9498e séance - matin
CS/15518

Réuni sous l’impulsion du Secrétaire général, qui exige un cessez-le-feu humanitaire à Gaza, le Conseil de sécurité est de nouveau en proie à la désunion

Le Conseil de sécurité s’est, ce matin, réuni après que le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a invoqué –pour la première fois depuis qu’il a commencé à diriger l’Organisation en 2017– l’Article 99 de la Charte des Nations Unies, en vertu duquel il « peut attirer l’attention du Conseil sur toute affaire qui, à son avis, pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales », en l’occurrence la situation à Gaza, parvenue selon ses mots « au point de rupture ».  « Les yeux du monde –et ceux de l’histoire– nous regardent.  Il est temps d’agir », a imploré le Chef de l’ONU. 

Aussi a‑t‑il exhorté les membres du Conseil à faire pression pour obtenir un « cessez-le-feu humanitaire », devant le « cauchemar » dans lequel est plongée la population gazaouite depuis très exactement deux mois, après le début des représailles d’Israël contre le Hamas, qui s’était livré le 7 octobre à des « attaques terroristes brutales » ayant provoqué la mort de près de 1 200 personnes, dont 33 enfants, ainsi qu’à des enlèvements.  Le Conseil avait d’ailleurs prévu une deuxième séance aujourd’hui, dans l’après-midi, pour mettre aux voix un projet de résolution préparé par les Émirats arabes unis, précisément pour demander un cessez-le-feu humanitaire immédiat. 

À ce stade, se pose un risque élevé d’« effondrement total » du système de soutien humanitaire à Gaza, avec des conséquences « catastrophiques » pour l’ordre public, la sécurité régionale, sans compter la pression accrue qui contraint les civils gazaouites à des déplacements massifs vers l’Égypte, a mis en garde M. Guterres, avant de dresser le bilan côté palestinien depuis le début des opérations militaires israéliennes: plus de 17 000 Gazaouites auraient été tués, dont plus de 4 000 femmes et 7 000 enfants, tandis que des dizaines de milliers de personnes auraient été blessées et que beaucoup seraient portées disparues, vraisemblablement piégées sous les décombres. Des chiffres rejetés par Israël, qui y a vu une inflation orchestrée par le Hamas, destinée à mettre les opinions internationales de son côté: « Soyons honnêtes.  Les sources sur lesquelles vous vous appuyez à l’ONU sont erronées et déformées ». 

Au contraire, l’Observateur permanent de l’État de Palestine a remercié le Secrétaire général de ses propos « très clairs », considérant que l’objectif d’Israël est l’« épuration ethnique » de la bande de Gaza, où chaque personne serait à ses yeux soit « un terroriste », soit un « bouclier humain ».  Pour M. Riyad H. Mansour, le « massacre en cours » s’inscrit plus largement dans le cadre de l’assaut livré contre le peuple palestinien « en tant que nation ».  Il a accusé le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, d’être à l’origine de cette situation, estimant qu’il a consacré « sa vie entière » à l’« annihilation » des Palestiniens, lui, l’« ennemi juré » de la solution des deux États.  Il a exhorté les membres du Conseil à voter en faveur du texte des Émirats arabes unis, comme l’ont fait à sa suite la Fédération de Russie, la Chine, la Suisse ou encore l’Indonésie (au nom d’un groupe de pays). 

S’étonnant que le Secrétaire général n’ait jamais daigné invoquer l’Article 99 à propos des conflits en Ukraine, au Yémen ou en Syrie, le délégué israélien a, pour sa part, considéré que la stabilité régionale et la sécurité de son pays dépendent de l’élimination du Hamas.  La « voie de la paix » passe donc selon lui par un soutien à « la guerre de défense israélienne » et non par la demande d’un cessez-le-feu.  Il a d’ailleurs imputé au Hamas la fin de la pause humanitaire cette semaine, accusant l’« organisation terroriste » de tirer ses missiles depuis des zones humanitaires et de refuser de remettre en liberté, comme convenu, les femmes et enfants encore retenus en otage. 

Un reproche également adressé par les États-Unis, pour qui le Hamas reste une menace existentielle qu’aucun autre pays « ne tolérerait à ses frontières ».  Raison pour laquelle Washington, qui se dit favorable à la coexistence pacifique des Israéliens et des Palestiniens, ne donne pas suite aux appels en faveur d’un cessez-le-feu immédiat.  Pour la délégation américaine, cela ne ferait que semer les « graines d’une guerre future », le Hamas n’ayant aucun intérêt à s’engager en faveur d’une solution à deux États. 

La « brutalité » des actes perpétrés par le Hamas ne pourra jamais justifier la punition collective du peuple palestinien, a tranché le Secrétaire général.  Et même si les tirs aveugles de roquettes par le Hamas contre Israël et l’utilisation de civils comme boucliers humains contreviennent aux lois de la guerre, de tels actes n’absolvent pas le Gouvernement israélien de ses propres violations du droit international humanitaire, dont le devoir est de protéger les civils et de respecter les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution, a rappelé M. Guterres. 

Sans omettre de condamner les agissements du Hamas, l’Albanie a demandé à Israël exactement la même chose, de même que de réagir à la violence croissante des colons contre les Palestiniens en Cisjordanie, où les restrictions et les détentions massives se multiplient.  Rappelant l’illégalité des colonies de peuplement au regard du droit international, comme l’Union européenne et le Royaume-Uni, Malte a condamné le transfert forcé de la communauté palestinienne de Zanouta ainsi que la destruction récente, par des colons israéliens, de son école, financée par l’Union européenne. 

Au nom du Groupe des États arabes, l’Égypte a elle aussi dénoncé l’intensification de la violence en Cisjordanie, avant d’estimer qu’il en va de la crédibilité même de l’ONU si le Conseil de sécurité s’avère incapable d’obtenir un cessez-le-feu à Gaza, dont la population est soumise à un « châtiment collectif » et à un « génocide ».  Le Conseil doit obtenir immédiatement un cessez-le-feu humanitaire pour « sauver ce qui peut encore l’être » après plus de 60 jours de guerre.  Ce n’est pas un « acte de charité », mais une « obligation politique, juridique et morale » qui incombe à tous ses membres, a lancé la délégation égyptienne, soutenue dans son appel par le Conseil de coopération du Golfe, au nom duquel s’est exprimé le Qatar. 

