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9224e séance - matin
CS/15146

Conseil de sécurité: le Coordonnateur spécial prévient que l’expansion des colonies israéliennes érode « systématiquement » la solution des deux États

Le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient a prévenu, ce matin, les membres du Conseil de sécurité que la violence et l’expansion continue des colonies de peuplement israéliennes dans les territoires occupés compromettent la solution des deux États, en érodant la possibilité d’établir un État palestinien viable et indépendant.

S’exprimant par visioconférence, M. Tor Wennesland a exprimé sa profonde inquiétude face aux niveaux élevés de violence observés au cours des derniers mois en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est.  Ainsi, en 2022, plus de 150 Palestiniens et 20 Israéliens ont été tués, ce qui représente le nombre le plus élevé de décès depuis plusieurs années.  « La violence doit cesser et tous les auteurs de ces actes doivent être tenus pour responsables », a martelé le Coordonnateur spécial.

Il a jugé particulièrement préoccupante l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, qui compromettent à ses yeux la perspective d’une solution à deux États en érodant « systématiquement » la possibilité d’établir un État palestinien contigu, indépendant, viable et souverain.  Ainsi, quelque 4 800 unités de logement ont été construites en 2022 dans la seule zone C, contre 5 400 en 2021.  Toutefois, à Jérusalem-Est occupée, le nombre d’unités de logement avancées a plus que triplé par rapport à l’année précédente, passant de 900 unités en 2021 à environ 3 100 en 2022, a précisé M. Wennesland.  La poursuite des démolitions et des saisies de structures palestiniennes demeure alarmante, a encore dit le haut fonctionnaire, en déplorant notamment la démolition d’une école financée par des bailleurs de fonds à Masafer Yatta.

Rejoint par l’Irlande, le Kenya ou encore le Royaume-Uni, le Coordonnateur spécial a exhorté le Gouvernement israélien à cesser immédiatement les activités de colonisation, la démolition de propriétés palestiniennes et les expulsions, tout en permettant aux Palestiniens de construire légalement des habitations conformément à leurs besoins de développement.  Pour sa part, la France a assuré qu’elle ne reconnaîtrait jamais l’annexion illégale de territoires qui éloignent chaque jour un peu plus la perspective de pourparlers directs entre les parties et, à terme, la perspective d’une solution à deux États.

La fragilité de la dynamique politique et sécuritaire actuelle en Cisjordanie occupée, exacerbée par l’aggravation de l’occupation, l’augmentation de la violence, y compris du terrorisme, et l’absence d’horizon politique clair ont pour effet de renforcer les extrémistes et d’éroder l’espoir des Palestiniens et des Israéliens d’une résolution du conflit, a encore dit M. Wennesland.

Un constat partagé par les États-Unis, pour qui les extrémistes des deux côtés, israéliens comme palestiniens, doivent être traités de la même façon, avec des sanctions et des peines comparables.  Les Émirats arabes unis ont quant à eux mis en garde contre « la spirale de violence » qui pourrait embraser la région si la situation continuait de se détériorer.  Pour le Kenya, les rapports du Secrétaire général devraient s’appuyer sur le paragraphe 11 de la résolution 2334 (2016) du Conseil, qui prévoit l’énoncé d’objectifs clairs, d’échéanciers et de solutions réalisables pour régler l’ensemble des questions en suspens.

Simultanément, l’Autorité palestinienne demeure confrontée à des défis économiques et institutionnels croissants, aggravés par l’occupation et l’absence de réformes sérieuses, notamment à Gaza, où la situation reste fragile malgré les efforts déployés par l’ONU et les partenaires régionaux et internationaux tels que l’Égypte et le Qatar, a noté M. Wennesland.  Dans ce contexte, la Fédération de Russie a rejeté les « divers prétextes » avancés par les États-Unis pour s’abstenir de participer aux travaux du Quatuor, pourtant entériné par une résolution du Conseil de sécurité.  La Chine a de son côté jugé prioritaire le renforcement de l’Autorité palestinienne et la réconciliation intrapalestinienne, tout en souhaitant la tenue d’une conférence de paix globale permettant de réaliser le droit légitime des Palestiniens à un État indépendant.  « Chaque journée d’inaction est une atteinte à la justice », a estimé son représentant.

