La Quatrième Commission débute ses travaux de fond en écoutant de hauts responsables de l’ONU sur des questions inscrites à son ordre du jour
Cet après-midi, la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation a donné le coup d’envoi des travaux de sa soixante-quinzième session en tenant une séance virtuelle au cours de laquelle ses membres ont entendu les déclarations liminaires de hauts fonctionnaires de l’ONU venus faire le point des activités respectives de leurs départements, comités spéciaux et organes respectifs durant l’année écoulée – année qui aura été marquée par les répercussions de la pandémie de COVID-19.
La Quatrième Commission a ainsi entendu un exposé de la Présidente du Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants, Mme Gillian Hirth, au titre du point de l’ordre du jour relatif aux effets des rayonnements ionisants.
À son tour, M. Satyajit Arjuna Rodrigo, de Sri Lanka, a présenté les travaux du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, qu’il préside. La Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, Mme Ilze Brands Kehris, a, quant à elle, présenté les rapports du Secrétaire général sur ce point de l’ordre du jour avant de participer à un échange de vues avec les délégations.
Passant ensuite à l’étude d’ensemble des missions politiques spéciales, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, et le Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, M. Athul Khare, ont présenté les derniers développements au sein de leurs départements respectifs avant de se livrer à un dialogue interactif avec les États Membres.
Les questions relatives à la décolonisation n’étant pas en reste, ce sont la Présidente et le Rapporteur du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, qui sont intervenus cet après-midi devant la Commission, respectivement Mme Keisha McGuire, de la Grenade, et M. Bashar Ja’afari, de la Syrie.
La Commission entendra d’autres hauts responsables de l’ONU au titre des points de son ordre du jour, lundi prochain, 12 octobre, à 10 heures, à nouveau dans le cadre d’une séance virtuelle.
Déclarations liminaires et dialogues interactifs
Effets des rayonnements ionisants
La Présidente du Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements (UNSCEAR), Mme GILLIAN HIRTH, a fait le point sur les travaux du Comité depuis juin 2019. Elle a rappelé que ce Comité avait été créé en 1955 et produit des rapports scientifiques qui sont une ressource précieuse pour la communauté scientifique, les pays et les organisations internationales. Au cours d’une année normale, le Comité aurait tenu sa soixante-septième session annuelle à Vienne du 13 au 17 juillet 2020, mais à cause de la pandémie, il a été décidé de la tenir ultérieurement sous forme de réunion formelle en ligne du 2 au 6 novembre 2020. L’exposé de Mme Hirth est donc un rapport d’activité intersession, conformément à la note A/75/46.
En ce moment, le Comité a sept projets en cours. Ceux-ci sont développés par le biais de groupes d’experts et de deux groupes de travail ad hoc qui traitent de tâches transversales. Malgré la pandémie, ces groupes, composés d’environ 140 experts, ont continué à progresser grâce aux réunions en ligne.
Comme prévu, le 4 mai 2020, le Secrétariat a envoyé trois projets d’annexes scientifiques pour examen par le Comité scientifique pour approbation. Même si la session a été reportée, le Bureau a décidé qu’il serait avantageux de continuer à recueillir les observations du Comité comme prévu et d’organiser des réunions informelles en ligne avec des représentants des États membres du Comité en juillet 2020, a expliqué Mme Hirth. Cela a permis aux groupes d’experts scientifiques de faire part de leurs commentaires sur toute question majeure relative à ces trois projets d’annexes qui portent respectivement sur l’évaluation de l’exposition médicale aux rayonnements ionisants; les mécanismes biologiques pertinents pour la déduction des risques de cancer dus aux rayonnements à faible dose, et les niveaux et effets de l’exposition aux rayonnements dus à l’accident survenu dans la Centrale nucléaire de Fukushima Daiich: implications et informations publiées depuis le rapport UNSCEAR 2013. Ces trois projets d’annexes devraient être approuvés pour publication lors de la réunion officielle de la soixante-septième session du Comité en novembre 2020, a annoncé sa Présidente.
