Dans un monde confronté à des défis humanitaires sans précédent, l’Assemblée générale adopte une série de résolutions sur l’aide humanitaire
Cet après-midi, l’Assemblée générale a adopté par consensus quatre résolutions concernant la sécurité du personnel humanitaire, le renforcement de la coordination de l’aide d’urgence et la coopération internationale à la suite de catastrophes naturelles, de même que l’assistance au peuple palestinien. Compte tenu du travail qui lui reste à accomplir, l’Assemblée a également décidé de reporter au mardi 19 décembre 2023 la date de suspension de sa soixante-dix-huitième session.
Dans sa version remaniée, la résolution annuelle consacrée à la sûreté et la sécurité du personnel humanitaire et la protection du personnel des Nations Unies encourage les États Membres et le système onusien à prendre des mesures pour faire face à la menace grandissante de la désinformation et de la mésinformation, lesquelles sapent la confiance dans les entités de l’ONU et les organisations humanitaires, tout en faisant courir des risques à leur personnel.
Venue présenter ce texte au nom de l’Union européenne, l’Espagne a fait valoir que le personnel de l’ONU a été à la hauteur des défis humanitaires toujours plus importants auxquels il a été confronté cette année, dans un environnement incertain et volatile. Elle a toutefois considéré qu’il incombe à la communauté internationale d’atténuer ces risques en mettant en place un cadre propice à l’acheminement de l’aide humanitaire et en réduisant les attaques ciblant le personnel humanitaire.
Tout en appuyant ces principes, la Fédération de Russie a présenté un projet d’amendement, rejeté par 7 voix en faveur (Bélarus, Chine, Cuba, Fédération de Russie, Nicaragua, République populaire démocratique de Corée et Syrie), 88 contre et 30 abstentions, visant à supprimer l’alinéa 33 du préambule au motif qu’il contient des références « inacceptables » à la « prétendue » Cour pénale internationale (CPI). Un second projet d’amendement russe réclamant la suppression du paragraphe 8 de ce même texte, qui engage les États à envisager de devenir parties au Statut de Rome de la CPI, a été défait par 8 voix en faveur (Bélarus, Chine, Cuba, Fédération de Russie, Nicaragua, République populaire démocratique de Corée, Sri Lanka et Syrie), 84 contre et 32 abstentions.
Comme le Canada et l’Union européenne, la Suisse a exprimé son appui à la CPI en tant que composante essentielle de l’ordre juridique international, en rappelant que cette résolution a toujours été adoptée sur une base consensuelle. De nombreuses délégations ont également appelé à protéger le personnel humanitaire et dénoncé les attaques ciblant le personnel de l’ONU. Plus précisément, le Groupe des États arabes, par la voix de l’Égypte, a condamné les « représailles » exercées par Israël contre le personnel de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
En adoptant sa résolution annuelle sur l’Assistance au peuple palestinien, l’Assemblée générale prie instamment les États Membres, les institutions financières du système onusien ainsi que les institutions multilatérales d’apporter une assistance économique et sociale au peuple palestinien, en agissant en étroite coopération avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). La Belgique, en présentant ce texte, a précisé que celui-ci ne reflète pas l’évolution de la situation depuis les attaques « effrayantes » perpétrées par le Hamas le 7 octobre dernier.
Malgré son libellé « obsolète », les États-Unis ont donné leur aval à ce texte et souligné la nécessité de pauses humanitaires à Gaza pour permettre la libération des otages et l’acheminement de l’aide, sans toutefois demander un cessez-le-feu. Pour l’État de Palestine, il est impensable qu'au XXIe siècle, des écoles et des hôpitaux soient bombardés et que le personnel humanitaire de l'ONU soit pris pour cible sous le couvert de la légitime défense.
L’Assemblée générale a ensuite entériné une résolution sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies. Ses dispositions invitent notamment les organismes de l’ONU à intensifier leurs activités de coordination et de planification préalables, en renforçant leur complémentarité avec les parties prenantes. Ce texte « mûr », selon les mots de la Suède qui l’a présenté, doit cependant se traduire en actes concrets afin d’atténuer les souffrances et de préserver la dignité de toutes et tous.
La résolution intitulée « Coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles: de la phase des secours à celle de l’aide au développement » constitue pour Cuba, qui l’a présentée au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la contribution du Sud aux efforts déployés par l'Organisation sur les questions d’aide humanitaire. Ce texte reflète notamment les décisions prises en mai de cette année afin d’amender le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.
Pays insulaires dont la majorité des terres se situent à moins d’un mètre au-dessus du niveau de la mer, les Maldives se sont inquiétées du niveau alarmant de la crise climatique, notant que quelque 70% des réfugiés et 80% des personnes déplacées provenant de régions aux prises avec des catastrophes liées au climat. L’opérationnalisation du fonds pour les pertes et les préjudices constitue, selon la délégation, une avancée « monumentale » qui permettra aux pays en développement d’accéder aux financements dont ils ont désespérément besoin pour y faire face.
Enfin, l’Assemblée générale a adopté une résolution proclamant, le 20 septembre, la « Journée mondiale du nettoyage ». Elle a encore proclamé, le 30 mai, la « Journée internationale de la pomme de terre ».
La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
RENFORCEMENT DE LA COORDINATION DE L’AIDE HUMANITAIRE ET DES SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE FOURNIS PAR LES ORGANISMES DES NATIONS UNIES, Y COMPRIS L’ASSISTANCE ÉCONOMIQUE SPÉCIALE
Rapports du Secrétaire général (A/78/86, A/78/369)
Note du Secrétaire général (A/78/632)
Déclarations
M. WILLIAM CASTILLO, Vice-Ministre de la politique antiblocus du Venezuela, qui s’exprimait au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, a constaté que le modèle d’exploitation de l’environnement et de concentration des richesses a conduit aux phénomènes naturels destructeurs que sont les inondations, les sécheresses, les vagues de froid et de chaleur, auxquels s’ajoute une élévation des températures qui représente un risque pour l’existence humaine. Le résultat est que, « de plus en plus, les populations dépendent de l’aide humanitaire d’urgence », a-t-il souligné. Il a également fustigé les puissances hégémoniques qui ont déclenché des crises humanitaires en raison de leur interventionnisme. Évoquant les catastrophes humanitaires du fait de l’homme, il a dénoncé les attaques indiscriminées perpétrées contre le peuple palestinien, notamment à Gaza, avant d’appeler à un cessez-le-feu immédiat et à l’augmentation d’une aide vitale.
