En cours au Siège de l'ONU

CCP/98

La Commission de consolidation de la paix est appelée à mobiliser plus de ressources pour venir en appui aux pays qui émergent d’un conflit

23/06/2014
Assemblée généraleCCP/98
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de consolidation de la paix                     

Session annuelle de 2014

1re séance- matin & après-midi


LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX EST APPELÉE À MOBILISER PLUS

DE RESSOURCES POUR VENIR EN APPUI AUX PAYS QUI ÉMERGENT D’UN CONFLIT


      Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Guinée-Bissau, M. José Ramos-Horta, dont le mandat à ce poste arrive à expiration, a lancé ce matin un appel à la Commission de consolidation de la paix (CCP), dont s’ouvrait la session annuelle des travaux au Siège, à renforcer son rôle en matière de plaidoyer, de mobilisation de ressources et de partenariat afin d’assurer un établissement de la paix et une meilleure consolidation de la paix aux pays qui font face aux défis posés par l’instabilité et la faiblesse des capacités institutionnelles de l’État.  La Commission de consolidation de la paix, qui célèbre cette année son huitième anniversaire, a choisi comme thème principal de la session: « Des ressources durables pour le maintien et la consolidation de la paix: aspects nationaux et internationaux », avec un accent particulier sur « La création de revenus et la mobilisation des ressources nationales et internationales ».  


Intervenant en tant que principal panéliste au cours de la séance d’ouverture, M. Ramos-Horta, ancien Président du Timor-Leste et Représentant spécial du Secrétaire général en Guinée-Bissau, a expliqué qu’il est indispensable, d’apporter des réponses positives et durables aux attentes légitimes des populations qui ont été victimes d’un conflit et notamment à celles des groupes les plus fragiles et vulnérables, dont les femmes, les jeunes et les enfants.  Depuis son établissement en décembre 2005, la Commission de consolidation de la paix a travaillé de manière assidue pour jouer non seulement le rôle d’organe intergouvernemental qui lui a été assigné, et qui lui permet de mobiliser des ressources financières et techniques, mais aussi celui de conseillère prodiguant des recommandations et des stratégies en matière de reconstruction après-conflit.  En cette deuxième capacité, la CCP s’efforce d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la reconstruction des sociétés décimées par les conflits, sur la reconstruction de leurs institutions et sur la promotion d’un développement durable, a noté M. Ramos-Horta.


La CCP a contribué à l’avancement de l’agenda de l’ONU en matière de paix et de développement, a souligné le Représentant spécial du Secrétaire général en Guinée-Bissau tout en soulignant que les défis pour une consolidation de la paix durable doivent être relevés à la fois aux niveaux national et international. 


Pour ce faire, a-t-il ajouté, dans la plupart des contextes nationaux où la CCP intervient, la multiplicité des partenaires internationaux, qui se traduit souvent par une multitude de modalités de mise en œuvre des programmes s’accompagnant de délais et de procédures bureaucratiques différents, on se rend compte que la consolidation de la paix nécessite une coordination sans laquelle il serait difficile pour les partenaires d’obtenir un bénéfice maximal des investissements de temps, d’efforts, de ressources matérielles et d’autres formes de soutien investi dans l’effort déployé.  M. Ramos-Horta a ajouté qu’il est nécessaire d’évaluer les capacités des institutions de l’État bénéficiaire.  Celui-ci est-il capable d’absorber les aides qui lui sont destinées?  Il est aussi indispensable de procéder au renforcement des capacités de mise en œuvre des institutions nationales qui sont les partenaires des efforts déployés par l’ONU dans la consolidation de la paix, a ajouté M. Ramos-Horta.


Le Représentant spécial a indiqué que disposer d’un comité national de pilotage de la Commission de consolidation de la paix dans chaque pays où elle intervient est un mécanisme clef, car un comité de ce type permet de renforcer la conduite de processus consultatifs réguliers et d’assurer la liaison entre les aspects nationaux et internationaux de l’engagement de la CCP. 


L’action de la CCP dans ses zones d’action doit être soutenue, durable et visible, a ensuite préconisé M. Ramos-Horta.  Ceci est encore plus important dans les pays où des niveaux sont posés de manière abrupte aux institutions nationales, défis qui peuvent naitre de changements de régimes inconstitutionnels dans des États à qui il serait difficile d’imposer des régimes de sanctions mais où une intervention favorisant un retour à la paix est nécessaire, a estimé le Représentant spécial du Secrétaire général.


