, a jugé essentiel le renforcement d’un partenariat mondial tendant à créer un climat propice à une croissance économique soutenue et à l’accroissement de l’emploi.  Il faudrait en conséquence revitaliser le commerce mondial et les investissements, qui sont les moteurs de la croissance industrielle.  Cela est d’autant plus important pour les pays enclavés dont la participation au commerce international est entravée par leur emplacement géographique et par les obstacles à l’expansion de leurs relations commerciales.  Il a mis l’accent sur la nécessité de concentrer les efforts sur la mise en place de nouveaux systèmes et couloirs internationaux de transport et sur l’utilisation efficace de ceux qui existent déjà, ce qui aiderait à mettre fin à la marginalisation des pays enclavés du commerce mondial.


Le Président du Tadjikistan a également estimé que le système international du commerce, spécialement en période de crise, devrait demeurer ouvert, juste, prévisible, non discriminatoire et fondé sur des règles concertées.  Il a prôné une approche conceptuelle du développement tout à fait nouvelle qui prendrait en considération aussi bien les intérêts de la présente que ceux de la future génération. 


Guidé par les principes d’un développement économique durable, le Gouvernement du Tadjikistan a identifié trois buts stratégiques: sortir le pays de son isolement, garantir l’énergie et la sécurité alimentaire.  Le pays a adopté et commencé à mettre en œuvre la Stratégie nationale de développement de la République du Tadjikistan à l’horizon 2015 et la Stratégie pour la réduction de la pauvreté.       


M. Rahmon a rappelé que son pays avait été à l’origine de la proclamation de l’Année internationale de l’eau douce et de la Décennie internationale d’action: l’eau source de vie (2005-2015), et a encouragé à adopter des mesures spécifiques visant à l’utilisation durable de cette ressource vitale.


M. ALAN GARCÍA PÉREZ, Président de la République du Pérou, a indiqué que les défis actuels auxquels est confrontée la planète exigeaient des efforts concertés de la part de la communauté internationale.  Il a dénoncé les politiques contre la liberté d’opinion et pour la course aux armements.  Il a indiqué que le Pérou était devenu un pays plus stable et plus égalitaire, capable de jouer un rôle plus favorable pour garantir la paix et la stabilité de la région.


Il a évoqué l’existence de politiques sociales garantes de l’égalité et de l’équité entre les citoyens.  Avec une croissance économique moyenne de 6,5%, le pays a pu investir 24 millions de dollars dans des projets destinés à améliorer la vie des plus démunis.  De plus, grâce aux investissements du secteur privé, plusieurs milliers d’emplois ont été créés.  Le Chef d’État a également affirmé que le Pérou réaliserait bientôt l’OMD nº1 relatif à l’élimination de la pauvreté.


M. Pérez a ensuite abordé le sujet de la coopération internationale, élément indissociable, selon lui, de la mondialisation.  Il a relevé l’absence d’un véritable multilatéralisme et a regretté le climat d’incertitude actuel.  Il a dénoncé la prolifération des armes de destruction massive et la course « absurde » aux armements, relevant que les sommes importantes qui sont versées au secteur des armes permettraient d’améliorer le sort de millions de pauvres.  « Élevons l’étendard de Jean Jaurès et d’Olaf Palme et exigeons des mesures contre la course aux armements », a-t-il lancé aux États Membres.


Le Président péruvien a ensuite passé en revue les initiatives de son pays et de l’Équateur, autrefois en guerre, pour assurer la normalisation de leurs rapports.  « Voici les preuves de notre foi dans l’intégration et la fraternité entre les peuples », a-t-il clamé.  M. Pérez a également abordé la question des crises financière et économique actuelles, pour réclamer la création d’une nouvelle économie numérique.  « Nous devons espérer que la vitesse de la technologie nous apportera aussi une solution à la crise financière », a-t-il dit. 


Tout en affirmant son appui au G-20, le Chef d’État a estimé que les actions de celui-ci devaient être plus légitimes.  Le-G-20 doit entretenir des rapports plus fluides avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale et laisser d’autres pays participer à ses travaux.


S’agissant des changements climatiques, le Président a réclamé la signature d’un accord mondial contraignant et efficace, en demandant des mesures pour mettre un terme au déboisement d’ici à 2020.  Relevant par ailleurs que la pauvreté était également une source de pollution, il a annoncé que le Pérou s’était engagé à réduire d’un cinquième, d’ici à 2020, l’usage du bois de chauffe dans le pays.


M. Pérez a également abordé le sujet de la migration, estimant notamment qu’il était inconcevable de vivre dans un monde où les biens et services circulent librement et où est restreinte la liberté de mouvement de personnes.  Il a notamment dénoncé les politiques d’expulsion menées par le Japon et les États-Unis, ainsi que la nouvelle loi sur le contrôle d’identité qui a été adoptée en Arizona.


M. VIKTOR YANUKOVYCH, Président de l’Ukraine, a, après avoir réitéré l’engagement de son pays en faveur de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, indiqué que le développement durable ne sera possible sans sécurité.  Cette année, a-t-il dit, l’Ukraine a déclaré son « statut de pays hors-bloc », ce qui a contribué à réduire de manière significative les tensions dans la région et à établir une zone de stabilité et d’équilibre stratégique autour du pays.  En avril dernier, l’Ukraine a franchi un pas supplémentaire lors du Sommet de Washington sur la sécurité nucléaire en annonçant sa décision de se débarrasser de tous ses stocks d’uranium enrichi, s’est félicité le Président. 


Il a encouragé tous les États Membres à suivre l’exemple de l’Ukraine en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  M. Yanukovych a estimé que les garanties de sécurité des États qui se sont débarrassés de leur arsenal nucléaire et des pays qui n’appartiennent à aucune alliance militaire doivent être reflétées dans un instrument international juridiquement contraignant.  C’est la seule manière, a insisté le Président, de faire taire toute ambition régionale en matière nucléaire. 


Il a d’ailleurs estimé que l’ONU pourrait exploiter davantage les mécanismes régionaux existants en matière de sécurité pour renforcer la sécurité internationale.  Il faut aussi, a-t-il poursuivi, se doter de mécanismes de réponse aux nouveaux défis comme la piraterie et les attaques à main armée dans les mers et les océans, une menace qu’il ne faut plus sous-estimer. 


Évoquant ensuite la question des changements climatiques, le Président ukrainien a rappelé que la Terre est notre bateau commun et qu’il ne faudrait pas qu’il se transforme en « Titanic ».  Il a donc appuyé l’idée d’une organisation mondiale de l’environnement à composition universelle.  Revenant à la tragédie de Tchernobyl, le Président a annoncé que son pays avait l’intention d’organiser à Kiev, en avril 2011, une Conférence internationale de haut niveau intitulée « 25 ans après la catastrophe de Tchernobyl: sécurité pour l’avenir », avec la participation des Nations Unies. 


Concluant sur la réforme des Nations Unies dont celle du Conseil de sécurité, le Président a annoncé la candidature de l’Ukraine à un siège non permanent du Conseil pour 2016-2017.