Le futur programme de travail proposé pour 2020-2024 a également été examiné et discuté en juillet par le Comité scientifique qui espère qu’il sera approuvé à la soixante-septième session. En outre, trois nouvelles évaluations scientifiques ont été lancées depuis la précédente session, a indiqué Mme Hirth. Elles portent sur les thématiques suivantes: Deuxième cancer primitif après radiothérapie ; Études épidémiologiques des rayonnements et du cancer; et Exposition du public due aux rayonnements ionisants provenant de sources naturelles et artificielles. Lors de sa soixante-septième session, le Comité scientifique examinera également les progrès faits dans ces trois nouveaux projets.
Le Comité scientifique recevra également une mise à jour sur la mise en œuvre de sa stratégie pour améliorer la collecte, l’analyse et la diffusion des données. À plusieurs reprises, le Secrétariat a demandé aux États Membres des Nations Unies de désigner des personnes de contact nationales pour coordonner la collecte de données dans leur pays sur les expositions médicales, professionnelles et publiques pour soutenir nos études, a rappelé Mme Hirth, ajoutant que le dernier appel en date remonte à août 2019. En septembre 2020, 87 pays avaient désigné des points focaux pour l’exposition médicale, 68 pour l’exposition professionnelle et, plus récemment, 95 pour les expositions publiques, a-t-elle précisé avant d’encourager d’autres pays à en faire de même.
La stratégie de sensibilisation pour 2020-2024 est également en cours de mise en œuvre. Un événement diplomatique a eu lieu à Vienne, en décembre 2019, et le premier bulletin d’information de l’UNSCEAR a été publié en février 2020, mais un certain nombre d’activités de sensibilisation ont été reportées en raison de la pandémie. L’achèvement du rapport de mise à jour sur l’accident de Fukushima a également été retardé. La publication de ce rapport avant le dixième anniversaire de l’accident reste une priorité élevée, a assuré Mme Hirth, mais sa présentation au Japon a été retardée et dépendra de l’évolution de la pandémie en 2021.
Avant de conclure, la Présidente du Comité a tenu à revenir sur un certain nombre de problèmes administratifs. Dans son dernier rapport à l’Assemblée générale, Mme Hirth s’était félicitée du reclassement du poste de responsable scientifique en secrétaire adjoint du Comité. Si le recrutement du Secrétaire adjoint a été lancé et bien avancé, il a été suspendu en raison de la pandémie lorsqu’un gel de tous les recrutements aux postes des Nations Unies financés sur le budget ordinaire a été mis en œuvre, a-t-elle expliqué. Le Comité scientifique encourage la finalisation de ce processus de sélection dans les meilleurs délais, afin d’assurer la continuité au sein du Secrétariat. Il note et insiste également sur l’importance de maintenir des ressources financières suffisantes et adéquates pour permettre au Comité et à son secrétariat d’exécuter le programme de travail actuel et futur de manière efficace et en temps voulu. À cet égard, la Présidente du Comité scientifique a salué les contributions faites ou promises de certains États Membres au Fonds général d’affectation spéciale de l’UNSCEAR depuis sa soixante-sixième session en citant l’Australie, la Belgique, l’Allemagne, le Japon et l’Espagne. Elle a ensuite demandé à l’Assemblée générale d’encourager les États Membres à faire régulièrement des annonces de contributions volontaires ou en nature au Comité.
Rappelant que le Comité scientifique fêtera son soixante-cinquième anniversaire en 2021, sa présidente a estimé que ce sera l’occasion pour une réflexion sur l’engagement et le travail dévoué des scientifiques du monde entier qui travaillent avec le Comité en vue de fournir une analyse indépendante et faisant autorité en matière de rayonnements ionisants.
Rapport du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés
Au nom du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, le représentant de Sri Lanka, qui le préside, M. SATYAJIT ARJUNA RODRIGO, a présenté le cinquante-deuxième rapport du Comité. Compte tenu des circonstances exceptionnelles liées à la pandémie de COVID-19, en particulier les restrictions imposées aux voyages, le Comité spécial n’a malheureusement pas été en mesure de mener ses consultations annuelles avec les États Membres à Genève et d’entreprendre sa mission annuelle dans la région. Les informations contenues dans le rapport reposent donc sur des notes d’information en ligne et des communications écrites des États Membres, des agences des Nations Unies et des représentants de la société civile, ainsi que sur la documentation soumise au Comité tout au long de l’année. Le rapport fournit des mises à jour sur plusieurs préoccupations relatives aux droits de l’homme, notamment l’annonce de plans d’annexion par le Gouvernement israélien ; l’expansion continue des colonies israéliennes et la hausse de la violence des colons ; la crise humanitaire à Gaza résultant du blocus ; le recours continu à la détention administrative ; l’impact de la COVID-19 sur les Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza ; la situation des réfugiés palestiniens et la situation des droits de l’homme dans le Golan syrien occupé. Le Comité spécial a également décidé de consacrer une partie importante de son rapport à l’impact des pratiques et politiques israéliennes sur les droits fondamentaux des femmes et des filles palestiniennes.
