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Réunion de haut niveau
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MER/2199

L’Assemblée générale réfléchit aux moyens de protéger les 900 millions de personnes menacées par l’élévation du niveau de la mer

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Les 900 millions de personnes menacées par l’élévation du niveau de la mer ont été au cœur de la première réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale sur les menaces existentielles liées à ce phénomène, conséquence directe du réchauffement climatique.  Les intervenants, dont le Secrétaire général, ont réfléchi aux moyens juridiques et financiers de sauver ces personnes « d’une marée de malheurs » et d’empêcher que des pays ne soient « rayés de la carte ». 

Cette réunion a été décidée par l’Assemblée dans sa décision 78/544 du 16 janvier 2024.  Ses modalités ont été précisées par une résolution adoptée par l’Assemblée générale le 1er août 2024. Elle s’est composée d’une séance d’ouverture, d’une séance plénière et de quatre tables rondes thématiques multipartites.  Lors de la séance d’ouverture, les orateurs ont souligné la gravité existentielle de la montée des eaux. 

L’élévation du niveau de la mer devrait être de 20 centimètres entre 2020 et 2050, s’est ainsi alarmé le Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée, M. Philémon Yang (Cameroun), qui a ajouté que cette élévation actuelle est la plus rapide de l’histoire récente.  Le Président a fait un lien direct avec les changements climatiques, estimant que cette élévation est l’échec de la lutte contre le réchauffement climatique. 

Le Secrétaire général de l’ONU n’a pas dit autre chose en estimant que « l’humanité navigue en eaux dangereuses. »  Les scientifiques nous disent que le niveau des mers monte aujourd’hui plus rapidement que jamais au cours des 3 000 dernières années, et que cette hausse s’accélère –avec un taux d’augmentation qui a plus que doublé depuis les années 1990, a-t-il poursuivi. 

M. António Guterres a déclaré que les gaz à effet de serre –issus en grande partie de la combustion des énergies fossiles– réchauffent la planète, dilatent l’eau de mer et font fondre la glace.  Les scientifiques ne peuvent pas nous dire où cela s’arrêtera, car cela dépendra des dirigeants du monde actuels, a-t-il averti.  « Leurs choix détermineront l’ampleur, le rythme et l’impact des futures élévations du niveau des mers. »  

Il a indiqué que pour les 900 millions de personnes qui habitent dans les zones côtières de basse altitude, la montée des eaux est « synonyme d’une marée de malheurs ».  « Des ondes de tempête plus intenses, une érosion des côtes et des inondations côtières, des communautés submergées, de l’eau douce contaminée, des récoltes ruinées, des infrastructures endommagées, une biodiversité détruite et des économies décimées. »  Les plus pauvres et les plus vulnérables sont les plus durement touchés, a affirmé le Secrétaire général. 

« Voilà à quoi ressemble l’injustice climatique, c’est le visage de l’iniquité », a-t-il dit, tout en ajoutant que les riches ne sont pas à l’abri.  Les économies avancées dépensent des milliards –en dommages et en adaptation.  « Si nous n’agissons pas rapidement, la situation sera bien pire. »  Après ce constat sans appel, le Secrétaire général, à l’instar du Président de l’Assemblée, a estimé que seules des mesures radicales de réduction des émissions peuvent limiter l’élévation du niveau de la mer. 

« Seules des mesures drastiques d’adaptation peuvent mettre les populations à l’abri de la montée des eaux. »  M. Guterres a surtout invité le G20, responsable d’environ 80% des émissions mondiales, à montrer la voie.  Comme les nombreux dirigeants qui ont pris la parole, il a jugé que le financement est indispensable.  « Nous avons besoin de résultats ambitieux en matière de finances à la COP29 de cette année –y compris en termes de sources de capital nouvelles et innovantes -et de contributions significatives au nouveau fonds pour les pertes et les préjudices. » 

Exhortés à présenter de nouveaux plans d’action nationaux sur le climat avant la COP30 de l’année prochaine, les pays ont appuyé l’idée que tout le monde soit protégé par un système d’alerte d’ici à 2027. 

Les enjeux juridiques ont été très présents lors de cette journée, des délégations appelant à combler les lacunes du cadre juridique international en la matière. M. Dennis Francis (Trinité-et-Tobago), Président de la soixante-dix-huitième session, a appelé au respect de la souveraineté des États et des frontières maritimes existantes.  Le statut d’État doit être préservé, a-t-il déclaré, appuyé par la grande majorité des intervenants. 

Cette question est au cœur des travaux en cours du Groupe d’étude à composition non limitée de la Commission du droit international (CDI).  Le Forum des îles du Pacifique a adopté en août 2021 une déclaration sur la préservation des zones maritimes face à l’élévation du niveau de la mer liée aux changements climatiques.  Surtout, les orateurs, à l’instar de M. Francis, se sont projetés sur 2026 qui devrait voir l’adoption par l’Assemblée d’une déclaration sur le sujet.  « Cette déclaration devra être axée sur l’action », a demandé M. Francis. 

De son côté, le Premier Ministre des Tuvalu a souhaité qu’une telle déclaration garantisse la continuité du statut d’État et l’intangibilité des zones maritimes, quels que soient les changements physiques découlant de l’élévation du niveau de la mer.  Cette déclaration devra par ailleurs contribuer à forger les cadres internationaux protégeant les populations des zones côtières et les déplacés et à renforcer la collecte de données scientifiques, a-t-il ajouté. 

Toujours sur le plan juridique, le Président de Maurice a espéré que l’avis consultatif que la Cour internationale de Justice (CIJ) doit bientôt rendre sur les obligations des États en matière de changements climatiques viendra renforcer celles-ci.  Le Président de la Lettonie s’est lui, félicité, d’un récent avis consultatif du Tribunal international du droit de la mer, selon lequel les émissions de gaz à effet de serre issues des activités humaines sont responsables de la pollution marine, les États devant en conséquence agir pour préserver ce milieu. 

Les enjeux financiers ont également dominé les déclarations lors de la séance plénière.  Le Président des Seychelles a ainsi estimé à 670 millions de dollars la somme nécessaire à son pays pour remédier aux conséquences de l’élévation du niveau de la mer et à 1,25 milliard le montant annuel pour s’adapter aux conséquences des changements climatiques.  « Cette somme excède nos capacités budgétaires. »

Les Présidents de Cabo Verde et des Maldives ont à leur tour demandé un financement accru des mesures d’adaptation.  Quant au Ministre des affaires étrangères de Saint-Kitts-et-Nevis, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), il a demandé une pleine opérationnalisation du fonds pour les pertes et les préjudices et un mécanisme financier permettant de remédier aux conséquences des changements climatiques au-delà de l’adaptation.  « La mesure essentielle demeure le financement climatique des mesures d’adaptation et d’atténuation. » 

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