Le Vice-Ministre s’est aussi élevé contre l’imposition pour des raisons politiques de sanctions « immorales et illicites » contre des pays, empêchant ces derniers d’avoir pleinement accès aux marchés de biens et services. Les catégories de population les plus vulnérables, notamment les enfants et les personnes âgées, en sont les premières victimes, s’est-il indigné, dénonçant également une entrave au Programme 2030. À cette aune, il a demandé que toutes les activités humanitaires de l’ONU respectent les principes d’humanité, de neutralité et d’impartialité et d’indépendance opérationnelle, tels que visés par la résolution 46/182 de l’Assemblée générale. De même, la transparence, le dialogue constant et le consentement des États destinataires doivent prévaloir, a-t-il ajouté, y voyant la seule façon de garantir la fiabilité et la pérennité de l’aide. Reconnaissant les efforts déployés par l’ONU et ses organismes humanitaires spécialisés, il a appelé à la plus grande vigilance face au risque de voir des acteurs externes instrumentaliser ces activités. Il a en outre averti que les notions de « responsabilité de protéger » et d’« intervention humanitaire », sur lesquelles il n’y a pas de consensus sur le plan international, peuvent être à l’origine de crises humanitaires supplémentaires. En effet, a-t-il dit, elles peuvent saper l’état de droit, menacer la diplomatie et entraver la coopération nécessaire à la résolution des conflits, avec des conséquences néfastes pour les pays et toute la communauté humanitaire.
M. MACIEJ POPOWSKI, de l’Union européenne (UE), a réaffirmé l’appui de l’UE au système humanitaire mondial mis en place par la résolution 46/182 de l’Assemblée générale. Les principes humanitaires d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance restent indispensables à ces actions, a-t-il dit, ajoutant que les travailleurs humanitaires méritent respect et sécurité. De même, la protection des civils et des infrastructures civiles ainsi que le respect du droit international humanitaire (DIH) doivent rester le fondement de notre réponse humanitaire. Rappelant à cet égard que les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution sont au cœur du DIH, il a souligné l’obligation de tout faire pour limiter les dommages causés aux civils, laquelle doit s’appliquer à tout moment pendant un conflit. Il a également fait valoir le principe de non-réciprocité, qui signifie qu’une partie doit se conformer au DIH, même si l’autre partie ne suit pas les mêmes règles. Ceux qui enfreignent les règles doivent être tenus responsables, a-t-il souligné, avant d’exiger que les acteurs humanitaires et les professionnels de la santé ne soient pas pris pour cible.
L’UE, a poursuivi le représentant, reste déterminée à permettre un accès humanitaire complet, sans entrave et rapide. L’espace humanitaire doit rester ouvert pour que l’aide parvienne à ceux qui en ont besoin. Pour remédier aux obstacles à l’accès, il faut prévenir tout impact négatif potentiel involontaire des sanctions et des mesures de lutte contre le terrorisme sur l’action humanitaire, a-t-il soutenu. Il a ajouté que l’UE a récemment adopté des exemptions humanitaires au gel des avoirs dans 10 de ses régimes de mesures restrictives, permettant aux acteurs humanitaires, y compris ceux décrits dans la résolution 2664 (2022) du Conseil de sécurité, de fournir une aide humanitaire sans autorisation préalable. Protéger l’espace humanitaire nécessite de maintenir la confiance des communautés locales dans les acteurs humanitaires, a plaidé le délégué, pour qui la manipulation de l’information sape la réputation des organisations humanitaires et met leur personnel en danger.
Assurant que l’UE s’efforce de rendre la réponse humanitaire internationale plus efficace et efficiente, le représentant a réitéré l’engagement de l’Union à mettre les personnes au centre de l’action. L’UE appuie également les mesures d’anticipation, qui permettent de prendre des mesures de préparation avant que les catastrophes ne surviennent, a-t-il affirmé. Enfin, il a précisé que l’UE a recommandé à ses États membres de consacrer 0,07% de leur revenu national brut à l’action humanitaire.
S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) a indiqué que la région connaît une augmentation du nombre d’urgences complexes et de catastrophes naturelles provoquées par l’homme. Malgré l’adoption des perspectives de l’ASEAN à l’horizon 2025 sur la gestion des catastrophes, ces phénomènes risquent d’entraîner un recul du développement régional et de retarder la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-il averti. Néanmoins, l’ASEAN a beaucoup avancé en la matière, notamment au travers de l’initiative « Une ASEAN, une réaction », qui lui permet d’intervenir dans toute la région, via un centre de coordination des catastrophes et des urgences.
Les procédures et mécanismes ont également été rationalisés afin d’être en mesure de réagir rapidement en cas d’urgence, a-t-il précisé, ajoutant que l’ASEAN s’est dotée de plans de réaction et d’un système d’action qui, ensemble, composent une stratégie globale permettant d’augmenter la résilience et la préparation de la région. Ces initiatives viennent compléter le système d’alerte précoce de l’ONU, a poursuivi le représentant, pour qui une approche plus proactive et prospective est possible en matière de gestion des risques et des catastrophes et lutte contre les changements climatiques. Évoquant par ailleurs la crise humanitaire à Gaza, il a appelé les parties à protéger les populations civiles, en particulier les ressortissants de l’ASEAN et le personnel de l’UNRWA.
Au nom du Groupe des États arabes, M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a souligné les difficultés croissantes liées à l’application du droit international humanitaire, notamment s’agissant de l’obligation de protéger les civils ainsi que le personnel médical et humanitaire. Dans ce cadre, il a dénoncé une destruction sans précédent à Gaza, évoquant le « martyre » de plus de 17 000 Palestiniens, dont plus de 6 000 enfants. Il a accusé Israël d’avoir bombardé des hôpitaux, des lieux de culte, des infrastructures et des installations sanitaires et humanitaires, entraînant la mort de 286 travailleurs internationaux et médicaux. Après avoir fustigé une violation injustifiable et inacceptable du droit international humanitaire, il a exhorté la communauté internationale à prendre clairement position.
Le représentant a ensuite déploré que les travailleurs humanitaires fassent l’objet de menaces et de campagnes mensongères visant à jeter sur eux la suspicion. La diffusion de cette désinformation les expose à de graves risques, s’est-il alarmé. Il a estimé que la capacité des Nations Unies à faciliter l’aide humanitaire est aujourd’hui affectée, avant de dénoncer le silence de certains pays à ce sujet. Il a également condamné les « représailles » israéliennes contre des travailleurs des Nations Unies en raison de leur rôle humanitaire. Détaillant les prises de position et les actions entreprises au plus haut niveau de l’ONU, il a mentionné la mise en œuvre de l'Article 99 de la Charte des Nations Unies par le Secrétaire général, les condamnations du Commissaire général de l’UNRWA et le passage en revue des répercussions des attaques israéliennes par le Président de l’Assemblée générale. En conclusion, il a appelé les pays arabes à respecter les résolutions de l’ONU sur le travail humanitaire et a exigé la fin des opérations militaires d’Israël.
M. MOK CHAK YONG (Singapour) a indiqué que son pays a appuyé les opérations de secours à Gaza à hauteur de 7 millions de dollars, avant d’appeler à un accès humanitaire sans entrave dans ce territoire palestinien soumis à une intervention militaire israélienne. De manière plus générale, il a jugé impératif que le système des Nations Unies demeure agile et adaptable pour remédier à la nature évolutive des défis. Le représentant a également appelé à investir dans la résilience des communautés, notant que, selon une étude de la Banque asiatique de développement, chaque dollar alloué à la réduction des catastrophes permet d’économiser de quatre à sept dollars des coûts associés à la réponse. Le délégué a par ailleurs plaidé pour une coopération renforcée avec les entités non-gouvernementales. Enfin, il a appelé à tirer le meilleur profit des technologies pour optimiser la gestion des risques de catastrophe et l’adaptation aux changements climatiques.
