Soixante-dix-huitième session,
Forum politique de haut niveau, matin & après-midi
AG/12529

Sommet 2023: le forum politique de haut niveau pour le développement durable adopte une déclaration politique afin d’accélérer la réalisation du Programme 2030

Les dirigeants mondiaux réunis à l’occasion du forum politique de haut niveau pour le développement durable organisé sous les auspices de l’Assemblée générale ont adopté, ce matin, une Déclaration politique destinée à accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, « point de repère cardinal pour parvenir au développement durable et surmonter les multiples crises que nous traversons ».

Parvenus à mi-parcours de l’échéance de ce programme, les chefs d’État et de gouvernement ainsi que les hauts représentants des États Membres ont constaté avec une vive inquiétude que la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) est en péril.  Les progrès réalisés pour la plupart des objectifs sont « soit beaucoup trop lents, soit en régression par rapport à la situation de départ en 2015 », affirment-ils dans la Déclaration politique, à peine 15% des cibles étant en voie d’être atteintes.  Ils déclarent également que l’élimination de la pauvreté constitue le plus grand défi auquel est confrontée l’humanité et une condition indispensable au développement durable.

Dans un « appel à l’action » destiné à renverser cette tendance, les leaders mondiaux réaffirment leur détermination à revitaliser le Partenariat mondial pour le développement durable en prenant des mesures ciblées pour éliminer la pauvreté tout en accélérant les initiatives visant à éradiquer l’insécurité alimentaire. Ils appellent également à une refonte de l’architecture financière internationale, en améliorant les mécanismes d’allégement de la dette et en réorientant les droits de tirage spéciaux vers les pays qui en ont le plus besoin. 

En dépit de ces engagements, quelque 1,2 milliard de personnes continuent de vivre dans une pauvreté multidimensionnelle, a déploré le Président de l’Assemblée générale, tandis que 680 millions souffriront de la faim en 2030.  Si les 17 ODD constituent une « feuille de route pour l’humanité », selon les mots de M. Dennis Francis, il est crucial de faire le bilan des progrès réalisés et d’évaluer les défis qui subsistent.  « Soyons clairs », a‑t‑il insisté, les effets de la pandémie, des changements climatiques et de la guerre en Ukraine nous ont confrontés à des crises multiples, complexes et interconnectées. 

Face à un tel constat, le Secrétaire général a jugé que les ODD nécessitent un « plan de sauvetage mondial ».  Il s’est dit « profondément encouragé » par l’engagement à améliorer l’accès des pays en développement « au carburant nécessaire à la réalisation des ODD: le financement ».  Il s’est en outre félicité de l’appui des États Membres à un plan de relance des ODD d’au moins 500 milliards de dollars par an, assorti d’un mécanisme d’allègement de la dette, ainsi qu’à la réforme d’une architecture financière internationale « dépassée, dysfonctionnelle et injuste ». 

Cette question a interpellé nombre de délégations lors du débat général qui a suivi l’adoption de la Déclaration politique, à commencer par le Président cubain  qui a lancé, au nom du Groupe des 77 et la Chine, un appel urgent en faveur d’une réforme complète des structures financières afin de corriger les « injustices historiques » à la base du système financier international. 

Pour le Président de la Dominique, qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), les pays en développement doivent être soutenus par des prêts à long terme à faibles taux d’intérêt et par un allégement de la dette.  Or, selon la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Paula Narváez, le système financier international est incapable de s’adapter aux crises de plus en plus graves et nombreuses, en particulier s’agissant des pays déjà surendettés.

Confrontés à un ensemble unique de vulnérabilités qui entravent leur développement, les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA) ont mis en relief le besoin urgent de solutions adaptées.  Le Président des Palaos a ainsi fait valoir, au nom des PEID du Pacifique, que l’adoption d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle reposant sur des critères autres que le seul revenu tombe à point nommé.  Il est tout aussi nécessaire à ses yeux d’établir de véritables partenariats afin de fournir un soutien financier et technique approprié aux PEID, touchés au premier chef par les changements climatiques. 

La Présidente de la Commission européenne s’est inquiétée des répercussions de la « cascade de crises » sur notre planète « en ébullition ».  Bien que l’Europe ait porté son aide au développement à 93 milliards d’euros, soit une augmentation de 30% par rapport à l’année précédente, comptant pour plus de 40% de l’aide mondiale, le financement public à lui seul ne suffit pas, a‑t‑elle constaté.  En conséquence, elle a annoncé que l’Union européenne investira 300 milliards d’euros dans les économies émergentes au cours des cinq prochaines années, par le biais de son plan d’investissement « Global Gateway », en plus de fournir un appui à la mise en place de marchés d’obligations vertes.

Les ODD ont profondément transformé la compréhension du développement, a noté la Ministre française des affaires étrangères, en nous forçant à aborder de front la lutte contre la pauvreté, les changements climatiques et la perte de la biodiversité. « Aucun pays ne doit avoir à choisir entre les trois. » 

Les délégations ont ensuite poursuivi leurs échanges lors des quatre « dialogues de dirigeants » de cette première journée du « Sommet sur les ODD », consacrés aux actions susceptibles d’accélérer les progrès des ODD, à la résilience, à l’apport de la science et de l’innovation technologique, ainsi qu’au renforcement des institutions publiques.

« L’heure est venue de nous réengager en faveur des ODD et du Programme 2030 », a lancé le Président de l’Assemblée générale, en espérant que l’adoption d’une déclaration politique forte marque le début d’une « phase de progrès accélérée » en vue de leur réalisation d’ici à 2030. 

La deuxième partie de ce sommet se tiendra demain après-midi, mardi 19 septembre, à partir de 15 heures.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE 

Déclarations d’ouverture

M. DENNIS FRANCIS, Président de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale, a déclaré que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 constitue un appel mondial à l’action afin de bannir la pauvreté, de préserver notre planète et d’assurer la prospérité de tous.  De même, les 17 objectifs de développement durable (ODD) sont à son avis une lueur d’espoir et une « feuille de route pour l’humanité », permettant de mener une action commune en vue d’un monde plus juste et plus équitable. Parvenus à mi-parcours de leur réalisation, le Président a jugé crucial de faire le bilan des progrès réalisés et d’évaluer les défis qui subsistent.  Il s’agit à ses yeux d’une évaluation nécessaire pour faire en sorte que les Nations Unies poursuivent leur entreprise audacieuse afin que personne ne soit laissé pour compte. 

« Soyons clairs », a repris le Président: les effets de la pandémie, les changements climatiques et la guerre en Ukraine nous ont confrontés à des crises complexes et interconnectées, les pays les moins avancés (PMA), les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays en développement sans littoral (PDSL) au premier chef.  En dépit des engagements pris pour éliminer la pauvreté et lutter contre la faim, quelque 1,2 milliard de personnes continuent de vivre dans une pauvreté multidimensionnelle, a-t-il déploré, tandis que 680 millions continueront de souffrir de la faim en 2030.  Malgré des reculs, notre détermination à redoubler d’efforts pour secourir les ODD doit demeurer infatigable, a martelé le Président. 

« L’heure est venue de nous réengager en faveur des ODD et du Programme 2030. »  M. Francis a cité à cet égard le rapport sur l’avancement des ODD 2023 qui propose des mesures claires pour promouvoir la protection sociale, renforcer la gouvernance et la mise en place d’une économie verte, tout en luttant contre les écarts numériques et en améliorant l’accès à la santé et l’éducation, dans le respect des droits humains.  Ce faisant, nous pourrions sortir 134 millions de personnes supplémentaires de la pauvreté et de la malnutrition.  Il a exhorté les États Membres à réaliser cet « investissement stratégique dans les ODD » en mobilisant les ressources nationales de manière efficace, en respectant les engagements au titre de l’aide publique au développement (APD) et en réformant l’architecture financière internationale afin d’assurer un financement pérenne pour l’ensemble des pays du Sud. 

