Deuxième Commission: les pays en développement dénoncent les déséquilibres macroéconomiques qui continuent de les marginaliser en temps de crise
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Deuxième Commission
8e & 9e séances – matin & après-midi
DEUXIÈME COMMISSION: LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT DÉNONCENT LES DÉSÉQUILIBRES MACROÉCONOMIQUES QUI CONTINUENT DE LES MARGINALISER EN TEMPS DE CRISE
Deux ans après le déclenchement de la crise économique et financière mondiale, la plus grave depuis celle de 1929, les déséquilibres macroéconomiques qui en sont la cause n’ont toujours pas été corrigés, ont affirmé de concert les délégations d’un certain nombre de pays en développement prenant part aux travaux de la Commission économique et financière (Deuxième Commission).
Vingt-huit orateurs ont pris la parole lors de ce premier débat thématique de la session, qui portait sur l’examen conjoint des questions intitulées « Système financier international et développement » et « Poids de la dette extérieure et développement ». La Deuxième Commission était à ce titre saisie de deux rapports du Secrétaire général.
Dans le premier* de ces rapports -qui a été présenté par M. Alexander Trepelkov, du Bureau du financement pour le développement-, M. Ban Ki-moon note que « le niveau des transferts financiers nets des pays en développement a singulièrement baissé en 2009, ce qui traduit un certain développement incontrôlé des déséquilibres macroéconomiques ». Les problèmes structurels qui sous-tendent ces déséquilibres persistent, ajoute le Secrétaire général, tout en estimant néanmoins que le « début de reprise économique actuel » devrait permettre de nouveau une augmentation de ces transferts.
Le Secrétaire général affirme que la réforme en cours des structures de gouvernance des institutions financières internationales est l’occasion d’accomplir des progrès importants vers l’établissement d’un système de réserves monétaires mondiales plus équilibré et plus stable, ceci en conférant notamment un rôle plus important aux droits de tirage spéciaux (DTS). « Et, pour que cette occasion théorique devienne réalité, il faudra un engagement politique très fort de la part des États Membres », constate M. Ban.
Le manque de volonté politique qui a prévalu ces dernières années caractérise clairement le manque de réponse à l’appel en faveur de plus d’équité entre le Nord et le Sud en termes de mobilisation de ressources destinées à la relance de la croissance lancée par la plupart des pays en développement qui se sont exprimés aujourd’hui. Le représentant du Yémen, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé que les pays en développement continuaient d’être les premiers à payer les conséquences de la crise financière, puisque c’est au sein de leurs populations que se trouvent la plupart des 64 millions de pauvres et des 31 millions de chômeurs causés par le ralentissement de l’économie mondiale depuis le déclenchement de la crise en 2008, sans compter les 925 millions de personnes sous-alimentées recensées dans le monde.
La solution a adopter pour inverser la tendance actuelle n’est pas hors de portée, a estimé le représentant du Yémen: les pays développés doivent recourir à des politiques fiscales visant à stimuler la demande et, ce faisant, adresser un signal positif aux marchés qui se sentiraient dès lors encouragés à investir et à embaucher, et donc à relancer la croissance économique mondiale. En outre, une réforme complète de l’architecture financière internationale doit être mise en œuvre pour veiller à ce qu’une crise comme celle de 2008 ne se reproduise plus.
Enfin, le porte-parole du Groupe des 77 et de la Chine a plaidé pour la mise en place d’un mécanisme de règlement de la dette souveraine, comme l’avait proposé, dès 1985, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). La pertinence de ce genre de mécanisme est soulignée par le Secrétaire général dans le deuxième rapport** présenté aujourd’hui à la Commission par Mme Yuefen Li, de la Division de la mondialisation et des stratégies de développement de la CNUCED.
Le représentant de la Belgique, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a quant à lui parlé des initiatives prises en faveur de la « réduction » de la dette, notamment celle des pays pauvres très endettés. Le représentant a également soulignéque la crise financière et économique mondiale avait révélé la nécessité d’une meilleure coordination et d’une cohérence accrue des politiques de développement aux niveaux global, régional et national, qu’appelle également de ses vœux M. Ban Ki-moon.
Pour le représentant du Malawi, qui s’exprimait au nom du Groupe africain, la viabilité de la dette et la mise en place d’un commerce international juste et équitable sont des conditions sine qua non de la promotion, avec une chance de succès, du développement économique des pays du continent africain, où le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) est passé de 4,9% en 2008 à 2,4% en 2009.
Outre une aide publique au développement (APD) enfin portée aux niveaux requis, l’assistance fournie aux pays en développement devrait également revêtir la forme d’un renforcement de la viabilité de la dette et du commerce multilatéral et d’une participation accrue des pays en développement, notamment les pays africains, aux échanges mondiaux, et au processus de prise de décisions des institutions du système économique et financier mondial, a préconisé le représentant du Malawi.
La Commission économique et financière poursuivra l’examen en séance publique des points inscrits à son ordre mercredi, le 13 octobre, à 10 heures.
* A/65/189
** A/65/155
QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE
Système financier international et développement
Rapport du Secrétaire général (A/65/189)
Ce rapport du Secrétaire général présente les dernières tendances en ce qui concerne le transfert net de ressources financières vers les pays en développement et les efforts actuels dans le sens d’une réforme du système et des structures monétaires et financières au niveau international. Il met l’accent sur les défis les plus urgents, dus à la crise économique et financière mondiale, et sur l’impact de cette crise sur le développement. C’est notamment le cas de la régulation et la supervision en matière financière, de la surveillance multilatérale, de la coordination des politiques macroéconomiques, de la mise en place d’un filet de sécurité financière au niveau mondial, du système des réserves internationales, ou encore de la réforme de la gouvernance des institutions de Bretton Woods.
Le Secrétaire général note que le niveau des transferts financiers nets des pays en développement a singulièrement baissé en 2009, ce qui traduit un certain développement incontrôlé des déséquilibres macroéconomiques. Les problèmes structurels qui sous-tendent ces déséquilibres persistent, mais le début de reprise économique actuel devrait permettre de nouveau une augmentation des transferts nets en provenance des pays en développement.