M. Ramos-Horta s’est également appesanti sur la nécessité d’assurer l’appropriation nationale du processus de consolidation de la paix par les pays qui en bénéficient et de veiller à un engagement continu des pays qui sont bénéficiaires de l’appui de la CCP.  Une consultation et une coopération étroites entre les partenaires internationaux et les gouvernements nationaux, ainsi que la coordination des efforts des partenaires internationaux, en particulier dans le domaine de la mobilisation des ressources, doivent être à tout prix assurées, a-t-il préconisé. 


En ce qui concerne la situation au Timor-Leste dont il fut le Président, M. Ramos-Horta a déclaré qu’en dépit de la « success story » qu’a connue son pays, les dirigeants actuels continuent de le considérer comme un « État fragile ».  Quant à la Guinée-Bissau, dont le nouveau Président a prêté serment aujourd’hui, le Représentant spécial a indiqué qu’après des décennies d’expériences ratées et d’échecs de ses dirigeants, l’espoir et l’optimisme sont permis après l’élection de nouveaux dirigeants.  Au Timor-Leste et en Guinée-Bissau, la communauté internationale a prodigué aux deux nations un appui essentiel qui y a permis aux responsables civils et militaires de s’engager mutuellement et de manière transparente à réduire la fracture du passé, s’est félicité M. Ramos-Horta.  


Le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, a ensuite pris la parole et a rappelé la naissance de la CCP il y a huit ans.  Il a indiqué que la Commission a été créée pour renforcer la cohérence de la réponse de la communauté internationale aux crises et pour canaliser les ressources afin de pouvoir aider les pays qui en avaient besoin.  Si depuis des années, la CCP a fonctionné sur différentes approches en fonction des pays, cette session nous offre la première occasion de nous appuyer sur l’important travail spécifique accompli par pays par la Commission pour en examiner les résultats, a dit M. Eliasson en se félicitant des thèmes ouverts dont va débattre la session. 


Le Vice-Secrétaire général a lui aussi insisté sur le fait que les pays qui sortent d’un conflit ont désespérément besoin de ressources financières et de soutien politique.  Ils doivent en même temps restaurer la confiance des populations dans la légitimité de l’État et dans le chemin de la paix qui a été choisi.  Pour faire face à ce problème, a continué M. Eliasson, nous avons besoin de la coopération internationale et de nouveaux cadres de promotion de la transparence financière, qui exigent un leadership fort et une bonne gouvernance nationale. 


À cet égard, les États Membres devraient appuyer le développement de capacités et d’institutions qui puissent aider les pays sortant de conflit à augmenter leurs revenus et à combattre les transferts illégaux de capitaux, qui ont coûté au cours des dernières années, plus d’un trillion (1 000 milliards) de dollars aux pays en développement, en appuyant des actions menées sur la base des accords existants ou à travers la lutte contre la corruption.  Les sommes détournées à travers des transferts illicites représentent, pour l’Afrique par exemple, 6% du produit intérieur brut du continent et plus de six fois l’aide publique au développement qu’il reçoit, comme l’a récemment indiqué M. Thabo Mbeki, ancien Président de l’Afrique du Sud, qui préside un groupe de travail sur la question, a précisé M. Eliasson. 


Il est important de promouvoir le partage des informations fiscales, et d’assurer un appui stable et prévisible aux pays sortant d’un conflit et à qui des efforts de consolidation de la paix ont été consacrés, a préconisé M. Eliasson.  À cet égard, il a indiqué qu’après la fermeture d’une mission de maintien de la paix, on devrait faire en sorte que le pays où elle était présente bénéficie de la création d’une « équipe de pays » des Nations Unies et de ressources provenant du Fonds pour la consolidation de la paix.  Ceci lui éviterait d’être affecté par l’instabilité financière, comme cela a été le cas en Sierra Leone et ailleurs, a préconisé M. Eliasson.  À cet égard, il a indiqué que la réunion annuelle des participants, contributeurs et actionnaires au Fonds pour la consolidation de la paix aurait lieu demain et a invité tous les États Membres à y prendre part et à soutenir généreusement le Fonds.


