Conseil de sécurité: une fois de plus, aucun progrès n’est signalé lors de la réunion mensuelle sur le dossier des armes chimiques de la Syrie
Comme presque chaque mois, la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement est venue, ce matin, faire le point devant le Conseil de sécurité sur le dossier des armes chimiques de la Syrie. Elle a une nouvelle fois constaté l’absence de progrès depuis la dernière réunion tenue sur le sujet, ajoutant en conséquence que, compte tenu des lacunes, des incohérences et des divergences identifiées et non résolues, le Secrétariat technique de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) continue d’estimer que la déclaration soumise par la Syrie ne peut toujours pas être considérée comme exacte et complète, conformément à la Convention sur les armes chimiques.
Mme Nakamitsu a ainsi rappelé que la dernière série de consultations entre l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’OIAC et les autorités nationales syriennes remonte à février 2021 et que, depuis, tous les efforts déployés pour organiser le prochain cycle de consultations -le vingt-cinquième- ont échoué. De plus, en raison des restrictions que le régime syrien continue d’imposer au déploiement en Syrie du personnel de l’OIAC, seule une équipe réduite composée de plusieurs membres de l’Équipe d’évaluation des déclarations a pu s’y rendre, en janvier puis en avril. Les résultats de ces déploiements ont été communiqués aux États parties à la Convention sur les armes chimiques respectivement en mars et en juillet, a précisé Mme Nakamitsu. Quant à la réunion qui a eu lieu entre une délégation du Secrétariat technique et des représentants de la Syrie à Beyrouth, les 22 et 23 juin, qui visait à obtenir la reprise des cycles de consultations, elle n’a pour l’instant abouti à rien du fait de l’absence d’une réponse des autorités syriennes. La Haute-Représentante a donc de nouveau souligné que la pleine coopération de la Syrie avec le Secrétariat technique est essentielle pour résoudre toutes les questions en suspens.
En réponse à Mme Nakamitsu, le représentant syrien a assuré de son attachement à sa coopération avec le Secrétariat technique de l’OIAC. Le Gouvernement syrien veut organiser dès que possible la vingt-cinquième série de consultations, a-t-il affirmé, réitérant par ailleurs la volonté de son pays de tenir la réunion de haut niveau prévue de longue date entre le Ministre des affaires étrangères et des expatriés et le Directeur général de l’OIAC, selon un ordre du jour convenu par les deux parties.
Le représentant de la Syrie s’est toutefois étonné de l’insistance à tenir la séance de ce jour, compte tenu de l’absence de faits nouveaux et donc de toute valeur ajoutée. C’est un gaspillage de temps et de ressources du Conseil de sécurité, a-t-il estimé, un point de vue soutenu par l’Iran qui a réitéré son appel au Conseil pour qu’il accroisse l’efficacité de ses séances sur la Syrie et passe à une base trimestrielle, et non plus mensuelle.
Ces prises de position reflètent celles exprimées dans le passé par la Fédération de Russie et la Chine, qui n’ont pas pris la parole aujourd’hui, comme elles s’étaient déjà abstenues en mars, et en août. Sont également restés silencieux le Gabon et le Ghana, tandis que le Mozambique s’exprimait en sa seule capacité nationale.
Les États-Unis, qui ont dit voir avec préoccupation que, pour le deuxième mois consécutif, deux membres permanents du Conseil avaient indiqué qu’ils ne participeraient pas aux discussions sur ce point grave, ont au contraire affirmé que, malgré l’intransigeance de la Russie, « qui continue d’aider le régime syrien et d’empêcher le Conseil de s’acquitter de son mandat », ils continueraient d’appeler la Syrie à s’acquitter de ses obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques. Ils continueront donc de demander des exposés à Mme Nakamitsu sur l’évolution de la situation et à dénoncer les efforts déployés par certains membres du Conseil pour saper le travail de l’OIAC, permettant ainsi à la Syrie de considérer qu’elle peut bafouer en toute impunité la Convention, à laquelle elle a pourtant adhéré voilà bientôt 10 ans. La France a jugé elle aussi impératif que la Syrie cesse d’entraver les travaux de l’OIAC et se mette en conformité avec ses obligations, si elle souhaite recouvrer ses droits et privilèges dans le cadre de la Convention, qui ont été suspendus suite à une décision du Conseil de l’OIAC.
