Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 28 mars 2024
(La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)
Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:
Haïti
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) indique que la réponse de l’ONU se poursuit même si la situation sur le terrain reste tendue et instable.
Les écoles et les étudiants de Port-au-Prince paient un lourd tribut dû à la violence persistante. L’UNICEF a condamné l’incendie criminel d’une école survenu le 25 mars, privant plus de 1 000 enfants de leur droit à l’éducation.
Selon les estimations de l’UNICEF, plus de 1 000 écoles ont fermé ou suspendu leurs cours dans l’ensemble du pays en raison des récentes violences et de l’insécurité.
Le secteur de la santé a également été gravement touché, avec au moins la moitié de tous les établissements de santé de la zone métropolitaine de Port-au-Prince fermés ou dont les opérations ont été gravement perturbées.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) poursuit son programme quotidien de repas chauds pour les personnes déplacées à Port-au-Prince.
Hier, le PAM est parvenu à atteindre le plus grand nombre de personnes en une seule journée ce mois-ci. Il a distribué 22 000 repas. Grâce à ses partenaires locaux, le Programme alimentaire mondial a également pu accéder à 10 nouveaux sites pour personnes déplacées. Depuis début mars, le PAM et ses partenaires ont aidé plus de 54 000 personnes déplacées avec plus de 263 000 repas chauds sur 38 sites différents.
Par ailleurs, depuis le début du mois de mars, plus de 2 millions de litres d’eau potable ont été distribués par les partenaires de l’ONU, atteignant quelque 60 000 personnes déplacées dans 29 sites.
De leur côté, l’UNICEF et ses partenaires ont mené plus de 700 consultations médicales dans les sites de déplacement au cours des deux dernières semaines. Entre le 18 et le 25 mars, l’UNICEF a fourni un soutien psychosocial à plus de 600 enfants sur les sites de déplacement.
Les événements récents limitent l’accès des populations aux services sociaux de base. La violence entrave également les opérations d’aide, notamment l’accès au port où se trouvent des fournitures humanitaires qui risquent d’être pillées.
L’ONU a besoin d’un accès sûr et sans entrave à ceux qui en ont besoin, ainsi que d’un financement urgent et flexible. Le Plan de réponse humanitaire pour Haïti, qui cherche à lever 674 millions de dollars, n’est actuellement financé qu’à 6,6%, ce qui signifie que l’ONU n’a que 45 millions de dollars en réserve.
Le PAM a pu tirer parti du soutien des donateurs pour poursuivre les distributions de repas chauds à court terme. Cependant, sans un soutien continu, l’aide d’urgence que fournit le PAM est menacée pour les prochains mois.
Pour ses activités d’urgence, notamment les distributions de repas chauds, le PAM aura besoin de 61 millions de dollars au cours des six prochains mois. Le déficit de financement global est d’environ 103 millions de dollars pour les six prochains mois.
Territoire palestinien occupé
Alors que plus de 1,1 million de personnes à Gaza sont confrontées à des niveaux extrêmes d’insécurité alimentaire, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) indique qu’il n’y a pas d’alternative à la livraison à grande échelle d’aide par la voie terrestre. Malgré ces besoins urgents et écrasants, les hostilités et les obstacles à l’accès continuent d’entraver les efforts de l’ONU visant à apporter une aide vitale aux civils de Gaza à l’échelle nécessaire pour sauver des vies.
L’ONU a souligné à maintes reprises que les organisations humanitaires ont besoin de points d’entrée et de routes d’approvisionnement supplémentaires vers Gaza –ainsi que d’un accès sûr et durable dans toute la bande– pour atteindre tous ceux qui doivent l’être. Cela inclut l’accès au nord.
Le personnel humanitaire de l’ONU sur le terrain indique qu’entre le 16 et le 22 mars, neuf missions d’aide humanitaire dans le nord de Gaza ont été facilitées par les autorités israéliennes, mais cinq ont été refusées.
L’OCHA rapporte que 15 partenaires humanitaires ont apporté une aide alimentaire à une moyenne quotidienne de 550 000 personnes à Gaza la semaine dernière, mais seulement 3% de ces fournitures ont pu être livrées dans le nord de Gaza. Plus de la moitié a été distribuée dans la province de Rafah, le reste étant destiné à d’autres régions, notamment à Deïr el-Balah.
Le porte-parole a ensuite apporté une correction au point de presse d’hier, précisant que le Programme alimentaire mondial (PAM) a fourni une aide alimentaire à 74 000 personnes dans le nord de Gaza avec quatre convois au cours du mois de mars contre 11 depuis le début de l’année.
Alors que la famine menace et que les bombardements se poursuivent sur Gaza, le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que la livraison de nourriture, de fournitures nutritionnelles et de médicaments doit être accélérée. Dans une publication sur les réseaux sociaux, M. Tedros Adhanom Ghebreyesus a déclaré que les établissements de santé doivent être protégés –et non attaqués– afin que les agents de santé puissent soigner les patients gravement affaiblis par la faim, la maladie et les blessures.
La Coordonnatrice de haut niveau de l’action humanitaires et de la reconstruction pour Gaza est en Israël cette semaine pour participer à des réunions avec des responsables israéliens et des membres du Cabinet sur la mise en œuvre de la résolution 2720 (2023) du Conseil de sécurité. À la lumière de la situation humanitaire désastreuse, Mme Sigrid Kaag a souligné le besoin urgent et l’importance primordiale d’ouvrir davantage de points de passage terrestres entre Israël et Gaza, en particulier dans le nord. Elle a également insisté sur l’importance cruciale d’une augmentation prévisible et massive du volume de l’aide, ainsi que sur la nécessité d’un environnement opérationnel sûr et sécurisé pour l’ONU et ses partenaires humanitaires à Gaza.