Le cadre de régulation qui se met actuellement en place doit tenir compte des risques systémiques et de la nécessité de stabilité globale du système, observe le Secrétaire général. La régulation du secteur financier devrait être à la fois suffisamment souple pour tenir compte des situations intérieures de chaque pays et cohérente, sur le plan international, en évitant notamment les contrôles fragmentaires.
La surveillance multilatérale reste au cœur des efforts de prévention des crises, indique le rapport. Parallèlement aux analyses de chaque pays, ce processus de surveillance devrait permettre de traiter plus largement les questions macroéconomiques, les flux de capitaux et les risques systémiques - y compris un examen approfondi des États Membres et des institutions- qui sont essentiels à la stabilité mondiale. D’après le Secrétaire général, l’évaluation de la cohérence des politiques au niveau international et la promotion de la coordination des politiques macroéconomiques nationales devraient être désormais un objectif clef de la coopération multilatérale.
D’autre part, il convient aussi de coordonner très étroitement les décisions de politique macroéconomique et d’autres aspects de la gouvernance mondiale. Les Nations Unies doivent jouer un rôle majeur pour garantir des réponses politiques cohérentes aux défis auxquels nous sommes confrontés sur le plan mondial, et qui concernent tout à la fois les domaines économique, social et environnemental, souligne le Secrétaire général.
Au sujet de la stabilité financière à l’échelon mondial, il est essentiel de renforcer encore le filet de sécurité financière, et l’un des problèmes majeurs est de trouver un équilibre et de mettre en place des mécanismes de coordination efficaces des dispositions prises au niveau multilatéral, régional et bilatéral, et du processus d’auto-assurance.
Il importe également de poursuivre le débat sur les mérites et la faisabilité d’une évolution vers un système de réserves mondiales plus équilibré et plus stable, en conférant notamment un rôle plus important aux droits de tirage spéciaux (DTS). Le Secrétaire général conclut en affirmant que la réforme en cours des structures de gouvernance des institutions financières internationales est une occasion d’accomplir des progrès importants sur cette question essentielle. « Et, pour que cette occasion théorique devienne réalité, il faudra un engagement politique très fort de la part des États Membres. », assure M. Ban Ki-moon.
Poids de la dette extérieure et développement
Rapport du Secrétaire général (A/65/155)
Dans ce rapport le Secrétaire général passe en revue les faits récents concernant la dette extérieure des pays en développement en mettant l’accent sur l’incidence de la crise financière et économique mondiale actuelle sur la viabilité de la dette extérieure. Le rapport examine également les politiques et les institutions qui ont pour but de réduire la fréquence et le coût des crises de la dette. Le Secrétaire général y décrit aussi les progrès accomplis dans l’allégement de la dette et y examine l’aide publique au développement et les nouvelles tendances et modalités du financement multilatéral.
L’une des heureuses surprises de la crise financière mondiale est la résilience de plusieurs pays en développement face au phénomène, constate Ban Ki-moon. Cette résilience, cependant, risque de ne pas faire long feu si la reprise économique s’essouffle et si les pays en développement épuisent leur marge de manœuvre, qui est limitée. Il est donc impératif que la communauté internationale continue à aider ces pays au moyen de subventions, en élargissant l’accès au financement concessionnel et, au besoin, par l’allégement de leur dette, relève le Secrétaire général. Les problèmes budgétaires des pays développés ne doivent pas servir de prétexte pour réduire l’aide extérieure, qui n’absorbe au demeurant qu’une fraction minuscule des dépenses publiques totales de la plupart des pays donateurs. Renier ses engagements et abandonner le principe d’une solidarité mondiale au moment où de nombreux pays en développement sont frappés de plein fouet par des chocs extérieurs brutaux est une politique à courte vue qui ne peut que conduire à des situations où tout le monde serait perdant, prévient le Secrétaire général.
Le service de la dette, indique le Secrétaire général, en proportion des exportations, et en proportion des recettes publiques des pays en développement, s’est alourdi en 2010 par rapport aux années précédant la crise. En 2009, le service de la dette par rapport aux recettes publiques a augmenté de plus de 17 points de pourcentage dans les pays pauvres très endettés (PPTE). L’augmentation de la part des recettes publiques consacrée au service de la dette est préoccupante, car de plus en plus de pays sont en retard dans leur programme de réduction de la pauvreté, souligne Ban Ki-moon. En Afrique subsaharienne, les recettes publiques, si l’on exclut les dons reçus, ont diminué, passant de 25,1 % du PIB à 21 % en 2009. Selon le FMI, en 2009, la balance primaire de beaucoup de pays subsahariens (12 sur 23) est tombée en dessous des niveaux nécessaires pour stabiliser les coefficients d’endettement. L’Afrique est l’une des régions du monde où les opérations courantes sont passées d’un excédent à un déficit, de 2,5 % du revenu national brut (RNB) en 2008, à -3,1 % du RNB en 2009 (soit environ 18 milliards de dollars).
Les pays en développement qui traversent une mauvaise passe trouvent une rémission salutaire dans l’allégement de la dette et dans l’aide publique au développement (APD), note M. Ban Ki-moon. Des progrès encourageants ont été accomplis l’année dernière en ce qui concerne l’allégement de la dette des pays pauvres très endettés (PPTE), reconnait-il. Cependant, du fait de la crise financière mondiale et de l’instabilité des apports d’aide, la vulnérabilité grandissante de beaucoup de pays en développement, en raison de leur endettement, demeure préoccupante, conclut le Secrétaire général dans ce rapport.
Réaction à la présentation des rapports
À la suite de la présentation des rapports ayant trait aux questions inscrites aujourd’hui à l’ordre du jour de la Commission, le représentant de l’Indonésie a apprécié le fait que les rapports soumis aujourd’hui aux délégations mentionnent les effets de la volatilité à court terme, et il a souhaité que l’accent soit mis à l’avenir sur cet aspect du paysage économique et financier international.