Lors de la réunion qui a suivi celle-ci, dans l’après-midi, le Conseil a finalement échoué à adopter le texte tant attendu.  Bien qu’ayant recueilli 13 voix pour, le projet de résolution des Émirats arabes unis a été rejeté en raison du veto des États-Unis.  Le Royaume-Uni s’est abstenu. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE (S/2023/962)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que la situation est parvenue au point de rupture à Gaza où, depuis les deux derniers mois, la population est plongée dans un cauchemar humanitaire.  Il existe même, a‑t‑il dit, un risque élevé d’effondrement total du système de soutien humanitaire à Gaza, avec des conséquences catastrophiques pour l’ordre public, la sécurité régionale et une pression accrue pour contraindre à des déplacements massifs vers l’Égypte. Alors que des répercussions ont été constatées en Cisjordanie occupée, au Liban, en Syrie, en Iraq et même au Yémen, il existe clairement un risque sérieux d’aggravation des menaces existantes contre le maintien de la paix et la sécurité internationales, ainsi qu’un risque d’effondrement du système humanitaire, accentuée par l’absence totale de sûreté et de sécurité, sans précédent, pour le personnel de l’ONU à Gaza. 

Le Chef de l’Organisation a ensuite indiqué que plus de 130 membres du personnel des Nations Unies ont déjà été tués, dont beaucoup avec leurs familles. Il s’agit de la plus grande perte de vies humaines dans l’histoire de l’Organisation, a‑t‑il rappelé, insistant toutefois sur le fait que l’ONU est totalement déterminée à aider les Gazaouites, alors même que la situation devient tout simplement intenable. Rappelant que la résolution 2712 (2023) « demande l’intensification de la fourniture de ces articles pour satisfaire les besoins humanitaires de la population civile, tout particulièrement des enfants », il a déclaré avoir le profond regret d’informer le Conseil que dans les conditions actuelles sur le terrain, l’accomplissement de ce mandat est devenu impossible.  Le point de passage de Rafah n’a pas été conçu pour accueillir des centaines de camions et, de ce fait, constitue un goulot d’étranglement majeur, a‑t‑il expliqué. 

M. Guterres a aussi affirmé qu’il n’existe aucune protection efficace des civils et que personne n’est à l’abri à Gaza.  Il a rappelé le bilan des victimes palestiniennes depuis le début des opérations militaires israéliennes: plus de 17 000 Palestiniens auraient été tués dont plus de 4 000 femmes et 7 000 enfants.  Des dizaines de milliers de personnes auraient été blessées et beaucoup seraient portées disparues, vraisemblablement sous les décombres.  À ce jour, 339 établissements éducatifs, 26 hôpitaux, 56 centres de soins, 88 mosquées et 3 églises ont été détruits, de même que plus de 60% des logements de Gaza.  Près de 85% de la population a été contrainte de fuir ses foyers et au moins 88 abris de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) ont été touchés.  Des chiffres qui augmentent de jour en jour, a‑t‑il alerté. 

Par ailleurs, les habitants de Gaza manquent de nourriture.  Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), il existe un risque sérieux de famine, particulièrement dans le nord de Gaza, où 97% des ménages ne mangent pas suffisamment.  La moitié de la population du nord et plus d’un tiers des personnes déplacées dans le sud meurent tout simplement de faim, alors que les stocks alimentaires du PAM s’épuisent.  Le système de santé, quant à lui s’est effondré, alors que les besoins augmentent. Au moins 286 agents de santé ont été tués, et seuls 14 sur 36 centres de santé fonctionnent encore, avec de graves pénuries de médicaments, de produits sanguins et de fournitures médicales.  Tout ce que je viens de décrire représente une situation sans précédent qui a conduit à ma décision, sans précédent, d’invoquer l’Article 99 de la Charte des Nations Unies, pour exhorter les membres du Conseil de sécurité à faire pression pour éviter une catastrophe humanitaire et appeler à un cessez-le-feu humanitaire, a déclaré le Secrétaire général. 

Nous savons tous qu’Israël a lancé ses opérations militaires en réponse aux attaques terroristes brutales du Hamas et d’autres groupes armés palestiniens le 7 octobre, qu’il a condamnées sans réserve, en particulier les violences sexuelles.  Il n’y a aucune justification possible pour tuer délibérément près de 1 200 personnes, dont 33 enfants, en blesser des milliers d’autres et prendre des centaines d’otages, dont 130 sont toujours détenus.  « J’exige leur libération immédiate et inconditionnelle, ainsi qu’un traitement humain à leur endroit et une visite du Comité international de la Croix-Rouge jusqu’à leur libération », a ajouté le Chef de l’Organisation. 

Simultanément, la brutalité des actes perpétrés par le Hamas ne pourra jamais justifier la punition collective du peuple palestinien, a‑t‑il enchaîné. Et même si les tirs aveugles de roquettes du Hamas sur Israël et l’utilisation de civils comme boucliers humains contreviennent aux lois de la guerre, une telle conduite n’absout pas Israël de ses propres violations.  « Le droit international humanitaire inclut le devoir de protéger les civils et de respecter les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution », a rappelé M. Guterres.  Le droit de la guerre exige également que les besoins essentiels des civils soient satisfaits, notamment en facilitant l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire, et le droit international humanitaire ne peut être appliqué avec sélectivité.  Il s’impose à tout moment et de manière égale à toutes les parties et l’obligation de le respecter ne dépend pas du principe de réciprocité. 

La population de Gaza est au bord de l’abîme, a déploré le Secrétaire général, pour qui la communauté internationale doit faire tout son possible pour mettre fin à son calvaire.  « J’exhorte le Conseil à ne ménager aucun effort pour obtenir un cessez-le-feu humanitaire immédiat, protéger les civils et permettre l’acheminement d’urgence d’une aide vitale », a‑t‑il à nouveau réclamé.  Alors que nous traitons de la crise actuelle, nous ne pouvons perdre de vue la seule possibilité viable pour un avenir pacifique: une solution à deux États, sur la base des résolutions des Nations Unies et du droit international, avec Israël et la Palestine coexistant dans la paix et la sécurité.  « C’est non seulement vital pour les Israéliens, les Palestiniens, mais aussi pour la paix et la sécurité internationales.  Les yeux du monde –et ceux de l’histoire– nous regardent.  Il est temps d’agir », a conclu M. Guterres. 

