Soixante-dix-neuvième session,
6e & 7e séances plénières – matin & après-midi
AG/EF/3602

Deuxième Commission: renforcer la coopération et la solidarité avec l’appui des Nations Unies pour que le développement durable se réalise enfin

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Avec son approche collaborative, la coopération Sud-Sud a « galvanisé la volonté politique du Sud mondial de se remettre sur la voie de la réalisation du Programme 2030, de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et d’autres objectifs de développement », s’est félicité cet après-midi M. Samba Thiam, du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud, lors de sa présentation d’un rapport du Secrétaire général devant la Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières.

Il est essentiel de faire « appel aux idéaux de la coopération Sud-Sud que sont le multilatéralisme, la solidarité et l’intérêt mutuel », a-t-il poursuivi.  Cela permet de renforcer la solidarité humaine pour faire face aux crises que doivent affronter les pays vulnérables, notamment les petits États insulaires en développement (PEID), les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral (PDSL) et les pays à revenu intermédiaire, en raison de la COVID-19, des sécheresses, des inondations, des conflits et de l’inflation. 

La coopération Sud-Sud toujours plébiscitée

« Le monde est une seule et même famille », a lancé l’Inde, vantant son engagement dans la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, ainsi que ses partenariats, par le biais de fonds (150 millions de dollars) soutenant des projets dans 57 pays.  La coopération Sud-Sud n’est pas qu’une assistance technique, c’est un véritable partenariat de solidarité qui permet de créer des solutions adaptées, a renchéri l’État de Palestine, qui a salué des initiatives positives menées avec Cuba, l’Inde, le Brésil, la Jordanie et l’Union européenne.

Dans la même veine, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a estimé que le renforcement de la coopération pour le développement joue un rôle essentiel pour aider les pays en développement à atteindre les objectifs de développement durable (ODD) du Programme 2030.  Au niveau régional, l’ASEAN continue d’explorer et d’échanger des idées concrètes et des approches alternatives, notamment l’économie verte biocirculaire et d’autres modèles de durabilité, a fait savoir la délégation, pour citer des exemples de coopération régionale.

Si divers exemples concrets de cette coopération entre pays du Sud ont été donnés, notamment par Haïti qui en a bénéficié au lendemain du terrible tremblement de terre de 2010, il a été relevé que seulement 15% des ODD sont sur la bonne voie.  C’est ce qu’a dit notamment Mme Birgitte Bryld, du Département des affaires économiques et sociales, en présentant le rapport 2024 relatif à la mise en œuvre de l’Examen quadriennal des activités opérationnelles du système des Nations Unies. 

Cependant, les États Membres ont montré la voie en proposant des initiatives dans six domaines clefs où une transition s’impose de toute urgence: la transformation des systèmes alimentaires, les transitions énergétiques et l’accès à l’énergie, la connectivité numérique, l’éducation, les emplois décents et la protection sociale (y compris les soins de santé), ainsi que la lutte contre les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution.

Les délégations misent sur un soutien coordonné des agences de l’ONU

À l’appui de ces transitions, le système des Nations Unies pour le développement s’est employé à réaligner les mécanismes de coordination, les modalités de travail, les outils, l’expertise et les ressources en vue d’une action concertée à l’approche de 2030.  Sous la direction des coordonnateurs et coordonnatrices résidents, les équipes de pays des Nations Unies visent à instaurer la confiance entre les partenaires et à répondre aux besoins des pays quelles que soient leurs circonstances. 

Le rôle des coordonnateurs résidents a été redynamisé, a reconnu la Communauté des Caraïbes (CARICOM) en soulignant l’aide qu’ils apportent aux pays pour qu’ils honorent les engagements pris.  La délégation a apprécié que l’on tire ainsi parti des compétences spécialisées des organes des Nations Unies pour aider les pays à sortir de la crise. La Fédération de Russie a toutefois émis une note discordante au sujet des « transitions durables »: l’éradication de la pauvreté, pourtant centrale, n’est mentionnée qu’une seule fois dans le rapport du Secrétaire général, alors que le climat et le genre sont mentionnés respectivement 34 et 52 fois, a-t-elle décompté.

