Conférence sur l’océan: « Tirer parti de l’interdépendance de l’océan, du climat et de la biodiversité »
TABLE RONDE 7 – NICE, FRANCE, 12 juin – Organisée ce matin en marge du débat général de la Conférence du l’océan qui se tient à Nice, en France, jusqu’au 13 juin, cette table ronde s’est focalisée sur le fait que l’océan, le climat et la biodiversité sont fortement interconnectés et affectés par trois crises planétaires –le déclin de la santé des océans, les changements climatiques et la perte de biodiversité– qui se renforcent mutuellement, mais qui sont encore trop souvent abordées séparément.
Face à ces crises, la communauté internationale s’est fixée des objectifs clairs dans divers instruments juridiquement contraignants, a expliqué le Coprésident de l’échange et Ministre de la mobilité, du climat et de la transition environnementale de la Belgique. Cependant, pour les atteindre, il nous faut renforcer la cohérence des politiques dans ces trois domaines et considérer l’océan comme un acteur central. Dans cette perspective, a préconisé M. Jean-Luc Crucke, il faut intégrer la dimension océanique dans les contributions déterminées au niveau national (CDN) et les indicateurs de l’objectif mondial d’adaptation, qui constitue le levier le plus puissant pour atteindre une bonne synergie entre océan, climat et biodiversité.
Les liens entre biodiversité et océans sont de plus en plus visibles », a noté la Secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique qui a fait observer qu’à la lecture du Cadre mondial de la biodiversité Kunming-Montréal, on constate qu’il est difficile de trouver un seul objectif qui ne soit pas d’une importance cruciale pour les océans et le climat. Mme Astrid Schomaker a également indiqué que l’année dernière, la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique a adopté deux décisions majeures sur la biodiversité marine et côtière. Elle a également créé un nouvel organe subsidiaire pour les communautés autochtones et locales, « une victoire majeure » car ces acteurs clefs qui disposent désormais d’un meilleur moyen de s’engager auprès de la Convention.
Il est désormais crucial d’intégrer tous ces engagements dans les contributions déterminées au niveau national et la biodiversité marine. Or, de nombreuses parties ne parviennent pas à progresser faute de financements suffisants, a reconnu Mme Shomaker. Au lieu de rechercher des sources de financement distinctes pour les océans, le climat et la biodiversité, la communauté internationale doit réfléchir aux moyens de « mieux dépenser les fonds disponibles ».
Alors que les crises auxquelles notre planète est confrontée –dérèglement climatique, perte de biodiversité et dégradation des océans– sont interdépendantes, trop souvent, nos politiques, nos institutions et nos investissements fonctionnent encore de manière cloisonnée, a constaté M. Chung Keeyong, Ambassadeur de la République de Corée chargé de la lutte contre les changements climatiques, qui a appelé à remédier à cette situation dès à présent.
Il a parlé de la gestion côtière adaptative au climat mise en œuvre par son gouvernement pour aider les communautés vulnérables à faire face à l’élévation du niveau de la mer, à l’érosion et aux phénomènes météorologiques extrêmes. La résilience ne se limite toutefois pas aux infrastructures physiques, elle est aussi une question de biodiversité, a-t-il remarqué. Les écosystèmes marins, des récifs coralliens aux herbiers marins, sont essentiels non seulement à la conservation, mais aussi à la sécurité alimentaire, au stockage du carbone et aux moyens de subsistance de millions de personnes. La cinquième Stratégie nationale coréenne pour la biodiversité, adoptée plus tôt cette année, vise d’ailleurs la restauration et l’exploitation durable des écosystèmes marins et côtiers, avec un objectif de 30% de conservation de notre espace marin d’ici à 2030.
De son côté, la Vice-Présidente principale du centre pour les océans de Conservation International, Mme Ashleigh Mcgovern, a indiqué qu’en mobilisant toutes les composantes de la société, son organisation cherche à rendre le mouvement de conservation plus inclusif et à exploiter le pouvoir des savoirs traditionnels, de la science et de la technologie. Elle coopère aussi avec des parties prenantes et des organisations partenaires pour inciter les populations autochtones et les communautés locales à protéger les forêts primaires, les mangroves ou les tourbières, pour atténuer les effets les plus néfastes des changements climatiques. Conservation International travaille aussi dans des zones de pêche et d’aquaculture artisanales gérées par les communautés locales afin de mettre en œuvre des pratiques de pêche socialement responsables et durables. À sa suite, M. Jean-Pierre Gattuso, professeur de recherche principal, Laboratoire d’Océanographie de Villefranche-sur-mer, a souligné la nécessité de renforcer les capacités de manière équitable et de transférer les technologies et pratiques optimales aux pays en développement.
Dialogue interactif
En prévision de la COP30, Antigua-et-Barbuda a exhorté les parties à accorder à l’océan la pleine reconnaissance qu’il mérite dans l’action climatique. « Cela doit inclure un financement dédié à l’atténuation et à l’adaptation liées aux océans, ainsi que l’inclusion des écosystèmes marins dans les objectifs climatiques nationaux », a précisé la délégation, soulignant que c’est une question de survie pour les petit État insulaire en développement (PEID). Il a également demandé des financements accessibles, prévisibles et alignés sur les priorités nationales, « et non perdus dans des silos bureaucratiques ou des programmes uniformes ». Le Ghana a lui aussi demandé que s’accélère le financement des écosystèmes de carbone bleu, et que soit garanti un accès équitable aux ressources marines et d’adaptation aux changements climatiques, en accordant la priorité aux nations et communautés côtières vulnérables.
Le Maroc a fait part des mesures qu’il a prises pour harmoniser les multiples accords multilatéraux sur l’environnement. Ainsi, il a ancré la préservation marine dans sa stratégie nationale de développement durable, et établi une commission nationale sur les changements climatiques et la biodiversité, afin d’assurer une gestion intégrée du climat et de la biodiversité. Par ailleurs, l’initiative Ceinture Bleue, lancée lors de la COP22 à Marrakech, rassemblant plus de 32 États d’Afrique et d’autres continents, constitue une plateforme régionale pour renforcer les synergies entre coopération internationale, action climatique et protection de la biodiversité marine, s’est félicitée la délégation. Le Honduras a fait valoir quant à lui l’initiative du Monument naturel marin de Cayos Cochinos, qui vise à renforcer les capacités scientifiques locales, à promouvoir l’assainissement écologique au sein des communautés côtières et à développer des programmes éducatifs sur la valeur du récif mésoaméricain. Un projet qui témoigne d’une coopération exemplaire entre l’État, le monde universitaire et la société civile, s’est-il réjoui.
Le Canada s’est intéressé au cas du transport maritime, qui constitue un exemple important où certains de ces liens doivent être exploités plus activement, puisque la refonte des navires s’imposera pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. À cet égard, la délégation s’est dite convaincue que la lutte conjointe contre l’encrassement biologique, les bruits sous-marins et les problèmes climatiques dans le secteur du transport maritime peut se traduire par des avantages considérables.
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