Soixante-seizième session,
95e & 96e séances – matin & après-midi
AG/12436

L’Assemblée générale débat du veto de la Russie contre une prolongation de 12 mois du mécanisme d’aide humanitaire transfrontière en Syrie

L’Assemblée générale a débattu aujourd’hui de l’utilisation par la Fédération de Russie de son veto, le 8 juillet dernier, au Conseil de sécurité, pour s’opposer à un projet de résolution coparrainé par l’Irlande et la Norvège visant à prolonger de 12 mois le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière en Syrie. 

Ce débat a lieu conformément à la résolution 76/262 par laquelle l’Assemblée générale a décidé de convoquer une séance dans les 10 jours ouvrables suivant l’exercice du droit de veto par un ou plusieurs membres permanents du Conseil de sécurité.  Elle était saisie pour l’occasion d’un rapport spécial du Président du Conseil de sécurité l’informant du résultat du vote avec 13 voix pour, l’opposition de la Fédération de Russie et l’abstention de la Chine. 

Insistant sur la justesse de son projet de résolution, l’Irlande a constaté que ce veto n’a pas été la fin de l’histoire, puisque quatre jours plus tard, les deux coauteurs faisaient adopter la résolution 2642 (2022) prorogeant de six mois ledit mécanisme par le maintien du poste frontière de Bab el-Haoua, une prorogation supplémentaire de six mois étant envisageable à condition d’adopter une résolution distincte.  Dès le début, nous étions clairs, a renchéri la Norvège, coporte-plume, Bab el-Haoua n’est pas seulement un poste frontière mais une véritable bouée de sauvetage pour les populations dans le besoin.   

L’aide humanitaire ne doit pas être politisée, n’ont eu de cesse de souligner les délégations, à l’instar de Cuba, les Émirats arabes unis, Singapour ainsi que l’Union européenne.  Ce veto inacceptable n’est rien moins qu’un acte abusif de la part d’un membre permanent du Conseil de sécurité, a dénoncé le Danemark, au nom des pays nordiques, les États-Unis relevant pour leur part que la Russie a utilisé le veto à 17 reprises depuis le début du conflit en Syrie. 

Ce « vote négatif » était la conséquence de la lutte d’influence stratégique entre les membres du Conseil de sécurité, « sans plus », a légitimé la Fédération de Russie qui a rappelé qu’elle était à l’origine d’un projet de résolution qui aurait prolongé de six mois puis de six mois encore ce mécanisme.  Selon la délégation, le projet de résolution de l’Irlande et de la Norvège manquait de clarté concernant notamment l’évaluation à mi-parcours des progrès du mécanisme d’aide.  Qui plus est, si ce projet était passé, la Syrie n’aurait pas pu le mettre en œuvre à cause des activités des groupes terroristes soutenus par les pays occidentaux, a soutenu la Russie. 

La position russe est une opposition légitime à une tentative occidentale de politisation et un frein posé aux tentatives de désinformation des délégations occidentales pour justifier l’imposition de mesures coercitives unilatérales injustes, a fustigé de son côté la République arabe syrienne, la Chine encourageant pour sa part au compromis. 

Au nom du Forum des îles du Pacifique, Fidji a constaté que le veto russe n’a fait que créer des incertitudes sur l’acheminement de l’aide aux deux millions de personnes qui en ont besoin, l’Union européenne relevant pour sa part qu’en raison du veto russe, le mandat actuel du mécanisme expirera en hiver, quand les besoins des habitants du nord-ouest de la Syrie seront les plus élevés.  Le Kenya a espéré pour sa part que l’échec à adopter la résolution dans un premier temps et les compromis obtenus par la suite permettront au Conseil de se montrer plus uni lors du renouvellement du mécanisme dans six mois.  

Au cours de cette séance, l’Assemblée générale a par ailleurs fait sienne la déclaration intitulée « Notre océan, notre avenir, notre responsabilité » adoptée par la Conférence sur les océans qui s’est tenue à Lisbonne du 27 juin au 1er juillet 2022 et à l’issue de laquelle les chefs d’État et de gouvernement, profondément alarmés par la situation d’urgence que connaît l’océan, se sont engagés à prendre d’urgence plusieurs mesures, fondées sur des données scientifiques et innovantes, visant à appuyer la réalisation de l’ODD 14. 

Elle a également adopté deux textes se rapportant à l’Afrique et présentés par le Pakistan, au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Dans une résolution consacrée au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) qui aborde tout un éventail de questions liées notamment aux changements climatiques, à l’égalité des genres, ou encore aux investissement étrangers directs, l’Assemblée générale se déclare vivement préoccupée par l’alourdissement de la charge de la dette de bon nombre de pays d’Afrique, aggravée par la pandémie de COVID-19.  Elle exhorte en outre les États Membres à permettre l’accès équitable, abordable et rapide, à l’échelle mondiale, aux vaccins contre la COVID-19, entre autres, y compris par l’intermédiaire de l’Organisation mondiale de la Santé et du Mécanisme COVAX. 

Dans un autre texte, portant cette fois-ci sur l’application des recommandations formulées par le Secrétaire général dans son rapport sur les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique, l’Assemblée générale se déclare gravement préoccupée par la menace croissante que le terrorisme et l’extrémisme violent représentent pour la paix, la sécurité et le développement social et économique de l’Afrique.  Elle demande notamment au Bureau de lutte contre le terrorisme d’intensifier les activités de coopération, d’assistance et de renforcement des capacités menées auprès des États Membres d’Afrique, de l’Union africaine et des organisations sous-régionales africaines. 