L’annonce par Israël de l’annexion prévue de certaines parties de la Cisjordanie et de la vallée du Jourdain a été extrêmement déconcertante pour les membres du Comité, a observé M. Rodrigo, en rappelant que des gouvernements, des organisations de la société civile et diverses entités du monde entier se sont fermement opposés à l’annexion. Bien que l’annexion de facto du territoire palestinien ait lieu quotidiennement avec l’expansion des colonies, les démolitions de maisons et la confiscation, cette « annexion de jure annoncée », si elle se concrétise, renforcerait et intensifierait encore les violations des droits de l’homme contre les Palestiniens, a souligné le Comité, ajoutant que cela constituerait une grave violation du droit international, de la Charte des Nations Unies et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
Le Comité a suivi de près l’impact de la pandémie de COVID-19 dans le territoire palestinien occupé, a indiqué M. Rodrigo. Il a signalé que, depuis juin, il a y eu une augmentation exponentielle des cas signalés et qu’au 30 septembre, il y avait près de 50 000 cas confirmés de coronavirus dans le territoire palestinien occupé, y compris à Gaza. Des mesures strictes ont été appliquées par l’Autorité palestinienne et les autorités de facto à Gaza, conduisant à une réduction temporaire des cas avant le pic actuel. Il est impératif que, dans ces circonstances exceptionnelles, une attention particulière soit accordée aux groupes vulnérables et que des mesures préventives strictes soient appliquées dans les lieux à haut risque, y compris les prisons israéliennes. Le Comité a rappelé qu’Israël, en tant que puissance occupante, est chargé de garantir le droit à la santé des Palestiniens. Dans le contexte de la pandémie, les membres du Comité exhortent donc Israël à prendre les mesures nécessaires pour garantir que les Palestiniens soient protégés de l’épidémie et aient accès aux services médicaux requis.
En ce qui concerne la situation à Gaza, le blocus est maintenant entré dans sa quatorzième année, sapant toute perspective de vie économique et sociale viable. Les rapports reçus par le Comité spécial sont profondément préoccupants: plus de 90% de l’eau de Gaza n’est pas potable en raison de la contamination de l’eau des égouts; 700 écoles fonctionnent sans électricité, le taux de chômage a atteint 45%; 47% de la population vit sous le seuil de pauvreté et 80% de la population dépend de l’aide humanitaire. Une augmentation importante des cas de COVID-19, y compris des transmissions à base communautaire, a également été signalée, accentuant encore davantage la pression sur un secteur de la santé déjà extrêmement fragile. En l’absence d’infrastructures sanitaires adéquates et d’un nombre limité de personnels de santé pour faire face à la crise actuelle et face à la flambée de cas confirmés, Gaza est au bord de la catastrophe humanitaire, s’est alarmé le Président du Comité spécial.
M. Rodrigo a enfin déclaré que les rapports reçus par le Comité spécial cette année révèlent que la situation humanitaire dans le territoire palestinien occupé et le Golan syrien occupé a continué de se détériorer considérablement. Les membres du Comité demandent au Gouvernement israélien de mettre fin à son occupation du territoire palestinien occupé et du Golan syrien, de s’attaquer immédiatement à l’impact sexospécifique de l’occupation; de cesser immédiatement tout projet d’annexion en Cisjordanie, dans la vallée du Jourdain et dans le Golan syrien occupé ; d’enquêter de manière approfondie sur les cas de recours excessif à la force ; et de renoncer rapidement à la pratique illégale des démolitions. Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, il est également impératif qu’Israël facilite l’accès aux traitements médicaux pour les Palestiniens dans le territoire palestinien occupé, en particulier à Gaza, a ajouté le Président.