Le Président de la Commission de la consolidation de la paix (CCP), M. Antonio de Aguiar Patriota, du Brésil, a, quant à lui, indiqué que cette huitième session de la CCP devrait contribuer à l’élaboration d’orientations politiques pertinentes pour les pays sortant d’un conflit.  Elle devra aussi être une occasion de réfléchir sur le rôle des cadres et politiques internationaux, et sur l’engagement des États Membres à aider les pays à éviter de retomber dans les conflits.  À cet égard, M. Patriota a rappelé l’exemple du Timor-Leste, un pays qui, après la fermeture de la mission de maintien de la paix de l’ONU qui y avait été déployée, était retombé dans la violence.  L’ancien Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, avait alors fait un bon diagnostic des problèmes à résoudre, a indiqué M. Patriota en soulignant que huit après, les recommandations faites par M. Annan se sont révélées justes et ont permis au Timor-Leste de sortir de l’instabilité. 


Il est important que la session de la CCP qui s’ouvre mette en lumière la place essentielle que doit occuper l’établissement de la paix.  Cette phase doit en effet permettre d’intégrer l’imposition de la paix et la promotion du développement, deux actions qui se renforcent mutuellement au fur et à mesure que leur mise en œuvre avance, a souligné le Président de la CCP.  La mobilisation des ressources nationales doit à cet égard permettre la conception de stratégies permettant une totale appropriation nationale du processus.  Ceci doit amener la communauté internationale à adopter une approche centrée sur la population, dont l’inclusion favorise cette appropriation, a recommandé M. Patriota.


Segment de clôture de la session


Le représentant de la Fédération de Russie et Président du Conseil de sécurité pour le mois de juin, M. Vitaly Churkin, a déclaré que « nous devons faire plus pour mieux accorder et ajuster l’approche et les outils de la CCP dans un environnement mondial changeant afin de venir en appui aux efforts nationaux de consolidation de la paix ».  Les débats tenus aujourd’hui par les participants à la session de la CCP ont jeté la lumière sur le rôle potentiel que peut jouer la Commission, en tant que plateforme, pour attirer une plus grande attention sur des lacunes spécifiques et sur les cadres politiques potentiels qui pourraient aider à renforcer les flux de ressources à destination des pays concernés par l’action de la Commission.  En tant que plateforme diplomatique qui a pour mandat de conseiller l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, et qui peut rapprocher les acteurs principaux, la CCP est bien placée pour promouvoir plus d’harmonie entre les dimensions sous-régionales, régionales et internationales des réponses à apporter aux pays sortant de conflit, a estimé M. Churkin.


M. Churkin a ajouté que les progrès accomplis en Guinée, au Libéria et au Sierra Leone constituent des bons exemples de la valeur ajoutée apportée par les efforts de l’ONU et de la région.  « Cette tendance devrait se poursuivre, et nous encourageons la CCP à poursuivre son engagement au Burundi », a-t-il dit.  La CCP devrait aussi réfléchir sur les enseignements appris dans certains pays où il y a eu des retours en arrière et de nouvelles flambées de violence, comme cela a été le cas en République centrafricaine et durant le récent changement anticonstitutionnel en Guinée-Bissau, a recommandé M. Churkin.  Il a estimé que la CCP constitue une plateforme de promotion de la participation de la femme dans la prévention des tensions, la résolution des conflits, et la consolidation de la paix, y compris à travers un engagement plein et efficace de la communauté internationale et la participation de la CCP aux processus électoraux.


M. Churkin a indiqué que des interactions informelles bilatérales avec le Conseil de sécurité aideront la CCP à maximiser et capitaliser son rôle de conseillère, et de produire et partager des idées qui pourraient ainsi être reflétées dans les résolutions du Conseil de sécurité. 


Le Président de l’Assemblée générale, M. John Ashe, a quant à lui souligné la position unique dont bénéficie la CCP pour explorer et mener un plaidoyer en faveur de politiques de développement plus holistiques.  Il a estimé que l’examen du rapport de la CCP par l’Assemblée générale a offert une plateforme utile aux États Membres, leur permettant d’étudier les défis de la consolidation de la paix et leurs interactions avec le travail de l’Assemblée. 


M. Ashe a fait savoir que l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité entameront l’an prochain l’examen décennal du dispositif de consolidation de la paix des Nations Unies.  Cet examen constituera une opportunité pour explorer la manière de renforcer la capacité et l’autorité de la CCP en ce qui concerne la fourniture de conseils et de recommandations sur des politiques qui sont susceptibles d’améliorent la vie des gens dans les pays sortis de conflit. 


La prochaine réunion de la Commission de la consolidation de la paix sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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