421e séance - après-midi
AG/PAL/1478

Comité pour les droits des Palestiniens: le Secrétaire général exhorte à éviter toute forme de nettoyage ethnique à Gaza

Au lendemain de la conférence de presse du Président des États-Unis, M. Donald Trump, au cours de laquelle il a dit vouloir « prendre le contrôle » de Gaza et réinstaller l’ensemble de la population dans d’autres pays de la région, le Secrétaire général est intervenu au Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien pour souligner que « dans la recherche de solutions, nous ne devons pas aggraver le problème ». 

Jugeant le moment venu de définir clairement les objectifs à atteindre, M. António Guterres a insisté sur la fidélité aux fondements du droit international et a notamment prévenu qu’il faut éviter toute forme de nettoyage ethnique. Il a également appelé à continuer de faire pression pour un cessez-le-feu permanent et la libération de tous les otages sans délai, exhortant en outre à réaffirmer la solution des deux États.

Cet appel a connu un large écho parmi les membres du Comité.  À « ceux qui veulent nous expulser de la bande de Gaza », l’Observateur palestinien a affirmé haut et fort que « nous ne quitterons pas Gaza et nos terres ancestrales », à moins qu’il ne soit question de retourner « là d’où nous avons été expulsés ».  M. Ryad Mansour a également appelé à assurer le succès, en juin, de la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux États, et a souhaité que l’Autorité palestinienne puisse assumer ses responsabilités vis-à-vis de la bande de Gaza.

En outre, le Président Abbas est actuellement en contact avec le Président égyptien , le Premier Ministre saoudien, et le Roi Abdallah de Jordanie afin que ce dernier puisse transmettre un message collectif de la « Umma arabe » à l’Administration Trump lors de sa visite à Washington la semaine prochaine, a-t-il fait savoir. 

« Un État palestinien viable et souverain vivant côte à côte avec Israël dans la paix et la sécurité est la seule solution durable pour la stabilité du Moyen-Orient », a insisté M. Guterres, en notant que concrètement cela signifie qu’il faut préserver l’unité, la contiguïté et l’intégrité du Territoire palestinien occupé et œuvrer au redressement et à la reconstruction de Gaza. Dans cette optique, une gouvernance palestinienne forte et unifiée sera essentielle, a relevé M. Guterres avant d’encourager la communauté internationale à soutenir l’Autorité palestinienne à cette fin. 

Concédant que l’accord de cessez-le-feu a été un pas décisif pour la fourniture de l’aide, la libération des otages et prisonniers, et le retour des Gazaouites, M. Coly Seck, du Sénégal, qui a été élu par acclamation à la présidence du Comité en début de séance, a regretté que depuis quelques jours, « des déclarations inquiétantes visent à remettre tout en cause ».  Il a appelé à « réinventer des stratégies pour barrer la route aux ennemis de la paix sur cette terre palestinienne qui nous est tellement chère ». 

En attendant, l’ONU travaille sans relâche pour atteindre les Palestiniens dans le besoin et renforcer leur aide, a assuré M. Guterres en insistant sur l’importance d’un accès humanitaire rapide, sûr, sans entrave, étendu et durable. De même, il a encouragé les États Membres, les donateurs et la communauté internationale à soutenir le travail « essentiel » de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

Sur ce point, l’Observateur permanent de l’État de Palestine a fait un vibrant plaidoyer en faveur l’UNRWA, le « plus important succès du multilatéralisme et de l’ONU ».  « L’Office fait presque partie de notre ADN », a-t-il affirmé en demandant que tout soit fait pour lui permettre de poursuivre ses services aux réfugiés palestiniens tant qu’une solution juste et durable n’aura pas été trouvée.  Le Président du Comité a relevé pour sa part que même avec un accord de cessez-le-feu, des victimes civiles continuent d’être dénombrées à la suite d’attaques de l’armée israélienne et la fourniture de l’aide humanitaire dans le Territoire palestinien occupé souffre de l’entrée en vigueur, le 30 janvier, des lois israéliennes interdisant les opérations de l’UNRWA à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. 

Dénonçant à son tour cette législation de la Knesset « qui fait partie d’une campagne incessante visant à démanteler l’UNRWA », la Cheffe du Bureau de liaison de l’Office à New York a indiqué qu’à ce stade on ne sait pas exactement dans quelle mesure sa capacité à opérer sera limitée par l’interdiction récemment imposée de tout contact entre les représentants de l’UNRWA et les responsables israéliens. 

« Limiter nos opérations maintenant, alors que les besoins sont si élevés et que la confiance dans la communauté internationale est si faible, compromettrait le cessez-le-feu et saboterait le redressement et la transition politique », a soutenu la représentante qui a assuré que l’Office continuera à s’acquitter de son mandat « jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible de le faire ».  « Dans tout le Territoire palestinien occupé, saper le travail de l’Office porterait préjudice à la vie et à l’avenir de millions de réfugiés palestiniens », a -t-elle mis en garde. 

Plutôt que laisser l’UNRWA imploser en raison de cette législation de la Knesset et de la suspension des financements, elle a suggéré de permettre à l’Office de terminer progressivement son mandat dans le cadre d’un processus politique et de transférer ses services publics à des institutions palestiniennes habilitées et préparées.  À cette fin, elle a exhorté la communauté internationale à repousser la mise en œuvre de la législation de la Knesset et à insister sur une véritable voie politique qui définisse le rôle de l’UNRWA en tant que fournisseur d’éducation et de soins de santé.

Abordant le conflit à Gaza sous l’angle de la faim, le Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation a estimé que le cessez-le-feu n’est que le ralentissement de la campagne de génocide et d’affamement menée par Israël.  Notant que la solution des deux États suppose que la Palestine et Israël existent côte à côte, M. Michael Fakhri a plaidé pour que le peuple palestinien ne soit pas confronté au risque de génocide et à la famine pendant la reconstruction de Gaza.  Il s’est également indigné de voir les États-Unis tourner le dos au « langage du droit international » et au système onusien. 

Pourtant les citoyens américains se soucient beaucoup de l’aide apportée par l’UNRWA, a noté sur ce point le cofondateur de la soupe populaire de Gaza et Directeur de la philanthropie à UNRWA-USA qui a fait savoir que le nombre de donateurs américains est passé de 7 000 en octobre 2023 à plus de 140 000 aujourd’hui.

« Les Américains ont intensifié leur devoir humanitaire, mais en revanche, notre gouvernement s’est malheureusement retiré », a-t-il déploré. 

M. Hani Almadhoun a également partagé un témoignage glaçant de la situation sur le terrain et des circonstances de la mort de son frère, Mahmoud, avec lequel il avait fondé en février 2024 la soupe populaire de Gaza à Beït Lahiya, dans le nord de l’enclave.

En début de séance, le Comité a procédé à l’élection de son Bureau.

MM Neville Melvin Gertze (Namibie), Jaime Hermida Castillo (Nicaragua), Arrmanatha Christiawan Nasir (Indonésie) et Ernesto Soberón Guzmán(Cuba) ont été élus par acclamation à la vice-présidence du Bureau, de même que M. Ahmad Faisal Muhamad (Malaisie) qui occupera également la fonction de Rapporteur.

Le Comité a également adopté son programme de travail (A/AC.183/2025/L.2).

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