Suite du débat général
S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. KHALED HUSSEIN ALYEMANY (Yémen) a rappelé que, deux ans après le déclenchement de la crise économique et financière mondiale, les pays en développement continuaient d’être les premiers à en payer les conséquences. Selon la Banque mondiale, 64 millions de personnes supplémentaires dans le monde seront jetées dans la pauvreté en raison de cette crise, la plupart d’entre eux vivant dans des pays en développement, a relevé le représentant. En outre, l’Organisation internationale du Travail (OIT) estime que 31 millions de personnes ont perdu leur emploi ou pourraient s’avérer incapable de trouver un emploi à temps complet dans les pays en développement, toujours en raison de la crise. Enfin, a ajouté M. Alyemany, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime à 925 millions le nombre de personnes dans le monde qui continuent de souffrir de la faim, a ajouté M. Alyemany.
Comme l’a clairement établi le Document final de la Conférence des Nations Unies sur la crise économique et financière, la majorité des pays en développement manquent de ressources fiscales, qui sont nécessaires à la mise en œuvre de mesures contre-cycliques, et se heurtent à des contraintes sévères en matière de commerce international, a rappelé le représentant. Selon le Groupe des 77 et de la Chine, les pays développés devraient recourir à des politiques fiscales visant à stimuler la demande et, ce faisant, adresser un signal positif aux marchés qui se sentiraient dès lors encouragés à investir et à embaucher, et donc à relancer la croissance économique mondiale. Par ailleurs, M. Alyemany a jugé qu’il était indispensable de mettre en œuvre une réforme complète de l’architecture financière internationale pour veiller à ce qu’une crise comme celle de 2008 ne se reproduise plus.
Le porte-parole du Groupe des 77 et de la Chine a ensuite plaidé pour la mise en place d’un mécanisme de règlement de la dette souveraine, comme l’avait proposé, dès 1985, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). La création d’un tel mécanisme de restructuration de la dette souveraine avait été rejetée par le FMI, a-t-il rappelé. Or, le Document final de la Conférence en souligne la pertinence, de même que le rapport du Secrétaire général et la résolution 64/191 de l'Assemblée générale, a noté le représentant.
M. Christophe de Bassompierre (Belgique), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a relevé que les questions de politiques macroéconomiques, de financement pour le développement, de commerce international et enfin de développement tout court, sont abordées de manière efficiente dans le cadre du Consensus de Monterrey. Ce Consensus, a-t-il ajouté, a été reconnu, par la Conférence de suivi de la mise en œuvre des engagements de Monterrey, qui a eu lieu à Doha, comme étant la plateforme de base pour le financement du développement, du fait qu’il pose les bases d’un partenariat global dont la communauté internationale a besoin pour réaliser les objectifs de développement internationalement agréés, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). L’Union européenne soutient entièrement les initiatives globales et les actions relatives à ces questions, a noté le représentant. Ajoutant que l’Union européenne joue pleinement son rôle sur ces sujets, notamment en prenant des initiatives et des actions adéquates, ciblées et coordonnées afin de soutenir les pays en développement, notamment les plus pauvres et les plus vulnérables.
Le représentant a souligné que les crises financière et économique mondiales ont révélé la nécessité d’une meilleure coordination et d’une cohérence accrue des politiques de développement aux niveaux global, régional et national. De ce fait, l’Union européenne accueille favorablement les récentes mesures visant à renforcer la régulation, la supervision et le contrôle des systèmes financiers. L’Union européenne soutient aussi les réformes en cours des institutions de Bretton Woods visant à augmenter les quotas et la participation des pays les moins représentés à leurs organes de réflexion et de prise de décisions, a-t-il relevé. Dans le même cadre, l’Union européenne considère que des réformes liées au quota et à la gouvernance au sein du Fonds monétaire international (FMI) sont les meilleures approches pour la modernisation de la structure.
Reconnaissant que les Nations Unies et les institutions financières internationales jouent des rôles complémentaires, l’Union européenne les encourage à plus de coordination dans le cadre de la consolidation de la gouvernance économique mondiale. Dans ce contexte, l’Union européenne émet le vœu d’un renforcement de la coopération entre le G-20 et l’ONU. Rappelant que la réduction de la dette demeure un sujet de première importance, le représentant a assuré que l’Union européenne va continuer à soutenir les initiatives de réduction de dette, notamment celles concernant les pays pauvres très endettés. Le représentant a conclu en relevant que des efforts doivent être orientés sur les mesures de facilitation de la croissance économique telles que l’aboutissement de l’Agenda de développement de Doha et les initiatives de réduction des risques.
Intervenant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), Mme DEWI SAVITRI WAHAB (Indonésie) s’est alignée sur les déclarations faites par le Yémen au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Rappelant que certains effets négatifs de la crise financière demeurent, elle a souligné l’importance de poursuivre les efforts en direction de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et a appelé la Deuxième Commission à soutenir cette dynamique. La Commission devrait en outre participer au renforcement de la gouvernance économique globale, a-t-elle souligné, évoquant la nécessité d’un travail de réforme visant une meilleure régulation financière, et une coordination avec des instances comme l’ECOSOC et le G-20. À cet égard, les groupes informels tels que le G-20, qui jouent un rôle important dans la refonte de la gouvernance économique mondiale, devraient renforcer leurs liens institutionnels et leur collaboration avec les Nations Unies, a dit Mme Wahab.