Malte, la Suisse et d’autres membres du Conseil ont reproché à la Syrie de continuer de violer ses obligations au regard à la fois de la Convention et de la résolution 2118 (2013). À cet égard, le Royaume-Uni a invité le Conseil à réfléchir à sa responsabilité dans la mise en œuvre de sa résolution 2118 (2013) et à la manière d’avancer collectivement, en soutien des efforts déployés par l’OIAC, pour résoudre les incohérences de la déclaration syrienne.
Plusieurs membres du Conseil ont par ailleurs réitéré leur entière confiance en l’OIAC et exigé que les personnes responsables de l’emploi d’armes chimiques en Syrie répondent de leurs actes.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (S/2023/637)
Déclarations
Mme IZUMI NAKAMITSU, Secrétaire générale adjointe et Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a expliqué que, depuis la précédente réunion du Conseil sur cette question, l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’OIAC avait poursuivi ses efforts pour clarifier toutes les questions en suspens concernant la déclaration initiale et les déclarations ultérieures soumises par la Syrie. La dernière série de consultations entre l’Équipe d’évaluation et l’autorité nationale syrienne a eu lieu en février 2021 et depuis, tous les efforts déployés pour organiser le vingt-cinquième cycle de consultations ont échoué, a ajouté Mme Nakamitsu, qui a précisé que, bien que la Syrie ait formellement accepté la proposition du Secrétariat technique de l’OIAC de mai 2022 de traiter les questions liées aux déclarations par un échange de correspondance, ce dernier n’a toujours pas reçu les différents documents demandés. Dans une nouvelle tentative de mise en œuvre de son mandat, le Secrétariat technique a déployé en Syrie une équipe réduite composée de plusieurs membres de l’Équipe d’évaluation en Syrie, et ce , à deux reprises, du 17 au 22 janvier 2023, puis du 12 au 19 avril 2023. Les résultats de ces déploiements ont été communiqués aux États parties à la Convention sur les armes chimiques, respectivement en mars et en juillet.
Une délégation du Secrétariat technique a par ailleurs rencontré des représentants de la Syrie à Beyrouth les 22 et 23 juin derniers, soulignant à cette occasion qu’il était prioritaire de reprendre les cycles de consultations. Le Secrétariat technique attend une décision de la part du Chef de l’autorité nationale syrienne, a précisé la Haute-Représentante, qui a insisté sur la nécessité d’une pleine coopération de la Syrie pour résoudre toutes les questions en suspens, a martelé la Haute-Représentante. En attendant, et compte tenu des lacunes, des incohérences et des divergences identifiées et non résolues, le Secrétariat technique estime à l’heure actuelle que la déclaration soumise par la Syrie ne peut toujours pas être considérée comme exacte et complète conformément à la Convention sur les armes chimiques.
Le Secrétariat technique continue de planifier la prochaine série d’inspections des installations de Barzé et de Jamraya, qui doit avoir lieu cette année, a poursuivi Mme Nakamitsu, qui a regretté que la Syrie n’ait pas encore fourni suffisamment d’informations ou d’explications techniques qui permettraient au Secrétariat technique de clore la question liée à la détection d’un produit chimique du tableau 2 dans les installations de Barzé en novembre 2018.
Rappelant que, le 21 août, le monde avait commémoré le dixième anniversaire de l’attaque à grande échelle aux armes chimiques perpétrée dans le quartier de la Ghouta à Damas, la Haute-Représentante a insisté sur la responsabilité qui incombe à la communauté internationale, notamment à l’égard des victimes, d’identifier les responsables et de veiller à ce qu’ils répondent de l’utilisation de ces armes odieuses. Les Nations Unies continueront à soutenir tous les efforts visant à faire respecter la norme contre les armes chimiques et à reléguer ces armes redoutables dans l’histoire, a-t-elle assuré, avant d’exhorter les membres du Conseil de sécurité à s’unir sur cette question et à faire preuve de leadership en démontrant que l’impunité dans l’utilisation d’armes chimiques ne sera pas tolérée.