Mme KHADEEJA AUFIYAU (Maldives) a noté que les changements climatiques, l’escalade des conflits et l’insécurité alimentaire croissante font partie des tendances inquiétantes qui témoignent du besoin urgent d’une aide humanitaire. Pour relever ces défis, nous avons besoin d’un système multilatéral revigoré, fondé sur l’intégration de solutions politiques, de la réduction des risques de catastrophe et d’une action climatique ambitieuse, a-t-elle argué, plaidant en outre pour une accélération de la réalisation du Programme 2030.
L’impact des changements climatiques atteint selon elle un niveau alarmant, quelque 70% des réfugiés et 80% des personnes déplacées provenant de régions aux prises avec des catastrophes liées au climat. Les Maldives, dont la majorité des terres se situent à moins d’un mètre au-dessus du niveau de la mer, sont confrontées à une vulnérabilité accrue, amplifiée par les changements climatiques, notamment l’érosion côtière ainsi que les inondations dues aux moussons et aux marées, a expliqué la représentante. Elle a néanmoins vu dans l’opérationnalisation du fonds pour les pertes et les préjudices, destiné à aider les pays en développement vulnérables aux changements climatiques, une avancée « monumentale ». Cette initiative leur permet d’accéder aux financements et aux investissements dont ils ont désespérément besoin pour faire face aux catastrophes, a-t-elle salué.
Mme SHIRLEY ONG (Canada) a constaté que le financement du système humanitaire est sous pression, les acteurs devant prendre des « décisions déchirantes » quant à la priorité à accorder à telle ou telle crise. Dans ce contexte, il est plus crucial que jamais de tirer le meilleur profit des ressources à disposition, a-t-elle fait valoir. Le Canada prend toute sa part à ces efforts, a assuré la déléguée, qui a précisé que son pays apporte un financement prévisible et flexible à l’action humanitaire. Appelant à la stricte application du droit international humanitaire, elle a souhaité que la communauté internationale continue de faire respecter le cadre qui protège les civils, « même si l’ordre international fondé sur des règles est remis en question ». De même, a-t-elle ajouté, l’acheminement rapide et sans entrave de l’aide humanitaire, qui sauve des vies, doit être maintenu, « quels que soient les objectifs politiques ». Enfin, elle a rappelé que les femmes et les filles sont encore souvent marginalisées, voire oubliées, dans les réponses humanitaires. Elles doivent être au cœur de l’élaboration et de la mise en œuvre des plans d’intervention humanitaire, a-t-elle conclu.
M. DOMINIK STILLHART (Suisse) a noté qu’alors que le besoin d’assistance et de protection humanitaire ne cesse d’augmenter, les ressources disponibles ne parviennent pas à suivre le rythme de la demande et le déficit de financement s’accroît irrémédiablement. Selon lui, la paix, l’aide humanitaire et les efforts de développement doivent aller de pair, non seulement afin de répondre aux crises, mais aussi pour trouver des solutions politiques et prévenir les conflits. À cet égard, les éléments des trois résolutions humanitaires témoignent de la volonté de la communauté internationale de relever collectivement les défis humanitaires urgents, s’est-il félicité. Le représentant a insisté sur l’importance du respect des droits humains et du droit international humanitaire, que ce soit dans le contexte des hostilités mêmes ou pour le traitement des personnes qui ne participent plus aux combats. Cela réduit non seulement les souffrances des populations civiles, mais facilite également l’aide humanitaire afin qu’elle parvienne à ceux qui en ont le plus besoin.
Par ailleurs, a-t-il ajouté, l’accès rapide et sans restriction de toutes les organisations humanitaires impartiales, internationales ou nationales, est la condition sine qua non de la fourniture d’aide essentielle. Dans ce cadre, il importe de travailler de manière proactive afin de prévenir les crises et les conflits armés autant que possible, a-t-il préconisé, jugeant que la prévention des conflits est aussi vitale que la capacité de réaction. À ce titre, le Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) est un outil indispensable à l’élaboration de méthodes de travail innovantes, a relevé le représentant, pour qui l’avenir des personnes dans le besoin dépendra de notre capacité à tracer collectivement de nouvelles voies comme la localisation de l’aide humanitaire.
Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) a souligné l’importance du respect strict de l’intégrité territoriale et de l’appropriation nationale dans la fourniture de l’aide humanitaire, sans que celle-ci ne mène à une intervention étrangère sous le prétexte de la responsabilité de protéger. Elle a estimé que les principaux contributeurs aux guerres et aux émissions de gaz à effet de serre devraient assumer une plus grande part du financement des réponses humanitaires de l’ONU. L’Organisation doit également veiller à ce que l’aide soit distribuée aux populations dans le besoin sans discernement, ni ingérence de la part des donateurs. À cet égard, elle a considéré que les mesures coercitives unilatérales constituent non seulement un des principaux obstacles à la fourniture de l’aide humanitaire, mais sont aussi à l’origine de la création d’importants besoins humanitaires.
À l’approche de l’hiver, la situation humanitaire du peuple afghan continue de se détériorer, a déploré la représentante, pour qui l’aide humanitaire ne devrait en aucun cas être politisée ni conditionnelle. L’accès sans entrave à l’aide humanitaire reste le principal défi pour les Palestiniens de la bande de Gaza, a-t-elle poursuivi, jugeant « décevante et inacceptable » l’inaction de la communauté internationale et du Conseil de sécurité. Pour remédier à ces crises, la déléguée a préconisé de s’attaquer de toute urgence à leurs causes profondes.
M. MUHAMMAD USMAN IQBAL JADOON (Pakistan) a rappelé que les crises multiples auxquelles fait face notre monde ne conduisent pas seulement à des désastres humanitaires, mais font également obstacle aux objectifs de développement durable. Accusant Israël d’entraver l’acheminement de l’aide humanitaire, il a estimé que ses actions relèvent du crime de guerre, du crime contre l’humanité et du génocide. S’alarmant de l’« assassinat » des employés de l’ONU, il a souligné que jamais l’Organisation n’avait perdu autant de personnel dans un conflit depuis sa fondation.
Poursuivant, le délégué a sonné l’alarme sur les conséquences humanitaires des changements climatiques. Si la tendance perdure, a-t-il continué, le nombre annuel de catastrophes naturelles passera de 400 en 2015 à 560 en 2030, soit une augmentation de 40%. Or, a-t-il rappelé, le Pakistan figure parmi les 10 nations les plus touchées par les changements climatiques, alors même qu’il n’est qu’un modeste émetteur de CO2. Évoquant les inondations sans précédent qui ont frappé son pays en 2022, il a salué la collaboration du Pakistan avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ainsi que la solidarité internationale, regrettant toutefois un manquement de financement pour assurer la résilience de son pays à l’avenir.
Ces difficultés sans précédent exigent une solidarité accrue, a-t-il déclaré. À ce titre, il a lancé plusieurs appels, notamment pour que soient traitées les causes profondes des crises, pour une tolérance zéro face aux violations des principes humanitaires et pour mobiliser des financements privés comme publics. Il a également jugé crucial de renforcer les mesures de résilience, par exemple via des systèmes d’alerte précoce.
