Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 22 février 2024
(La version française du point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)
Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:
Déplacements de la Vice-Secrétaire générale
La Vice-Secrétaire générale est à son deuxième jour de visite au Brésil où elle participe à la réunion des ministres des affaires étrangères du G20, au nom du Secrétaire général. La réunion porte sur la réforme de la gouvernance mondiale.
La Vice-Secrétaire générale a souligné la nécessité d’une profonde réforme des institutions internationales, dont le Conseil de sécurité et l’architecture financière internationale, pour répondre aux réalités du monde actuel. Elle a encouragé les dirigeants du G20 à saisir l’occasion du Sommet de l’avenir, prévu au mois de septembre, pour promouvoir une réforme significative.
Cet après-midi, Mme Amina Mohammed, participe à une réunion de haut niveau sur le thème « Se hisser à la hauteur des défis en Haïti ». Elle y participe avec M. Anthony Blinken, Secrétaire d’État des États-Unis, Mme Gisela Maria Figueiredo Padovan, Secrétaire d’État pour l’Amérique latine et les Caraïbes au Ministère brésilien des affaires étrangères, et M. Jean Victor Généus, Ministre des affaires étrangères d’Haïti. Ces personnalités vont unir leurs forces pour traiter enfin du cercle vicieux de l’insécurité, de l’instabilité politique et de la pauvreté en Haïti, et générer un appui à la Mission multinationale de sécurité en Haïti, autorisée par le Conseil de sécurité.
Depuis l’adoption de la résolution pertinente, l’on reconnaît la nécessité urgente d’apporter la sécurité et d’autres formes d’appui en Haïti pour l’aider à régler la crise pressante de la violence et de l’instabilité. Il est également important d’avoir des contributions financières suffisantes et prévisibles pour la force multinationale de sécurité.
Toujours aujourd’hui, la Vice-Secrétaire générale a prévu une série de réunions bilatérales avec de hauts responsables des gouvernements, dont M. Mauro Vieira, Ministre des affaires étrangères du Brésil, et certains de ses collègues présents à la réunion du G20.
Demain, la Vice-Secrétaire générale partira pour Windhoek, en Namibie, pour assister aux funérailles de l’ancien Président du pays.
Gaza
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) signale que depuis l’escalade des hostilités le 7 octobre, les partenaires humanitaires ont fourni une aide partielle à l’accès aux abris et autres fournitures à quelque 900 000 personnes. L’année dernière, les partenaires humanitaires de l’ONU ont donné des abris aux déplacés en dehors des sites de l’ONU à Rafah, distribuant près de 8 000 objets de literie et 1 600 kits pour rendre les abris et les tentes résilients à la météo. Des milliers d’autres tentes et autres matériels devraient arriver prochainement.
Mardi dernier, un des partenaires humanitaires, World Central Kitchen, a fourni au moins 39 000 repas à Rafah et le jour avant, au moins 173 000 à Rafah, Khan Younès et Deir el-Balah. Mais les stocks de nourriture demeurent bas.
Dans les parties sud de Wadi Gaza, pendant la première moitié de ce mois, les missions humanitaires ont fourni plus de 450 000 litres de carburant, dans le cadre de 25 missions sur les 42 missions qui exigent au préalable une coordination et une facilitation avec les autorités israéliennes.
Toutefois, dans les parties nord de Wadi Gaza, rien que 2 des 21 missions planifiées pour fournir du carburant ont été facilitées par les autorités israéliennes les deux premières semaines de ce mois, à savoir la fourniture de 38 000 litres de carburant. Malheureusement, toutes les 16 missions planifiées pour la distribution du carburant et l’évaluation des besoins en eau et des stations de pompage dans le nord de Gaza ont été bloquées.
Le groupe des principales agences humanitaires de l’ONU et autres qui travaillent à Gaza ont publié une déclaration pour dénoncer l’absence d’endroit sûr à Gaza où les maladies se propagent, la faim se profile, l’eau coule au compte-gouttes, les infrastructures sont décimées et la production de nourriture est à l’arrêt.
Le groupe, à savoir le Comité permanent interinstitutions, a dit que Rafah est devenu un autre champ de bataille dans ce conflit brutal. Une autre escalade de la violence pourrait causer des victimes en masse et tuer une réponse humanitaire qui est déjà sur les genoux.
Moyen-Orient
M. Tor Wennesland, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, est intervenu au Conseil de sécurité aujourd’hui.
Sigrid Kaag
Mme Sigrid Kaag est à Amman, en Jordanie, où elle s’est entretenue avec le Président des états-majors des forces armées jordaniennes, le major général Yousef Al-Huneiti. Ils ont discuté de la mise en œuvre de la résolution 2720 du Conseil de sécurité, qui a fait de Mme Kaag la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction de Gaza. Ils ont discuté de l’appui de la Jordanie aux opérations humanitaires à Gaza.
Liban
Le Chef de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), le général de corps d’armée Aroldo Lázaro, a prévenu que les échanges de tirs en cours causent d’immenses problèmes aux déplacés des deux côtés de la Ligne bleue. Il a déclaré que la mission travaille avec acharnement avec les parties pour éviter une escalade de la situation.