M. WEN JIABAO, Premier Ministre de la Chine, a expliqué que son pays était arrivé à un stade où coexistent les progrès et les retards et s’entremêlent les problèmes nouveaux et anciens.  La Chine se trouve au stade primaire du socialisme.  Bien que troisième puissance économique mondiale, elle est toujours un pays en développement.  Son objectif stratégique est de réaliser pleinement sa modernisation vers le milieu du XXIe siècle, a-t-il dit.  La Chine continuera à concentrer tous ses efforts sur le développement économique.  Avec les progrès de l’industrialisation et de l’urbanisation, des centaines de millions de paysans entreront dans les villes, ce qui engendrera la plus forte demande intérieure jamais connue dans l’histoire, créera d’immenses marchés et opportunités de développement, et fournira une force motrice durable et forte à la croissance économique de la Chine et du monde entier.


Tout en approfondissant la réforme de son système économique, dans les secteurs public et non public, la Chine doit mener à bien la réforme du système politique, a déclaré M. Jiabao  « Nous devons respecter et protéger les droits de l’homme, défendre l’équité et la justice sociale et réaliser la liberté et le plein épanouissement de l’homme », a déclaré M. Jiabao.  La Chine continuera à s’ouvrir au monde.  Partisans d’un nouvel ordre financier international juste, équitable et ordonné, et d’un système commercial international ouvert et libre, « nous nous opposons à toute forme de protectionnisme ».  Le Premier Ministre a indiqué que la Chine comptait sur l’éducation, les sciences et les technologies pour réduire son retard et accroître son potentiel de développement.


La Chine continuera à faire rayonner son patrimoine culturel.  La morale et la sagesse chinoises, fruits d’une civilisation cinq fois millénaire, appartiennent à la Chine, mais aussi au monde.  La nation chinoise, ayant accompli un miracle économique, saura réaliser des succès tout aussi éclatants sur le plan culturel, a assuré M. Jiabao.  Enfin, la Chine poursuivra fermement une voie de développement pacifique.  Le temps est révolu où les problèmes se règlent par la guerre.  La paix et le développement sont les deux grands thèmes du monde d’aujourd’hui.  « Le développement de la Chine est une chance pour le monde.  Quand la Chine va bien, c’est le monde qui en tire profit », a-t-il affirmé.  


M. STEPHEN HARPER, Premier Ministre du Canada, a déclaré que son pays, en tant que Membre fondateur de l’ONU et septième contributeur à son financement, avait toujours été un participant fiable aux initiatives prises par l’ONU.  En Afghanistan, les efforts militaires du Canada vont de pair avec les programmes de reconstruction et de développement, a-t-il dit.  Il a précisé que son pays soutenait en particulier les programmes qui, comme le barrage Dhala, présentaient des avantages économiques durables.  Il a dit que le Canada s’engageait à doubler son aide à l’Afrique et était en même temps sur la bonne voie pour doubler d’ici à mars 2011 son aide au développement dans le monde.  L’an dernier, lors du Sommet du G-8 à L’Aquila, en Italie, a-t-il ajouté, le Canada a été parmi les premiers à doubler l’aide destinée au développement agricole.  Pendant la crise économique, il a agi, de concert avec les partenaires du G-20, pour augmenter la capacité de prêt des organisations telles que la Banque interaméricaine de développement (BID) et la Banque africaine de développement (BAD).  Il a également mis l’accent sur l’intervention du Canada en Haïti avant et après le tremblement de terre, en précisant que son pays avait pris l’engagement, à long terme, d’aider les Haïtiens à reconstruire leur pays.  Rappelant que le Canada était candidat à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité, il a précisé que si son pays était élu, il continuerait de faire avancer ces idéaux comme il s’est toujours efforcé de mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité.


Par ailleurs, M. Harper a déclaré que le Canada avait saisi l’occasion de sa présidence du G-8 pour tendre la main aux dirigeants d’Afrique et des Amériques et faire adopter l’Initiative de Muskoka sur la santé des mères et des enfants.  De même, a-t-il dit, a été annoncé il y a deux jours que les contribuables canadiens procéderaient à une reconstitution renforcée du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  Il a souligné que la récession mondiale de ces deux dernières années avait rappelé que dans un monde qui se rétrécit, « nous voyageons tous dans un même bateau et pas en solitaire ».  C’est pourquoi, il a rappelé que les nations qui ne se souciaient guère des effets de leurs choix économiques sur les autres, pouvaient nuire non seulement à leurs partenaires commerciaux, mais aussi à elles-mêmes.  Reconnaître cela, a-t-il dit, c’est comprendre la nécessité d’une souveraineté éclairée, et l’idée que ce qui est bon pour les autres pourrait bien être le moyen de satisfaire ses propres intérêts.


M. MIKHEIL SAAKASHVILI, Président de la Géorgie, s’est, en tant que Président d’une jeune démocratie qui vient de souffrir de la guerre et d’une invasion, et qui subit toujours l’occupation d’une superpuissance nucléaire, autorisé à dire que « la paix est notre objectif commun le plus précieux et notre seule voie vers les autres objectifs communs ».  Présentant la vision d’un « Caucase libre, stable et uni », le Président s’est félicité qu’après les évènements d’il y a deux ans, « la Géorgie soit de retour » avec pour objectif de créer un système plus institutionnalisé de gouvernance démocratique et libérale.   


N’hésitant pas à parler d’une « révolution morale », le Président a clamé que « son pays gagne la paix et gagne grâce à la paix », malgré les agissements du « voisin du Nord » qui veut détruire le laboratoire de réforme politique, économique et sociale qu’est devenue la Géorgie.  Mais, a lancé le Président, grâce à son engagement en faveur des réformes, la Géorgie est devenue un acteur responsable de la communauté internationale. 


Il s’est donc inquiété de l’absence d’ordre public et du « trou noir de la gouvernance » dans lequel sont plongés les deux territoires géorgiens, depuis l’occupation russe.  Ces deux dernières années, a expliqué le Président, la Fédération de Russie ne cesse de violer l’accord de cessez-le-feu signé le 12 août 2008.  Comment la Géorgie réagit-elle?  Par le calme et la patience, décrite par l’Union européenne comme « un unilatéralisme constructif », a dit le Président. 


Il a fait remarquer que malgré les pressions énormes de Moscou, pas un seul État de l’ancienne Union soviétique n’a reconnu le démembrement de la Géorgie.  « Les États captifs sont devenus des États indépendants forts et capables de définir leurs propres politiques », a ironisé le Président.  « C’est remarquable et ça a été remarqué à Moscou », a-t-il ajouté, en demandant aux États qui ont reconnu l’annexion de revenir sur leur décision. 


Le Président a conclu en lançant trois appels et d’abord aux habitants de l’Abkhazie et de l’Ossétie qui vivent derrière le « nouveau rideau de fer ».  « Nous protégerons vos droits, votre culture, votre histoire.  Nous travaillerons avec vous et pour vous », a promis le Président, « pour une Géorgie réunifiée, démocratique et européenne ». 