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a remercié le Secrétaire général de ses propos « très clairs » sur la situation actuelle dans la bande de Gaza.  Rappelant que depuis le début des bombardements israéliens, trois pays différents ont présidé les travaux du Conseil, il a espéré que sous la présidence de l’Équateur, le Conseil serait finalement en mesure de demander un cessez-le-feu humanitaire immédiat.  Il a dénoncé les attaques « indicibles » visant les personnels de l’ONU sur le terrain, alors qu’ils ne font que leur devoir.  En deux mois, Israël a tué plus de 17 000 Palestiniens, fait plus de 40 000 blessés, détruit pratiquement tous les hôpitaux du territoire, attaqué des boulangeries, s’en est pris à des journalistes et a posé des obstacles insurmontables à la vie des habitants.  La population a été bombardée sans répit, assiégée et privée de tous les besoins élémentaires pour survivre.  L’objectif est l’épuration ethnique de la bande de Gaza, a‑t‑il assuré, insistant sur la nécessité pour les membres du Conseil d’exiger un cessez-le-feu immédiat. Il a rejeté le fait qu’Israël poursuive ces attaques en vertu du principe de légitime défense, ainsi que la notion de zones de sécurité « imaginaires », puisque chaque personne à Gaza est soit « un terroriste », soit un « bouclier humain ». 

Si le massacre en cours ne convainc pas des véritables intentions d’Israël, que vous faut-il de plus? s’est exclamé M. Mansour, ajoutant que tout ce qui arrive prouve la justesse de la position palestinienne depuis le premier jour de cette guerre, qui fait partie intégrante de l’assaut livré contre le peuple palestinien en tant que nation.  L’individu à l’origine de cette situation a consacré sa vie entière à l’annihilation des Palestiniens et de la paix, et reste un « ennemi juré » de la solution des deux États, a‑t‑il accusé, soulignant que les intentions de M. Netanyahu sont manifestes aussi bien dans la bande de Gaza qu’en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.  Nul ne peut prétendre que cette guerre vise le Hamas alors que les principales victimes sont des civils, dont des femmes et des enfants dans leur majorité.  Nous avons plus de 2 millions d’otages dans la bande de Gaza, a‑t‑il insisté, appelant au respect des droits des Palestiniens, et à ne pas prendre comme axe de comparaison les horreurs de la Seconde Guerre mondiale.  Or, ces horreurs se produisent à Gaza au vu et au su de tout un chacun, a‑t‑il insisté. 

Le Secrétaire général, qui respecte sa mission sacrée et la Charte des Nations Unies, a le devoir de défendre l’état de droit.  Il faut mettre un terme, maintenant, à « l’exceptionnalisme israélien », a tranché M. Mansour, en signalant que le droit international dans son ensemble repose sur un principe fondamental, à savoir que rien ne justifie les atrocités.  Il a enfin exhorté à écouter les milliards de personnes dans le monde qui exigent de sauver des vies.  Il a demandé au nom de l’humanité, de la justice et de la paix, que les membres du Conseil votent en faveur du projet de résolution soumis par les Émirats arabes unis, car ce qu’il se passe actuellement à Gaza entraînera des répercussions pendant des générations.  « Il faut agir, et agir maintenant », a‑t‑il plaidé avec force en conclusion. 

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a commencé par observer que même le conflit en Ukraine n’a pas fait l’objet de l’invocation de l’Article 99 de la Charte des Nations Unies, ni ceux qui se déroulent en Syrie et au Yémen.  Ne constituent-ils pas une menace pour la paix et la sécurité internationales? a‑t‑il demandé, en s’indignant que seule « la guerre de défense israélienne contre le Hamas, une organisation terroriste désignée comme telle », ait conduit le Secrétaire général à invoquer cet article.  L’ironie, c’est que la stabilité régionale et la sécurité d’Israël ne peuvent être assurées qu’une fois le Hamas éliminé, a déclaré le représentant.  La véritable voie pour la paix passe donc par un soutien aux actions d’Israël et non pas par la demande d’un cessez-le-feu, a‑t‑il argué. 

Rappelant que le 7 octobre dernier, le cessez-le-feu en vigueur a été violé par le Hamas, le délégué a dressé un bilan des atrocités commises le 7 octobre par ce groupe terroriste qui, « s’il n’est pas détruit, continuera à se livrer à de tels actes ».  Le Hamas dirige Gaza d’une main de fer, il est responsable du détournement de l’aide humanitaire pour alimenter sa machine de guerre, a poursuivi le représentant, pour qui appeler à un cessez-le-feu ne ferait que renforcer son emprise sur Gaza.  Cela signifierait que le Hamas est pardonné et que l’oppression qu’il exerce est cautionnée par la communauté internationale, a‑t‑il affirmé, en demandant si c’est véritablement ce que souhaite le Conseil.  Souhaitez-vous que le Hamas poursuive son règne de terreur et que les otages n’aient aucune chance de rentrer chez eux? a‑t‑il lancé aux membres du Conseil.  Le délégué a également affirmé que le Hamas, « qui se cache derrière la population civile », a pour objectif ultime de chasser les Israéliens de leur patrie.  Il sait que plus il y a de pertes civiles palestiniennes, plus la communauté internationale s’en prendra à Israël, raison pour laquelle il fabrique des statistiques, a soutenu le représentant.  « Soyons honnêtes.  Les chiffres sur lesquels vous vous fondez ici à l’ONU sont erronés et déformés ». 

Le délégué a ensuite affirmé que le Hamas se sert maintenant de zones humanitaires pour lancer ses missiles.  Ironisant sur le fait qu’il est toujours plus simple de faire pression sur une démocratie respectueuse du droit que sur des terroristes qui ne reconnaissent même pas l’existence du droit international, il s’est indigné du fait que cette organisation ne soit pas pleinement tenu responsable de ses actes par l’ONU.  Lui imputant aussi la fin de la pause humanitaire de cette semaine, alors qu’Israël a respecté ses obligations aux termes de cet accord, le représentant a rappelé que depuis huit jours, le Hamas lance des missiles contre Israël, prenant pour cible des civils, et refuse de libérer toutes les femmes et enfants « comme convenu », persistant à refuser l’accès du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) aux 138 otages.  Comment peut-on accepter que ceux qui exigent aujourd’hui un cessez-le-feu n’exigent pas du Hamas qu’il mette fin à ses activités terroristes, a encore demandé le représentant, en appelant le Conseil de sécurité à exiger le cessez-le-feu du Hamas, « seul responsable de la situation humanitaire sur le terrain », y compris du détournement de l’aide.  Certains membres du Conseil et le Secrétaire général refusent d’accepter cette réalité, s’est emporté le représentant, avant de faire état d’une hausse des arrivées d’aide humanitaire à Gaza, en notant que près de 800 camions sont dans des embouteillages, en attente d’être inspectés pour entrer à Gaza, ce dont se chargent les organisations internationales.  Israël a également facilité l’ouverture de deux hôpitaux de campagne, a fait valoir le représentant, suivie de cinq autres prochainement.  Près de 553 blessés gazaouites ont pu quitter Gaza pour être soignés à l’étranger et ils étaient accompagnés de 338 proches.  Tout cela a été facilité par Israël, a assuré le représentant. 