Déplorant une impasse dans le développement des échanges économiques mondiaux, essentiels pour la réalisation des OMD dans les pays en développement, la représentante a appelé à la conclusion d’urgence du Cycle de négociations commerciales de Doha, citant le besoin d’une libéralisation et d’une plus grande ouverture des marchés des pays développés en faveur des produits des pays en développement. Elle a aussi cité en exemple l’ANASE, pour ses efforts en termes de collaboration et d’intégration entre pays du Sud. Pour les 10 pays membres de l’ANASE, la croissance du PIB devrait dépasser les 5% en 2010, après qu’elle ait été de plus 1,5% en 2009, ce grâce aux échanges avec les pays locomotives de l’économie mondiale que sont la Chine et l’Inde, mais aussi grâce à des efforts régionaux en matière de commerce et d’investissement. Dans cette lancée, l’ANASE prévoit d’unifier son marché, sa base de production, et d’intégrer ses marchés financiers d’ici à 2015, a-t-elle rappelé. Elle a aussi cité les initiatives économiques et financières prises au niveau régional, notamment dans le cadre de l’ANASE+3; ainsi que les accords de libre-échange « ATIGA », ou encore le projet « ACI », qui vise l’unification des moyens de transport dans la sous-région d’Asie du Sud-Est.
M. SHANKER DAS BAIRAGI (Népal) parlant au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA) a noté que le soutien actuel des pays développés en direction des pays en développement, notamment les moins avancés, n’est pas suffisant au vu du degré de vulnérabilité de ces derniers et de l’augmentation du nombre de pauvres. Ceux-ci représentent en effet environ 400 millions de personnes dans les pays les moins avancés, ce qui équivaut à près de la moitié de leur population, a relevé le représentant du Népal. Après deux ans de crise, la reprise économique dans les PMA se fait attendre. Elle est lente et fragile et a besoin d’un soutien extérieur substantiel si on veut aider les PMA à jeter les bases d’un développement sur le long terme.
Les efforts de résolution de la crise et les modèles de marché actuels font resurgir le débat sur l’approche actuelle du développement, a relevé M. Bairagi. Il a ajouté que les efforts internationaux en faveur du développement doivent tenir compte des réalités et des priorités nationales de chaque pays. La crise a aussi révélé le besoin d’une régulation, ainsi que celui de plus de transparence dans l’architecture financière et économique mondiale. Dans ce contexte, a t-il noté, l’ONU, dont le fonctionnement est basé sur des principes de représentation et d’universalité, devrait jouer un rôle central dans la mise en place de normes mondiales dans les domaines économique, financier et commercial. Sur le sujet de la dette, M. Bairagi s’est appuyé sur le paragraphe 34 du Document final de la Conférence sur la crise économique et financière mondiale, tenue aux Nations Unies, pour appeler à l’établissement d’un système international indépendant d’arbitration de la dette. Ceci permettrait, selon le représentant, aux pays les plus endettés, d’avoir recours à des mesures d’accompagnement pour sortir du cercle vicieux de la dette.
S’exprimant au nom du Groupe africain, M. MIKE JAMU MWANYULA (Malawi) a souligné l’importance pour les pays africains des questions examinées conjointement aujourd’hui par la Deuxième Commission. La viabilité de la dette et la mise en place d’un commerce international juste et équitable sont en effet des conditions sine qua non pour le développement économique des pays en développement comme le Malawi, a-t-il rappelé. Les indicateurs concernant le continent africain sont révélateurs de l’impact de la crise économique et sociale sur ses populations et pays: le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) y est passé de 4,9% en 2008 à 2,4% en 2009, principalement en raison du déclin de la demande et des prix des principaux produits de base à l’exportation, de la chute des envois de fonds des Africains vivant à l’extérieur et des flux financiers. Bien qu’il soit prévu que le taux de croissance moyen du PIB en Afrique dépassera les 4% en 2010, ce taux demeure en-deçà des niveaux antérieurs à la crise, ainsi qu’en deçà des niveaux requis pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Or, les défis de l’Afrique ont été identifiés par le Fonds monétaire international (FMI), dont les données montrent la détérioration des balances extérieures, qui sont passées en moyenne d’un surplus de 2,5% du PNB en 2008 à un déficit de 3,1% du PIB en 2009, a relevé le représentant.
Dès lors, le Groupe africain se joint à l’appel du Secrétaire général lorsqu’il affirme que la plupart des pays africains ont besoin d’une assistance internationale pour enrayer la dévaluation de leurs monnaies dans un contexte où leurs propres réserves sont trop limitées pour stabiliser leur système financier. Outre une aide publique au développement (APD) enfin portée aux niveaux requis, l’assistance devrait également revêtir la forme d’un renforcement de la viabilité de la dette et du commerce, et d’une participation accrue des pays africains au processus de prise de décisions du système économique et financier mondial, a préconisé le représentant du Malawi. Il a également souhaité que les engagements financiers pris par les pays donateurs en matière d’allègement de la dette et de lutte contre les changements climatiques soient clairement identifiés comme étant complémentaires de ceux qui ont été pris dans le cadre de l’APD. Bien entendu, a ajouté le représentant, le rôle du commerce comme moteur du développement ne saurait être négligé. Aussi, a-t-il appelé à une plus grande volonté politique afin de conclure avec succès les négociations du Cycle de pourparlers commerciaux de Doha.
M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque), parlant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a noté que le monde a besoin de se tourner vers un système de gouvernance de l’économie mondiale transparent et mieux coordonné en tenant compte des mutations de l’économie mondiale depuis la mise en place des institutions de Bretton Woods. Reconnaissant que l’ONU est le lieu par excellence de débat sur les questions d’ordre économique, M. Wolfe a noté que d’autres fora tels que le G-20, offrent des opportunités de discuter des questions liées au développement à travers le monde. De ce fait, il a relevé qu’une meilleure représentation des pays en développement, parmi lesquels ceux de la Communauté des Caraïbes, serait opportune lors des discussions du G-20.
Le représentant de la Jamaïque a déclaré que les petits États insulaires de la CARICOM, qui sont vulnérables aux chocs économiques du fait de l’ouverture de leur marché, ont été sévèrement touchés par la crise économique du fait de leur proximité géographique avec « l’épicentre de la crise ». Rappelant que la plupart des pays de la Communauté des Caraïbes sont classés parmi les pays à revenu intermédiaire, il a relevé que cette situation leur est préjudiciable. Surtout que ce classement les empêche d’avoir accès aux financements internationaux et aux mécanismes d’allègement de la dette. À ce propos, il a appelé la communauté internationale à reconsidérer la situation des pays à revenu intermédiaire, notamment les pays de la Communauté des Caraïbes, qui vivent dans une situation de vulnérabilité particulière et font face à un grand endettement.