« Chercher à geler ce conflit ou le gérer à perpétuité ne sont pas des options viables », a répété M. Wennesland, en considérant que seul un processus politique légitime permettra de résoudre les problèmes fondamentaux.  Il a incité les États de la région et la communauté internationale dans son ensemble à prendre des mesures concrètes pour infléchir la « trajectoire négative » sur le terrain et améliorer la vie des Palestiniens et des Israéliens, tout en faisant avancer la création de deux États.

Malgré la persistance de ces défis, le haut fonctionnaire a salué les mesures prises par Israël pour assouplir certaines restrictions et faciliter l’activité économique, notamment l’octroi de plus de 18 000 permis permettant aux résidents palestiniens de Gaza de travailler en Israël, soit le nombre le plus élevé depuis 2007.  Le volume de marchandises sortant de Gaza par le point de passage de Kerem Shalom a ainsi augmenté de près de 50% en 2022, bien que les restrictions continuent de restreindre les efforts humanitaires et de développement.  Pour résoudre les problèmes de ce territoire, il faudra trouver des solutions politiques, a prévenu M. Wennesland, assurant le retour du Gouvernement palestinien légitime et la levée complète des bouclages israéliens, conformément à la résolution 1860 (2009) du Conseil.

Ces progrès fragiles sont toutefois menacés par la flambée des prix des produits de base et des coûts humanitaires dans les territoires occupés, a déploré le Coordonnateur spécial, avec pour effet de mettre en péril la fourniture de services essentiels aux réfugiés par le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINENNE

S’exprimant par visioconférence, M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a exprimé sa profonde préoccupation face aux niveaux élevés de violence observés au cours des derniers mois en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est.  Les affrontements, les opérations de sécurité israéliennes ainsi que la violence liée aux colons se sont poursuivis au cours de la période considérée dans son rapport, du 21 septembre au 7 décembre 2022.  Cette année, plus de 150 Palestiniens et 20 Israéliens ont été tués en Cisjordanie et en Israël, ce qui représente le nombre le plus élevé de décès depuis plusieurs années, a expliqué M. Wennesland.  En outre, depuis le 8 décembre, 6 Palestiniens ont été tués par les forces de sécurité israéliennes.

L’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée demeure profondément préoccupante, a poursuivi le Coordonnateur spécial, en ajoutant que celles-ci compromettent la perspective de parvenir à une solution à deux États en érodant systématiquement la possibilité d’établir un État palestinien contigu, indépendant, viable et souverain.  Malgré l’absence de nouvelles unités de logement en Cisjordanie occupée, il a jugé élevé le nombre total d’unités de logement des colonies alors que dans la zone C, quelque 4 800 unités de logement ont été construites en 2022, contre 5 400 en 2021.  Toutefois, à Jérusalem-Est occupée, le nombre d’unités de logement avancées a plus que triplé par rapport à l’année précédente, passant de 900 unités en 2021 à environ 3 100 en 2022, a précisé M. Wennesland.

La poursuite des démolitions et des saisies de structures palestiniennes demeure alarmante, a encore dit le Coordonnateur spécial, particulièrement la démolition d’une école à Masafer Yatta.  Il a exhorté le Gouvernement israélien de cesser immédiatement les activités de colonisation, la démolition de propriétés palestiniennes et les expulsions, tout en permettant aux Palestiniens de construire des habitations légalement et de répondre à leurs besoins de développement.  « La violence doit cesser et tous les auteurs de ces actes doivent être tenus pour responsables », a martelé le Coordonnateur spécial.