L’Assemblée générale a par ailleurs rejeté, à l’issue d’un vote demandé par l’Ukraine, un projet de décision qui aurait reporté l’examen d’une question subsidiaire portant sur le renforcement de la coopération internationale et coordination des efforts déployés pour étudier et atténuer le plus possible les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl.  Présenté par le Bélarus, ce texte a été rejeté par 77 voix contre, 9 voix pour et 45 abstentions. 

Le consensus a en revanche prévalu lors de l’adoption d’un texte par lequel l’Assemblée générale a décidé de convoquer la première Conférence des Nations Unies pour les annonces de contributions aux activités de développement sous sa forme modifiée, qui consiste en une convocation annuelle, au premier semestre de 2023. 

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies

RENFORCEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES: RAPPORT SPÉCIAL DU CONSEIL DE SÉCURITÉ (A/76/905)

DÉBAT CONFORMÉMENT À LA RÉSOLUTION 76/262

Déclarations

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a rappelé le vote négatif de sa délégation le 8 juillet dernier au Conseil de sécurité contre un projet de résolution présenté par l’Irlande et la Norvège demandant une prolongation d’un an du mécanisme d’aide humanitaire transfrontière en Syrie.  Il a déclaré que ce vote est la conséquence de la lutte d’influence stratégique entre les membres du Conseil de sécurité, « sans plus ».  La Fédération de Russie, a-t-il également rappelé, a présenté un projet de résolution qui aurait prolongé de six mois puis renouvelé de six mois encore ce mécanisme.  Le projet de résolution de l’Irlande et de la Norvège, a-t-il ajouté, n’était pas clair s’agissant de notre demande d’une évaluation à mi-parcours des progrès du mécanisme d’aide à la Syrie.   

Selon le délégué, ce projet n’était pas non plus clair s’agissant des situations de non-prolongation.  Il a dénoncé le refus des pays occidentaux d’appuyer le texte russe parce qu’en vérité, « ils n’ont pas l’intention de venir en aide aux populations de la Syrie, mais veulent continuer le néo-colonialisme ».  La Russie et la Syrie ne pouvaient pas accepter cela.  La Syrie ne pouvait d’ailleurs pas mettre en œuvre ce mécanisme à cause des activités des groupes terroristes soutenus par les pays occidentaux et de l’occupation des régions syriennes au-delà de l’Euphrate par les États-Unis.  Un nouveau mécanisme sur la base de la formule 6+6 est possible, a-t-il soutenu.

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a estimé que certains membres du Conseil de sécurité ont abusé du projet de résolution sur l’assistance humanitaire pour porter atteinte à la souveraineté et l’intégrité de la Syrie.  Il a appelé à éviter d’utiliser le Conseil de sécurité pour imposer la vision de quelques pays au détriment d’autres.  Il a accusé les pays occidentaux de n’avoir jamais cessé depuis un an de poser des obstacles sur la voie de la résolution 2585 (2021) en politisant la discussion sur l’assistance humanitaire plutôt que de mettre l’accent sur le soutien à des secteurs vitaux comme celui de l’accès à l’électricité.  Selon lui, la position russe est une opposition légitime à une tentative occidentale de politisation de cette résolution et un frein posé aux tentatives de désinformation des délégations occidentales pour justifier l’imposition de mesures coercitives unilatérales injustes aux terribles incidences sur la vie quotidienne de millions de Syriens.   

M. THIBAULT CAMELLI, de l’Union européenne (UE), a exprimé son profond regret face au veto opposé par la Fédération de Russie à la résolution proposée par l’Irlande et la Norvège pour un renouvellement de 12 mois du mécanisme transfrontalier à Bab el-Haoua.  Finalement, ce mécanisme a été renouvelé pour six mois, via la résolution 2642 (2022) du Conseil de sécurité, une nouvelle prolongation supplémentaire nécessitant une résolution distincte.  Notant que le maintien de l’accès humanitaire transfrontalier au nord-ouest de la Syrie est essentiel pour les 4,1 millions de Syriens qui dépendent de l’aide humanitaire vitale fournie par ce mécanisme, il a demandé au Conseil de sécurité de renouveler le mécanisme transfrontalier pour six mois supplémentaires d’ici à janvier 2023.    

À l’heure actuelle, a souligné le représentant, il n’y a tout simplement pas d’alternative viable à l’opération transfrontalière pour répondre aux besoins de millions de personnes se trouvant dans le nord-ouest de la Syrie.  Le mandat actuel expire en hiver, à un moment où les habitants du nord-ouest de la Syrie auront le plus besoin d’aide, a-t-il observé.  « Soyons clairs: les actions humanitaires qui sauvent des vies ne doivent pas être perturbées, ciblées ou politisées.  Il faut maintenir un accès sûr, sans entrave et durable à toutes les personnes dans le besoin en Syrie.  Les besoins humanitaires ont augmenté et continueront probablement à augmenter, notamment à la lumière de la crise alimentaire due à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a encore souligné le délégué.  L’UE réitère son appel en faveur d’une solution politique et reste ferme dans son engagement en faveur de cet objectif, a lancé le représentant, en rappelant qu’aucune normalisation, levée des sanctions ou reconstruction ne sera possible tant que le régime syrien ne s’engagera pas dans une transition politique, dans le cadre de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité et du processus de Genève. 