Pendant que le monde a les yeux rivés sur nous, une confiance renouvelée dans l’ONU de la part de ceux qui en dépendent contribuerait à rétablir sa crédibilité, a recommandé le Président en espérant que l’adoption d’une déclaration politique forte marque le début d’une « phase de progrès accélérée » pour la réalisation des ODD d’ici à 2030. 

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, s’est remémoré la « promesse solennelle envers les gens » de financer les ODD faite, il y a huit ans, par les États Membres.  Les ODD « portent les espoirs, les rêves, les droits et les attentes de personnes du monde entier », a-t-il déclaré, rappelant que ces objectifs s’alignent parfaitement avec les obligations de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il a néanmoins regretté que seuls 15% des ODD progressent, alors que beaucoup d’autres sont en recul, mettant ainsi en péril l’existence même de ces objectifs. 

C’est pourquoi « un plan de sauvetage mondial » est aujourd’hui nécessaire, a-t-il insisté.  Le Secrétaire général s’est réjoui du projet de déclaration politique, discuté aujourd’hui, visant à augmenter l’accès des pays en développement au financement nécessaire à la réalisation des ODD.  Ce but inclut un plan de relance d’au moins 500 milliards de dollars par an, un mécanisme d’allègement de la dette, une recapitalisation du modèle économique des banques multilatérales de développement, ainsi qu’une réforme de l’architecture financière internationale qui est aujourd’hui « dépassée, dysfonctionnelle et injuste ».

Le Secrétaire général a appelé les États Membres à agir dès maintenant au travers des initiatives entamées en soutien aux six domaines les plus urgents.  Il faut, tout d’abord, agir contre la faim dans le monde en transformant les systèmes alimentaires.  Ensuite, il faut accélérer la transition énergétique et investir dans la décarbonisation grâce à des partenariats public-privé.  Il a poursuivi sur l’importance de réduire la fracture numérique en renforçant les capacités technologiques dans les communautés où l’accès à Internet reste difficile.  Par ailleurs, il a souligné l’importance d’une éducation de qualité tout au long de la vie et de la transformation numérique des systèmes éducatifs.  Se félicitant des partenariats public-privé qui ont permis l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale et des transitions justes, il a également évoqué le droit à un travail décent et à une protection sociale pour tous.  Soulignant l’importance d’assurer l’égalité entre les hommes et les femmes et d’éliminer la discrimination genrée, le Secrétaire général a enfin relevé la nécessité de mettre fin aux crises environnementales, notamment en replaçant la nature au cœur de toute décision.

En conclusion, le Secrétaire général a attiré l’attention des États Membres sur le besoin d’agir d’urgence et de concert afin de prouver aux communautés du monde entier qu’il est encore possible de réaliser les ODD et de tenir la promesse faite « envers les milliards de personnes dont les espoirs, les rêves et l’avenir sont entre vos mains ». 

Mme PAULA NARVÁEZ, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a regretté les retards dans la mise en œuvre du Programme 2030, constatant qu’à mi-chemin, non seulement les progrès vers les ODD avaient stagné, mais même, dans de nombreux cas, régressé.  Elle a critiqué l’architecture financière internationale, incapable de s’adapter aux crises de plus en plus graves et nombreuses, en particulier pour les pays déjà surendettés.  La Présidente a également évoqué la fracture numérique croissante et le creusement des inégalités qu’elle induit, en particulier les inégalités de genre.  « Les femmes et les filles doivent avoir un accès égal à une éducation de qualité, aux ressources économiques et à la participation politique, ainsi que des chances égales en matière d’emploi, de leadership et de prise de décision à tous les niveaux », a insisté Mme Narváez.

La Présidente a plaidé pour un engagement renouvelé en faveur du Programme 2030 et des ODD, engagement dont témoigne selon elle la Déclaration politique. Elle a ajouté que le Dialogue de haut niveau sur le financement du développement et le Sommet sur l’ambition climatique offraient des opportunités pour des avancées significatives.  « Cette semaine devrait marquer un tournant pour sauver les ODD.  Nous ne pouvons pas laisser passer cette occasion », a-t-elle affirmé, assurant que l’ECOSOC était prêt à soutenir les efforts nationaux, à offrir des directives politiques transformatrices et à renforcer son rôle en tant que plateforme pour la prise de responsabilité.  En conclusion, la Présidente a appelé à un engagement total, à un dialogue constructif et à une élévation des ambitions de tous les acteurs, y compris la société civile, tout en plaidant pour le multilatéralisme.

Conversation informelle sur la mise en œuvre des ODD à mi-parcours

« Si la réalisation des ODD était dans un match de foot ou de cricket et que nous étions à la mi-temps, nous serions tous déprimés tant il y a du retard, mais il reste une deuxième mi-temps pour agir », a déclaré la modératrice de ce dialogue, Mme GILLIAN TETT, du Financial Times, campant les enjeux de cette causerie.

Brillant par sa franchise, Mme MIA AMOR MOTTLEY, Première Ministre de la Barbade, Vice-Présidente du Groupe des défenseurs des ODD, a rappelé les besoins d’argent des pays pour investir sur le long terme dans des secteurs tels que la santé et l’éducation.  Les banques de développement doivent s’adapter, a-t-elle prié en soulignant que la réalisation des ODD exige un changement de mentalités.  « Si des personnes ont faim dans le monde, c’est parce que nous avons choisi de ne pas partager. » Elle s’est néanmoins dite optimiste, notamment dans le leadership de M. Ajay Banga, avant d’appeler à la création d’un mécanisme de financement pour les biens publics mondiaux.

De son côté, M. AJAY BANGA, Président du Groupe de la Banque mondiale, a appelé à éradiquer la pauvreté tout en garantissant la viabilité de la planète. Il faut relever les défis de la santé et de l’éducation, concomitamment à celui de l’environnement, a-t-il dit.  Si toutes les banques de développement se mobilisaient, de 100 à 200 milliards de dollars pourraient être réunis, même si ce n’est pas assez, a-t-il imaginé.  Il a proposé des financements mixtes, à taux préférentiel, avant de souligner la gravité du défi de la dette.  Il est impératif d’avancer sur le problème de la dette, a-t-il déclaré, en y voyant une question d’équité.

Enfin, Mme CAROLINA COSSE, maire de Montevideo, Uruguay, a souligné la nécessité d’un changement culturel en vue de combattre les conséquences des changements climatiques.  Elle a prôné une plus grande participation des citoyens en vue d’instaurer un tel changement culturel, en espérant qu’il soit rapide.  « Il est question de notre planète. »  Enfin, elle a invité à prendre soin des populations comme le ferait une mère avec ses enfants.

Débat plénier

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. MIGUEL DÍAZ-CANEL BERMÚDEZ, Président de Cuba, a alerté sur le fait que même avant la pandémie, le monde avait quitté la voie devant le mener à la réalisation des ODD.  Ainsi, en 2030, à peine un tiers des pays seront en mesure de réduire de moitié leur niveau de pauvreté, tandis que 730 millions de personnes sont confrontées à des famines chroniques, un chiffre supérieur à celui de 2015.  Dans ce contexte, le Groupe des 77 et la Chine a souhaité que la Déclaration politique adoptée ce jour puisse donner l’impulsion nécessaire pour accélérer la mise en œuvre du Programme 2030.

M. Díaz-Canel a lancé un appel urgent en faveur de la réforme de l’architecture financière internationale afin de corriger les injustices historiques à la base du système financier international.  Le Président de Cuba a défendu le rôle de l’Assemblée générale dans les discussions sur la gouvernance mondiale afin que les voix de toutes les nations soient entendues.  Cet appel vise également à revoir les modalités de gestion de la dette souveraine, avec la participation des pays du Sud.  Le coût élevé des prêts entrave la capacité des pays en développement d’investir dans le développement durable, a-t-il en effet noté, faisant remarquer que cinq pays du Sud consacrent plus de 20% de leurs revenus au remboursement de la dette. 