M. Wennesland a trouvé particulièrement inquiétante la fragilité de la dynamique politique et sécuritaire actuelle, en particulier en Cisjordanie occupée.  L’aggravation de l’occupation, l’augmentation de la violence, y compris du terrorisme, et l’absence d’horizon politique clair ont, selon lui, pour effet de renforcer les extrémistes et d’éroder l’espoir des Palestiniens et des Israéliens d’une résolution du conflit.  Simultanément, l’Autorité palestinienne est confrontée à des défis économiques et institutionnels croissants, aggravés par l’occupation et l’absence de réformes sérieuses, notamment à Gaza, où la situation reste fragile malgré les efforts déployés par l’ONU et les partenaires régionaux et internationaux, y compris l’Égypte et le Qatar.  Il a toutefois salué les mesures prises par Israël pour assouplir certaines restrictions et faciliter l’activité économique, en notant l’émission de plus de 18 000 permis permettant aux résidents palestiniens de Gaza de travailler en Israël, soit le nombre le plus élevé depuis 2007.  Le volume de marchandises sortant de Gaza par le point de passage de Kerem Shalom avec Israël a ainsi augmenté de près de 50% en 2022, a-t-il noté, bien que les restrictions continuent d’avoir un impact négatif sur les efforts humanitaires et le développement.  Pour résoudre les problèmes de Gaza, il faudra trouver des solutions politiques, a prévenu M. Wennesland, notamment garantir le retour du Gouvernement palestinien légitime et la levée complète des bouclages israéliens, conformément à la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité.

Tandis que la flambée des prix des produits de base, les besoins et les coûts humanitaires augmentent dans les territoires occupés, le Programme alimentaire mondial (PAM) a besoin de 35 millions de dollars pour pouvoir continuer à apporter son soutien, a expliqué le Coordonnateur spécial.  La situation financière de l’UNRWA continue, quant à elle, de mettre en péril la fourniture de services essentiels aux réfugiés dans le Territoire palestinien occupé.  « Chercher à geler ce conflit ou à le gérer à perpétuité ne sont pas des options viables », a répété M. Wennesland, en considérant que seul un processus politique légitime permettra de résoudre les problèmes fondamentaux.  Il a incité les États de la région et la communauté internationale à prendre des mesures concrètes pour changer la « trajectoire négative » sur le terrain et améliorer la vie des Palestiniens et des Israéliens, tout en faisant avancer la création de deux États.

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a fait part de sa préoccupation vis-à-vis des violences en Cisjordanie et la mort récente d’une jeune fille âgée de 16 ans est un autre rappel tragique du coût humain de ce conflit et de l’importance pour les parties d’œuvrer à y mettre fin.  À cet égard, il a jugé fondamental que les parties prennent des mesures de toute urgence pour apaiser la situation.  Tous les extrémistes, israéliens comme palestiniens, doivent être traités de la même façon et les arrestations, les sanctions et les peines prononcées être comparables.  De même, le représentant a exhorté les dirigeants à condamner toute forme de violence, quelle que soit l’identité de leurs auteurs.

Les actes unilatéraux et discours incendiaires ne font qu’ajouter de l’huile sur le feu et fragiliser toute perspective de solution négociée à deux États, a-t-il mis en garde.  Le représentant s’est ensuite dit profondément préoccupé par l’initiative lancée par la Palestine à l’Assemblée générale pour demander un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) contre Israël, la jugeant « contreproductive » et de nature à éloigner davantage les parties d’une solution négociée.  Il a de même souligné le caractère impératif du maintien du statu quo historique des Lieux saints de Jérusalem, rejetant les discours incendiaires.

Dans cette situation marquée par des tensions, nous devons garder les yeux rivés vers l’avenir, a dit le délégué, rappelant s’être rendu récemment aux Émirats arabes unis et en Israël, où il a pu constater le potentiel offert par la normalisation entre les nations arabes et Israël.  Les Accords d’Abraham peuvent offrir, à son avis, des avantages colossaux pour la région.  Cette normalisation des relations donne, selon lui, de nouvelles clefs pour explorer les solutions afin de contribuer à un Moyen-Orient plus prospère, stable et sûr.