Lorsqu’il assiste à ces réunions du Conseil, il a dit avoir l’impression que le Hamas n’existe pas.  Il est toujours question d’Israël et exclusivement d’Israël, a‑t‑il constaté. Alors qu’aujourd’hui marque le début de Hanoukka, « la fête de la lumière », il a appelé à faire la lumière sur la vérité ici à l’ONU.  Pour sa part, Israël poursuivra sa mission: éliminer les capacités terroristes du Hamas et libérer tous ses otages, a‑t‑il annoncé, en insistant sur le fait que cela passe par l’élimination du Hamas. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a salué l’invocation de l’Article 99 de la Charte des Nations Unies par le Secrétaire général, estimant que cela doit être un point de bascule.  Alors que le siège de Gaza devient une cause majeure de mortalité, il a appelé le Conseil à agir.  Le délégué a noté que la récente pause temporaire n’a pas entraîné une diminution du danger pour les civils.  En outre, a‑t‑il indiqué, avec maintenant le siège de Khan Younès et d’autres parties du sud de Gaza, il n’y a littéralement aucun refuge pour les millions de personnes piégées et attaquées. 

Condamnant fermement le ciblage délibéré des installations, du matériel et du personnel médicaux, il a rappelé que les Émirats arabes unis ont mis en place, le 2 décembre, un hôpital de campagne à l’intérieur de Gaza, d’une capacité opérationnelle de 150 lits.  Après avoir souligné la nécessité d’un système de surveillance rationalisé et d’une capacité accrue de livraison de marchandises, il a insisté sur l’importance d’assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2712 (2023).  
Enfin, il a indiqué que son pays a fait circuler un projet de résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat afin que le Conseil réponde aux « appels assourdissants » lancés dans le monde entier pour mettre fin à cette violence. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a rappelé que c’est avec ses collègues de Chine et des Émirats arabes unis, guidés par les mêmes considérations que le Secrétaire général, que sa délégation a demandé à la présidence équatorienne de convoquer cette réunion.  Nous jugeons extrêmement important que le Secrétariat de l’ONU ainsi que la très grande majorité des États Membres soient unis dans leur désir de mettre fin à la mort et aux souffrances des civils.  Selon lui, nous vivons désormais un « moment de vérité ».  On nous a convaincus, pendant près de deux mois, que la chose la plus importante, la plus urgente, la plus pressante que le Conseil devait faire, c’était d’appeler à une pause humanitaire.  On nous a dit que, contrairement à un cessez-le-feu, cet objectif était censé être « réalisable » et réaliste.  À toutes les questions sur la façon dont cet appel serait mis en œuvre, nous avons reçu la réponse que les agences humanitaires « sur le terrain » s’en chargeraient elles-mêmes.  « Eh bien, il est temps de faire le point », a estimé le représentant.  S’il y a vraiment eu une pause humanitaire, elle n’a rien à voir avec la résolution 2712 (2023) du Conseil de sécurité.  « Cette pause et la libération de plusieurs dizaines d’otages et de prisonniers palestiniens étaient le résultat d’accords entre les médiateurs régionaux, le Hamas et Israël, dont le respect n’était naturellement contrôlé par personne. »  Selon le représentant, cette pause n’avait pas non plus de signification politique –les parties ont en fait bénéficié d’un répit, ont réalisé leurs tâches tactiques, puis Israël, avec le soutien actif des États-Unis, est passé à une nouvelle phase encore plus sanglante de son opération terrestre en Gaza. 

Reprenant ensuite des passages de la lettre du Secrétaire général, qui souligne qu’il n’y a pas de protection efficace pour les civils, ni d’endroits sûrs à Gaza, qui vit sous les bombardements constants des Forces de défense israéliennes, le délégué a conclu que tels sont les véritables résultats de la résolution 2712 (2023), qui selon lui ressemble malheureusement plutôt « à du vide ».  Après avoir exprimé sa déception de voir le Conseil ne prendre aucune décision, sous la pression des États-Unis, il a estimé qu’il a aujourd’hui une occasion de mettre fin à cette situation anormale et de faire ce que la communauté internationale attend de lui, en adoptant le projet de résolution préparé par les Émirats arabes unis.  Le représentant a alors espéré que tous les membres trouveront la force et le courage de le faire. 

M. ZHANG JUN (Chine) a rendu hommage au Secrétaire général pour l’utilisation de sa prérogative et pour son intervention, qui attestent de la gravité de la situation à Gaza et de son degré de responsabilité.  Le représentant a indiqué que le projet de résolution soumis par les Émirats arabes unis reflète l’appel de la communauté internationale, que la Chine appuie en étant un coauteur.  À l’heure actuelle, seul un cessez-le-feu immédiat pourrait sauver des vies, a estimé le représentant. 

Il a constaté qu’il n’existe aucun refuge possible pour les Palestiniens alors même qu’il leur a été demandé de chercher refuge vers le sud de Gaza. « Une crise de plus grande ampleur est imminente. »  Le délégué a mis en garde également que la paix et la sécurité régionales sont « au bord du précipice » et qu’à ce stade, seul un cessez-le-feu serait susceptible d’ouvrir la voie à la solution des deux États.  « Le monde nous regarde », a‑t‑il fait remarquer, en demandant aux membres du Conseil d’agir pour la paix. 

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a commencé par faire valoir qu’un État Membre a le droit de défendre son peuple face à des actes terroristes.  Les États-Unis, à l’échelon le plus élevé, ont lancé une diplomatie approfondie pour sauver des vies et poser les jalons d’une paix durable au Moyen-Orient, a‑t‑il assuré, notamment en facilitant l’accès humanitaire et la libération d’otages.  Il a reproché au Hamas de n’avoir pas respecté son engagement à remettre en liberté toutes les femmes et les enfants pris en otage, ce qui a entraîné la reprise des combats.  Notant l’incapacité du Conseil de sécurité à condamner les attaques terroristes de cette organisation, il y a vu un « échec moral grave ».  Si Israël déposait ses armes de manière unilatérale aujourd’hui, le Hamas continuerait à détenir les otages, a‑t‑il affirmé.  Ce groupe reste une menace pour Israël et continue à diriger Gaza, « une menace qu’aucun gouvernement ne tolèrerait à ses frontières. »  C’est la raison pour laquelle, alors que Washington soutient une paix durable permettant aux Israéliens et aux Palestiniens de vivre en paix et en sécurité, ils ne donnent pas suite aux appels lancés à un cessez-le-feu immédiat.  Cela ne ferait que semer les graines d’une guerre future, a‑t‑il estimé, parce que le Hamas n’a aucun intérêt à s’engager en faveur d’une solution à deux États. 