Mme ILZE BRANDS KEHRIS, Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme et Directrice du Bureau de New York du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), a d’emblée attiré l’attention sur la pandémie de COVID-19 qui « fait rage » à travers le territoire palestinien occupé et Israël, félicitant les autorités palestiniennes et israéliennes de leurs efforts pour relever ce défi. L’occasion également pour elle de rappeler à « toutes les autorités » de maintenir le respect des droits de l’homme au premier plan et au centre de la réponse, y compris, en particulier, lorsqu’il s’agit d’imposer des mesures restrictives en ce moment critique.
« Les personnes les plus vulnérables, en particulier l’ensemble de la population de la bande de Gaza qui est sous blocus depuis 13 ans, doit être prioritaire », a-t-elle martelé. Mme Brands Kehris a ensuite présenté trois rapports du Secrétaire général couvrant la période allant du 1er juin 2019 au 31 mai 2020. S’agissant de celui relatif aux « pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien, dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est » (A/75/336), elle a expliqué qu’il met en évidence l’usage excessif de la force par les forces de sécurité israéliennes dans les contextes de l’application des lois, les détentions arbitraires, les mauvais traitements et la torture. Des pratiques que le Secrétaire général assimile à une « punition collective ». Ce conflit continue de se caractériser par un nombre élevé de pertes humaines et de blessés: 83 Palestiniens et 4 Israéliens tués pendant la période considérée. Tout en faisant part des graves préoccupations quant à l’usage excessif de la force par les forces de sécurité israéliennes contre les Palestiniens, notamment dans le cadre de manifestations et d’opérations de recherche et d’arrestation, Mme Brands Kehris a également fait part de son inquiétude persistante sur l’absence d’établissement des responsabilités pour ces graves violations du droit le plus fondamental: le droit à la vie et à la sécurité de la personne. Elle s’est également inquiétée du sort des enfants et des mauvais traitements subis. « Permettez-moi d’être claire: l’interdiction de la torture est absolue. »
Elle s’applique à tout moment et à tous, quel que soit le crime qu’une personne peut être soupçonnée d’avoir commis. En outre, la pratique de la détention administrative -détention en l’absence d’inculpation et jugement- s’est poursuivie. À la fin de la période considérée, Israël avait placé 352 Palestiniens, dont une femme et deux enfants, en détention administrative. Elle a demandé à Israël de mettre fin à cette pratique.
Le rapport sur les « colonies de peuplement israéliennes dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien occupé », fait, quant à lui, le point sur l’expansion continue des colonies de peuplement israéliennes illégales et sur son impact sur les droits de l’homme, a expliqué la haute fonctionnaire. Il y a eu une nouvelle hausse notable des avances et des appels d’offres pour les plans de colonisation, en particulier à Jérusalem-Est et dans ses environs, qui a connu une augmentation de 7% par rapport à la période précédente, avec des plans pour quelque 11 700 nouvelles unités en Cisjordanie approuvés ou sur le point de l’être par les autorités israéliennes. Le rapport note également l’intention déclarée du Gouvernement israélien d’annexer des parties de la Cisjordanie occupée. Quant aux démolitions, elles se sont poursuivies malgré l’épidémie de COVID-19, laissant les Palestiniens touchés sans logement adéquat, sans établissements médicaux et sans accès essentiel à l’eau, a constaté Mme Brands Kheris. Elle a relevé que les forces de sécurité israéliennes n’avaient pas réussi à protéger la population palestinienne, dénonçant le climat d’impunité dont bénéficient les colons. Elle a pointé du doigt, à cet égard, les lacunes dans le système judiciaire pour déterminer les responsabilités. Elle a, pour finir, abordé le rapport sur le « Golan syrien occupé » (A/75/328), qui résume les réponses reçues à une demande d’informations sur les mesures prises ou envisagées concernant l’application des dispositions pertinentes de la résolution 74/90 de l’Assemblée générale. La Sous-Secrétaire générale a précisé que ces réponses émanaient de la République islamique d’Iran, de l’État du Qatar et de la République arabe syrienne.