Le Président s’est ensuite adressé aux autorités russes qui devraient plus s’inquiéter de leurs citoyens que des orientations diplomatiques de la Géorgie, plus du développement du Nord-Caucase que de la destruction socioéconomique de la Géorgie.  « Au lieu de nous battre les uns contre les autres, nous ferions mieux d’exceller ensemble à la modernisation de notre région commune », a insisté le Président.  Enfin, à la communauté internationale, il a demandé d’aider son pays à consolider la paix en Géorgie et dans la région. 


M. MAHMOUD AHMADINEJAD, Président de la République islamique d’Iran, a affirmé que le système capitaliste et l’ordre mondial actuel s’étaient avérés incapables de fournir des solutions appropriées aux problèmes des sociétés.  Opposant les « divins prophètes » du monothéisme à l’égoïsme et à l’avarice, il a affirmé que l’appât du gain et de la domination avait remplacé le monothéisme, « portail vers l’amour et l’unité ».  Évoquant les affres du colonialisme, il a constaté qu’au début du siècle dernier, de belles paroles sur la liberté, les droits de l’homme et la démocratie avaient suscité l’espoir de guérir les profondes blessures du passé, mais que ces rêves avaient failli. 


Le Président iranien s’est ensuite longuement attardé sur les attentats du 11 Septembre, estimant qu’à l’issue des attaques, une « machine à propagande » avait laissé entendre que le monde entier était exposé au « danger énorme » du terrorisme et que le seul moyen d’y faire face était de déployer des forces en Afghanistan.  Finalement, l’Afghanistan, puis peu de temps après l’Iraq ont été occupés.  M. Ahmadinejad a recensé « trois points de vue » sur les auteurs des attaques.  Il a d’abord fait état d’un groupe terroriste très puissant et complexe, capable de défier les services secrets et la sécurité des États-Unis.  Ensuite, il a souligné que « certains segments au sein du Gouvernement américain » avaient « orchestré » les attentats pour inverser la tendance du déclin de l’économie des États-Unis et « sauver le régime sioniste ».  Enfin, selon lui, ces opérations ont pu être menées par un groupe terroriste, mais bénéficiant de l’appui du Gouvernement américain, lequel aurait « profité de la situation ».   


Lors de l’énoncé de ces points de vue, la délégation des États-Unis, suivie de plusieurs autres, notamment européennes, ont quitté la salle de l’Assemblée générale.


Dans son discours, le Président iranien a ensuite estimé qu’une « enquête approfondie » aurait dû être menée par un groupe indépendant afin d’identifier les responsables et d’établir un « plan rationnel » de réaction.  Est–il rationnel de lancer une guerre classique qui a provoquée la mort de centaines de milliers de personnes pour combattre un groupe terroriste, a–t-il notamment demandé.  Il a, de même, réclamé la création par les États-Unis d’un groupe d’enquête indépendant afin qu’à l’avenir, les points de vue divergents sur les événements du 11 septembre ne soient plus interdits.  Il a également annoncé que l’an prochain, l’Iran accueillerait une conférence consacrée à la lutte contre le terrorisme.


S’agissant de la situation en Palestine, M. Ahmadinejad a affirmé que « les sionistes » avaient commis des « crimes horribles » contre des « peuples sans défense » au Liban et à Gaza.  « Ce régime, qui jouit du plein appui de certains pays occidentaux, menace régulièrement les pays de la région, tandis que ceux qui s’opposent à ce régime se voient imposés le label de terroriste et d’antisémite », a lancé le Président iranien.  « En Europe et aux États-Unis, toutes les valeurs, même celle de la liberté d’expression, ont été sacrifiées sur l’autel du sionisme », a—t-il poursuivi.  Il a ensuite plaidé en faveur du retour des réfugiés palestiniens dans leur terre natale et leur droit à la souveraineté.


Le Chef de l’État iranien en est ensuite venu au dossier nucléaire, et a affirmé que l’énergie nucléaire était un « cadeau des cieux » et un des meilleurs moyens de réduire la pollution liée à la consommation de pétrole.  Il a également dit que la bombe nucléaire était « l’arme la plus inhumaine » et qu’elle devait être entièrement éliminée.  Il a ensuite dénoncé le fait que « certains membres permanents » du Conseil de sécurité aient créé, selon lui, un amalgame entre l’énergie nucléaire et la bombe atomique, et mis l’énergie nucléaire hors de la portée de la plupart des États en créant des monopoles et en exerçant des pressions sur l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Il s’est également insurgé contre l’arsenal nucléaire du « régime sioniste ».  M. Ahmadinejad a ensuite proposé de proclamer l’année 2011 l’année du désarmement nucléaire avec pour slogan: « l’énergie nucléaire pour tous, les armes nucléaires pour personne ».


Le Président iranien a par ailleurs affirmé que l’inefficacité de l’ONU avait pour cause sa « structure injuste ».  Il a préconisé une réforme structurelle de l’Organisation, l’annulation du droit de veto, et a souhaité voir l’Assemblée générale devenir son plus important organe et que celle-ci finalise la réforme de l’ONU d’ici à un an.


À nouveau sur la question de la non-prolifération, M. Ahmadinejad a affirmé que la Déclaration de Téhéran, rendue possible, a-t-il précisé, grâce à la bonne volonté du Brésil et de la Turquie, avait constitué une mesure extrêmement constructive de rétablissement de la confiance.  L’Iran, a-t-il ajouté, s’est toujours tenu prêt à dialoguer sur la base du respect et de la justice.  Il a dénoncé les mesures d’intimidation et les sanctions qui ont été brandies contre « la logique évidente » de l’État iranien, lesquelles détruiraient, selon lui, la crédibilité du Conseil de sécurité.  « Nous nous tenons prêts à débattre sérieusement et librement avec le Chef d’État américain afin d’exprimer notre point de vue transparent », a assuré le Président iranien.


Réaffirmant le rôle central des Nations Unies dans la gouvernance mondiale, M. IVAN GAŠPAROVIĆ, Président de la République slovaque, a estimé que la préservation de la paix et de la sécurité internationales était indispensable.  Les récentes crises économique et financière ont montré une certaine instabilité mondiale, cela exigeant une attention particulièrement accrue de la part de la communauté internationale, a-t-il estimé.  Il a mis l’accent sur la nécessité de renforcer les instruments de contrôle juridique sur les armes et les partenariats sur les questions de désarmement.  Les récents progrès enregistrés, tels que la signature du Traité Start II entre les États-Unis et la Fédération de Russie, ainsi que l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, sont encourageants, a-t-il dit. 


Indiquant que la Slovaquie était un pays contributeur de contingents, M. Gašparović a salué l’étape franchie par les Nations Unies dans le processus de réforme des opérations de maintien de la paix, tel que décrit dans le document Nouveaux Horizons.  Il faut un déploiement plus rapide et une utilisation plus efficace des ressources financières et humaines, a-t-il dit.  L’ONU, a-t-il ajouté, doit continuer à jouer un rôle clef dans la prévention des conflits.  Mentionnant la participation de son pays au Conseil de sécurité en 2006 et 2007, en tant que membre non permanent, le Président slovaque a souligné l’importance d’accélérer la réforme de cet organe. 