Au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), Mme MARIE-LOUISE KOCH WEGTER (Danemark) a jugé tout simplement inacceptable l’exercice du droit de veto pour empêcher le Conseil de sécurité de faire son devoir et de sauver des millions de vies vulnérables.  Rien ne saurait justifier une telle situation et ce dernier veto n’est rien moins qu’un acte abusif de la part d’un membre permanent du Conseil de sécurité.  Le représentant a compté 17 veto russes qui ont fait passer de quatre à un le nombre des postes frontière nécessaires à l’acheminement de l’aide humanitaire en Syrie.  L’Assemblée générale, a-t-il estimé, doit lancer un message clair sur le fait que l’assistance humanitaire ne saurait être politisée ni bloquée par un veto.

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (République bolivarienne du Venezuela) a estimé que cette séance plénière de l’Assemblée générale est tout simplement inutile, dans la mesure où le débat de fond sur la question a déjà eu lieu au Conseil de sécurité.  Il s’est tout de même félicité des explications de la Fédération de Russie et s’est dit convaincu que la levée de toutes les mesures coercitives unilatérales imposées à la Syrie serait bénéfique.  Il a en effet dénoncé des sanctions aux conséquences catastrophiques pour le peuple syrien et pour le travail de agences des Nations Unies et des organisations humanitaires.  Il a mis en garde contre la mentalité des affrontements et des divisions qui risque de faire reculer le monde au temps de la guerre froide.

Au nom du Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg), M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a profondément regretté le vote du 8 juillet 2022 au Conseil de sécurité et l’exercice par la Fédération de Russie de son droit de veto.  S’il s’est félicité du compromis trouvé le 12 juillet 2022 sous la forme de la résolution 2642 (2022), le délégué s’est inquiété de l’impact opérationnel d’un renouvellement limité à six mois du mécanisme transfrontalier de l’acheminement de l’aide en Syrie.  Les acteurs humanitaires, a-t-il dit craindre, risquent d’être pris dans un cycle perpétuel de planification d’urgence, au détriment de leur efficacité et de la confiance de la population dans leurs opérations.  Le fait que l’accès par le poste frontière soit toujours menacé par une épée de Damoclès diplomatique représente un fardeau psychologique supplémentaire pour la population dans le besoin.  Par son veto, la Fédération de Russie a bloqué l’acheminement d’une aide humanitaire continue et prévisible dans le nord-ouest de la Syrie, a tranché le représentant.

Au nom du Forum des îles du Pacifique, M. SATYENDRA PRASAD (Fidji) s’est dit déçu du veto russe qui n’a fait que créer des incertitudes sur l’acheminement de l’aide aux deux millions de personnes qui en ont besoin.  Ce veto est tout simplement inacceptable, a asséné le représentant, étant donné que l’aide est une exigence dérivant du droit international humanitaire.  Cette aide doit donc être à l’abri des intérêts politiques et tout le monde doit reconnaître qu’une prorogation de 12 mois du mécanisme transfrontalier est le moins que le Conseil de sécurité puisse faire.  Nous serons toujours contre le droit de veto quand il est exercé contre l’acheminement d’une aide vitale, a prévenu le représentant.

M. DONAL KENNEALLY (Irlande) a insisté sur la justesse du projet de résolution dont son pays était coauteur avec la Norvège et qui s’est heurté au véto russe.  Heureusement, a-t-il rappelé, ce veto n’a pas été la fin de l’histoire, puisque quatre jours plus tard, les deux coauteurs faisaient adopter la résolution 2542 (2022) sur le maintien du poste frontière de Bab el-Haoua.  Mais il est de plus en plus clair, a poursuivi le représentant, que le Conseil de sécurité doit être réformé et débarrassé d’un droit de veto qui pèse comme une ombre sur son travail.  Le Conseil doit écouter les membres de l’Assemblée générale qui ont leur mot à à dire, a conclu le représentant.

Mme MONA JUUL (Norvège) a dénoncé le veto russe qui a empêché l’adoption d’une résolution qui aurait mis en place une extension 6+6 de l’opération d’aide humanitaire transfrontalière en Syrie.  Cette formulation représentait déjà un compromis important par rapport aux 12 mois que le Secrétaire général et les agences humanitaires sur place présentaient comme le minimum nécessaire pour près de 4,1 millions de personnes, dont deux millions d’enfants.  Bab el-Haoua n’est pas seulement un poste frontière mais une véritable bouée de sauvetage pour les populations dans le besoin.  En tant que porte-plume du Conseil, la Norvège et l’Irlande ont toujours été claires: l’aide humanitaire doit atteindre toutes les personnes dans le besoin en Syrie.  Mais à cause d’un seul de ses membres, le Conseil a failli à sa responsabilité de faire passer les besoins des Syriens en premier, et de veiller à ce que l’aide humanitaire atteigne ceux qui en dépendent.  La représentante a donc espéré que la réunion d’aujourd’hui lancera un message fort.

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a fustigé un véto qui empêche les acteurs humanitaires de répondre dans les meilleures conditions aux besoins humanitaires de quatre millions de civils.  Elle a jugé inacceptable d’imposer de telles contraintes à des préoccupations humanitaires pourtant validées par 13 membres du Conseil de sécurité, le 8 juillet dernier.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a insisté sur l’importance de la neutralité de l’aide humanitaire.  Le conflit en Syrie ne doit pas être utilisé pour empêcher la population de recevoir de l’aide.  Celle-ci, a-t-il ajouté, doit respecter la souveraineté de la Syrie et se faire en coopération avec le Gouvernement syrien.  Le représentant a aussi dénoncé les sanctions unilatérales imposées à la Syrie qui empêchent notamment la fourniture d’électricité à une grande partie de ce pays.  

