En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-neuvième session, Sommet de l'avenir
3e & 4e séances – matin & après-midi
AG/12627

Sommet de l’avenir: les dirigeants mondiaux adoptent le Pacte pour l’avenir, le coup d’envoi d’un nouveau multilatéralisme, plus « légitime, juste et efficace »

Les dirigeants mondiaux réunis à l’occasion du Sommet de l’avenir, qui se tient pendant deux jours sous les auspices de l’Assemblée générale, ont adopté, ce matin, sous des applaudissements nourris, le Pacte pour l'avenir.  Ils ont ainsi promis de donner « un nouveau départ » au multilatéralisme, conscients que ce n’est « plus une option, mais une nécessité ». 

Si le Secrétaire général de l’ONU a convoqué ce Sommet, c’est en effet parce que « notre monde est en train de dérailler » et qu’il nous faut « prendre des décisions difficiles » pour le remettre sur les rails.  « Nous sommes ici pour préserver le multilatéralisme des affres de l’échec », a expliqué M. António Guterres à l’ouverture de ce Sommet qui rassemble près de 180 chefs d’État et de gouvernement ou ministres. 

« Si nous ne changeons pas de cap, nous risquons de basculer dans un avenir fait de crises permanentes et d’effondrements en série », lit-on dans le texte adopté par consensus, après le vote (143 voix pour, 7 contre et 15 abstentions) d’une motion de non-décision présentée par le Groupe des États d’Afrique.  Cette motion a conduit à rejeter un projet d’amendement soumis par la Fédération de Russie qui critiquait un texte « dicté par les pays occidentaux » et faisant fi du « Sud mondial ».

L’adoption d’un tel amendement ne serait pas de nature à répondre à nos attentes et aspirations légitimes, a opposé le groupe africain par la voix de la République du Congo, soutenue par le Mexique pour qui le texte finalisé était « le meilleur résultat possible ».  Tout le monde a dû faire des compromis, « parfois douloureux », a reconnu la Présidente de la Confédération suisse, appelant à ne pas laisser les seuls intérêts nationaux déterminer notre avenir commun. 

Ce Pacte est une « boussole » pour construire un monde plus juste, a estimé le Chancelier allemand.  Le Sommet pour l’avenir peut être un moment historique, l’occasion d’avancer dans la quête, qui nous tient tous à cœur, d’un avenir commun pacifique et radieux, a appuyé le Président de la Namibie, en soulignant qu’il avait fallu 18 mois de négociations aux côtés de l’Allemagne pour parvenir à ce résultat, les deux pays ayant joué le rôle de cofacilitateurs du processus.

Ce Pacte est assorti de 56 mesures couvrant le développement durable et le financement connexe; la paix et la sécurité; la science, la technologie et l’innovation; la jeunesse et les générations futures; et la transformation de la gouvernance.  En annexe de ce document de 67 pages, figurent le Pacte numérique mondial, qui devrait « définir des principes partagés pour un avenir numérique ouvert, libre et sécurisé pour tous », et la Déclaration sur les générations futures. La jeune génération a d’ailleurs largement participé aux « journées d’action » de la société civile, organisées en amont du Sommet, pour montrer aux dirigeants la voie à suivre. 

Aujourd’hui, la voix des jeunes a résonné haut et fort dans la salle de l’Assemblée générale.  L’occasion pour trois d’entre eux de décrire leurs attentes qui ne sont pas toujours prises en compte, à l’instar d’une représentante des jeunes et membre d’une communauté autochtone aux États-Unis, qui a critiqué le Pacte pour l’avenir au motif qu’il ne mentionne nulle part les droits des autochtones et refuse de reconnaître l’existence d’un colonialisme vert.  Un autre intervenant de la cérémonie d’ouverture, du Qatar, prenant la parole en tant que personne handicapée, a insisté sur le fait que « l’inclusion est un droit fondamental, pas un luxe ».  Quant à l’invitée du Soudan du Sud, réfugiée au Kenya, elle a tenu à invectiver ceux parmi les dirigeants du monde qui font ouvertement des commentaires négatifs sur les réfugiés, leur opposant le fait que personne ne choisit d’être réfugié et que n’importe qui peut le devenir.

Des appels entendus par M. Philémon Yang, Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, pour qui la voie que nous choisissons doit conduire à un avenir où la dignité humaine est respectée et les droits humains défendus.

Dans un « monde en profonde transformation » et « face à des risques de catastrophes et à des menaces existentielles de plus en plus grands », comme le dit le Pacte, la crise de la gouvernance mondiale a été largement évoquée lors de cette longue journée.  Une gouvernance accusée de manquer de légitimité lorsqu’il s’agit du Conseil de sécurité, à chaque fois qu’il applique le « deux poids, deux mesures » ou lorsqu’il reste silencieux face à des atrocités, a relevé le Président du Brésil.  Un point de vue partagé par le Prince héritier du Koweït, pour qui l’incapacité de l’organe exécutif de l’ONU à mettre fin au conflit israélo-palestinien montre bien que cette approche n’a pas sa place à l’avenir.

La réforme de l’architecture financière mondiale actuelle, le « reflet d’une époque révolue », selon M. Guterres, a été largement débattue par les différentes délégations.  La majorité des pays en développement s’est accordée sur la nécessité de faire émerger une nouvelle architecture, qui soit basée sur la réduction du fardeau de leur dette, comme l’a préconisé le Président du Malawi.  Du côté des pays développés, le Président du Conseil européen a suggéré au G7 de suivre l’exemple de l’Union européenne, laquelle est parvenue en peu de temps à recanaliser 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS). 

Quant au Pacte numérique mondial, dont la Russie s’est dissociée, d’aucuns y ont vu un point de départ pour une gouvernance numérique inclusive, afin de combler la fracture qui menace de creuser le fossé entre les nantis et les démunis.  En soutenant ce Pacte, « nous visons un avenir numérique centré sur l’humain et fondé sur les droits, qui exploite l’intelligence artificielle pour faire progresser les objectifs de développement durable (ODD) et qui garantisse l’intégrité de l’information », a proposé le Premier Ministre par intérim de la Bulgarie. 

Ce Sommet, qui se tient à la veille du débat général de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, a été précédé d’une prestation de la soprano Renée Fleming qui a interprété deux chansons de son album primé aux Grammys Voice of Nature: the Anthropocene

Parallèlement aux séances plénières du Sommet, se sont déroulés deux dialogues interactifs intitulés « Transformer la gouvernance mondiale et accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 » et « Renforcer le multilatéralisme pour la paix et la sécurité internationales ».

Le Sommet se poursuivra demain, lundi 23 septembre, à partir de 9 heures.

RENFORCEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES - SOMMET DE L’AVENIR (A/79/L.2 et A/79/L.3

Présentation d’un projet d’amendement

Le représentant de la Fédération de Russie a présenté un projet d’amendement (A/79/L.3) au texte du Pacte pour l’avenir en déclarant que « les pourparlers intergouvernementaux sur le texte du Pacte n’ont pas eu lieu ».  Il a en effet dénoncé des négociations « hypocrites » en précisant qu’il n’y avait pas eu une seule séance pour examiner le texte paragraphe par paragraphe.  « En fait, nous n’avons rien à adopter », a décrété le délégué qui a dénoncé un texte dicté par les pays occidentaux et dont les dispositions font controverse.  « Aucune de nos demandes n’a été débattue ni acceptée », a-t-il expliqué.  Pour lui, on ne peut appeler ça un exercice multilatéral et c’est un échec.  Il a affirmé n’avoir jamais vu « une telle outrance » et s’est inquiété de ne pas pouvoir construire l’avenir sur une telle base.  L’idéal, selon lui, serait de ne pas adopter un texte pas consensus aujourd’hui et de poursuivre les discussions pour aboutir à un texte satisfaisant pour tous.

Expliquant l’amendement proposé, il a dit que le but est de respecter le paragraphe 7 de la Charte des Nations Unies, relatif aux organes de l’ONU.  Le projet d’amendement souligne le rôle essentiel des États Membres dans la prise des décisions.  Il ne fait pas fi du Sud mondial, mais au contraire veut le protéger, a-t-il encore précisé.

Si l’amendement n’est pas adopté, la Russie prendra ses distances sur le Pacte pour l’avenir et le Pacte numérique, a prévenu le délégué estimant que le Pacte pour l’avenir ne crée pas des obligations mais constitue simplement une déclaration.

L’amendement au projet de résolution A/79/L.2 était soumis par les pays suivants: Bélarus, Fédération de Russie, République islamique d’Iran, Nicaragua, République arabe syrienne et République populaire démocratique de Corée.

Le texte de l’amendement indiquait que « l’Organisation des Nations Unies et le système des Nations Unies ne doivent pas intervenir dans des affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d’un État ».  De plus, il demandait au Secrétaire général d’évaluer le respect de cette obligation par l’ONU, ses fonds et ses programmes, ainsi que les éventuels doubles emplois, notamment ceux qui découleraient de l’adoption du présent Pacte.

Motion d’ordre

Dans une motion d’ordre, le représentant de la République du Congo, parlant au nom du Groupe des États d’Afrique, est revenu sur les efforts inlassables fournis lors des négociations.  Il est de notre responsabilité collective d’assurer un avenir meilleur pour les générations actuelles et futures, a-t-il martelé, au moment même où nous nous trouvons à la croisée des chemins.  Il importe selon lui de démontrer notre unité et notre capacité à apporter des réponses communes et concertées aux défis actuels.  Il s’est dit convaincu que l’adoption d’un tel amendement n’est pas de nature à répondre à nos attentes et aspirations légitimes.  C’est pourquoi, disant appuyer le Pacte pour l’avenir, il a proposé qu’aucune décision ne soit prise concernant le projet d’amendement.  Une position soutenue par le Cameroun et le Mexique.  Ce dernier a estimé que les délégations ont fait preuve de bonne volonté pour arriver à un consensus.  « Nous aurions voulu également présenter des amendements », a-t-il témoigné en expliquant cependant avoir estimé que le texte finalisé était le meilleur résultat possible.

Le représentant du Venezuela, qui s’exprimait également au nom de l’Iran et de la Syrie, a qualifié cette motion d’ordre de manœuvre de procédure prouvant une fois de plus l’attitude arrogante de certains États occidentaux « dont nous avons souffert tout au long des négociations ». Tout comme le Bélarus, la délégation du Venezuela a encouragé à voter en faveur de cet amendement qui contribuerait selon elle à la réalisation de « nos aspirations légitimes nationales ».

La motion d’ordre a été mise aux voix et a été adoptée par 143 votes favorables, 7 contre (Bélarus, Fédération de Russie, Nicaragua, République arabe syrienne, République populaire démocratique de Corée, République islamique d’Iran et Soudan) et 15 abstentions.

Déclarations d’ouverture

M. PHILÉMON YANG, Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a déclaré qu’aujourd’hui l’ONU réunit ses États Membres pour représenter les peuples du monde, unis par des aspirations communes pour l’avenir.  Notre avenir est entre nos mains, a-t-il souligné, se disant convaincu que les pays ont, ensemble, le pouvoir de faire des choix décisifs pour les futures générations.  M. Yang, pour qui le monde est plus que jamais à la croisée des chemins et au cœur d’une transformation profonde, a lancé un appel à relever les défis globaux par « une action collective urgente ». 

En évoquant les conflits et les changements climatiques, ainsi que la fracture numérique, les inégalités et les menaces qui pèsent sur les droits de l’homme, le Président de l’Assemblée générale a voulu voir dans le Pacte l’espoir que des solutions vraiment collectives peuvent être trouvées pour relever ces défis multiples et complexes.  Il y a de l’espoir, a-t-il assuré, parce que les défis s’accompagnent d’opportunités et de possibilités d’innover et de coopérer au niveau mondial.  Le Pacte pour l’avenir, qui vient d’être adopté, représente selon lui l’engagement des pays non seulement à répondre aux crises immédiates mais aussi à jeter les bases d’un ordre mondial durable, juste et pacifique – « pour tous les peuples et toutes les nations! » 

M. Yang a ensuite rappelé les engagements pris en vertu du Pacte et de ses annexes, qu’il s’agisse de promouvoir la paix et la sécurité internationales, de dynamiser la mise en œuvre des objectifs de développement durable, de favoriser des sociétés justes et inclusives ou encore de veiller à ce que les technologies servent toujours le bien commun de l’humanité.  Pour les concrétiser, il a appelé les pays à « avancer, ensemble, dans un esprit de solidarité et de coopération multilatérale ».Le Sommet de l’avenir est un appel à l’action, et nous devons bâtir notre avenir pour nous protéger et protéger notre planète, a-t-il insisté.  Il a placé cette action commune sous les auspices et principes du droit international et du Programme de développement durable à l’horizon 2030, une action honorant la « promesse de la Charte des Nations Unies de préserver les générations futures du fléau de la guerre ».  La voie que nous choisissons doit conduire à un avenir où la dignité humaine est respectée et les droits de l’homme sont défendus, a déclaré M. Yang, qui a conclu son intervention en affirmant qu’un avenir où la paix transcende la simple absence de conflit doit être fondée sur la justice, l’inclusion et l’équité.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a d’emblée rappelé que « nous sommes ici pour préserver le multilatéralisme des affres de l’échec ».  C’est dans ce sens qu’il a demandé que le présent Sommet envisage des réformes profondes visant à rendre les institutions mondiales plus légitimes, plus justes et plus efficaces. 

Les défis du XXIe siècle requièrent des solutions du XXIsiècle, a poursuivi M. Guterres, c’est à dire des cadres en réseau et inclusifs, qui s’appuient sur les compétences de l’humanité tout entière.  Le Secrétaire général de l’ONU a dit avoir convoqué ce sommet parce que « notre monde est en train de dérailler et il nous faut prendre des décisions difficiles pour le remettre sur les rails ». 

Le Secrétaire général a ensuite passé en revue les conflits qui font rage et se multiplient, du Moyen-Orient à l’Ukraine en passant par le Soudan, sans qu’une fin soit en vue.  C’est un fait: « notre système de sécurité collective est menacé par les dissensions géopolitiques, les prises de positions face au nucléaire, la mise au point de nouvelles armes et l’apparition de nouveaux théâtres d’hostilités », a-t-il ajouté.  Des ressources qui pourraient se traduire en potentialités et être porteuses d’espoir sont investies dans la mort et la destruction, a-t-il déploré.

Pointant les inégalités colossales qui freinent le développement durable, M. Guterres s’est alarmé que les nouvelles technologies, y compris l’intelligence artificielle, se développent dans un vide éthique et juridique, sans gouvernance ni garde-fou. 

Aujourd’hui, l’Organisation des Nations Unies compte 193 États Membres et les instruments et institutions de paix et de sécurité, tout comme l’architecture financière mondiale, sont donc le reflet d’une époque révolue, a rappelé le chef de l’ONU.  Ainsi, le Conseil de sécurité de l’ONU est dépassé et son autorité s’érode.  L’architecture financière mondiale a été créée à une époque où de nombreux pays en développement se trouvaient sous domination coloniale.  Pendant ce temps-là, la technologie, la géopolitique et la mondialisation ont transformé les rapports de force, a constaté M. Guterres, soulignant que « notre monde traverse une période de turbulences et de transition ». 

Pour autant, le Secrétaire général n’envisage pas d’attendre l’avènement de conditions parfaites, mais engage dès à présent de prendre les premières mesures décisives pour actualiser et réformer la coopération internationale afin de la rendre plus interconnectée, plus équitable et plus inclusive. 

Et aujourd’hui, grâce à vos efforts, c’est chose faite! s’est félicité M. Guterres.  Pour lui, le Pacte pour l’avenir, le Pacte numérique mondial et la Déclaration sur les générations futures sont porteurs de chances et de possibilités nouvelles. 

En ce qui concerne la paix et la sécurité, ces instruments promettent une percée dans les réformes visant à rendre le Conseil de sécurité plus représentatif du monde d’aujourd’hui, s’est félicité le Secrétaire général.  Le Pacte pour l’avenir vise aussi à revitaliser les objectifs de développement durable et l’Accord de Paris et à garantir un avenir pacifique et vivable à tous les habitants de notre planète; il comprend un engagement inédit des gouvernements à écouter les jeunes et à les faire participer à la prise de décisions, aux niveaux national et mondial, a-t-il détaillé. Pour sa part, le Pacte numérique mondial repose sur le principe selon lequel la technologie doit profiter à toutes et tous.  Quant à la Déclaration sur les générations futures, elle appelle pour la première fois les gouvernements à prendre en compte les intérêts de nos descendants dans les décisions prises aujourd’hui. 

Le Secrétaire général a donc salué ces trois accords historiques, y voyant un tournant vers un multilatéralisme plus efficace, plus inclusif et fonctionnant plus en réseaux.  Il a rappelé qu’il s’était battu depuis le tout premier jour de son mandat pour les idées portées par ces accords et s’est dit pleinement engagé dans leur mise en œuvre jusqu’au tout dernier jour. 

« Nous avons ouvert la porte.  Il nous incombe désormais –à toutes et à tous– de la franchir, alors maintenant mettons-nous au travail », a-t-il conclu.

M. GHANIM MOHAMMED AL MUFTAH, du Qatar, représentant de la jeunesse, a tenu à s’adresser aux membres de l’Assemblée générale non comme dirigeants, mais en tant que pères, mères et tuteurs se souciant profondément de l’avenir des générations futures.  Indiquant avoir été élevé dans le respect de valeurs familiales fortes, il a affirmé qu’en tant que personne handicapée, il a appris que le véritable progrès vient de la manière dont la société accueille les différences des uns et des autres.  « L’inclusion est un droit fondamental, pas un luxe », a-t-il affirmé. 

Racontant qu’à sa naissance, les médecins avaient prédit à sa mère que son cas était sans espoir, il a affirmé qu’il était là aujourd’hui pour donner de l’espoir aux autres et une voix à ceux qui n’en n’ont pas. Au nom du milliard de personnes handicapées dans le monde, il a appelé à mettre fin aux handicaps causés par les guerres.  « Vous devez être le changement que vous voulez voir », a-t-il exhorté les membres de l’Assemblée en conclusion. 

Mme NIRIA ALICIA GARCÍA, des États-Unis, représentante des jeunes et membre d’une communauté autochtone, a déploré que « partout dans le monde, nos eaux et nos lieux sacrés sont profanés ».  « La cupidité des entreprises et la guerre poussent la vie au bord de l’extinction », a-t-elle ajouté, accusant les gouvernements et les politiques partout dans le monde d’être dépourvus de spiritualité, de moralité et de respect fondamental de la vie.  « Les cœurs de ma génération se brisent alors que nous survivons aux effets de catastrophes climatiques qui auraient pu être évitées », a-t-elle également affirmé, avant de s’émouvoir que le monde entier en soit réduit à regarder le génocide des Palestiniens en direct sur des téléphones malgré les appels mondiaux à un cessez-le-feu.

La représentante des jeunes a ensuite critiqué le Pacte pour l’avenir au motif qu’il ne mentionne nulle part les droits des autochtones et refuse de reconnaître l’existence d’un colonialisme vert.  Ainsi a-t-elle appelé les pays à se saisir des savoirs autochtones et de leur spiritualité, si nécessaires pour créer de véritables solutions intergénérationnelles.  « Nos cosmologies ont la sagesse et le pouvoir de guider l’humanité vers le bon chemin, mais pour ce faire, les peuples autochtones doivent être représentés à parts égales en tant qu’États Membres dans tous les organes de l’ONU », a considéré Mme García. 

Mme MONICA MALITH, du Soudan du Sud, représentante de la jeunesse, a voulu d’abord savoir quelle était l’intention de chacun, ici, concernant l’avenir.  La vision, l’image, l’action, l’inclusion, la transformation, le goût de l’avenir?  Parmi les questions les plus urgentes, elle a cité la crise des réfugiés résultant de l’absence de paix et de sécurité.  Si ce problème n’est pas résolu, il déstabilisera les sociétés, entravera la croissance et sèmera la discorde, a-t-elle mis en garde. 

En réfléchissant à sa propre expérience de jeune femme ayant grandi au Kenya comme réfugiée du Soudan du Sud, elle a rendu hommage au Kenya, terre de refuge, qui lui a ouvert les portes de l’éducation.  L’Université de Nairobi lui a donné une chance de s’élever, de diriger et de parler au nom de ceux qui n’ont pas de voix.  Cela a été rendu possible grâce à la bourse allemande « Albert Einstein German Scholarship », le soutien du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et du Kenya, a-t-elle précisé.  Aujourd’hui, diplôme de droit en poche, elle est devenue la voix des jeunes, des réfugiés et de tous ceux qui sont oubliés.  Tout au long de son parcours, elle a appris qu’il ne suffit pas d’obtenir des diplômes pour prospérer, mais aussi de donner l’exemple du leadership. 