M. MUSTAFA KEMAL AKBULUT (Türkiye) s’est inquiété de la situation humanitaire catastrophique dans le monde, dans un contexte de raréfaction des ressources financières. Il a appelé à remédier aux causes profondes des crises, avant de détailler les efforts de son pays pour y remédier. Il a également appelé la communauté internationale à fournir un financement pérenne et prévisible. De même, il a demandé le retour des réfugiés dans la dignité et la sécurité, avant de saluer l’élan de solidarité pour son pays après le récent tremblement de terre. Il a ensuite dénoncé l’ampleur inimaginable des destructions et des pertes civiles à Gaza et demandé un accès humanitaire sans entrave. Le délégué a également demandé la prorogation du mécanisme d’aide transfrontalière en Syrie. Enfin, il a détaillé les efforts de son pays pour remédier à la crise alimentaire en Afrique.
M. JUSTIN PETER FEPULEAI (Nouvelle-Zélande) a exprimé sa grave préoccupation devant les décès du personnel humanitaire et médical sur le terrain, ainsi que les conséquences effroyables de la reprise des hostilités à Gaza sur les civils. Assurer un accès humanitaire sûr et sans entrave constitue une exigence clef du droit international humanitaire, a-t-il rappelé. S’agissant des changements climatiques, le représentant s’est inquiété qu’un cyclone tropical de catégorie 5 ait touché la région du Pacifique en octobre, avant même le début officiel de la saison cyclonique. Toutefois, les approches anticipatives face aux risques de catastrophe peuvent, selon lui, atténuer l’ampleur des crises et, surtout, les souffrances humaines. Une action humanitaire inclusive doit en outre être au cœur des réponses humanitaires, a-t-il noté, y compris un accès sûr aux services de santé sexuelle et reproductive pour les femmes et les filles. Il a par ailleurs exhorté le système à poursuivre ses progrès en vue d’une action humanitaire dirigée localement et responsable envers les populations touchées.
M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) a déclaré que les principes humanitaires sont confrontés à une épreuve difficile qui menace la légitimité même de l’ordre international. L’escalade militaire « méprisable » des forces d’occupation israéliennes dans la bande de Gaza se poursuit avec un nombre toujours plus élevé de victimes. Et les travailleurs humanitaires de l’ONU et des organisations internationales humanitaires continuent de perdre la vie du fait des violations flagrantes et systématiques du droit international humanitaire, a-t-il déploré. Il a indiqué que son pays continue de prêter main forte au peuple palestinien assiégé en envoyant des avions contenant du matériel de secours, des médicaments et des abris. Il a salué à cet égard l’invocation, par le Secrétaire général, de l’Article 99 de la Charte des Nations Unies, un fait « sans précédent ».
Cette année, a poursuivi le représentant, le Moyen-Orient a été témoin de catastrophes naturelles et de conflits armés qui ont exacerbé les besoins humanitaires. En outre, depuis l’éclatement de la crise au Soudan, l’Arabie saoudite a participé à l’évacuation d’urgence de ressortissants étrangers vers Djedda et fait un don de 100 millions de dollars d’aide humanitaire directe. Il a cependant jugé essentiel d’explorer des solutions pratiques afin de réduire l’écart existant entre les besoins humanitaires et l’aide fournie, sur la base de données scientifiques.
M. JAMES MARTIN LARSEN (Australie) s’est alarmé que les organisations humanitaires soient poussées à leurs limites dans un contexte de multiplication et de superposition des crises. Déplorant toutes les vies perdues dans le conflit en Palestine, dont les membres du personnel de l’ONU, il a lancé un appel pour que l’aide soit acheminée de manière sûre et sans entrave.
Les prochaines années nous réservent encore des crises plurielles, a-t-il averti, évoquant notamment les insécurités climatiques et les déplacements de populations. Les perspectives sont sombres, a-t-il poursuivi, estimant que, dans un tel contexte, l’assistance humanitaire n’en sera que plus importante. Il a toutefois jugé essentiel de rappeler que l’aide n’est pas la panacée. À ce titre, il a lancé un appel à la communauté humanitaire pour qu’elle trouve de nouvelles manières de procéder. Ses actions doivent véritablement aider les populations à se reconstruire, a-t-il considéré, préconisant un déploiement selon une perspective transsectorielle et de résilience. Il a également demandé que l’on veille à intégrer dans ces questions les dimensions de genre et de handicap.
Mme LISA A. CARTY (États-Unis) a tout d’abord rappelé que son pays s’est engagé à hauteur de 15 milliards de dollars pour répondre aux crises humanitaires en 2023. À ce sujet, elle s’est déclarée préoccupée par l’écart grandissant entre les besoins et les fonds internationaux disponibles. Rappelant que les agences de l’ONU sont confrontées à une kyrielle de crises, notamment en Ukraine, en Haïti ou encore dans la bande de Gaza, elle a déploré le grand nombre d’employés de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) tués dans ce territoire palestinien. « Nous sommes fiers d’être les premiers bailleurs de fonds pour l’UNRWA », a-t-elle déclaré, ajoutant que son pays s’associera à la résolution sur l’assistance au peuple palestinien, « en dépit de son libellé obsolète ». Après avoir réaffirmé le droit d’Israël à la légitime défense, la représentante a souligné la nécessité de pauses humanitaires pour permettre la libération d’otages et l’apport d’aide humanitaire dans Gaza. « Nous n’avons toutefois pas appelé à un cessez-le-feu », a-t-elle tenu à préciser.
Les États-Unis font le nécessaire pour répondre aux besoins humanitaires à Gaza, a insisté la représentante, non sans déplorer les pertes civiles élevées. « Nous travaillons inlassablement pour que les convois humanitaires puissent parvenir à Gaza et que l’approvisionnement en eau et en combustible soit garanti », a-t-elle assuré. La déléguée a également rappelé qu’au-delà de ces efforts locaux, son pays a élaboré une feuille de route pour répondre à l’insécurité alimentaire mondiale. De plus, les États-Unis et l’Irlande sont à l’origine de la résolution 2664 (2022) du Conseil de sécurité, qui prévoit des exemptions humanitaires pour divers régimes de sanctions. Enfin, elle a plaidé pour une action résolue face aux violences sexuelles.
M. ANDREAS LØVOLD (Norvège) a dit craindre que l’écart entre les ressources financières disponibles et les besoins humanitaires s’aggrave encore l’année prochaine. En conséquence, il a appelé à redoubler d’efforts pour que le plus grand nombre puisse bénéficier de la protection et de l’aide nécessaires. L’action humanitaire doit selon lui être coordonnée de façon à ce que les populations victimes de crises soient au cœur des activités et que la dimension de genre soit prise en compte. Le représentant a indiqué que la protection des civils dans le contexte des conflits armés et le respect du droit international humanitaire sont des priorités de son pays. À ce titre, il a plaidé pour que les populations civiles soient protégées, notamment à Gaza, et que les infrastructures civiles soient préservées. Il a ajouté qu’en avril prochain, la Norvège organisera un rendez-vous de suivi sur les modalités d’application de la Déclaration de Dublin de 2022, qui appelle à protéger les civils des conséquences humanitaires découlant de l’utilisation d’armes explosives dans des zones densément peuplées.