M. ÖNCÜ KEÇELI (Türkiye) a regretté que tout ait changé depuis 1945, après la création de l’ONU, à l’exception du droit de veto, ce privilège qui permet à certains membres permanents du Conseil de sécurité de poursuivre leurs intérêts particuliers.  Il a dénoncé le résultat du vote qui a empêché le renouvellement de l’autorisation donnée pour 12 mois au passage de l’aide humanitaire transfrontalière vers la Syrie. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a jugé inadmissible que la Fédération de Russie continue de jouer avec la vie de millions de personnes, en s’opposant à une prolongation minimale de 12 mois pour rendre l’aide humanitaire prévisible.  Il a accusé cette dernière de privilégier ses intérêts aux dépens des besoins humanitaires.

M. ROBERT KEITH RAE (Canada) a déclaré que les besoins humanitaires en Syrie et le soutien international à une prolongation de 12 mois du mécanisme transfrontalier ont échoué sur le veto de la Fédération de Russie qui poursuit avec la Syrie un objectif plus large.  Il n’y avait rien de politique, a affirmé le représentant, dans le projet de résolution.  Saluant tout de même une prorogation jusqu’en janvier 2023, il en a espéré une autre de six moins, sans politisation aucune.  Au principe de souveraineté brandi par certains, le représentant a opposé les droits de l’homme, également consacrés par la Charte des Nations Unies.  Ceux qui dénoncent l’unilatéralisme, a-t-il ajouté, doivent plutôt regarder l’exemple frappant qu’est l’agression non provoquée de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  L’aide, a martelé le représentant, doit pouvoir être acheminée immédiatement et sans entrave aux populations dans le besoin et le mécanisme transfrontalier ne devrait pas être le seul moyen d’y parvenir puisque 5 camions seulement sur les 800, qui étaient possibles auparavant, sont passés par Bab el-Haoua depuis le mois d’août 2021.

Mme JO-PHIE TANG (Singapour) s’est déclarée préoccupée par le fait que la Fédération de Russie ait utilisé son droit veto pour bloquer une résolution visant à prolonger de 12 mois l’assistance humanitaire vers la Syrie, y voyant un « mauvais précédent » pour la fourniture d’aide dans d’autres régions du monde touchées par des conflits ou des catastrophes naturelles.  Elle a récusé la politisation de l’aide humanitaire et a exhorté tous les membres du Conseil de sécurité à œuvrer ensemble dans un esprit de flexibilité sur cette question critique. 

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a souhaité que cette discussion aboutisse à des résultats positifs.  Il a salué les efforts des coauteurs de la résolution 2642 (2022) du Conseil de sécurité tout en regrettant l’emploi du veto, responsable d’un niveau d’imprévisibilité élevé et dangereux pour l’aide humanitaire.  Nous nous trouverons dans une situation dans laquelle le prochain renouvellement doit avoir lieu en plein hiver quand les besoins humanitaires atteindront un pic, s’est-il inquiété.  Il a ensuite indiqué n’avoir trouvé aucune argumentation de nature à comprendre les freins du Gouvernement syrien.

M. JUSTIN PETER FEPULEAI (Nouvelle-Zélande) a dénoncé le veto russe contre une bonne résolution humanitaire présentée par l’Irlande et la Norvège.  Le choix de la Fédération de Russie a provoqué un retard tout à fait inutile dans l’acheminement de l’aide et partant, des souffrances humaines tout aussi inutiles.  Le représentant a douté des explications de la Fédération de Russie, soulignant plutôt que la prolongation de six mois du mécanisme transfrontalier a semé l’incertitude parmi les acteurs humanitaires.  Il a dénoncé la tendance de la Fédération de Russie d’abuser de son droit de veto, satisfait tout de même du fait que lorsque le Conseil de sécurité est paralysé, l’Assemblée générale puisse agir.

Regrettant à son tour une prorogation limitée à six mois, M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a rejeté d’emblée l’idée d’un autre exercice du droit de veto en janvier 2023.  Il a dit craindre une autre couche d’incertitude en plein hiver parmi les populations et les acteurs humanitaires.  Soulignant l’insuffisance d’un seul poste frontière, il a espéré une prorogation du mécanisme strictement fondée sur l’ampleur des besoins humanitaires.  Le veto, a-t-il prévenu, ne saurait devenir un passe-droit pour violer le droit international et bloquer les projets humanitaires.  Le représentant a conclu en appelant au renvoi de la situation en Syrie à la Cour pénale internationale (CPI) et en exhortant le Conseil à faire preuve d’unité face aux questions humanitaires.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a constaté que le compromis trouvé au sein du Conseil de sécurité sur le mécanisme d’assistance humanitaire transfrontalière pour la Syrie a permis d’éviter le pire.  Mais le veto russe du 8 juillet a pourtant bloqué une prolongation de 12 mois, qui aurait été essentielle pour garantir une planification adéquate dans l’acheminement de l’aide à des personnes particulièrement vulnérables.  Depuis 2011, a rappelé l’intervenante, la Suisse a débloqué plus de 600 millions de dollars en faveur de la population touchée par la crise en Syrie et dans les pays voisins.  Nous devons assurer que les organisations humanitaires puissent planifier leurs opérations de manière judicieuse et nous devons éviter que des hommes, femmes et enfants au nord-ouest de la Syrie ne soient exposés sans assistance à un hiver rigoureux, a insisté la représentante.  