La femme leader en a donc appelé à « notre devoir collectif » d’apporter aux réfugiés non seulement une aide immédiate, mais aussi des solutions à long terme, empreintes de compassion, qui respectent leur dignité et leur permettent de contribuer utilement à la société.  C’est dans cet esprit, a-t-elle expliqué, qu’elle s’engage, sous l’égide des Nations Unies, à changer, à construire, à lutter pour l’avenir, pour le Soudan du Sud, le Kenya, l’Afrique et pour le monde.  Elle a, dans cette même ligne, lancé un appel aux nations en développement et aux économies émergentes pour qu’elles investissent dans l’éducation pour assurer une croissance durable, malgré les réductions constantes du financement de l’éducation dans le monde. 

Enfin, Mme Malith s’est élevée contre ceux parmi les dirigeants du monde qui font ouvertement des commentaires négatifs sur les réfugiés.  Personne ne choisit d’être réfugié, a-t-elle rétorqué, sachant que n’importe qui peut le devenir.  C’est pourquoi, a-t-elle conclu, « nos efforts doivent être centrés sur la paix et la sécurité afin que personne ne soit jamais obligé de quitter son domicile ». 

M. OLAF SCHOLZ, Chancelier de la République fédérale d’Allemagne, a estimé que le Pacte pour l’avenir est une boussole pour construire un monde plus juste et traiter les défis futurs non pas séparément mais ensemble.  Les divisions actuelles ne doivent pas constituer la fin de l’histoire des Nations Unies, a-t-il prié.  Il s’est réjoui du fait que l’Allemagne et la Namibie, deux nations issues de continents différents, aient pu travailler ensemble pour parvenir à ce résultat.  Il a salué les efforts des hommes et des femmes ayant travaillé sur le Pacte.  Cela prouve, selon lui, que le multilatéralisme est bien vivant.  « Allons de l’avant, l’avenir commence maintenant », a-t-il conclu. 

M. NANGOLO MBUMBA, Président de la Namibie, a rappelé que le Pacte qui vient d’être adopté est le fruit de 18 mois de négociations « parfois difficiles ».  Citant un proverbe africain selon lequel « demain appartient à ceux qui planifient très tôt », il a estimé que le Sommet de l’avenir peut être un moment historique, l’occasion d’avancer dans la quête qu’il tient à cœur à tous de forger un avenir commun pacifique et radieux.  Nous venons de prendre des engagements importants pour les générations futures, a-t-il dit, jugeant qu’un monde en paix avec lui-même est nécessaire pour être durablement prospère, plus aimant et inclusif. 

M. Mbumba a ensuite déclaré que, pour que le Pacte soit couronné de succès, l’ONU doit avoir le courage de s’engager dans des réformes profondes, notamment pour que se mette en place un « multilatéralisme qui fonctionne véritablement ».  À cette fin, il a plaidé pour des organisations internationales structurées de manière à ce que tous les pays se voient offrir les mêmes chances économiques et les mêmes moyens de mettre en œuvre les objectifs de développement durable (ODD).  Dès aujourd’hui, nous devons nous accorder sur la façon de faire émerger une architecture financière internationale nouvelle, efficace et juste, a-t-il insisté, rappelant que les problèmes mondiaux exigent des solutions mondiales pour parvenir à la paix, à la prospérité et à la sécurité.  Le Président namibien a formé le souhait que les pays repartent de ce sommet animés d’un nouvel espoir, de nouveaux engagements pris autour de plans concrets en faveur d’une économie mondiale qui fonctionne pour tous.  « Nous serons jugés par les générations futures non sur nos mots, mais sur des actes », a-t-il conclu, demandant aux États de s’élever à la hauteur de cette tâche impérieuse. 

Débat général

M. JULIUS MAADA BIO, Président de la Sierra Leone, s’exprimant au nom du Groupe G7 plus, un groupe de pays qui ont fait l’expérience « des horreurs des conflits et des difficultés de la fragilité postconflit » et qui sont attachés à la paix et au développement durable, a placé ses espoirs dans ce Sommet de l’avenir pour un renouvellement de l’engagement de la communauté internationale en faveur d’un avenir de paix, de sécurité, de justice et de développement durable pour tous.  « Pour nous, ces défis ne sont ni éloignés, ni théoriques », a-t-il expliqué, ajoutant qu’ils sont la dure réalité à laquelle les pays du G7 plus sont confrontés tous les jours puisqu’ils ont connu et continuent de connaître la fragilité, les conflits et la violence. 

Ce Sommet de l’avenir a permis d’adopter le Pacte pour l’avenir, s’est félicité le chef d’État, qui y a vu une feuille de route pour un monde plus durable et plus sûr.  Dans ce contexte, il a insisté sur l’appel à l’appropriation nationale des processus de développement nationaux et à une gouvernance plus ouverte.  Il a également mis en avant le fait que le développement durable et le financement du développement sont fondamentaux pour apporter une réponse aux problèmes des pays fragiles et touchés par les conflits; il a donc plaidé pour une intensification de la coopération internationale, la mise en place de mécanismes de financement novateurs et d’approches pour qu’aucun pays ne soit laissé pour compte. Passant à la promotion de la paix et de la sécurité internationales, M. Bio a rappelé que la paix et la stabilité sont le socle du développement.  Pour les pays qui sortent de conflits, atteindre la paix n’est pas un événement ponctuel mais un processus permanent de renforcement des institutions, de promotion de l’état de droit et de traitement des causes profondes, a-t-il fait valoir.

M. RASHAD MOHAMMED AL-ALIMI, Président du Conseil de direction présidentiel du Yémen, a déclaré que, compte tenu des souffrances endurées par son pays au cours de la dernière décennie, ses priorités peuvent sembler différentes de celles de la plupart des autres, en particulier de ceux qui sont en paix.  Le Yémen est aujourd’hui le théâtre de l’une des plus graves crises humanitaires au monde, avec d’inévitables répercussions sur le non-respect de ses obligations relatives aux objectifs du Millénaire et de développement durable.  Malgré cela, a fait observer M. Al-Alimi, le pays reste déterminé à les remplir et à parvenir à un avenir meilleur.  Le Conseil de direction présidentiel œuvre depuis deux ans avec le Gouvernement yéménite à la mise en œuvre du Sommet de l’avenir, avec notamment le lancement d’un programme ambitieux de développement des capacités dans la capitale temporaire, Aden. M. Al-Alimi s’est dit impatient de voir son pays bénéficier pleinement des résultats de ce sommet, y compris de sa proposition de déclaration, qui apporte des solutions concrètes aux défis internationaux et soutient les pays en développement et les pays les moins avancés pour réaliser les objectifs de développement durable d’ici à 2030.

M. LUIZ INÁCIO LULA DA SILVA, Président du Brésil, a estimé que les représentants des États Membres ont deux grandes responsabilités envers ceux qui leur succéderont.  La première consiste à « ne jamais reculer ».  Revenir sur les engagements pris pour faire reculer la faim, promouvoir l’égalité femmes-hommes, lutter contre le racisme et refuser les menaces nucléaires et les nouvelles courses aux armements sur Terre ou dans l’espace, ce serait « remettre en question tout ce que nous avons durement construit », a-t-il affirmé.  Or, il a relevé que les objectifs de développement durable, présentés comme la plus grande entreprise diplomatique de ces dernières années, sont en passe de devenir « notre plus grand échec collectif », puisqu’au rythme actuel, seuls 17% des objectifs du Programme 2030 seront atteints dans les délais.  Président en exercice du G20, le Brésil lancera une alliance mondiale contre la faim et la pauvreté pour accélérer la lutte contre ces fléaux.  De même, dans le cadre de la préparation de la COP 30 sur le climat, le Brésil entend promouvoir un « bilan éthique mondial », réunissant différents secteurs de la société civile pour réfléchir à l’action climatique dans une perspective de justice, d’équité et de solidarité. 

Pour M. Lula da Silva, la seconde responsabilité commune consiste à ouvrir la voie face aux nouveaux risques et opportunités.  À ses yeux, le Pacte pour l’avenir « nous montre la direction à suivre », en abordant de manière inédite des sujets importants, tels que la dette des pays en développement et la fiscalité internationale. Il s’est également réjoui que la création d’un forum de dialogue entre les chefs d’État et de gouvernement et les dirigeants des institutions financières internationales place l’ONU au centre du débat économique mondial.  De même, il a vu dans le Pacte numérique mondial un point de départ pour une gouvernance numérique inclusive, qui réduise les asymétries dans l’accès aux avantages d’une économie basée sur les données et atténue l’impact des nouvelles technologies, telles que l’intelligence artificielle. 

Le Président du Brésil a cependant jugé que la crise de la gouvernance mondiale nécessite des transformations structurelles.  La pandémie, les conflits en Europe et au Moyen-Orient, la course aux armements et la crise climatique ont révélé les limites des enceintes multilatérales, a-t-il relevé, en déplorant que la plupart des organes de l’ONU ne disposent ni de l’autorité ni des moyens de mise en œuvre nécessaires pour faire respecter leurs décisions.  Il a notamment regretté que la légitimité du Conseil de sécurité diminue chaque fois qu’il applique le « deux poids, deux mesures » ou reste silencieux face à des atrocités.  Il a en outre accusé les institutions de Bretton Woods d’ignorer les priorités et les besoins du monde en développement, tandis que le Sud mondial n’est pas représenté d’une manière cohérente avec son poids politique, économique et démographique actuel.  « Nous avons besoin de courage et de volonté politique pour changer », a lancé le Président en conclusion, appelant à « créer aujourd’hui ce que nous voulons pour demain ». 

M. LAZARUS MCCARTHY CHAKWERA, Président du Malawi, a affirmé que le développement durable est intenable sans financement durable.  C’est pourquoi, il a appelé à une refonte urgente du financement du développement par le biais de mécanismes plus robustes, plus inclusifs et plus « humains ».  Il a appelé à un financement qui catalysera le développement mondial dans les pays en développement car, a-t-il martelé, le sous-développement des pays les moins avancés (PMA) pèse sur le potentiel des pays du Sud comme du Nord.  Il a également a insisté sur la nécessité d’impliquer plus avant le secteur privé dans les économies durables.  Nourrir le désir d’entreprendre des jeunes au niveau local exige selon lui une reconfiguration drastique des institutions multilatérales pour créer une nouvelle architecture de la finance mondiale basée sur la réduction du fardeau de la dette des pays en développement. 

Dans ce même ordre d’idées, M. Chakwera a jugé impératif que les pays du monde entier fassent ensemble les efforts requis pour améliorer la capacité des PMA à réduire la fracture numérique.  À cet égard, il a salué la création d’une banque des technologies des Nations Unies pour ces pays et appelé à un financement accru de celle-ci, pour lui permettre de fonctionner à pleine capacité, par le biais, par exemple, de l’implantation de succursales dans les pays concernés.  En renforçant les capacités technologiques des PMA, nous veillerons à ce que personne ne soit laissé pour compte à l’ère numérique, a estimé le Président.  Enfin, il a souligné l’importance que l’Afrique s’appuie sur le « bonus démographique » du continent en intensifiant les efforts de formation des jeunes générations à la « quatrième révolution industrielle en cours ». 

M. SADYR ZHAPAROV, Président du Kirghizistan, a jugé nécessaire en ce moment de « changement global » de repenser les approches établies de la coopération multilatérale.  À cet égard, il a invité à prendre des mesures fondamentales qui permettront non seulement de relever les défis actuels, mais aussi de jeter des bases solides pour le bien-être des générations à venir, car « les problèmes universels appellent des solutions universelles ».

M. Zhaparov a dit voir dans le Sommet de l’avenir une plateforme unique pour jeter les bases d’une nouvelle architecture mondiale qui fonctionne pour tous et non seulement pour une minorité de privilégiés.  C’est pourquoi, il a invité tous les pays donateurs à revenu élevé à participer activement à la contribution à l’Association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale, ainsi qu’à d’autres institutions financières internationales qui jouent un rôle important dans le soutien aux pays en développement, permettant aux pays à faible revenu de lutter contre la pauvreté, de développer des infrastructures et de renforcer leur capacité de résistance face aux défis mondiaux.  Faisant écho au Programme de développement durable à l’horizon 2030, le chef d’État a insisté sur trois mesures clefs: le désendettement, une expansion majeure du financement à long terme et abordable et la création de mécanismes de réponse rapide aux crises.  Ces mesures jouent, à ses yeux, un rôle crucial pour assurer la viabilité financière des pays en développement.  Pour construire des ponts solides entre le présent et l’avenir, il a appelé à renforcer les liens entre les peuples, estimant que la pandémie de coronavirus avait clairement démontré que les mécanismes de coopération existants n’étaient plus adaptés pour relever les défis d’aujourd’hui.

La République kirghize est prête à contribuer à cette grande action, a assuré son Président en réaffirmant son soutien au Pacte pour l’avenir.  Au plan national, le Kirghizistan a déjà réalisé des progrès significatifs dans l’éradication de l’extrême pauvreté, le développement de l’infrastructure et de la numérisation ainsi que dans la transition vers une économie verte.  Pour M. Zhaparov, une telle expérience montre clairement que la réalisation des ODD est possible même pour des petits pays aux ressources limitées, à la condition d’avoir une vision claire et une volonté politique.

M. CYRIL RAMAPHOSA, Président de l’Afrique du Sud, s’est inquiété des conflits, changements climatiques, crises sanitaires et inégalités croissantes qui affectent les perspectives de développement dans bien des pays du monde. Il a vu l’adoption du Pacte comme l’occasion de revoir les institutions onusiennes, notamment le Conseil de sécurité, au sein duquel le pouvoir de maintenir la paix est concentré entre trop peu de mains, alors que le monde entier subit les conséquences de la guerre. Il a estimé, à l’instar du Secrétaire général, que le Sommet de l’avenir est une « occasion unique », ne se produisant qu’une fois par génération, de forger un consensus sur le développement durable, notamment autour de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Plaidant en faveur d’actions multilatérales, il a appelé à entreprendre des actions concrètes pour offrir un monde meilleur aux générations futures, notamment aux jeunes et aux femmes. 

M. JOSEPH NYUMA BOAKAI, Président du Libéria, a évoqué le programme ambitieux pour le développement durable que son nouveau gouvernement a mis en place depuis les récentes élections il y a huit mois.  Il a salué l’engagement collectif dont témoigne le Pacte pour l’avenir, en assurant de la détermination du Libéria à relever les obstacles au développement qu’il connaît, à l’instar des autres pays les moins avancés qui consacrent toujours 12% de leurs recettes au paiement de la dette, soit quatre fois plus qu’il y a 10 ans.  Cela montre, selon lui, l’urgence d’une réforme du système financier international. Pour accélérer la mise en œuvre du Programme 2030, il est impératif de transformer la gouvernance mondiale, a martelé le Président Boakai en appelant à prendre des mesures drastiques pour lever les obstacles qui entravent toujours le potentiel de développement des pays en développement qui ont tous des difficultés à atteindre les ODD.

M. ALAR KARIS, Président de l’Estonie, a commencé par regretter que le texte de document final ait été considérablement édulcoré en raison des actions perturbatrices de la Fédération de Russie, qu’il a dénoncées comme des « pratiques hostiles ».  Il a ensuite affirmé que le Conseil de sécurité doit être réformé pour dissuader la commission de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.  Pour le chef d’État, l’une des conséquences de l’inaction au sein de l’ONU est un déclin considérable du multilatéralisme.  « Faisons-le revivre! » a-t-il prié, en plaidant pour davantage d’opportunités de coopération sur des questions fondamentales entre tous les États. 

« Ouvrons les portes à la société civile et à la jeunesse pour qu’elles participent de manière significative à toutes nos discussions et prises de décisions, car ce sont elles qui détiennent les informations clefs sur le terrain », a préconisé M. Karis.  Ce n’est qu’en privilégiant des mesures concrètes dans la mise en œuvre des actions convenues dans le Pacte pour l’avenir que nous prouverons à nos populations que l’ONU continue d’être pertinente: « Faisons en sorte que nos enfants croient aux grandes institutions internationales comme les Nations Unies! »

M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, a dénoncé la résurgence d’un isolationnisme irrationnel et d’un nationalisme aveugle. « Ce chemin mène à l’échec », a-t-il lancé à l’Assemblée, appelant à revenir aux principes fondateurs des Nations Unies: coopération, solidarité et engagement partagé en faveur de la paix, qui sous-tendent le Programme 2030.  Rappelant l’urgence climatique, il a souligné que l’Afrique, tout en contribuant le moins aux émissions mondiales, « porte le fardeau le plus lourd ».  Or, il a constaté que, « malgré les promesses, les plus vulnérables restent abandonnés ».  On nous dit de « nous adapter » et de « faire preuve de résilience », mais comment s’adapter à la famine ou renforcer sa résilience lorsque les agriculteurs ne peuvent pas prédire les saisons, a-t-il interrogé l’Assemblée, avant d’exiger « l’équité, pas la charité ».  À ses yeux, la justice climatique nécessite un système économique qui fonctionne pour tout le monde, et pas seulement pour quelques privilégiés. 

Observant que plus de 700 millions de personnes, soit 8,75% de la population mondiale, vivent toujours dans une pauvreté extrême, privées des droits humains fondamentaux, et que la pandémie a exacerbé ces inégalités, le chef d’État a appelé à construire un nouvel ordre économique mondial, qui promeuve l’inclusion et l’équité pour tous.  Le système multilatéral, en particulier l’ONU, devrait être à l’avant-garde de cet effort, a-t-il plaidé.  Pour la réforme cruciale du Conseil de sécurité, il a rappelé que l’Afrique, continent de 1,4 milliard d’habitants, est largement sous-représentée.  « Nous ne pouvons pas parler de multilatéralisme lorsque les structures de gouvernance mondiale sont ancrées dans un ordre mondial injuste et inégal. »  Il a plaidé en faveur du consensus d’Ezulwini, adopté par les dirigeants africains comme Position africaine commune sur la réforme de l’ONU, pour « donner à l’Afrique la place qui lui revient ».  « Engageons-nous en faveur de solutions multilatérales qui reflètent notre humanité commune », a-t-il conclu. 

M. DENIS BEĆIROVIĆ, Président de la Bosnie-Herzégovine, a souligné la nécessité et l’importance du Pacte pour l’avenir en ces temps de crise de la démocratie et du multilatéralisme.  L’ONU doit être plus efficace dans la prévention des conflits, la consolidation de la paix et la lutte contre le terrorisme, a-t-il dit, ajoutant que l’expérience douloureuse de son pays montre qu’une organisation indécise et hésitante, « même dans des zones de sécurité décrétée par l’ONU », conduit à des conséquences tragiques.  « Le génocide commis contre les Bosniaques à Srebrenica en 1995 en est un exemple.  Tirons les leçons du passé pour un avenir vraiment commun », a-t-il poursuivi.  Pour le Président bosnien, la nature des défis d’aujourd’hui montre clairement la voie à suivre, et, dans ce contexte, « le multilatéralisme est la meilleure réponse ».  Après avoir rappelé le soutien actif de la Bosnie-Herzégovine à l’Accord de Paris et à la réalisation des ODD, le Président a insisté sur le fait que l’avenir appartient aux jeunes générations.  « Je plaide personnellement pour une implication concrète des jeunes dans l’élaboration des politiques aux niveaux national et mondial », a-t-il notamment dit, estimant par ailleurs que les pays doivent de nouveau s’inspirer de la Charte des Nations Unies pour bâtir ensemble un avenir plus sûr.

M. LAM TO, Président du Viet Nam, s’est dit convaincu que les décisions prises aujourd’hui façonneront le paysage de notre avenir.  En cette ère de progrès scientifiques et technologiques rapides, il a recommandé de donner la priorité à la réalisation des objectifs de développement durable, en plaçant les personnes -en particulier les jeunes- au centre des préoccupations. 

Les innovations scientifiques et technologiques doivent être le moteur du progrès social, a-t-il insisté.  Elles doivent être axées sur l’homme, promouvoir l’émancipation et le développement, tout en améliorant continuellement la qualité de vie et en garantissant le bien-être de l’humanité pour les générations à venir. 

Ces progrès ne doivent toutefois jamais être utilisés comme des armes contre d’autres nations ou pour saper les aspirations à la paix, au développement, à l’égalité et à la justice, a averti le chef d’État.  Pour M. To, les fruits de l’intelligence humaine devraient être consacrés au développement économique et social, à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration du niveau de vie.  Il est essentiel de ne plus investir dans des armes destructrices, mais d’améliorer les soins de santé, l’éducation et les biens publics au profit de tous, afin d’ouvrir la voie à la paix, à la stabilité, au développement durable et à l’égalité entre les nations. 