M. ALEXANDRE OLMEDO (France) a qualifié d’extrêmement inquiétants les derniers développements sur le terrain.  Au vu du nombre élevé de victimes palestiniennes ces derniers mois, il a réitéré son appel aux autorités israéliennes à faire un usage proportionné de la force, rappelant que la protection des civils est une obligation au titre du droit international humanitaire.  Le représentant a également dénoncé la violence des colons qui, selon lui, ne fait qu’augmenter le risque d’une spirale de provocations et de représailles, tout en condamnant de la même façon les attaques terroristes perpétrées contre des Israéliens.  Pour le délégué, la priorité aujourd’hui est l’arrêt urgent de la politique de colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est, alors que les démolitions de structures palestiniennes s’intensifient en Cisjordanie, de même que les évictions de Palestiniens.

Appelant le prochain Gouvernement israélien à renoncer à la construction de colonies sauvages et à leur légalisation, il a assuré que la France ne reconnaîtra jamais l’annexion illégale de territoires qui éloignent chaque jour un peu plus la perspective de pourparlers directs entre les parties et, à long terme, la perspective d’une solution à deux États.  Pour préserver cette possibilité, il a jugé nécessaire de poursuivre la mise en œuvre de la politique de différenciation, conformément à la résolution 2334 (2016) qui vise à matérialiser juridiquement la distinction entre le territoire d’Israël et les territoires palestiniens occupés depuis 1967.  À l’heure où les violations des Accords d’Oslo se multiplient, le Conseil de sécurité a une responsabilité vis-à-vis des parties, a conclu le représentant, pour qui il importe de veiller au respect des accords passés et à ce que, dans les prochains mois, la « politique du fait accompli » ne mine pas la solution de deux États vivant côte à côte en paix et en sécurité et ayant l’un et l’autre Jérusalem pour capitale.

Mme MONA JUUL (Norvège) s’est dit préoccupée par le niveau toujours élevé de violence en Cisjordanie.  Le meurtre d’une adolescente de 16 ans la semaine dernière lors d’une opération militaire israélienne à Jénine est un autre exemple tragique des souffrances endurées par les Palestiniens, a déclaré la déléguée qui a appelé les forces de sécurité israéliennes à faire montre de la plus grande retenue s’agissant de l’usage de la force.  Elle a estimé que la situation actuelle n’est pas tenable et n’est dans l’intérêt d’aucune des parties.  La poursuite des activités de colonisation sape la solution des deux États et nourrit la défiance, a-t-elle averti.

Réitérant l’importance de ladite solution, elle a plaidé pour la reprise de négociations directes entre Palestiniens et Israéliens le plus rapidement possible.  À court terme, il est crucial de consolider le cessez-le-feu à Gaza et de renforcer l’Autorité palestinienne, ses institutions, ainsi que l’économie palestinienne, a-t-elle affirmé.  Enfin, elle a estimé que la division politique entre Gaza et la Cisjordanie entrave les efforts pour un règlement pacifique.  Un leadership palestinien fort et unifié, jouissant d’une légitimité démocratique renouvelée, est nécessaire, a-t-elle insisté.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) s’est inquiété du tableau brossé par le Coordonnateur spécial, qui reflète une situation délicate sur le terrain caractérisée par des tensions croissantes et une impasse politique.  Il a regretté les « nombreuses actions contraires » à la mise en œuvre de la résolution 2334, notamment l’expansion des colonies illégales, les 1 800 démolitions de propriétés palestiniennes, les attaques contre les civils et la poursuite des tirs de roquettes depuis Gaza.  Au cours des deux dernières années, 517 Palestiniens et 30 Israéliens ont été tués et environ 30 000 personnes ont été blessées, a-t-il relevé, sans pour autant démanteler les capacités des terroristes ni faire cesser la violence des colons.  M. de la Fuente Ramírez a par ailleurs dénoncé les tentatives répétées de modifier le statut des Lieux saints à Jérusalem, qui sapent le rôle de la Jordanie en tant que gardienne de ces sites.  Le représentant a toutefois salué l’assouplissement des restrictions imposées à la circulation des personnes et des biens à Gaza, l’augmentation du nombre de permis de travail pour les Palestiniens et la poursuite de la coopération fiscale et sécuritaire entre Israël et l’Autorité palestinienne.  Reconnaissant qu’il n’a pas été possible de « briser les cycles de violence » au cours des dernières années, le représentant a estimé que la responsabilité « inéluctable » de la reprise du processus de paix incombe aux parties, avec l’appui de la communauté internationale et du Conseil de sécurité.