Mme DONG ZHIHUA (Chine) a proposé que le FMI accélère le quatorzième tour de l’examen des quotes-parts de vote au sein de ses organes directeurs aussi vite que possible, afin de concrétiser l’engagement pris lors du Sommet du G-20 de Pittsburgh d’accorder au moins 5% des quotes-parts actuellement détenues par les pays développés aux pays émergents et aux pays en développement et protéger le droit de vote des pays les plus démunis au sein du Fonds. En outre, le FMI devrait hâter sa réforme afin de renforcer sa surveillance des politiques macroéconomiques, des marchés financiers et des flux de capitaux, a dit la représentante. Le Fonds, a préconisé la représentante, devrait également mettre en œuvre la réforme de sa propre gouvernance et atteindre progressivement la parité du droit de vote entre pays développés et pays en développement. La Chine, pour sa part, soutient pleinement l’élargissement du droit de vote au sein de l’Association internationale de développement (IDA) et la Société financière internationale (SFI). La représentante a ensuite souligné la nécessité d’augmenter les ressources de la Banque mondiale et des banques multilatérales de développement, et plus largement, d’améliorer le système financier international. Dans ce contexte, les Nations Unies devraient jouer un rôle irremplaçable dans la gouvernance mondiale à travers des institutions de Bretton Woods réformées et dont l’action serait coordonnée avec le G-20, a ajouté Mme Zhihua.
M. JOÃO LUCAS QUENTAL DE ALMEIDA (Brésil) a indiqué que selon la Banque Mondiale, le monde a vu 64 millions de personnes supplémentaires sombrer dans la pauvreté à cause de la crise, surtout dans les pays en développement. Il a rappelé que cette crise économique et financière montre qu’il y a un besoin de réformer les systèmes économique, monétaire et commercial internationaux, notamment en ce qui concerne la gouvernance multilatérale de ces secteurs. M. de Almeida a salué la création d’un poste alloué à l’Afrique subsaharienne au sein des organes directeurs de la Banque mondiale et a indiqué que des réformes supplémentaires sont nécessaires en ce domaine. L’une des conséquences de la crise est l’augmentation du déficit commercial des pays en développement, qui devrait atteindre 315 milliards de dollars en 2010. « Les pays en développement ne doivent pas être pénalisés pour une situation dont ils ne sont pas la cause », a signalé le représentant.
M. MARCO ROSSI (Suisse) a estimé que le financement du développement devait aller beaucoup plus loin que la seule aide au développement. Le but du financement du développement devrait être de faire en sorte que chaque pays soit capable de générer ses propres revenus, d’attirer les investisseurs et de créer la base d’une économie saine, a-t-il ajouté. Il faut donc mettre sur pied un système financier international responsable et inclusif et qui fournit le cadre nécessaire pour la stabilité et la croissance économique. Dans un contexte de crise économique, dont les effets continueront de se faire ressentir durablement, les mécanismes traditionnels de financement devraient être revus et complétés par des mesures innovantes afin d’améliorer l’accès aux ressources de financement des pays en développement, a recommandé M. Rossi. De ce point de vue, le secteur privé joue un rôle clef en fournissant des financements innovants, a relevé le représentant.
La crise a aussi mis en évidence la nécessité de mieux réglementer et superviser le système financier et de nouer un partenariat entre les institutions et fora internationaux qui débattent de la stabilité financière mondiale, a-t-il ajouté. M. Rossi s’est dit convaincu qu’un système de gouvernance mondiale véritablement durable et légitime devait avoir les Nations Unies pour centre. Le Groupe de la gouvernance globale, dont la Suisse fait partie, plaide aussi pour un engagement plus systématique entre le G-20 et les États non-membres du G-20. Soulignant ensuite l’importance de la coopération Sud-Sud, le représentant a ajouté qu’une conclusion rapide et ambitieuse du Cycle de négociations commerciales de Doha renforcerait de façon significative le système commercial fondé sur les règles multilatérales.
M. ALEXANDER S. ALIMOV (Fédération de Russie) a estimé que la crise a démontré que les places boursières et les différentes composantes du système financier international sont liées les unes aux autres. De ce fait, a-t-il indiqué, la coordination apparaît importante entre les gouvernements, les autorités financières et les banques centrales de tous le pays. Dans ce contexte, le représentant de la Fédération de Russie a relevé que certaines mesures sont importantes et doivent être imposées dans le cadre des réformes en cours: accroître la légitimité et l’efficacité des institutions de régulation financière et boursière internationale; renforcer le système financier international lui-même; et, développer un système clair de gestion des risques. En dépit de la crise économique, a relevé le représentant, la Fédération de Russie continue d’œuvrer à la mise en place d’un centre international financier en Russie, a indiqué M. Alimov. Ce sera un centre qui devra renforcer le rôle du rouble, la monnaie russe, comme monnaie de réserve potentielle.
Mme WU YE-MIN (Singapour) a déclaré qu’il était crucial que tous les États Membres s’engagent en faveur d’un plus grand rôle des Nations Unies et des processus que seule l’Organisation peut mettre en route, et travaillent de manière coordonnée et efficace afin de permettre à l’ONU de remplir le rôle qui lui incombe au sein du système financier international. En outre, a-t-elle précisé, les décisions prises au sein des Nations Unies doivent avoir un impact réel et sortir de la simple rhétorique, sous peine que la communauté internationale ne puisse réellement pas mettre fin à la crise économique et financière mondiale. Singapour, a ajouté la représentante, reconnaît l’importance que peuvent avoir d’autres fora, comme le G-20. Mais Singapour cependant souhaite, en tant que membre du G-3, qu’une plus grande coopération soit mise en place entre les Nations Unies et le G-20.