En ce moment critique, le Président du Viet Nam a jugé essentiel de renforcer la solidarité, la coopération et le respect mutuel.  Invitant au respect du droit international et de la Charte des Nations Unies dans la résolution des différends par des moyens pacifiques, M. To a appelé les pays voisins à tenir compte des intérêts de chacun lorsqu’ils utilisent des ressources communes.  De même, il a encouragé au partage des avancées scientifiques et technologiques afin de favoriser la croissance collective.  À cet égard, les Nations Unies et les organisations régionales, y compris l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, doivent jouer un rôle moteur dans la promotion de la coopération et la coordination des efforts visant à relever les défis mondiaux et à tirer parti des avancées technologiques, a-t-il plaidé.  Enfin, il s’est félicité de l’adoption des documents du Pacte pour l’avenir, formant le vœu de les voir mis en œuvre de manière vigoureuse et efficace. 

M. MOHAMED MUIZZU, Président des Maldives, a invité à imaginer « un monde où les Nations Unies ne seraient plus confinées dans une tour d’ivoire distante, lointaine et inaccessible, un monde où le système multilatéral ne serait plus synonyme d’une pile croissante de résolutions prenant la poussière ». Rappelant que le Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les petits États insulaires en développement avait été adopté au mois de mai 2024, il a estimé que, pour le système multilatéral, le moment était venu d’arriver à des résultats concrets, ajoutant que le multilatéralisme devait devenir « plus qu’un concept, une réalité vécue ». 

M. Muizzu a plaidé en faveur de l’émancipation des jeunes, de l’investissement dans les technologies numériques et de la lutte contre les changements climatiques.  Qualifiant ces derniers de « principale menace pesant sur les générations actuelles et futures », il a rappelé qu’ils affectaient 62% des jeunes dans le monde, et que les événements climatiques extrêmes avaient coûté 153 milliards de dollars ces 50 dernières années.  « Ignorer la cible de 1,5 degré d’augmentation de la température globale n’est pas une option », a-t-il martelé, ajoutant que le Sommet devait honorer les engagements passés en matière d’adaptation climatique, de pertes et dommages et de protection des océans.  Rappelant l’engagement de son pays à atteindre la neutralité carbone, il a estimé qu’il faisait sa part de l’effort et a demandé aux autres d’en faire autant. 

Enfin, le Président des Maldives a insisté sur le financement comme clef permettant d’atteindre les ODD, en regrettant qu’il soit inférieur de 2 500 à 4 000 milliards de dollars aux besoins chaque année.  Affirmant que les générations futures jugeraient les Membres de l’Assemblée non sur le processus engagé mais sur les actions concrètes entreprises, il a également appelé à avoir le courage de stopper la « guerre génocidaire » à Gaza, de traduire en justice les responsables de violations des droits humains et d’accorder le statut de membre de plein droit des Nations Unies à l’État de Palestine. 

M. CHANDRIKAPERSAD SANTOKHI, Président du Suriname, a dit ne pas pouvoir s’empêcher de constater que bon nombre des engagements et déclarations faits aujourd’hui font écho à ceux qui ont été exprimés maintes et maintes fois.  Par conséquent, notre première action décisive doit être de tenir les promesses et les engagements pris.  « Nous devons agir maintenant, de toute urgence, pour faire de ce monde un endroit meilleur; l’inaction n’est pas une option », a-t-il exigé.

Rappelant que les changements climatiques représentent une menace existentielle pour la région de la Caraïbe, M. Santokhi a fait observer que celle-ci doit également faire face à des distorsions financières et économiques, parmi lesquelles une dette élevée.  Ces nations sont confrontées à d’énormes défis dans leur poursuite du développement durable, a-t-il souligné, en dénonçant un manque de ressources financières pour investir dans des secteurs critiques tels que la santé, l’éducation et l’infrastructure.  Rappelant le poids du service de la dette extérieure des pays à revenu faible et intermédiaire, il a fait valoir que ces fonds auraient pu être consacrés à la construction d’écoles, d’hôpitaux et d’infrastructures résistantes, afin d’atténuer les effets des changements climatiques. 

Estimant que le système financier mondial continue de désavantager ces nations, M. Santokhi a demandé que le mécanisme de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle soit effectivement mis en place dans les opérations des institutions financières internationales.  Les nations petites et vulnérables doivent être aidées dans leurs efforts de développement durable, a-t-il fait valoir, en appelant la communauté internationale à reconnaître que les principaux obstacles à la croissance et au progrès ne sont pas de leur fait.  Le Président du Suriname a conclu son intervention par un appel à l’inclusion des jeunes dans la conception de l’avenir, dans le cadre d’une approche de « l’ensemble de la société », basée sur un partenariat multipartite. 

M. JOSÉ MARIA PEREIRA NEVES, Président de Cabo Verde, a considéré que l’un des principaux obstacles à l’accélération des progrès vers les ODD est le déficit de financement persistant, ce qui démontre la nécessité d’une réforme complète de l’architecture financière internationale.  Il a cité d’autres défis mondiaux, comme l’accès inégal aux bienfaits de la science, de la technologie et de l’innovation –en particulier pour les pays du Sud– ainsi que les risques associés aux menaces de cybersécurité et à la militarisation des technologies, comme l’intelligence artificielle.  Ces défis exigent un cadre de coopération internationale plus efficace, a encore relevé le chef d’État avant de miser sur la réforme « essentielle » du Conseil de sécurité, en particulier l’élargissement de sa composition, la garantie d’une représentation régionale équilibrée et la réduction de l’interférence des vetos dans le processus de prise de décision. 

« Néanmoins, il est important de souligner que notre engagement à réformer la gouvernance multilatérale ne peut et ne doit pas nous distraire de ce que nous devons faire aux niveaux national et régional en ce qui concerne le renforcement de l’état de droit démocratique, le maintien de sociétés inclusives, l’approfondissement des pratiques démocratiques et la promotion de l’intégration et de la complémentarité régionales », a déclaré M. Neves, en rappelant que le développement est une question éminemment culturelle et que sa pleine réalisation dépend avant tout de l’action de chacun de nos pays.  « Puissions-nous quitter ce sommet avec la conscience claire que nous devons faire nos devoirs! » a-t-il lancé en conclusion.

Mme VIOLA AMHERD, Présidente de la Confédération suisse, a jugé que la Charte des Nations Unies, par son engagement en faveur de la coopération des États pour l’avènement d’un monde plus stable, plus juste et plus pacifique, reste « visionnaire ».  Si des réformes sont nécessaires, la constante doit être « le multilatéralisme avec l’ONU au centre », a-t-elle affirmé, avant de plaider pour une volonté politique forte et pour le rétablissement de la confiance.  À ce sujet, elle a noté que les efforts des délégations ont failli être réduits à néant par la « mise en danger » de l’adoption du Pacte pour l’avenir.  Presque tous les États Membres s’étaient pourtant prononcés en faveur de ce texte négocié, pour lequel tout le monde avait dû faire des compromis, « parfois douloureux », a souligné la dirigeante, appelant à coopérer au-delà des différences et à ne pas laisser les seuls intérêts nationaux déterminer notre avenir commun. 

Assurant que la Suisse reste fermement attachée aux valeurs du multilatéralisme et déterminée à poursuivre sur la voie d’un monde plus durable, plus juste et plus pacifique, la Présidente a souhaité que les agences et organisations multilatérales s’engagent spécifiquement sur des priorités et collaborent efficacement. Elle a également appelé de ses vœux un système qui réponde de manière efficiente et efficace aux enjeux d’aujourd’hui. 

M. KHURELSUKH UKHNAA, Président de la Mongolie, s’est dit convaincu que le Sommet de l’avenir jouera un rôle important dans la promotion des objectifs de développement durable (ODD), notamment ceux relatifs à la consolidation de la paix, la lutte contre les changements climatiques, la protection de la santé mondiale, la réduction des inégalités économiques, la garantie de la justice et la promotion de la science, de la technologie, de l’innovation, de la jeunesse et de la réforme de la gouvernance.  M. Ukhnaa a déclaré que son pays respecte le pluralisme, qui découle de l’histoire, de la culture, de la civilisation, des intérêts nationaux et des voies de développement de tous les pays.  Sur la base de ces principes, la Mongolie s’attache à bâtir des relations internationales fondées sur une approche à multiple piliers. « Notre pays estime que le renforcement de la coopération multilatérale ancrée dans le droit international et la Charte des Nations Unies est essentiel pour garantir la paix et la sécurité internationales », a ajouté le Président, pour qui « le renforcement du dialogue, de la compréhension mutuelle et de la confiance sont les fondements de la stabilité et de la coexistence mondiales ». 

M. WAVEL RAMKALAWAN, Président des Seychelles, a estimé que le Pacte pour l’avenir doit aussi incarner les espoirs et les rêves des plus vulnérables d’entre nous.  « Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre des engagements pour renforcer la coopération mondiale en matière d’action climatique, de développement durable et d’accès équitable aux ressources, pour ensuite les voir dilués dans leur mise en œuvre. »  Malgré « nos ambitions », a-t-il averti, il y a un risque que ces engagements ne soient pas tenus.  Pour que le Pacte pour l’avenir représente véritablement tous les secteurs de la société, le Président a recommandé de faire participer activement les jeunes au processus de développement, car leur implication est cruciale pour construire un monde plus résilient, inclusif et durable. 

Il est tout aussi crucial, a-t-il poursuivi, de s’attaquer à la fracture numérique qui menace de creuser le fossé entre les nantis et les démunis, d’où la nécessité d’une action ciblée.  Des partenariats solides sont essentiels pour garantir un accès équitable aux technologies et aux infrastructures qui sous-tendent le développement moderne, a-t-il encore dit.  Or ces efforts doivent être soutenus par des institutions multilatérales solides, car aucune nation ne peut relever seule ces immenses défis. 

Pour incarner véritablement les principes de coopération et de responsabilité partagée, M. Ramkalawan a appelé à reconnaître et préserver l’importance stratégique de régions comme l’océan Indien, où la promotion de la paix et de la collaboration est essentielle à la fois pour la stabilité régionale et pour le succès plus large de la communauté mondiale.  Si la stabilité de l’océan Indien est essentielle à notre prospérité collective, la réussite d’initiatives telles que le Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les petits États insulaires en développement (PEID), qui exige un engagement sans faille et le soutien actif de la communauté internationale, l’est tout autant.  À cette fin, il est nécessaire de dépasser la rhétorique et passer à l’action.  Pour finir, le Chef de l’État a exhorté les institutions multilatérales à reconnaître l’importance de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle et d’en faire un outil clef de leurs politiques, en veillant à ce que les vulnérabilités uniques des nations les plus à risque se voient accorder la priorité qu’elles méritent dans les stratégies de financement mondiales.

M. HASSANAL BOLKIAH, Sultan du Brunéi Darussalam, s’est inquiété de la fracture numérique qui menace d’aggraver les disparités entre les nations et au sein des sociétés.  Il a estimé que la paix était essentielle pour établir les partenariats qui vont faciliter un progrès technologique équitable et inclusif pour toutes les nations. Affirmant que son pays assumait son rôle mondial en prônant le multilatéralisme et un ordre international fondé sur des règles, il s’est inquiété des conflits persistants et des impasses diplomatiques qui mettent à l’épreuve la résilience de la coopération mondiale.

M. CÉSAR BERNARDO ARÉVALO DE LEÓN, Président du Guatemala, s’est félicité de ce Pacte, qui n’est pas qu’un accord de plus selon lui, puisqu’il renouvelle les engagements pris en faveur du renforcement du système multilatéral. Le Sommet de l’avenir est une manifestation de la volonté de faire face collectivement aux défis que connaît l’humanité, a-t-il affirmé.  Nous devons impérativement réduire les inégalités et renforcer l’état de droit à l’échelon national mais également international, a plaidé le Président, pour qui il faut aussi mettre un terme à l’impunité lorsque les engagements ne sont pas honorés au titre de la Charte des Nations Unies, du droit international et du droit international humanitaire.  La réforme du Conseil de sécurité est en outre essentielle pour réaliser les objectifs du Pacte pour l’avenir, et il faut élargir à cet égard le rôle des pays en développement et des puissances émergentes, ce qui augmenterait la légitimité de cet organe et permettrait une gouvernance plus équitable et plus juste. Pour le Président du Guatemala, nous avons désormais un cap clair devant nous et nous devons joindre le geste à la parole en renforçant la démocratie, en combattant la corruption et en avançant vers des sociétés plus inclusives. 

M. MICHAEL D. HIGGINS, Président de l’Irlande, a plaidé pour que, dans les graves circonstances où nous nous trouvons, l’on parvienne à créer une ONU et des institutions associées qui nous guident à travers les crises politiques, sociales, économiques et, surtout, écologiques, toutes interdépendantes.  Pour M. Higgins, cette urgence exige que l’on passe des mots aux actes pour rétablir et faciliter la confiance.  Pour y parvenir, il a recommandé de s’appuyer sur des moments prometteurs, comme ceux de 2015 qui ont permis de reconnaître et répondre aux conséquences des changements climatiques, libérant « un sentiment d’espoir intergénérationnel parmi les peuples des États-nations ». 

Le chef d’État a cependant reconnu que le respect des engagements pris en matière de développement durable et de changements climatiques a été très limité.  Il a également constaté l’inégalité omniprésente et croissante qui marque notre monde, ainsi que les conséquences d’une mondialisation « venue d’en haut, menée par les puissants, sans transparence, sans considération de justice sociale ou de conséquences écologiques ».  Il a plaidé pour une mondialisation inclusive venue d’en bas, susceptible d’aboutir à une nouvelle ONU revigorée et qui comprenne notamment la suffisance alimentaire et la fourniture de services de base universels, afin de renforcer la démocratie, améliorer la participation et donner à l’ONU le leadership dont elle a besoin. 

Il faut pour cela nous engager à réformer les Nations Unies et les institutions multilatérales qui y sont liées, a poursuivi le Président irlandais, pour qui envisager une « ONU du futur » capable de servir les peuples de la planète suppose d’avoir le courage de regarder non seulement ses faiblesses actuelles, mais aussi les abus de pouvoir qui ont miné l’Organisation depuis sa création en 1945.  « Il faut reconnaître que c’est la poursuite d’intérêts étroits qui a fait échouer une grande partie des intentions normatives auxquelles les nations étaient invitées à souscrire », a-t-il souligné. Appelant à cesser d’ignorer le fardeau de la dette qui limite l’espace budgétaire des pays les plus pauvres et leur capacité à accomplir les tâches qu’on attend d’eux en matière de lutte contre les changements climatiques ou de durabilité, M. Higgins a noté que 3,3 milliards de personnes vivent dans des pays qui dépensent davantage en remboursement des intérêts de la dette qu’en services de base essentiels. 

Nécessaire, le changement est possible mais nécessite de remettre en question les sources d’une inégalité toujours croissante, a estimé le chef d’État qui a appelé à renforcer nos efforts collectifs pour garantir la réalisation des ODD et à retrouver « l’authenticité perdue dans les actions et les paroles dont nous avons besoin pour relancer un système multilatéral mondial inclusif ».

M. CHARLES MICHEL, Président du Conseil européen, a estimé que le Sommet représente un moment unique pour redoubler d’ambition collective.  Il a ajouté que, pour l’Union européenne (UE) le Pacte qui vient d’être adopté peut revitaliser la confiance dans le multilatéralisme et replacer l’ONU au cœur de l’action commune des pays.  M. Michel a mis l’accent sur la nécessité urgente de réformer l’architecture financière internationale, suggérant de suivre l’exemple de l’UE, laquelle est parvenue en peu de temps à réorienter 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux.  L’Union européenne et ses États membres encouragent désormais leurs partenaires au sein du G7 à faire de même, a-t-il ajouté, pariant à terme sur une mobilisation de 100 milliards de dollars de plus chaque année. 

M. Michel a également souligné que s’attaquer au problème de la dette pour les pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires doit être une priorité internationale.  Ces pays ne peuvent être, faute de moyens pérennes, obligés de choisir entre la résolution d’un mal plutôt qu’un autre, a-t-il affirmé.  D’autre part, il a souhaité que le Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de l’Initiative de suspension du service de la dette du G20 soit plus efficace, transparent et « opportun ».  Il a enfin estimé que, pour que le Pacte pour l’avenir devienne une réalité, les pays en développement devront jouer un rôle positif et proactif dans la réalisation des objectifs qui les concernent directement.  L’adoption de ce Pacte envoie un message puissant de confiance, celui selon lequel nous pouvons travailler de concert, a-t-il dit, assurant l’Assemblée que l’Union européenne sera un partenaire robuste et fiable de l’ONU pour faire du Pacte un succès. 

M. SABAH KHALED AL-HAMAD AL-SABAH AL-SABAH, Prince héritier du Koweïta encouragé à renforcer la coopération et s’attaquer aux difficultés et lacunes qui marquent le système multilatéral.  Pour lui, le Pacte permet à nouveau de nous engager à bâtir un ordre multilatéral qui concorde avec la réalité.  Ayant suivi de près les difficultés auxquels les pays en développement et les pays les moins avancés (PMA) se heurtent, il a dit avoir conclu que nombre de ces défis sont par nature transfrontières et incluent des difficultés liées au développement et aux changements climatiques.  D’où, a-t-il insisté, l’importance d’une application réelle du principe de répartition géographique équitable.  À cet égard, Il a appelé au rejet de toute « discrimination ou politisation ». 

Le dignitaire a plaidé pour une véritable réforme du système multilatéral et de l’architecture financière, et pour un règlement du problème de la dette souveraine.  S’agissant de la paix et la sécurité, il a insisté sur la nécessité de respecter le droit international ainsi que les conventions et traités internationaux.  Il est essentiel de s’abstenir de toute politique de deux poids, deux mesures, a-t-il martelé.  Or, a-t-il ajouté, c’est bien ce qui a cours en Palestine avec le génocide qui a fauché plus de 41 000 vies, en majorité des femmes et des enfants.  Pour lui, l’incapacité du Conseil de sécurité de mettre fin à ce conflit le montre bien: le deux poids, deux mesures n’a pas sa place à l’avenir.  Abordant le volet de la transformation de la gouvernance mondiale, notamment les dispositions relatives au Conseil de sécurité, il a appelé la communauté internationale à accélérer les processus de réforme, pour que cet organe soit le reflet du monde contemporain. 

M. K.P. SHARMA OLI, Premier Ministre du Népal, a attiré l’attention sur le sort des enfants vivant dans les pays les moins avancés (PMA): « quand des millions de nos jeunes languissent dans la malnutrition et l’analphabétisme, où se trouve notre avenir? »  Il a dénoncé l’injustice qui affecte les millions de personnes vivant dans une extrême pauvreté, alors qu’une petite minorité d’autres, concentrée dans certaines parties du monde, accumule des milliards de dollars.  Regrettant que les engagements en matière d’aide publique au développement (APD) et de financement de la lutte contre les changements climatiques ne soient pas respectés, il a dénoncé des régimes financiers et commerciaux mondiaux fondamentalement défavorables aux PMA. 

Bien qu’ils ne rejettent que 3,3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les PMA sont particulièrement vulnérables aux effets dévastateurs des changements climatiques, a rappelé le Premier Ministre.  Appelant à mettre les PMA au centre des politiques mondiales, il a demandé d’investir dans les infrastructures, le développement rural, l’industrialisation durable et des systèmes de protection sociale durables. 

M. EDI RAMA, Premier Ministre de l’Albanie, a soulevé la question des moyens de rétablir la confiance tant mise à mal dans le multilatéralisme qui, selon lui, reste une réelle force qui permet de répondre aux défis présents et futurs et le seul remède pour éviter que le monde ne s’effondre sous nos yeux, « même si les actes n’ont souvent pas été à la hauteur de ceux que l’ONU prétend servir ces derniers temps ».  Ne prétendant pas avoir toutes les réponses, le Premier Ministre a dit avoir néanmoins une certitude: alors que le monde semble avoir perdu tout bon sens, l’ONU demeure irremplaçable.  « Nous sommes au bord du gouffre; personne n’est à l’abri », s’est-il exclamé, avertissant que, faute de défendre résolument un multilatéralisme revitalisé et un sens du vivre-ensemble, nous échouerons tous et toutes. Pour l’Albanie, le multilatéralisme n’est pas un choix mais bien une nécessité, et, fort de ce constat, M. Rama a insisté sur l’impératif de traduire en actes les engagements pris dans le Pacte qui vient d’être adopté. 