M. Gašparović a, par ailleurs, mis l’accent sur le Sommet des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui s’est tenu pendant trois jours au Siège des Nations Unies.  Éradiquer la pauvreté et la faim dans le monde, améliorer l’accès à l’éducation et aux soins de santé, fournir des emplois adéquats demeurent d’importants sujets de préoccupation, a-t-il dit.  Il a salué l’établissement de la nouvelle entité ONU-Femmes pour l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme. 


M. Gašparović s’est également dit encouragé par la reprise des négociations entre les dirigeants israéliens et palestiniens.  Un accord de paix est indispensable pour la paix et la stabilité mondiales, a-t-il jugé.  Il a, par ailleurs, mis l’accent sur la participation de son pays à la Mission des Nations Unies à Chypre.  Enfin, il a fait part de ses préoccupations concernant les Balkans occidentales.  Il est urgent de renforcer la stabilité et d’appuyer le processus démocratique de cette région, a-t-il dit.  Pour ce faire, le Président slovaque a souhaité que le processus d’intégration des Balkans occidentales à l’Union européenne se poursuive. 


Le Roi ABDULLAH II BIN AL HUSSEIN, Chef d’État du Royaume hachémite de Jordanie, réaffirmant le rôle central de l’ONU, a déclaré qu’il fallait résister aux forces de la division qui répandent la mésentente et la méfiance, en particulier entre les peuples de religions différentes.  La Jordanie parraine un projet de résolution en vue de décréter une semaine mondiale annuelle sur l’harmonie interconfessionnelle, pour promouvoir la tolérance, le respect de l’autre et la paix.


Le Roi a estimé que les négociations directes entre les Palestiniens et les Israéliens ouvraient la perspective d’un règlement permanent du conflit israélo-palestinien prévoyant deux États.  La création d’un État palestinien indépendant, viable et souverain, vivant côte à côte avec Israël, préparera la voie pour une paix régionale globale.  Il est grand temps de mettre fin à ce conflit qui empêche d’investir dans le progrès et la prospérité.  Un échec ne ferait qu’entraîner le monde dans une spirale de souffrance, de frustration et de guerre, menaçant la sécurité et la stabilité au-delà des frontières du Moyen-Orient.


Pour éviter cela, a conseillé le Roi, les pourparlers doivent être menés avec engagement, sincérité et courage, et sans mesure provocatrice ou unilatérale susceptible de faire dérailler les négociations.  Les parties, a-t-il encouragé, doivent travailler avec acharnement pour produire rapidement des résultats.  Cela veut dire, a précisé le Roi, traiter des questions sur le statut final avec pour objectif de mettre fin à l’occupation et de parvenir le plus tôt possible, à une solution à deux États, seule solution valable.  « Le statu quo est tout simplement inacceptable.  Assez d’injustice, assez de sang », s’est impatienté le Roi.


Avec l’Initiative de paix arabe, a-t-il estimé, la Jordanie et le reste du monde arabe et musulman offrent à Israël une occasion sans précédent pour un règlement global, un règlement qui lui permettra d’avoir des relations normales avec 57 États arabes et musulmans, soit un tiers des Nations Unies.


M. JOSEPH KABILA KABANGE, Président de la République démocratique du Congo (RDC), a lancé un appel pressant à tous les États pour qu’ensemble, ils contribuent à la réalisation d’un monde meilleur en poursuivant de manière inlassable les efforts de pacification partout où persistent encore des foyers de tension.  Venant de célébrer le cinquantenaire de son indépendance, la RDC, a dit le Président, s’engage, dans les 50 prochaines années, à apporter sa contribution à la marche de l’humanité vers un monde meilleur.


S’agissant précisément de la protection de la nature, le Président a d’abord souligné le statut de deuxième poumon du monde de son pays avant d’appuyer la mise en place d’une autorité mondiale de l’environnement qui devra impliquer tant les institutions publiques que privées, la société civile et les milieux scientifiques. 


Se félicitant, en matière de consolidation de la paix, que le Secrétaire général ait accepté de créer à Brazzaville un bureau de l’ONU pour l’Afrique centrale, le Président est revenu sur les succès des opérations militaires menées « systématiquement », depuis 2009, contre les groupes armés étrangers dans son pays. 


Il a en revanche estimé que pour ce qui est de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), la question ne relève plus de la défense militaire mais bien de l’ordre public.  Le Président s’est aussi appesanti sur le « calvaire » des femmes congolaises des provinces du Nord et du Sud-Kivu qu’il a imputé à l’insécurité alimentée par les groupes armés qui se nourrissent de l’exploitation illégale des matières premières.


Après avoir affirmé que la lutte contre l’impunité est une « option fondamentale » de l’action gouvernementale, le Président a rappelé que son pays est un vaste chantier qui nécessite des contributions plurielles pour sa reconstruction et sa modernisation.  Elles sont les bienvenues, dans le cadre d’un partenariat que la RDC veut respectueux et actif avec le secteur privé, a-t-il précisé.


Aujourd’hui, les indicateurs économiques évoluent positivement, a-t-il assuré, en ajoutant que son Gouvernement met un point d’honneur à la consolidation de la démocratie par le respect du cycle électoral, la redevabilité vis-à-vis du peuple et le parachèvement de la mise en place des institutions prévues par la Constitution, dans le cadre du processus de décentralisation.  


M. ILHAM HEYDAR OGLU ALIYEV, Président de la République d’Azerbaïdjan, a souligné que le conflit en cours entre son pays et l’Arménie représente une grande menace pour la paix et la sécurité de la région.  Il a rappelé que le Conseil de sécurité a adopté quatre résolutions exprimant un plein appui à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan.  Malheureusement, malgré la position unie de la communauté internationale, les territoires concernés continuent d’être occupés, a-t-il dénoncé.


Nous sommes prêts, a dit le Président, à poursuivre des pourparlers de bonne foi pour la finalisation du statut du Nagorno-Karabakh au sein de l’Azerbaïdjan.  Le pays a donné son accord de principe à l’approche par étape présentée, l’année dernière, aux parties par le Groupe de Minsk de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), comme la base d’un règlement durable.  Toutefois, a accusé le Président, l’Arménie n’y a toujours pas répondu.  Malgré l’absence de solution au conflit, le Gouvernement de l’Azerbaïdjan a réussi à hisser le pays parmi les économies qui se développent le plus rapidement. 


M. RICARDO MARTINELLI BERROCAL, Président de la République de Panama, a souligné que le trafic de drogues, des armes et des êtres humains, associé à l’immigration illégale, au blanchiment d’argent et au terrorisme était l’apanage d’organisations criminelles ayant pour but de déstabiliser les démocraties.  « La drogue est pour le Panama et la région d’Amérique centrale, une arme de destruction massive », s’est alarmé le Chef d’État, en indiquant que les trafiquants infiltraient leurs territoires pour « polluer la jeunesse ».  Pour y faire face, les États membres du Systèmed’intégration de l’Amérique centrale (SICA), ont mis en place un centre régional de coordination sécuritaire qui commence à donner des résultats satisfaisants, a-t-il annoncé. 