Le représentant a indiqué que l’insécurité alimentaire constitue une autre priorité de la Norvège, qui mise sur des systèmes agroalimentaires résilients. Pour lutter contre les conflits par le monde, il importe de mieux articuler les efforts en matière d’aide à long terme et de consolidation de la paix, a-t-il dit, jugeant que cette articulation sera nécessaire pour atténuer les crises et les besoins humanitaires. Par ailleurs, s’agissant du lien entre les conflits et les changements climatiques, le délégué a souhaité que le financement de l’action climatique atteigne les populations qui sont les plus durement touchées. Il a conclu son intervention en insistant sur l’importance de la prévention et des actions proactives pour sauver des vies et préserver la dignité des populations.
M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a signalé que 258 millions de personnes dans le monde ne savent pas de quoi sera fait leur prochain repas, s’inquiétant en outre des situations humanitaires désastreuses « en Israël et à Gaza », en Ukraine, au Soudan et en Syrie. Pour inverser ces tendances inquiétantes, le Premier Ministre Rishi Sunak a lancé le 20 novembre, le Livre blanc sur le développement international qui vise à remettre les objectifs de développement durable (ODD) sur les rails par un engagement fort à protéger les plus vulnérables face aux besoins toujours croissants provoqués par les conflits et les changements climatiques.
Le représentant a également indiqué que le Royaume-Uni contribuera à hauteur de 1,2 milliard de dollars à l’aide humanitaire de 2024 à 2025, et que son Gouvernement mettra également en place un fonds pour la réponse aux crises humanitaires afin de fournir une expertise technique spécialisée, des équipes de recherche et de sauvetage et des équipes médicales d’urgence. Le Gouvernement britannique investira en outre davantage dans le leadership local en matière d’action humanitaire et prévoit de contribuer 65 millions de dollars supplémentaires au Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF). La création d’un nouveau fonds de financement humanitaire est également prévue dans le but d’intégrer la résilience et l’adaptation aux changements climatiques.
M. DAI BING (Chine) a déploré le nombre élevé de victimes à Gaza. Il a exhorté la communauté internationale à promouvoir un cessez-le-feu durable et à entreprendre des actions plus fortes pour protéger les civils et rétablir l’aide humanitaire, rappelant dans la foulée que la résolution 2712 (2023) du Conseil de sécurité a été adoptée sous présidence chinoise.
Le délégué a ensuite apporté son soutien à la résolution de l’Assemblée générale sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence. Dans une situation mondiale extrêmement grave, marquée par la multiplication des conflits et les changements climatiques, il a jugé important qu’un tel appel soit lancé à la communauté internationale pour raffermir la solidarité et la coopération. Il a appelé au respect des principes humanitaires, insistant notamment sur les questions d’impartialité et d’indépendance. Dans ce cadre, il a demandé que l’assistance soit administrée sans politisation, instrumentalisation ou ingérence. À ce titre, il a jugé contraire aux principes humanitaires le retrait de l’aide à l’Afghanistan par certains pays sous couvert de valeurs démocratiques. En second lieu, il a appelé de ses vœux un financement plus important, soulignant que seuls 32% des besoins étaient aujourd’hui assurés. Enfin, il a préconisé le recours au dialogue pour éviter les conflits, ainsi que le renforcement de la coopération pour prévenir les catastrophes et réduire leurs risques.
Mme JOANNA SYLWIA SKOCZEK (Pologne) a appelé au respect scrupuleux du DIH et exhorté le Conseil à prendre des mesures concrètes en ce sens. Elle a plaidé pour une réponse forte au défi posé par les mines, notant que le déminage est un élément clef pour tout acheminement de l’aide humanitaire. Elle a souligné l’engagement de son pays en faveur de la protection des droits des personnes en situation de handicap, en rappelant le rôle crucial de la Pologne dans l’adoption en 2019, par le Conseil de sécurité, de la toute première résolution sur le sujet. Nous devons accélérer nos efforts en vue de la prévention des conflits et du maintien de la paix, a insisté la déléguée qui a exhorté à ne pas perdre de vue le fait que l’aide humanitaire ne peut jamais se substituer à des solutions politiques et économiques.
Mme NATHALIA SÁNCHEZ GARCÍA (Colombie), après avoir réitéré son appui à une solution pacifique, définitive et globale de la question palestinienne, a appelé à mettre en œuvre les résolutions pertinentes de l’ONU. Elle a salué les efforts déployés pour parvenir à une trêve afin de mettre fin à la violence et d’assurer l’accès humanitaire à Gaza, avant de demander à l’Assemblée générale de redoubler d’efforts pour parvenir à une cessation définitive des hostilités en vue de mettre un terme aux pertes sans précédent de vies innocentes, aux déplacements forcés et à la destruction des infrastructures vitales. La déléguée a également demandé que les futures résolutions incluent des dispositions relatives au travail des institutions spécialisées du système, telles que l’UNICEF, ainsi qu’une analyse des besoins humanitaires et des niveaux de vulnérabilité des enfants, afin que l’aide humanitaire puisse être fournie efficacement.
M. MIYAMOTO SOGAKU (Japon) s’est alarmé des besoins humanitaires d’une ampleur sans précédent que connaît le monde actuellement. Il a rappelé que l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine est venue s’ajouter aux pénuries alimentaires, aux effets des changements climatiques et aux impacts des migrations pour provoquer une crise humanitaire aux retombées mondiales. Le représentant a d’autre part indiqué que son pays, qui est coauteur du projet de résolution sur l’assistance au peuple palestinien, entend continuer de soutenir la Palestine sur la base du dialogue politique, du renforcement de la confiance et de l’assistance économique. Dans l’immédiat, il a exprimé ses plus profondes préoccupations face à la crise humanitaire qui ne cesse de s’aggraver à Gaza.
Le représentant a ajouté qu’à la lumière de ces besoins croissants, son pays a dévoilé, cette année, une nouvelle charte de coopération au développement, par laquelle il s’engage à apporter des contributions flexibles et de haute qualité. Le Japon a l’intention de doubler en 2024 sa contribution aux fonds communs nationaux du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a-t-il précisé à ce propos. Enfin, alors que le nombre de personnes déplacées dans le monde dépasse désormais les 114 millions, il dit attendre beaucoup du deuxième Forum mondial sur les réfugiés, qui se tiendra la semaine prochaine à Genève.
Mme MARIA ROSENY BALTAZAR FANGCO (Philippines) a commencé par rappeler que son pays est l’un des plus vulnérables aux catastrophes naturelles. Elle a notamment évoqué des cyclones fréquents et destructeurs, ainsi que les séismes, dont une secousse d’une magnitude de 7,4 qui a touché le sud de l’archipel il y a quelques jours. Assurant que les Philippines sont équipées pour faire face à ces événements, elle a toutefois salué la contribution des organisations humanitaires, dont la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge. Elle a également partagé ses préoccupations en ce qui concerne les décès de travailleurs humanitaires dans les conflits en cours.