Le Président cubain a exhorté la communauté internationale à donner suite à l’appel du Secrétaire général visant à relancer la mise en œuvre des ODD en faveur des pays en développement.  Il a en outre appelé les pays développés à honorer leurs engagements au titre de l’aide publique au développement.  S’agissant des changements climatiques, M. Díaz-Canel a plaidé en faveur d’objectifs ambitieux dans les domaines de l’atténuation et de l’adaptation, avec l’appui des pays développés.  En outre, l’unilatéralisme et le protectionnisme, y compris les mesures coercitives unilatérales, sont selon lui incompatibles avec les principes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et doivent être supprimés. 

Le Président de l’Union des Comores, M. AZALI ASSOUMANI, qui s’exprimait au nom de l’Union africaine (UA), a vu ce sommet à mi-parcours du Programme 2030 comme une nécessité, alors qu’au niveau mondial, seules 15% des cibles fixées pour réaliser les ODD ont été réalisées à ce stade.  Il s’est joint à la démarche du Secrétaire général visant à encourager les États à prendre des engagements nationaux et mondiaux forts en faveur de la transformation et de l’accélération de la mise en œuvre des ODD, en notant que la réussite du Programme 2030 dépend largement de la mobilisation des ressources nécessaires.  Dans cette optique, il a appelé les pays à renforcer leurs capacités nationales et, s’agissant des pays du Sud, à renforcer la coopération Sud-Sud, notamment par l’accélération de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine.

Le Président comorien a dit vouloir porter à l’échelle panafricaine un label « Positif Africa » qui viserait à reconnaitre les acteurs économiques africains et internationaux responsables ayant un impact positif en Afrique, dans la droite ligne du Programme 2030 et de l’Agenda 2063 de l'Union africaine.  Au moment où l’Afrique est en pleine croissance économique, il a insisté sur la nécessité de promouvoir des modèles qui vont au-delà de la simple recherche de profits et qui intègrent également des considérations sociales et environnementales.  L’accélération de la mise en œuvre des ODD est devenu un défi universel, a-t-il conclu, car il en va de notre développement commun et de notre bien-être collectif.

M. CHARLES ANGELO SAVARIN, Président du Commonwealth de la Dominique, s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a réaffirmé sa conviction, maintes fois clarifiée au sein des Nations Unies, qu’un plus grand engagement, une solidarité accrue et une action transformatrice sont nécessaires pour atteindre les ODD dans un délai réaliste.  Il a estimé que ce sommet offrait une opportunité unique pour ajuster la trajectoire des États Membres vers la réalisation de ces objectifs, soulignant que les crises récentes les en avaient éloignés, et qu’un leadership multilatéral renforcé était plus que jamais nécessaire. 

Appelant à une réforme urgente de l’architecture financière internationale, le Président a demandé à mieux soutenir les pays en développement par des prêts à long terme assortis de taux d’intérêt plus bas, par un allégement de la dette actuelle et par la création d’un mécanisme robuste de résolution de la dette souveraine.  Il a également soutenu les initiatives de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle concernant les petits États insulaires en développement et l’Initiative de Bridgetown.  Selon lui, l’égalité des genres, l’émancipation des femmes, la réduction de la pauvreté et la sécurité alimentaire et énergétique doivent être prioritaires.  Malgré ces défis, a-t-il conclu, « nous avons accès à une richesse de connaissances et de ressources pour répondre aux exigences de l’époque ».

Au nom du Groupe des pays en développement sans littoral (PDSL), M. MOKGWEETSI ERIC KEABETSWE MASISI (Botswana) a souligné les défis « colossaux » auxquels font face les 32 pays du groupe sur la voie de la réalisation des ODD.  Il a insisté sur les conséquences persistantes de la pandémie, des changements climatiques et d’autres problèmes connexes, qui continuent de faire dérailler les gains « obtenus de haute lutte » par les PDSL.  Vulnérabilités géographiques et structurelles, chocs externes et faible résilience empêchent ces pays de tirer parti de leurs efforts, a-t-il analysé.  Il s’est réjoui de certains progrès, bien qu’ils resteraient « mitigés », selon lui. Par exemple, le Botswana et la Zambie ont construit un pont avec un poste-frontière unique pour réduire le temps du transport des biens par camion, mais « le domaine du commerce international reste marginal et peu diversifié », a-t-il reconnu.  Il a partagé son espoir qu’une nouvelle feuille de route émerge de la prochaine conférence des PDSL, afin d’assurer la réalisation des ODD.  Enfin, face à l’impact négatif de la crise de la dette, il a imploré les partenaires de développement des PDSL —agences des Nations Unies, secteur privé ou institutions financières— à trouver des solutions adaptées aux besoins spécifiques de ces pays.

Au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique (PEID), M. SURANGEL S. WHIPPS JR., Président des Palaos, a fait valoir que notre existence dépend de notre capacité à nous unir en tant que communauté mondiale, en renforçant le multilatéralisme.  La réalisation des ODD devra donc être au centre de nos efforts collectifs au cours des sept prochaines années.  Bien que la pandémie et les changements climatiques aient porté un dur coup aux acquis en matière de développement, l’engagement des PEID du Pacifique en faveur du développement durable et de la résilience reste inébranlable, a assuré le Président.  Toutefois, a-t-il mis en garde, l’accès au financement entrave la capacité de ceux-ci à mettre en œuvre leurs priorités de développement, y compris les Orientations de Samoa.  À cet égard, il a exprimé son appui à la réforme des institutions financières internationales. 

Poursuivant, M. Whipps a relevé que les PEID sont confrontés à un ensemble unique de vulnérabilités qui entravent leur capacité à parvenir à un développement durable.  « Le choc économique soudain de la pandémie a mis en évidence la fragilité de nos économies et le besoin urgent de solutions adaptées pour faire face à notre situation unique. »  L’adoption d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle permettant d’inclure plus que de simples critères basés sur le revenu pour évaluer l’éligibilité au financement concessionnel arrive selon lui à point nommé.  Il est tout aussi nécessaire d’établir de véritables partenariats et une véritable coopération afin de fournir un soutien financier et technique aux PEID, a-t-il plaidé.  Le Président a fait sien l’appel à l’élaboration d’un cadre de suivi des Orientations de Samoa compatible avec le Programme 2030 et d’autres accords intergouvernementaux, notamment le Cadre de Sendai et l’Accord de Paris sur le climat. 

Le Président de la Sierra Leone, M. JULIUS MAADA BIO, s’exprimait au nom des membres du g7+, un groupe composé de pays touchés par des conflits ou qui s’en relèvent.  Depuis le début de la mise en œuvre du Programme 2030, a-t-il noté, les États fragiles et touchés par des conflits sont ceux qui accusent le plus de retard dans la réalisation des ODD.  C’est pourquoi il a insisté sur l’importance de la promotion de la paix et de la stabilité qui doit être au cœur de la mise en œuvre de ces objectifs parce que la violence et l’insécurité sapent les progrès en matière de développement.  Il a donc recommandé, dans la mise en œuvre du programme de développement, de soutenir les efforts de paix tout en s’attaquant aux causes profondes des conflits et en luttant contre les inégalités et l’exclusion économiques et sociales, en particulier dans les pays confrontés à des niveaux élevés de menace et de fragilité qui requièrent une attention accrue.  Il a insisté également sur la résilience, qui devrait être l’un des principes directeurs de la réalisation des ODD pour que les progrès ne soient pas déréglés ou inversés en période d’adversité. 