La mondialisation, a poursuivi le Président, est un système juridique, sûr et efficace pour l’échange des biens, des services, des capitaux et des personnes.  Cependant, la crise économique exige de nouvelles et meilleures formes de gouvernance des sociétés, notamment un élargissement des marchés et une meilleure gestion des relations intergouvernementales, a argué le Président en citant plusieurs exemples impliquant son pays.  Il a conclu en saluant l’adoption du Document final de la Réunion plénière de haut sur les OMD, avant de détailler les réalisations de son pays, telles que l’aide aux plus vulnérables, aux personnes âgées et aux retraités.


M. PAUL BIYA, Président de la République du Cameroun, a regretté que l’aide au développement stagne et reste en-deçà des engagements des pays développés de lui consacrer 0,7% de leur PNB.  La prise de conscience, au tournant du siècle dernier, des conséquences catastrophiques d’un accroissement de la pauvreté paraît s’être considérablement émoussée, a-t-il estimé.  La communauté internationale, a-t-il prévenu, ne peut rester indifférente devant la menace des « émeutes de la faim » qui risque de miner les efforts pour faire progresser la démocratie et assurer le développement en Afrique. 


Jusqu’ici, a estimé le Président, les solutions retenues n’étaient probablement pas à la hauteur des enjeux.  L’Afrique a accumulé trop de handicaps au cours de l’Histoire, a-t-il souligné, en reconnaissant tout de même que ses dirigeants ont sans doute manqué de rigueur et d’esprit de suite.  L’Afrique, a-t-il poursuivi, qui a beaucoup changé paraît prête à un large débat d’idées pourvu qu’il soit conduit dans un véritable esprit de partenariat.  Ainsi, a-t-il espéré, pourrait prendre corps ce fameux « Plan Marshall » souvent évoqué mais qui tarde à voir le jour.


C’est dans ce contexte que le Cameroun a organisé à Yaoundé, à l’occasion du cinquantenaire de son indépendance, la Conférence internationale « Africa 21 » qui a donné lieu à une déclaration finale, véritable « guide » pour la réhabilitation de l’Afrique visant à faire en sorte que le continent ne reste pas en position d’éternel assisté et joue le rôle qui lui revient dans les affaires du monde. 


Invoquant en effet l’absence de l’Afrique au Conseil de sécurité, le Président a stigmatisé le fait que le continent ait été longtemps traité « en objet des relations internationales ».  « Les peuples africains aspirent à davantage de compréhension et de sympathie au vrai sens du terme »’, a souligné le Président, car, a-t-il expliqué, si l’évolution actuelle du Cameroun se confirme, il peut espérer, à moyen terme, accéder au statut de pays émergent.  Tel est, a-t-il affirmé, l’état d’esprit de la majorité des pays africains qui attendent de la communauté internationale « plus de compréhension, de solidarité et sans doute aussi davantage de fraternité ».


M. SEBÁSTIÁN PIÑERA ECHENIQUE, Président de la République du Chili, a rappelé que, dans l’après-guerre, le monde était divisé par deux murs perpendiculaires: le premier, le rideau de fer, allant du Nord au Sud, séparait le monde en deux blocs irréconciliables; l’autre, allant d’Est en Ouest, séparait les pays riches et prospères du Nord des pays pauvres et sous-développés du Sud.  L’effondrement de ces deux murs à la fin du XXe siècle ont amené à découvrir un troisième mur, moins visible, mais qui existe depuis longtemps « dans nos pays et dans nos villes », celui qui « sépare les esprits ankylosés, qui vivent dans la nostalgie et la crainte de l’avenir, des esprits créateurs et entreprenants, qui envisagent l’avenir avec sérénité, car ils ont confiance dans l’idée que le meilleur est encore à venir », a affirmé le Président chilien.  Ce mur, a, selon lui, « empêché un grand nombre de nos pays de se consacrer à la révolution industrielle au XIXe siècle et explique que nous soyons sous-développés, tandis que d’autres, les moins nombreux, ont su le faire tomber à temps et se lancer dans la voie du progrès ». 


Ce mur, il faut absolument le franchir, a lancé M. Echenique, pour qui les pays en développement doivent approfondir leur intégration et gérer au mieux la mondialisation pour éviter que ce soit elle qui finisse par les gouverner.  Dans ce contexte, « l’ONU et les institutions de Bretton Woods doivent s’adapter d’urgence aux temps nouveaux si elles veulent remplir le rôle prépondérant qui leur revient et ne pas se borner à être les spectateurs des événements et des profonds changements qui marquent notre siècle », a jugé le Chef de l’État chilien, pour qui le Conseil de sécurité doit être réformé de façon à le rendre plus représentatif de la nouvelle réalité mondiale.  À cet égard, le Chili a réitéré sa demande d’inclure le Brésil et d’autres pays dans les rangs des membres permanents.  De même, il a félicité son prédécesseur, Mme Michelle Bachelet, qui vient d’être désignée à la tête de l’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme (ONU-Femmes). 


Rappelant que la mondialisation avait amené avec elle, dans le monde entier et certainement au Chili, une véritable renaissance des identités locales et en particulier de celles des ethnies autochtones, le Président a affirmé que c’était une « magnifique occasion » de commencer à rétablir la justice et à organiser une rencontre avec les communautés locales.  C’est pour cela que le Gouvernement a décidé d’accorder la reconnaissance constitutionnelle qu’elles demandent à bon droit et ce, afin d’assurer l’avènement d’un respect authentique, d’une mise en valeur et d’une protection de leur langue, de leur culture et de leurs valeurs, s’est félicité M. Echenique.  Il a annoncé la mise en route du Plan Araucania, « l’initiative la plus audacieuse, la plus puissante et la plus ambitieuse que le Gouvernement chilien ait jamais lancée en direction des populations autochtones chiliennes », ce qui, a-t-il ajouté, « nous permettra de rattraper le temps perdu et de commencer à améliorer véritablement la qualité de la vie et les perspectives de développement de nos frères autochtones ».


M. BAMIR TOPI, Président de la République d’Albanie, a estimé que l’ordre du jour très chargé de l’ONU devait se concentrer sur la paix et la sécurité internationales, la lutte contre le terrorisme, la lutte contre les effets des changements climatiques, la promotion d’un développement durable, la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive, les droits de l’homme et les migrations.  Selon lui, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) est une priorité de l’Albanie.  L’Albanie, a-t-il dit, est pleinement engagée à atteindre les objectifs communautaires de l’Union européenne qui consiste à favoriser les investissements dans le secteur social et les capacités de développement.  Il a indiqué que l’Albanie était membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et avait également signé le Mémorandum d’accord du Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU (DOMP).  Il a fait état de la participation de son pays aux missions de maintien de la paix au Tchad, en Afghanistan et en Iraq.  Il a dit que la lutte contre le terrorisme était une priorité qui nécessitait une très haute détermination.  Il a jugé essentielle la contribution du Conseil de sécurité et de ses comités chargés de la mise en œuvre des résolutions 1269, 1373, 1540 et 1624 consacrées à la lutte contre le terrorisme.


