Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 5 avril 2022
(La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)
Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:
Conseil de sécurité / Ukraine
Aujourd’hui, lors de la réunion du Conseil de sécurité sur l’Ukraine, le Secrétaire général a déclaré que la guerre dans ce pays est l’un des défis les plus grands que la communauté internationale et l’architecture mondiale de la paix, fondée sur la Charte des Nations Unies, n’aient jamais eu à affronter, compte tenu de sa nature, de son intensité et de ses conséquences.
Il a souligné que nous sommes confrontés, sur plusieurs fronts, à une véritable invasion d’un État Membre des Nations Unies, l’Ukraine, par un autre, la Fédération de Russie, un membre permanent du Conseil de sécurité, en violation de la Charte des Nations Unies et qui a parmi ses objectifs, celui de redessiner des frontières internationalement reconnues entre les deux pays.
Le Secrétaire général a souligné qu’il n’oubliera jamais les images horribles des civils tués à Boutcha et a appelé au lancement immédiat d’une enquête indépendante pour garantir l’établissement des responsabilités. Il s’est aussi dit profondément choqué par les témoignages personnels sur les viols et la violence sexuelle qui commencent à émerger.
Pour sa part, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, a noté les efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre.
Elle a salué le Gouvernement de la Turquie pour avoir accueilli des pourparlers directs entre les représentants russes et ukrainiens.
Tout progrès dans les négociations devrait être traduit rapidement en actes visibles sur le terrain, a-t-elle souligné.
De son côté, le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, a dit que le prix de la guerre est beaucoup trop élevé pour les civils ukrainiens, avec au moins 1 430 morts et quelque 11 millions de personnes forcées de fuir.
M. Griffiths a confié au Conseil de sécurité qu’il ressort des réunions qu’il a eues hier à Moscou avec la conviction que le chemin est encore long, un chemin que l’on doit parcourir et que l’on va parcourir. Il a espéré qu’il pourra se rendre demain en Ukraine pour des discussions avec de hauts responsables du Gouvernement sur les mêmes questions et évaluer de visu la réponse humanitaire.
Ukraine
Plus tôt dans la journée, l’ONU et ses partenaires humanitaires ont acheminé huit camions chargés de fournitures essentielles à Sievierodonetsk, dans l’est de la province de Louhansk, où les civils paient un très lourd tribut des combats intenses en cours. Les bombardements auraient frappé des dizaines de maisons et les hostilités affectent non seulement l’accès des gens aux produits de première nécessité mais aussi leur faculté de fuir la zone en toute sécurité.
L’électricité et le gaz de cuisine et de chauffage ont été coupés ces derniers jours, compte tenu des dégâts infligés aux infrastructures.
Des milliers de personnes dans la ville viennent de vivre six jours sans un accès adéquat à l’eau potable, étant donné que l’approvisionnement est interrompu depuis la fin du mois de mars.
Le convoi humanitaire d’aujourd’hui, facilité par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et passé par le système de notification agréé par les deux parties au conflit, a acheminé de la nourriture ainsi que des couvertures thermiques à quelque 17 000 personnes. Le convoi a aussi acheminé des générateurs d’électricité pour les hôpitaux.
Si ce nouveau convoi interinstitutions, le quatrième facilité par l’ONU, ces deux dernières semaines, a apporté une aide très attendue à Sievierodonetsk, il n’en reste pas moins que ce n’est qu’une toute petite portion de ce qu’il faut maintenant en Ukraine. Plus de 12 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, alors que l’insécurité et le manque d’accès affectent gravement la faculté des organisations humanitaires à opérer.
Les hostilités poussent toujours des milliers de gens à fuir tous les jours.
Depuis l’invasion, plus de 7,1 millions de personnes sont désormais déplacées, selon le deuxième rapport sur les déplacements de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Cela représente une hausse de 10% depuis le dernier rapport du 16 mars. Plus de 4,2 millions de personnes ont traversé les frontières pour chercher refuge dans d’autres pays. Au total, 11,3 millions de personnes ont été déracinées depuis le début de la guerre en Ukraine.
En termes de financement, les organisations humanitaires ont reçu jusqu’ici près de 610 millions de dollars, soit environ 54% du 1,1 milliard de dollars requis dans l’Appel éclair. Le nombre des gens dans le besoin augmentant tous les jours, l’ONU et ses partenaires réexaminent l’Appel pour assurer la poursuite des opérations humanitaires vitales.
