Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 22 mars 2024
(La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)
Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:
Déplacements du Secrétaire général
Le Secrétaire général arrive au Caire, en Égypte, pour y entamer son voyage annuel de solidarité pour le ramadan, qui a lieu cette année dans une période de turbulences, avec le conflit à Gaza.
À cette occasion, le Secrétaire général devrait réitérer ses appels à un cessez-le-feu humanitaire et à faire taire les armes, notamment à Gaza et au Soudan.
Pendant son séjour en Égypte, M. António Guterres se rendra dans le nord du Sinaï, où il visitera un hôpital à El-Arich. Il ira également à Rafah, du côté égyptien, où il rencontrera des travailleurs humanitaires de l’ONU.
Au Caire, le Secrétaire général devrait organiser un iftar du ramadan avec des réfugiés soudanais qui ont fui leur pays en raison du conflit armé en cours. Il réitérera ses appels à la cessation des hostilités durant ce mois sacré du ramadan.
Au Caire, M. Guterres devrait aussi rencontrer des responsables égyptiens.
Après Le Caire, le Secrétaire général poursuivra son voyage de solidarité pour le ramadan à Amman, en Jordanie. Sur place, il visitera les installations de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Il organisera également un iftar du ramadan avec des réfugiés palestiniens et des membres du personnel de l’ONU dans la capitale jordanienne.
À Amman, le Secrétaire général devrait rencontrer des responsables jordaniens.
Conseil de sécurité
Le projet de résolution des États-Unis sur le Moyen-Orient a fait l’objet d’un double veto ce matin. Le vote final est de 11 voix pour, 3 voix contre (Algérie, Chine et Fédération de Russie) et une abstention (Guyana).
Après cette réunion, Mme Izumi Nakamitsu, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a informé les membres du Conseil de la situation en Ukraine.
Elle a évoqué la vague massive d’attaques de missiles et de drones qui ont frappé l’Ukraine aujourd’hui et a qualifié d’inacceptable le ciblage des infrastructures énergétiques. Elle a ajouté que ces destructions à grande échelle et ces souffrances humaines ne peuvent pas continuer.
Mme Nakamitsu s’est également alarmée de l’utilisation continue de mines antipersonnel en Ukraine, affirmant que le recours à ce type d’armes doit être condamné.
Ukraine
En Ukraine, la Coordonnatrice de l’action humanitaire, Mme Denise Brown, a fermement condamné, dans un communiqué publié aujourd’hui, les frappes nocturnes qui ont perturbé l’accès à l’électricité et à l’eau pour les civils à travers le pays.
Les partenaires humanitaires sur le terrain ont indiqué que ces frappes ont laissé les habitants de grands centres urbains tels que Kharkiv, Kryvyi Rih, Zaporizhzhia et d’autres villes sans électricité ni eau.
Mme Brown a fait savoir que l’impact considérable de ces attaques aggrave la situation humanitaire déjà désastreuse de millions de personnes en Ukraine. Elle a ajouté que les civils et les infrastructures civiles doivent être protégés. L’ONU, aux côtés de ses partenaires humanitaires, reste mobilisée et fournit une assistance complémentaire au travail des premiers intervenants.
Territoire palestinien occupé
En ce qui concerne la situation humanitaire à Gaza, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) rapporte que l’opération militaire israélienne à l’intérieur et autour de l’hôpital Chifa, dans la ville de Gaza, s’est poursuivie pour la cinquième journée consécutive, au milieu d’intenses échanges de tirs avec des groupes armés palestiniens.
Le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, indique que l’OMS et ses partenaires ont perdu le contact avec le personnel de santé de l’hôpital depuis le début du raid. Dans une publication sur les réseaux sociaux, le docteur Tedros a déclaré qu’il est désormais impossible d’accéder à l’hôpital Chifa. Une mission prévue hier a dû être annulée en raison du manque de sécurité. Alors que des informations font état d’arrestations et de détentions d’agents de santé, il a averti que la situation actuelle pourrait affecter la capacité de l’hôpital à fonctionner, même de manière minimale, et priver les personnes de soins essentiels et vitaux. Une nouvelle fois, le docteur Tedros a rappelé que les hôpitaux ne sont pas des champs de bataille et doivent être protégés conformément au droit international humanitaire.
Sur fond de détérioration continue de la situation sanitaire à Gaza, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et ses partenaires fournissent du carburant pour produire de l’eau potable et opèrent du transport d’eau par camion. Ils distribuent également des réservoirs d’eau, des jerrycans et des kits d’hygiène à des milliers de personnes, dont des enfants, dans différentes parties de la bande de Gaza. L’agence prévient que la pénurie d’eau, les problèmes d’hygiène et les services d’assainissement inadéquats présentent de graves risques pour la santé des enfants.