C’est la raison pour laquelle le g7+ continuera de plaider en faveur du financement de la dette, de l’allègement de la dette et du transfert de technologie pour les PMA et les pays touchés par un conflit, a indiqué le Président sierra-léonais en expliquant que cela permettrait de libérer les ressources nécessaires pour permettre à ces pays de réaliser le Programme 2030.  Il a également appelé les partenaires du développement à soutenir les plateformes nationales dirigées par les gouvernements des pays du g7+, dans un renforcement de la coopération au développement, en tenant compte des réalités politiques, sociales et économiques complexes.  Tout en reconnaissant que ce type d’appui a eu lieu au cours des cinq dernières années, il a jugé impératif de sensibiliser les gouvernements et leurs partenaires à des mécanismes de collaboration qui soient souples et tiennent compte des risques pour les adapter aux réalités locales. 

M. PETR PAVEL, Président de la République tchèque, s’exprimant d’abord au nom des 46 États membres affiliés aux Pionniers pour des sociétés pacifiques, justes et inclusives, a reconnu que malgré les défis croissants et les crises interconnectées, le Programme 2030 restait « le meilleur plan » pour un monde meilleur.  Le Président a mis en avant les travaux du groupe des Pionniers, notamment le lancement en 2024 du rapport phare de leur groupe de travail sur la réduction de la violence mondiale.  Il a aussi présenté la Coalition d’action pour la justice, une initiative multipartite visant à promouvoir une justice centrée sur la population.  Le Président Pavel a toutefois souligné l’augmentation alarmante des inégalités depuis l’adoption des ODD et a appelé à des solutions fondées sur des preuves dans des domaines comme la protection sociale et la fiscalité. « Nous ne pouvons échouer dans cet effort », a-t-il conclu, soulignant que la confiance dans les institutions nationales et le multilatéralisme en dépendent. 

En sa capacité de Président de la République tchèque, M. Petr Pavel a insisté sur « les actions odieuses de la Russie » en Ukraine, qui ont selon lui un impact direct sur la mise en œuvre des ODD.  Il a réaffirmé l’engagement de son pays à accélérer les efforts pour atteindre les ODD d’ici à 2030 et a promis une contribution de 4 millions de dollars au Fonds vert pour le climat de 2024 à 2027, ainsi que l’établissement d’une plateforme nationale de données ouvertes pour le suivi des indicateurs des ODD.

Au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), M. JOÃO MANUEL GONÇALVES LOURENÇO (Angola) a appelé à un véritable tournant pour une approche plus dynamique et engagée du développement durable.  En Afrique australe, la capacité à promouvoir le développement durable s’est heurtée aux contraintes de la pandémie, des changements climatiques et d’autres problèmes, a-t-il souligné.  « Nos progrès auraient pu être plus importants » sans des crises mondiales ou régionales, a-t-il déploré.  Selon lui, les difficultés d’accès aux ressources financières sont le plus important obstacle auquel font face les pays de la SADC.  Sans coordination, a-t-il affirmé, ces pays ne pourront pas mettre fin aux conflits et aux problèmes d’instabilité et d’insécurité, qui privent leurs marchés de la crédibilité nécessaire pour que les partenaires internationaux investissent davantage dans leurs économies.  Il a appelé les pays développés à tenir leurs promesses de mettre des ressources financières à disposition afin que les pays de la SADC recapitalisent leur fonds vert pour le climat.  Enfin, appelant à une action concertée de la communauté internationale, il a mis en garde contre les effets contreproductifs des « mesures coercitives unilatérales », citant en exemple les sanctions imposées au Zimbabwe.

Mme URSULA VON DER LEYEN, Présidente de la Commission européenne, s’est inquiétée de la cascade de crises, telles que la pandémie et l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, qui ont fait reculer les progrès en vue de la réalisation des ODD, avec des répercussions sur notre planète « en ébullition ». Les pays en développement auront besoin de beaucoup plus de ressources pour extirper leurs populations de la pauvreté et assurer la transition vers une économie propre et équitable.  Dans cette optique, elle a salué le plan de relance des ODD du Secrétaire général, en soulignant qu’en 2022, l’Europe a porté son aide au développement à 93 milliards d’euros, soit une augmentation de 30% par rapport à l’année précédente, et plus de 40% de l’aide mondiale. 

Or, le financement public à lui seul ne suffit pas, a constaté Mme von der Leyen, pour qui il est nécessaire d’explorer toutes les voies possibles pour attirer de nouveaux financements vers les pays en développement.  Afin de favoriser l’injection de capitaux privés, elle a annoncé que l’Europe investira 300 milliards d’euros dans les économies en développement au cours des cinq prochaines années grâce à son plan d’investissement « Global Gateway ».  L’Union européenne (UE) compte en outre soutenir les économies en développement et émergentes afin qu’elles mettent en place leurs propres marchés d’obligations vertes. 

De même, a poursuivi la Présidente, la tarification du carbone favorise l’innovation du secteur privé, ses revenus permettant de soutenir la transition propre dans les pays en développement.  L’an dernier, le système européen de tarification du carbone a permis de récolter 38 milliards d’euros, a-t-elle relevé, qui seront intégralement réinvestis dans l’action climatique.  Considérant que seulement 20% des émissions mondiales sont couvertes par la tarification du carbone, imaginez l’impact en termes de nouveaux revenus si davantage de pays adoptaient cette stratégie, a-t-elle lancé.  « Nous devons redoubler d’efforts et avoir le courage de trouver des solutions créatives », a conclu Mme von der Leyen. 

Le Premier Ministre du Népal, M. PUSHPA KAMAL DAHAL « PRACHANDA », qui s’exprimait au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a souligné l’urgence d’un plan de sauvetage des ODD en rappelant que 12 des 17 objectifs et au moins 18 des 169 cibles font explicitement référence aux PMA. Et pourtant, les flux d’investissements directs étrangers vers ces pays ont connu une baisse d’environ 30% en 2022 par rapport à 2021, a-t-il constaté, ce qui a porté un coup dur aux investissements dans les infrastructures, les énergies renouvelables, l’eau et l’assainissement, la sécurité alimentaire, la santé et l’éducation.  Alors que la dette extérieure moyenne des PMA est passée de 41% en 2011 à 54% en 2022, le coût élevé de l’emprunt auxquels ces pays font face a non seulement freiné les investissements dans les ODD, mais également augmenté le risque de crise de la dette, a renchéri le Premier Ministre tout en assurant que les PMA n’ont toutefois pas trop dévié de leurs engagements. Il a ainsi témoigné des efforts poursuivis pour mobiliser les ressources et institutions nationales, tout en prévenant qu’agir seul ne suffira pas. 

Le Premier Ministre a donc prôné une augmentation massive des financements abordables pour les PMA, y compris par le biais du plan de relance des ODD, en demandant de s’attaquer au surendettement des PMA d’ici à 2025.  Il faut fournir des solutions coordonnées et appropriées à la crise du surendettement des PMA en temps opportun, a‑t‑il insisté, avant de demander également aux pays développés d’augmenter et de respecter leurs engagements de consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement (APD) et même de 0,15% à 0,20% pour l’APD destinée aux PMA.  Il s’agit là d’un point essentiel, a-t-il fait remarquer, dans la mesure où le financement reste le moteur des progrès en matière d’ODD, et que la réalisation des ODD dans les PMA déterminera le succès ou l’échec de cette initiative. 

S’exprimant ensuite à titre national, le Premier Ministre a expliqué que les ODD ont été intégrés dans les politiques et plans nationaux du Népal.  Il a assuré que le Gouvernement est déterminé à éradiquer la pauvreté, à réduire les inégalités conformément au Programme 2030, mais également à garder le cap pour assurer une sortie harmonieuse, durable et irréversible de la catégorie des PMA d’ici à 2026. 

