9717e séance – après-midi
CS/15810

Conseil de sécurité: le sort des otages israéliens, la situation qui s’aggrave à Gaza et le débordement en Cisjordanie alarment les délégations

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La souffrance et la dévastation montrent qu’il n’y a pratiquement aucune limite à l’inhumanité se déroulant sous nos yeux, s’est désolée cet après-midi la Directrice des opérations et de la communication du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Mme Edem Wosornu.  Il n’y a pas de gagnant dans cette guerre qui oppose Israël aux Palestiniens, a-t-elle argué en s’alarmant non seulement du traitement réservé aux otages israéliens et du refus d’autoriser les visites du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), mais également du fait qu’une grande partie des morts et des ravages à Gaza est le résultat de l’utilisation d’armes lourdes dans des zones densément peuplées. 

Convoquée à la suite de deux demandes distinctes -l’une émanant d’Israël (soutenue par les États-Unis,la France et le Royaume-Uni) après la récupération, le 31 août, des dépouilles de six otages israéliens tués à Gaza; l’autre venant de l’Algérie, afin de discuter de l’évolution de la situation dans la bande de Gaza et en Cisjordanie–, cette réunion du Conseil a entendu les appels se multiplier pour que les parties fassent les compromis nécessaires à une issue à cette guerre, pour que l’aide humanitaire afflue à Gaza et pour que les otages israéliens retrouvent enfin leurs familles.  Comme l’a rappelé la France, « face à la montée des tensions au Moyen-Orient, le Conseil doit tout faire pour éviter un embrasement régional ». 

« Aujourd’hui, les mots ne suffisent plus.  Aujourd’hui, nous devons agir pour que le droit soit au-dessus de tout », a exigé l’Algérie, mettant le Conseil de sécurité devant ses responsabilités en tant qu’organe principal responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il doit faire en sorte sans plus attendre que ses décisions soient respectées et mises en œuvre en imposant un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza et en engageant un véritable processus de paix. 

Pour la partie palestinienne, il ne fait pas de doute qu’Israël cherche à imposer une solution militaire au conflit en faisant disparaître une nation, un point de vue partagé par la Fédération de Russie qui a accusé les autorités israéliennes d’ignorer délibérément les résolutions du Conseil.  « Personne ici n’est assez naïf pour croire qu’Israël va corriger le tir de lui-même et respecter soudainement le droit international », s’est emporté l’Observateur permanent de l’État de Palestine en faisant remarquer aux membres du Conseil qu’ils n’ont eu de cesse de « condamner, appeler, exhorter et exiger… mais en vain ».  Il est temps de passer à l’action, a-t-il martelé: « Plus d’armes, plus d’argent, plus de commerce, plus de bouclier pour aider Israël à commettre ses crimes contre le peuple palestinien.  En d’autres termes: plus de complicité et plus d’impunité », a-t-il exigé. 

Le délégué d’Israël a également interpelé le Conseil en lui disant que l’heure est venue d’agir en adoptant « enfin » une résolution dans laquelle il condamnerait sans équivoque le Hamas, « cette organisation terroriste barbare ». 

Face à ce constat sévère, la plupart des membres du Conseil, mais également la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, ont placés leurs espoirs dans les efforts de médiation des États-Unis, de l’Égypte et du Qatar.  Ils ont souligné l’urgence, soucieux que ces négociations aboutissent à un cessez-le-feu immédiat, à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et à une augmentation massive de l’aide humanitaire à Gaza. 

Alors que 101 otages israéliens se trouvent toujours aux mains du Hamas, Mme DiCarlo a confirmé l’assassinat de six d’entre eux, le 31 août, dont les corps ont été retrouvés par les Forces de défense israéliennes à Gaza. Selon le Gouvernement israélien, ils auraient été exécutés par plusieurs tirs à bout portant par le Hamas peu avant que les soldats israéliens ne parviennent à eux dans un tunnel à Rafah. Le Hamas a d’ailleurs annoncé que les militants qui gardent les otages ont reçu de nouvelles instructions pour tuer les otages avant que les forces israéliennes ne les récupèrent vivants, a relayé la Secrétaire générale adjointe qui a exigé une nouvelle fois que tous les otages soient libérés immédiatement et sans condition, et qu’ils soient traités conformément aux obligations juridiques internationales, c’est-à-dire humainement. 