Affligés par les souffrances des deux derniers mois, les États-Unis redoublent d’effort pour libérer les otages restants et demandent que le CICR puisse y avoir accès, a poursuivi le représentant.  Bouleversé par l’ampleur des souffrances humaines à Gaza, il a souligné qu’Israël doit respecter le droit international humanitaire et mener ses opérations de manière à minimiser leur impact contre les civils.  Une guerre urbaine ne peut être gagnée qu’en protégeant les civils, a martelé le représentant, en appelant Israël à éviter tout déplacement massif de populations au sud de Gaza, à garantir un soutien humanitaire aux personnes déplacées et à permettre à ces dernières de rentrer chez elles dès que les conditions seront réunies.  Les États-Unis s’opposent à leur réinstallation de force, a insisté le représentant.  Il a aussi souligné l’impératif d’un renforcement de l’aide humanitaire, en saluant la possible réouverture du point de passage de Kerem Shalom par Israël, qui a accepté que la livraison de carburant reprenne partiellement à Gaza.  La délégation américaine a rendu hommage aux membres du personnel de l’UNRWA et aux journalistes qui ont perdu la vie à Gaza, en insistant sur l’importance de la restauration du calme. 

Les États-Unis demandent en outre que les colons extrémistes israéliens en Cisjordanie aient à répondre de leurs actes violents, a‑t‑il expliqué, en faisant état d’une nouvelle politique de restriction des visas américains aux personnes qui auraient contribué à affaiblir la paix et la sécurité en Cisjordanie.  Il a ensuite rappelé le soutien du Président Biden à un État palestinien à l’abri du Hamas. S’adressant aux membres de ce Conseil qui plaident en faveur d’une résolution, il a considéré qu’ils étaient dans l’obligation d’expliquer dans quelle mesure leurs propositions pourraient briser le cycle de violence et favoriser un avenir plus sûr et plus pacifique à Gaza et dans l’ensemble du Moyen-Orient pour mettre fin à la guerre. Pour leur part, les États-Unis continueront à œuvrer à la protection des civils, alors qu’Israël poursuit des objectifs militaires légitimes, a‑t‑il déclaré, ainsi qu’à la libération des otages et à un avenir dans lequel le Hamas n’aurait pas sa place. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) s’est dite encouragée par les récentes nouvelles concernant l’utilisation du point de passage de Kerem Shalom qui renforcerait et accélérerait l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza. Tout en indiquant que les efforts doivent viser à protéger les civils et acheminer l’aide humanitaire, elle a appelé à ne pas perdre de vue la situation générale.  À cet égard, elle a de nouveau condamné les attaques du 7 octobre, l’enlèvement de civils innocents et les violences commises, y compris sexuelles, les qualifiant d’inacceptables.  Après avoir demandé la libération immédiate et sans condition des otages, elle a condamné l’utilisation de civils palestiniens comme bouclier humain par le Hamas. 

La déléguée a enjoint le Conseil de sécurité à s’élever contre l’injustice commise à l’égard des Israéliens et des Palestiniens.  En outre, elle a exhorté le Conseil de sécurité à exiger des comptes au Hamas, déplorant d’ailleurs l’absence de condamnation de ce dernier par le Conseil.  Cela ne contribuera pas à la sécurité régionale, a‑t‑elle prévenu.  Après avoir demandé à Israël de respecter pleinement le droit international humanitaire notamment en exerçant le principe de proportionnalité et de distinction dans les opérations militaires, elle lui a demandé de réagir à la violence croissante des colons contre les Palestiniens en Cisjordanie. 

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a soutenu la décision du Secrétaire général d’invoquer l’Article 99 de la Charte.  Elle a estimé qu’en plus de toutes les dispositions de la résolution 2712 (2023), un cessez-le-feu humanitaire immédiat est désormais essentiel.  Après avoir exprimé sa déception concernant la reprise des hostilités, elle a appelé le Conseil à tenir compte des avertissements de plusieurs agences des Nations Unies.  « L’inaction n’est pas une option. »  La déléguée a souligné le manque de nourriture, d’eau et de médicaments, appelant à garantir l’augmentation et la distribution de l’aide humanitaire, ainsi que la sécurité des personnels onusiens et humanitaires. Le cessez-le-feu humanitaire, a‑t‑elle insisté, est le seul moyen de respecter les impératifs susmentionnés. 

Après avoir appelé le Conseil à faire preuve de clarté concernant la stratégie répréhensible du Hamas consistant à s’implanter parmi les civils et les infrastructures civiles à Gaza, la représentante s’est dite préoccupée par les informations faisant état de restrictions et de détentions massives dans toute la Cisjordanie, y compris dans les camps de réfugiés.  Insistant sur l’illégalité des colonies au regard du droit international, elle a regretté cet obstacle à la paix et a condamné le transfert forcé de la communauté palestinienne de Zanouta ainsi que la destruction récente, par des colons israéliens, de son école financée par l’Union européenne.  Elle a également condamné toutes les violations de la Ligne bleue, y compris les attaques contre la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL). 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a exprimé le plein soutien de son pays au Secrétaire général, dont c’est le devoir d’alerter le Conseil de sécurité pour qu’il puisse assumer sa responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales.  Reprenant le déclaration du Chef de l’Organisation, il a estimé que face à la gravité de cette crise, ce Conseil doit continuer d’agir.  Il a alors réitéré son appel à une nouvelle trêve humanitaire immédiate et durable, qui doit conduire à un cessez-le-feu pérenne. Le délégué a aussi jugé nécessaire d’acheminer davantage d’aide humanitaire, soulignant ainsi le besoin d’ouverture de nouveaux points de passage, y compris celui de Kerem Shalom. Il est essentiel que les procédures requises de contrôle de l’aide ne retardent pas son acheminement, a‑t‑il demandé, avant de rappeler que la France prend toute sa part dans la fourniture de l’aide humanitaire et a déjà annoncé 100 millions d’euros additionnels pour 2023 dont 54 millions pour l’UNRWA. 

Selon le représentant, agir, c’est aussi en finir avec le Hamas.  À ce titre, il a jugé inacceptable que le Conseil n’ait pas encore pu condamner ses actes terroristes barbares.  Israël, a‑t‑il dit, peut compter sur la France pour lutter contre le Hamas.  Il a aussi indiqué que son pays se mobilise pour éviter un embrasement régional et, de ce fait, appelle toutes les parties à la retenue.  À cet égard, il a jugé préoccupante la poursuite des affrontements à la frontière entre le Liban et Israël.  Le délégué a rappelé l’attachement de la France à la pleine mise en œuvre de la résolution 1701 (2006) par toutes les parties concernées. 