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) s’est inquiété du risque d’une interruption d’une aide humanitaire vitale pour des millions de personnes en raison des risques de politisation de cette aide.  La résolution 2642 (2022) n’est pas une panacée mais permet d’établir un équilibre entre les vues des différents membres du Conseil de sécurité, a-t-il estimé.  Le représentant s’est par ailleurs demandé si les discussions d’aujourd’hui ne vont pas au-delà des prérogatives de la résolution 76/262 de l’Assemblée générale.

M. MITCHELL FIFIELD (Australie) s’est dit préoccupé par le veto russe et le risque de perturber l’acheminement de l’aide humanité avec une prorogation limitée à six mois.  En janvier 2023, une autre prorogation de six mois sera essentielle, a-t-il souligné, en plaidant pour une aide humanitaire à l’abri des intérêts politiques.  Il a rappelé que depuis le début du conflit en Syrie, son pays a versé 500 millions de dollars australiens pour les réfugiés syriens dans les pays voisins de la Syrie.

L’aide humanitaire ne saurait devenir l’otage des considérations stratégiques aux dépens de ses principes d’impartialité et de neutralité, s’est impatientée M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique).  Il a encouragé tous les membres actuels et futurs du Conseil de sécurité à rechercher une solution durable qui permette le fonctionnement des organisations humanitaires en Syrie et une prorogation du mécanisme transfrontalier strictement fondée sur les besoins de la population syrienne.  Il a condamné, dans ce cadre, le dernier veto qui met en péril l’accès à l’aide humanitaire, dans un conflit de plus de 10 ans.

M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée - RPDC) a accusé les pays occidentaux de politiser l’aide humanitaire, soulignant que toute décision sur la Syrie doit respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de de ce pays.  Il a également relevé que ces mêmes pays occidentaux qui ont critiqué le veto russe ont eux-mêmes voté contre le projet de résolution de la Russie.  L’aide humanitaire doit être transparente, non sélective et non politisée, a-t-il insisté. 

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a regretté l’utilisation d’un veto en contradiction avec l’unanimité affichée par les 10 membres non permanents du Conseil de sécurité.  Il salué la contribution de l’Irlande et de la Norvège, en tant que coauteurs de la résolution 2642 (2022), pour préserver le mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière.  Il a exhorté les membres du Conseil de sécurité à ne pas attendre la prochaine période de renouvellement pour avancer sur cette question.   

Rappelant la gravité de la crise humanitaire en Syrie, M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon)a mis l’accent sur l’importance d’une prorogation de 12 mois du mécanisme transfrontalier en Syrie.  Il a donc dénoncé le veto russe mais salué le compromis trouvé le 12 juillet sur une prorogation de six mois.  Il a encouragé les membres du Conseil à faire de même, en janvier 2023, arguant que sans solution politique à la crise syrienne, l’aide humanitaire restera essentielle.  Depuis 2012, le Japon a versé 3,2 milliards de dollars pour l’aide humanitaire en Syrie et dans les pays voisins, a rappelé le représentant. 

M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar) a souligné l’importance de garantir la fourniture d’une aide humanitaire transfrontalière au peuple syrien, avant de dénoncer l’obstruction au mécanisme, qui entraverait le travail des agences humanitaires sur le terrain.  Le représentant a réitéré son soutien au processus mené par l’ONU pour aider les Syriens à trouver une solution politique, conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a regretté le veto de la Russie contre le renouvèlement pour 12 mois du passage de Bab el-Haoua et a appelé à garantir le renouvèlement de la résolution 2642 (2022) en janvier 2023.  L’aide humanitaire ne doit jamais être politisée, a-t-elle insisté.

La représentante de l’Estonie a profondément regretté que la Fédération de Russie ait choisi d’opposer son veto au projet de résolution préparé par la Norvège et l’Irlande, une réponse nécessaire, appropriée et proportionnée aux dangers encourus par la population syrienne.  Ce projet, a-t-elle dit, aurait facilité l’acheminement de l’aide humanitaire de manière durable et prévisible.  Qualifiant, par conséquent, le veto russe d’irresponsable et de cynique, elle a dit craindre pour le renouvellement du mécanisme transfrontalier en janvier prochain quand les populations syriennes seront confrontées à la rudesse de l’hiver.  Le veto, a-t-elle conclu, porte gravement atteinte à l’efficacité et à la crédibilité du Conseil de sécurité.

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) s’est dit très préoccupé par la reprise des hostilités en Syrie avant d’encourager toutes les parties à dépolitiser l’aide humanitaire afin de protéger en priorité les civils et les infrastructures civiles.  Il a indiqué que son pays a consacré plus de 10 millions d’euros à l’aide humanitaire en Syrie depuis 2014 avant de rappeler que la seule manière de résoudre la crise est de parvenir à un processus politique conforme aux exigences de la résolution 2254 (2015).

Mme JOAN MARGARITA CEDANO (République dominicaine) a insisté sur l’importance de la stabilité de la fourniture de l’aide humanitaire et s’est opposée à la fermeture des points de passage pour l’acheminement de cette aide.  Rien ne doit empêcher la fourniture prévisible de l’aide qui doit respecter les principes de neutralité et d’impartialité, a insisté la représentante qui a déploré l’incertitude dans laquelle se retrouvent les acteurs humanitaires sur le terrain.