M. ZHANG JUN (Chine) a rappelé que lors du dernier sommet sino-arabe, le Président Xi Jinping a réaffirmé le soutien de la Chine à la « juste cause du peuple palestinien » et soutenu son droit à un État indépendant pour que la Palestine devienne membre à part entière des Nations Unies.  Il s’est dit favorable à la solution des deux États, estimant que les droits légitimes des Palestiniens ne peuvent être oubliés ni bafoués plus longtemps.  La Chine souhaite voir le renforcement de l’Autorité palestinienne et une plus grande unité entre factions, a indiqué le représentant, avant d’appeler aussi à la réconciliation intrapalestinienne.  Ces questions sont prioritaires et il faut tout faire pour que la négociation reprenne, a-t-il estimé, en suggérant qu’il faudrait organiser une conférence de paix globale sur la question palestinienne.

Le délégué s’est opposé à tout usage excessif de la force, exigeant que les responsabilités soient établies pour tous les incidents et que la Puissance occupante respecte ses obligations vis-à-vis des civils dans les territoires occupés.  Soulignant que la sécurité des Palestiniens et des Israéliens reste indivisible, il a appelé la communauté internationale à accorder une attention identique à leurs préoccupations et à encourager les pourparlers de paix et la coopération.  Il faut mettre fin à la violence et rompre le cercle vicieux actuel, a-t-il insisté, en appuyant aussi sur l’importance de faire appliquer les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2334.

Le représentant a par ailleurs annoncé que la Chine a l’intention d’accroître sa contribution à l’UNRWA.  Notant le large soutien international à la cause palestinienne et à la solution des deux États, il a posé la question de savoir quelles sont les raisons qui expliquent l’impossibilité pour les Palestiniens de réaliser leur droit légitime à un État indépendant.  Chaque journée d’inaction est une atteinte à la justice, a-t-il tranché, en exhortant la communauté internationale et l’ONU à prendre des mesures concrètes pour permettre au peuple palestinien d’exercer ce droit inaliénable pour que « Juifs et Arabes puissent vivre en harmonie, côte à côte et dans la paix ».

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a constaté que le dernier rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) dresse un tableau inquiétant pour ceux qui aspirent à la concrétisation de la solution des deux États et à une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens.  Observant que la poursuite des activités de colonisation ne contribue pas aux efforts de paix dans la région, il s’est dit consterné par la montée de la violence à l’encontre des civils, en particulier des enfants, avant d’appeler les parties à faire montre de la plus grande retenue et à éviter toute action susceptible d’exacerber les tensions et les souffrances.  Toutes les obligations découlant du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme doivent être respectées, a-t-il insisté, tout en appelant à ce que les auteurs de violence de part et d’autre soient tenus responsables de leurs actes.