Mme FIAME NAOMI MATAAFA, Première Ministre de Samoa parlant au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement (PEID), a relevé que les nations se découvrent en réalité « plus unies que jamais », les exhortant à « laisser le nationalisme derrière elles et à concrétiser de toute urgence » des actions pour que soit respecté l’objectif de l’Accord de Paris de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degré Celsius à la fin du siècle.  La Première Ministre a appelé les États Membres à parvenir à des avancées concrètes lors de la prochaine COP28 et à accroître les financements pour lutter contre les changements climatiques.  Prônant une réforme urgente de l’architecture financière internationale, elle a souligné que celle-ci se devait de mieux répondre aux défis auxquels les pays sont confrontés aujourd’hui, qui vont au-delà du produit intérieur brut (PIB).  À ce titre, elle a mis l’accent sur des mesures comme l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle ou l’Initiative de Bridgetown.  Le système actuel est intenable pour de nombreux pays, dont les PEID, pris en étau entre le surendettement et toute sortes de chocs économiques, environnementaux et sociaux provoqués par des facteurs externes, a-t-elle enfin expliqué.

Au nom de la Fédération de Russie, de l’Arménie, du Bélarus, du Kazakhstan et du Kirghizistan, M. ALEXEY OVERCHUK (Fédération de Russie) a commencé par évoquer les effets positifs des processus d’intégration au sein de l’Union économique eurasiatique (UEE), qui contribuent à la réalisation des ODD.  La libre circulation des capitaux, des marchandises et de la main-d’œuvre est un moteur de développement économique et un atout pour réaliser les ODD, a-t-il souligné.  En outre, a-t-il assuré, les pays membres comprennent l’importance de l’accès à des sources d’énergie durables et des mesures contre les changements climatiques, par exemple en déployant des outils pour comptabiliser les émissions de carbone. 

S’exprimant ensuite au nom de son pays, le représentant de la Fédération de Russie a manifesté son accord avec le rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la réalisation des ODD.  Il a attribué les difficultés de leur mise en route aux « erreurs de calcul des États-Unis et de l’Union européenne » dans le cadre de leur politique macroéconomique pendant la pandémie.  Il a estimé que la situation avait été péjorée par une « transition verte forcée » sans prise en compte de ses effets sociaux, par le refus des bailleurs de fonds de s’acquitter de leurs engagements envers les pays en développement et par l’usage de régimes de sanctions.  Les pays en développement sont otages de la situation, a-t-il dénoncé, ajoutant que la Russie, en dépit des pressions, continue d’être « un fournisseur responsable de denrées, d’engrais et de ressources énergétiques ».  Pour assurer la sécurité énergétique et alimentaire, il a appelé de ses vœux un renforcement des partenariats internationaux, la démonopolisation des marchés des services et la création de services alternatifs de paiement ou de logistique.  Il a conclu en affirmant que la Russie avait accompli des progrès positifs pour chaque ODD. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a fait part de sa détermination à assurer la réalisation des ODD dans la région, notamment ses complémentarités avec les Grandes orientations de la Communauté de l’ASEAN à l’horizon 2025.  Dans un environnement mondial toujours plus difficile et incertain, les pays de l’ASEAN comptent renforcer leur résilience et leurs capacités afin de faire face aux défis émergents et aux chocs futurs, a‑t‑elle assuré.  Pour ce faire, a‑t‑elle poursuivi, l’ASEAN s’efforce de réduire les écarts de développement en favorisant l’autonomisation des jeunes, des femmes, des personnes âgées et des travailleurs migrants, tout en augmentant les investissements dans le développement des ressources humaines et l’accès aux soins de santé.  Qui plus est, l’ASEAN poursuit ses efforts pour construire une architecture économique régionale résiliente, appuyée par la transformation numérique, une chaîne d’approvisionnement résiliente et une sécurité énergétique durable.

Pour sa part, l’Indonésie considère que l’ordre mondial actuel n’est pas en mesure d’offrir des chances égales aux pays du Sud, qui sont loin d’être sur la bonne voie pour atteindre les ODD d’ici à 2030.  Pour mettre fin à la « discrimination commerciale », la Ministre a considéré que les pays en développement doivent avoir la possibilité de développer leurs industries.

Mme ALICIA BÁRCENA IBARRA, Ministre des affaires étrangères du Mexique, s’exprimant également au nom de l’Indonésie, de la République de Corée, de la Türkiye et de l’Australie, a rappelé qu’il y a dix ans, ces pays avaient mis en place une plateforme pour favoriser le dialogue interrégional et renforcer la coopération.  Elle a assuré que le groupe continuerait à collaborer avec la société civile, les universités, les parlements, les gouvernements locaux et le secteur privé. Elle a également indiqué que, grâce à son appartenance interrégionale et à son potentiel en matière de développement économique et durable, le groupe est bien placé pour créer des synergies afin de promouvoir la valeur des économies circulaires et créatives.  En outre, le groupe agit pour intégrer des activités informelles dans l’économie formelle.  « La réalisation de l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles restent notre priorité fondamentale », a affirmé la Ministre avant de souligner la nécessité d’un financement adéquat et accessible, y compris par le financement du secteur privé, le financement mixte et les obligations liées aux ODD.

S’exprimant à titre national, la Ministre a indiqué que le Mexique avait un taux de conformité de 69,7% pour atteindre les objectifs.  Aujourd’hui, 7 ménages sur 10 reçoivent une aide par le biais de programmes sociaux, y compris une pension universelle, des subventions et un soutien pour augmenter la production dans les campagnes.  La Ministre a cité le programme « Sembrando Vida » doté de 5 milliards de dollars pour permettre la formation professionnelle de plus de 2 millions de jeunes, tandis que le Gouvernement a augmenté le salaire minimum de 90%.  Cela a sorti plus de 5 millions de personnes de la pauvreté, s’est-elle enorgueillie, ajoutant que mettre fin à la pauvreté est l’engagement le plus urgent du Président mexicain.  Elle a enfin fait part de l’intention de son gouvernement d’organiser une convention nationale sur le programme de développement durable et de lancer un appel pour accroître le soutien financier international afin de gérer au mieux la dette et les droits de tirage spéciaux des pays du Sud, des pays à revenu intermédiaire et des PEID.

Dialogue des dirigeants 1 – « Intensifier les actions relatives aux transitions indispensables à l’accélération et à la réalisation des ODD »

Les dirigeants font des choix permettant de réussir les transitions et d’avancer vers les objectifs de développement durable, malgré des contraintes budgétaires et financières et malgré des années de crises qui se chevauchent, a constaté ce matin l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), M. ACHIM STEINER, lors du premier « dialogue » du Sommet sur les ODD.  La vingtaine de dirigeants qui se sont succédé à la tribune de cette séance sont venus confirmer ce constat.  Ils ont, tour à tour, brossé un tableau de leurs politiques de développement nationales et de leurs actions prioritaires, tout en présentant les difficultés rencontrées dans la réalisation des ODD. 

En préambule, il a été rappelé que, même s’il s’agit d’objectifs mondiaux « communs », chaque pays a le droit de suivre sa propre ligne de développement.  C’est ce qu’a fait valoir le Président de l’Afrique du Sud, M. MATAMELA CYRIL RAMAPHOSA, ainsi que son homologue le Président du Kazakhstan, M. KASSYM-JOMART TOKAYEV: il ne faut pas perdre de vue que la réalisation de ces objectifs est avant tout une priorité nationale.  Le Président Tokayev, qui était cofacilitateur de ce dialogue aux côtés de la Présidente de la Hongrie, Mme KATALIN NOVÁK, a aussi replacé le débat dans le contexte régional.  Il a saisi cette occasion pour demander la création d’un pôle régional de l’ONU pour l’Asie centrale et de l’Afghanistan au Kazakhstan, afin de faciliter la coordination des efforts de développement à ce niveau.

Les participants ont également rappelé au cours du débat qu’aucun État ne saurait arriver seul au développement durable.  Qu’il s’agisse de parvenir à la décarbonisation voire à la neutralité carbone de leurs économies, à leur transition énergétique et numérique, à la protection de l’environnement et de la biodiversité, à l’accès universel à l’éducation, à la santé et à l’assainissement, et à l’eau, ou d’autres priorités de développement, la question du manque de financements pour le développement est revenue au premier plan de la discussion car ce déficit est un frein majeur.  Raison pour laquelle le Ministre des finances des Tuvalu, parmi d’autres, a jugé impératif de revoir l’architecture financière internationale et de mettre l’accent sur le financement climatique. 