Pour Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse), l’invocation, pour la première fois sous le mandat du Secrétaire général, de l’Article 99 de la Charte des Nations Unies, témoigne de la situation dramatique qui prévaut au Moyen-Orient aujourd’hui, une préoccupation partagée par la Suisse.  Il est par conséquent impératif que le Conseil de sécurité agisse pour prévenir une détérioration encore plus grave de la crise, a‑t‑elle exigé.  Ayant fait du respect du droit international humanitaire et de la protection des civils une priorité de son mandat au Conseil de sécurité, la représentante a fait le constat amer que nul n’est en sécurité aujourd’hui à Gaza, pas même les 138 otages israéliens restants, dont la Suisse appelle à la libération immédiate et inconditionnelle. 

Elle a demandé des enquêtes sur toutes les violations du droit international commises en Israël et dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé afin que leurs auteurs soient traduits en justice.  Face à la destruction et aux dégâts causés aux infrastructures civiles, y compris à plus de 60% des habitations, à l’effondrement du système médical, à la saturation des écoles et d’autres structures de l’UNRWA, la déléguée a appelé au respect du droit international humanitaire et des droits humains tout en reconnaissant le droit d’Israël d’assurer sa sécurité. Elle a rappelé aux belligérants leurs obligations dans la poursuite des hostilités, notamment celle de respecter les principes de proportionnalité, de distinction et de précaution, en toute circonstance. 

Alors que la tradition humanitaire prône l’obligation de venir en aide aux civils dans le besoin, la représentante a annoncé être favorable pour cette raison au projet de résolution présenté par la délégation des Émirats arabes unis.  La résolution 2712 (2023) du Conseil avait véhiculé un même devoir d’humanité, a relevé la représentante, puisqu’elle rappelle qu’il faut assurer un accès humanitaire complet, rapide, sûr et sans entrave aux civils.  Toutefois, le caractère « intenable » de sa mise en œuvre « dans les circonstances actuelles » signifie que ce minimum d’humanité n’est aujourd’hui pas assuré à Gaza, a‑t‑elle regretté en conclusion. 

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a mis en garde face à une situation risquant d’avoir des répercussions à long terme sur la sécurité et la stabilité régionale, ainsi que sur le peuple palestinien.  À cet égard, il a souligné la nécessité d’une action collective pour éviter une catastrophe humanitaire imminente, se faisant l’écho de l’appel lancé par le Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu immédiat.  De surcroît, il a estimé que les avertissements répétés, notamment des agences des Nations Unies, concernant l’imminence d’une crise humanitaire monumentale à Gaza devraient inciter à prendre des mesures immédiates. 

Le délégué a appelé le Conseil et la communauté internationale à user pleinement de leur influence pour faire cesser les hostilités à Gaza, garantir l’aide humanitaire et rétablir le dialogue entre les parties avant d’exhorter les autorités israéliennes à mettre en œuvre la résolution 2712 (2023).  Enfin, il a réitéré l’appel aux parties pour qu’elles respectent leurs obligations en matière de protection des civils, conformément au droit international des droits humains et au droit international humanitaire, avant d’insister sur la nécessité d’encourager le dialogue pour parvenir à une solution. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a déclaré que le Secrétaire général, qui bénéficie de son ferme soutien, a clairement tracé la trajectoire.  Nous devons réagir, et réagir avec une réelle urgence, a‑t‑elle lancé, rappelant toutefois que son pays continue de soutenir le droit d’Israël à se défendre contre le terrorisme du Hamas alors qu’il cherche à récupérer plus de 100 otages toujours détenus à Gaza. Elle a ensuite souligné le besoin d’une augmentation marquée de la fourniture « durable et sans entrave » de l’aide vitale et des services essentiels pour éviter une catastrophe humanitaire.  Cela inclut l’augmentation des types d’aide autorisés, a‑t‑elle précisé.  La déléguée a alors exhorté Israël à aller plus loin et à ouvrir complètement le point de passage de Kerem Shalom pour permettre l’acheminement des marchandises, afin que les énormes volumes d’aide nécessaires puissent parvenir à la population de Gaza.  Cela devrait inclure au minimum les 200 000 litres de carburant par jour réclamés par l’ONU, a‑t‑elle dit. 

Alors que les membres du Conseil de sécurité s’efforcent de mettre un terme à la catastrophe humanitaire à Gaza, ils doivent aussi œuvrer pour éviter une escalade en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est occupée, a‑t‑elle poursuivi. Elle a jugé alarmante l’annonce d’Israël approuvant de nouvelles colonies dans la zone de l’aqueduc inférieur de Jérusalem-Est, constatant qu’elle ne fait qu’augmenter les tensions en Cisjordanie alors que l’effort international se concentre sur la prévention de nouveaux conflits.  Elle a conclu en rappelant que les colonies sont illégales au regard du droit international et qu’elles constituent un obstacle à la paix, car elles menacent la viabilité physique et la réalisation d’une solution à deux États.  Cette décision doit être annulée avec effet immédiat, a exigé la déléguée. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a exprimé son soutien à la mesure de responsabilité du Secrétaire général tendant à activer l’Article 99 de la Charte des Nations Unies, jugeant fondamental de redoubler d’efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat pour arrêter la tragédie à Gaza. « Nous devons raviver l’espoir suscité par l’adoption de la résolution 2712 du 15 novembre 2023 », a‑t‑il déclaré, condamnant fermement toutes les attaques qui visent les populations civiles et appelant toutes les parties à faire preuve de retenue. 

Le représentant a estimé qu’il est plus qu’urgent d’établir un cessez-le-feu humanitaire durable, a exhorté le Conseil à poursuivre « sans relâche » les efforts dans ce sens afin de sauver des vies humaines, particulièrement celles des enfants, des femmes et des populations civiles dans Gaza et dans la région.  Il a également insisté pour que l’aide humanitaire soit acheminée sans entrave et en quantité suffisante dans le respect du droit humanitaire, mettant l’accent sur l’impératif que la libération des otages se poursuive sans condition.  Le Conseil doit en outre faire preuve de davantage d’engagement en faveur de la reddition des comptes pour les violations graves du droit international. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a constaté que depuis l’attaque terroriste brutale du Hamas le 7 octobre, qui a fait plus de 1 200 morts en Israël et environ 250 otages, Gaza a sombré dans l’une des crises humanitaires les plus dévastatrices au monde.  Plus de 17 000 Palestiniens auraient été tués, dont une majorité de femmes et d’enfants, et des milliers d’autres se trouvent sous les décombres des bâtiments détruits.  Il s’agit là d’un nombre effroyable de victimes, s’est-il inquiété en affirmant que le cauchemar de Gaza est devenu « une crise de l’humanité ». 