Alors que l’absence d’horizon politique tend à renforcer les extrémistes et érode l’espoir d’un règlement entre Israéliens et Palestiniens, il est urgent que nous progressions dans le traitement des forces motrices de ce conflit afin de rendre possible une solution politique juste et durable, a plaidé le représentant.  Il convient donc, selon lui, que le Conseil de sécurité renouvelle sa détermination collective à rechercher un engagement des autorités israéliennes et palestiniennes en faveur de la paix.  Enfin, après avoir exprimé sa préoccupation face au manque de financement dont pâtissent l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et le Programme alimentaire mondial (PAM), le délégué a exhorté les bailleurs de fonds à répondre aux appels des deux agences onusiennes afin de soutenir leurs activités vitales.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a jugé « accablante » la situation décrite par le Coordonnateur spécial, avec notamment la recrudescence des actes de violence et la poursuite des activités de colonisation.  Il a rappelé que 2022 est l’année la plus violente depuis l’Intifada de 2005.  Le Conseil doit « oser » en faire davantage sur ce dossier, a-t-il dit, avant d’évoquer la situation à Gaza.  Il a appelé les parties à faire montre de retenue et à s’engager dans un dialogue franc et constructif.  Le délégué a plaidé pour la solution des deux États, avant d’appeler à doter l’UNRWA des ressources nécessaires.  Enfin, s’agissant de la question sensible du rapatriement des dépouilles, le délégué du Gabon a exhorté les parties à s’accorder sur une solution à même de favoriser le dialogue.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est dit alarmé par la régularité des flambées de violence dans les territoires palestiniens occupés, y compris en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.  Il s’est dit convaincu que la situation restera explosive tant que les parties n’auront pas trouvé un accord mutuellement acceptable sur toutes les questions relatives au statut final avec comme élément central une solution prévoyant deux États.  Dans le contexte des informations fournies par le Coordonnateur spécial sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016), le représentant a réitéré sa position de principe selon laquelle la création de colonies israéliennes dans le Territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, constitue une violation du droit international et demeure l’un des principaux obstacles au règlement.  Il a regretté les arrestations et détentions arbitraires de Palestiniens qui ont lieu tous les jours.  En Cisjordanie, les Israéliens continuent à mener des raids militaires « disproportionnés et sanglants », a-t-il déploré, s’élevant aussi contre les flambées de violence qui ont lieu régulièrement autour de la bande de Gaza.  Depuis le début de l’année, 158 personnes ont été tuées en Cisjordanie et 52 à Gaza, a-t-il dénombré.  Parallèlement, il a dénoncé, la poursuite des expropriations de biens palestiniens, la démolition de maisons et la violation systématique du statu quo des Lieux saints de Jérusalem.

Le représentant a aussi dénoncé le fait que ces actions arbitraires et illégales d’Israël vont au-delà de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, touchant les pays arabes voisins avec de nombreuses violations de leur souveraineté, notamment dans le cadre d’attaques menées en territoires syrien et libanais.  Dans ce contexte, il a rejeté les « divers prétextes » avancés par les États-Unis pour s’abstenir de participer au travail du Quatuor, ce qui bloque l’action de ce mécanisme multilatéral pourtant entériné par une résolution du Conseil de sécurité.  Pour sa part, la Russie reste attachée au règlement du conflit conformément aux dispositions du droit international et plaide en faveur de la reprise rapide des travaux du Quatuor dans les meilleurs délais, a déclaré le délégué.  C’est pourquoi, a-t-il conclu, les tentatives de monopolisation du processus de règlement de ce conflit sont incohérentes et vouées à l’échec.

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a appelé à intensifier les efforts visant à créer des conditions propices à la tenue de négociations sur l’ensemble des questions relatives au statut final en tenant compte des préoccupations légitimes palestinienne et israélienne.  En l’absence de progrès significatifs dans la mise en œuvre de la résolution 2334, le représentant a insisté pour que les rapports soient étayés par le paragraphe 11 de la résolution, qui demande la présentation d’objectifs clairs, d’échéanciers et de solutions réalisables pour régler les questions en suspens.  Face aux incidents violents, aux arrestations et aux décès touchant des enfants, il a appelé à redoubler d’efforts pour assurer leur protection.  Il a dénoncé la poursuite des violences et du terrorisme, notamment les tirs de roquettes effectués à partir de Gaza ainsi que les expulsions et démolitions de propriétés palestiniennes.  M. Kimani a demandé aux parties, y compris les dirigeants politiques et religieux, de mettre fin à la rhétorique incendiaire dans l’intérêt de la paix et de la sécurité.

