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AG/PAL/1438

Forum sur la question de Palestine: des parlementaires s’exaspèrent de la « cinquième guerre à armes inégales: depuis 2020 entre Israéliens et Palestiniens, et de la passivité de leur gouvernement

Le Forum 2021 des Nations Unies sur la question de Palestine, organisé ce matin par le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien sur le thème « L’appui parlementaire international à la question de Palestine », a voulu mettre en lumière le travail des législateurs en faveur de la cause palestinienne et d’un règlement juste du conflit israélo-palestinien.  Les parlementaires présents n’ont pas mâché leur mot, exaspérés par la « cinquième guerre à armes inégales » depuis 2000, entre Israël et les Palestiniens.  Devant la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et l’Observateur permanent de l’État de Palestine, ils ont accusé leur gouvernement de « frilosité », de « mollesse » voire d’une « prudence extrême qui frise la lâcheté ». 

Ce sont les parlementaires qui ont contribué à faire prendre conscience de la situation dans le Territoire palestinien occupé, y compris à Jérusalem-Est, a rappelé le Président du Comité, M. Cheikh Niang du Sénégal.  Ce sont eux qui se sont efforcés d’incorporer dans leur législation nationale les obligations internationales inscrites dans les résolutions pertinentes de l’ONU, l’Initiative de paix arabe et les accords bilatéraux.  Ce sont eux qui ont promu la reconnaissance diplomatique par leur gouvernement de l’État de Palestine et la mise en œuvre du droit international, en exerçant le contrôle du pouvoir exécutif. Les législateurs, a ajouté le Président, ont transformé les plaidoyers de la société civile en politiques concrètes et voté pour prévoir, dans les budgets nationaux et supranationaux, une aide « indispensable » au peuple palestinien. 

Or aujourd’hui, a embrayé la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, la situation se détériore en Palestine mais aussi en Israël.  Les affrontements et les violences à Jérusalem, en particulier entre les Palestiniens et les forces de sécurité israéliennes, dans l’enceinte de l’esplanade sacrée, et les tirs de roquettes de la bande de Gaza vers Israël, suivis des frappes aériennes israéliennes, ont aggravé une situation déjà instable et exacerbé le conflit israélo-palestinien.  Mme Rosemary DiCarlo a ajouté que les dernières scènes de violence entre les forces de sécurité israéliennes et les grandes foules de fidèles palestiniens ont attisé le feu dans une atmosphère très tendue.  L’escalade entre Israël et les militants palestiniens à Gaza a causé des souffrances et des dégâts énormes, tuant des civils, y compris des enfants, des deux côtés. 

La poursuite de l’escalade, a prévenu la Secrétaire générale adjointe, pourrait avoir des conséquences « dévastatrices » pour les Palestiniens et les Israéliens mais aussi pour la région dans son ensemble.  La situation à Gaza va aggraver les besoins humanitaires nés des longues années de blocus, de divisions intrapalestiniennes, d’hostilités récurrentes, et maintenant de la pandémie de COVID-19.  Alors que l’ONU participe activement aux efforts de médiation en vue de mettre immédiatement fin aux affrontements, Mme DiCarlo a repris l’appel du Secrétaire général à toutes les parties pour qu’elles facilitent ces efforts « cruciaux » pour une aide humanitaire indispensable à Gaza. 

La conjugaison de tous ces développements souligne la nécessité urgente pour tous les acteurs internationaux concernés, dont le Quatuor pour le Moyen-Orient, de revitaliser le processus de paix qui reste la seule voie vers une solution juste et durable à ce conflit persistant, a tranché Mme DiCarlo.  Cette dernière escalade à Jérusalem-Est occupée, a eu lieu dans un contexte où des centaines de résidents des quartiers palestiniens de Cheik Jarrah et de Silwan sont menacés d’expulsion.  Ces expulsions seraient exécutées, en vertu des lois et politiques israéliennes sur la restitution des biens de Jérusalem-Est, perdus en 1948, à leurs propriétaires juifs, lesquelles lois et politiques ne s’appliquent pas aux Palestiniens qui ont perdu des biens la même année.  Les expulsions et les démolitions, a averti Mme DiCarlo, contribuent à créer un environnement défavorable à la reprise des négociations.  Le Secrétaire général, a-t-elle rappelé, a exhorté les deux parties à désamorcer la situation et mettre fin de toute urgence à la dangereuse spirale de violence entre Israël et Gaza.  

Ce Forum, a estimé la Secrétaire générale adjointe, offre aux États Membres et aux parlementaires l’occasion d’exhorter, à leur tour, les deux parties à relancer un dialogue constructif, avec le soutien de la communauté internationale et d’encourager les acteurs régionaux et internationaux, travaillant à la résolution de la solution des deux États, à tout faire pour que les parties reprennent le chemin vers un règlement pacifique négocié.  Par leur pouvoir législatif et leur pouvoir auprès des gouvernements, les parlementaires, a dit Mme DiCarlo peuvent jouer un rôle « crucial » pour mobiliser l’opinion publique en faveur d’une solution des deux États, sur la base du droit international, des résolutions pertinentes des Nations Unies et des accords bilatéraux, fondés sur les lignes d’avant 1967 et avec Jérusalem comme capitale des deux États.  

