Soixante-dix-neuvième session
Séance spéciale – matin
AG/PAL/1475

La Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien doit marquer cette année un point d’inflexion devant la tragédie en cours à Gaza et en Cisjordanie

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Cette année, la célébration de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien est « particulièrement douloureuse », les objectifs fondamentaux de vie dans la dignité et de justice pour les Palestiniens, notamment leur droit à l’autodétermination, paraissant « plus éloignés que jamais ».  C’est en ces termes que la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, qui s’exprimait au nom du Secrétaire général, a marqué la commémoration annuelle de cette Journée, observée le 29 novembre, mais que le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a choisi de marquer ce matin. 

C’est en effet une tragédie et une souffrance sans précédent qui se déroulent sous nos yeux, a renchéri le Président du Comité, M. Cheikh Niang, qui a souhaité que cette Journée marque un véritable « point d’inflexion » et serve de « rappel solennel » des promesses non tenues, du déni des droits, et de l’injustice historique endurée par le peuple palestinien depuis 75 ans, un appel soutenu par les États Membres du Mouvement des pays non alignés et de l’Union africaine. 

Si rien ne peut justifier les attaques terroristes perpétrées le 7 octobre en Israël par le Hamas et la prise d’otages israéliens par ses militants, rien non plus ne peut justifier le châtiment collectif infligé au peuple palestinien en représailles, a souligné la Vice-Secrétaire générale, en déplorant qu’un an plus tard, Gaza soit en ruines, avec plus de 43 000 Palestiniens tués, et en proie à une crise humanitaire qui s’aggrave de jour en jour.  Devant cette situation « épouvantable et inexcusable », Mme Mohammed a appelé à un cessez-le-feu immédiat, à la libération sans condition des otages et à la fin de l’occupation du territoire palestinien, dont l’illégalité a été confirmée par des décisions récentes de la Cour internationale de Justice (CIJ) et de l’Assemblée générale. 

Un constat partagé unanimement par les intervenants qui se sont succédé à la tribune ce matin.  « Le statu quo est intenable », a reconnu la représentante du Royaume-Uni, Mme Barbara Woodward, venue s’exprimer en sa qualité de Présidente du Conseil de sécurité ce mois-ci, un organe critiqué à plusieurs reprises aujourd’hui pour son inertie sur ce dossier.  « Le conflit israélo-palestinien ne pourra être réglé ni par la force, ni par une occupation sans fin ou une annexion », a tranché de son côté le Président de l’Assemblée générale, M. Philémon Yang, pour qui la solution des deux États est la seule à même de garantir la paix et la sécurité pour les deux peuples. 

« Nous devons agir avec détermination pour mettre un terme à cette catastrophe humanitaire, politique, juridique, et morale », a exhorté M. Niang, en s’alarmant de l’incapacité du système international à réagir face aux violations multiples du droit international commises par Israël, et notamment du Conseil de sécurité pour faire respecter ses propres résolutions juridiquement contraignantes.  Une abdication qui reflète non seulement, selon lui, une paralysie institutionnelle, mais menace la crédibilité même de l’ONU, a-t-il mis en garde.  « Un déficit moral frappant », a ajouté le Président, puisque face à l’impunité dont jouit Israël, le peuple palestinien est livré à lui-même. 

Le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, dont la déclaration a été lue par l’Observateur permanent de l’État de Palestine, s’est demandé jusqu’à quand le monde resterait silencieux, incapable de dissuader la Puissance occupante de perpétrer ses crimes et d’établir ses responsabilités. Indigné par l’incapacité de la communauté internationale à mettre fin à l’agression, « malgré les images d’enfants massacrés qui ont choqué l’humanité », l’Observateur palestinien a dénoncé le veto américain des États-Unis la semaine dernière à une résolution du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu complet, à la veille de la Journée mondiale de l’enfance.  Pour lui, une intervention internationale est nécessaire de toute urgence pour mettre fin à cette tragédie, à commencer par la suspension d’Israël de son statut d’État Membre de l’ONU. 