Dialogue interactif
Le représentant d’Israël a reproché au Comité spécial de continuer à nuire au processus de paix au Moyen-Orient, l’accusant d’être contreproductif pour l’objectif de paix entre Israéliens et Palestiniens, et de constituer « un gâchis » financier pour les Nations Unies qui pourraient mieux utiliser ailleurs les ressources qu’il accapare selon lui. Le Comité spécial ignore les violations des droits de l’homme commises par le Hamas et l’Autorité palestinienne contre leur propre population, a-t-il renchéri. Évoquant le récent accord de paix entre Israël, les Émirats arabes unis et le Bahreïn, la délégation israélienne a estimé qu’il conduirait à « une nouvelle ère de paix dans la région ». Elle a affirmé que plus de 1 000 roquettes palestiniennes auraient été tirées en direction de villes israéliennes au cours des quatre derniers mois, « mais aucune mention n’en est faite dans le rapport du Comité spécial ». En conclusion, Israël a déclaré que le Moyen-Orient connaît aujourd’hui un processus de transformation. « Tournons-nous vers l’avenir et façonnons l’avenir ensemble », a-t-il lancé.
De son côté, l’Afrique du Sud a regretté que les Palestiniens vivent toujours sous occupation illégale, un problème inscrit à l’ordre du jour du Conseil de sécurité depuis la création de l’ONU. La délégation a assuré que son gouvernement continuera à travailler avec d’autres États pour créer un État palestinien viable avec pour capitale Jérusalem-Est dans les frontières de 1967. Pour le Maroc, il est impératif que toute la lumière soit faite sur les pratiques infligées au peuple palestinien. La délégation a dit refuser toutes les mesures unilatérales des autorités israéliennes dans les territoires occupés. L’échec du règlement de la question palestinienne et du processus de paix au Moyen-Orient préoccupe grandement son royaume, a souligné le représentant, avant de réaffirmer lui aussi l’attachement de sa patrie à un État palestinien viable, vivant côte à côte dans la paix avec Israël, avec Jérusalem-Est pour capitale. Le Roi Mohamed VI, qui préside le Comité Al Qods créé par l’OCI, a insisté sur l’importance de protéger la ville de Jérusalem, berceau des religions, pour tous, a ajouté le représentant.
Le Nigéria s’est lui aussi dit préoccupé de la situation des Palestiniens vivant dans les territoires occupés, dénonçant l’expansion des colonies de peuplement et toute possible annexion de territoires palestiniens par Israël, avant de demander la réalisation d’un État palestinien souverain vivant côte à côte et en paix avec Israël.
La représentante de l’État observateur de la Palestine a souligné que tous les faits relatés dans les rapports du Secrétaire général ne sont pas uniquement des « mots couchés sur papier », mais de dures réalités vécues par des enfants, des femmes et des hommes palestiniens qui vivent sous occupation militaire. Il ne s’agit que d’un aperçu des souffrances socioéconomiques et des humiliations endurées par la population palestinienne, a poursuivi la représentante, en s’indignant que certains puissent remettre ces faits en question, au lieu d’œuvrer à y mettre fin. Elle a soutenu « qu’on essaye aujourd’hui de remplacer les Palestiniens par des colons israéliens sur le terrain ».
Évoquant les démolitions de foyers palestiniens, les évictions et transferts forcés de civils palestiniens, ainsi que la construction annoncée par Israël de plus de 11 000 logements israéliens dans les territoires occupés, la représentante de l’État observateur de Palestine a martelé que tous ces faits représentent une menace évidente au processus de paix et à la solution des deux États.
Reprenant la parole, la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, Mme Brands Kheris, a rappelé que le Secrétaire général avait identifié l’annexion comme la pire violation du droit international et qu’elle minerait toute possibilité de reprise des négociations. Il n’a eu de cesse de répéter que les colonies de peuplement sont en soi un obstacle majeur à la solution des deux États et à la paix, a-t-elle ajouté. Les rapports du Secrétaire général qu’elle a présentés décrivent un environnement délétère, a conclu Mme Brands Kheris.