Le Japon a jugé « inhumain et totalement inacceptable » d’utiliser la vie des otages comme monnaie d’échange.  La France, le Royaume-Uni et les États-Unis ont exprimé leur indignation face à l’assassinat par le Hamas de ces otages et réaffirmé leur attachement indéfectible à la sécurité d’Israël.  Les États-Unis ont fait valoir que l’on peut condamner le Hamas tout en ayant de la compassion pour les populations de Gaza. 

Décrivant la situation « sombre » dans la bande de Gaza, Mme DiCarlo a fait état des opérations militaires israéliennes qui s’y poursuivent et du nombre de morts qui ne cesse tragiquement d’augmenter.  Avançant les chiffres du Ministère de la santé de Gaza, selon lequel, depuis le 7 octobre, quelque 41 000 Palestiniens seraient morts, elle a également mis en exergue les déplacements massifs de milliers de familles palestiniennes qui n’ont pas de véritable accès aux services médicaux, à l’eau et à l’assainissement.  « Aucun endroit n’est sûr à Gaza. »

C’est précisément sur ces conditions alarmantes dans l’enclave, mais également en Cisjordanie, que l’Algérie a souhaité braquer les projecteurs en opposant au récit sur les otages israéliens le sort des détenus palestiniens.  Leur sort « est trop souvent passé sous silence ou ignoré » alors que ces Palestiniens subissent des tortures et des abus et qu’Israël refuse l’accès au CICR.  Depuis le 7 octobre 2023, le CICR a signalé plus de 8 700 disparitions de Palestiniens, principalement à Gaza, alors que plus de 9 400 Palestiniens, dont plus de 200 enfants, sont détenus dans les prisons israéliennes. De plus, depuis cette date, les autorités d’occupation israéliennes ont tué 24 détenus palestiniens alors qu’ils étaient sous leur garde, a affirmé la délégation algérienne. 

Notant qu’« Israël veut nous faire croire que son agression militaire est une question de sécurité », l’observateur palestinien a démonté cet argument en affirmant qu’il s’agit en réalité d’« une question de terre ». Il en a voulu pour preuve le vote de la Knesset contre un État palestinien; la terreur causée par les colons israéliens; les déplacements de Palestiniens qui ne cessent jamais; les meurtres de masse et la destruction; la carte de Netanyahu où la Palestine a disparu; les appels de l’Ambassadeur israélien à propos de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité qu’il a qualifiée de « décret diabolique ».  « Ne m’écoutez pas », a-t-il lancé aux membres du Conseil, « écoutez les familles des otages israéliens.  Ils savent que Netanyahu ne se soucie pas des otages et ne veut pas d’un accord ». 

Le débordement de la situation à Gaza en Cisjordanie a été commentée notamment par Mme Yuli Novak, Directrice exécutive de B’Tselem, qui a cité le rapport publié le mois dernier par cette organisation, intitulé Bienvenue en enfer. Ce rapport s’élève contre l’utilisation de la guerre par le Gouvernement israélien pour transformer les prisons israéliennes en un réseau de camps de torture pour Palestiniens. La militante s’est impatientée face à la communauté internationale qui a manqué à son devoir de protéger les civils, citant notamment quatre résolutions du Conseil de sécurité sur le conflit de Gaza qui n’ont pas abouti à un cessez-le-feu durable, ni à la libération des otages. 

Face aux demandes faites à Israël de déposer les armes, le délégué israélien a rétorqué que l’armée israélienne est à Gaza pour combattre le Hamas, à cause de « ses fils et filles qui sont torturés par des monstres ».  Il a assuré qu’Israël ne baissera pas les bras tant qu’ils ne rentreront pas.  « Aucun enfant ne devrait jamais vivre ce que les enfants et les civils d’Israël ont vécu le 7 octobre », a lancé à son tour la docteure Efrat Bron-Harley, Directrice générale du Schneider Children’s Medical Center (Centre médical pour enfants Schneider) en donnant un témoignage direct de la souffrance et des traumatismes subis par les enfants israéliens revenant de captivité, « des enfants de 3, 4, 5, 8 et 14 ans ».  « J’ai besoin que vous l’entendiez, que vous le compreniez et que vous nous aidiez à ramener les enfants qui ne sont pas encore revenus », a-t-elle conclu. 