M. JIRANUT PITAKANNOP (Thaïlande), a exprimé le soutien de sa délégation aux déclarations du Groupe des 77 et de la Chine. Bien que les Nations Unies œuvrent pour que le développement soit durable, les cycles économiques de croissance et de crise érodent les classes moyennes et menacent d’avantage les populations pauvres, a-t-il noté, ajoutant qu’il revient aux États Membres de l’Organisation de collaborer pour trouver les moyens de résoudre ces déséquilibres. Il a aussi souligné la complexité actuelle du développement économique, qui ne peut plus se traduire seulement par la croissance du PIB mais doit aussi signifier la préservation de l’environnement et l’amélioration de la qualité de vie des populations.
Le représentant a établi une corrélation entre la récente crise économique mondiale et les déséquilibres systémique du système économique, soulignant que pour être durable, la croissance doit être équilibrée, globale, innovante et verte. À cet égard, il devient tristement évident que les pays développés doivent repenser leur dépendance au commerce international, a-t-il souligné, évoquant une croissance mondiale qui a conduit ces dernières décennies plusieurs pays à devenir dépendants de produits d’exportations qui sont vulnérables à la demande mondiale. Certains pays sont d’autre part trop dépendants d’exportations basées sur une gamme de produits trop spécialisés et à faible valeur ajoutée. Cette situation explique pourquoi certains pays en développement maintiennent de bas salaires pour garder des coûts de production faibles, ce qui va à l’encontre des efforts de réduction de la pauvreté. Dans ce contexte, il faut pouvoir investir d’avantage dans les ressources humaines, ce qui génèrerait une meilleure productivité du travail, de vrais salaires et un nombre accru de consommateurs, a plaidé le représentant. Il a aussi souligné le développement de marchés régionaux de libre-échange, dans l’attente que les discussions autour du Cycle de négociations commerciales de Doha aboutissent, et a dit espérer que des liens soient tissés entre les différents accords régionaux existant.
M. Pitakannop a en outre plaidé pour une réforme du système financier mondial, déplorant que le système ait été incapable à ce jour de se corriger. Notant que la reprise économique reste encore fragile et que les mesures de relance actuelles compensent un déficit de consommation, il s’est inquiété de la baisse des recettes fiscales et de la hausse des déficits publics et a faites siennes les propositions du Secrétaire général en faveur de politiques publiques de relance durables. Plus d’investissements doivent être faits, pas seulement au niveau financier, mais aussi dans les ressources humaines, dans les entreprises, et dans l’innovation, a-t-il préconisé. En outre, le changement climatique et le développement d’une économie verte sont l’occasion de revitaliser l’économie au niveau mondial dans un cadre valorisant la concertation entre tous les pays, a souligné M. Pitakannop.
M. MOHAMMAD HASSANI NEJAD PIRKOUHI (République islamique d’Iran) a estimé que les disparités qui existent dans le système économique, commercial et financier international continuent d’exposer les pays en développement à des risques énormes. Ces pays ont mis en place, pendant des décennies, des politiques afin de développer leurs ressources économiques et humaines, mais ont échoué à parvenir au plein-emploi et à atteindre une croissance véritable en raison des déséquilibres systémiques mondiaux, a estimé le représentant. La pratique qui consiste à adapter les politiques nationales à des priorités définies par des donateurs doit être revue, abandonnée, et laisser la place à un alignement sur les priorités de chaque pays et à un respect de l’appropriation nationale. En outre, l’efficacité de l’aide doit être renforcée, a ajouté le représentant, qui a regretté qu’un déficit de 22 milliards de dollars ait déjà vu le jour s’agissant des promesses de contribution faites à Gleneagles par les pays industrialisés.
M. YOSEPH KASSAYE YOSEPH (Éthiopie) a relevé que la crise économique mondiale a été préjudiciable aux pays en développement qui pourtant, n’en sont nullement responsables. Il a indiqué que l’enveloppe de l’aide publique au développement s’élève à 188 milliards de dollars en 2010. Ce qui y laisse voir un déficit de 18 milliards de dollars par rapport aux engagements pris par les pays développés. Rappelant que l’assistance au développement est importante, le représentant a souligné que la réduction de la dette est tout aussi indispensable pour les pays en développement. À ce propos, il a noté que l’Éthiopie a bénéficié de l’initiative de réduction de la dette en faveur des pays pauvres très endetté (Initiative PPTE). Néanmoins, a-t-il relevé, certains partenaires, tels que ceux du Club de Paris, n’ont pas toujours respecté leurs engagements concernant la réduction de la dette, ce qui rend donc difficile la mise en œuvre des programmes de développement dans de nombreux pays du Sud.
M. GONZALO GUTIÉRREZ (Pérou) a rappelé que des pays en développement, comme le Pérou par exemple, envisageaient une croissance supérieure à 6% pour l’année 2010, en dépit de la crise économique et financière. Il a cependant rappelé l’importance d’accorder plus de place aux pays en développement dans le cadre des organes de prise de décisions d’un système financier international réformé. Pour le représentant, il est indispensable de veiller à ce que le renforcement du rôle joué par le G-20 ne se fasse pas au détriment des institutions de Bretton Woods, avec lesquelles il doit étroitement coopérer. Les Nations Unies, a-t-il poursuivi, doivent jouer un rôle fondamental dans le cadre de cette réforme et devenir une plateforme de communication entre les différentes instances économiques et financières. En conclusion, M. Gutiérrez a affirmé que la communauté internationale devait encourager des pratiques responsables en matière de prêt et d’endettement pour éviter la perpétuation des situations intenables dans lesquelles sont enfermées certains pays.
M. ABDUL RAHMAN DAHLAN (Malaisie) a noté que la question qui se pose aujourd’hui est de savoir si les mesures prises face à la crise pourraient servir sur le long terme. Dans le cas contraire, sont-elles juste des palliatifs en attendant la prochaine crise économique mondiale? Soutenant les mesures de relance de l’économie mondiale contenues dans le rapport du Secrétaire général, le représentant a souligné l’importance de la mise en place de mesures de régulation financière à l’échelle nationale. Rappelant que l’année dernière déjà, la Malaisie avait milité pour une plus grande intégration entre le système financier et bancaire de type islamique et celui connu sous le label « international », le représentant a souligné que le système financier islamique promeut un système économique cohérent, et que ses éléments devraient être pris en compte dans les réformes relatives aux régulations financières internationales. M. Dahlan a conclu son intervention en relevant que le modèle des marchés de capitaux mis en place en 2002 en Malaisie a évolué, au point de devenir le plus grand marché de capitaux du monde islamique.