M. MOHAMMED SHIA’ AL SUDANI, Premier Ministre de l’Iraq, a assuré que son pays prend des mesures sérieuses pour parvenir au développement durable et répondre efficacement aux objectifs du Plan national de développement 2004-2028, en adoptant des réformes stratégiques globales.  Il a notamment cité la réforme économique en cours, destinée à assurer une transition vers de nouveaux modes de consommation et de production et à améliorer les conditions de vie des groupes les plus vulnérables, grâce à une stratégie propice aux systèmes sociaux qui font progresser ces groupes en termes de justice sociale et d’efficacité.  Conscient de l’ampleur des défis posés par les changements climatiques, l’Iraq, a dit son chef de gouvernement, est déterminé à établir des concepts de justice climatique, en particulier dans la lutte contre la sécheresse et la désertification et dans la garantie de la viabilité des ressources hydriques et de la sécurité alimentaire.  Bagdad s’efforce également de soutenir les investissements visant à diversifier une économie largement axée sur les exploitations pétrolières, en mettant l’accent sur le rôle du secteur privé dans la création d’opportunités professionnelles.  Les jeunes sont en effet la force motrice du pays, et nous soutenons des activités qui mettent en valeur leur contribution à la construction sociale, a insisté le Premier Ministre.  Il a ensuite appelé à une réforme des institutions internationales afin d’améliorer leur représentativité et leur capacité à relever les défis mondiaux. « Il est admis que le progrès et le développement durable dans tous les domaines ne peuvent être réalisés tant que nous serons sous la menace d’un conflit régional », a-t-il mis en garde, en soulignant la nécessité d’œuvrer à mettre fin à l’agression et à la guerre.

Mme MIA AMOR MOTTLEY, Première Ministre, Ministre de la sécurité nationale et du service public, Ministre des finances, des affaires économiques et de l’investissement de la Barbade, a rappelé que nous partageons la même planète, qui est « notre maison commune ».  Ce caractère interdépendant nous engage à mettre un terme aux horreurs actuelles et à créer de nouvelles opportunités pour les générations à venir, a-t-elle plaidé, avant de saluer l’adoption du Pacte pour l’avenir après des années de négociations.  Selon la dirigeante, nous ne pourrons pas changer la donne si nous ne sommes pas équipés et prêts à modifier les structures de gouvernance mondiale, lesquelles ne sont plus adaptées au monde d’aujourd’hui.  « Nous devons créer un nouvel espace, sans quoi nous ne pourrons sauver l’humanité et la planète. »  De fait, a souligné la Première Ministre, un « changement de paradigme » est nécessaire pour bâtir un avenir commun et naviguer ensemble face à des défis tels que les inondations, les ouragans, les sécheresses et les incendies. 

Constatant que le fait de ne pouvoir partager les ressources mondiales alimente les migrations, la désintégration sociale et le manque d’accès aux technologies numériques, elle a refusé l’idée de « mondes séparés » et appelé à surmonter ces défis en travaillant ensemble.  Toutefois, a-t-elle averti, chacun sait que cela restera lettre morte si nous ne changeons pas fondamentalement ce que nous faisons et la manière de le faire.  Après avoir réaffirmé son appui à l’Initiative de Bridgetown, qui vise à équiper les économies contre les chocs, à réaliser les ODD et à faire face à la crise climatique, elle a souhaité que les structures du système financier international soient enfin adaptées aux besoins de la majorité dans le monde. 

M. NTSOKOANE SAMUEL MATEKANE, Premier Ministre du Lesotho, a déclaré que l’adoption du Pacte pouvait marquer l’histoire de l’humanité.  Cette adoption ouvre d’abord un temps de réflexion sur le renouvellement du rôle des Nations Unies au XXIsiècle, une institution dans laquelle une grande partie de l’humanité place les plus hauts espoirs pour un avenir meilleur, a-t-il dit.  Pour le Président du Lesotho, l’intrication des défis actuels et leur ampleur planétaire soulignent l’urgence de revigorer le multilatéralisme pour le rendre « efficace et solidaire ».  À cet égard, il a considéré que l’ONU doit privilégier des stratégies innovantes à même de contribuer à la concrétisation des aspirations légitimes des citoyens du monde « telles qu’elles sont inscrites dans la Charte ». 

Commentant ensuite le Pacte pour l’avenir, M. Matekane a signalé que son pays met l’accent sur le financement du développement.  De ce point de vue, il a jugé impératif que soit renforcée la coopération numérique, cela par le biais de politiques d’inclusion numérique fortes qui favorisent l’innovation aux fins d’un développement socioéconomique véritablement durable.  Enfin, en ce qui concerne la transformation de la gouvernance mondiale, le chef d’État a appelé à la revitalisation de l’architecture financière internationale.  Dans cette optique, il a jugé essentiel d’élargir les mandats des institutions financières internationales, la voix des pays du Sud devant être entendue et peser lors de la prise de décision sur les questions qui les concernent.

M. MOHAMMED BIN ABDULRAHMAN BIN JASSIM AL-THANI, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Qatar, a souligné l’importance qu’il y a à revitaliser la gouvernance internationale, notamment à réformer l’architecture financière internationale, combler le fossé numérique et alléger le fardeau de la dette.  Pour sa part, le Qatar a lancé la troisième phase de sa stratégie de développement pour diversifier son économie, en investissant davantage dans les connaissances, la science et la technologie, notamment l’intelligence artificielle.  Attaché au multilatéralisme, le Qatar a mobilisé une aide substantielle pour les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement.  Il déploie aussi de nombreux efforts de médiation pour prévenir et régler les conflits de manière pacifique, comme entre Israël et la Palestine.  À ce propos, le Secrétaire d’État a plaidé pour un accord sur le cessez-le-feu et la libération des otages.  Il a aussi annoncé la disposition de son pays à accueillir le deuxième Sommet sur le développement social en 2025 et un des trois sommets recommandés dans Notre Programme commun. 

M. ANDREW HOLNESS, Premier Ministre, Ministre de la défense et Ministre de la croissance économique et de la création d’emplois de la Jamaïque, a exprimé la fierté de son pays d’avoir participé à un processus historique, notamment comme cocoordonnateur pour la Déclaration sur les générations futures. S’inquiétant du retard manifeste de mise en œuvre des ODD, notamment dans les petits États insulaires en développement (PEID), il a dénoncé un déficit de financement qui se creuse d’année en année.  Le Premier ministre a également plaidé pour le respect de l’objectif de limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degrés.  Estimant que des défis inédits menacent la paix et la sécurité internationale, notamment en raison de tensions géopolitiques et des réseaux de criminalité transnationaux, il a appelé à réformer le système financier international « de façon radicale » et à rendre le Conseil de sécurité plus inclusif et efficace.  Il a affirmé que pour les PEID, le Pacte devait permettre d’atteindre les ODD, de lutter contre les changements climatiques et favoriser une gouvernance mondiale plus équitable. 

M. KYRIAKOS MITSOTAKIS, Premier Ministre de la Grèce, a jugé essentiel de prendre conscience du fait qu’aujourd’hui le monde a la possibilité d’agir avant qu’il ne soit trop tard, avant que nous n’arrivions à la prochaine crise véritablement mondiale.  « Nous pouvons encore éviter la dévastation que pourraient provoquer les menaces mondiales actuelles auxquelles nous sommes confrontés », a insisté le Premier Ministre pour qui le Pacte pour l’avenir, en tant que point de consensus mondial, n’est qu’un premier pas.  Mais c’est un premier pas nécessaire, a-t-il concédé, en soulignant qu’il s’agit d’une déclaration politique d’action.  Et la volonté politique est un moteur nécessaire à l’action aux niveaux national et mondial.  La Grèce, en tant que nouveau membre du Conseil de sécurité pour les deux prochaines années, a participé activement à cette difficile négociation, a-t-il expliqué en estimant que les États Membres sont parvenus à un résultat relativement satisfaisant.  Il a salué l’inclusion de paragraphes qui préoccupent particulièrement la Grèce, tels que la sécurité maritime et la protection de la culture en tant que composante à part entière du développement durable.  Mais ce qui lui semble le plus important, c’est qu’aujourd’hui marque le renouvellement de la confiance dans le système multilatéral et la réaffirmation de l’engagement collectif à son égard.  À ce stade, il était nécessaire de procéder à cette réaffirmation, de « revenir aux fondamentaux » de la Charte des Nations Unies, a conclu le dirigeant en citant spécifiquement le règlement pacifique des différends et le respect du droit international. 

M. BJARNI BENEDIKTSSON, Premier Ministre d’Islande, a estimé que le Pacte pour l’avenir et ses annexes témoignent de la vitalité du système multilatéral dont l’ONU est le noyau.  Les mesures que nous nous sommes engagés à prendre ne vont pas toujours aussi loin que nous l’aurions souhaité, a-t-il reconnu, mais nous avons de nombreuses raisons de nous réjouir des terrains d’entente que nous avons trouvés, en particulier d’avoir revitalisé nos engagements au titre des objectifs de développement durable. Les mesures convenues pour éradiquer la pauvreté en investissant dans le capital humain, en mettant l’accent sur le fait de ne laisser personne de côté, font partie intégrante de nos efforts pour réaliser le Programme 2030, s’est encore félicité le Premier Ministre.  L’Islande, a-t-il dit, est particulièrement heureuse que nous ayons pu nous mettre d’accord sur une action ambitieuse concernant la santé et la résilience des océans et de leurs écosystèmes.  Mais si nous voulons regagner la confiance perdue entre nous, il ne suffira pas de simplement réitérer nos engagements, par exemple, envers l’Article 2 paragraphe 4 de la Charte des Nations Unies sur le fait de s’abstenir de recourir à la force contre l’intégrité territoriale d’un autre État: « Tous les États Membres doivent s’y conformer.  Et cela vaut pour toutes nos actions et tous nos engagements qui doivent être mis en œuvre –le travail doit commencer immédiatement », a mis en garde M. Benediktsson. 

M. DIMITAR BORISOV GLAVCHEV, Premier Ministre par intérim de la Bulgarie, a rappelé que l’objectif du Sommet de l’avenir et du Pacte qui en découle est de relever les défis de notre temps et de s’unir pour un meilleur avenir pour les générations à venir.  Formant l’espoir que ce sommet débouchera sur un système multilatéral revitalisé, fondé sur un nouveau consensus mondial, il a estimé qu’au cœur de ces efforts se trouve l’état de droit, essentiel pour faire respecter les normes internationales, garantir la justice et favoriser la coopération mondiale.  Partisan d’une société mondiale plus inclusive, il a appelé la communauté internationale à lutter contre les inégalités systémiques et à défendre les droits fondamentaux de tous les individus, ce qui impose de tenir compte de l’impact des nouvelles technologies sur les sociétés.  En soutenant le Pacte numérique mondial, nous visons un avenir numérique centré sur l’humain et fondé sur les droits, qui exploite l’intelligence artificielle pour faire progresser les ODD et qui garantisse l’intégrité de l’information, a-t-il indiqué, non sans inviter à « écouter attentivement les jeunes » à ce sujet. 

Le dirigeant a ajouté que son pays soutient la Déclaration sur les générations futures pour impliquer et donner aux jeunes les moyens de façonner l’avenir en Europe et dans le monde.  Notant toutefois que ces mesures nécessitent une transformation significative de la gouvernance mondiale, il a appelé de ses vœux une « modernisation » de l’ONU pour garantir qu’elle reste pertinente et réactive face aux défis du XXIe siècle.  « Cela implique de réformer le Conseil de sécurité pour mieux refléter le paysage mondial actuel en ajoutant des sièges permanents et non permanents supplémentaires ».  Avant de conclure, il a exhorté chacun à coopérer et à agir de manière décisive pour ne pas décevoir les jeunes et les générations futures. 

M. KISHIDA FUMIO, Premier Ministre du Japon, a appelé à la défense de l’état de droit et des principes de la Charte des Nations Unies qui le sous-tendent. Les tentatives unilatérales de changer le statu quo par la force ne peuvent être tolérées nulle part dans le monde, a-t-il dit, arguant que seul un ordre international libre et ouvert, fondé sur l’état de droit, peut assurer un développement et une prospérité durables. M. Kishida a indiqué qu’en mai dernier, à Hiroshima, il avait partagé ses vues sur ce principe fondamental avec les dirigeants du G7, du Brésil, de l’Inde ou encore de l’Ukraine. 

Le Premier Ministre japonais a également attiré l’attention sur la nécessité que l’ONU, renforcée par le Pacte qu’elle vient d’adopter, s’attaque à la situation de plus en plus désastreuse selon lui en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  Aussi difficile que soit le chemin vers un monde sans armes nucléaires, nous ne pouvons pas freiner nos efforts en ce sens, a insisté M. Kishida, dont le pays reste déterminé à promouvoir des efforts réalistes et pratiques, tel que le lancement prochain du groupe des amis du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Le Japon continuera à contribuer activement à la réalisation et au maintien de la paix et de la sécurité internationales en œuvrant pour un ordre international libre et ouvert fondé sur la primauté du droit, cela notamment dans un Conseil réformé, a-t-il assuré en conclusion. 

M. TSHERING TOBGAY, Premier Ministre du Bhoutan, s’est inquiété du retard pris en vue de réaliser les ODD d’ici à 2030.  Il a appelé à ce qu’aucun pays ne soit laissé pour compte en proposant des financements innovants, une répartition équitable des ressources et des partenariats solides.  Plaidant pour combler la fracture numérique, il a appelé à exploiter le pouvoir de la technologie pour favoriser le développement durable de tous les pays.  Appelant de ses vœux une structure de gouvernance mondiale inclusive, transparente et responsable, il a insisté sur la nécessité de garantir la paix, la sécurité et les droits de l’homme pour les peuples de tous les pays.  Il a ajouté qu’aucune nation ne pouvait relever de manière isolée les défis mondiaux tels que les changements climatiques, les pandémies et les conflits. 

M. KAY RALA XANANA GUSMÃO, Premier Ministre du Timor-Leste, a indiqué que l’indépendance de son pays il y a 25 ans a été la réalisation du peuple timorais mais aussi un triomphe du système international.  « Si mon pays est aujourd’hui une démocratie stable et pacifique, cela est dû au soutien constant de la communauté internationale et aux efforts nationaux de dialogue et de réconciliation. »  Il a rappelé que la paix demeure abstraite pour de nombreuses nations, en citant le Sahara occidental qui attend un referendum depuis 1992; « 32 ans et le droit international ne s’applique pas à la dernière colonie d’Afrique. »  Il a pointé l’insuffisance du financement des objectifs de développement durable, avant de s’alarmer de l’insécurité alimentaire dans le monde.  Il a réclamé une réforme structurelle du Conseil de sécurité qui est aujourd’hui une structure obsolète et inefficace.  Il a également dénoncé ces pays développés qui continuent de prendre des décisions à la place des pays en développement.  « Une poignée décide pour nous, sans nous. »  Enfin, le Premier Ministre a réclamé un financement plus robuste des efforts internationaux de développement. 

M. ROBERT GOLOB, Premier Ministre de la République de Slovénie, a rappelé que la paix et le plein respect de tous les États Membres, « petits ou grands », sont nécessaires, de même que le respect du droit international, à commencer par la Charte des Nations Unies, et la fin du sentiment d’impunité en cas de violations.  « Il faut mettre un terme à la guerre à Gaza et aux souffrances du peuple palestinien. »  « Il faut mettre un terme à l’agression contre l’Ukraine et son peuple », a-t-il asséné. 

Le Premier Ministre a insisté sur l’importance de l’eau, « la plus précieuse des ressources naturelles » et un élément essentiel du bien-être environnemental, social et économique, et de la paix et de la stabilité mondiales.  Il a invité la communauté internationale à s’emparer du potentiel transformateur des technologies, qui pourraient ouvrir une nouvelle ère dans la gestion de l’eau, en permettant d’anticiper, de gérer et d’atténuer les risques liés à l’eau.  L’intelligence artificielle permet par exemple de créer des modèles de prévision du manque d’eau, des risques d’inondations et des impacts des changements climatiques sur les ressources hydriques.  « L’usage le plus éthique de l’intelligence artificielle est de garantir la sécurité alimentaire, hydrique, énergétique et climatique.     » 

Après les inondations dévastatrices qui ont touché la Slovénie l’année dernière, a expliqué M. Golob, les autorités ont utilisé des technologies satellitaires et numériques avancées afin de gérer les ressources naturelles de manière durable et de protéger les infrastructures.  « L’avenir de la planète dépend de notre capacité à gérer judicieusement nos ressources en eau », a-t-il insisté.  Forte de son expertise et de son expérience dans la coopération transfrontière en matière d’eau, la Slovénie est prête à contribuer aux efforts visant à garantir que toute personne a accès à de l’eau propre et durable. 

M. ALEXANDER DE CROO, Premier Ministre du Royaume de Belgique, a rappelé qu’à l’occasion des 75 ans de l’ONU, les États Membres avaient lancé un appel à l’action pour un multilatéralisme revitalisé, convaincus que l’Organisation doit s’adapter à l’évolution du monde.  À ce titre, il a les exhortés à respecter leurs engagements en faveur d’un ordre international fondé sur des règles.  Chaque nation doit donner l’exemple à la fois à l’intérieur de ses frontières et à l’étranger, a-t-il poursuivi, insistant sur l’universalité des droits humains.  Or, le Pacte pour l’avenir réitère précisément l’engagement commun envers les droits humains, a-t-il estimé.

Déplorant le recul des droits humains à l’échelle mondiale, il a fustigé ceux qui tentent d’en réécrire le contenu et dénoncé les attaques contre les droits des femmes et des filles.  Il a lancé un appel pour que les décideurs politiques soient comptables de leurs actes. Il a aussi émis le vœu que l’architecture financière internationale fonctionne pour les plus vulnérables, afin de remédier aux inégalités entre nations.  Les banques multilatérales de développement doivent évoluer vers plus de réactivité, a-t-il estimé.

Enfin, il a considéré qu’il faut tirer parti des technologies numériques pour un avenir plus inclusif, saluant à ce titre le Pacte numérique mondial comme un outil essentiel.  Outre leurs bienfaits potentiels, les nouvelles technologies représentent toutefois un défi, a-t-il averti, prônant la création de garde-fous.  La technologie doit être centrée sur l’humain et respecter les droits humains, a-t-il conclu, citant en exemple la loi européenne sur l’intelligence artificielle.

M. KASSIM MAJALIWA MAJALIWA, Premier Ministre de la République-Unie de Tanzanie, a espéré que le Pacte pour l’avenir permettra dans les faits de renouveler la confiance dans le multilatéralisme.  Il a appelé à soutenir les pays les moins avancés dans la réalisation du Programme 2030, et à financer l’action climatique.  Réaffirmant l’attachement de son pays à la Charte des Nations Unies, le Premier Ministre a estimé que tous les pays doivent avoir voix au chapitre pour refaçonner la nouvelle gouvernance mondiale.  Il a salué en particulier le Pacte numérique mondial.

M. ALLAH MAYE HALINA, Premier Ministre du Tchad, a rappelé que pour son pays, comme de nombreux autres du Sahel, la paix demeure un enjeu crucial. Bien que nous soyons confrontés à des défis, il est essentiel de reconnaitre les efforts déployés par nos États face aux groupes terroristes, qui menacent nos institutions, entravent nos efforts de développement et exacerbent la misère des populations, a-t-il ajouté.  Pour M. Halina, « le manque d’une réelle volonté commune de la communauté internationale pour éradiquer ce désastre fera passer l’Afrique tout entière dans le giron des groupes terroristes ». 

Les changements climatiques représentent un défi mondial majeur, avec des conséquences dévastatrices dans des régions vulnérables comme le Sahel, a poursuivi le Premier Ministre.  Pour lui, les récentes inondations au Tchad, avec plus d’un million et demi de personnes touchées, illustrent cette réalité.  Parallèlement, le Tchad accueille plus de deux millions de réfugiés, représentant plus de 15% de sa population, a poursuivi M. Halina, qui a expliqué ce chiffre par un afflux massif de réfugiés soudanais qui est venu s’ajouter aux centaines de milliers de réfugiés provenant d’autres pays voisins.  Aussi a-t-il appelé à une solidarité renforcée de la communauté internationale pour soutenir les réfugiés et les populations hôtes. 

Le Tchad reste convaincu que la crise actuelle au Soudan ne saurait trouver de solution par les armes, mais seulement par la voie pacifique, à travers un dialogue intersoudanais en vue d’une paix durable, a poursuivi M. Halina.  Le Premier Ministre a réaffirmé le soutien de son pays à toutes les initiatives en cours pour restaurer la paix et la stabilité dans ce pays voisin.  Il a réaffirmé l’attachement de N’Djamena à la position commune africaine sur la réforme du Conseil de sécurité telle qu’exprimée dans le consensus d’Ezulwini et la déclaration de Syrte.  « L’Afrique ne demande pas autre chose que la réparation d’une flagrante injustice causée à tout un continent qui compte plus d’un milliard d’âmes privées injustement de sa place légitime dans le système des Nations Unies », a-t-il tranché. 

Mme EBBA BUSCH, Vice-Première Ministre et Ministre de l’énergie, du commerce et de l’industrie de la Suède, a déclaré que ses deux enfants peuvent être assurés que leurs droits sont placés au cœur du Pacte pour l’avenir.  Alors que le monde fait face à des défis sans précédent, l’époque est marquée par le numérique et les technologies émergentes, qui remodèlent les facettes de la vie, a-t-elle fait observer.  Rappelant que son pays et la Zambie ont été à la manœuvre pour convenir du Pacte numérique mondial, elle a souhaité que cet engagement collectif permette de combler les fossés et de doper la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  L’intelligence artificielle doit être au service de l’humanité et des valeurs communes. 