En outre, plusieurs intervenants ont plaidé pour que les défis du développement durable et de la résilience climatique soient relevés parallèlement, notamment le Président des États fédérés de Micronésie, M. WESLEY W. SIMINA, et le Président du Guyana, M. MOHAMED IRFAAN ALI.  Concrètement, cela peut passer par l’augmentation de la part de l’énergie renouvelable dans le bouquet énergétique pour la Macédoine du Nord, comme en a témoigné le Président de Macédoine du Nord M. STEVO PENDAROVSKI, ou par la création de zones marines protégées pour la Micronésie.

L’importance de la sécurité alimentaire (ODD2) n’a pas été oubliée au titre des efforts « indispensables » à l’accélération de la réalisation des ODD, le Président de l’Autriche, M. ALEXANDER VAN DER BELLEN en profitant pour annoncer avoir augmenté significativement l’engagement de son pays envers le Programme alimentaire mondial (PAM) à hauteur de 60 millions d’euros pour les années 2023 à 2025.  Il a également parlé du « prix Kofi Annan pour l’innovation en Afrique », une initiative autrichienne concrète qui vise à « intensifier l’action », qui sera consacré à cet ODD en 2024 en vue de promouvoir les entrepreneurs innovants dont les solutions évolutives peuvent contrecarrer les obstacles à la sécurité alimentaire. 

Même son de cloche du côté de la France, dont la Ministre des affaires étrangères, Mme CATHERINE COLONNA, a mis en avant que les ODD ont profondément transformé la compréhension du développement: ils obligent à aborder de front la lutte contre la pauvreté, celle contre les changements climatiques et celle contre la perte de la biodiversité.  « Aucun pays ne doit avoir à choisir entre les trois », a-t-elle recommandé en appelant à agir plus résolument dans ces domaines.  Elle a donné l’exemple de la France qui était en 2022 le quatrième bailleur mondial d’APD, avec un montant total de 15 milliards d’euros, et un acteur majeur du financement climatique avec une contribution de plus de 6 milliards d’euros par an et un milliard supplémentaire à partir de 2025. 

C’est pour susciter un « électrochoc de solidarité », que la France a organisé, en juin 2023, le Sommet pour un nouveau Pacte financier mondial, a expliqué la Ministre.  Ce sommet a permis de lancer une dynamique en faveur de la lutte contre la pauvreté et des transitions écologiques, et d’accroître les capacités de l’architecture financière internationale.  Le Pacte de Paris pour les peuples et la planète, qui est le fruit de ce sommet, pose des jalons concrets, s’est-elle enorgueillie, en appelant tous les États à se joindre à la trentaine de pays qui l’ont déjà endossé.

La durabilité n’étant pas facultative, elle doit être intégrée dans les systèmes de planification et dans les budgets nationaux, a renchéri le Président de la Finlande, M. SAULI NIINISTÖ, qui a également appelé à miser sur les nouvelles technologies pour atteindre les ODD, tout en plaidant pour une numérisation juste et inclusive des économies.  Les nouvelles tendances numériques et énergétiques sont des multiplicateurs d’actions menant aux ODD, a reconnu l’Administrateur du PNUD en se félicitant de voir la révolution de la connectivité en marche: 5,3 milliards de personnes sont connectées aujourd’hui, alors qu’il n’y en avait qu’un milliard en 2005 selon les chiffres de l’Union internationale des télécommunications (UIT).  Le haut fonctionnaire a aussi noté avec satisfaction la forte augmentation de la part des énergies renouvelables dans le monde: une augmentation de 107 gigawatts-heure, soit plus que la capacité électrique totale de l’Allemagne et de l’Espagne réunies.

Malgré cette note positive, M. Steiner s’est dit conscient du fait qu’à mesure que les pays sortent de la crise, l’écart se creuse entre « le développement équitable et durable qu’ils souhaitent » et « la croissance médiocre qu’ils obtiennent ».  C’est la raison pour laquelle il a plaidé pour une action urgente sur les contraintes budgétaires et financières et pour un multilatéralisme renouvelé.

Dialogue des dirigeants 2 – « Renforcer la résilience et ne laisser personne pour compte »

« L’accent mis sur la résilience trouve un écho très fort dans le monde entier.  En fait la "résilience" devrait même être élue comme le mot de l’année », a déclaré en introduction le Président de la Pologne, M. ANDRZEJ DUDA, un des deux modérateurs du deuxième dialogue de la journée, dont le sujet était « Renforcer la résilience et ne laisser personne pour compte ».  De son côté, le Premier Ministre de Sainte-Lucie, M. PHILIP JOSEPH PIERRE, l’autre modérateur, a insisté sur le devoir des gouvernements de protéger les plus démunis et de défendre la justice sociale, appelant les États qui en ont les capacités à s’engager pour des actions concrètes.

La vingtaine de dirigeants venus à la tribune ont détaillé ce que cette notion de résilience impliquait pour eux, précisant les mesures déjà prises ou sur le point de l’être, expliquant les difficultés qui étaient les leurs, et lançant des idées pour accélérer la mise en œuvre des ODD.  Le Président du Suriname, M. CHAN SANTOKHI, a été le premier à évoquer les initiatives concrètes prises par son gouvernement pour favoriser la résilience: mise en place d’une institution de médiation pour les enfants, révision du Code civil pour résorber les inégalités de genre, fourniture d’un accès au Wi-Fi gratuit dans les lieux publics, les parcs, mais surtout dans les écoles, et gestion holistique des ressources en eau.  Malgré la crise ukrainienne qui a fortement affecté son pays, la Présidente de la République de Moldova, Mme MAIA SANDU, a mentionné les progrès réalisés en un temps record par son pays, notamment dans les domaines de la diversification de l’énergie, de l’aide aux plus vulnérables, de la modernisation des ponts et chaussées, réitérant que son avenir se trouvait au sein de l’Union européenne.

Plusieurs dirigeants, tels que ceux du Malawi, du Yémen, de la Somalie ou du Mali, ont fait part des immenses difficultés auxquelles ils sont confrontés, dans des contextes de conflit, de catastrophes naturelles ou de crise humanitaire aiguë.  Le Président du Malawi, M. LAZARUS CHAKWERA, a appelé la communauté internationale à l’aide, rappelant que le cyclone tropical Freddy avait touché en mars 2023 plus de 2,2 millions de personnes, déplacé plus de 650 000, tué plus d’un millier et causé des pertes économiques d’une valeur de plus d’un demi-milliard de dollars.  Aussi, « nos espoirs de réussite dans la réalisation des ODD sont au mieux marginaux », a reconnu le Président, misant toutefois sur les plateformes numériques et le commerce électronique, à même selon lui de « permettre aux PMA d’accéder aux marchés mondiaux dans des conditions équitables ».  Le Premier Ministre de la Somalie, M. HAMZA ABDI BARRE, s’est quant à lui félicité qu’en dépit des conflits et des défis, son pays était parvenu ces dernières années à mettre en place des politiques améliorant la gestion de l’eau et de l’agriculture et réduisant les violences basées sur le genre.  Le taux de pauvreté a été réduit de 50% en Somalie, s’est-il réjoui.