Le système des Nations Unies pour le développement a besoin d’un financement plus fiable

Les progrès sont déjà palpables, a fait observer Mme Bryld, mais le déficit chronique persistant de financement du système des coordonnateurs résidents a un impact tangible sur le fonctionnement du système.  Certes, les efforts visant à diversifier la base de financement commencent à donner des résultats modestes, mais les contributions restent fortement concentrées entre les mains d’une poignée de donateurs gouvernementaux.  « Un multilatéralisme fort nécessite un financement à la hauteur », est-il souligné dans le rapport sur le pacte de financement du soutien du système des Nations Unies à la réalisation des ODD, également présenté par Mme Bryld cet après-midi.

La question du financement du système des Nations Unies pour le développement a suscité des inquiétudes parmi les délégations de la Deuxième Commission. Le G77 et la Chine, l’ASEAN ou encore le Mexique ont ainsi plaidé pour des mécanismes de financement prévisibles, adéquats et flexibles, capables de s’adapter aux besoins et aux priorités nationales. 

Le Système des Nations Unies pour le développement et les banques multilatérales de développement doivent améliorer leur collaboration afin de fonctionner comme un système cohérent en alignant davantage leurs plans stratégiques pour atteindre les ODD, a plaidé pour sa part l’Union européenne.  Et pour ce qui concerne l’efficacité du système et la reddition de comptes, elle a salué, comme la Thaïlande, la création du Bureau des évaluations à l’échelle du système. 

Les coordonnateurs résidents: un système fer de lance 

Il est essentiel que les coordonnatrices et coordonnateurs résidents « continuent d’être le fer de lance de l’intégration de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire dans le travail des équipes de pays des Nations Unies », a souligné M. Thiam.  « Le succès des activités opérationnelles des Nations Unies sera mesuré à l’aune de la coopération », a affirmé la CARICOM, qui entend, grâce à elle, mobiliser des ressources et partager des pratiques, afin de mettre en œuvre des solutions correspondant aux priorités spécifiques des pays.   Il est nécessaire de renforcer les partenariats à tous les niveaux, a insisté l’Indonésie. 

Toutefois, la coopération Sud-Sud doit être définie par les pays du Sud eux-mêmes et ne doit pas se substituer à la coopération Nord-Sud, mais plutôt la compléter, a insisté l’Ouganda, au nom du G77 et la Chine, de même que Sri Lanka. La Fédération de Russie a défendu pour sa part le respect de la souveraineté nationale, l’absence d’ingérence dans les affaires intérieures, la prise en compte des spécificités des pays et le refus d’imposer des modèles de développement étrangers.

L’action climatique et les technologies au cœur du débat sur la résilience

Ce matin, la Deuxième Commission a poursuivi son débat général sur le thème « Favoriser la résilience et la croissance dans un monde incertain », entamé lundi.  L’accent a une nouvelle fois été mis sur les effets néfastes des changements climatiques sur le développement.  Kiribati a insisté sur les défis particuliers qu’affrontent les PEID, qui ont besoin d’un transfert de technologies, par exemple pour les systèmes d’alerte précoce, afin d’être mieux préparés et plus résilients face aux catastrophes naturelles dues aux changements climatiques.  « Nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas investir dans l’action climatique » et les pays doivent honorer leurs engagements, a souligné le Guyana.

La Namibie a, quant à elle, mis en avant le Pacte pour l’avenir qu’elle a coorchestré avec l’Allemagne et qui a été adopté le 22 septembre par l’Assemblée générale au cours du Sommet de l’avenir.  Ce Pacte comprend un pacte numérique mondial qui, de l’avis de Kiribati, doit être traduit en mesures concrètes par la Deuxième Commission.  Encourager la résilience et la croissance demande un effort collectif pour que le développement durable ne fasse pas de laissés-pour-compte, a insisté la délégation.

La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain à partir de 10 heures. Elle abordera notamment les questions de politique macroéconomique.

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