S’agissant du développement, la Vice-Première Ministre a vanté la générosité de son pays, qui dépasse l’objectif onusien de 0,7% du PIB pour l’aide publique au développement (APD), accroît son efficacité financière et généralise les montages innovants pour financer les ODD et les objectifs liés à l’Accord de Paris sur le climat.  Elle a également plaidé pour une représentation juste pour tous, estimant que le Conseil de sécurité doit être adapté aux réalités d’aujourd’hui, notamment en accordant une place plus large aux pays africains.  Condamnant les souffrances occasionnées par les conflits en Ukraine, au Soudan, en République démocratique du Congo ou encore à Gaza, elle a souligné l’engagement de la Suède en faveur de la paix et invité les États Membres à tirer parti de la « fenêtre d’opportunités » que constitue ce Sommet.

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO, Secrétaire d’État aux affaires étrangères des Philippines, a estimé que le Pacte pour l’avenir lie désormais les États Membres par des paroles et des actes visant la réalisation des aspirations des peuples du monde.  Ancré dans Charte des Nations Unies, c’est un Pacte pour un multilatéralisme transformateur, a ajouté M. Manalo, qui a jugé que ce document est en mesure de guider l’ONU vers des résultats significatifs s’agissant de la paix et de la sécurité, des droits humains, de l’équité et de l’égalité, de la résilience face aux crises et aux catastrophes et de  l’autonomisation des individus comme des communautés.  Le Pacte, a-t-il poursuivi, englobe un programme où le bien-être des générations présentes et futures se conjugue, et où nous sommes invités à traduire en actes des principes et des objectifs partagés par une immense majorité de pays, a-t-il répété. 

Le Secrétaire d’État a plaidé pour un soutien collectif et solidaire à la réforme du système du développement durable, visage de l’ONU aux yeux des peuples du monde entier.  Pour être utiles, les programmes de l’ONU doivent se fonder sur l’appropriation nationale, a estimé M. Manalo, ajoutant que le Pacte établit justement un paradigme pour un multilatéralisme inclusif.  Il a assuré le Secrétaire général de l’ONU et le Président de l’Assemblée générale de l’appui des Philippines à la concrétisation de ce Pacte et de ses annexes. 

M. SAYYID BADR BIN HAMAD BIN HAMOOD ALBUSAIDI, Ministre des affaires étrangères d’Oman, a appelé à des approches novatrices qui s’appuient sur le développement durable.  Il a plaidé en faveur de la diplomatie préventive, l’outil « le plus efficace » selon lui pour prévenir les conflits.  Évoquant les incubateurs d’innovation créés pour la jeunesse dans son pays, il a souligné l’importance de stimuler la créativité des jeunes pour bâtir un avenir meilleur. 

M. TAYE ATSKE-SELASSIE AMDE, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a salué la grande portée de ce pacte et la place considérable dévolue aux engagements à éradiquer la pauvreté et à promouvoir le développement durable.  Ce pacte devrait nous rapprocher de la réalisation des objectifs de développement durable.  Toutefois, notre incapacité à accepter des cibles plus ambitieuses est la preuve que le changement est nécessaire, a-t-il déclaré.  « Nous devons passer de la rivalité à la coopération, renforcer la tolérance à nos différences de politiques et bâtir les ponts pour parvenir à un programme mondial minimal. »  Il a rappelé l’engagement de son pays à éradiquer la pauvreté, avant d’exhorter les pays développés à s’acquitter de leurs responsabilités en ce qui concerne l’aide au développement et le financement climatique.  Enfin, il a tenu à souligner le potentiel considérable de la coopération financière et technique entre pays en développement pour assurer la sécurité alimentaire notamment. 

M. MOHAMAD HASAN, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a réaffirmé le soutien de son pays au Pacte pour l’avenir.  Citant l’incapacité à stopper le génocide à Gaza, les impacts des changements climatiques, et le creusement des écarts de développement entre le Sud global et le Nord, M. Hasan a assuré qu’il est temps d’encourager une gouvernance mondiale holistique.  D’ici à 2050, notre planète comptera une population de 10 milliards de personnes, a-t-il poursuivi, avant de lancer: « Comment allons-nous nourrir le monde si nous ne le pouvons pas aujourd’hui? »

L’éducation est l’outil pour remédier aux inégalités et les connaissances peuvent émanciper les plus défavorisés et les sortir de la pauvreté, a préconisé le Ministre.  Pourtant, dans le Sud global, des millions d’enfants sont privés de ce droit fondamental qu’est le droit à l’éducation, a-t-il déploré, estimant que la communauté internationale doit « démocratiser l’éducation ».  Selon lui, le Pacte pour l’avenir représente l’espoir d’une collaboration plus forte entre le Sud global et le Nord, ainsi que d’un multilatéralisme guidé par la science, la technologie et l’innovation.  M. Hasan s’est dit convaincu que, si elle agit de manière décisive, la communauté internationale peut bâtir un avenir dans lequel aucun enfant ne se couche en ayant faim, dans lequel l’éducation est un droit et non un privilège, et dans lequel notre planète est choyée et protégée.  Il a proposé la création d’un fonds mondial pour la science afin d’encourager des solutions novatrices pour répondre aux difficultés. 

M. BRUNO EDUARDO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a rappelé le discours prononcé par Fidel Castro en 1960, à l’Assemblée générale, dans lequel il avait déclaré que, quand la philosophie de l’accaparement disparaîtra, la philosophie de la guerre disparaîtra aussi. Aujourd’hui, a expliqué le Ministre, nous sommes toujours face au colonialisme et au néocolonialisme, avec les promesses de la mondialisation néolibérale qui ne sont qu’une chimère car les inégalités se creusent, les guerres se multiplient et la menace nucléaire se précise, tandis qu’un génocide se poursuit en Palestine sans une réponse efficace de la communauté internationale.  La montée du fascisme, de la xénophobie et des discriminations est effarante. 

Le Ministre a lancé un appel contre la politisation et les politiques de deux poids, deux mesures, et pour le dialogue et le respect des droits inaliénables de tous à déterminer leur avenir.  Pour nous, a-t-il souligné, le principal problème est le blocus américain et l’inscription arbitraire de notre pays sur la liste des pays qui soutiennent le terrorisme.  Le Ministre a aussi appelé à la fin du consumérisme effréné et à la réforme de l’architecture financière internationale car on ne peut croire aux promesses de paix et au multilatéralisme quand règnent l’égoïsme et la coercition.  Les principes auxquels nous aspirons ont été fixés il y a des décennies ici même à l’Assemblée générale, a-t-il rappelé, estimant qu’ils ont été honteusement oubliés.  Dans ce cadre, a-t-il conclu, il nous faut de la volonté politique pour faire face aux failles structurelles et morales d’un système international qui empêche des millions d’êtres humains de réaliser leurs aspirations. 

M. ABDOULAYE BIO TCHANÉ, Ministre d’État chargé du développement et de la coordination de l’action gouvernementale du Bénin, a pointé que le multilatéralisme et la coopération internationale s’effritent de jour en jour, ouvrant la porte à un monde clivant, où les problèmes se gèrent de manière cloisonnée.  Le quotidien l’emporte sur l’avenir et l’urgence sur l’important, a-t-il relevé.  C’est dans ce contexte que le Sommet de l’avenir trouve toute sa pertinence aux yeux du Ministre qui a réitéré l’attachement du Bénin à la réalisation des ODD.  Il a passé en revue les progrès réalisés par son pays dans ce contexte, en se targuant notamment d’être la première nation d’Afrique subsaharienne à avoir émis des euro-obligations dédiées au financement des projets à fort impact ODD, en 2021. 

Cet engagement en faveur de la réalisation des ODD a permis au Bénin de réduire la pauvreté de près de quatre points, ces dernières années.  Afin d’asseoir durablement cette dynamique, le Bénin travaille actuellement à se doter d’une vision nationale de développement, à l’horizon 2060, a précisé le Ministre en insistant sur l’impératif du multilatéralisme pour la préservation des biens publics mondiaux, notamment le climat, la sécurité internationale et la stabilité économique.  À cet égard, le Ministre a plaidé pour une réforme du système financier international et du système de gouvernance global qui, conjointement, participent à l’action collective globale.  C’est seulement à ce prix que le multilatéralisme peut contribuer à créer l’avenir que nous souhaitons, a-t-il conclu. 

M. MULAMBO HAMAKUNI HAIMBE, Ministre des affaires étrangères de la Zambie, a déclaré qu’aujourd’hui plus que jamais, il est impératif de coopérer face aux menaces nombreuses qui se posent à la communauté internationale, dont les violations de la Charte des Nations Unies.  Il a assuré que son pays continuera d’appuyer les efforts multilatéraux en faveur du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a appuyé à cet égard la position africaine commune sur la réforme du Conseil de sécurité.  Le Chef de la diplomatie zambienne a blâmé les menaces convergentes qui s’exacerbent les unes les autres, mais également le caractère « déséquilibré et injuste » de l’architecture financière internationale, avec un déficit estimé à 2 500 milliards de dollars par an.  La Zambie, a indiqué le Ministre, fait d’ailleurs partie des sept pays africains qui consacrent plus de ressources à l’intérêt sur la dette qu’au secteur de l’éducation.  Il s’est ensuite dit heureux de l’adoption historique du Pacte numérique mondial, propice à l’avènement de sociétés plus inclusives. 

M. OLIVIER NDUHUNGIREHE, Ministre des affaires étrangères du Rwanda, a salué l’adoption d’un pacte historique, ajoutant qu’il importe, pour qu’il débouche sur des résultats concrets, que les pays réaffirment leur détermination à respecter les principes et les actions qui sous-tendent chacun de ses chapitres.  Le Rwanda, a-t-il assuré, est résolu à veiller à ce que les générations futures héritent d’un monde qui soit non seulement durable mais aussi équitable et juste.  Le Ministre a jugé important que ce sommet soit la rampe de lancement d’actions communes et transformatrices indispensables à l’amélioration du bien-être des peuples du monde.  Les défis auxquels nous sommes confrontés sont considérables, mais les opportunités qui s’offrent à nous sont immenses, a-t-il déclaré.  Il a prôné un état d’esprit à la fois adaptatif et tourné vers l’avenir, qui oblige à réformer en profondeur les mentalités.  Passer d’une approche réactive à une approche proactive, adopter des solutions innovantes et des stratégies collaboratives qui s’attaquent aux causes profondes plutôt qu’aux symptômes ou encore favoriser la résilience, tels sont, selon lui, les orientations que doivent privilégier les pays pour soutenir le développement durable. 

Mme JOYELLE CLARKE, Ministre du développement durable, de l’environnement, de l’action climatique et de l’autonomisation des communautés de Saint-Kitts-et-Nevis, a appelé à donner la priorité aux besoins des plus vulnérables, tels que les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les peuples autochtones et les populations rurales.  « Basons notre prise de décisions sur une évaluation critique des entreprises historiques mondiales d’exploitation et de désaffiliation qui ont constitué le progrès pour une poignée et le sous-développement pour le plus grand nombre. »  Pendant des siècles, nos pays ont alimenté l’économie mondiale, le temps est venu que tous les pays prospèrent indépendamment de leur taille, a-t-elle tranché.  Elle a invité tous les pays insulaires à participer en mai 2025 au sommet mondial des îles durables qui se tiendra dans son pays. « Réunissons-nous pour continuer les actions concrètes et réaliser les engagements en vue de notre survie commune. »  Enfin, elle a rappelé que chaque année la communauté internationale se réunit pour dire « maintenant plus que jamais ».  Mais en réalité c’est maintenant que les pays insulaires ont plus que jamais peur, a conclu la Ministre. 

M. MOHAMED ALI NAFTI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a estimé que la situation mondiale continue de se détériorer, alors que les outils de gouvernance internationale mis en place après la Seconde Guerre mondiale sont incapables de gérer les défis ou d’en traiter les causes profondes. Plaidant pour une réforme des mécanismes multilatéraux et d’une nouvelle approche de la coopération internationale, le Ministre a salué l’adoption des documents finaux du Sommet, y voyant une occasion unique de transformer de manière tangible le système multilatéral. 

M. Nafti a appelé les pays développés à tenir leurs engagements en matière de financement du développement durable et de l’action climatique, tout en aidant les pays en développement à atténuer le poids de la dette.  Il a dénoncé les « atroces crimes contre l’humanité » commis contre le peuple palestinien, victime d’une « occupation barbare » au vu et au su d’une « communauté internationale faisant preuve d’une impuissance et d’un silence coupables », avant de rappeler que l’ONU avait une responsabilité morale et historique envers lui. 

Faisant fond sur les avancées de ce Sommet, M. BADR AHMED MOHAMED ABDELATTY, Ministre des affaires étrangères et de l’émigration de l’Égypte, a jugé nécessaire, compte tenu de la polarisation mondiale et des menaces pour la paix, de renouveler l’engagement en faveur de la Charte des Nations Unies, dans le respect de l’égalité souveraine des États.  À cet égard, il a souligné la nécessité de régler la question palestinienne et d’établir un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale.  Constatant que la confiance dans la justice du système international est aujourd’hui mise à rude épreuve, il a déploré l’impuissance de la communauté mondiale à mettre un terme à la tragédie en cours à Gaza, qui menace de s’étendre au « Liban frère ». 

Le Ministre a par ailleurs jugé nécessaire d’accroître le financement du développement et de réformer l’architecture financière mondiale.  Il faut, selon lui, répondre aux aspirations des peuples en augmentant les taux de croissance, ce qui suppose de promouvoir le développement et de s’entendre sur des solutions innovantes en faveur des pays du Sud.  Il convient également d’assurer le transfert des technologies, renforcer la coopération numérique et intensifier les programmes de recherche, notamment en Afrique.  Appelant en outre à soutenir les efforts des pays africains pour contrer les effets négatifs des changements climatiques, il a insisté sur la question de l’accès à l’eau.  Enfin, qualifiant de « priorité absolue » l’élimination totale des armes nucléaires pour garantir aux générations futures un avenir sûr, il a plaidé pour la mise en place d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. 

Pour M. MBAE MOHAMED, Ministre des Affaires étrangères des Comores, le développement durable exige des actions collectives renforcées pour concrétiser les objectifs de développement durable, en particulier dans les pays les moins avancés.  À cet égard, le financement du développement est essentiel et il est urgent de mettre en place un mécanisme de financement novateur et ambitieux, ainsi que de soutenir l’entreprenariat.  L’Union des Comores lance un appel aux pays du Nord afin qu’ils honorent leurs engagements pris en faveur de la réalisation des objectifs de développement durable dans les pays du Sud. 

Il faut tout faire pour restaurer le respect de l’ONU et de sa Charte, a lancé le Ministre.  En outre, le progrès technologique et l’innovation doivent permettre de réduire la fracture numérique et de permettre un accès équitable de chaque pays à ces innovations. L’avenir commence maintenant et sans attendre, a martelé M. Mohamed, qui a conclu en rappelant que l’avenir de notre planète repose sur nos jeunes et qu’il est de notre devoir de leur laisser un monde où règne la paix. 

M. LEJEUNE MBELLA MBELLA, Ministre des relations étrangères du Cameroun, a salué l’adoption par consensus du Pacte pour l’avenir avec ses deux annexes grâce à une réelle volonté politique et un sens de l’intérêt général.  Ce Pacte est un pari pour l’avancement de la paix, du développement durable et de la dignité humaine pour les générations actuelles et à venir, a estimé le Ministre en appelant à miser sur ce Pacte et à agir pour parvenir à la prospérité partagée à laquelle nous aspirons au nom de l’avenir de toute l’humanité et la nécessité de ne laisser personne de côté. En cette ère du numérique, le Ministre a appelé à mettre la science et la technologie au service d’une humanité agissante. 

Selon M. KWEON KI-HWAN, Vice-Ministre adjoint pour les affaires mondiales et multilatérales de la République de Corée, le Pacte pour l’avenir trace le chemin vers un avenir meilleur pour l’humanité et réitère un attachement au multilatéralisme. Ces engagements doivent se traduire en mesures concrètes pour tous, a-t-il préconisé.  Pour mettre en œuvre le Pacte, il a lancé un appel aux États Membres, mais aussi aux organisations internationales, à la société civile et au secteur privé. 

Le Vice-Ministre a souhaité voir la science, la technologie et l’innovation mobilisées à des fins pacifiques et pour promouvoir et protéger les droits humains. Ainsi, la République de Corée veut s’appuyer sur l’intelligence artificielle (IA) pour accélérer les progrès sur la voie des objectifs de développement durable.  Le dignitaire a cité le sommet sur l’IA tenu à Séoul en mai dernier, à la suite duquel son pays a convoqué un forum global pour favoriser des normes relatives à l’IA dans le secteur privé.  En septembre, la République de Corée a en outre accueilli un sommet sur l’IA responsable dans le domaine militaire.  De même, en tant que membre du Conseil de sécurité, la République de Corée accorde une grande importance à la cybersécurité, estimant qu’il s’agit de jeter les bases d’une riposte efficace contre les menaces cybernétiques.  Enfin, le Vice-Ministre a réitéré l’engagement de son pays en vue de mobiliser des ressources au service du développement, rappelant qu’il avait décidé d’augmenter ses contributions au développement en Afrique. 

M. DANNY BEN YOSEF DANON (Israël) a assuré que son pays est déterminé à réaliser ce Pacte alors même qu’il est victime d’attaques d’acteurs non-étatiques qui menacent son existence même.  Déterminé à se défendre contre ces attaques, Israël n’en est pas moins une nation éprise de paix, mais nous persisterons à protéger son peuple, a-t-il expliqué en faisant état des attaques de la nuit dernière du Hezbollah.  Martelant que « nous n’avons pas commencé cette guerre » à Gaza, le représentant a affirmé que, malgré les défis colossaux auxquels Israël est confronté, le pays continuera à jouer un rôle de chef de file en matière d’innovation, de promotion de droits humains et de durabilité.  Nous défendons notre peuple et notre terre, mais nous sommes quand même ici pour défendre notre avenir commun, a-t-il fait valoir. 

Le représentant a expliqué que certaines questions cruciales déterminent la vision de l’avenir d’Israël, et notamment: comment œuvrer à l’élimination de la pauvreté? ou encore: comment les technologies peuvent-elles servir à l’humanité plutôt que d’être utilisées pour propager la haine?  Face à la montée de l’antisémitisme dans le monde, le représentant a demandé une action nette et claire de la communauté internationale pour le combattre. « Il faut plus que des mots et des déclarations », a-t-il affirmé.  La réalisation des ODD ne peut se faire au détriment de nos valeurs démocratiques, a poursuivi le délégué en appelant à agir de manière décisive contre l’extrémisme violent et le terrorisme mais également contre les régimes et organisations terroristes qui les financent au mépris de la sécurité et du bien-être de leur propre peuple. 

M. MARIUS ARISTIDE HOJA NZESSIOUÉ (République centrafricaine) a considéré que le Pacte pour l’avenir, « ambitieux et transformateur », est une étape importante pour ne laisser personne de côté et protéger notre planète.  Il s’est attardé sur le mot « action », qui nous invite à sortir de l’immobilisme ambiant qui ne fait qu’accentuer les déséquilibres dans l’égalité des droits: droit au développement, droit à un monde plus sûr et durable, droit à l’autodétermination et à la souveraineté, et droit d’être des acteurs impliqués dans la gouvernance mondiale.

Après avoir plaidé en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité « qui réparerait une injustice historique faite à l’Afrique », le représentant a fait état des retards dans la mise en œuvre des ODD dans son pays, en raison principalement des défis internes liés entre autres à la situation sécuritaire, à son enclavement, ou encore au déficit énergétique.  Aussi son Gouvernement a-t-il défini et validé un Programme national de développement 2024-2028 d’un montant de 12,8 milliards de dollars qui ambitionne de bâtir un pays prospère fondé sur un état de droit plus inclusif axé sur les principes de la bonne gouvernance.  « L’enjeu pour notre pays est de passer d’une logique d’urgence à une logique d’un développement soutenu, durable et porteur d’une transformation structurelle de l’économie dans lequel les jeunes, les femmes et le secteur privé occupent une place de choix », a précisé le délégué.  Dans cette perspective, il a vu dans l’utilisation des nouvelles technologies et de l’innovation un vivier important dans la quête d’une mobilisation accrue des ressources nationales.  En cela, le Pacte numérique mondial sera un atout pour optimiser au maximum la contribution de la technologie, de l’innovation et de la science à la croissance, a ajouté le représentant. 