Les parlementaires ont toujours été les porte-parole de la justice et de la raison dans les conflits prolongés, le conflit israélo-palestinien ne saurait faire exception.  La Secrétaire générale adjointe a espéré que ce Forum parviendra à une compréhension commune des défis collectifs et des opportunités pour agir résolument sur la question de Palestine.  Quant à elle, a-t-elle conclu, l’ONU continuera d’appuyer un règlement pacifique par le biais du Quatuor pour le Moyen-Orient, des efforts du Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient et du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix à New York, y compris sa Division des droits des Palestiniens. 

Pour mettre au « lynchage » des Palestiniens par le « régime raciste » d’Israël, l’Observateur permanent de l’État de Palestine, M. Riyad Mansour, a demandé aux parlementaires d’insuffler un nouvel élan aux efforts politiques de leur gouvernement pour mettre un terme à l’agression et aux crimes contre son peuple et, apporter au plus vite l’aide humanitaire nécessaire, en particulier dans la bande de Gaza, et notamment par le biais de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  « Honte au Conseil de sécurité qui s’est réuni à plusieurs reprises la semaine dernière et qui n’a pas été en mesure de dire un seul mot dans un document officiel, à cause de l’opposition d’un seul membre. »

À ceux qui invoquent le droit d’Israël de se défendre, il leur a demandé de penser aussi aux Palestiniens qui vivent dans « un système d’apartheid », sous occupation.  Que feriez-vous dans cette situation similaire de déshumanisation totale?  L’obtention d’un cessez-le-feu serait une bonne chose mais, s’est impatienté M. Mansour, l’occupation n’a que trop duré, les cycles de violence se répétant sans une issue juste de la cause palestinienne.  On ne peut pas, a-t-il martelé, continuer de traiter Israël comme s’il était au-dessus de la loi.  Il faut établir les responsabilités et c’est à vos gouvernements de le dire et de le faire, et d’aider les Palestiniens à vivre librement dans leur propre État, avec Jérusalem pour capitale, a-t-il dit aux parlementaires.  L’Observateur les a invités à « une levée de bouclier » pour obtenir l’application des résolutions pertinentes de l’ONU et la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) pour enquêter sur les crimes de guerre commis par la « Puissance occupante » à Gaza et plus généralement contre le peuple palestinien. 

Discussion 

Modérées par M. PEDRO ROQUE, Vice-Président de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée, les deux discussions ont insisté sur l’impératif d’établir les responsabilités et sur le rôle des parlementaires en faveur d’une solution juste.  Le statu quo n’est «  plus acceptable », a estimé le Modérateur, arguant que si le droit international n’est pas respecté, on ne peut s’attendre qu’à la violence.  Il a demandé aux parlementaires d’agir auprès de leur gouvernement pour insuffler un nouvel élan et obtenir la réalisation de la solution des deux États, « seule solution » appuyée par la « grande majorité » des gouvernements et bénéficiant du consensus des parlementaires de la Méditerranée. 

Il est en effet « consternant », a reconnu Mme Julie Elliott, parlementaire du Royaume-Uni, d’assister aujourd’hui à une « cinquième guerre à armes illégales » entre les Israéliens et les Palestiniens, depuis 2000.  Nous voyons de nouveau des centaines de victimes civiles, essentiellement du côté palestinien et même la destruction du seul centre de dépistage de la COVID-19 à Gaza.  Nous, a-t-elle expliqué, nous axons nos efforts sur l’application du droit international.  Nous exigeons l’établissement des responsabilités et la fin d’un statu quo qui n’est qu’« une annexion » qui ne dit pas son nom.  Expliquant la série de requêtes que son réseau de parlementaires a adressée au Gouvernement britannique, y compris la saisine de la Cour pénale internationale, la parlementaire a demandé à Israël de cesser la violence contre les Palestiniens, en particulier dans les lieux saints à Jérusalem, et au Hamas, qu’elle a dûment condamné, de stopper ses tirs de roquettes qui constituent « un acte de guerre ».  Mme Elliott a exigé de son gouvernement qu’il cesse les ventes d’armes à Israël, une demande reprise par M. Alexandre Boulerice, parlementaire du Canada

Les parlementaires des groupes des amis de la Palestine en ont assez de la « frilosité » de leur gouvernement, a ajouté la parlementaire britannique, avant que M. Hubert Julien-Laferrière, parlementaire français ne se révolte, à son tour, contre « la mollesse » de son gouvernement qui se garde d’imposer des sanctions et qui se contente des « grands principes » comme la solution des deux États.  Il est temps que nous, parlementaires français, obtenions de notre gouvernement qu’il « taper du poing sur la table » et reconnaisse l’État de Palestine.  La « prudence extrême du Gouvernement canadien qui frise la lâcheté », a été dénoncée par le parlementaire canadien