Préconisant un déploiement des initiatives humanitaires en appui aux plans et programmes des gouvernements, la représentante a également appelé à reconnaître le rôle des bénéficiaires non en tant que destinataires passifs mais comme acteurs à part entière. Elle a aussi estimé que l’action humanitaire doit prendre en compte l’environnement et la société civile, par exemple à travers les organisations de jeunes, de femmes et de personnes handicapées. Parmi les initiatives déployées à l’échelle nationale, la déléguée a fait état d’un plan visant à renforcer la résilience et à prévenir les catastrophes, à travers un système d’alarme précoce et des programmes socioéconomiques. Les Philippines sont disposées à partager ces enseignements avec les pays qui font face aux mêmes difficultés, a-t-elle indiqué en conclusion.
Mme KHRYSTYNA HAYOVYSHYN (Ukraine) a souligné la nécessité de l’aide humanitaire pour son pays, aux prises avec la guerre déclenchée voilà près de deux ans par la Fédération de Russie. Ce pays voisin continue de terroriser la population civile ukrainienne en attaquant des zones résidentielles et des infrastructures civiles, a-t-elle condamné, avant d’évoquer le « coût écologique colossal » de l’agression russe. Rappelant que 6 millions de civils en Ukraine sont exposés aux mines et aux munitions non explosées, elle a sollicité un appui international pour opérer un déminage de son pays. Elle a par ailleurs dénoncé le retrait de la Fédération de Russie de l’Initiative de la mer Noire et l’utilisation des denrées alimentaires par ce pays comme arme de guerre. Malgré ces difficultés, l’Ukraine demeure un fournisseur de premier plan, a assuré la représentante, selon lequel plus de 170 000 tonnes de céréales ukrainiennes ont pu être livrées à la Somalie, à l’Éthiopie, au Kenya et au Yémen.
M. MOHD ABDULRAHMAN MOHAMED JALIL SULTAN ALOLAMA (Émirats arabes unis) a souligné l’importance de soutenir le Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) pour répondre aux défis humanitaires actuels et futurs. De même, les parties aux conflits doivent respecter le DIH et l’acheminement de l’aide humanitaire pour répondre aux besoins des populations. Après plus de deux mois de guerre contre Gaza, le délégué a dénoncé la politique de deux poids deux mesures de certains États qui jouissent d’immunité en dépit de leur violation du DIH. Il a notamment dénoncé les frappes aériennes et le pilonnage par Israël des hôpitaux, des écoles, des installations de l’ONU à Gaza ainsi que l’interdiction d’accès humanitaire. Le délégué a appelé toutes les parties, quelle que soit leur puissance, à s’attacher au DIH car, a-t-il insisté, la vie du peuple palestinien en dépend.
Mme LEE KOK TING (Brunéi Darussalam) s’est inquiétée de l’augmentation alarmante du nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire dans le monde en 2023. Face à cette réalité, elle a jugé urgent de renforcer la protection des civils dans les conflits armés sur la base des principes humanitaires, notamment en garantissant un accès sûr et sans entrave à ceux qui ont besoin de protection et d’assistance. L’adhésion aux principes du droit international humanitaire est primordiale pour préserver les droits et le bien-être des personnes les plus vulnérables, a-t-elle insisté.
La représentante a par ailleurs exprimé sa profonde préoccupation face aux statistiques alarmantes concernant la violence sexiste et sexuelle, ainsi que la traite des êtres humains. Elle a également appelé à renforcer de toute urgence la sécurité des travailleurs humanitaires, notamment ceux appartenant au personnel de l’ONU, qui mettent courageusement leur vie en danger pour la sécurité des autres. Plus de 100 d’entre eux ont péri depuis le déclenchement en octobre du conflit au Moyen-Orient, a-t-elle rappelé en conclusion.
Mme DIARRA DIME LABILLE (France) a estimé que le monde ne peut se résoudre à un effondrement du droit international humanitaire. « La nécessité de se conformer au droit international humanitaire, et notamment à ses principes de distinction, de proportionnalité, d’humanité et de neutralité, est un impératif », a-t-elle insisté. À cet égard, la représentante a rappelé qu’à Gaza, le respect du droit international humanitaire s’impose à toutes les parties. Toujours à propos de ce conflit, a-t-elle ajouté que la France réitère son appel à une nouvelle trêve humanitaire immédiate et durable, qui doit conduire à un cessez-le-feu pérenne.
La représentante a d’autre part rappelé qu’avec l’agression russe de l’Ukraine par la Russie, l’Europe a été touchée de plein fouet par la plus grande crise humanitaire sur le continent depuis la Seconde Guerre mondiale. « L’Ukraine s’apprête à traverser un second hiver de guerre, alors que la Russie n’hésite pas à cibler délibérément les infrastructures civiles, et en particulier les infrastructures énergétiques », a-t-elle dénoncé. Dans ce contexte de crise, elle a indiqué que la France présentera sa nouvelle stratégie humanitaire lors d’une conférence nationale humanitaire, le 19 décembre prochain à Paris.
Mme RAHMA SAMAI (Algérie) a reconnu à son tour que les défis humanitaires ne cessent de croître dans le monde en raison des conflits, des épidémies, des effets des changements climatiques et des catastrophes naturelles. Cette situation nécessite une action internationale sans équivoque, a-t-elle plaidé, appelant la communauté internationale à transcender ses divisions politiques et à trouver des solutions à long terme aux crises humanitaires. L’Algérie, a-t-elle indiqué, contribue aux efforts d’assistance humanitaire durant les crises en mettant en place des solutions pratiques et en déployant des actions destinées à assurer le développement durable et à accroître la résilience dans les zones fragiles.
La représentante s’est ensuite déclarée profondément préoccupée par « l’agression barbare » perpétrée contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza. Elle a également déploré la mort de plus de 130 employés de l’UNRWA, qui réduit la capacité de l’agence onusienne à s’acquitter de sa mission dans une conjoncture difficile. Soulignant la nécessité de respecter le droit international humanitaire, elle a condamné les attaques contre des agents humanitaires, qui sapent les fondements même de l’action menée auprès des populations dans le besoin. Avant de conclure, elle a exhorté le Secrétaire général à déclarer un cessez-le-feu immédiat à Gaza afin que l’aide médicale et humanitaire puisse être acheminée dans ce territoire palestinien.
M. OMAR KADIRI (Maroc) a constaté que la situation humanitaire mondiale continue de se dégrader, notamment sur le plan des financements. Il a ainsi rappelé que les besoins humanitaires d’urgence sont estimés, cette année, à 55,5 milliards de dollars, alors que le taux de recouvrement n’atteint que 32%, contre 37% en 2022. Il s’est également déclaré préoccupé par la sécurité du personnel humanitaire dans le monde, alors que 132 membres de l’UNRWA ont perdu la vie à Gaza. Il a jugé impératif que les intervenants humanitaires puissent exercer leur mission en toute sécurité et sans entrave, précisant que son pays soutient le projet de résolution qui prévoit de renforcer le cadre de protection de ce personnel.