Étude d’ensemble des missions politiques spéciales
Présentant le huitième rapport sur les « Questions de politique générale relatives aux missions politiques spéciales », Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a d’entrée remercié la Finlande et le Mexique pour leur rôle de facilitateurs de ce point de l’ordre du jour, ainsi que pour leur soutien indéfectible au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix et aux missions politiques spéciales. Le rapport de cette année s’inscrit dans le contexte de l pandémie de COVID-19, avec de profondes répercussions sur la paix et la sécurité internationales. Or, a souligné la haut fonctionnaire, la confiance dans les institutions publiques s’est détériorée là où les réponses à la COVID-19 ont été perçues comme un échec: « Les inégalités et les vulnérabilités existantes ont été exacerbées. De nouveaux défis en matière de droits de l’homme sont apparus. Et les fragiles processus de paix risquent d’être mis à mal par la crise. » Cette combinaison de risques est dangereuse et a augmenté le potentiel d’instabilité et de violence, a-t-elle analysé. Elle menace en outre d’annuler les gains durement engrangés pour la paix que nous avons obtenus ces dernières années, a mis en garde la Secrétaire générale adjointe, pour qui elle souligne l’ampleur du défi que représente la prévention des conflits pour nous.
La gravité de la pandémie et de ses conséquences exige une réponse urgente et collective, a insisté Mme DiCarlo, affirmant que les missions politiques spéciales jouent leur rôle dans cet effort. « Tout en assurant la continuité des opérations essentielles et des mandats de base, elles soutiennent les pays hôtes dans leur réponse au virus, protègent notre personnel et aident les communautés vulnérables », a-t-elle argué. La COVID-19 a, bien sûr, eu un impact sur le travail des missions, a reconnu la Secrétaire générale adjointe, qui a indiqué que leurs capacités opérationnelles avaient été limitées en raison des mesures prises pour limiter la propagation du virus. Les restrictions de voyager ont, dans certains contextes, rendu beaucoup plus difficile pour les missions de soutenir le dialogue et de mener à bien la diplomatie préventive et le rétablissement de la paix, a-t-elle encore relevé.
Mais elles s’efforcent d’atténuer ces difficultés, en s’appuyant de plus en plus sur de nouvelles approches, notamment un recours accru à la technologie. Les outils numériques leur ont permis de s’engager avec un large éventail de parties prenantes, des responsables gouvernementaux aux groupes de la société civile, y compris des organisations de femmes. Mme DiCarlo en a voulu pour exemple la discussion en ligne à grande échelle organisée par l’Envoyé spécial pour le Yémen en juin dernier, qui a réuni plus de 500 Yéménites –dont un tiers de femmes– pour discuter des opportunités et des défis qui se posent à la paix dans le pays. Dans le même temps, les restrictions actuelles soulignent également la valeur de l’engagement direct sur les questions les plus sensibles. Ces derniers mois, tout en prenant les précautions nécessaires sur le plan sanitaire, les missions politiques ont été en mesure de lancer des activités critiques en personne. En septembre, les pourparlers tenus à Genève ont permis d’aboutir à un accord entre les parties yéménites sur l’échange et la libération de plus de 1 000 prisonniers. L’Envoyé spécial pour la Syrie a facilité la troisième réunion de la commission constitutionnelle à Genève à la fin du mois d’août. Et au Soudan, les Nations Unies ont déployé une équipe avancée à Khartoum pour poursuivre les préparatifs du déploiement de notre toute dernière mission: la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan.
La pandémie a également obligé de nombreux pays à se demander « si et comment » procéder aux élections prévues. Dans certains cas, l’absence de consensus entre les partis politiques concernant la marche à suivre a accru les tensions, en particulier dans les situations où la légitimité du processus était déjà contestée. « Nous avons souligné la nécessité d’un consensus sur ces questions », et les MPS ayant un mandat d’assistance électorale fournissent des conseils sur les mesures d’atténuation pour permettre aux activités électorales de se poursuivre, a-t-elle rappelé, avant de souligner que ces missions avaient joué un rôle dans la mise en œuvre de l’appel du Secrétaire général du 23 mars à un cessez-le-feu mondial.
Par la suite, Mme DiCarlo a souhaité mettre en lumière quelques-unes des questions thématiques abordées dans le rapport du Secrétaire général. Tout d’abord, le travail des MPS dans la mise en œuvre de l’agenda femmes, paix et sécurité. Alors que cette année marque le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, et le vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, les missions politiques spéciales ont fait de leurs engagements en faveur des femmes, de la paix et de la sécurité « une priorité ». En Syrie, l’Envoyé spécial du Secrétaire général a facilité la conclusion d’accords entre les parties garantissant la présence de près de 30% de femmes au sein de la commission constitutionnelle, a relevé la Secrétaire générale adjointe. En Colombie, la mission de vérification des Nations Unies s’est engagée activement dans la mise en œuvre du programme global de garanties pour les femmes dirigeantes et a encouragé les activités avec les femmes ex-combattantes et les candidates du parti des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).