Conformément à la résolution 2720 (2023) et au mécanisme des Nations Unies, elle a également discuté des propositions visant à rationaliser la route d’approvisionnement depuis l’Égypte et à poursuivre les opérations du point de passage de Rafah ainsi que du couloir maritime depuis Chypre.
Mme Kaag se rendra également à Ramallah pour des réunions avec l’Autorité palestinienne.
Prévention du génocide/Gaza
La Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la prévention du génocide, Mme Alice Nderitu, a publié une déclaration reconnaissant la résolution du Conseil de sécurité du 25 mars qui exige, entre autres, un cessez-le-feu immédiat pour le mois de ramadan et la libération inconditionnelle de tous les otages. La Conseillère spéciale a fait écho à l’appel du Secrétaire général à la pleine mise en œuvre de la résolution, notant les nombreux efforts déployés par les Nations Unies pour mettre fin à ce conflit.
Liban
La Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) a exprimé aujourd’hui ses préoccupations suite à la montée de la violence qui se produit actuellement à travers la Ligne bleue.
Dans un communiqué publié aujourd’hui, la FINUL a exhorté toutes les parties à déposer les armes et à entamer un processus menant à une solution politique et diplomatique durable. Elle a déclaré qu’elle restait prête à soutenir ce processus par tous les moyens possibles, notamment en convoquant une réunion tripartite au sommet à la demande des parties.
De son côté, le Coordonnateur de l’action humanitaire pour le Liban, M. Imran Riza, a exprimé sa profonde préoccupation face aux attaques en cours contre les établissements de santé et le personnel médical dans le sud du pays. Dix secouristes figuraient parmi la douzaine de civils tués hier par les frappes aériennes israéliennes dans le district de Tyr. Il a souligné que les civils et les soins de santé doivent être protégés.
L’Organisation internationale pour les migrations indique en outre que les hostilités en cours continuent de provoquer des déplacements, avec plus de 91 000 personnes déplacées depuis l’escalade des hostilités, à la date de ce mardi.
Ukraine
La Coordonnatrice de l’action humanitaire en Ukraine, Mme Denise Brown, a condamné les attaques lancées hier contre des villes du nord-est et du sud du pays, qui ont tué et blessé des civils, dont de jeunes enfants. Des habitations, une école et un hôpital ont également été endommagés à Kharkiv et Mykolaïv.
Hier également, une autre vague d’attaques a fait des victimes civiles et endommagé des infrastructures civiles dans la région de Kharkiv, les autorités locales faisant état de dizaines de victimes, ainsi que de dégâts dans les écoles et les établissements de santé.
Les travailleurs humanitaires ont mobilisé une aide d’urgence à Kharkiv pour compléter les efforts des premiers intervenants et des services municipaux. Ils ont contribué des fournitures et un soutien de base.
Ces dernières frappes surviennent après une semaine d’attaques quotidiennes contre des villes ukrainiennes, qui ont fait plusieurs morts et gravement affecté les services locaux.
Malawi
L’ONU et ses partenaires aident le Gouvernement du Malawi à répondre à une grave sécheresse, qui a poussé les autorités nationales à déclarer l’état d’urgence dans 23 des 28 districts du pays
Près de 2 millions de familles d’agriculteurs –soit près de 9 millions de personnes– et plus de 40% des terres agricoles du pays ont été touchées par El Niño, avec des pluies et des périodes de sécheresse prolongées ainsi que des inondations qui ont gravement endommagé les cultures et la production alimentaire.
La communauté humanitaire au Malawi intensifie son aide d’urgence, notamment en fournitures alimentaires et nutritionnelles, ainsi qu’en eau, assainissement et hygiène. Elle fournit également une aide en matière de santé, de protection, d’éducation et de subsistance, malgré un financement limité.
Le Malawi, comme d’autres pays d’Afrique australe, est aux prises avec les effets d’une grave sécheresse. Le mois dernier a été l’un des mois de février les plus secs dans la région depuis plus de 40 ans, entraînant de mauvaises récoltes généralisées dans certaines régions.
Soudan du Sud
Alors que la crise des réfugiés sud-soudanais se poursuit, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), avec 123 partenaires, cherche à lever 1,4 milliard de dollars cette année pour répondre aux besoins des 2,3 millions de réfugiés sud-soudanais vivant en République démocratique du Congo, en Éthiopie, au Kenya, au Soudan et en Ouganda.
Le HCR indique que le Plan régional de réponse aux réfugiés 2024 vise à améliorer l’environnement de protection des réfugiés et des demandeurs d’asile grâce à un meilleur accès à l’asile et aux documents civils.
Selon le HCR, le Soudan du Sud reste la plus grande crise de réfugiés en Afrique. Alors que la guerre au Soudan a contraint près de 200 000 Sud-Soudanais à se déplacer vers des zones plus sûres au Soudan et que des centaines de milliers d’autres sont retournés prématurément dans leur pays, plus de 2 millions de personnes ont toujours besoin d’une protection internationale dans la région.
Coordonnateur résident/Bélarus
Le Secrétaire général a nommé M. Rasul Baghirov, de l’Azerbaïdjan, Coordonnateur résident des Nations Unies au Bélarus, avec à l’approbation du gouvernement hôte. M. Baghirov prendra ses nouvelles fonctions samedi.
Il était auparavant chef de l’Unité Stratégie et appui pour les pays au sein du Bureau du Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à Genève.
M. Baghirov a plus de 25 années d’expérience dans les domaines du développement humain, de la santé, de l’éducation et de la protection sociale en Europe, dans les Caraïbes et dans le Pacifique.