Faisant le bilan de l’année écoulée, marquée par la crise climatique, plusieurs guerres qui se poursuivent, la pauvreté et la faim qui s’accentuent, le Président de la Colombie, M. GUSTAVO PETRO, a souligné l’échec collectif à atteindre les ODD.  Et celui-ci, a-t-il noté, se révèle d’abord par « l’ampleur de l’exode humain à laquelle nous sommes confrontés, des millions de personnes devant former des caravanes pour traverser mers et forêts, dans un contexte de souffrance pour rejoindre le Nord depuis le Sud ».  Un avis partagé par M. FILIPPO GRANDI, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, qui a toutefois cité un exemple de migrations entre deux pays du Sud: du Soudan vers le Tchad.  Dans ce pays déjà très pauvre, ce sont en effet plus de 400 000 Soudanais qui sont venus chercher refuge depuis janvier, a-t-il précisé.  Il s’agit de faire le bilan de cet échec, a-t-il enjoint les dirigeants, et d’adopter des solutions ajustées.  Sur cette question des migrations, qu’il juge « hors de contrôle », le Ministre des affaires étrangères de l’Italie, M. ANTONIO TAJANI, a tranché: « Notre engagement envers les ODD ne peut pas réussir si nous ne luttons pas sérieusement contre les trafiquants d’êtres humains qui volent chaque jour l’avenir de dizaines de milliers de jeunes Africains. »

En Europe, le Président du Portugal, M. MARCELO REBELO DE SOUSA, a appelé à « montrer l’exemple », promettant « d’investir davantage dans le développement durable » et citant à cet égard l’exemple d’un accord pilote signé avec le Cabo Verde, pour convertir la dette publique en investissements dans un fonds pour le climat et l’environnement.  Le Chancelier de la République fédérale d’Allemagne, M. OLAF SCHOLZ, à l’instar de nombreux dirigeants, a estimé qu’il était temps de reformer l’architecture financière internationale, citant la Banque mondiale comme sa priorité.  Honorant l’objectif de dépenser 0,7% du PIB dans l’APD, l’Allemagne a déboursé 5 milliards d’euros pour éliminer les répercussions les plus néfastes de l’insécurité alimentaire provoquée par la guerre en Ukraine.  Le Président du Gouvernement de l’Espagne, M. PEDRO SANCHEZ, a pour sa part affiché sa volonté d’atteindre la barre du 0,7% et de figurer parmi les 10 premiers bailleurs de fonds des différentes agences de l’ONU.

La Philippine VICTORIA TAULI-CORPUZ, Directrice exécutive du Centre international de formation des peuples autochtones, a critiqué la « faiblesse », selon elle, de la nouvelle Déclaration politique et a appelé à une défense plus vigoureuse des droits des peuples autochtones, « encore bafoués par de nombreux États ».  Enfin le Camerounais MARTIN CHUNGONG, Secrétaire général de l’Union interparlementaire (UIP), a souligné le besoin de réformes institutionnelles pour améliorer le dialogue et le compromis politiques.  En somme, la discussion a confirmé que les défis sont globaux mais que les solutions peuvent être à la fois globales et locales.  L’urgence d’agir a été un leitmotiv, car, comme l’a dit le Premier Ministre de Sainte-Lucie, « nous ne vivons pas tous dans la même réalité, mais nous avons tous le devoir de lutter pour le bien-être de nos populations ».  La question reste donc de savoir comment traduire cette urgence en actions concrètes et efficaces pour ne laisser personne derrière.

Dialogue des dirigeants 3 – « Changer la donne: appliquer la science, la technologie, l’innovation et les données pour une action transformatrice »

Chefs d’États, représentants des pays membres et hauts responsables de l’ONU ont discuté le rôle des sciences et des technologies dans la réalisation des objectifs de développement durable lors du troisième dialogue du Sommet 2023 sur les ODD. Un rôle qui a suscité l’espoir de nombreux intervenants, alors qu’à mi-parcours, seuls 15% des ODD sont en bonne voie pour être réalisés d’ici à la fin du Programme 2030.  « Le numérique peut contribuer à sauver les ODD.  Il le fait déjà », a expliqué Mme DOREEN BOGDAN-MARTIN, Secrétaire générale de l’Union internationale des télécommunications (UIT).  Elle a notamment rappelé que, selon des estimations du programme d’accélération des objectifs de développement durable de l’UIT et du PNUD, les solutions numériques auraient le potentiel d’accélérer les progrès de 70% des ODD, tandis que certaines technologies émergentes, comme l’intelligence artificielle (IA), auraient « un effet multiplicateur ».

Le Président de l’Argentine, M. ALBERTO FERNANDEZ, a quant à lui relevé qu’il n’existe « aucun exemple » dans le monde d’un véritable développement économique sans investissement dans la science, à la fois dans les secteurs public et privé.  « L’aéronautique, le spatial, les technologies de l’information et de la communication, parmi d’autres, ont été lancés par les États, qui ont joué un rôle de catalyseur dans les premières étapes. »

La pandémie, notamment, a joué un rôle important, à la fois accélérateur de l’innovation dans les pays développés et frein au progrès technologique dans les pays en développement.  Ainsi, le Président de la Lettonie, M. EDGARS RINKĒVIČS, a-t-il fait remarquer que la COVID-19 avait notablement accéléré la transition numérique dans son pays, tandis que « la numérisation permettait à nos sociétés de continuer de fonctionner ».  Le bilan diffère notablement dans les pays en développement.  Ainsi, selon le Président du Kenya, M. WILLIAM SAMOEI RUTO, la pandémie a fait obstacle à la réalisation des ODD dans de nombreux pays, tout particulièrement en Afrique.

Toujours à propos de la pandémie, plusieurs représentants ont salué le rôle de la science pour aider le monde à sortir de cette crise majeure, ce qui témoignerait de son potentiel dans la réalisation des ODD.  Ainsi, selon le Président de la Confédération helvétique, M. ALAIN BERSET, il y aurait un parallèle éclairant à tirer entre la COVID-19 et les changements climatiques: « Dans les deux cas, les scientifiques nous avaient avertis il y a des décennies déjà.  De théorie abstraite, le réchauffement est passé au stade de réalité accablante, et la pandémie aussi. »

Pour que la science et la technologie puissent pleinement jouer leur rôle en faveur de la réalisation des ODD, plusieurs intervenants ont souligné qu’il fallait résoudre des problèmes majeurs d’accessibilité.  Le Liechtenstein a notamment évoqué la fracture numérique entre les genres dans le domaine des STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) et évoqué les efforts de son pays dans le domaine de la formation professionnelle pour « en finir avec les stéréotypes de genre ».

D’autres intervenants on fait remarquer que les technologies peuvent elles-mêmes aider à résoudre les discriminations de genre.  Selon le Président du Lesotho, SAM MATEKANE, le numérique a ainsi le potentiel d’aider les femmes à « réussir dans la vie active et accéder aux services numériques essentiels, notamment dans les domaines de l’éducation et des soins de santé, et renforcer leur engagement civique et politique ».  Un constat partagé par Mme BARBARA DEL CASTELLO du grand groupe des enfants et des jeunes: « L’éducation et l’égalité de genre sont essentielles, et l’innovation technologique peut apporter des solutions. »

M. RUMEN RADEV, Président de la Bulgarie, a insisté sur la nécessité de garantir « un monde numérique ouvert, libre et accessible à tous ».  Plusieurs représentants de pays développés ont ainsi évoqué leurs programmes de collaboration avec des pays en développement pour les aider à réduire leur fracture numérique.  Ainsi, le Président de l’Estonie, M. ALAR KARIS, a évoqué l’engagement de son pays aux côtés des pays les moins avancés, les pays en développement enclavés ou les petits États insulaires en développement.  Des projets conjoints qui vont de l’analyse des données démographiques au Suriname, en passant par la stratégie numérique nationale des Îles Salomon ou la réduction de la fracture numérique en Namibie.  Quant à lui, le Président de la Lettonie, M. EDGARS RINKĒVIČS, a évoqué les efforts de coopération au développement de son pays, notamment dans le cadre de l’initiative « GIGA » de l’UNICEF et de l’UIT, afin de connecter toutes les écoles du monde à Internet. 