Le Japon prend au sérieux l’invocation par le Secrétaire général de l’Article 99 de la Charte des Nations Unies, qui exhorte les membres du Conseil de sécurité à éviter une catastrophe humanitaire et à demander qu’un cessez-le-feu humanitaire soit déclaré, compte tenu de la gravité des pertes humaines subies en si peu de temps, a‑t‑il expliqué.  Regrettant vivement qu’aucune aide humanitaire significative n’ait été acheminée depuis la rupture de la pause humanitaire la semaine dernière, il a plaidé en faveur de l’ouverture d’autres points de passage, en plus de celui de Rafah, et de la mise en place d’un mécanisme de surveillance sous l’autorité de l’ONU.  Le Conseil ne peut se contenter de regarder la situation se détériorer, s’est impatienté le représentant rappelant qu’il est de sa responsabilité de remédier immédiatement à cette grave situation humanitaire.  Il a aussi exprimé ses inquiétudes relatives aux retombées en Cisjordanie, au Liban, en Syrie, en Iraq et en mer Rouge, craignant que la situation n’embrase une région déjà instable.  Le délégué a conclu en donnant la priorité absolue aux préoccupations humanitaires, en demandant le respect de la résolution 2712 (2023) et en exigeant que le Conseil parle d’une seule voix afin d’éviter toute nouvelle détérioration de la situation humanitaire. 

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) s’est inquiétée du respect de l’esprit des pauses humanitaires et de l’obligation de préserver les vies et les infrastructures civiles.  Un cessez-le-feu humanitaire est encore plus nécessaire actuellement, a‑t‑elle déclaré, saluant la décision du Secrétaire général d’invoquer l’Article 99 de la Charte.  Après avoir déploré l’utilisation d’armes lourdes et le bombardement de Gaza, qui ont rendu extrêmement difficile pour les acteurs humanitaires d’aider de nombreuses personnes déplacées, dont des personnes âgées, des femmes enceintes et des enfants, la représentante s’est inquiétée de la décision du Gouvernement israélien d’étendre ses opérations terrestres à toutes les parties de la bande de Gaza.  Cette décision met gravement en danger la vie de la population civile de la bande qui est densément peuplée, a‑t‑elle prévenu. 

S’associant à l’appel lancé par le Secrétaire général et tous les membres du Conseil pour que les Forces de sécurité israéliennes et le Hamas accordent la priorité à la protection des civils des deux côtés, elle a déclaré que les problèmes humanitaires complexes exigent une attention immédiate du Conseil. Les préoccupations sécuritaires d’Israël et du peuple palestinien doivent être prises en compte, a insisté la représentante.  Elle a appuyé les négociations diplomatiques directes et espéré l’engagement d’Israël et de l’Autorité palestinienne à entamer un dialogue franc pour s’attaquer aux causes sous-jacentes du conflit et parvenir à une paix durable.  La déléguée a appelé les membres du Conseil susceptibles de jouer un rôle de modérateur avec Israël et le Hamas à utiliser tous les moyens possibles pour répondre aux appels du Conseil de sécurité. 

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a salué le fait que le Secrétaire général ait invoqué, pour la première fois depuis le début de son mandat, l’Article 99 de la Charte pour s’adresser à ce Conseil.  Il a constaté que cet appel urgent en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire à Gaza a aussi été lancé non seulement par la communauté internationale, l’ONU et les acteurs humanitaires, mais aussi par tous les membres du Conseil. Notant qu’à cause du conflit, le système humanitaire à Gaza est au bord d’un « effondrement total et sans précédent », il a jugé inacceptable les conditions de vie de plus de 80% des Palestiniens de la bande.  Il a rappelé les efforts du Brésil depuis le début de la crise, en particulier le projet de résolution appuyé par la vaste majorité des membres du Conseil, mais auquel un membre permanent avait apposé son veto, comme ce fut aussi le cas pour plusieurs autres textes. 

En conséquence, il a appelé à la pleine mise en œuvre des dispositions de la résolution 2712 (2023), « à défaut de quoi, ceux qui sont plus particulièrement responsable de cet échec, risquent de se faire complices et seront négativement jugés par l’Histoire ».  Il a ensuite demandé à tous ceux qui ont le pouvoir d’influencer les principales parties prenantes, de créer les conditions nécessaires à une action significative du Conseil.  Il a rappelé la nécessité d’agir selon les principes de distinction, de proportionnalité, de nécessité et d’humanité, exigeant que la Croix-Rouge internationale ait accès aux otages.  « Nous, membres de ce Conseil, avons maintenant plus qu’un impératif moral », a‑t‑il déclaré, prévenant que l’échec de cette tâche entraînerait probablement un scénario où l’autorité et la légitimité du Conseil s’éroderaient encore plus.  Cela prouverait son incapacité à s’acquitter de ses devoirs confiés par la Charte des Nations Unies, a‑t‑il mis en garde. 

M. JOSÉ JAVIER DE LA GASCA LOPEZDOMÍNGUEZ (Équateur) a fait remarquer que, pour la première fois en plus de 30 ans, l’Article 99 de la Charte des Nations Unies a été invoqué par le Secrétaire général.  Il a été contraint de le faire au vu de l’ampleur des pertes humaines à Gaza et en Israël au cours des deux mois écoulés depuis les attaques terroristes perpétrées le 7 octobre par le Hamas. Le Secrétaire général l’a fait parce que la situation se détériore rapidement et pourrait dégénérer en un effondrement total, une catastrophe aux conséquences potentiellement irréversibles pour la paix et la sécurité dans la région, a encore justifié le représentant, qui a rappelé que l’Équateur a condamné, à maintes fois, les attaques du Hamas mais aussi les attaques israéliennes contre la bande de Gaza. 

Le représentant a réaffirmé le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à voir combler ses aspirations légitimes à vivre dans la sécurité, la liberté, la justice, les opportunités et la dignité.  « Nous avons exprimé notre solidarité avec Israël et la Palestine, parce que toutes les vies sont précieuses, parce que nous sommes peinés par tous les morts. »  Il n’y a aucune justification pour causer de la douleur et la mort à des civils innocents, a encore déclaré le représentant, qui a estimé qu’un cessez-le-feu humanitaire est inéluctable pour à la fois alléger la terrible situation à Gaza et diminuer le risque d’expansion de la violence dans la région. 