Le représentant a ensuite noté que le nombre croissant de catastrophes exerce une pression sur la capacité du système de réponse des Nations Unies et entrave la réalisation du Programme 2030. Alors que les retombées de la pandémie de COVID-19 continuent d’affecter la stabilité économique et les marchés, en particulier des pays en développement, les effets des changements climatiques constituent une menace existentielle pour des centaines de millions de personnes, a-t-il relevé, appelant à mettre en œuvre d’urgence les engagements pris, et à investir dans une approche anticipative et dans la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe. Enfin, après s’être félicité de l’efficacité des efforts de secours et de reconstruction menés par son pays à la suite du séisme de septembre dernier, il s’est alarmé de la recrudescence des actions militaires au Moyen-Orient et de l’aggravation de la situation humanitaire à Gaza. Dénonçant les violations du droit international humanitaire par Israël, il a appelé à la fin des hostilités pour aboutir à un cessez-le-feu durable, garantir la protection des civils, assurer l’acheminement de l’aide et projeter une perspective politique de nature à relancer la solution des deux États.
M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a évoqué des déplacements forcés par millions dans le cadre de catastrophes humanitaires et d’origine humaine. En 2022, a-t-il rappelé, le nombre de personnes ayant besoin d’aide est passé de 274 à 348 millions. Face à la surcharge du système humanitaire, il a salué les recommandations du Secrétaire général portant sur une mobilisation du Fonds central pour les interventions d'urgence (CERF), le déploiement de systèmes d’alerte précoces pour tous et des partenariats inclusifs entre acteurs locaux.
Il a dénoncé la tentative de coup d’État de l’armée dans son pays, estimant qu’elle a conduit au déplacement de 2 millions de personnes et soumet 15 millions d’autres à une situation d’insécurité alimentaire. Le plan de réponse humanitaire de 887 millions de dollars reste gravement sous-financé, s’est-il ému, avant d’exhorter les États Membres et donateurs à poursuivre leurs contributions.
Le délégué a ensuite exhorté l’armée de son pays à lever les barrières administratives qui entravent l’acheminement de l’assistance. Accusant les militaires d’instrumentaliser l’aide à des fins politiques, il a insisté sur l’importance d’un accès impartial. Enfin, il a souligné l’importance de protéger le personnel humanitaire, lequel ferait l’objet d’arrestations ou de meurtres par l’armée, pour lui permettre de fournir ses prestations. Dans ce cadre, il a estimé que la meilleure approche réside dans l’utilisation de réseaux communautaires et de canaux transfrontaliers par des acteurs locaux.
M. FAHAD MOHAMMAD F M F ALAJMI (Koweït) a détaillé l’aide humanitaire apportée par son pays. Bien que le Koweït soit un petit pays, il a pu acheminer de l’aide à tous ceux et celles qui en avaient besoin dans le monde, a déclaré le délégué. Il a aussi fait le point sur l’assistance technique apportée par son pays, ainsi que sur les emprunts qu’il octroie. Nous sommes des donateurs de premier plan, s’est-il enorgueilli. Il a accusé les forces israéliennes d’empêcher l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, en violation du droit. Il a rappelé que le Secrétaire général a eu recours à l’Article 99 de la Charte et demandé que l’ONU mette un terme aux crimes commis par Israël contre les Palestiniens. La paix passe par la fin de l’occupation israélienne, a affirmé le délégué.
Mme SAHAR J.O. ABUSHAWESH, observatrice de l’État de Palestine, a d’abord regretté que le Conseil de sécurité n’ait pu adopter une résolution demandant un cessez-le-feu à Gaza en raison d’un recours au veto. Le peuple palestinien traverse aujourd’hui l’un des chapitres les plus sombres de son histoire, bien qu’il s’agisse de la question la plus ancienne à l’ordre du jour de l’ONU. Considérant les horreurs insondables et l’étendue des souffrances humaines auxquelles son peuple est confronté dans la bande de Gaza, le Secrétaire général a invoqué l’Article 99 de la Charte des Nations Unies, a-t-elle noté. La Nakba se poursuit chaque jour depuis 1948, alors qu’au cours des deux derniers mois, près de 2 millions de Palestiniens ont été déplacés de force, plus de 17 000 personnes tuées, dont une majorité des femmes et des enfants, et plus de 45 000 blessées. « Il ne s’agit pas seulement de chiffres, mais de personnes portant des noms, des familles, des histoires, des rêves », a-t-elle ajouté. De fait, la Palestine reste la crise de réfugiés la plus prolongée de l’histoire moderne, et les Palestiniens sont aujourd’hui confrontés au plus grand déplacement forcé depuis la Nakba, sous les yeux du monde.
Poursuivant, la déléguée a déclaré qu’il est impensable qu’au XXIe siècle, des écoles et des hôpitaux soient bombardés et que le personnel humanitaire de l’ONU, des médecins et des journalistes soient pris pour cible sous le couvert de la légitime défense, en violation de toute règle de droit. Qui plus est, le développement et l’autodétermination ne peuvent coexister avec l’occupation, la colonisation, l’apartheid et le génocide. Bien qu’il lutte pour sa survie à Gaza et dans le reste de la Palestine occupée, y compris à Jérusalem-Est, le peuple palestinien demeure résilient dans la poursuite de ses droits, a-t-elle assuré.
Mme KALLIE AULTMAN, de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a constaté une aggravation des crises, qu’elles soient liées à des catastrophes naturelles ou à des conflits armés. Elle a dénoncé l’inaction collective et son prix inacceptable pour des personnes et des communautés du monde entier. Rappelant que le réseau de la FICR compte 16,5 millions de bénévoles, elle a salué leurs actions malgré un sous-financement chronique. L’escalade des tensions et la politisation de l’aide remettent en question le respect du droit international humanitaire, s’est-elle alarmée, rendant hommage aux nombreux travailleurs et volontaires morts cette année en accomplissant leur mission, y compris au sein de son organisation.
Déplorant le manque de préparation de nombreux gouvernements face aux catastrophes, la représentante a assuré que la FICR est prête à soutenir des programmes visant à mieux les anticiper. Son organisation travaille depuis plus de 20 ans avec les États pour améliorer la gestion des risques liés aux catastrophes, a-t-elle rappelé. À ce titre, elle a réitéré l’appui de la FICR à l’élaboration d’un traité issu des articles de la Commission du droit international sur la protection des personnes en cas de catastrophe. Un tel traité clarifierait ce que les gouvernements peuvent attendre de leurs homologues et des organisations humanitaires, a-t-elle estimé, ajoutant qu’il permettrait également d’identifier les mesures de facilitation des aides.
Après avoir évoqué la plateforme mondiale de la FICR sur la résilience climatique, la représentante a préconisé le déploiement de systèmes d’alerte précoce. Sur la base des données du Centre mondial pour l’adaptation, elle a affirmé que ce type de mesure permettrait de réduire d’un tiers le nombre de victimes et les dégâts matériels. Elle a fait observer que son organisation participe notamment à l’initiative d’alerte précoce pour tous du Secrétaire général. Enfin, elle a indiqué que la FICR travaille avec le Fonds d’urgence pour les secours lors de catastrophes (DREF) en vue de créer un mécanisme d’assurance supplémentaire qui permette de fournir des financements d’urgence avant et pendant les catastrophes.