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a reconnu que l’adoption du Pacte n’a pas été aisée.  « Les dirigeants du monde sont déterminés à promouvoir ensemble un changement positif. »  Il a détaillé le Pacte, dont les mesures concrètes prises en vue d’une réforme du Conseil.  Il a indiqué que son pays va donner la priorité, dans l’application du Pacte, au renforcement de l’état de droit et des droits humains, ainsi qu’au désarmement nucléaire.  S’agissant des opérations de paix, il a salué la nouvelle ère qui s’est ouverte en vue d’opérations plus flexibles et ciblées.  Enfin, il a indiqué que son pays, fervent partisan du multilatéralisme, est candidat à un siège au Conseil.  « Le Pacte nous montre qu’il y a plus de choses qui nous unissent que de choses qui nous séparent. »

M. ALEKSANDAR VUČIĆ, Président de la Serbie, a fait savoir que la Serbie soutient le Pacte pour l’avenir, même si elle a quelques remarques à faire et qu’elle aimerait y trouver davantage d’engagement en faveur des pays en développement.  Mais comment parler de financement du développement, de bonne place des jeunes et de développement durable lorsque des conflits régionaux font rage et que des tensions concernent presque toutes les grandes puissances mondiales, s’est interrogé M. Vučić. 

La Serbie soutient la demande du Groupe des 77 et la Chine, convaincue que le financement des problèmes dus aux changements climatiques devrait constituer une question séparée et non pas faire partie du financement du développement. Elle estime que les États-Unis et l’Union européenne seront plus compréhensifs au sujet des réformes de l’architecture financière.  De plus, M. Vučić a estimé que les remarques de la Russie et du Brésil, selon lesquelles les questions climatiques sont davantage liées à la sécurité qu’au développement, méritent toute l’attention de la communauté internationale. 

Il est important de trouver un équilibre entre le point de vue occidental sur l’état de droit et la demande de nombreux autres pays au sujet des valeurs traditionnelles, et surtout familiales, a par ailleurs estimé M. Vučić.  La Serbie est sur la voie de l’Europe, elle observe les normes du droit international public et elle est un pays moderne, a rappelé le Président, mais elle n’est pas prête à sacrifier ses valeurs traditionnelles et elle résistera à toutes les tentatives venant de l’extérieur, notamment du mouvement « woke » qui cherche à imposer son point de vue, a-t-il mis en garde. 

M. WILLIAM SAMOEI RUTO, Président de la République du Kenya, a déploré l’inadéquation du système multilatéral face aux changements climatiques, aux inégalités et à la dette.  Partant, il a estimé qu’il n’y avait d’autre alternative que de rejeter des dispositifs jugés obsolètes. Selon lui, il s’agit de repenser le cadre de coopération internationale, y compris le système financier international, de renforcer les partenariats sécuritaires, de combler la fracture numérique et d’investir dans les capacités humaines, en particulier l’autonomisation des femmes et des jeunes.  Il a également lancé un appel pour remédier au manque de représentation permanente de l’Afrique au Conseil de sécurité, dénonçant une injustice historique.

Le rapport 2024 du Secrétaire général sur les objectifs de développement durable brosse un tableau désastreux de la situation, s’est alarmé le Président, relevant que seuls 17% des objectifs sont en bonne voie.  Selon lui, une grande part de cet échec est attribuable au non-respect des engagements financiers.  Et l’écart se creuse avec les pays du Sud confrontés à des pénuries de financement, a-t-il averti.  À ce titre, il a réitéré l’engagement de son pays pour une réforme du système financier mondial, et lancé un appel à des solutions imaginatives en matière d’allégement de la dette et de financement du développement.  Détaillant des initiatives déployées à l’échelle nationale, il a salué des programmes d’augmentation de la couverture forestière et d’emplois pour les jeunes, axés sur la restauration écologique et les infrastructures; il a cité la contribution de son pays à la Mission multinationale d’appui  à la sécurité en Haïti; il a mentionné le rôle du Kenya dans l’organisation du premier Sommet africain sur le climat et de l’adoption de la Déclaration de Nairobi, base d’une position africaine commune.  Enfin, il a cité l’engagement de son pays visant à améliorer les octrois de financements aux pays en développement pour les services publics essentiels.

M. GITANAS NAUSĖDA, Président de la Lituanie, a salué l’engagement pris dans la Déclaration sur les générations futures de protéger ceux qui hériteront de ce monde.  Il a appelé à la vision, au courage et à l’unité.  Nous devons, a-t-il plaidé, tout d’abord revenir à l’ordre international fondé sur des règles et cela signifie soutenir l’Ukraine dans sa lutte pour la liberté et la démocratie. Il est d’une importance cruciale que la Russie quitte les territoires ukrainiens occupés. 

Le Chef d’État a également appelé à davantage d’efforts pour atteindre les objectifs de développement durable, estimant qu’à l’heure actuelle, l’un des principaux obstacles à leur réalisation est le manque de ressources financières.  Il faut donc créer une architecture financière internationale plus équitable, plus juste et plus réactive aux crises, s’attaquer à la crise climatique, mettre en œuvre l’Accord de Paris sur le climat et investir davantage dans les énergies renouvelables et les technologies innovantes. Enfin, le Président a salué la vision décrite dans le Pacte pour l’avenir et le Pacte numérique mondial, sans oublier de rappeler que sous la présidence lituanienne, le Conseil de l’Europe a adopté la toute première Convention-cadre sur l’intelligence artificielle et les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit, dite Convention de Vilnius. 

M. FILIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, a axé son discours sur la nécessité absolue de maintenir un système multilatéral robuste, ce système étant la clef pour relever tous les défis actuels, tels que les changements climatiques, le terrorisme et la pandémie de COVID-19.  La mise en œuvre du Programme 2030 doit aussi être impérative et M. Nyusi a appelé à davantage de ressources pour réaliser ledit Programme.  Dans un second temps, il a insisté sur la nécessité de mieux représenter les nations en développement dans les enceintes multilatérales telles que le Conseil de sécurité.  Attendant avec ferveur l’avènement d’une nouvelle architecture internationale, M. Nyusi a voulu que l’on rétablisse la confiance des peuples vis-à-vis du multilatéralisme et du droit international.  Avec sa population « jeune et travailleuse », et son « potentiel remarquable », l’Afrique doit dûment être incluse dans les processus internationaux de prise de décisions car il serait catastrophique de la laisser de côté. 

Pour Mme GORDANA SILJANOVSKA-DAVKOVA, Présidente de la République de Macédoine du Nord, la question de l’avenir se doit de correspondre à une évaluation réaliste des changements attendus, basée sur une analyse critique des éléments de preuve.  À ce titre, l’ONU représente l’endroit idéal pour parvenir à un consensus sur l’avenir, a-t-elle estimé.  Citant les guerres, les catastrophes naturelles, la pauvreté extrême ou l’éthique sacrifiée au profit et au pouvoir, la Présidente a souligné que ces problèmes difficiles imposent des objectifs ambitieux et des actions décisives. 

Pour Mme Siljanovska-Davkova, de telles entreprises ne peuvent être menées 

sans une réforme profonde de l’ONU.  Elle a préconisé le renforcement du multilatéralisme, la mise en place d’un mécanisme de contrôle des relations entre le Secrétaire général, le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, des processus de prise de décisions plus transparents et inclusifs, ainsi qu’une capacité renforcée pour faire face aux menaces contre la paix, le développement durable et les droits de l’homme.  Rejetant toute réforme cosmétique, elle a prescrit le renforcement du rôle de l’Assemblée générale et de la Cour internationale de Justice, souhaitant que ses arrêts deviennent contraignants pour tous.  En revanche, elle a fait part de ses doutes quant à la pertinence d’un élargissement du Conseil de sécurité à quelques nouveaux membres permanents, cette mesure ne constituant pas à ses yeux une meilleure garantie de paix et de sécurité.  Elle a également lancé un appel à une participation accrue des petits pays au sein des Nations Unies, pour les protéger contre la menace que constituent les plus grandes nations.  Dans ce cadre, le Conseil de sécurité devrait jouer le rôle d’une sorte de gouvernement de coalition mondiale, a-t-elle poursuivi.

Évoquant des initiatives déployées à l’échelle nationale, la Présidente s’est notamment félicitée de la création d’un Ministère de la transformation numérique, estimant qu’il devra jouer un rôle pour harmoniser la politique de son pays dans le cadre du Pacte numérique mondial.  Rappelant qu’elle est la première femme Présidente de son pays, elle a lancé un appel pour protéger les femmes contre les discriminations et les violences, mais aussi pour qu’elles soient plus nombreuses à accéder aux plus hautes responsabilités.  Elle a par ailleurs exhorté les États Membres à impliquer davantage les jeunes dans les prises de décisions des organes gouvernementaux, annonçant son intention de déployer dans son pays un conseil de la jeunesse, ainsi qu’un conseil de la diaspora.  Enfin, elle a estimé que les défis mondiaux exigent une réponse mondiale fondée sur le sens commun, au sens où l’entendait le philosophe américain Thomas Paine. 

L'intervention de M. CARLOS MANUEL VILA NOVA, Président de Sao Tomé-et-Principe, n’a pas été traduite par les services d'interprétation.

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme ROBINAH NABBANJA, Première Ministre de l’Ouganda, a estimé que la situation mondiale avait radicalement changé depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les progrès sont lents et fragiles, a-t-elle déploré, relevant que l’écart continue de se creuser entre pays développés et en développement, et considérant que ces derniers sont victimes d’un ordre économique mondial injuste, lequel aurait atteint aujourd’hui son expression la plus aiguë. 

Mme Nabbanja a lancé un appel au pragmatisme pour que le Pacte pour l’avenir ne devienne pas un exercice futile de plus, soulignant qu’il résulte de négociations à la fois longues, complexes et constructives.  Selon elle, le sous-titre du Sommet –« Des solutions multilatérales pour un avenir meilleur »– implique un avenir libre de toute oppression et de fractures mondiales en termes de développement, de financement, de technologie et d’innovation.  À cette fin, elle a appelé à mettre en œuvre toutes les actions convenues dans le Pacte pour l’avenir, afin de donner au Sud global l’opportunité de rattraper son retard. 

La Première Ministre a rappelé que les pays en développement se heurtent tout particulièrement aux effets des changements climatiques, de la perte de biodiversité, de la dégradation de l’environnement et de la désertification, tous des problèmes qui font obstacle au développement durable et à l’éradication de la pauvreté.  Ces pays voient se creuser l’écart entre les besoins et l’aide disponible.  C’est pourquoi Mme Nabbanja a regretté que le Pacte ne mentionne pas les mesures nécessaires pour combler ce fossé telles que le renforcement des capacités, le transfert de technologie et les ressources financières.  Elle a en revanche salué les initiatives préconisées par le Pacte pour prévenir la rechute dans la pauvreté en construisant des systèmes de protection sociale efficaces et résilients. 

Décrivant le Pacte numérique mondial et la Déclaration sur les générations futures comme des annexes du Pacte pour l’avenir, Mme Nabbanja s’est notamment félicitée que le premier initie un dialogue sur la gouvernance de l’IA, sous les auspices de l’ONU, ainsi que d’un processus inclusif pour préparer des accords internationaux sur la gouvernance des données.  Enfin, elle s’est réjouie de la vingt et unième reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA). « Tu ne connais pas ma douleur si tu n’as pas porté mes chaussures! » a-t-elle conclu en swahili. 

Mme FIAMĒ NAOMI MATA’AFA, Première Ministre et Ministre des affaires étrangères du Samoa, s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a rappelé que les défis auxquels font face les petits États insulaires en développement (PEID) s’enchevêtrent avec ceux du monde entier. C’est pourquoi le multilatéralisme n’est pas simplement un principe mais une nécessité pratique afin de trouver des solutions qu’aucune nation ne peut trouver à elle seule, a-t-elle expliqué. Nous devons dès lors nous attaquer aux changements climatiques, a-t-elle estimé, insistant notamment sur l’érosion côtière et l’élévation du niveau de la mer.  Il s’agit d’insuffler un nouveau souffle à l’Accord de Paris afin de limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius, a-t-elle argumenté, prônant davantage d’investissements dans l’adaptation climatique, la résilience des infrastructures et le partage de technologies. 

Les dettes, les fluctuations économiques et les chocs externes représentent également un défi de taille pour les PEID, a poursuivi la Première Ministre, notant qu’une réforme de la gouvernance mondiale et de l’architecture financière internationale est nécessaire afin de corriger le déséquilibre et de promouvoir une prospérité résiliente.  L’allégement de la dette et l’accès à des taux préférentiels permettront d’ancrer les économies des PEID dans la stabilité.  Reconnaissant que l’intelligence artificielle et les technologies numériques peuvent changer la donne, elle a néanmoins regretté les écarts qu’elles engendrent entre les nations, les PEID ne pouvant exploiter pleinement le potentiel de ces avancées.  Il s’agit maintenant de partager les bonnes pratiques et d’atténuer les risques posés par les technologies afin de créer de nouvelles opportunités pour la transformation numérique.  « L’avenir que nous envisageons, fondé sur le Pacte numérique mondial et la Déclaration sur les générations futures, doit être un avenir pour tous », a-t-elle conclu, souhaitant que chaque pays, aussi petit soit-il, y trouve sa place. 

M. JUSTIN TRUDEAU, Premier Ministre du Canada, a déclaré que, face à l’instabilité qui sape les fondements mêmes de l’ordre international, au coût de plus en plus lourd des changements climatiques, aux inégalités croissantes qui laissent de côté les plus vulnérables, à l’érosion des droits des femmes, des LGBTQ+ et des populations autochtones, et aux crises humanitaires qui perpétuent des niveaux records de déplacement, « nous avons un choix à faire ».  Ou bien nous faisons « l’autruche », en rejetant le multilatéralisme au profit d’un intérêt personnel à courte vue.  Ou bien nous reconnaissons collectivement que nous avons la responsabilité de mettre nos différences de côté, d’affronter ces graves défis mondiaux et de mettre en œuvre un Pacte pour l’avenir qui construise un monde plus pacifique, mais aussi un monde où chacun -chaque génération- a une chance réelle et équitable de s’en sortir, a plaidé M. Trudeau. 

Le Premier Ministre a expliqué que si les Canadiens sont inquiets de l’état du monde et de l’avenir, ils craignent surtout que la promesse du Canada -la promesse qu’en travaillant dur, on peut faire mieux que la génération qui nous a précédés- ne soit en train de disparaître.  Fort de ce constat, et en tant que Gouvernement, il a assuré prendre les devants en passant en revue certaines mesures prises sur le plan national. Il a également reconnu que les changements climatiques et l’inflation ne s’arrêtent pas aux frontières, que l’inégalité est un problème pour le monde entier et que pour bien servir ses propres citoyens il faut s’attaquer ensemble aux grands défis mondiaux. 

M. FELETI TEO, Premier Ministre des Tuvalu, a estimé que ce Pacte est un ensemble d’engagements et de réengagements qui ont été habilement élaborés et négociés.  Ces engagements, s’ils sont tenus, devraient renforcer la coopération internationale en respectant l’esprit et la lettre de la Charte.  Le Premier Ministre a rappelé que l’élévation du niveau de la mer en raison des changements climatiques est la menace la plus grave pesant sur son pays, raison pour laquelle les Tuvalu soutiennent l’initiative pour un traité de non-prolifération des combustibles fossiles.  Il a ensuite pointé les nombreuses inégalités qui prévalent aujourd’hui et plaidé pour une coopération internationale robuste afin d’y remédier. « Nous avons besoin d’une architecture multilatérale qui soit efficace, adaptable, résiliente et robuste », a-t-il déclaré.  Enfin, il a émis l’espoir que le Pacte revitalise le multilatéralisme et le système onusien.  Mon pays appelle la communauté internationale à s’unir derrière ce Pacte et à bâtir un système plus équitable qui ne laisse aucun pays de côté, notamment les pays confrontés aux conséquences dévastatrices des changements climatiques comme les Tuvalu, a-t-il conclu. 

M. DANIEL RISCH, Premier Ministre du Liechtenstein, s’est demandé s’il y avait autre chose à comprendre à propos de l’ONU que le fait que c’est une organisation de paix – créée pour « préserver les générations futures du fléau de la guerre ».  Il s’est désolé de « l’absurdité » qui veut qu’un membre du Conseil de sécurité disposant du droit de veto –la Fédération de Russie– se soit livré à une agression flagrante de grande envergure contre un autre État, violant les principes fondamentaux de notre Organisation commune.  Au Liechtenstein, on estime que les États de petite et moyenne taille, qui constituent la majorité de cette Organisation, peuvent façonner leur propre destin et défendre leurs intérêts.  « Si le Conseil ne peut assumer sa responsabilité, nous devons trouver des alternatives », a poursuivi le chef de gouvernement, pour qui elles existent. L’Assemblée générale a un rôle important à jouer à cet égard et doit intervenir lorsque le Conseil reste silencieux, a déclaré M. Risch.  En présentant l’initiative sur le veto, le Liechtenstein a fait en sorte qu’un veto au Conseil « ne soit plus le dernier mot ».  Nous pouvons désormais utiliser le pouvoir conféré à l’Assemblée générale en prenant des décisions lorsque le Conseil n’est pas en mesure de le faire, s’est-il félicité, avant d’encourager le Secrétaire général à jouer un rôle davantage proactif et à utiliser l’autorité unique de l’ONU, fondée sur le droit international, pour servir de médiateur, prévenir et régler les conflits.  « La Charte n’est pas un menu à la carte, mais un ensemble de règles de base claires pour la conduite du multilatéralisme », a tranché le Premier Ministre.

M. RALPH E. GONSALVES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a qualifié le Sommet de l’avenir d’« opportunité historique » et a estimé que le Pacte adopté « nous prépare à dynamiser nos engagements ». En tant que dirigeant d’un PEID, il a rappelé que les dernières années ont été marquées par une myriade de catastrophes et a souligné la nécessité urgente de réformer en profondeur une architecture financière internationale « obsolète et mal adaptée à nos vulnérabilités et à nos circonstances particulières ».  Il a également appelé à remédier au problème de la dette écrasante contre lequel luttent les pays en développement, pris « dans les sables mouvants des chocs exogènes », réclamant une refonte multilatérale de l’architecture de la dette. En outre, a-t-il ajouté, comme en attestent les efforts de relèvement de son pays après les ravages de l’ouragan Beryl, il importe de renforcer le principe des responsabilités communes mais différenciées, avec des mesures plus ambitieuses pour faire face à la crise climatique. 

Soulignant d’autre part le besoin urgent d’une réforme du pilier paix et sécurité de la structure de gouvernance mondiale, le Premier Ministre a pointé la composition « anachronique » du Conseil de sécurité et souligné que la crédibilité et la légitimité de cet organe dépendent de l’amélioration de la représentativité des régions non représentées et sous-représentées, telles que l’Afrique, l’Amérique latine et les Caraïbes, et l’Asie-Pacifique, dans les deux catégories de membres.  Il a enfin jugé que le renforcement de la coopération numérique offre la possibilité de remédier aux divisions et aux inégalités existantes.  Saluant à cet égard l’engagement visant à exploiter le potentiel de la science, de la technologie et de l’innovation, il a plaidé pour un système « repensé et restructuré », qui, grâce à la coopération mondiale, donne les moyens de faire face aux réalités d’aujourd’hui tout en se préparant aux exigences de demain. 

M. MIHAI POPŞOI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République de Moldova, a appelé à inclure les jeunes dans les discussions nationales et multilatérales et à leur donner la possibilité de contribuer à la préservation et la restauration de « ce que nous avons négligé ».  Il a en conséquence appuyé l’adoption de la Déclaration sur les générations futures dans le cadre de ce Sommet.  Mon pays est pleinement engagé en faveur de la paix, a assuré M. Popşoi en mentionnant les 25 femmes de son pays ayant participé à des missions de maintien de la paix dans le cadre du programme femmes et la paix et la sécurité. Condamnant la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine et appuyant la souveraineté de ce pays, il a expliqué les incidences négatives de cette guerre pour son pays, cible de menaces hybrides, de cyberattaques et de campagnes de désinformation, en plus d’efforts visant à troubler l’ordre public et les processus électoraux. « Néanmoins, a-t-il affirmé, nous restons en mesure de préserver la paix dans tout le pays, y compris la région de Transnistrie où des troupes russes sont stationnées en toute illégalité ».  Enfin, M. Popşoi a demandé que le Pacte ne devienne pas un document onusien de plus à être oublié aussitôt adopté.  « Il doit demeurer un document vivant à mettre en œuvre par tous les moyens à notre disposition », a-t-il conclu. 