M. MUHAMMED HAMDULLAH SAYEED (Inde) a estimé qu’une des leçons apprises de la crise économique et financière était le caractère volatile et difficile à réguler des capitaux financiers. « Alors que nous entrevoyons des signes de redressement économique, nous ne devons pas perdre de vue que de nombreux pays en développement ne sont toujours pas en mesure d’appliquer des politiques contre-cycliques », a-t-il prévenu. Dans ce contexte, l’Inde a plaidé pour le renforcement de l’investissement dans les infrastructures dans ces pays. L’Inde elle-même n’a pas hésité, à cet égard, à investir en Afrique, en Asie et en Amérique latine, a précisé le représentant. Abordant la question de la dette extérieure, M. Sayeed a jugé qu’il fallait, comme le propose le Secrétaire général dans son rapport, accorder davantage d’importance à une restructuration de la dette définie en fonction des capacités du pays concerné par l’endettement, au lieu de lui imposer un fardeau intenable.
M. ABDELGHANI MERABET (Algérie) a relevé que la crise économique a eu des répercussions patentes sur l’Afrique, où la croissance a chuté, passant de 4,5% en 2008 à 1,6% en 2009, tandis que les exportations y ont aussi baissé et que le flux d’investissements étrangers directs vers le continent a quant à lui enregistré une baisse de 11%. M. Merabet a regretté le fait qu’aucune réponse véritable n’ait été apportée aux causes profondes de la crise qui sont notamment: la faiblesse de la réglementation internationale; les inégalités entre les pays; les déséquilibres mondiaux et l’incohérence de la gouvernance globale. Poursuivant son intervention, le représentant a lancé un appel à la réforme de l’architecture financière internationale pour la rendre « plus solide et stable » afin de la rendre capable de répondre aux priorités de la croissance économique et du développement. Relevant que la dette demeure un fardeau pour les pays en développement, M. Merabet a souligné que l’Algérie dispose d’un cadre macroéconomique stable et d’une politique de remboursement par anticipation de sa dette publique externe. Un ambitieux programme couvrant la période 2010-2014 a été lancé par le Gouvernement algérien afin d’assurer au pays une croissance économique soutenue et de répondre aux besoins de la population, a-t-il souligné.
M. Abulkalam Abdul MOMEN (Bangladesh) a lui aussi souligné, à la suite du Groupe des 77 et la Chine, la nécessité d’établir un forum pour permettre aux États Membres de discuter de la crise économique et financière mondiale. S’agissant de la viabilité de la dette, il a estimé que les pays les moins avancés (PMA) ne devraient pas se voir refuser le droit de bénéficier d’une annulation de la dette, ce qui leur permettrait de faire face à la crise économique et financière. Il a également demandé la mise en œuvre immédiate, par le FMI, d’un mécanisme de règlement de la dette souveraine, ainsi que d’un moratoire, deux mesures qui permettraient aux pays en développement d’élargir leur base fiscale. « La viabilité de la dette ne devrait pas être vue comme le moyen pour les pays concernés de répondre aux obligations résultant de leur endettement, mais aussi comme le moyen d’assurer leur propre développement », a-t-il ajouté en conclusion.
Mme M.O. LAOSE, (Nigéria) a relevé que le Nigéria a mis en œuvre des politiques qui devraient harmoniser ses pratiques commerciales avec les autres pays de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Elle a souligné que le Gouvernement nigérian favorise aussi la participation du secteur privé dans l’économie afin de combler le déficit en infrastructures du pays. Notant que les réformes actuelles des institutions de Bretton Woods arrivent à point nommé, Mme Laose a indiqué que la voix des pays en développement devrait se faire plus entendre au sein du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale grâce notamment à l’amélioration des quotas de représentation au profit d’une meilleure présence des pays du Sud. Au sujet de la dette, la représentante a révélé qu’un Bureau de gestion de la dette intérieure et extérieure a été mis en place au Nigéria pour gérer ces questions.
Mme DIANA AL-HADID (Jordanie) a associé sa délégation aux déclarations du représentant du Yémen, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine et a souligné qu’une reprise solide économique, après la crise financière, avait peu de chance de survenir rapidement. Elle a rappelé l’existence d’inquiétudes quant à une possible nouvelle vague de défauts de paiement parmi les pays en développement et le besoin d’une nouvelle série d’allègements de la dette alors que ces pays souffrent d’une dégradation de leurs exportations et d’une baisse de flux de capitaux, qui sont à la mesure de la récession dans les pays développés.
Ces déséquilibres financiers et économiques peuvent conduire à des disparités budgétaires dangereuses, a-t-elle souligné. Citant le cas de la Jordanie, elle a noté que son pays avait été affecté, depuis 2008, par la récession mondiale, comme l’ont été d’autres économies émergentes. Néanmoins, des prévisions font état d’une reprise modeste de l’activité économique de la Jordanie en 2010, et cette reprise pourrait être plus robuste au-delà de 2010 ce grâce, a-t-elle souligné, à des politiques gouvernementales axées sur une consolidation budgétaire et une réduction du déficit.
M. AHMAD NASEEM WARRAICH (Pakistan), tout en se joignant à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine, a souhaité y ajouter quelques éléments. Il a tout d’abord souligné l’importance de la volonté politique, dont dépend une action rapide. Nous nous trouvons en effet face à une reprise économique fragile, mais nous devons maintenir l’élan acquis pour réformer le système financier international, a-t-il estimé. Il faut revoir le barème des quotes-parts en vigueur au sein du FMI et de la Banque mondiale, a préconisé le représentant. Une architecture économique et financière mondiale devrait s’appuyer sur les principes suivants, a-t-il ajouté en citant l’« inclusivité », la transparence et la légitimité. S’agissant de la dette, le représentant du Pakistan a estimé que le niveau d’endettement des pays en développement n’était plus viable et qu’il fallait désormais réfléchir à des initiatives permettant d’envisager le règlement de la dette ou sa restructuration.