Aujourd’hui, alors qu’est célébrée la Journée mondiale de l’eau, ONU-Femmes souligne l’impact des graves pénuries d’eau à Gaza sur les femmes, qui sont contraintes de faire des choix difficiles pour préserver leur hygiène. Sans eau pour se doucher, certaines se rasent les cheveux pour éviter les poux.
Les partenaires humanitaires de l’ONU rapportent que, depuis le mois dernier, la production d’eau à Gaza a chuté à moins de 6% des niveaux d’avant octobre 2023, avec des réserves très limitées disponibles pour la boisson, l’usage domestique et l’hygiène personnelle.
Syrie
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) rapporte que d’importantes inondations, survenues au cours des deux derniers jours dans plusieurs camps de personnes déplacées à Edleb et dans le nord d’Alep, ont touché plus de 15 700 personnes.
Le Coordonnateur humanitaire régional adjoint en Syrie, M. David Carden, a appelé à davantage de soutien pour offrir de meilleures conditions de vie aux familles déplacées.
L’OCHA indique que, depuis le début de cette année, plus de 3 300 tentes familiales ont été endommagées par plus d’une centaine d’inondations dans le nord-ouest de la Syrie. Quelque 500 tentes ont été entièrement détruites.
Les intervenants locaux ont vidé l’eau, tandis que l’ONU et ses partenaires humanitaires se chargent d’évaluer les dégâts. Des tentes et d’autres articles de secours essentiels sont nécessaires de toute urgence, de même qu’une restauration des routes.
Après 13 années de conflit en Syrie, quelque 2 millions de personnes –dont plus des trois quarts sont des femmes et des enfants– vivent toujours dans plus de 1 500 sites de déplacement à travers le nord-ouest du pays, avec un accès limité, voire inexistant, aux services de base. Plus de 40% des camps de personnes déplacées ont plus de cinq ans et ont un besoin urgent de réhabilitation en raison des dégâts causés par les tempêtes et les inondations.
Ces deux dernières années, les organisations humanitaires ont aidé plus de 31 000 familles à quitter leurs tentes pour s’installer dans des abris plus durables. Mais des fonds supplémentaires sont nécessaires de toute urgence pour soutenir les abris. Pour l’heure, moins de 10 millions de dollars sur les 213 millions de dollars nécessaires cette année pour ce travail ont été reçus.
République démocratique du Congo
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) signale que 12 villages ont été évacués suite aux combats qui se sont déroulés les 17 et 18 mars dans le territoire de Fizi, dans la province du Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Les habitants ont été contraints de se réfugier dans la brousse et dans les localités voisines. Les partenaires humanitaires évaluent actuellement les besoins des personnes déplacées afin de leur fournir une aide d’urgence.
Pendant ce temps, au Nord-Kivu, les combats dans la partie nord-ouest du territoire de Beni ont également poussé les civils à fuir. Des rapports des partenaires humanitaires présents sur le terrain font état de victimes, de villages détruits et d’enlèvements d’enfants.
Toujours dans l’est de la RDC, dans la province d’Ituri, l’OCHA indique que les opérations humanitaires sont toujours suspendues dans la ville de Drodro à la suite d’un conflit intercommunautaire et d’attaques de groupes armés, au début du mois de mars, privant près de 100 000 personnes d’aide.
Haïti
Selon une analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) publiée aujourd’hui concernant Haïti, les chiffres continuent de se détériorer: près de 5 millions de personnes sont confrontées à une crise ou à une aggravation des niveaux d’insécurité alimentaire aiguë, soit près de la moitié de la population totale, dont plus de 1,6 million font face à des niveaux « d’urgence ».
Les zones les plus gravement touchées se trouvent dans la vallée de l’Artibonite, grenier du pays où des groupes armés se sont emparés des terres agricoles et ont volé les récoltes.
Les agences humanitaires continuent de faire tout leur possible pour soutenir les Haïtiens, mais le temps presse: ils ont besoin de toute urgence d’un accès sûr et sans entrave ainsi que de financement additionnel.
Hier encore, les barrages routiers et l’insécurité ont empêché le Programme alimentaire mondial (PAM) et ses partenaires locaux de distribuer le nombre de repas chauds prévus. Ils n’ont pu atteindre que 9 300 personnes déplacées sur les plus de 17 000 prévues pour cette journée.
Pour leur part, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et ses partenaires locaux ont livré aujourd’hui plus de 60 000 litres d’eau potable sur cinq sites de déplacés de la capitale.
Pendant ce temps, les gens continuent de quitter Port-au-Prince, malgré les risques liés au passage par des itinéraires contrôlés par les gangs. Depuis le 8 mars, l’OIM rapporte que plus de 33 000 personnes sont parties, la majorité d’entre elles se dirigeant vers les départements méridionaux de la Grande Anse, du Sud, des Nippes et du Sud-Est. Cette région accueille déjà plus de 116 000 personnes qui ont fui la zone métropolitaine de Port-au-Prince au cours des derniers mois.