M. JORGE VIDAL (Chili) a regretté le veto ayant empêché l’adoption de la résolution présentée par la Norvège et l’Irlande.  Ne pas agir en temps voulu ne fait que prolonger les crises et les souffrances des populations touchées par la guerre, a-t-il déploré avant de réaffirmer l’importance du droit international humanitaire.

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a rappelé que la raison du débat d’aujourd’hui est le veto opposé par la Fédération de Russie le 8 juillet 2022 au projet de résolution présenté par l’Irlande et la Norvège sur la garantie de l’acheminement de l’aide humanitaire au peuple syrien.  Le recours au veto est d’autant plus regrettable qu’en cette occasion particulière, il va à l’encontre des principes du droit humanitaire international et de l’aide humanitaire - à savoir l’humanité, la neutralité et l’indépendance, a déclaré la représentante.  

M. DAI BING (Chine) a déclaré que l’assistance humanitaire en Syrie doit être apportée dans le respect de la souveraineté nationale de ce pays.  Il a souligné que les sanctions unilatérales imposées par certains États ont causé des dégâts immenses pour la population syrienne, appelant à leur levée immédiate.  Le représentant a considéré que la résolution qui a fini par être adoptée prévoit davantage de souplesse pour la poursuite du mécanisme transfrontalier.  Au cours des consultations relatives à ce texte, la Chine a encouragé l’esprit de compromis; un esprit qui a été dissipé par la tentative des membres du Conseil de forcer un vote, ne laissant pas d’autre choix à la Russie que d’exercer son droit de veto, a-t-il déploré.  

M. LUKÁŠ PETER PRVÝ (Slovaquie) s’est dit attristé par le veto russe dans le cadre des négociations visant à parvenir à une résolution proposant une prolongation de 12 mois d’une aide humanitaire indispensable à la survie de millions de Syriens dans le nord-ouest.  Il a exhorté les membres du Conseil de sécurité à tenir leurs promesses et engagements pour garantir un nouveau renouvellement de six mois en janvier 2023.  

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a regretté la décision de la Russie d’opposer son veto au projet de résolution de l’Irlande et de la Norvège.  Ce veto plonge l’avenir de la population syrienne dans l’incertitude et crée une situation incroyablement complexe pour le système humanitaire.  Le pire, c’est qu’un renouvellement à court terme est moins efficace pour favoriser les projets de relèvement précoce, demandés par la Russie elle-même, a ajouté le représentant.  Il a ensuite exhorté le Conseil à renouveler le mécanisme d’aide transfrontalière de Bab el-Haoua en janvier.

M. FAHAD M. E. H. A. MOHAMMAD (Koweït) a constaté que le droit de veto est un privilège qui n’est garanti qu’à cinq États, rappelant à cet égard l’existence de la proposition franco-mexicaine sur les restrictions de l’usage du droit de veto.  Compte tenu de la catastrophe en cours en Syrie depuis 11 ans, le Koweït a adopté une approche humanitaire qui se traduit par des donations importantes et l’accueil de réfugiés, a indiqué le représentant, en soulignant la contribution de son gouvernement aux négociations ayant permis le renouvellement du mécanisme transfrontalier par le passé, lorsque le Koweït siégeait au Conseil de sécurité. 

Mme HEBA MOSTAFA MOSTAFA RIZK (Égypte) a déclaré qu’il était très important de créer un environnement de nature à améliorer la situation sur le terrain en Syrie, en mettant en place un cessez-le-feu national, en apportant à la population locale l’aide humanitaire dont elle a besoin et en œuvrant au retour des réfugiés.  Elle s’est dite satisfaite par l’adoption de la résolution 2642 (2022) du Conseil de sécurité.  

M. MOHAMMED ABDULAZIZ H. ALATEEK (Arabie saoudite) a salué les efforts déployés par la Norvège et l’Irlande pour parvenir à l’adoption de la résolution 2642 permettant de proroger le mécanisme d’assistance transfrontalière en Syrie, même s’il n’a pu être prolongé que de six mois.  Il a souligné la détermination de son pays à soutenir des projets humanitaires en faveur du peuple syrien via le Centre Roi Salman pour l’aide humanitaire.  Il a appelé à la poursuite d’une coopération constructive visant à parvenir à un consensus qui permettra d’atténuer les souffrances humaines subies par les civils et les groupes les plus vulnérables.   

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a déclaré que la Russie a eu recours 17 fois au veto depuis 2011 pour protéger les exactions du régime syrien, minant ainsi le travail du Conseil de sécurité sur la Syrie.  Il a averti que l’opposition russe à une résolution proposant une prolongation de l’aide humanitaire transfrontalière de 12 mois risque de voir les réfugiés syriens se retrouver sans couvertures, sans fioul pour le chauffage et sans nourriture au mois de janvier, un des mois les plus froids de l’année.  Il a exhorté la Fédération de Russie à s’abstenir de toute politisation de l’aide humanitaire qui complique les travaux des organisations humanitaires.  Ce veto russe limite les capacités des acteurs humanitaires d’anticiper et de prévoir l’aide humanitaires mais aussi de recruter, a-t-il indiqué.