République démocratique du Congo (RDC)
La Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO) a confirmé la mort d’un Casque bleu népalais, ce matin, quand les troupes ont essuyé les tirs de membres présumés de la milice CODECO. Au moment de l’accident, les Casques bleus menaient des opérations dans le territoire de Djugu, de la province de l’Ituri.
L’ONU présente ses très sincères condoléances à la famille du Casque bleu décédé ainsi qu’au Gouvernement et au peuple du Népal.
Le Secrétaire général a rendu publique une déclaration.
République du Congo / COVID-19
L’équipe de pays des Nations Unies, dirigée par le Coordonnateur résident, M. Chris Mburu, indique que 80% des zones de santé ont désormais la capacité de mettre en œuvre les plans de riposte contre la COVID-19 et d’autres crises sanitaires.
Grâce à l’appui de l’équipe de pays aux autorités, le pays a boosté la faculté des laboratoires à séquencer le virus de la COVID-19 pour détecter les mutations et à renforcer les équipes de formation à la détection précoce des cas de COVID. L’ONU a aussi travaillé avec les autorités sanitaires pour rénover et construire des centres de quarantaine et lancer une campagne numérique à l’échelle du pays pour prévenir la maladie et booster la vaccination.
La République du Congo a reçu plus de 1,8 million de doses de vaccin par le Mécanisme COVAX, dont 800 000 ont été administrées jusqu’ici.
Pour s’attaquer à l’impact socioéconomique de la pandémie et protéger les plus vulnérables, dont les enfants handicapés, les enseignants et les leaders communautaires ont été sensibilisés à l’appui préventif et psychosocial. Plus de 135 écoles et donc près de 10 000 ont reçu des produits d’hygiène pour les mains afin de prévenir la propagation de la COVID et d’autres maladies. L’équipe des Nations Unies a aussi fourni à plus 140 000 écoliers de l’enseignement primaire de la nourriture dans les écoles et plus de 22 000 autres reçoivent des kits scolaires.
Enfin, pour promouvoir une relance plus verte, plus de 9 000 jeunes gens ont été formés à la fabrication et à la maintenance du matériel d’énergie solaire.
Soudan
Les agences dans le pays indiquent que les besoins humanitaires atteignent des niveaux sans précédent, compte tenu de la crise économique, de la sécheresse prolongée et des pluies irrégulières, l’année dernière.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le nombre des gens confrontés à une insécurité alimentaire aigüe devrait doubler et passer de 9,8 millions l’année dernière à 18 millions en septembre de cette année.
Les récoltes et les produits de l’élevage ont chuté de moitié dans 14 États par rapport à la moyenne des cinq dernières années.
La production locale de céréales ne peut répondre qu’à la demande des deux tiers de la population, laissant les autres dépendre de l’aide alimentaire.
Le conflit en Ukraine cause aussi un pic dans les prix des denrées alimentaires. Le prix du blé a augmenté de 180% par rapport à la même période, l’année dernière.
Les partenaires de l’ONU demandent plus de 1,9 milliard de dollars pour aider 14,3 millions de personnes au Soudan cette année. À ce jour, ils n’ont reçu que 9% de la somme demandée.
L’année dernière, les partenaires de l’ONU ont été en mesure de distribuer une assistance vitale à plus de 8,1 millions de personnes, y compris de la nourriture, de l’eau potable et des soins de santé, malgré les fonds limités.
Yémen
M. David Gressly, Coordonnateur humanitaire pour le Yémen, a, dans une déclaration publiée hier, accueilli avec satisfaction la trêve au Yémen et exhorté toutes les parties à y adhérer et à la respecter mais aussi à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer le succès de sa mise en œuvre.
Il s’est félicité de l’engagement de laisser les pétroliers entrer dans les ports de Hodeïda, lesquels sont des points d’entrée essentiels pour le carburant, la nourriture et les produits essentiels.
Le Coordonnateur humanitaire a ajouté que la reprise de certains vols commerciaux à destination et en provenance de l’aéroport international de Sanaa sera une bonne nouvelle pour beaucoup de Yéménites, dont ceux qui attendent de partir se faire soigner ou d’étudier ailleurs et les familles qui espèrent se revoir pour les fêtes du Ramadan.
M. Gressly a aussi exhorté les donateurs à renforcer leur appui aux opérations humanitaires au Yémen, à verser rapidement les sommes promises et à honorer les engagements pris à la dernière conférence de promesses de contribution pour le Yémen. Les agences humanitaires demandent une somme de 4,27 milliards de dollars pour aider quelque 17 millions de personnes.