M. SALEUMXAY KOMMASITH, Premier Ministre adjoint et Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, a souligné que, dans le contexte actuel de défis multiples auxquels le monde est confronté, la coopération est essentielle pour assurer tant notre survie que le progrès. Il a recommandé de redoubler d’efforts pour restaurer la confiance et revitaliser les cadres de coopération internationale.  Le Ministre s’est dit très préoccupé par le manque de financement croissant pour la réalisation des objectifs de développement durable, demandant de reconnaître l’urgence d’un financement prévisible, durable et suffisant pour les pays en développement, en particulier pour les plus pauvres et les plus vulnérables. Si le Pacte renouvelle les engagements à ce sujet, la véritable mesure de notre réussite repose sur notre capacité à traduire ces financements en résultats tangibles, a fait observer M. Kommasith.  Il a par ailleurs salué l’adoption du Pacte numérique mondial comme élément essentiel du Pacte pour l’avenir, invitant à réduire la fracture numérique et soutenant une utilisation responsable des technologies numériques au service du développement durable. 

Avec 60% de sa population totale âgée de moins de 30 ans, la République démocratique populaire lao continuera à préserver les intérêts des jeunes et des générations futures par le biais d’engagements et de moyens mis en avant dans la Déclaration sur les générations futures.  Plus nous distribuons équitablement les ressources et les opportunités aujourd’hui, plus nous ouvrons la voie à de meilleurs résultats pour les générations futures, a affirmé le Ministre, pour qui il est temps de mener des actions mondiales concertées. 

Selon M. GUYLAIN NYEMBO MBWIZYA NYEMBO MBWIZYA, Vice-Premier Ministre et Ministre du plan et de la coordination de l’aide au développement de la République démocratique du Congo (RDC), rien ne laissait présager la situation actuelle il y a 78 ans, à la création de l’ONU.  Dans notre monde, s’est-il expliqué, la communauté des nations est remise en cause dans son essence, et les principes d’équité, de solidarité et d’universalité sont sacrifiés au profit d’une minorité, tandis qu’à la table des négociations la majorité des pays est affaiblie, voire absente. À ce titre, il a estimé que le Pacte pour l’avenir constitue une formidable occasion d’embrasser un nouveau paradigme plus juste et plus équitable.  La RDC, a-t-il poursuivi, considère que l’avenir doit impliquer davantage d’investissements dans le capital humain à travers l’éducation, l’autonomisation des femmes et des filles, l’inclusion des personnes vulnérables ainsi que la promotion de la recherche et de l’innovation technologique. 

Toutefois, a-t-il averti, le Pacte restera vain tant qu’un continent entier, l’Afrique, ne sera pas rétabli dans son honneur, notamment au sein de l’ONU, par l’octroi de deux sièges permanents au Conseil de sécurité.  De même, le futur ne saurait être envisagé de manière positive sans réelle solidarité dans le financement des objectifs de développement durable.  Il a préconisé une authentique justice climatique, ainsi qu’une plus grande inclusion des pays issus des grands bassins forestiers mondiaux, avant de prévenir qu’il ne peut y avoir d’avenir tant que la communauté des nations persistera dans son incapacité de sanctionner les comportements belliqueux et contraires à la Charte des Nations Unies. 

Mme ALICIA BÀRCENA IBARRA, Secrétaire des affaires étrangères du Mexique, a indiqué que le Sommet est l’occasion de renouveler l’engagement en faveur d’un multilatéralisme qui est aujourd’hui remis en cause de toutes parts.  Elle a appelé à se pencher sur la crise de légitimité que traverse l’ONU, en détaillant le contexte international actuel marqué par la persistance des conflits, les changements climatiques et la défiance envers les institutions.  Il faut avancer vers l’égalité réelle entre hommes et femmes et des institutions internationales représentatives, a-t-elle dit.  Elle a plaidé pour un désarmement généralisé, une réforme de l’architecture financière internationale et la réforme du Conseil de sécurité.  Il faut éliminer le droit de veto une bonne fois pour toutes, a-t-elle tranché.  Enfin, elle a rappelé que le Mexique va bientôt être gouverné par la première femme Présidente de son histoire. 

M. ABDULLATIF BIN RASHID AL ZAYANI, Ministre des affaires étrangères de Bahreïn, a estimé qu’alors que le monde est confronté à de nombreux défis, notamment en termes de paix, de sécurité et de développement, il faut redoubler d’efforts pour comprendre les causes profondes de ces défis et s’y attaquer.  Il faut parallèlement faciliter l’accès à la technologie, aider les jeunes à agir et coopérer pour mettre un terme aux conflits en s’appuyant sur les règles du droit international.  Bahreïn s’est dit disposé à participer à ces efforts.  Pour preuve, le sommet arabe qu’il a accueilli en mai dernier visait à trouver une solution utile au conflit israélo-palestinien et à œuvrer pour la solution des deux États.  À cet égard, une initiative visant à accueillir également un sommet sur le Moyen-Orient a été lancée. 

M. YUSUF MAITAMA TUGGAR, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a déploré le retard du Sud mondial dans la mise en œuvre du Programme 2030, préconisant des mesures pour accompagner certains pays, plus spécifiquement en Afrique, où les économies sont plus vulnérables.  Il a lancé un appel aux pays du Nord, estimant que le Pacte pour l’avenir doit s’appuyer sur une forte volonté politique.  Il s’est également prononcé en faveur d’une prolongation de la date butoir si le Programme 2030 ne devait pas se réaliser à la date prévue. 

Il faut faire plus pour financer adéquatement les objectifs de développement durable, tout particulièrement pour les pays africains, a-t-il estimé.  De même, il a appelé de ses vœux l’octroi à l’Afrique de deux sièges permanents au Conseil de sécurité, des mesures d’allégement de la dette, une action musclée contre l’évasion fiscale et la restitution des flux de capitaux illicites aux pays africains.  Enfin, il a jugé impératif que la communauté internationale prenne des mesures pour accélérer le transfert des technologies, dont l’intelligence artificielle et les cryptomonnaies. 

M. ALBERT SHINGIRO, Ministre des relations étrangères et de la coopération au développement du Burundi, a regretté que les règles collectives soient régulièrement bafouées, cédant la place à la « diplomatie des muscles » et reléguant la diplomatie préventive, l’esprit de compromis et la solidarité internationale au second plan.  Il s’est demandé à quoi s’attendre d’autre que la désintégration du monde en blocs antagonistes tel que nous l’observons en ce moment.  À quoi s’attendre d’autre qu’à l’affaiblissement du multilatéralisme, à la montée de l’exclusion et des inégalités, les riches devenant encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres?  Face à la gravité de la situation, le Ministre a appelé à ne pas céder à l’immobilisme et à agir, individuellement et collectivement, pour s’attaquer aux défis mondiaux actuels afin de bâtir un monde pacifique, stable, prospère et solidaire. Car il faut préserver les générations futures des affres de la guerre et éviter les répétitions de l’histoire sombre que l’humanité a connue à la veille de la création de « notre organisation commune ». 

Pour ce faire, nous devons respecter les engagements pris dans les forums régionaux et internationaux, a-t-il insisté, que ce soit en rapport avec la protection de la planète, la promotion de la paix et de la sécurité internationales et des droits humains, la coopération numérique, la lutte contre toutes formes d’exclusion, l’instauration d’un climat de confiance ou encore la réforme profonde et exhaustive de la gouvernance mondiale pour la rendre plus légitime, inclusive, efficace et plus adaptée aux réalités du monde contemporain. C’est dans cet esprit que le Burundi adhère à l’esprit et à la lettre du Pacte pour l’avenir et ses annexes, a indiqué le Ministre.  Mais signer un Pacte est une chose, sa mise en application en est une autre, a-t-il mis en garde en appelant toutes les parties prenantes à faire preuve de la volonté politique nécessaire et à respecter les engagements pris au nom du sauvetage du multilatéralisme.

M. HUSSEIN AWAD ALI, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a jugé primordial de respecter scrupuleusement la Charte des Nations Unies et inacceptable de faire preuve de sélectivité et de prioriser certains de ses buts et principes au détriment d’autres.  Il a également critiqué les tentatives d’instrumentaliser à des fins politiques les mécanismes juridiques internationaux.  Selon le Ministre, il faut réformer le système financier international pour répondre aux besoins des pays en développement, des pays sortant d’une situation de conflit ou des pays se trouvant dans une situation particulière: ils doivent pouvoir participer davantage aux processus décisionnels et recevoir des financements plus aisément et de manière durable afin d’encourager l’investissement.  Pour M. Ali, il faut revoir la question des dettes souveraines qui doivent être restructurées et renforcer les mécanismes de transfert de technologies et de renforcement des capacités afin d’en faire bénéficier les générations futures. 

M. CARLOS PINTO PEREIRA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération internationale et des Communautés de la Guinée-Bissau, a, d’emblée rappelé la nécessité de parvenir à des solutions collectives.  Le Sommet de l’avenir va nous permettre de réaliser nos objectifs, a-t-il estimé, rappelant que si son pays a traversé bien des difficultés, la coopération internationale permettra de trouver des solutions innovantes.  L’éducation pour tous est essentielle et devrait permettre un développement plus durable, a-t-il poursuivi, rappelant que les jeunes constituent la force motrice puisqu’ils sont les dirigeants de demain.  Ainsi, il est important de leur donner les moyens de contribuer aux processus décisionnels et de les laisser faire entendre leur voix, a-t-il insisté, rappelant que « notre responsabilité est de laisser un monde meilleur pour les générations futures ». 

Le Ministre a également plaidé pour la mise en place de politiques pour la durabilité sociale et économique, la protection de l’environnement, la justice et la paix, ce qui nécessite une réforme des systèmes de gouvernance.  Le Sommet de l’avenir est donc un moment charnière afin de renforcer les institutions dans tous les États Membres, un objectif que son pays est disposé à atteindre, tout comme la promotion de la paix et la mise en place de politiques favorisant le développement durable. Mais nous ne pouvons le faire seul, a-t-il mis en garde, appelant la communauté internationale à apporter son aide. 

M. ABDOULAYE DIOP, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, a expliqué que son pays avait fondé beaucoup d’espoir sur les forces internationales déployées mais qu’après 10 ans de présence, il a dû conclure à l’échec de l’intervention.  Depuis, le Gouvernement malien s’est attelé à renforcer les capacités de ses forces de défense et de sécurité, réalisant des « progrès tangibles » dans la reconquête et la préservation de son intégrité nationale, ainsi que dans la protection des populations.  S’agissant des « lâches attaques terroristes » perpétrées à Bamako le 17 septembre 2024, le Ministre a lancé un appel à tous les États pour qu’ils agissent conformément à leurs obligations internationales, afin que les auteurs de ces crimes et leurs financiers et sponsors, soient traduits en justice. 

Il a réitéré son appel pour que les acteurs concernés cessent d’instrumentaliser les groupes terroristes et de déstabiliser des États souverains et a fermement condamné « le soutien ouvert et assumé » de l’Ukraine au terrorisme international, en particulier au Sahel.  Le Ministre a demandé au Conseil de sécurité d’assumer ses responsabilités face à ce « choix délibéré » de l’Ukraine, afin de prévenir ces actions subversives qui menacent la stabilité du Mali.

M. RAMADHAN ABDALLA MOHAMMED GOC, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale au sein du Gouvernement provisoire d’union nationale revitalisédu Soudan du Sud, a affirmé que sa jeune nation est entièrement tournée vers l’avenir et entend jouer le rôle qui lui revient pour garantir un monde plus sûr aux générations à venir.  Notre cheminement nous a appris que la paix est le socle du progrès, a-t-il expliqué, appelant la communauté internationale à continuer d’appuyer les efforts de règlement pacifique des conflits, de dialogue et de réconciliation.  L’avenir dont nous rêvons doit être un avenir sans guerre, a insisté le Ministre, exprimant sa foi dans le potentiel de la diplomatie et de la coopération pour faire régner une paix pérenne.  

Il a ajouté que les changements climatiques restent une des menaces les plus urgentes pour son pays, confronté aux inondations, à la sécheresse et à d’autres phénomènes extrêmes.  Appelant à la solidarité internationale face à ce dérèglement, il a également exhorté la communauté internationale à investir dans l’agriculture durable, les énergies renouvelables et la défense de l’environnement pour parvenir à un avenir résilient.  Après avoir qualifié les jeunes de « plus grande richesse du Soudan du Sud », le Ministre a assuré que son gouvernement s’emploie à les autonomiser par l’éducation, l’innovation et l’entrepreneuriat.  Il a d’autre part indiqué que son pays travaille à la diversification de son économie afin de réduire sa dépendance au pétrole et qu’il entend nouer des partenariats pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens.  

M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Président de la Commission de l’Union africaine, a estimé que le déclin du multilatéralisme, s’éclipsant sous l’effet de l’unilatéralisme, a entraîné corrélativement un retour en force de la politique de puissance.  Le Pacte devrait renouveler et renforcer la confiance des États dans le multilatéralisme. Cette position a été constamment défendue par l’Union africaine, aussi trouve-t-elle son intérêt d’adhérer pleinement aux cinq axes du Pacte.  Le Président a précisé que pour chacun de ces domaines l’Union africaine a élaboré des stratégies traduites par des plans d’action bien que leur mise en œuvre soit fortement handicapée par la rareté des financements et les déficiences de gouvernance, qu’il ne sert à rien de cacher.  L’Union africaine se félicite de la philosophie du Pacte qui cherche à prendre en compte les spécificités des pays en développement, des États insulaires, des États sans façade maritime et des PMA dont la plupart sont situés en Afrique. Enfin, il a appelé les « nantis » à tenir leurs engagements et souhaité que l’Afrique et les autres parties du monde puisent en elles-mêmes les ressources d’intelligence, de motivation, de volonté et de solidarité nécessaires à leur émergence salvatrice. 

Mme DIANA ELENA MONDINO, Ministre des affaires étrangères, du commerce international et du culte de l’Argentine, a expliqué que son pays était prêt à travailler dans un cadre de respect total de la liberté individuelle.  Le développement économique doit être inspiré par les buts et principes de la Charte des Nations Unies: les problèmes arrivent quand l’on s’en éloigne, a-t-elle averti. 

Les principes de la Constitution argentine rédigée en 1953 sont libéraux, et en tant que pays, « nous n’aurions jamais dû nous en éloigner », a-t-elle regretté.  Pour mettre « fin à la faim », l’Argentine défend aujourd’hui le modèle du libéralisme économique, ainsi que le respect de la propriété privée.  Fort d’un diagnostic « réaliste mais difficile », le Gouvernement argentin s’est mis en branle pour réformer l’État en profondeur, s’ouvrir au monde, et assumer fièrement de vouloir être « l’un des pays les plus libres de la communauté internationale ».  Chaque État a le droit d’interpréter ses aspirations comme il le souhaite, en respectant celle des autres, et bon nombre des points du Pacte pour l’avenir ne sont pas en contradiction avec la nouvelle direction qu’a prise l’Argentine.  Cela dit, la Ministre a émis quelques réserves concernant certains aspects du Pacte.  Des réserves qui n’ont pas été écoutées, mais cela n’est pas un obstacle pour son pays, qui souhaite lancer sa croissance « en toute liberté ».  La seule lutte valant d’être combattue est culturelle, a-t-elle aussi affirmé, avant d’appeler à « se remonter les manches » pour « travailler sans cesse ». 

Mme JAN BEAGLE, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement (IDLO), a rappelé que les 40 années d’expérience de son Organisation, en partenariat avec une centaine de pays, ont démontré l’importance de l’état de droit afin de tenir les engagements ambitieux du Sommet. 

Tout d’abord, l’état de droit est primordial pour redonner confiance en une justice pour tous et assurer la reddition des comptes, la transparence et l’équité.  L’inclusion des femmes, des jeunes et des groupes historiquement exclus de ce processus est essentielle pour la paix et le développement durables, a assuré Mme Beagle.  Celle-ci a ensuite fait remarquer que l’état de droit (objectif de développement durable no 16) peut accélérer les progrès dans le cadre du Programme 2030.  En effet, les principes d’inclusion, d’équité et de non-discrimination étant incorporés dans tous les ODD, des lois et des institutions efficaces sont essentielles à leur mise en application. 

Enfin, l’état de droit est indispensable pour revigorer et recentrer le multilatéralisme du XXIe siècle, a insisté Mme Beagle.  L’état de droit au niveau international est entériné dans la Charte des Nations Unies, garantissant l’égalité souveraine de ses États Membres.  Un système multilatéral efficace requiert des solutions qui font de l’état de droit leur principe fondateur afin d’aborder les défis transnationaux, tels que les changements climatiques et les nouvelles technologies, de manière juste et équitable. C’est pourquoi l’Organisation internationale de droit du développement est ravie de constater les nombreuses références faites à l’état de droit, la justice, les droits humains et l’égalité de genre dans le Pacte, a conclu sa Directrice générale, qui a souhaité que des actes concrets fassent suite aux paroles, notamment en matière de financement.

M. STEINER, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a rappelé ce que le PNUD offrait pour financer le développement de 86 pays, et pour canaliser des milliards de dollars dans leur direction. L’aide globale au développement fournie par le PNUD a fait et continue de faire ses preuves pour sortir des crises, en permettant à des millions de gens d’avoir accès à des services essentiels, tels que l’eau et l’assainissement.  Le PNUD fait aussi en sorte que les jeunes aient leur mot à dire en matière de justice climatique.  En outre, son expertise permettra de réaliser le Pacte en ce qui concerne les nouvelles technologies, a-t-il promis. 

M. GHEBREYESUS, Directeur de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a demandé trois types d’engagements.  Premièrement, un engagement à promouvoir la santé dans les rues, les lieux de travail, les marchés, et à travers l’eau potable, les conditions de vie des individus et le climat.  Tout le monde doit pouvoir accéder à la santé immédiatement et sans rencontrer de difficultés financières, a-t-il insisté.  Deuxièmement, un engagement en faveur d’un accord sur les pandémies.  L’épidémie de variole simienne (mpox) en Afrique montre une fois de plus pourquoi nous avons besoin de cet accord sur les pandémies, a-t-il fait remarquer.  Déplorant que certains craignent de devoir céder par cet accord leur souveraineté à l’OMS, qui pourrait ainsi imposer des mandats en matière de vaccination, il a assuré que cette vision était erronée et que l’accord sera mis en œuvre dans les pays conformément à leur législation nationale.  Troisièmement, un engagement en faveur de la paix.  Les conditions des réfugiés soudanais sont indescriptibles, a-t-il déploré, regrettant que la communauté internationale n’accorde pas assez d’attention à cette crise.  Nous travaillons avec nos partenaires pour apporter de l’aide aux réfugiés mais la population soudanaise, tout comme les populations à Gaza et en Ukraine, ont besoin d’un cessez-le-feu.  Car « la paix va de pair avec la santé », a-t-il conclu. 

M. MOREIRA DA SILVA, du Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS), a vu dans le Sommet de l’avenir à la fois « un moment de réalisme et un moment d'espoir et de détermination », pour travailler ensemble à surmonter les défis et construire un avenir meilleur pour tous. Apportant le soutien de l'UNOPS aux résultats du Sommet, il a rappelé que cette organisation se concentre sur des solutions pratiques permettant à ses partenaires de mieux répondre aux conflits et aux crises, d’assurer le développement durable et de faire avancer l’action climatique.  Notant que la vision de l’avenir que nous souhaitons existe déjà, il a jugé « terriblement lents » les progrès, citant comme parties du problème les lacunes financières et politiques.  L'UNOPS est prêt à combler le fossé qui existe entre les ambitions et la réalité du terrain, a-t-il assuré, affirmant en outre son engagement envers les jeunes et les générations futures.

M. BREDEL, de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a salué l’adoption du Pacte pour l’avenir, dans lequel les États Membres ont fourni des orientations claires.  Il a particulièrement salué l’appel fort de la mesure 4, visant à combler le déficit de financement des ODD en augmentant les investissements dans l’industrialisation durable.  Il a aussi estimé qu’alors que ce sommet aspire à réformer la gouvernance mondiale, il doit également contribuer à établir des normes pour l’économie mondiale. Des chaînes d’approvisionnement équitables et durables sont indispensables, et selon lui, la mesure 29 est essentielle à cet égard.  L’ONUDI travaille déjà activement sur les mesures du Pacte.  En plus des initiatives phares sur la décarbonisation industrielle profonde et l’hydrogène vert, l’Organisation a lancé l’Alliance mondiale et le Partenariat pour des minéraux responsables et verts.  Elle organisera également cette année des événements importants, notamment le Forum multilatéral sur la politique industrielle qui se tiendra le mois prochain à Riyad, en Arabie saoudite, ainsi que la Conférence pour un monde sans faim, qui se tiendra en novembre à Addis-Abeba, en Éthiopie. 