Pédiatre tout juste de retour de Gaza, Mme Tanya Haj Hassan a redonné une voix et un visage aux enfants gazaouites, rendant également hommage aux personnels soignants qui y ont été tués alors qu’ils prêtaient assistance à ces malheureux.  « Nous avons soigné d’innombrables enfants qui ont perdu toute leur famille, un phénomène si fréquent qu’on a défini une catégorie spécifique: enfant blessé sans famille survivante.  Nous avons tenu la main de certains qui rendaient leur dernier souffle sans personne d’autre à leurs côtés qu’un étranger pour les réconforter.  Ceux qui ont suffisamment récupéré pour quitter l’hôpital continuent à être exposés au risque de mourir, que ce soit à cause d’un nouveau bombardement, de la famine, de la déshydratation ou d’une maladie qui prend d’assaut leurs corps affaiblis », a-t-elle relaté, les larmes aux yeux. 

« Dans quel monde sommes-nous entrés? » s’est-elle interrogée, en dénonçant un génocide et en mettant en garde contre le précédent que constitue Gaza, qui acte « la fin de l’état de droit partout dans le monde » et la négation de « la valeur de la vie palestinienne », s’est élevée Mme Haj Hassan.  Les mots que je partage aujourd’hui avec vous sont lourds de sens, mais pâlissent en comparaison de la réalité vécue par les Palestiniens depuis plus de 400 jours et les 76 ans qui ont précédé, a-t-elle poursuivi.  « Le courage et l’action des professionnels de santé palestiniens face à ce génocide constituent un modèle exemplaire pour nous tous.  La question que je vous pose est la suivante: que risquons-nous? » 

Ce qui se passe à Gaza est un « nettoyage ethnique », une « guerre d’extermination », dont le seul but est d’entériner l’occupation israélienne et d’étendre le « système haineux de discrimination raciale », « du fleuve à la mer », a tranché la Ligue arabe en accusant Israël de chercher à « liquider le projet d’un État palestinien ».  La délégation a salué l’action « courageuse » de la Cour pénale internationale (CPI), qui a émis récemment des mandats d’arrêt contre les « dirigeants de l’occupation » pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, y voyant une étape importante vers l’établissement des responsabilités. 

Pour l’Observateur permanent de l’État de Palestine, M. Riyad Mansour, le seul moyen de mettre fin à l’escalade régionale est la mise en œuvre des décisions pertinentes des Nations Unies sur la question de la Palestine, dont la résolution 2735 (2024) du Conseil de sécurité, qui appelle à garantir la fourniture d’une assistance humanitaire à Gaza, au retrait total d’Israël de ce territoire, et au retour des personnes déplacées dans leurs foyers.  Simultanément, il est impératif de rejeter les plans de Tel-Aviv visant à séparer Gaza de la Cisjordanie, de mettre fin aux colonies de peuplement, de mettre fin à l’occupation, aux meurtres, au terrorisme des colons, aux attaques contre les lieux saints, et aux tentatives de modifier le statu quo historiques dans la vieille ville de Jérusalem.  Des revendications appuyées par le Président du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, venu témoigner de la réalité quotidienne à Gaza et en Cisjordanie. 

Exprimant la gratitude du Président Abbas et des Palestiniens à tous les peuples du monde qui se sont élevés contre une occupation « illégale et odieuse », « qui a terni le visage de l’histoire par le sang », l’Observateur a estimé qu’il faut que leurs gouvernements et leurs parlements passent maintenant à l’action.  Dans ce contexte, M. Mansour a salué les efforts de l’Alliance mondiale pour la mise en œuvre de la solution des deux États (Global Alliance for the Implementation of the two-state Solution), dont la première réunion a eu lieu en Arabie saoudite la semaine dernière. 

Tous les intervenants ont reconnu le rôle essentiel que joue l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dans la fourniture d’une aide humanitaire vitale et la prestation de services dans le Territoire palestinien occupé et dans la région.  Partant du principe qu’aucune organisation ne peut se substituer à l’Office pour venir en aide à ces nécessiteux, plusieurs orateurs, dont la Présidente du Conseil de sécurité, ont exprimé leur profonde préoccupation face à l’annonce récente de l’adoption par la Knesset d’une législation visant à démanteler les opérations de cette agence onusienne. 

 

***NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE***

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.