Au nom du Groupe des États arabes, M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a prévenu que toute personne dotée d’une conscience se tourne aujourd’hui vers l’ONU et son Conseil de sécurité, horrifiée par cette incapacité d’obtenir un cessez-le-feu à Gaza.  Il y va de la crédibilité de l’ONU, a tranché le représentant, car le monde assiste à un châtiment collectif et au génocide du peuple palestinien, sous le prétexte fallacieux de s’attaquer à un groupe armé.  Le représentant a rendu hommage au personnel de l’ONU qui, en dépit des campagnes de diffamation et des attaques dont il fait l’objet, poursuit tant bien que mal sa mission.  Il a dénoncé le déplacement forcé de 85% de la population de Gaza qui vit dans des conditions indicibles, s’est indigné le représentant devant ces crimes de guerre et crimes contre l’humanité.  Il a également dénoncé l’intensification de la violence des colons israéliens en Cisjordanie, en rappelant que cette occupation illégale se fait aussi dans le Golan syrien et le Liban. 

Le représentant a donc exigé du Conseil de sécurité qu’il s’acquitte de son devoir de maintenir la paix et la sécurité internationales et qu’il obtienne immédiatement un cessez-le-feu humanitaire pour « sauver ce qui peut encore être sauvé » après plus de 60 jours de guerre.  Il a appelé les États à soutenir le projet de résolution humanitaire porté par les Émirats arabes unis, lequel demande un cessez-le-feu, l’ouverture d’autres points de passage et un acheminement sans entrave de l’aide humanitaire.  Ce n’est pas un acte de charité mais un acte conforme aux droits humains et une obligation politique, juridique et morale qui incombe à tous les membres du Conseil. Martelant que la violence et le génocide ne peuvent mener à la paix et que seuls le dialogue et la négociation amèneront la stabilité dans la région, le représentant a conclu, en plaidant pour la réalisation de la solution des deux États dans les frontières de 1967. 

Au nom de Conseil de coopération du Golfe, Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a demandé à la communauté internationale de prendre les mesures nécessaires, dans le cadre du droit international, pour mettre fin au châtiment collectif infligé aux habitants de Gaza.  Après avoir salué les efforts de médiation de son pays, de l’Égypte et des États-Unis pour parvenir à la trêve humanitaire, à sa prolongation, à la libération des otages et l’acheminement de l’aide, la représentante a toutefois déploré la fin de cette trêve qui empêche le travail des organisations humanitaires.  Elle a appelé à la mise en œuvre immédiate de la résolution 2712 et à la mise en place de mécanismes de surveillance.  Elle a félicité le Secrétaire général pour avoir invoqué l’Article 99, estimant que le Conseil de sécurité se doit d’obtenir une trêve humanitaire et un cessez-le-feu humanitaire immédiat.  Elle a plaidé pour que les habitants de Gaza aient accès à l’aide humanitaire, y compris l’eau, l’électricité, le carburant et les médicaments.  Elle a aussi plaidé pour un appui renforcé à l’UNRWA.  Après avoir appuyé l’initiative de l’Arabie saoudite pour relancer le processus de paix au Moyen-Orient, la représentante a jugé qu’il est temps que l’État de Palestine soit reconnu comme membre à part entière des Nations Unies.  Le peuple palestinien doit rester intransigeant, tant qu’il n’aura pas eu son État indépendant, a conclu la représentante. 

Au nom d’un groupe de pays, M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) a déclaré que si l’on n’agit pas, l’histoire nous accusera de complicité dans des crimes contre l’humanité.  Il y a 75 ans, a‑t‑il rappelé, la communauté internationale s’est engagée à ce que de tels crimes ne se reproduisent pas, et il ne s’agissait pas de protéger un groupe en particulier, mais bien toute l’humanité.  Ma délégation, a poursuivi le représentant, s’est portée coautrice du projet de résolution demandant un cessez-le-feu humanitaire et c’est le moins que le Conseil de sécurité puisse faire s’il se soucie un tant soit peu de l’humanité.  Il a appelé les membres du Conseil à entendre la voix désespérée de la communauté internationale.  Combien de morts de femmes et d’enfants faut-il pour que vous mettiez fin aux hostilités?  15 000? 50 000?. 

Le représentant a mis en garde contre le risque de débordement du conflit dans la région et dans le monde, étant donné que 24 heures sur 24, l’on diffuse en direct et sans censure sur les réseaux sociaux, les images de ce conflit, dont celles des femmes et des enfants victimes impuissantes. Ne prenez pas le risque de radicaliser les gens, avec une politique de deux poids, deux mesures quand il s’agit d’appliquer le droit international.  Faites le bon choix, mettez un terme à ces actes inhumains à l’encontre des Palestiniens, écoutez votre conscience, attaquez-vous aux causes du conflit et mettez en œuvre la solution des deux États, a‑t‑il lancé aux membres du Conseil. 

Mme HEDDA SAMSON, de l’Union européenne (UE), a appuyé l’appel du Secrétaire général pour éviter une catastrophe humanitaire à Gaza et l’effondrement du système humanitaire.  Il est urgent d’agir pour assurer la protection de tous les civils, a‑t‑elle déclaré, déplorant le nombre élevé de victimes, dont la majorité sont des femmes et des enfants.  Elle a salué les efforts considérables déployés par l’ONU et par tous les acteurs humanitaires qui travaillent dans des conditions extrêmement difficiles. Elle a également déploré la mort d’un nombre record de membres du personnel de l’ONU et d’autres travailleurs humanitaires et appelé, en conséquence, à la mise en œuvre d’urgence de la résolution 2712 (2023), tout en soutenant l’appel du Conseil en faveur de pauses et de couloirs humanitaires dans toute la bande de Gaza pendant un nombre suffisant de jours pour permettre, conformément au droit international humanitaire, un accès humanitaire complet, rapide, sûr et sans entrave. 

L’UE a déjà porté son aide humanitaire à plus de 100 millions d’euros et reste disposée à travailler en étroite collaboration avec les partenaires internationaux, les Nations Unies et d’autres agences, ainsi qu’avec les pays de la région, a‑t‑elle assuré.  Après avoir rappelé les efforts de négociations avec toutes les parties prenantes, la représentante a déclaré qu’il importe que tous les membres de la communauté internationale appuient l’Autorité palestinienne, qui doit être revigorée pour, au bout du compte, retourner gouverner Gaza, en tant qu’entité légitime de gouvernance pour le Territoire palestinien occupé.  Des institutions palestiniennes démocratiques reposant sur le respect de l’état de droit et des droits humains sont vitales pour le peuple palestinien, a‑t‑elle dit, avant de réitérer sa ferme opposition à la politique liée aux colonies de peuplement, la seule solution possible étant la paix. 

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