Cependant, le Honduras, a mis en garde contre le fait de penser en termes d’aumône et de charité.  « Je viens du second pays le plus pauvre d’Amérique latine, et j’entends parler des progrès de certains.  Pour notre part nous avons régressé ces douze dernières années », a-t-il déploré, avant de dénoncer un système capitaliste où « les pauvres deviennent plus pauvres et condamnés à ne pas réaliser les objectifs de l’horizon 2030.

Enfin dans une société toujours plus dominée par les sciences de l’information, plusieurs intervenants ont relevé le rôle crucial de la collecte de données de qualité.  L’Ouganda, a notamment expliqué la feuille de route lancée par son pays pour développer les Big Data.  « La disponibilité de statistiques de qualité est un élément important », a-t-elle précisé.  Une analyse partagée par les Fidji, qui publient données et statistiques afin de permettre au Gouvernement de juger et de jauger des progrès du pays vers les ODD. « Il nous faut mobiliser les données pour nourrir la prise de décisions et interagir avec les communautés », a-t-il expliqué.

Chacun à sa manière, les intervenants se sont tous accordés sur le fait que les technologies constituent un outil incontournable de gouvernance, d’information et d’émancipation – à condition que soit garanti un accès équitable, que ce soit en termes de genre, pour les pays en développement ou pour les plus pauvres.  Selon Mme IMME SCHOLZ, Coprésidente du groupe indépendant des scientifiques chargés de rédiger le Rapport mondial sur le développement durable, l’innovation est nécessaire pour remettre les ODD sur le droit chemin et les voir réalisés à l’horizon 2030: « si nous ne changeons pas de cap, nous perdrons une occasion d’agir et, au final, les coûts seront supérieurs ».

Dialogue des dirigeants 4 - Renforcement des politiques intégrées et des institutions publiques pour réaliser les ODD

Modéré par Mme METTE FREDERIKSEN, Première Ministre du Danemark, et M. MARK BROWN, Premier Ministre des Îles Cook, ce dialogue a passé en revue les moyens de renforcer les politiques intégrées et les institutions publiques, tant au niveau international qu’au niveau national, en vue de surmonter les retards dans la réalisation des ODD.  Les enjeux climatiques ont été au cœur de ce dialogue.

Le Premier Ministre de Cabo Verde a ainsi déclaré que le but de son pays est de réduire de 20% la pauvreté au niveau national et d’éradiquer la pauvreté extrême d’ici à 2026, grâce à un accès amélioré à l’éducation, à la santé, à la protection sociale et à des services essentiels comme l’eau.  « Notre stratégie est le fruit d’une approche intégrée, combinant politiques de croissance durable, politiques d’emploi proactives, d’inclusion sociale ou bien encore d’égalité entre les genres. »  Il a aussi mentionné la création d’un guichet social unique permettant un accès aux différentes politiques mises en place. 

De son côté, les capitaines régents de San Marin ont mentionné la présentation en 2021 par leur pays de son tout premier examen national, ce qui a permis d’identifier 64 actions à mener pour réaliser les ODD.  Ils ont également appelé, face aux changements climatiques, à une action aussi énergique que celle déployée contre la pandémie.  « Il est crucial d’élaborer des mécanismes de financement innovants, tels que les partenariats public-privé et les financements mixtes, afin de mobiliser les ressources pour la croissance économique et le développement durable », a déclaré la délégation du Timor-Leste. Elle a précisé que le Timor-Leste est un ardent défenseur des ODD, et notamment de l’ODD 16 sur la paix et la justice, avec notamment le renforcement des mécanismes de reddition de comptes et de bonne gouvernance.

« Avec les ODD, la vision de développement contenue dans la stratégie nationale de développement de la République dominicaine a été renforcée », a déclaré la délégation de ce pays en mettant également en avant son processus d’appropriation progressive des ODD dans les instruments de planification nationale.  Elle a expliqué que ce processus a permis l’intégration d’éléments innovants qui ont favorisé le progrès vers des politiques publiques plus globales, avec un effet multiplicateur fort.  De son côté, le Président du Monténégro, M. JAKOV MILATOVIć a mentionné, comme éléments visant à ancrer une vision de développement durable dans son pays, l’adoption en 1991 de la Déclaration sur l’état écologique du Monténégro et son intégration dans la Constitution.  « Nous sommes le premier pays à s’être reconnu comme écologique au niveau constitutionnel », s’est-il prévalu avant de signaler la mise en place du Fonds d’accélération pour appuyer les ODD.  Cela fait du Monténégro l’un des plus importants États donateurs relativement à sa taille et au nombre de ses habitants, s’est-il félicité. 

La Géorgie a indiqué que son pays est un champion des ODD; il a créé un conseil national des ODD qui permet d’assurer un suivi « en temps réel » de leur application.  Sur le plan institutionnel, la Ministre du développement durable du Bahreïn a mentionné la récente création de son ministère et celle de la plus grande usine d’énergie solaire de la région, afin d’augmenter la part des énergies renouvelables. Elle a souligné également la nécessité de renforcer les capacités statistiques des pays en développement parce qu’« on ne peut pas accomplir ce qu’on ne peut pas mesurer ».

La Ministre du plan et de la coopération internationale de la Guinée a noté que les progrès de son pays pour réaliser les ODD sont « insuffisants » et cité les trois axes de sa politique pour inverser la tendance: la croissance économique durable, la bonne gouvernance et le capital humain.  La délégation de la Slovaquie a, quant à elle, relaté avoir dû complètement transformer son secteur public après sa transition post-communiste.  « Cette transformation a porté ses fruits, puisque nous avons intégré les engagements des ODD au sein de nos stratégies nationales », a-t-elle continué.  Elle a aussi indiqué que cette année devrait voir la fermeture des mines de charbon et la fin du recours au charbon comme source d’énergie.  Dans les huit prochaines années, nous allons investir près d’un milliard d’euros afin d’intégrer les communautés roms marginalisées, a ajouté la délégation.  Elle a précisé que 5% du PIB slovaque sera utilisé afin de « décarboner » l’économie et d’accroître l’usage des énergies renouvelables. 

Dans ce droit fil, la Première Ministre de Saint-Martin des Pays-Bas, a détaillé les mesures ambitieuses prises par son pays pour réduire les émissions et renforcer la résilience.  Elle a insisté sur la vulnérabilité de Saint-Martin face aux changements climatiques. « Nous devons penser ce phénomène de manière holistique, en prenant en compte les effets en cascade sur la santé et la société. »  Nous investissons massivement dans les dispositifs de préparation aux catastrophes et de gestion des risques, a-t-elle dit, en soulignant la nécessité d’infrastructures robustes.  Elle a mentionné le fonds de pension hollandais ILX qui a co-investi plus d’un milliard de dollars pour le développement d’économies émergentes. 

La délégation de Saint-Kitts-et-Nevis a souligné la nécessité de créer des mécanismes de financement novateurs, avant d’appeler, à l’instar du Ministre de la santé de la Zambie, à ce que les promesses prises au titre du financement climatique soient honorées.  Ces deux orateurs, comme d’autres, ont également appelé à une réforme de l’architecture financière internationale. 

Le Président de l’Albanie a, lui, rappelé que conflit et développement sont incompatibles et appelé à la fin de la guerre en Ukraine, tandis que la délégation du Venezuela a appelé à la levée des sanctions contre son pays, tant celles-ci entravent son développement durable.

Enfin, le Directeur général de l’Organisation internationale du travail (OIT) s’est montré optimiste devant les actions transformatrices entreprises par la communauté internationale pour répondre aux défis, en mentionnant l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale et des transitions justes lancé par le Secrétaire général en 2021, qui vise à la création de 400 millions d’emplois décents.  « Ces deux dernières années, l’OIT a œuvré avec le FMI afin d’accroître l’espace fiscal pour des dépenses sociales en Iraq, au Mozambique, au Togo et en Ouzbékistan. »  Le mot de la fin est revenu au Ministre des affaires étrangères du Bangladesh qui a indiqué que les ODD, au vu de leur importance, sont « la Magna Carta de notre époque ».

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