M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a constaté que la Syrie continue de violer ses obligations au regard de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques et de la résolution 2118 (2013) du Conseil de sécurité. À l’évidence, le régime syrien considère qu’il peut continuer d’agir de la sorte en toute impunité, a remarqué le représentant, avant de rappeler qu’il y a 10 ans, la Syrie avait rejoint la Convention et, ce faisant, avait accepté d’être liée aux obligations qui en découlent. Pourtant, la Syrie continue de prononcer de fausses déclarations et de faire fi de l’autorité du Conseil, a dénoncé le représentant, qui a rappelé que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) considère que les déclarations syriennes ne peuvent être considérées comme complètes. De plus, a-t-il ajouté, la Syrie ne permet toujours pas au personnel requis d’avoir accès à ses installations.
Le représentant a en outre relevé qu’en soutien de cette duplicité, la Russie continue d’aider le régime syrien et d’empêcher le Conseil de s’acquitter de son mandat. À cet égard, il a noté avec préoccupation que, pour le deuxième mois consécutif, deux membres permanents du Conseil ont indiqué qu’ils ne participeraient pas aux discussions sur ce point grave. Malgré l’intransigeance de la Russie, les États-Unis continueront d’appeler la Syrie à s’acquitter de ses obligations et de demander des exposés à Mme Nakamitsu sur l’évolution de la situation, a-t-il affirmé, dénonçant les efforts déployés par certains pour saper le travail de l’OIAC. Après avoir salué le sérieux des enquêtes de cette organisation, qui s’emploie à recueillir des éléments de preuve de multiples sources, il a averti qu’il ne saurait y avoir d’impunité pour l’utilisation d’armes chimiques. Les États-Unis restent déterminés à faire rendre des comptes à ceux qui se rendent coupables de tels agissements en Syrie, a-t-il insisté, ajoutant en conclusion qu’il est du devoir du Conseil de rester saisi de cette question.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé que les rapports indépendants de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ont établi que le régime syrien a utilisé des armes chimiques à neuf reprises. Or, il persiste à faire obstruction à la bonne conduite des travaux du Secrétariat technique de l’OIAC, son dernier rapport en date, transmis à la fin du mois d’août par le Directeur général de l’Organisation, en témoigne une fois de plus. Elle est ainsi toujours dans l’attente d’une réponse de Damas pour organiser enfin le vingt-cinquième cycle de consultations entre l’équipe d’évaluation de la déclaration initiale et les autorités syriennes. En outre, a poursuivi le délégué, il est inacceptable que des restrictions continuent d’être imposées par le régime syrien au déploiement en Syrie du personnel de l’OIAC, un déploiement limité n’étant pas une solution viable. Le 14 octobre prochain marquera les 10 ans de l’adhésion de la Syrie à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC), a rappelé le représentant. Il est donc impératif pour lui que la Syrie cesse d’entraver les travaux de l’OIAC, et se mette en conformité avec ses obligations, si elle souhaite recouvrer ses droits et privilèges dans le cadre de la Convention.
Constatant l’absence de nouvelles informations durant la période à l’examen, M. NORBERTO MORETTI (Brésil) a suggéré de réexaminer la périodicité des séances sur la question de l’utilisation présumée d’armes chimiques en Syrie. Les incidents impliquant l’emploi de telles armes doivent être traités avec transparence et faire l’objet d’enquêtes impartiales et minutieuses, conformément à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, a rappelé le délégué. Il a en conclusion soutenu un dialogue constructif entre le Secrétariat technique de l’OIAC et la République arabe syrienne, seule solution viable pour régler toutes les questions en suspens dans ces dossier.