Pour ce qui est de la réémergence de la poliomyélite dans l’enclave de Gaza, Mme DiCarlo, à l’instar de la plupart des membres du Conseil, a décrit les pauses instaurées à l’occasion de la campagne de vaccination comme « une rare lueur d’espoir et d’humanité dans l’horreur à Gaza ».  Elle a constaté que, jusqu’à présent, les accords conclus entre les agences des Nations Unies et les Forces de défense israéliennes pour interrompre les activités militaires dans les zones de vaccination désignées ont été respectés.  De son côté, la représentante de l’OCHA a confirmé que plus de 187 000 enfants de moins de 10 ans ont été vaccinés au cours de la première phase de la campagne, avec le but d’atteindre plus de 640 000 enfants au total. Dans ce contexte, Mme Wosornu a mis en avant le rôle essentiel de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), notamment avec ses plus de 200 équipes opérant dans ses cliniques et points de santé. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Exposés

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a rappelé qu’il y a bientôt un an, lors de l’attaque « terrible » lancée par Hamas le 7 octobre, plus de 1 250 Israéliens et ressortissants étrangers ont été tués et environ 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza.  Rappelant aussi l’assassinat de six otages israéliens, dont les corps ont été retrouvés par les Forces de défense israéliennes à Gaza, elle a précisé que, selon le Gouvernement israélien ils auraient été exécutés par plusieurs tirs à bout portant.  Ils ont été tués par le Hamas peu avant que les soldats israéliens ne parviennent à eux dans un tunnel à Rafah.  Le Hamas a annoncé que les militants qui gardent les otages dans les bâtiments et les tunnels de Gaza avaient reçu de nouvelles instructions pour tuer les otages avant que les forces israéliennes ne les récupèrent vivants, a relayé la Secrétaire générale adjointe. 

Rappelant qu’au moins 101 otages sont toujours détenus à Gaza, Mme DiCarlo a confirmé que les visites humanitaires leur sont toujours refusées alors que, d’après les récits d’otages libérés, ils sont probablement détenus dans des conditions horribles, certains étant soumis à des violences, y compris sexuelles, et à d’autres formes d’abus.  Elle a demandé que tous les otages soient libérés immédiatement et sans condition, demandant aussi qu’ils soient traités conformément aux obligations juridiques internationales, c’est-à-dire humainement.  Ils doivent aussi être autorisés à recevoir des visites et de l’aide du Comité international de la Croix-Rouge. 

Mme DiCarlo a insisté sur l’impératif d’un cessez-le-feu immédiat, de la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et d’une augmentation massive de l’aide humanitaire à Gaza, saluant les efforts continus de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis à cet égard.  Les réunions tenues récemment à Doha et au Caire ont tenté de combler certaines lacunes, mais des divergences majeures persistent, a concédé la haute responsable appelant néanmoins les parties à redoubler d’efforts pour parvenir à un accord sans plus tarder.  Les Nations Unies restent déterminées à soutenir tous les efforts en ce sens, a-t-elle assuré en martelant qu’entre-temps, la situation sur le terrain reste sombre.  Les opérations militaires israéliennes se poursuivent dans la bande de Gaza et le nombre de morts ne cesse tragiquement d’augmenter, s’est-elle désolée. 

Reprenant les chiffres du Ministère de la santé de Gaza, elle a expliqué que depuis le 7 octobre, quelque 41 000 Palestiniens ont été tués, dont une majorité de femmes et d’enfants, et que les déplacements massifs de milliers de familles palestiniennes se poursuivent sans véritable accès aux services médicaux, à l’eau et à l’assainissement.  « Aucun endroit n’est sûr à Gaza. »  Les civils ne doivent en aucun cas être utilisés comme boucliers humains, a martelé Mme DiCarlo qui a également dénoncé les difficultés d’accès humanitaire, compromis par des conditions dangereuses, notamment l’effondrement complet du droit et de l’ordre dans toute la bande de Gaza. 

Abordant également le problème de la réémergence de la poliomyélite dans l’enclave, Mme DiCarlo a décrit les pauses instaurées à cette occasion comme « une rare lueur d’espoir et d’humanité dans l’horreur à Gaza ». Elle a constaté que, jusqu’à présent, les accords conclus entre les agences des Nations Unies et les Forces de défense israéliennes pour interrompre les activités militaires dans les zones de vaccination désignées ont été respectés. 

La Secrétaire générale adjointe a également appelé à ne pas perdre de vue la situation alarmante qui règne en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, en pointant notamment les opérations militaires israéliennes, les attaques de colons et la violence armée palestinienne contre les Israéliens. Israël a lancé, le 28 août, des opérations militaires de grande envergure, y compris des frappes aériennes, contre des cellules terroristes présumées dans les provinces de Jénine, Toulkarm et Toubas, a-t-elle précisé, en dénonçant les dégâts infligés aux infrastructures de base. 