Le Plan de réponse humanitaire de 674 millions de dollars est actuellement financé à 6,5%, soit 43,5 millions de dollars.
Réfugiés rohingya
Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont exprimé aujourd’hui leur consternation et leur inquiétude face à la situation au large de la côte ouest d’Aceh, en Indonésie, où un navire transportant des réfugiés rohingya a chaviré.
Les deux agences se sont déclarées très préoccupées par l’ampleur des pertes potentielles en vies humaines, les réfugiés secourus ayant signalé que 151 personnes se trouvaient à bord, alors que seulement 75 personnes auraient été ramenées à terre. Si cela était confirmé, il s’agirait de la plus grande perte de vies humaines jusqu’à présent cette année.
Des équipes du HCR et de l’OIM ont été déployées dans l’ouest d’Aceh et sont prêtes à prêter assistance aux autorités locales en aidant les survivants de cet incident tragique après leur débarquement. Les deux agences travaillent avec des entités gouvernementales, des ONG partenaires et des communautés d’accueil pour améliorer la protection des réfugiés et faciliter l’accès aux services essentiels. Les activités comprennent la fourniture de services de santé, y compris un appui en santé mentale, la rénovation d’abris temporaires, ainsi que l’accès à l’eau potable, à la nourriture, à l’assainissement et à la gestion des déchets.
Gambie
En Gambie, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ont exprimé aujourd’hui leurs préoccupations concernant le débat entourant la proposition d’abrogation de l’interdiction des mutilations génitales féminines dans le pays, soulignant que cette proposition constitue une grave violation des droits humains et un recul important dans la lutte mondiale contre la violence sexiste.
Les deux agences ont déclaré que l’interdiction de cette pratique était un modèle de législation progressiste dans le monde entier. Abroger cette loi non seulement ne tiendrait pas compte des souffrances des survivantes de ces mutilations, mais saperait également des années de progrès en matière de sensibilisation et de mobilisation des communautés contre cette pratique néfaste. Les agences ont exhorté la Gambie à respecter ses obligations et à maintenir l’interdiction des mutilations génitales féminines, tout en renforçant l’application de cette loi et les interventions communautaires pour s’attaquer à ses causes profondes.
Nomination
Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a annoncé aujourd’hui la nomination de M. Robert Petit, du Canada, à la tête du Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011 et d’aider à juger les personnes qui en sont responsables.
M. Petit succédera à Mme Catherine Marchi-Uhel, de la France, qui a été la première à diriger le Mécanisme international, impartial et indépendant en 2017. Le Secrétaire général exprime sa gratitude à Mme Marchi-Uhel pour son service dévoué au Mécanisme et aux Nations Unies en général, ainsi que pour sa contribution à l’avancement de la justice pénale internationale.
M. Petit apporte à ce poste 35 ans d’expérience en justice pénale dans des contextes nationaux et internationaux. Depuis 2017, il est le haut responsable des Nations Unies chargé de diriger le Mécanisme de suivi des Nations Unies sur la République démocratique du Congo en relation avec les meurtres de deux membres du Groupe d’experts en mars 2017. M. Petit a également été avocat principal et chef d’équipe de la section des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre du Département de la justice du Canada.
Journée mondiale de l’eau
La Journée mondiale de l’eau est célébrée aujourd’hui.
Dans son message, le Secrétaire général souligne qu’agir en faveur de l’eau est une action en faveur de la paix et qu’aujourd’hui, cette action est plus que jamais nécessaire.
Il indique que notre monde est dans des eaux turbulentes: les conflits font rage, les inégalités sont monnaie courante, la pollution et la perte de biodiversité sont endémiques et, alors que l’humanité continue de brûler des combustibles fossiles, la crise climatique s’accélère avec une force meurtrière, menaçant encore davantage la paix.
Aujourd’hui, le Secrétaire général signale que 153 pays partagent des ressources en eau, mais que seuls 24 d’entre eux ont fait état d’accords de coopération pour l’ensemble de leurs eaux partagées. Il souligne que nous devons accélérer les efforts pour travailler ensemble au-delà des frontières, et exhorte tous les pays à adhérer et à mettre en œuvre la Convention des Nations Unies sur l’eau qui promeut la gestion durable des ressources en eau partagées.
Journées internationales
Demain est la Journée météorologique mondiale et dimanche seront célébrées la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose et la Journée internationale pour le droit à la vérité en ce qui concerne les violations flagrantes des droits de l’homme et pour la dignité des victimes.
Contributions financières
La Bosnie-Herzégovine et l’Éthiopie ont payé la totalité de leur contribution au budget ordinaire de l’ONU amenant à 90 le nombre de pays à en avoir fait de même.