M. DUNLAP, de l’Ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem de Rhodes et de Malte, a dit partager le sentiment d’espoir et la détermination qui animent le Pacte pour envisager l’avenir de manière positive et avec confiance.  Il a notamment estimé que l’intelligence artificielle pouvait apporter des améliorations et des progrès substantiels pour l’humanité.  Il a en revanche rappelé qu’il ne fallait jamais perdre de vue les groupes les plus vulnérables et les plus défavorisés, raison pour laquelle il a jugé primordial que l’éradication de la pauvreté reste au cœur des efforts internationaux visant à atteindre les ODD.  « Aucun progrès au niveau économique et social ne peut être réalisé sans préserver et renforcer le système de coopération multilatérale centré autour des Nations Unies », a-t-il affirmé.  Rappelant que son organisation est depuis plus de 900 ans au service de personnes dans le besoin, il a appelé au respect du droit international humanitaire et jugé « totalement inacceptable » le ciblage délibéré des civils et des acteurs humanitaires, avant de faire observer que l’Ordre de Malte travaille notamment en Ukraine et à Gaza.  Rappelant enfin le profond attachement de son Ordre à la sauvegarde et la promotion de la liberté religieuse, il a estimé que le dialogue entre religions peut être un puissant véhicule de médiation des conflits, de progrès social et de développement durable. 

M. GRANDI, représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a fait remarquer que l’avenir appartient à tous les jeunes, y compris à ceux qui ont dû quitter leurs communautés.  Nous avons le devoir d’accueillir et d’inclure tous les jeunes réfugiés alors que nous élaborons des solutions pour les aider, a-t-il insisté, soulignant que les réfugiés ne sont pas un fardeau mais une « source d’opportunités ».  Toutefois, sans paix, cela ne deviendra jamais réalité, a-t-il averti.  

Mme ANDERSEN, du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), a estimé que les changements technologiques et sociaux mettent en péril la santé de notre planète et de nos économies.  Lançant un appel à refaçonner l’avenir pour les générations suivantes, elle a jugé que le Pacte pour l’avenir représente un outil adéquat, soulignant qu’il n’y a pas de futur durable sans environnement sain.  Elle a ainsi rappelé la Mesure 10 du Pacte, qui invite l’humanité à vivre en harmonie avec la nature, sans pollution, sous un climat stable et dans un monde où les ressources sont réparties équitablement. Elle s’est réjouie que plusieurs engagements internationaux et accords multilatéraux tentent de répondre aux trois grandes crises environnementales, à savoir la perte de la biodiversité, les changements climatiques et la pollution et les déchets.  Au nom du PNUE, elle a exhorté les États Membres à parvenir à un accord fort, ajoutant que de leur mise en œuvre dépend le droit humain à un environnement sûr et propre.  Enfin, elle a assuré les États Membres qu’ils peuvent compter sur le PNUE dans le cadre de ce Sommet pour façonner un avenir durable qui bénéficie à tous les habitants de notre planète. 

Mme BOGDAN-MARTIN, Secrétaire générale de l’Union internationale des télécommunications (UIT), a estimé que les États Membres ont lancé aujourd’hui un message fort selon lequel l’avenir de l’humanité est numérique. « L’UIT, en tant qu’agence onusienne des technologies du numérique, sera avec vous tout au long de ce processus. »  Elle a estimé que la mission commune désormais doit être de combler le fossé numérique.  « Un tiers de l’humanité n’est pas connecté et se trouve privé de voix. »  Elle a donc appelé à promouvoir le développement numérique mondial des pays, tant dans les domaines de la cybersécurité que de l’intelligence artificielle.  

M. DONGYU, représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture(FAO), a déclaré qu’avec 770 millions de personnes vivant en situation de famine dans le monde en 2023, la situation alimentaire est terrible.  Nous sommes loin d’avoir atteint les ODD, quels qu’ils soient, et des inégalités persistent.  Or le droit à l’alimentation est un droit à part entière et tout doit être fait pour le réaliser pour tous, a-t-il rappelé.  À cette fin, il faut non seulement redoubler d’efforts pour atteindre les ODD, mais également pour renforcer la coopération entre différents acteurs avec tous leurs avantages comparatifs.  Chacun doit faire sa part, a-t-il plaidé. 

M. BERSET, Secrétaire général du Conseil de l’Europe, a rappelé que son institution a pour mission de protéger et de promouvoir des normes juridiques communes en matière de droits humains, de démocratie et d’État de droit sur le continent européen, mais aussi au-delà.  Ratifiée par l’ensemble des 46 États membres, la Convention européenne des droits de l’homme découle de la Déclaration universelle des droits de l’homme, a-t-il rappelé.  À ce titre, le Conseil de l’Europe partage avec les Nations Unies le même engagement – promouvoir la paix par le biais du multilatéralisme.

Le Conseil poursuit toutefois ses objectifs propres, a poursuivi M. Berset, qui a mentionné notamment sa priorité actuelle, à savoir l’aide à l’Ukraine, elle-même membre du Conseil.  Dans ce cadre, il a cité la mise en œuvre d’un registre des dommages causés par la guerre d’agression menée par la Russie.  Cette mesure, a-t-il estimé, représente un premier pas nécessaire vers un mécanisme international d’indemnisation.

Créée par le Conseil de l’Europe, la Cour européenne des droits de l’homme est la seule juridiction internationale qui se prononce sur les violations des droits humains dans le contexte de la guerre, a en outre rappelé M. Berset. Entre autres outils multilatéraux du Conseil, le Secrétaire général de l’organisation a également cité la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, ou sa récente convention-cadre sur l’intelligence artificielle et les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit. 

M. TANG, Directeur général de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), a rappelé que les crises entraînent bien souvent les plus grands progrès, encourageant à capitaliser sur l’innovation et la créativité afin de construire un futur prospère et durable.  Les défis actuels demandent une transformation de la définition actuelle de la propriété intellectuelle, a-t-il poursuivi, soulignant qu’environ 70% des dépôts de demande de propriété intellectuelle proviennent aujourd’hui d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.  Parallèlement, de plus en plus de pays utilisent le numérique, l’entrepreneuriat, la recherche et la technologie pour faciliter leur croissance, ce qui transforme la propriété intellectuelle en un élément clef de la politique économique et commerciale pour le développement. 

Pour répondre à ces transformations, l’OMPI se focalise actuellement sur trois zones de travail, a poursuivi M. Tang.  Premièrement, nous travaillons à rendre le régime mondial de la propriété intellectuelle plus inclusif et adapté aux technologies de pointe.  Le nouveau traité sur la propriété intellectuelle adopté par consensus en mai est une victoire pour le multilatéralisme, a-t-il estimé.  Deuxièmement, nous rendons la propriété intellectuelle plus accessible au travers de différents projets mettant l’accent sur les petites entreprises et les jeunes, notamment.  Troisièmement, nous connectons le monde via des registres internationaux qui favorisent la circulation de centaines de milliers de technologies chaque année et via la plateforme Inventaire vert de l’OMPI (WIPO Green) qui cherche à accélérer la mise en relation de technologies en matière de changements climatiques.  « La propriété intellectuelle n’est pas simplement une question de lois techniques mais bien un catalyseur pour le progrès. »  

Mme DANIELS, Organisation internationale pour les migrations (OIM), a déclaré qu’à chaque génération, les gens partent de chez eux pour trouver une vie meilleure ailleurs.  Il est nécessaire que l’on reconnaisse le rôle positif des migrations, a-t-elle poursuivi, estimant qu’elles encouragent le développement durable et permettent d’accélérer la croissance, de combler les fractures démographiques et de répondre aux besoins en matière de main-d’œuvre.  Elle a considéré que le Programme 2030, le Pacte mondial pour les migrations et le Programme d’action du Secrétaire général sur les déplacements internes constituent des cadres clairs pour orienter l’action.  Elle a rappelé la responsabilité de tous de respecter les droits humains des migrants, ainsi que l’engagement de l’OIM en faveur de toutes les personnes qui quittent leur pays.

M. ENAAM, de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée (APM), a expliqué que depuis sa création en 2005, l’APM s’était engagée à mettre en œuvre la Charte des Nations Unies à travers des mécanismes innovants. Il a renouvelé cet engagement concernant le Pacte numérique mondial et la Déclaration sur les générations futures, entre autres.  L’APM promeut un avenir numérique ouvert, dans le respect des droits humains, ainsi qu’une utilisation raisonnée de l’intelligence artificielle, avec le souci constant d’éviter que des organisations terroristes puissent s’emparer de ce genre de technologie. Il a enfin lancé un appel à la raison et à la négociation concernant le conflit entre Israël et l’État de Palestine. 

Mme ALISJAHBANA, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a assuré que dans cette région qui représente près de la moitié des activités économiques mondiales, des millions de personnes sont sorties de la pauvreté.  Sur les 53 membres, un seul est toujours à faible revenu.  Sur les 14 pays les moins avancés, seuls 5 resteront dans cette catégorie à la fin de la décennie.  Malgré les divisions et les progrès inégaux vers le développement durable, la trajectoire de la région a indéniablement été un succès.  Pour autant, un changement transformateur de ce modèle de développement est nécessaire.  Compte tenu de sa taille économique importante, la région doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre par tous les moyens possibles.  De plus, sans une nouvelle expansion de la population active, il faut, dès maintenant exploiter pleinement les ressources disponibles, notamment les femmes, les personnes âgées souhaitant rester sur le marché du travail et les personnes handicapées.  Il sera en outre essentiel de combler les déficits de financement, réduire le service de la dette et assurer les investissements du secteur privé. 

Mme MOLCEAN, de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe, a recommandé d’investir dans l’éducation en faveur du développement durable, sachant que les jeunes d’aujourd’hui prendront les décisions de demain.  Le Sommet de l’avenir des villes se réunira dans deux semaines à Genève, où les maires discuteront de la manière de mettre en œuvre le Pacte pour l’avenir, par exemple sur des questions d’inclusion sociale, de mobilité, a rappelé la représentante, se disant convaincue que la feuille de route qui en sera issue aura toute son utilité. 

Mme VANNI, du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a salué le Pacte pour l’avenir qui permettra de garantir une meilleure santé pour tous.  Seuls le multilatéralisme et l’autonomisation de la société civile contribueront à la poursuite de nos objectifs, a-t-elle affirmé.  Relevant que plus de la moitié de la population mondiale n’est pas couverte par les soins de santé, elle s’en est désolée en soulignant que la santé est pourtant nécessaire au développement économique et social.  « C’est pourquoi nous devons progresser vers la couverture sanitaire universelle et placer la santé au centre de l’agenda mondial. »  

La déléguée a salué l’accent mis, dans le Pacte pour l’avenir, sur les changements climatiques qui représentent le plus grand défi sanitaire de notre époque puisqu’ils aggravent la diffusion des maladies infectieuses.  Appelant à combler le déficit financier pour les ODD, elle a assuré que le Fonds est prêt à se battre pour atteindre les objectifs fixés. Prônant un partenariat qui se fonde sur l’équité, elle a appelé la communauté internationale à approfondir le multilatéralisme dans ce secteur. 

M. DÍAZ-GRANADOS, de la Banque de développement de l’Amérique latine des Caraïbes, organisme observateur aux Nations Unies, a salué l’adoption du Pacte pour l’avenir et du Pacte numérique mondial, y voyant un moyen d’ajuster l’architecture financière internationale.  Convaincu que les espoirs des nouvelles générations exigent des décisions rapides de la part d’institutions comme la sienne, il a souhaité que les banques de développement soient consolidées à tous les niveaux afin de répondre aux défis actuels.  Selon lui, il importe que l’architecture financière internationale donne davantage d’espace à l’ensemble des acteurs pour qu’ils puissent déployer des ressources. Le Sud a ainsi besoin de réponses différenciées et innovantes pour accompagner la triple transition verte, numérique et sociale, a-t-il soutenu, rappelant que lorsque l’ONU a décidé des objectifs de développement durable, elle n’envisageait pas des défis aussi vastes que le niveau d’endettement des pays ou encore les problèmes liés à une pandémie.  Si les banques de développement disposaient de plus de capitaux, elles auraient la possibilité de trouver des solutions en termes d’atténuation des risques, d’affectation des ressources, d’optimisation de la structure fiscale et de gestion de la dette, a expliqué le représentant. 

M. HOUNGBO, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a insisté sur l’importance de la coopération multilatérale non seulement pour relever les défis mondiaux mais aussi pour promouvoir les intérêts nationaux de chaque pays: « c’est essentiel pour le monde du travail ». Le monde a selon lui besoin d’une répartition plus équitable des dividendes économiques et, pour cela, il faut appliquer davantage de justice sociale, sans quoi la paix ne pourra être atteinte.  Toutes les organisations de travailleurs doivent adhérer au Pacte pour l’avenir, qui comprend la réforme nécessaire de la gouvernance mondiale, a-t-il demandé. Enfin, il a rappelé qu’en 2023, 20% des jeunes dans le monde n’avaient ni emploi, ni éducation, tandis que plus de 2 milliards de personnes ne bénéficient toujours pas de protection sociale. 

M. SARWAR, de l’Association sud-asiatique de coopération régionale (ASACR), a rappelé que la réalisation des objectifs de développement durable exige une approche holistique et ambitieuse avec des moyens concrets de mise en œuvre.  Pour ce faire, nous devons revitaliser les partenariats mondiaux, mobiliser des ressources et combler les déficits.  Selon lui, seule la coopération régionale peut permettre le partage des bonnes pratiques et répondre aux besoins spécifiques des communautés dans le respect des différents contextes économiques et culturels.  Les partenariats régionaux donnent en effet lieu à des synergies et des progrès réels pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Les partenaires dans le domaine du développement doivent néanmoins tenir leurs engagements et il est nécessaire de relever les défis auxquels sont confrontés les pays à revenu intermédiaire et faible qui ont besoin de plus de soutien, lequel doit être fourni par la mobilisation des ressources, l’allégement de la dette et le transfert de technologies.  En conclusion, l’orateur a rappelé qu’un quart de l’humanité vit en Asie du Sud où la population active est la plus jeune au monde, ce qui en fait une région au potentiel économique important. 

M. SARYBAY, Secrétaire général de la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), a indiqué que son institution, fondée sur les principes fondamentaux du multilatéralisme, du dialogue et de la confiance, réunit 28 États, couvrant 90% de l’Asie, ainsi que 10 États observateurs et 11 organisations observatrices et partenaires.  La Conférence favorise le dialogue entre les nations d’origines diverses, en créant un environnement où les désaccords peuvent être gérés dans la confiance, le respect mutuel et, surtout, l’égalité entre tous.  La CICA a des instances permanentes telles que le Conseil de la jeunesse, le Conseil des entreprises et le Forum de réflexion pour discuter des problèmes communs, des défis et des moyens de les résoudre.  En 2022, le Fonds de la CICA a été créé afin de mobiliser des ressources pour mettre en œuvre des projets dans un large éventail de domaines.  Des organisations comme la CICA sont essentielles pour relever les défis au niveau régional et peuvent servir de plateformes de sensibilisation pour l’ONU.  Ensemble, nous pouvons construire un avenir résilient, équitable et durable, a-t-il conclu. 

M. NIYAZALIEV, de l’Organisation de Shanghai pour la coopération, a expliqué que son organisation, créée il y a 20 ans, représente un quart des terres du monde et la moitié de sa population.  Respectueuse de la légalité et du respect des cultures, elle s’oppose à la confrontation et à « l’esprit des blocs » pour régler les grands problèmes mondiaux.  Il a voulu que l’on unisse les efforts pour assurer un ordre mondial multipolaire et démocratique avec l’ONU en son centre. 

M. GATETE, de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a rappelé que l’Afrique est la plus touchée par les défis du financement et de la dette, précisant que cette dernière représente plus de 60% du PIB.  Il a fait remarquer que l’Afrique n’arrive pas à attirer les investissements car les conditions sont moins favorables chez eux que dans les pays avancés, notamment en ce qui concerne les emprunts.  Selon lui, il faut dès à présent réformer l’architecture financière, sans quoi il n’y a pas de promesse de prospérité possible.  La structure de la gouvernance multilatérale doit donc changer, a-t-il insisté, rappelant le besoin d’une représentation accrue pour les pays africains, une meilleure transparence et une réforme de la coopération fiscale.  L’Afrique peut être un moteur mondial, a estimé le délégué, mais seulement si nous comblons les lacunes existantes.  Un jeune sur trois dans le monde sera africain d’ici à 2030, a-t-il enfin fait remarquer, appelant les pays à moderniser les systèmes éducatifs, notamment dans les sciences, technologie, ingénierie et mathématiques.  « Le Pacte pour l’avenir peut permettre des règles plus équitables », a-t-il estimé en conclusion. 

M. BACH, Président du Comité international olympique (CIO), a estimé que les récents Jeux de Paris ont montré comment le CIO peut contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable par le sport.  « Nous sommes heureux et fiers de réunir, malgré les tensions géopolitiques, les athlètes de tous les 206 comités olympiques nationaux et de l’équipe olympique des réfugiés. »  Il a précisé que ces derniers Jeux ont été les premiers à parvenir à une égalité totale entre les genres.  Par ailleurs, Paris 2024 a pu réduire de 50% ses émissions par rapport aux précédentes olympiades, a fait valoir le Président.

M. GOLDFAJN, de la Banque interaméricaine de développement (BID), a paraphrasé l'écrivain Gabriel Garcia Marquez, en expliquant que les gens n'arrêtent pas de poursuivre leurs rêves parce qu'ils vieillissent, mais qu'au contraire, ils vieillissent parce qu’ils cessent de poursuivre leurs rêves. Il en a appelé à faire sienne l'énergie de la jeunesse pour réaliser le rêve des ODD, notamment en Amérique latine et dans les Caraïbes, où de nombreux jeunes souffrent de la pauvreté ainsi que du manque d'éducation et d'opportunités.

M. DASHTI, de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a estimé qu’il n’y a rien de nouveau dans le Pacte pour l’avenir que nous ne nous soyons engagés à faire auparavant.  Il a toutefois souligné qu’il faut une volonté politique pour joindre la parole aux actes et que la réalisation dudit Pacte dépendra de sa mise en œuvre dans les différents domaines.  Il faudra des actions concrètes pour appuyer l’idée de l’intégration plutôt que de la désintégration, a-t-il averti.  Enfin, il a rappelé qu’il ne faudra pas oublier l’Afrique qui pourrait devenir une zone de conflit par procuration, « au risque de se rappeler du Sommet de l’avenir comme un sommet du passé ». 

M. TOURAY, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a souligné qu’il n’y avait guère d’élément dans le Pacte auquel nous ne nous soyons pas déjà engagés par le passé dans le cadre de l’ONU et d’autres cadres.  Pour la CEDEAO, la différence entre le Pacte pour l’avenir et les accords mondiaux antérieurs se fera dans le respect des engagements en matière de paix et de sécurité, de développement socioéconomique durable, de changements climatiques et de justice climatique, ainsi que d’autonomisation des jeunes.  « Cela signifiera également des actions concrètes pour promouvoir et soutenir notre unité régionale, au lieu de notre désunion, notre intégration, au lieu de notre désintégration, et un engagement à ne pas transformer l’Afrique, en particulier l’Afrique de l’Ouest, en une zone de conflits par procuration. »  Un autre échec serait que « l’histoire se souvienne de ce sommet non pas comme le Sommet de l’avenir, mais comme un sommet du passé », a-t-il mis en garde. 

M. BELAL, du Fonds commun pour les produits de base (CFC), a fait remarquer que la dépendance aux produits de base reste un défi majeur pour nombre de pays en développement.  Sur les 151 membres de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), 101 dépendent à plus de 60% de ces produits de base, et jusqu’à 90% dans de nombreux pays d’Afrique.  Il est donc du devoir moral de la communauté internationale de veiller à ce que les principes d’éthique et de justice accompagnent ces produits dans toutes les étapes de la chaîne de valeur, afin qu’ils soient sources de progrès, de revenus et de développement, a plaidé le représentant. 

M. ADESINA, du Groupe de la Banque africaine de développement, a appelé non seulement à réformer l’architecture financière internationale mais aussi à adopter un système plus résilient pour l’Afrique, où le financement du capital coûte trop cher. L’Union africaine, a-t-il relevé, œuvre pour changer le fait que l’Afrique est encore la seule région du monde sans filet de sécurité financier.  Afin d’y remédier, il faut utiliser des instruments de garantie à grande échelle pour attirer les investissements.  Par ailleurs, contre le fléau de l’insécurité en Afrique, la Banque africaine de développement travaille avec l’Union africaine pour créer un indicateur de sécurité ainsi que des « bons d’indice de sécurité » pour rassurer les investisseurs.

M. KURUKULASRUIYA, du Fonds d’équipement des Nations Unies (UNCDF), a souligné que le financement public est insuffisant pour répondre aux crises climatiques et aux besoins de financement pour les objectifs de développement durable. Il faut dorénavant attirer des investissements privés et le Fonds est actuellement le seul capable de trouver des financements mixtes rapidement et partout dans le monde.  Nous devons trouver des solutions à mettre en pratique plus largement et veiller à ce que les bailleurs de fonds appuient les partenariats publics-privés.  Voilà le rôle que nous pouvons jouer pour le système 2.0 des Nations Unies. 

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