Par ailleurs, le Président albanais a salué les initiatives du Secrétaire général en faveur de la paix au Moyen-Orient dans le souci de parvenir à des solutions durables acceptées par toutes les parties.  Il a estimé que l’Alliance des civilisations était un outil politique très utile de l’ONU pour promouvoir la paix, l’harmonie entre les civilisations et construire une société inclusive par le biais de l’éducation, de la compréhension et des connaissances mutuelles.  L’adoption, il y a quelques jours, d’une résolution de l’Assemblée générale sur la légitimité de la proclamation d’indépendance du Kosovo est un événement important pour le Kosovo, la Serbie, les Balkans occidentaux, l’Europe unie et l’ONU, a-t-il estimé.  Il a remercié l’Union européenne pour cette résolution et pour avoir fait preuve d’une cohésion qui démontre que les politiques d’intégration ne pouvaient être stoppées.  Il a dit que la question du statut du Kosovo et de ses frontières était désormais close et appartenait au passé.  Il est maintenant temps de commencer le dialogue et de s’attaquer aux questions pratiques, a-t-il insisté.  Il a ajouté que l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur la légalité de l’indépendance du Kosovo restait un cas sui generis et ne pouvait constituer un précédant pour d’autres situations dans d’autres pays.   


M. LEONEL FERNÁNDEZ REYNA, Président de la République dominicaine, a souligné qu’aujourd’hui plus de 250 millions de personnes, âgées de 15 à 64 ans, consomment de la drogue; la plus grande concentration étant dans les pays les plus développés au monde, dont les États-Unis, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale.  Le trafic illicite de stupéfiants constitue un marché noir mondial et une véritable économie souterraine, régie par la loi de l’offre et de la demande comme tout autre marché et brassant près de 400 milliards de dollars par an, a poursuivi M. Reyna.  L’économie de la drogue est plus importante que le PNB de 122 pays sur les 184 pays inscrits à l’Index de l’économie mondiale que la Banque mondiale publie chaque année. 


Allant de pair avec l’essor du trafic illicite de drogues, le Président a mentionné le crime transnational organisé et ses prises d’otages, ses tueurs à gage, ses actes de torture et ses décapitations, dans des conflits internes ou contre les peuples et les institutions.  Le pouvoir du trafic des drogues est si puissant qu’il peut interférer avec des prérogatives gouvernementales comme les forces armées, la police, les services de renseignements et les systèmes judiciaires. 


Il est possible de combattre ce fléau, a estimé le Président.  Mais, a-t-il prévenu, il faut un engagement international réel et une véritable volonté politique des gouvernements concernés.  Il faut également une nouvelle vision stratégique qui s’attaquerait non seulement à l’offre mais aussi du côté de la demande.  Il faut aussi, a-t-il préconisé, lutter contre la vente d’armes et la traite des êtres humains et renforcer la coopération entre pays d’origine, de transit et de destination du trafic de drogues.


Il faut encore, a estimé le Président, avoir recours aux nouvelles technologies, renforcer les systèmes judiciaires, créer des mécanismes de prévention, éduquer les gens et promouvoir le progrès socioéconomique. 


Le Président a espéré qu’en 2019, les États Membres pourront dresser un bilan réussi du nouveau Plan décennal de lutte contre le trafic illicite de drogues.  Il a conclu sur les menaces liées aux changements climatiques et a milité pour des politiques mondiales capables de contrecarrer les effets des catastrophes naturelles. 


Mme DALIA GRYBAUSKAITÉ, Présidente de la République de Lituanie, a indiqué que son pays a lancé l’initiative d’une résolution sur les déchets d’armes chimiques jetées en mer.  Il est de l’avantage de tous les pays d’échanger volontairement des informations pour renforcer la sécurité face à ces déchets dangereux, a-t-elle dit.  Il nous faut des directives sur la façon d’agir en cas de catastrophe et c’est la raison pour laquelle, a plaidé la Présidente, une résolution est « indispensable » et que les Nations Unies doivent jouer un rôle plus actif, en lançant des projets concrets.


Se félicitant de la place des femmes lituaniennes dans la vie politique et du monde des affaires, Mme Grybauskaité a espéré que la Réunion de haut niveau sur les questions d’égalité des sexes, qui doit se tenir dans le cadre de la Communauté des démocraties à Vilnius (Lituanie) en juin prochain, explorerait plus de nouvelles idées et de bonnes pratiques.


Les questions d’égalité entre les sexes, de sécurité et d’environnement sont étroitement liées et doivent être correctement traitées au niveau international pour assurer le développement durable, a déclaré la Présidente.  Elle a rendu hommage aux contributions et aux financements de l’Union européenne dans le monde, disant que ces valeurs de générosité sont aussi celles de la Lituanie qui, malgré ses ressources limitées n’hésitent pas à financer des projets à l’étranger.  La Présidente a invité tous les États Membres à soutenir, aider et collaborer à divers projets dans le monde.  « Seules les actions concrètes apporteront des changements positifs en politique internationale », a-t-elle conclu. 


M. EVO MORALES AYMA, Président constitutionnel de l’État plurinational de Bolivie, a souligné que son pays avait changé en profondeur sur les plans structurels et sociaux.  La situation économique des personnes les plus pauvres (paysans, autochtones, ouvriers) s’est améliorée grâce à la nationalisation en 2006 des ressources naturelles du pays en gaz et pétrole.  Le Fonds monétaire international doit se pencher sur les torts qu’il a causés à la Bolivie et à d’autres pays en leur imposant des politiques de pillage des ressources naturelles; il doit payer pour les dommages économiques qu’il a causés à des êtres humains.  « Nous avons une grande responsabilité envers les nouvelles générations », a affirmé M. Morales.  En dépit des différences idéologiques et culturelles d’un continent à l’autre, il faut travailler de façon unie à l’ONU pour que les droits de l’homme s’appliquent à l’ensemble du monde.  Il faut une alliance de tous les gouvernements pour sauver l’humanité en sauvant la planète Terre.


Il n’est pas possible, au XXIe siècle, d’expulser des migrants qui vont chercher du travail vers le Nord ou l’Europe, a-t-il poursuivi.  M. Morales a dénoncé les « murs de la honte » érigés en Palestine ou au Mexique.  « On ne traite pas les humains comme du bétail », a-t-il dit.  Il a en outre jugé inacceptable les blocus économiques de Cuba et de Gaza.


La Terre a, selon lui, également droit à la vie.  Rappelant que les peuples autochtones vivaient en harmonie avec la nature, le Président bolivien a estimé qu’il n’était pas possible de privatiser ses forêts et de vendre des certificats de carbone.  Il a proposé d’élaborer à l’ONU un projet sur les droits de la Terre, car tous les êtres humains seront affectés de la même façon par les problèmes d’environnement et de changement climatique.  Il faut se préparer pour Cancún et réfléchir aux moyens de refroidir la planète, a-t-il souligné.  M. Morales a déclaré qu’il n’y avait pas de paix sans justice sociale.  La paix n’est pas garantie par des actions militaires.  Il a proposé de lutter contre le trafic de stupéfiants en mettant un terme au secret bancaire.  À cet égard, la Bolivie a fait des efforts concertés pour la feuille de coca mais, pour des raisons politiques, elle est pénalisée par le Gouvernement des États-Unis.