Mme NJAMBI KINYUNGU (Kenya) a rappelé que son pays a été au mois de juillet coordonnateur du groupe des 10 États Membres élus au Conseil de sécurité qui a exprimé son unité en faveur d’un renouvellement de 12 mois du mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière.  L’unité des membres non permanents est un pilier important d’un Conseil de sécurité efficace, a-t-elle estimé.  Elle a appelé à renforcer le rôle des membres élus sur le plan procédural et à en tenir compte dans le cadre de la réforme du Conseil de sécurité, jugeant en outre important d’en faire une passerelle pour permettre aux membres permanents de réaliser les compromis nécessaires.  La représentante a espéré que l’échec à adopter la résolution dans un premier temps et les compromis obtenus par la suite permettront au Conseil de se montrer plus uni lors du renouvellement du mécanisme dans six mois.

M. RICHARD CROKER (Royaume-Uni) a dénoncé le recours unilatéral au droit de veto par la Fédération de Russie pour bloquer un mécanisme d’aide humanitaire.  Aucune tentative de désinformation ne changera rien à ce fait, a-t-il assuré. 

M. YURI ARIEL GALA LÓPEZ (Cuba) a rejeté toute politisation de l’aide humanitaire.  Il a particulièrement fustigé les mesures coercitives unilatérales imposées par certains et qui sont responsables de souffrances immenses du peuple syrien. 

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a appelé le Conseil de sécurité à agir de manière responsable sur la base de la Charte, conformément aux buts et principes des Nations Unies.  Il a reconnu les efforts déployés pour adopter la résolution 2642 (2022) sur l’aide humanitaire en Syrie, tout en estimant que dans des circonstances aussi complexes que celles de la Syrie, il est nécessaire d’agir en temps utile pour aider la population civile dans le besoin.   

M. WADID BENAABOU (France) a regretté l’utilisation du veto par la Russie.  Il a déploré un renouvellement précaire du mécanisme humanitaire transfrontalier pour seulement six mois, expirant au creux de l’hiver, au moment où l’aide est la plus indispensable, et sans garantie ferme de reconduction.  Il a dit que le Conseil de sécurité n’a donc pas été à la hauteur de ses responsabilités, en ignorant l’appel du Secrétaire général et de l’ensemble de la communauté humanitaire à renouveler ce mécanisme pour 12 mois.  Même si les convois « crossline » étaient déployés régulièrement, ils ne pourraient se substituer aux 800 camions d’aide qui franchissent chaque mois la frontière turque, a indiqué le représentant avant de rappeler que 96% des financements humanitaires annoncés pour l’année 2022 lors de la Conférence Bruxelles VI proviennent des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, de la Norvège et du Japon ainsi que de l’Union européenne.

Mme SHAHD JAMAL YOUSUF IBRAHIM MATAR (Émirats arabes unis) a déclaré que, bien qu’elle aurait souhaité que le mécanisme d’aide transfrontalière en Syrie soit prolongé de 12 mois, la résolution 2642 (2022) contient des ajouts essentiels qui fournissent un cadre permettant de faire face à la situation humanitaire en Syrie de manière plus durable et à plus grande échelle.  Par exemple, elle appelle à une intensification des projets de relèvement rapide, y compris la fourniture d’électricité au peuple syrien.  Elle a exhorté les États membres à se concentrer sur la dimension humanitaire de ce dossier et à éviter toute politisation.   Lorsque le mécanisme transfrontalier sera discuté en janvier prochain, les besoins du peuple syrien devront être pris en considération avant toute autre question, a-t-elle souligné.

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a déclaré que la résolution humanitaire est prise en otage pour servir un dessein politique consistant à soutenir le régime syrien.  « C’est immoral et inacceptable », a-t-elle affirmé avant de rappeler l’obligation des parties à un conflit de permettre la distribution de l’aide humanitaire.  Elle a appelé l’Assemblée générale à réfléchir à une voie à suivre pour garantir la distribution de l’aide humanitaire au cas où une résolution serait à nouveau bloquée.  La représentante a ensuite exhorté la Russie à ne plus utiliser son veto lors de la mise aux voix d’une résolution humanitaire. 

Mme ANITA KÓKAI (Hongrie) a estimé que ce conflit qui dure depuis 11 ans doit être la priorité de la communauté internationale.  « L’accès humanitaire transfrontalier est essentiel », a-t-elle ajouté. 

M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua) a considéré que la résolution 2642 (2022) du Conseil de sécurité était le résultat de négociations justes, après la tentative des pays occidentaux de passer en force avec un premier texte qui représentait une violation flagrante la souveraineté de la Syrie.  Les sanctions unilatérales sont criminelles et doivent être levées pour que puisse se relever ce pays détruit par le terrorisme et les ingérences étrangères. 

M. JORGE EDUARDO FERREIRA SILVA ARANDA (Portugal) a regretté le veto russe et exhorté les membres du Conseil à proroger le mécanisme transfrontalier, dans six mois, au moment où l’hiver s’installera en Syrie.

M. EVGENY SHAEV (Bélarus) s’est inquiété des « contradictions profondes » qui demeurent entre les membres permanents du Conseil de sécurité en raison d’une politisation des questions humanitaires.  Il ne faut pas considérer le veto comme un privilège mais un droit qui doit uniquement servir à préserver la paix et sécurité internationales sur la planète, a-t-il soutenu.  Pour le représentant bélarusse, le projet de résolution humanitaire proposé par la Russie pose la question de la pertinence de cette réunion, le mécanisme humanitaire transfrontalier ayant effectivement été prolongé.    