M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a réitéré sa ferme conviction que l’emploi d’armes chimiques, où que ce soit, par quiconque et en toutes circonstances, doit être condamné. Il a également estimé que l’impunité pour un crime aussi odieux en vertu du droit international n’est pas acceptable. Tout en reconnaissant certaines contributions positives au cours de la période considérée, il s’est dit préoccupé par l’absence d’avancées significatives pour garantir l’élimination complète du programme d’armes chimiques syrien. À cet égard, le représentant a regretté que les efforts visant à organiser le vingt-cinquième cycle de consultations entre l’Équipe d’évaluation des déclarations et l’autorité nationale syrienne n’aient pas abouti. Réaffirmant le soutien de son pays aux efforts continus visant à clarifier toutes les questions en suspens concernant les déclarations initiale et ultérieures présentées par la Syrie, il a souhaité que les échanges entre Damas et les organismes des Nations Unies permettent d’instaurer la confiance et de donner l’impulsion nécessaire pour faire avancer les différents aspects du dossier, dans le cadre de la résolution 2118 (2013) du Conseil.
M. THOMAS PATRICK PHIPPS (Royaume-Uni) a rappelé qu’il y a 10 ans, les forces de Bashar Al-Assad ont utilisé du gaz sarin contre la population de la Ghouta et que le rapport de la mission de l’ONU qui en a résulté a confirmé qu’il s’agissait de la plus importante utilisation d’armes chimiques contre des civils depuis celle faite par Saddam Hussein à Halabja en 1988. La résolution 2118 (2013), adoptée à l’unanimité à la suite de cette attaque, condamne l’utilisation d’armes chimiques en Syrie et approuve la mise en œuvre de la décision du Conseil exécutif de l’OIAC fixant les mesures à prendre pour détruire le programme d’armes chimiques syrien, a également rappelé le représentant. Dans ce cadre, a-t-il ajouté, la Syrie devait coopérer pleinement avec l’OIAC et l’ONU, notamment en fournissant au personnel désigné par ces dernières un accès immédiat et sans entrave et le droit d’inspecter ses installations.
Dix ans plus tard, force est de constater que les dispositions de la résolution 2118 (2013) n’ont pas été respectées, a déploré le représentant, qui a rappelé que, depuis l’adoption de ce texte, neuf autres attaques à l’arme chimique de la part du régime syrien ont été confirmées. Notant que le mois prochain marquera le dixième anniversaire de l’adhésion de la Syrie à la Convention sur les armes chimiques, il a souhaité que cette date soit l’occasion pour le Conseil de réfléchir à sa responsabilité dans la mise en œuvre de la résolution 2118 (2013) et à la manière d’avancer collectivement, en soutien des efforts déployés par l’OIAC pour résoudre les incohérences de la déclaration syrienne. À ses yeux, les armes chimiques syriennes resteront une menace pour la paix et la sécurité internationales jusqu’à ce qu’elles soient détruites entièrement et de manière vérifiable par l’OIAC.
M. RASHED JAMAL IBRAHIM IBRAHIM AZZAM (Émirats arabes unis) a rappelé que son pays rejette et condamne explicitement l’utilisation d’armes chimiques en toute circonstance. Il a jugé essentiel de maintenir le dialogue entre l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et la République arabe syrienne pour progresser sur ce dossier, à condition qu’il soit constructif. Le délégué a souhaité la levée des obstacles à la tenue du vingt-cinquième cycle de consultations, avant de souligner que la menace du terrorisme chimique doit recevoir une attention suffisante. Cela est d’autant plus important, a-t-il ajouté, que Daech poursuit ses attaques et n’hésite pas à user de tous les moyens à sa disposition pour atteindre ses objectifs. Dans ce contexte, le représentant s’est dit préoccupé par les attaques que l’organisation terroriste continue de lancer dans le nord-est de la Syrie, outre ses efforts pour reconstituer ses capacités et réseaux, et recruter des combattants. En conclusion, il a réitéré l’importance de réaliser des progrès tangibles dans le dossier des armes chimiques en Syrie, ainsi que dans tous les autres dossiers liés au règlement de la crise syrienne.
Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a rappelé qu’il y a 10 ans, la Syrie adhérait à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, quelques semaines seulement après l’emploi à grande échelle de telles armes dans la banlieue de Damas. Elle a ajouté que, ces 10 dernières années, quelque 25 attaques chimiques documentées par l’ONU et l’OIAC ont été perpétrées en Syrie, dont 9 attribuables au Gouvernement syrien. Dans le cadre de ses obligations en tant qu’État partie à la Convention, la Syrie doit pleinement coopérer avec l’OIAC, ce que le Conseil de sécurité a réaffirmé à l’unanimité dans sa résolution 2118 (2013), a souligné la représentante, avant de regretter qu’en dépit de récents contacts, l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’OIAC attende toujours de pouvoir déployer ses effectifs complets en Syrie et d’organiser la vingt-cinquième série de consultations avec les autorités syriennes. Appelant ces dernières à tenir ces consultations le plus rapidement possible et à fournir des réponses sur les 25 points qui demeurent en suspens dans sa déclaration initiale, elle y a vu une des conditions pour que la Syrie retrouve ses droits et privilèges en tant qu’État partie à la Convention. Enfin, après avoir réitéré son entière confiance en l’OIAC, la représentante a fait valoir que, comme le rappelle la résolution 2118 (2013), les personnes responsables de l’emploi d’armes chimiques en République arabe syrienne doivent répondre de leurs actes.
M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a regretté qu’une fois de plus, le Conseil ne signale aucun progrès sur la question des armes chimiques en Syrie. Tout incident impliquant l’utilisation d’armes chimiques doit être traité avec transparence et faire l’objet d’enquêtes approfondies, conformément aux dispositions de la Convention sur les armes chimiques. Il a lancé un nouvel appel aux autorités syriennes pour qu’elles coopèrent avec l’OIAC et ses équipes techniques en présentant, dans ses rapports, toutes les informations nécessaires pour clarifier les lacunes identifiées. Après les réunions tenues à Beyrouth en juin 2023, le représentant a exhorté la République arabe syrienne à donner une réponse favorable à la proposition du Secrétariat technique de l’OIAC concernant le vingt-cinquième cycle de consultations, y voyant le mécanisme idoine pour obtenir des résultats tangibles quant à l’utilisation d’armes chimiques syriennes et au règlement des questions en suspens.
M. DARREN CAMILLERI (Malte) a estimé que le dernier rapport de l’OIAC montrait, une fois de plus, qu’aucun progrès n’a été fait sur l’utilisation présumée d’armes chimiques en Syrie. Les efforts du Secrétariat technique pour organiser la vingt-cinquième série de consultations avec l’autorité nationale syrienne n’ont pas abouti. Aucun progrès n’a été enregistré sur les 20 questions en suspens. Les déclarations présentées par la République arabe syrienne ne peuvent donc toujours pas être considérées comme exactes et complètes conformément à la Convention sur les armes chimiques ainsi qu’à la résolution 2118 (2013). Cette absence de progrès repose sur la Syrie, a accusé le représentant qui a appelé Damas à coopérer pleinement avec le Secrétariat technique, y compris en accordant un accès complet à son personnel, et à soumettre tous les documents et déclarations demandés.
Le représentant s’est dit préoccupé par les affirmations répétées et sans fondement visant à saper la crédibilité de l’OIAC ou à jeter le doute sur ses conclusions. L’OIAC joue un rôle central dans la mise en œuvre de l’interdiction des armes chimiques et dans l’élimination complète de toutes les armes chimiques en Syrie, a-t-il affirmé, rappelant que des enquêtes indépendantes de l’OIAC et des enquêtes conjointes ONU-OIAC avaient conclu que le régime syrien a utilisé des armes chimiques contre son propre peuple à neuf reprises. Il ne peut jamais y avoir de justification à l’utilisation d’armes chimiques, a insisté le représentant, qui a appelé le Conseil et la communauté internationale à ne jamais détourner le regard face à des événements aussi répréhensibles. En 2013, le Conseil a adopté à l’unanimité une résolution établissant que les responsables de l’utilisation d’armes chimiques doivent répondre de leurs actes, a-t-il rappelé. Ils ne doivent donc pas rester impunis.