M. FERGAL TOMAS MYTHEN (Irlande) a tiré la sonnette d’alarme sur les violences en cours qui font de 2022 l’année la plus meurtrière pour les Palestiniens depuis la violence de 2005 en Cisjordanie.  Face à la situation, le représentant a demandé en premier lieu de faire cesser les activités de peuplement que mène Israël.  Il faut ensuite protéger les civils et veiller à assurer la reddition de la justice, a-t-il poursuivi.  Il a aussi jugé nécessaire de redonner de l’espoir grâce, d’une part, à la désescalade et, d’autre part, au rétablissement de l’horizon politique et à l’appui donné à la société civile et aux acteurs humanitaires.  Le représentant s’est particulièrement inquiété de la souffrance infligée aux enfants: 42 enfants palestiniens et un enfant israélien ont été tués en 2022, ce qui représente le double des chiffres de l’année dernière, s’est-il inquiété.  De même, le représentant s’est alarmé de la détention administrative généralisée de mineurs aux mains d’Israéliens.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a constaté à son tour que la situation sur le terrain reste caractérisée par un risque d’escalade majeure en Cisjordanie et Jérusalem-Est.  Les actions unilatérales menées des deux côtés nourrissent des tensions et débouchent souvent sur des violences aux conséquences malheureuses, a-t-il déploré, observant que ceux qui souffrent le plus sont les civils, en particulier les enfants et les jeunes, ainsi que le processus de paix.  Appelant les parties à diligenter des enquêtes sur tous les actes ayant débouché sur des meurtres de civils et à traduire en justice les responsables, le représentant a aussi demandé la pleine mise en œuvre de la résolution 2601 (2021) sur la préservation du droit à l’éducation en période de conflit.  Les enfants ne doivent pas être utilisés comme boucliers humains, a insisté le représentant.  Il a ensuite fait valoir que le terrorisme n’a pas de justification et doit être condamné de toutes parts, avant de rappeler qu’Israël a le droit à la légitime défense via des actions proportionnées.  De même, le droit international et le droit international humanitaire ne sont pas facultatifs et doivent être respectés, a-t-il ajouté, dénonçant les destructions de biens palestiniens et la poursuite des activités de peuplement israéliennes, lesquelles ne créent pas de conditions propices à un règlement de paix.  Alors que les fêtes de fin d’année approchent et que des milliers de personnes vont arriver à Jérusalem pour célébrer Noël, le délégué a souligné l’importance de préserver le statu quo des Lieux saints et la cohabitation religieuse pacifique.  Enfin, il a réitéré son appel à la restauration d’un horizon politique pour une solution juste et négociée à deux États dans le cadre des frontières de 1967.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) s’est dit préoccupé devant les évolutions de la situation en Cisjordanie et à Gaza.  L’année qui s’achève a été l’une des plus meurtrières en Cisjordanie au cours des deux dernières décennies, a noté le représentant, qui a déploré la nouvelle spirale de violence qui a ravagé Gaza en août, 17 enfants ayant été tués.  Le Conseil doit redoubler d’efforts afin d’encourager les parties à revenir à la table des négociations.  Le délégué a mis en garde contre « la spirale de violence » qui pourrait envelopper la région, si rien n’était fait.

Israël doit cesser ses activités de colonisation, a tranché le délégué, en rappelant leur illicéité au regard du droit international.  Il a aussi estimé que la solution des deux États pourrait rapidement perdre toute viabilité.  Le délégué a appelé à mettre un terme aux violences perpétrées par les colons et aux démolitions d’habitations palestiniennes.  Il faut intensifier les contacts internationaux auprès des deux parties en vue de favoriser le dialogue, a déclaré le délégué, en appelant également à la « sagesse » des parties.  Enfin, le délégué a appelé à respecter le rôle de gardien des Lieux saints qui revient à la Jordanie.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est dit préoccupé par les informations selon lesquelles la période considérée a connu une nouvelle détérioration de la situation humanitaire et sécuritaire sur le terrain et une augmentation du nombre d’activités de colonisation israéliennes.  Il s’est dit peiné de constater que 2022 a été l’année la plus meurtrière pour les Palestiniens en Cisjordanie depuis 2005, et que le nombre d’attaques de colons israéliens en Cisjordanie occupée a augmenté.  Il a dénoncé les raids fréquents et les arrestations arbitraires menés par les Forces de défense israéliennes (FDI) dans les territoires palestiniens occupés, avant de condamner les attaques aveugles visant les Casques bleus et tout le personnel civil qui continue de travailler dans des conditions difficiles pour maintenir la paix.  Le Ghana condamne également tous les actes de terreur et de violence perpétrés contre les civils ainsi que les actes de provocation et d’incitation, a poursuivi le représentant, en appelant à des mesures immédiates pour prévenir la violence, y compris les actes de terreur, contre les civils non armés, les enfants et les personnes âgées.  Il a exhorté les deux parties à s’abstenir de toute provocation, incitation et rhétorique incendiaire.