Mme DiCarlo a reconnu qu’il restait beaucoup à faire pour que les femmes puissent accéder aux postes de haut niveau, notamment au plan politique, tandis que les MPS aident les États Membres à créer de nouvelles voies pour une participation significative des femmes, y compris dans les réponses à la pandémie.
M. ATHUL KHARE, Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, a commencé par rendre hommage au personnel des missions politiques spéciales qui ont continué de s’acquitter de leurs mandats en dépit de la pandémie de COVID-19. Il a salué la baisse des cas de coronavirus dans la plupart des zones géographiques où sont déployées ces missions, avant d’exprimer ses condoléances aux familles des 18 membres du personnel de l’ONU qui ont succombé à cette maladie, dont deux travaillaient au sein de missions politiques spéciales. Le haut fonctionnaire a fait état des mesures de prévention prises par son département pour protéger le personnel des missions sur le terrain, ainsi que de la possibilité pour eux de télétravailler. Il a indiqué qu’une intervention rapide de son département a également permis de préserver les chaînes d’approvisionnement de toutes les mission extérieures. Par ailleurs, M. Khare a expliqué que l’Équipe spéciale de l’ONU en charge des évacuations est pleinement opérationnelle et a déjà effectué 71 évacuations vers des installations médicales, notamment à Accra, au Ghana. Il a ensuite souligné l’importance des tests de dépistage pour le bon fonctionnement des missions sur le terrain, avant de faire savoir que l’ONU dispose désormais de 35 machines de tests PCR et qu’elle s’est procuré des tests rapides destinés au personnel déployé sur le terrain. Comme l’a expliqué le Secrétaire général adjoint, sept mois après le début de la pandémie, le retour du personnel national et international vers les missions se fait au pas à pas.
Le Département d’appui aux missions s’efforce en outre de contribuer à gérer les ressources des missions politiques spéciales le plus rationnellement possible, en prêtant également assistance aux équipes de pays des Nations Unies, notamment en termes de planification opérationnelle, a expliqué le Secrétaire général adjoint. M. Khare a ensuite passé en revue certaines missions politiques spéciales, dont la nouvelle mission au Soudan dont la planification a commencé rapidement en dépit de la pandémie. L’importance cruciale de l’égalité entre femmes et hommes est au cœur des efforts de planification de son département, a assuré le haut responsable. Pour ce qui est de l’empreinte environnementale des MPSS, M. Khare a dit que des progrès tangibles avaient été réalisés, citant les cas de la MANUA et de la MANUI qui sont chefs de file en termes de recours aux énergies renouvelables et de baisse de consommation d’énergie.
Dialogue interactif
Mme Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a commencé par saluer les États Membres pour leur soutien et leur coopération. Tout en remerciant le Maroc pour son appui au Fonds pluriannuel, elle a expliqué l’impact sur les Départements des affaires politiques et de la consolidation de la paix DPPA) qui sont multiples. En effet, a-t-elle poursuivi, « nous pouvons examiner les choses de manière régionales », pour l’Afrique. Elle a cité la stratégie sur laquelle travaille son département dans la région des Grands Lacs en plus de l’intégration de missions vu que le Département de l’appui à la Consolidation de la paix fait maintenant partie du DPPA. Ce pilier de la sécurité nous a permis de mettre l’accent sur la programmation et la mise en œuvre concrète et pratique tout en nous permettant de faire face à différents défis auxquels nous nous heurtons au sein du DPPA notamment, a-t-elle dit. La Secrétaire générale adjointe a poursuivi en indiquant que le travail du DDPA ne se limitait pas qu’à la paix et à la sécurité mais relevait d’autres piliers, l’occasion pour elle d’expliquer le travail avec les coordonnateurs résidents. En somme une « triple casquette », une approche qu’elle juge fructueuse.