Également alarmée par les attaques menées par des colons israéliens contre des Palestiniens, y compris à proximité des Forces de sécurité israéliennes, Mme DiCarlo a constaté que ces attaques sont de plus en plus effrontées et meurtrières.  Elle a exhorté Israël, en tant que puissance occupante, à protéger la population palestinienne contre tout acte ou menace de violence.  Depuis le 7 octobre, quelque 630 Palestiniens et 15 Israéliens ont été tués en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, a-t-elle rappelé en exigeant qu’Israël se conforme à ses obligations en droit international. 

« Tous les auteurs d’actes de violence, qu’ils soient israéliens ou palestiniens, doivent répondre de leurs actes », a tranché Mme DiCarlo avant de condamner les déclarations des groupes armés palestiniens appelant à de nouvelles violences et attaques contre les Israéliens ainsi que les actes et déclarations incendiaires d’un ministre israélien sur les Lieux saints de Jérusalem qui ne font qu’aggraver une situation déjà explosive en Cisjordanie occupée. 

Chaque jour qui passe nous éloigne de l’objectif de mettre fin à l’occupation et de parvenir à une solution viable fondée sur la coexistence de deux États, s’est impatientée la haute responsable en appelant les membres du Conseil et la communauté internationale à assumer leur responsabilité de tout faire pour aider les parties à atteindre cet objectif. 

Mme EDEM WOSORNU, Directrice des opérations et de la communication du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), s’est désolée de constater que la souffrance et la dévastation montrent qu’il n’y a pratiquement aucune limite à l’inhumanité qui se déroule sous nos yeux.  Il n’y a pas de gagnant dans cette guerre.  Au contraire, elle est marquée par des pertes et des agonies, les civils en portant le plus lourd fardeau, s’est-elle indignée.  Elle s’est dite alarmée par le traitement et les conditions de vie des otages et par le refus d’autoriser les visites ou l’assistance du Comité international de la Croix-Rouge.  Elle a relevé qu’une grande partie des morts et des ravages à Gaza est le résultat de l’utilisation d’armes lourdes dans des zones densément peuplées, notamment dans les camps, les abris et les zones où les civils ont reçu l’ordre d’évacuer.

La brutalité de ce conflit semble ne connaître aucune limite, a-t-elle affirmé, avant de déplorer également les nombreuses attaques visant les travailleurs humanitaires dont 295 ont été tués depuis le 7 octobre.  Depuis janvier, des véhicules de l’ONU ont été directement touchés dans plus d’une douzaine d’incidents distincts, bien que leurs déplacements aient été notifiés, a-t-elle déploré.  Les attaques visant le personnel humanitaire et ses déplacements limitent encore davantage l’acheminement de l’aide vitale, a-t-elle fait remarquer, donnant l’exemple du Programme alimentaire mondial (PAM) qui a temporairement suspendu les déplacements de son personnel à la suite d’une attaque contre l’un de ses convois le 28 août.

Mme Wosornu a également parlé des rapports faisant état de mauvais traitements, notamment de torture et de violences sexuelles, infligés à des milliers de Palestiniens placés en détention par les forces israéliennes à Gaza et en Cisjordanie.  De plus, le système médical de Gaza ayant été décimé, les gens, y compris des femmes enceintes et allaitantes et de jeunes enfants, se retrouvent privés de soins essentiels.  De même, les infrastructures hydriques ont été gravement endommagées, réduisant l’approvisionnement en eau au quart seulement de ce qu’il était avant octobre 2023.  Les sources alimentaires et les installations de production ont été également détruites, tandis que l’acheminement de la nourriture reste gravement entravé par les combats.  Les routes sont endommagées et les obstacles entravent l’entrée et la circulation des fournitures humanitaires, s’est-elle encore impatientée.

Environ 96% de la population continue à faire face à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, voire une « faim catastrophique » pour près d’un demi-million de personnes, a alerté Mme Wosornu. Elle a fait savoir que les opérations humanitaires vitales sont paralysées, de plus en plus de missions et de déplacements humanitaires à Gaza se voyant interdits.  Dans le même temps, les ordres d’évacuation répétés exposent les civils aux dangers des hostilités et les privent de l’essentiel pour survivre, a-t-elle poursuivi en assurant qu’il n’y a pas d’endroit sûr pour les civils à Gaza.