M. KITADA TETSUO (Japon) a jugé regrettable l’absence de progrès tangibles dans le dossier des armes chimiques syriennes, 10 ans après l’adoption de la résolution 2118 (2013). Le Conseil ne doit pas rester silencieux face au non-respect de cette résolution. Des organismes d’experts indépendants ont conclu à neuf reprises que la République arabe syrienne était responsable de l’utilisation d’armes chimiques, a-t-il rappelé. Le représentant a condamné une fois de plus leur utilisation par le Gouvernement syrien à Douma, comme l’indique le troisième rapport de l’Équipe d’enquête et d’identification. De plus, Damas n’a toujours pas fourni les déclarations demandées par le Secrétariat de l’OIAC pour résoudre les questions en suspens. Le refus de la Syrie de délivrer un visa à l’expert technique principal de l’équipe d’évaluation de la déclaration constitue selon lui un nouvel exemple de la non-coopération de la Syrie avec l’OIAC. Les membres du Conseil doivent donc exhorter le Gouvernement syrien à respecter pleinement ses obligations au titre de sa résolution 2118 et de la Convention sur les armes chimiques, y compris le démantèlement complet de son programme d’armes chimiques.
Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a déploré que le « régime syrien » persiste dans son refus flagrant de coopérer avec la communauté internationale concernant son programme d’armes chimiques. Il est temps que la Syrie comprenne qu’elle doit déclarer et détruire son programme d’armes chimiques de manière transparente et vérifiable, a affirmé le représentant, ajoutant qu’il n’existe d’autre option pour Damas que de coopérer pleinement avec l’OIAC, conformément à la résolution 2118 (2013) du Conseil.
Depuis septembre 2022, le Secrétariat de l’OIAC a fourni à la Syrie la liste des déclarations en attente et d’autres documents demandés par l’Équipe d’évaluation des déclarations, y compris les 20 questions en suspens, a rappelé le représentant. Or, la Syrie continue de créer des obstacles artificiels, comme son refus de délivrer des visas au principal expert technique de l’Équipe d’évaluation des déclarations, une situation que le représentant a jugé inacceptable. Il a rappelé que l’Équipe d’enquête et d’identification avait identifié dans ses rapports les auteurs des utilisations de produits chimiques comme armes en Syrie et a rappelé que son pays souscrivait pleinement aux conclusions de son troisième rapport, qui rend le « régime Assad » responsable de l’attaque meurtrière de la Douma du 7 avril 2018. « L’impunité pour ceux qui ont utilisé des armes chimiques ne saurait être envisagée », a-t-il conclu.
M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) s’est dit étonné devant l’insistance à tenir cette réunion, compte tenu de l’absence de faits nouveaux et donc de valeur ajoutée. C’est un gaspillage de temps et de ressources du Conseil de sécurité, a affirmé le représentant. Celui-ci a ensuite rejeté comme étant sans fondement les accusations de certains pays occidentaux contre la Syrie dans le contexte de ce qu’il a présenté comme une dissimulation des crimes odieux commis par ces pays contre le peuple syrien, principalement l’occupation militaire, le vol de ressources nationales et l’imposition de mesures coercitives illégales.
Le représentant a condamné toute utilisation d’armes chimiques et affirmé que son gouvernement s’était acquitté de ses obligations en vertu de la Convention sur les armes chimiques. La Syrie est attachée à sa coopération avec le Secrétariat technique de l’OIAC, a-t-il assuré, ajoutant que le Gouvernement syrien souhaitait organiser dès que possible la vingt-cinquième série de consultations de l’Équipe d’évaluation des déclarations. Il a également réaffirmé la volonté du Gouvernement syrien de tenir la réunion de haut niveau entre le Ministre des affaires étrangères et des expatriés et le Directeur général de l’OIAC, selon un ordre du jour convenu par les deux parties.