À la Finlande qui s’enquerrait des besoins en matière d’appui aux femmes et aux jeunes, elle a répondu qu’il était important que ces catégories, parfois durement impactées lors de la pandémie, soient entendues et incluses. « Il est important que les femmes participent aux processus politiques », a-t-elle dit, nous veillons même à ce qu’elle joue un rôle de « chef de file ». S’agissant de la question de garantir une transition souple et sans heurts, soulevée par le Soudan, Mme DiCarlo a indiqué que son département s’appuie sur des enseignements et expériences passées, citant le cas d’Haïti. « Il ne faut pas perdre les compétences sur le terrain », a-t-elle préconisé, ajoutant que son département travaille étroitement avec l’équipe de pays des Nations Unies. Il s’agit de préserver la continuité tout en prenant en compte les préoccupations du Gouvernement.
Dans une brève intervention, M. Atul Khare, Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions et Chef du Département du même nom (DFS), s’est félicité qu’en période de pandémie « nous ayons pu agir et créer avec la DPPA un groupe pour l’appui sur le terrain ».
Questions relatives à la décolonisation
Mme KEISHA MC GUIRE, Présidente du Comité spécial de la décolonisation (C24), a commencé par souligner le rôle unique et central de l’ONU en matière de décolonisation. Les progrès réalisés dans ce domaine depuis la naissance de l’Organisation nous encouragent à poursuivre le travail visant à parvenir à l’éradication complète du colonialisme, conformément aux principes directeurs de la Charte des Nations Unies et aux résolutions pertinentes. À la lumière de la situation sans précédent créée par la pandémie de COVID-19, le C-24 a adapté ses méthodes de travail conformément aux décisions pertinentes de l’Assemblée générale. S’il a ajusté son programme de travail pour entendre d’abord les territoires et ensuite examiner les résolutions qui s’y rapportent, le C-24 n’a pas été en mesure de mener à bien toutes les activités prévues lors de sa session 2020 en raison de la pandémie; en particulier, il n’a pas pu entendre directement la voix des territoires relevant de sa compétence.
« Nous devons insister sur le fait que les défis déjà particuliers auxquels sont confrontés les territoires, aggravés par l’impact multiforme de la crise de la COVID-19 sur leurs économies fragiles, renforcent la nécessité de veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte », a-t-elle insisté. Nous prenons note avec satisfaction du déroulement du deuxième référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie le 4 octobre 2020, conformément à l’Accord de Nouméa de 1998. Le Comité spécial s’engage à continuer à soutenir le processus de l’Accord de Nouméa afin d’aider le peuple de Nouvelle-Calédonie à exercer son droit à l’autodétermination conformément à la Charte et aux résolutions pertinentes.
Dans le cadre de son mandat, en décembre 2019, le C-24 s’est rendu en mission à Montserrat et a également tenu des réunions à Antigua-et-Barbuda. Ses conclusions et recommandations ont servi de base au projet de résolution sur Montserrat inclus dans le rapport dont vous êtes saisis, a précisé la Présidente du C-24. Mme McGuire a également souligné que cette année, le C-24 avait continué à s’engager avec les puissances administrantes et les parties prenantes concernées par le biais de dialogues informels sur les territoires relevant de sa compétence. « Le C-24 attache une grande importance au renforcement du dialogue et de la coopération avec toutes les parties concernées », a-t-elle assuré.
Alors que la troisième décennie internationale pour l’éradication du colonialisme touche à sa fin, l’ensemble des États Membres doivent rester engagés à réaliser d’urgence l’éradication complète du colonialisme. Comme l’a noté le Secrétaire général dans son rapport sur la troisième décennie (A/75/220/Rev.1), « pour s’acquitter du devoir collectif de permettre aux peuples des territoires non autonomes d’exercer leur droit à l’autodétermination, compte tenu de leur situation particulière, il faut renforcer le dialogue orienté vers l’action et définir des mesures concrètes et applicables pour donner un nouvel élan à l’exécution du mandat de décolonisation ». Il convient de le répéter, a souligné la Présidente, la mise en œuvre du mandat de décolonisation des Nations Unies nécessite un effort de collaboration de la part de la communauté internationale, des puissances administrantes et des territoires non autonomes.
Le C-24, chargé de promouvoir l’application de la déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux ainsi que de toutes les autres résolutions pertinentes, réaffirme qu’il est prêt à engager toutes les parties intéressées à promouvoir le programme de décolonisation au cas par cas, en réfléchissant à des propositions créatives et concrètes.