Mme LAETITIA COURTOIS, Comité international de la Croix-Rouge, a déclaré que le respect du DIH n’est pas optionnel et souligné la nécessité qu’il devienne une réalité opérationnelle. Le DIH doit être respecté en toutes circonstances, même lorsqu’il est violé par l’adversaire, a-t-elle insisté. Elle a dénoncé la rhétorique visant à déshumaniser les populations civiles, ainsi que les campagnes de désinformation menées contre les acteurs humanitaires. Elle a souligné que les États Membres jouent un rôle critique dans la préservation de l’espace humanitaire, avant d’appeler à mieux comprendre les limites de l’action humanitaire. Celle-ci est vitale mais elle ne saurait être la seule réponse, a-t-elle estimé. Elle a donc encouragé les acteurs politiques à s’engager dans une voie conduisant au développement et à une vie digne pour leurs peuples. Le temps est venu de redoubler nos efforts diplomatiques en vue de mettre nos valeurs humanitaires communes au centre de la coopération internationale, a conclu la déléguée.
Décision sur les projets d’amendement L.18 et L.19
Explications de vote
Avant le vote, l’Espagne, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne (UE), a rejeté les propositions d’amendement de la Fédération de Russie qui concernent « une résolution humanitaire adoptée traditionnellement par consensus ». Affirmant avoir mené le processus de négociation de façon juste et transparente, la délégation a assuré que chaque État Membre a pu défendre sa position face à l’ensemble de ses homologues de l’ONU. S’agissant de l’alinéa du préambule et du paragraphe du dispositif dont la Fédération de Russie demande la suppression, elle a rappelé qu’un large accord s’est fait jour entre les États Membres pour revenir aux libellés préalablement approuvés, comme le veut la pratique établie dans les résolutions humanitaires. En cas de désaccord, la protection du personnel humanitaire des Nations Unies constitue une obligation au regard du droit international humanitaire, a-t-elle fait valoir. Notant que les propositions d’amendement demandent que soient supprimées les seules références aux crimes de guerre et à la Cour pénale internationale (CPI), la délégation a estimé que cela supposerait un retour en arrière alors qu’il s’agit de garantir la reddition de comptes face aux violations du droit international humanitaire et d’exiger des responsabilités pour les auteurs de crimes de guerre. Les 27 États membres de l’UE voteront contre ces amendements, a-t-elle conclu.
La Suisse, qui s’exprimait aussi au nom de la Norvège, a souligné l’importance de traduire en justice les responsables des violations graves du droit international humanitaire et de lutter contre l’impunité. À cet égard, elle a exhorté tous les États qui ne l’ont pas encore fait à devenir parties au Statut de Rome. Elle a ensuite rappelé que la résolution visée par des propositions d’amendement est adoptée par consensus depuis des années. Elle a encouragé les États Membres à voter contre les amendements proposés par la Fédération de Russie.
Le Canada a expliqué son opposition aux propositions d’amendement visant à supprimer le paragraphe 8 du dispositif et l’alinéa 33 du préambule. L’alinéa 33 renforce le rôle de la Cour pénale internationale (CPI) en garantissant la reddition de compte, tandis que le paragraphe 8 appelle les pays à devenir parties au Statut de Rome de la CPI, a rappelé la délégation. À ce titre, celui-ci constitue un outil pour la communauté internationale en cas d’attaques de travailleurs humanitaires, a-t-elle affirmé. Elle a donc exhorté les États Membres à rejeter ce qu’elle a qualifié de « tentative de saper le rôle de la CPI ».
La proposition d’amendement L.18 a été rejetée par 7 voix en faveur (Bélarus, Chine, Cuba, Fédération de Russie, Nicaragua, République populaire démocratique de Corée, Syrie), 88 contre et 30 abstentions.
La proposition d’amendement L.19 a été rejetée par 8 voix en faveur (Bélarus, Chine, Cuba, Fédération de Russie, Nicaragua, République populaire démocratique de Corée, Sri Lanka et Syrie), 84 contre et 32 abstentions.
Décision sur les projets de résolution L.17, L.20, L.21 et L.22
Ces quatre textes ont été adoptés par consensus:
- Sûreté et sécurité du personnel humanitaire et protection du personnel des Nations Unies A/78/L.17
- Renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies A/78/L.20
- Coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles: de la phase des secours à celle de l’aide au développement A/78/L.21
- Assistance au peuple palestinien A/78/L.22
Explications de position
Après l’adoption de ces textes, le Qatar, parlant au nom du Conseil de coopération du Golfe, a salué l’adoption de la résolution L.22, avant d’indiquer que la référence à la santé sexuelle et reproductive doit s’apprécier à l’aune des valeurs culturelles des pays.
Cuba a rappelé que l’aide humanitaire ne doit pas être imposée. La délégation a par ailleurs rejeté les références faites par la résolution L.17 au Statut de Rome, auquel Cuba n’est pas partie. Enfin, qualifiant la situation humanitaire à Gaza de « catastrophique », elle a déploré le « châtiment collectif » infligé aux Palestiniens.
Le Nicaragua s’est lui aussi dissocié de la référence à la CPI dans le texte de la résolution L.17. Il a affirmé croire en une justice pénale internationale « impartiale, non sélective et dénuée de toute politisation ».
La Fédération de Russie a rappelé avoir toujours soutenu une approche consensuelle pour l’adoption des résolutions humanitaires de l’Assemblée générale, assurant que cette année ne fera pas exception. Elle a néanmoins réitéré qu’elle ne souscrit pas aux paragraphes visés par les projets d’amendement qu’elle a présentés.
L’Iraq a exprimé son désaccord avec certains termes figurant dans la résolution L.17, qui sont selon lui contraires aux lois du pays. De plus, a-t-il regretté, ce texte ne parle ni des souffrances indicibles des populations vulnérables, ni de la fermeture des voies de passage, ni de l’interdiction de l’acheminement de l’aide humanitaire. Dénonçant la guerre contre Gaza, la délégation a estimé que la Puissance occupante agit contrairement aux droits humanitaires. Elle s’est également dissociée de toutes les références à la CPI.
La Hongrie a rappelé qu’elle n’a pas entériné le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, et ne participe donc pas à sa mise en œuvre. Elle ne peut, par conséquent, accepter la référence faite au Pacte dans la résolution L.21 et se dissocie de l’alinéa 13 du préambule du texte.
Le Bélarus a expliqué avoir rejoint le consensus autour de la résolution L.17 en raison de l’importance qu’il attache à la question de la protection des travailleurs humanitaires. Cependant, n’étant pas lié à la CPI, il a souhaité se distancier publiquement de l’alinéa 33 du préambule.
La Bolivie a indiqué s’être jointe au consensus sur la résolution L.22, tout en regrettant que ce texte n’évoque pas la situation dramatique de la Palestine. Accusant Israël de « tuer » des civils et des travailleurs humanitaires à Gaza, elle a appelé les États Membres à « faire cesser ce massacre ».