Évoquant enfin la démocratisation des Nations Unies, le Président a déploré l’autoritarisme des délégués ayant un droit de veto.  Il a souhaité une organisation anticapitaliste qui sauve l’humanité et suggéré un « cri de guerre »: « Planète ou la mort: nous vaincrons ».


M. ERNEST BAI KOROMA, Président de la République de Sierra Leone, a remercié la communauté internationale dont l’engagement a mis son pays sur la voie de la croissance économique et du développement durable.  Grâce à cet engagement, la Sierra Leone a fait de remarquables progrès.  L’indice mondial de la paix la classe au cinquante-troisième rang mondial des pays les plus pacifiques, l’Index Ibrahim parmi les cinq pays affectés par des crises ayant fait un bond significatif vers la gouvernance démocratique, alors qu’une étude récente du Fond monétaire international (FMI) montre que sa croissance annuelle de 4% dépasse le taux de croissance moyen en Afrique subsaharienne, qui est de 2%.


« La Sierra Leone a également continué de mettre l’accent sur la protection des droits fondamentaux de son peuple », a dit le Président.  Le Gouvernement a mis en place des réformes importantes du secteur judiciaire et s’efforce de créer une culture des droits de l’homme.  La Sierra Leone est déterminée à assurer une application efficace du plan d’action relatif aux résolutions 1325 et 1820 du Conseil de Sécurité sur les femmes, la paix, la sécurité, notamment en luttant contre les violences sexuelles et en améliorant la participation des femmes à la vie publique.


M. Koroma a également réaffirmé son engagement en faveur d’une presse libre, faisant noter qu’aucun journaliste n’avait été emprisonné depuis son accession à la présidence et citant la transformation du service national de radio télévision national en une compagnie indépendante.


Pour la première fois de son histoire, la Sierra Leone a lancé un programme de soins médicaux gratuits pour les mères et les enfants de moins de cinq ans.  Elle a aussi commencé à commercialiser ses produits agricoles, notamment par la création de coopératives agricoles.  Elle a fait des progrès importants dans la construction des infrastructures routières et la réhabilitation du réseau électrique.  Elle a passé des étapes importantes pour attirer des investissements étrangers.


Malgré tous ces progrès, de nombreux obstacles existent, a déclaré M. Koroma.  La Sierra Leone a encore besoin d’améliorer sa capacité de protéger les droits de l’homme, d’établir une bonne gouvernance et de combattre la corruption et le trafic des drogues.  Le pays aura besoin d’une assistance technique, de la coopération internationale, des investissements privés et du transfert de technologies.


Enfin, M. Koroma a fait état de l’injustice historique infligée à l’Afrique, seul continent à ne pas avoir de siège permanent au Conseil de Sécurité.  Pour que le Conseil de sécurité maintienne sa pertinence dans un système des Nations Unies réorganisé, l’Afrique réclame des sièges permanents avec droit de veto.


M. JALAL TALABANI, Président de la République d’Iraq, a affirmé que depuis sa dernière intervention l’an dernier devant l’Assemblée, son pays avait connu des changements significatifs, en particulier une diminution de la violence et une amélioration appréciable de la sécurité.  En dépit d’actes terroristes ciblant des civils innocents çà et là, la sécurité accrue a jeté les bases du retrait des Forces de combat américaines opérant en Iraq.  Le retrait complet de ces Forces, le 31 août 2010, fait suite à l’Accord bilatéral, signé par les deux parties le 17 novembre 2008.  Cette année a également été marquée par le succès des élections législatives du 7 mars 2010, qui ont suscité un intérêt considérable aux plans arabe, régional et international.  Il a rappelé que la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) ainsi que les observateurs de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), de la Ligue des États arabes, de la communauté internationale et des organisations de la société civile, avaient tous exprimé leur conviction que ces élections s’étaient déroulées d’une manière transparente et équitable. 


D’autre part, a ajouté M. Talabani, l’amélioration de la sécurité a encouragé de nombreux pays arabes et étrangers à rouvrir leurs missions diplomatiques, aidant ainsi à réactiver les relations de l’Iraq aux niveaux régional et international.  Il a auguré que le fait que son pays assume la présidence de la session actuelle de la Ligue des États arabes et qu’il assurera, en mars prochain, celle de la Conférence arabe au sommet, ne manquera pas de contribuer à la promotion du rôle de l’Iraq à l’échelle régionale et à son retour en tant que membre responsable au sein de la communauté internationale.


Au niveau national, M. Talabani a indiqué que son pays avait lancé, le 4 avril 2010, un Plan quinquennal de développement national (2010-2014) qui contient environ 2 700 projets stratégiques dans différents secteurs d’un coût total de 186 milliards de dollars.  Ce Plan favorisera le développement de l’économie et l’amélioration de la qualité des prestations aux Iraquiens et la création de quatre millions d’emplois.  D’autre part, les Iraquiennes jouissent d’un statut important dans le nouvel Iraq, a-t-il commenté, en soulignant l’égalité des droits politiques entre hommes et femmes et l’adoption, pour la première fois depuis des décennies, d’un système de quota de 25% de sièges réservés aux femmes dans le Conseil des représentants de l’Iraq.  Elles occupent également des portefeuilles ministériels et représentent leur pays en tant qu’ambassadrices après avoir été privées de leurs droits pendant plus de 30 années. 


Abordant la question du nucléaire iranien, il a affirmé le droit légitime des États à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et a exhorté à rechercher une solution pacifique à cette problématique, par la voie du dialogue et de la diplomatie.  Toute escalade en la matière serait préjudiciable aux intérêts de toutes les parties, a-t-il prévenu en ajoutant qu’elle mettrait également en péril la sécurité de la région.


À l’heure actuelle, a-t-il poursuivi, le principal problème pour l’Iraq consiste à se défaire du fardeau des résolutions adoptées au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.  Il a ainsi cité la résolution 1859 (2008) du Conseil de sécurité, et plus particulièrement des restrictions en matière de désarmement, la conclusion des contrats restants dans le cadre du programme Pétrole contre nourriture et la recherche d’un mécanisme approprié qui garantirait la protection de la monnaie iraquienne et remplacerait le Fonds de développement pour l’Iraq et le Conseil international de conseil et de suivi pour l’Iraq.  Il a indiqué que son pays comptait sérieusement régler ces problèmes cette année même.  M. Talabani a enfin déclaré que le moment était venu pour que le Conseil de sécurité révise toutes les résolutions adoptées contre l’Iraq au titre du Chapitre VII, en commençant par la résolution 661 (1990), de sorte à rétablir le pays dans sa position internationale antérieure à l’adoption de ces résolutions.


