9738e séance – matin
CS/15841

Devant le Conseil de sécurité réuni en session d’urgence, le Secrétaire général demande de mettre fin au « cycle mortifère » au Moyen-Orient

(Le résumé complet de la réunion sera disponible ultérieurement.)

Le Conseil de sécurité s’est réuni en urgence ce matin pour examiner les derniers développements au Moyen-Orient après le tir par l’Iran de plusieurs dizaines de missiles contre Israël, hier soir, et alors que ce pays mène attaques aériennes et incursions terrestres au Liban pour y combattre le Hezbollah, tout en poursuivant sa guerre à Gaza.

Jugeant « absolument essentiel » d’éviter une guerre totale au Liban qui aurait des « conséquences dévastatrices », le Secrétaire général, qu’Israël a déclaré « persona non grata » sur son territoire, s’est interrogé sur « ce qu’il reste du cadre établi par le Conseil de sécurité par la résolution 1701 (2006) », ajoutant que « chaque escalade n’est qu’un prétexte à la suivante ».

 

Suivez toutes les délibérations en direct sur https://press.un.org/fr/live 

 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposé

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déploré les « incendies » qui font rage au Moyen-Orient, qui est en train de devenir un « véritable enfer ».  Depuis une semaine, la situation alarmante au Liban est passée, selon lui, de « mauvaise à bien pire ».  Théâtre de tensions depuis des années, les échanges de tirs ont récemment gagné en ampleur et en intensité de part et d’autre de la Ligne bleue.  Les échanges de tirs quasi quotidiens entre le Hezbollah et les Forces de défense israéliennes au Liban constituent, selon lui, une violation répétée de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité.  « La souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban doivent être respectées », a-t-il affirmé, et le Liban doit avoir le contrôle total des armes présentes sur son territoire.  En raison de l’escalade dramatique de la situation, « je me demande ce qu’il reste du cadre établi par le Conseil de sécurité dans la résolution 1701 (2006) », a ajouté M. Guterres.

Malgré la proposition de cessez-le-feu temporaire présentée par la France et les États-Unis, les forces israéliennes ont continué de mener des frappes aériennes incessantes à travers le Liban, y compris à Beyrouth, a relevé le Secrétaire général.  Israël a non seulement refusé cette proposition, il a intensifié ses frappes, notamment en bombardant le quartier général du Hezbollah où son chef a été tué.  De son côté, cette organisation a continué ses attaques de roquettes et de missiles contre Israël.  Hier, les Forces de défense israéliennes ont mené ce qu’elles ont qualifié d’« incursions limitées » au Sud-Liban.  Malgré la demande d’Israël de se déplacer, les soldats de la paix de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) restent sur leurs positions, a assuré M. Guterres, et « le drapeau de l’ONU continue de flotter », a-t-il fait valoir, avant d’insister sur le fait que « la sûreté et la sécurité de tout le personnel de l’ONU doivent être assurées ». 

Pendant ce temps, a poursuivi le Secrétaire général, les civils « paient un prix terrible, que je condamne sans réserve ». Ainsi, depuis octobre dernier, plus de 1 700 personnes ont été tuées au Liban, dont plus de 100 enfants et 194 femmes, cependant qu’au moins 346 000 personnes étaient contraintes de fuir leur foyer.  L’ONU a mobilisé l’ensemble de ses capacités afin de fournir une aide humanitaire d’urgence au Liban, a-t-il assuré, avant d’enjoindre à la communauté internationale de financer son appel à l’aide. M. Guterres a également rappelé que, depuis le 8 octobre 2023, les attaques du Hezbollah dirigées contre Israël ont fait 49 morts, et déplacé plus de 60 000 personnes.  « Il est absolument essentiel d’éviter une guerre totale au Liban qui aurait des conséquences profondes et dévastatrices », s’est-il alarmé. 

Le Secrétaire général a réitéré sa ferme condamnation de l’attaque « massive » lancée hier par l’Iran avec quelque 200 missiles balistiques vers Israël, en réponse aux meurtres de Hassan Nasrallah, du commandant du Corps des gardiens de la révolution islamique et du chef du Hamas.  « Ces attaques ne contribuent en rien à soutenir la cause du peuple palestinien ou à réduire ses souffrances », a-t-il noté.  

La campagne militaire menée par Israël, « la plus meurtrière et la plus destructrice » de ses années en tant que Secrétaire général, ont infligé au peuple palestinien des souffrances « qui dépassent l’imagination », a poursuivi le Secrétaire général.  Il a rappelé que la situation en Cisjordanie occupée continue de se détériorer avec la multiplication des opérations militaires, les expulsions et l’intensification des attaques des colons, sapant progressivement toute possibilité d’une solution à deux États.  Hier, sept Israéliens ont été tués dans une attaque terroriste à Jaffa.

Ces événements le montrent clairement: le temps est venu d’un cessez-le-feu immédiat à Gaza, avec la libération inconditionnelle de tous les otages, la livraison de l’aide humanitaire et des progrès « irréversibles » en vue de la solution des deux États, a martelé le Secrétaire général.  Il est également temps de mettre un terme aux hostilités au Liban, et de prendre de véritables mesures en vue de mettre en œuvre les résolutions 1559 (2004) et 1701 (2006) afin d’ouvrir la voie à des efforts diplomatiques en vue d’une paix durable. 

Les escalades successives conduisent les populations du Moyen-Orient au bord du précipice, chaque escalade « servant de prétexte à la suivante », s’est alarmé M. Guterres, qui a conclu en rappelant que « ce cycle mortel de violences réciproques doit cesser ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.