Les parlementaires sont bien souvent à l’avant-garde de leurs gouvernements sur la question palestinienne, s’est enorgueilli le parlementaire de la France, en rappelant que dès 2014, son Assemblée nationale a reconnu l’État de Palestine par 339 voix pour et 151 voix contre, une position qui n’est toujours pas reprise par le Gouvernement.  En Europe occidentale, seuls l’Irlande, la Suède et le Saint-Siège ont eu le « courage » de reconnaître l’État de Palestine alors que la grande majorité des pays d’Europe de l’Est l’ont déjà fait, a-t-il rappelé.  En tant que Président du Groupe parlementaire pour l’amitié France-Palestine, il a fait état de nombreuses initiatives pour interpeller son gouvernement et mobiliser ses collègues.  L’année dernière, par exemple, 115 parlementaires ont demandé au Gouvernement français de s’opposer à l’annexion de la Vallée du Jourdain.  

Ils ont également dûment dénoncé les Accords d’Abraham « qui se sont faits sur le dos des Palestiniens » puisqu’ils ne prévoient rien pour faciliter la création d’un État palestinien, alors que «  le grignotage illégal » des terres palestiniennes se poursuit.  Aujourd’hui en France, parler d’apartheid nous vaut d’être traité d’antisémite alors que la situation sur le terrain équivaut bien à cela, s’est indigné le parlementaire français.  Son homologue du Chili, M. Francisco Chahuán a abondé dans ce sens, en rappelant que les implantations israéliennes dans le Territoire palestinien ont été déclarées illégales dès 1976, en vertu du droit international, et pourtant Israël persiste « à faire la sourde oreille ».  

Aujourd’hui, 10 000 colons israéliens consomment un tiers de l’eau des 2,3 millions de Palestiniens dans la Vallée du Jourdain et où le « mur d’apartheid » a été construit malgré l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ), a déclaré M. Chahuan.  Nous sommes bien devant « un système d’apartheid », a tranché le parlementaire du Chili puisque le mur sépare des familles, traverse des villages et instaure une inégalité de droits.  Il est également revenu sur la résolution 194 (III) adoptée en 1948 par l’Assemblée générale qui consacre le droit au retour des Palestiniens, un droit, s’est-il indigné, « bafoué » jusqu’ici.  Aujourd’hui, s’est-il emporté, nous sommes bien les témoins d’un crime contre l’humanité qui doit interpeler la communauté internationale et la pousser à agir. 

Il a recommandé aux États, qui souhaitent faire acte de solidarité avec les Palestiniens, de commencer par créer une commission d’enquête internationale pour analyser et établir les faits, et, le cas échéant procéder à l’identification des responsables de crimes graves.  À l’ONU, un comité devrait être mis en place pour donner suite aux enquêtes de la commission et une personne, chargée d’identifier les mesures prises par les États pour poursuivre les auteurs des crimes.  Le parlementaire du Chili s’est ensuite tourné vers le Conseil de sécurité pour l’appeler à imposer des sanctions jusqu’à ce que la paix soit réalisée. 

C’est la responsabilité de l’ONU qui est en jeu et sa capacité de faire appliquer ses résolutions, a-t-il souligné.  C’est aussi le droit de veto qui est en jeu, alors que l’on entend par multilatéralisme l’implication de l’ensemble de la communauté internationale au règlement d’un conflit.  C’est enfin le système pénal international qui est en jeu et son incapacité à déclencher une action.  Le parlementaire chilien ne s’est pas arrêté là.  Il a demandé à ses collègues de réviser les traités commerciaux avec Israël pour interdire une fois pour toutes l’importation des produits fabriqués dans les colonies israéliennes et tout avantage fiscal aux entreprises « impliquées dans la colonisation ».  En Europe, c’est la Cour européenne de justice qui a reconnu la légalité d’un « étiquetage clair » des produits provenant des colonies israéliennes, a rappelé le parlementaire de la France, mais dans la pratique, l’application de cette obligation varie et mérite un appui politique plus soutenu.  

Les parlementaires peuvent agir aux niveaux national et régional pour envisager des perspectives communes.  Ils peuvent également agir à travers l’Union internationale des parlementaires (UIP), même s’il est difficilement envisageable d’y adopter une résolution par consensus, dans la mesure où des représentants israéliens et palestiniens y siègent.  Il n’en reste pas moins que l’action parlementaire représente, ou peut représenter un signal fort, comme l’a fait valoir le parlementaire de l’Afrique du Sud, M. Solomon Lechesa Tsenoli pour lequel « la crise actuelle est une tragédie qui rappelle l’apartheid sud-africain ».  La stabilité et la paix dépendent de la liberté des Palestiniens de disposer d’eux-mêmes et la fin de l’occupation va dans l’intérêt des Palestiniens et des Israéliens, a-t-il martelé avant d’insister sur l’importance de la coopération internationale et du dialogue pour parvenir à un plan de paix qui garantisse la viabilité d’un État palestinien.  Tous les parlementaires ont relevé l’importance du travail de l’UNRWA et encouragé leurs gouvernements à augmenter le soutien financier. 

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