M. DJIBO SALOU, Président de la République du Niger, a déclaré que le Conseil Suprême s’était donné comme objectif principal, dès le 18 février 2010, de prendre toutes les décisions susceptibles d’apaiser la vie politico-sociale du pays.  Dans ce but, il a construit son programme de gouvernement autour de trois axes: la restauration de la démocratie; l’assainissement de la situation politique et économique en luttant contre l’impunité, la corruption et les trafics d’influence; la réconciliation des nigériens.  Il a précisé que la Commission électorale nationale indépendante avait arrêté un chronogramme des élections générales –qui se tiendront du 31 octobre 2010 au 6 avril 2011- et un projet de budget afférent à l’organisation des sept scrutins prévus.  Il a exhorté la communauté internationale à accompagner les efforts électoraux du Niger. 


M. Salou a également fait état de la mise en place, le 11 mai 2010, d’une Commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale et pour la bonne gouvernance.  Parallèlement, a également été établie une haute autorité pour la réconciliation et la consolidation de la démocratie, a-t-il dit.  Il a salué l’appui concret des partenaires internationaux pour la mise en place d’un Dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires qui a mené des actions d’atténuation de la crise.  Il s’est félicité que la sécurité alimentaire figure en bonne place parmi les thèmes sur lesquels la présente session de l’Assemblée générale mettra l’accent. 


En ce qui concerne la situation sur le continent africain, M. Salou s’est réjoui de la tenue d’élections libres, transparentes et justes au Soudan et au Burundi.  Il a salué la décision de la Côte d’Ivoire d’organiser incessamment des élections.  Il a précisé que c’est seulement sous cette condition que la Côte d’Ivoire retrouvera cette stabilité et cette quiétude qui lui permettront de jouer pleinement son rôle de locomotive en Afrique de l’Ouest.  Il a formé le vœu de progrès significatifs sur le plan politique dans d’autres pays comme la République centrafricaine, les Comores, la Somalie, Madagascar, la région des Grands Lacs et le Darfour. 


Parmi les autres menaces, il a cité le terrorisme, le trafic de stupéfiants et la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC).  L’enlèvement, la semaine dernière, de ressortissants étrangers dans le nord du Niger vient rappeler la gravité de la situation et l’urgence de prendre les mesures nécessaires pour faire face avec efficacité à cette menace contre la paix, la sécurité et le développement de nos pays, a-t-il affirmé. 


Dans le domaine des Objectifs du Millénaire pour le développement, il a estimé que la Réunion de haut niveau qui s’est tenue du 20 au 22 septembre dernier avait été une réelle opportunité pour la communauté internationale de traiter de manière plus appropriée de nombreux sujets de préoccupation et de faire le lien entre la réalisation des OMD et la disponibilité des ressources nécessaires. 


M. STEVEN VANACKERE, Ministre des affaires étrangères de la Belgique, a demandé ce que valait la gouvernance mondiale si elle ne dépassait pas le stade du discours.  Selon lui, l’obligation d’agir est une responsabilité mondiale et partagée.  Il a également insisté sur le fait qu’il ne pouvait y avoir de développement sans sécurité, et inversement, et que les deux dépendent du respect des droits de l’homme et de l’état de droit.  Pour le Ministre, les affaires internationales doivent être régies par le droit international.  La Belgique, a-t-il dit, plaide en faveur de la reconnaissance universelle de la compétence de la Cour internationale de Justice et de la Cour pénale internationale (CPI).  Si tous les pays souscrivaient à ce point de vue, le monde se rapprocherait d’un système international efficace et responsable, a déclaré le Ministre qui a également appelé au renforcement des instruments internationaux et régionaux en matière de droits de l’homme. 


Sur les questions relatives à la sécurité, le Ministre s’est félicité des résultats obtenus cette année par la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, saisissant l’occasion de dénoncer l’Iran et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) pour ne pas accepter de se soumettre au régime d’inspection de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), ce qui, a-t-il dit, compromet la sécurité internationale.  Le Ministre a également souligné que les Objectifs du Millénaire pour le développement et les négociations sur les changements climatiques constituaient une priorité du XXIe siècle pour son gouvernement.  S’agissant de la situation en République démocratique du Congo, le Ministre a expliqué que son pays se félicitait du mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation dans ce pays (MONUSCO) qui intègre le volet consolidation de la paix.  Il a souligné que la lutte contre l’impunité passerait avant tout par un renforcement de l’état de droit, et qu’il s’agissait là d’une responsabilité première des autorités congolaises. 


M. JEAN-MARIE EHOUZOU, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine, de la francophonie et des Béninois de l’extérieur, a salué l’ambition de bâtir une Organisation des Nations Unies « forte, inclusive et ouverte en tant que garante de la gouvernance mondiale ».  Après avoir rappelé la raison d’être des Nations Unies, à savoir donner un cadre de référence et de convergence universelle pour la coordination des politiques nationales et pour la gestion des intérêts entre les États, le Ministre a souligné l’importance de tenir compte de l’échéancier fixé pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, compte tenu des difficultés additionnelles posées par les crises économique et financière.  « Il est du devoir de la communauté internationale de mobiliser les ressources nécessaires pour corriger les graves distorsions qui sont à l’origine de ces crises », a-t-il souligné. 


Selon le Ministre, si les pays vulnérables sont tenus de réaliser les investissements leur permettant de relancer la production agricole et pour assurer une croissance durable, les Nations Unies doivent, de leur côté, user « de toute leur influence » pour aider ces pays à aider leurs populations vulnérables.  « Le moment est venu de donner au droit à l’alimentation une signification, car il est intolérable que la faim continue de faire partie des souffrances humaines au XXIe siècle. »


Le Ministre a estimé que pour le court terme la priorité devait être donnée au renforcement des systèmes de protection sociale dans les pays à faible revenu, et à l’activation de capacités dormantes de production locale par la promotion des petites et moyennes entreprises agricoles.  Pour le plus long terme, il a suggéré que soient repensées les politiques de promotion des investissements dans l’agriculture, dans une perspective de sécurité alimentaire.  Sur ce point, il a salué la proposition de relever de 3% à 10% la part de l’agriculture dans l’aide publique au développement, rappelant aussi que son pays était un pays agricole et que cette activité devait servir de tremplin pour son développement.  Évoquant le problème de la dégradation des sols, de l’érosion côtière et des conséquences des inondations dont souffre l’Afrique de l’Ouest, il a exprimé sa haute appréciation pour le travail du secrétariat de la Convention-cadre sur la lutte contre la désertification, notant qu’il importe de consacrer davantage de ressources à la mise en œuvre de cette Convention, ce avec un sens aigu de l’urgence de l’aide aux régions affectées.  Enfin, il a appelé à un renforcement de la représentation des pays en développement dans les organes de décision des institutions financières internationales.


Droit de réponse


Le représentant de la République islamique d’Iran a jugé les allégations de la Belgique contre le programme nucléaire de son pays dénuées de fondement.  Les activités nucléaires de l’Iran se mènent à des fins pacifiques, comme l’a confirmé l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a affirmé le représentant.  Il a rappelé le droit inaliénable de tout État Membre et de tout pays à l’énergie nucléaire et affirmé que l’engagement de son pays en faveur de la non-prolifération restait intact.


Le représentant de la Belgique a rappelé que son pays est membre de l’Union européenne et qu’en tant que tel, il adhère pleinement à la position de cette dernière sur le programme nucléaire iranien.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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