S’adressant au Gouvernement israélien, le délégué lui a demandé de ne pas poursuivre ses projets de création ou d’expansion de colonies, en particulier à l’intérieur et autour de Jérusalem-Est, et de ne pas procéder à la légalisation des colonies non autorisées, y compris les mesures potentielles qui soutiendraient les colons et les activités de colonisation dans la région.  À cet égard, il a rappelé l’impact des activités de peuplement sur le processus de paix au Moyen-Orient.  En attendant la formation d’un nouveau gouvernement israélien, la priorité pour tous doit être de parvenir à un horizon politique pour le règlement pacifique du conflit, a-t-il recommandé.  Pour cela, il a exhorté les parties à s’abstenir de prendre toute mesure unilatérale qui compromettrait la viabilité de la solution des deux États et saperait la confiance mutuelle nécessaire et urgente pour stabiliser la situation, inverser les tendances négatives sur le terrain, et créer les conditions propices à des négociations ultérieures en vue d’avancer vers la solution des deux États.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a d’entrée plaidé pour un dialogue véritable afin de mettre fin à ce cycle de violences qui continue de ravager la population civile en Israël et dans les territoires palestiniens occupés.  La mort de la jeune Jana Zakaran à Jénine, au cours d’une arrestation par les forces israéliennes, est un autre rappel tragique du coût humain de ce conflit, a-t-elle déploré.  À cet égard, la représentante a appelé Israël à faire preuve de la plus « haute retenue ».  Poursuivant, elle a exhorté les deux parties à travailler la main dans la main pour engendrer une désescalade, poursuivre leur coopération cruciale sur le plan sécuritaire et mettre fin aux actes de violence.  Elle a ensuite dénoncé la démolition, le mois dernier, d’une école financée par les bailleurs de fonds dans le sud d’Hébron.  Une deuxième, financée en partie par le Royaume-Uni, est menacée de démolition, s’est-elle alarmée.  Des actes qu’elle condamne, tout comme la démolition de structures dans les territoires palestiniens occupés, y compris dans la zone C, se référant aux accords d’Oslo, qui, a-t-elle rappelé, sont limpides et stipulent que cette zone doit passer petit à petit sous juridiction palestinienne.  Pour finir, elle a exhorté les bailleurs de fonds à appuyer l’UNRWA et combler les lacunes très graves de financement ce mois, rappelant le rôle crucial de l’UNRWA pour la stabilité régionale.

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a rappelé que la résolution 2334 a été adoptée pour réaffirmer le ferme engagement de la communauté internationale à empêcher l’érosion de la solution des deux États.  De plus, cette résolution exhorte les parties à éviter tout acte de violence contre les civils, appelle à la cessation des activités de peuplement et souligne la nécessité de déployer des efforts collectifs pour lancer des négociations crédibles, a poursuivi la représentante, avant d’exprimer sa préoccupation face aux développements en Cisjordanie, à Jérusalem et à Gaza.  Condamnant les attaques violentes et les meurtres de civils de part et d’autre, elle a aussi dénoncé la poursuite des destructions et des actes de provocation.  La déléguée a réitéré son appel à l’arrêt de toute violence, tout en souhaitant que le Conseil de sécurité envoie un signal fort contre toutes les mesures qui empêchent de se concrétiser la possibilité d’une paix durable entre Israël et la Palestine.

Ce n’est qu’en réalisant la vision de deux États vivant côte à côte dans la paix, la sécurité et la reconnaissance mutuelle, et en résolvant de manière permanente toutes les questions relatives au statut final par des négociations directes, que les aspirations légitimes des deux peuples seront réalisées, a-t-elle fait valoir.  Enfin, après avoir invité les membres du Conseil à ne pas ignorer les conséquences du statu quo, la représentante a relevé que les attentats terroristes, les faits de violence et l’incitation à la haine continuent de susciter la peur et la suspicion mutuelles entre les parties.  Cela pourrait conduire à faire perdurer le conflit, ce qui ne ferait qu’augmenter le nombre de victimes des deux côtés, a-t-elle averti.

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