Le général de corps d’armée a eu une réunion hier avec les maires du district de Tyre, dans le Sud-Liban. Dans ce district, des millions de personnes trouvent refuge après avoir fui des zones de la partie libanaise de la Ligne bleue. Le général de corps d’armée a souligné que la Force coordonne son action avec les agences des Nations Unies, les ambassades et les ONG pour pouvoir acheminer l’aide là où elle est nécessaire. Il a aussi souligné qu’un appui doit être fourni au Gouvernement libanais et ses forces armées pour la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité.
Mme Catherine Colonna, Cheffe de l’examen indépendant qui a été nommée par le Secrétaire général, s’est entretenue aujourd’hui avec ce dernier, avant de se diriger vers l’extérieur de la salle du Conseil de sécurité pour prendre quelques questions de la presse.
Abyei
Aujourd’hui à Abyei, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, et l’Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique, Mme Hanna Tetteh, se sont entretenus avec des représentants des communautés locales et de la société civile. Les deux personnalités ont écouté leurs préoccupations et les ont encouragés à travailler à la réconciliation. M. Lacroix a promis son plein appui à la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), qui, a-t-il noté, est toujours engagée à protéger les civils des tensions intercommunautaires en cours. La délégation est arrivée aujourd’hui à Djouba pour d’autres réunions.
La Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) indique que près de 900 personnes sont volontairement retournées chez elles hier dans l’État de l’Unité au Soudan du Sud.
Les déplacés viennent de trouver refuge à la base de l’ONU à Rumajak, à environ 7 kilomètres au nord d’Abyei, où ils sont protégés par les Casques bleus après les violences intercommunautaires à Abyei, à la fin du mois de janvier et au début du mois de février.
Les autorités sud-soudanaises ont contribué à ce transfert.
Tchad
Les agences humanitaires ont prévenu aujourd’hui que la sécurité alimentaire et nutritionnelle faiblit dans tout le pays, en raison de l’impact des changements climatiques, de l’insécurité et de l’augmentation du prix des denrées alimentaires et du carburant.
Le Gouvernement a déclaré une urgence alimentaire et nutritionnelle, le 15 janvier dernier. Une étude nationale indique que l’insécurité alimentaire durant la prochaine saison sèche, entre les mois de juin et d’août, pourrait toucher 2,9 millions de personnes, soit 17% de la population tchadienne. C’est le taux le plus élevé de ces 10 dernières années.
Le Tchad fait partie des sept crises humanitaires sous-financées qui viennent de recevoir de l’argent du Fonds central pour les interventions d’urgence afin de répondre à la situation et éviter une autre détérioration.
Le Plan de réponse humanitaire 2024 pour le Tchad sera publié bientôt.
Ukraine
Le Secrétaire général prendra la parole demain après-midi au Conseil de sécurité qui tiendra une réunion sur l’Ukraine.
De son côté, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) indique que deux ans après l’escalade de la guerre, elle a aidé en tout 6,5 millions de personnes dans le pays et dans 11 États voisins.
Toujours aujourd’hui, ONU-Femmes a dit que cette guerre, comme toutes les guerres, pèse, de manière disproportionnée, sur les femmes et les filles. L’agence prévient que les prédictions pour cette année sont sombres; les femmes et les filles représentent 56% de ceux qui auront besoin d’une aide humanitaire, soit 8 millions.
ONU-Femmes souligne que les attaques incessantes contre les femmes et leurs moyens de subsistance sont tout simplement inacceptables.
Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, M. Volker Türk, a noté que l’agression russe contre l’Ukraine, qui entre dans sa troisième année sans espoir d’en voir la fin, est toujours marquée par des violations graves et généralisées des droits humains qui détruisent les vies et les moyens de subsistance.
Routes maritimes
La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a publié un rapport très intéressant qui montre comment les attaques contre les navires de la mer Rouge, ajoutées aux défis géopolitiques et climatiques existants, sont en train de redessiner les routes commerciales mondiales.
La CNUCED estime que les transits par le canal de Suez ont diminué de 42% par rapport à leur apogée. Les principaux acteurs du secteur du transport maritime ayant temporairement suspendu les transits par le canal de Suez, les transits hebdomadaires de navires porte-conteneurs ont chuté de 67%, et la capacité de transport de conteneurs, les transits de navires-citernes et les transporteurs de gaz ont connu des baisses significatives. La CNUCED note que le nombre total des transits par le canal de Panama a chuté de 36% par rapport à l’année dernière.
La CNUCED souligne aussi que le niveau élevé d’incertitude et l’abandon du canal de Suez, au profit du Cap de Bonne-Espérance a un coût économique et environnemental qui représente une pression supplémentaire pour les pays en développement. Elle estime que la hausse de la consommation de carburant pourrait conduire à une hausse de 70% des émissions de gaz à effet de serre, sans oublier l’autre problème qui est l’explosion du prix du transport maritime.
Contributions financières
Les Émirats arabes unis, le Turkménistan, la Serbie et le Monténégro se sont acquittés de la totalité de leur dû au budget ordinaire de l’ONU pour 2024.