M. CHO HYUN (République de Corée) s’est déclaré soulagé de l’adoption de la résolution 2642 (2022) qui a préservé l’ouverture du point de passage transfrontalier de Bab el-Haoua, tout en s’inquiétant du statut précaire du mandat conféré par ce texte.  Regrettant l’usage du veto à quatre reprises cette année pour bloquer l’action du Conseil de sécurité dans des domaines aussi cruciaux que les changements climatiques, l’agression, l’aide humanitaire, ou la non-prolifération, le représentant coréen a jugé indispensable de limiter le recours à une pratique qui mine les capacités et la crédibilité du Conseil de sécurité.

M. PAUL BERESFORD-HILL, Observateur permanent de l’Ordre souverain de Malte, a prévenu qu’une prorogation de seulement six mois du mécanisme transfrontalier est insuffisante pour préparer une autre stratégie durable et répondre aux besoins des civils syriens.  Il s’est dit profondément préoccupé par le manque de respect croissant du droit international humanitaire par la communauté internationale.  Il a exhorté les États, et en particulier ceux du Conseil de sécurité, à mettre leurs intérêts politiques de côté et à se concentrer sur les laissés-pour-compte.

DÉCISIONS SUR LES PROJETS DE DÉCISION ET DE RÉSOLUTION

Organisation des travaux, adoption de l’ordre du jour et répartition des questions inscrites à l’ordre du jour; Activités opérationnelles de développement: projet de décision (A/76/L.73)

Le projet de décision A/76/L.73 a été adopté sans mise aux voix et sans explication.

Développement durable; Les océans et le droit de la mer: projet de résolution (A/76/L.72)

Le projet de résolution A/76/L.72 a été adopté sans mise aux voix.

Explication de position

Le Venezuela a déclaré que son pays a décidé de soutenir la Déclaration récemment adoptée lors de la Conférence des Nations Unies sur les océans, par souci de préserver le consensus.  La délégation a toutefois exprimé de sérieuses réserves concernant les références à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, dont les normes ne sont pas applicables au Venezuela, qui n’y est pas partie. 

Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique: progrès accomplis dans la mise en œuvre et appui international: projet de résolution (A/65/L.59/Rev.1)

Le projet de résolution A/65/L.59/Rev.1 a été adopté sans mise aux voix.

Explications de position

La Hongrie et le République tchèque ont appuyé le consensus sur ce texte tout en se dissociant du paragraphe 18 du préambule qui évoque le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

Les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique: projet de résolution (A/76/L.60)

Le projet de résolution A/76/L.60 a été adopté sans mise aux voix.

Explications de position

La Hongrie s’est dissociée du paragraphe 11 de cette résolution, rappelant qu’elle n’a pas adopté le Pacte mondial sur les migrations et ne participe donc pas à sa mise en œuvre.  La délégation a ajouté que la Hongrie appelle depuis 2015 à privilégier l’assistance aux pays tiers, plutôt que de promouvoir ou faciliter la migration.  Elle a appelé à mettre l’accent sur la construction d’infrastructures de santé, d’agriculture, d’assainissement, d’eau et d’éducation dans les pays africains.  

La République tchèque a, elle aussi, souhaité se dissocier du paragraphe 11 de ce texte.

Renforcement de la coordination de l’aide humanitaire et des secours en cas de catastrophe fournis par les organismes des Nations Unies, y compris l’assistance économique spéciale: projet de décision (A/76/L.71)

Explications de vote

Après la présentation du projet de décision A/76/L.71 par le Bélarus, le représentant de l’Ukraine a rappelé qu’il y a 36 ans, le pire incident nucléaire de l’histoire avait eu lieu en Ukraine, avec des conséquences pour ce pays, ceux de la région et au-delà.  Il y a quelques semaines, la Fédération de Russie a essayé de dissimuler la gravité de cet incident, en essayant de faire croire qu’il ne s’était rien passé à la centrale nucléaire de Tchernobyl, a accusé le délégué.  Il a félicité l’ONU pour permettre la reconnaissance de l’importance de cette catastrophe, que d’aucuns cherchent à minimiser, rejetant dans la foulée les tentatives déployées pour empêcher l’Assemblée générale de prendre des mesures bien informées.  Il est difficile d’imaginer que des gouvernements responsables chercheraient à dissimuler les dangers résultant de radiations qui se jouent des frontières.  Il a donc demandé un vote enregistré sur le projet présenté par le Bélarus, en exhortant les États Membres à voter contre, pour agir de manière éclairée par rapport à cette problématique cruciale qu’est la sécurité nucléaire. 

Le projet de décision L.71 a été rejeté par 77 voix contre, 9 voix pour et 45 abstentions.

La République tchèque, au nom de l’Union européenne, a rappelé qu’en 2019, l’Assemblée générale a demandé au Secrétaire général de soumettre à sa soixante-dix-septième session un rapport sur la mise en œuvre de la résolution intitulée « renforcement de la coopération internationale et coordination des efforts déployés afin d’atténuer le plus possible les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl ».  Cette décision a été adoptée par consensus et nous ne voyons pas de raison de nous écarter de cette décision, a-t-elle estimé.  Évoquant l’évolution inquiétante autour de la centrale de Tchernobyl suite à l’agression russe contre l’Ukraine, la délégation a en outre jugé essentiel de recevoir une mise au point sur la situation actuelle et son implication sur les efforts internationaux visant à atténuer et minimiser les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl.  L’UE rejette donc la proposition du Bélarus à reporter l’examen du rapport du Secrétaire général à la soixante-dix-huitième session.

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