M. ALMAT IGENBAYEV (Kazakhstan) a déclaré qu’il est temps, aujourd’hui, de procéder à des réformes urgentes du système financier international. Notamment, a-t-il indiqué, dans les secteurs relatifs au mandat, aux responsabilités et à la gouvernance des institutions de Bretton Woods et, en ce qui concerne le rôle que l’ONU devrait jouer en cette période transitoire. La crise mondiale a ravivé les discussions relatives à la devise de réserve internationale, un rôle que joue en ce moment le dollar des États-Unis. Il a poursuivi en invitant la communauté internationale à établir une nouvelle monnaie de réserve internationale, qui soit plus stable que l’actuelle. Tout en militant pour une plus grande coopération entre les gouvernements, les organisations internationales, le secteur privé et les organisations non gouvernementales, le représentant à invité l’ONU, à travers le Conseil économique et social, a jouer un plus grand rôle dans la coordination des réformes à venir du système financier international.
M. FEDERICO ALBERTO CUELLO CAMILO (République dominicaine) a jugé regrettable que les organismes financiers multilatéraux persistent à imposer des conditionnalités qui découragent l’investissement dans les États en développement. Une bonne politique économique et financière devrait s’appuyer sur une croissance soutenue de l’économie, qui vise à créer un cadre favorable au plein emploi et à la promotion d’emplois décents avec le financement de politiques publiques, sans que cela ne provoque d’inflation, a préconisé M. Cuello Camilo. Le cas de la République dominicaine est exemplaire, a jugé le représentant: en préservant la stabilité macroéconomique de ses marchés par un cadre juridique solide, le pays a su inspirer la confiance nécessaire aux investisseurs intéressés par les opportunités présentes, a-t-il assuré. « Nous bénéficions ainsi d’un accès libre aux deux marchés principaux du monde: les États-Unis et l’Union européenne, avec la possibilité d’approvisionner des économies régionales grâce à notre statut d’État membre de la Communauté des Caraïbes (CARICOM). Et avec une situation géographique aussi centrale que la notre, nous avons pu mettre en place des connexions aériennes et maritimes nombreuses, puisque nous comptons 10 aéroports et 15 ports, a ajouté M. Cuello Camilo.
M. AMAR A.I. DAOUD (Soudan) a noté que la question de la dette extérieure revêt une importance particulière pour les pays en développement. Il a rappelé que le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, a mentionné dans son rapport que les pays en développement payent le prix d’une crise dont ils ne sont en rien responsables. Le Soudan a adopté des réformes dans le cadre du libre commerce et en fait de même concernant son système bancaire national ainsi que dans la gestion de ses dépenses publiques, a révélé le représentant. Il a ajouté que la Banque centrale du Soudan, en partenariat avec le Ministère des finances, a mis en place une Unité de gestion de la dette extérieure du Soudan afin de promouvoir la transparence. Le représentant a souligné que le Soudan ne profite pas de l’aide au développement au même titre que les autres pays en développement du fait de certaines mesures discriminatoires auxquelles il est soumis et dont le Gouvernement soudanais demande la fin. Le représentant a ensuite rappelé l’engagement pris par les donateurs d’annuler la dette du Soudan afin de permettre la bonne organisation du référendum d’autodétermination au Sud-Soudan et favoriser la paix sur toute l’étendue du pays.
M. TARIQ K. AL-FAYEZ (Arabie saoudite) a affirmé l’importance du commerce international et des efforts conjoints internationaux dans le soutien qui doit être apporté aux pays en développement pour les aider à relancer leurs économies aussi rapidement que possible et à créer un système qui leur permette de s’intégrer aux marchés de la mondialisation. Le monde a fait l’expérience de crises économiques qui ont confirmé la nécessité de changer le système financier international et ses institutions, ainsi que le système commercial multilatéral, a-t-il estimé. C’est pourquoi l’Arabie saoudite a mis l’accent sur ces préoccupations et les moyens à prendre pour résoudre la crise économique au cours des réunions du G-20, y compris lors du Sommet qui s’est tenu à Toronto en juin dernier, a précisé le représentant. Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale doivent maintenant œuvrer à la mise en place de systèmes d’alerte rapide axés sur la promotion de la transparence économique, a préconisé M. Al-Fayez en conclusion.
M. MOHAMED F. F. ELKREKSHI(Jamahiriya arabe libyenne) a indiqué que des efforts doivent être engagés au niveau national afin de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. En considérant le déficit de 300 milliards de dollars qui affecte l’enveloppe globale de l’aide publique au développement (APD) il a estimé que les pays en développement allaient être obligés de faire des emprunts auprès d’institutions financières internationales et notamment de la Banque mondiale. Ce qui devrait augmenter leur dette extérieure, a-t-il ajouté. La communauté internationale devrait reformer les institutions internationales afin de mieux gérer la crise actuelle et éviter au monde d’en connaitre de nouvelles, a-t-il conclu.
Mme JANE STEWART, de l’Organisation internationale du Travail, a relevé que l’ancien modèle économique a aggravé la crise de l’emploi, créant une situation historique dans laquelle 210 millions de personnes en âge de travailler sont au chômage. Elle a aussi noté que 80% de la population mondiale n’ont pas accès à la protection sociale. Sur le plan macroéconomique, a-t-elle souligné, la création d’emplois doit être un objectif prioritaire. Dans les pays du G-20, a-t-elle indiqué, les stimuli économiques ont permis de sauver 21 millions d’emplois. Selon Mme Stewart, la consommation des ménages et les investissements dans le secteur des affaires devraient servir de catalyseur pour la création d’emplois décents.
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