Le représentant a regretté la sélectivité des rapports mensuels du Secrétariat technique de l’OIAC, qui ont ignoré la réponse de l’autorité nationale syrienne du 21 août 2023 à toutes les demandes concernant le matériel à double usage qui avait été vu par l’équipe d’inspection du Centre d’études et de recherches scientifiques situé à Barzé au cours du neuvième cycle d’inspection. Il a averti du danger que des armes de destruction massive tombent entre les mains d’organisations terroristes présents dans la province d’Edleb sous la supervision des « Casques blancs », dans le but de les utiliser plus tard contre des civils et d’en accuser l’Armée arabe syrienne. Il a déploré l’état de la relation entre le Secrétariat technique de l’OIAC avec la Syrie et l’a accusé d’être un outil entre les mains des gouvernements de certains pays occidentaux qui appliquent des politiques destructrices contre les pays qui ne les suivent pas. Il a conclu en demandant des comptes aux pays alliés à des organisations terroristes et extrémistes qui ont contribué à verser le sang des Syriens et à affamer le peuple syrien en lui imposant des mesures coercitives unilatérales.
M. AMIR SAEID IRAVANI (République islamique d’Iran) a déploré l’absence de progrès significatif dans le dossier chimique syrien, « à l’exception de la soumission par la Syrie de son rapport mensuel à l’OIAC et du respect continu de ses obligations ». Il a également noté que le rapport publié par l’OIAC n’apporte pas non plus de nouvelles perspectives sur la situation actuelle, avant de dénoncer, dans ces conditions, l’inefficacité de la tenue de séances mensuelles sur cette question. Le représentant a relevé à cet égard que, lors du récent débat public sur les méthodes de travail du Conseil, les intervenants ont souligné la nécessité de renforcer l’efficience et l’efficacité de l’organe, notamment en réduisant la fréquence des réunions spécifiques, comme celles concernant la Syrie. Conformément à cet « appel commun à l’amélioration », il a réitéré son appel au Conseil pour qu’il accroisse l’efficacité de ses séances axées sur la Syrie et passe à une base trimestrielle, et non plus mensuelle.
Le représentant a ensuite salué le dialogue constructif entre la Syrie et l’OIAC, en vue de mener le dossier à une clôture définitive. Dans ce cadre, il s’est félicité de l’engagement pris par la Syrie de convoquer une réunion de haut niveau entre le Ministre syrien des affaires étrangères et le Directeur général de l’OIAC. Selon lui, l’intégrité et la crédibilité de l’OIAC dépendent de sa capacité à maintenir sa neutralité et son objectivité, guidées uniquement par des considérations scientifiques et techniques. Avant de conclure, il a souligné l’importance d’une mise en œuvre complète, efficace et non discriminatoire de la Convention sur les armes chimiques par tous les États Membres.
Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Türkiye) a estimé que le Conseil de sécurité doit rester activement saisi de la question du recours aux armes chimiques par la Syrie, en étroite coopération avec l’OIAC. Elle s’est félicitée du travail impartial réalisé par le Secrétariat de l’OIAC afin d’éliminer le programme d’armes chimiques syrien. Toutefois, il attend toujours une réponse du « régime » syrien en ce qui concerne le déplacement non autorisé de deux cylindres utilisés lors d’une attaque. L’utilisation d’armes chimiques constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales, a-t-elle rappelé, avant de demander au régime d’honorer ses obligations et de coopérer pleinement avec le Secrétariat technique et les organes d’enquête de l’OIAC, conformément à la Convention sur les armes chimiques et à la résolution 2118 (2013) du Conseil.
Reprises de parole
M. PHIPPS (Royaume-Uni) a repris la parole pour réagir aux propos du représentant de la Syrie, qui avait qualifié les Casques blancs d’organisation terroriste. Il a estimé que ces allégations sont fausses et s’inscrivent dans une campagne de désinformation orchestrée par le régime syrien pour saper leur travail. Il a tenu à rappeler que les Casques blancs sont une organisation de recherche et de sauvetage, qui a sauvé des milliers de vie et apporté des services à plus de 4 millions de Syriens.
M. SABBAGH (République arabe syrienne) a dit ne pas être surpris par les propos du représentant du Royaume-Uni, affirmant que l’organisation des Casques blancs avait été créée par le Royaume-Uni et était appuyée et financée par ce dernier.