La Directrice a salué les pauses humanitaires locales qui ont permis le lancement de la campagne de vaccination d’urgence contre la poliomyélite, avant de reconnaître les efforts colossaux des acteurs de la santé pour la mener dans un environnement très difficile.  Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus de 187 000 enfants de moins de 10 ans ont été vaccinés au cours de la première phase de la campagne, avec le but d'atteindre plus de 640 000 enfants au total.  Dans ce contexte, l’UNRWA joue un rôle essentiel, notamment avec ses plus de 200 équipes opérant dans ses cliniques et points de santé, a-elle salué.

Passant à la situation en Cisjordanie, la Directrice a dit être très alarmée par le bilan humain des opérations militaires israéliennes qui se sont intensifiées.  Elle a confirmé que plus de deux douzaines de Palestiniens ont été tués au cours de la semaine écoulée, pendant que des centaines de familles ont été déplacées et que les infrastructures de base et les biens privés ont été considérablement endommagés par des frappes aériennes, des bulldozers militaires, des échanges de tirs et des explosions en Cisjordanie.  Le respect du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme n’est pas facultatif, a tancé Mme Worsornu.  Selon elle, le Conseil de sécurité et tous les États Membres doivent user de leur influence pour garantir le respect de ces règles, notamment en exerçant des pressions diplomatiques et autres et en coopérant pour faire en sorte que les responsables rendent des comptes.

Mme EFRAT BRON-HARLEV, la Directrice générale du Schneider Children’s Medical Center (Centre médical pour enfants Schneider), qui est pédiatre spécialisée en soins intensifs, a décrit les préparatifs qu’avait entrepris le Centre le jour de l’attentat du 7 octobre.  Elle a d’abord informé que depuis l’ouverture des portes du Centre, il y a 32 ans, sa mission a été de soigner les enfants, « tous les enfants, parce que les enfants sont au-dessus de tout, au-delà des religions, des cultures, des sexes et des nationalités ».  Les enfants sont notre avenir, a-t-elle martelé. 

Très vite, ce jour-là, elle dit avoir compris que le Centre n’accueillerait pas d’enfants.  « J’ai compris que quelques dizaines d’enfants blessés étaient soignés dans les hôpitaux du Sud, mais j’ai aussi compris que beaucoup d’enfants, de tous âges (bébés, bambins, enfants) avaient été massacrés dans leurs maisons -massacrés, abattus, brûlés, étouffés. »  Un jour ou deux plus tard, elle a également compris que les adultes n’étaient pas les seuls à avoir été enlevés.  En effet, sur les 253 otages, 38 étaient des enfants. Le plus jeune, qui se trouve toujours à Gaza, n’avait alors que 8 mois, a rappelé l’intervenante qui, depuis, a décidé de « préparer le Centre à leur retour en Israël ». 

Alors même que son hôpital pédiatrique est de très haut niveau et à la pointe de la technologie pour traiter les enfants dans des situations extrêmes, la docteure Bron-Harlev a concédé qu’elle et son équipe n’avaient jamais imaginé devoir se préparer à traiter des enfants de 3, 4, 5, 8 et 14 ans revenant de captivité.  Après avoir apporté des témoignages saisissants de certains des 19 enfants, des 6 mères et d’une grand-mère traités au Centre Schneider, et des faits « horribles et inimaginables » qu’ils ont vécus, le médecin a observé que les enfants sont trop souvent les spectateurs innocents de toute guerre.  Ils sont souvent involontairement blessés, ce qui devrait toujours être évité. S’emportant, la pédiatre a dit ne pas comprendre, ni supporter, l’idée que l’on puisse intentionnellement assassiner et capturer des enfants, les enfermer, les torturer, physiquement et mentalement, délibérément, intentionnellement. 

La docteure Bron-Harlev a dit intervenir aujourd’hui devant le Conseil en tant que médecin pédiatre israélienne et directrice de l’un des principaux centres pédiatriques du monde, pour dire qu’aucun enfant ne devrait jamais vivre ce que les enfants et les civils d’Israël ont vécu le 7 octobre. « J’ai besoin que vous l’entendiez, que vous le compreniez et que vous nous aidiez à ramener les enfants qui ne sont pas encore revenus », a-t-elle conclu. 

Mme YULI NOVAK, Directrice exécutive de B’Tselem, a rappelé l’annonce de la mort de six otages israéliens, exécutés par le Hamas, signalant que des centaines de milliers d’Israéliens sont descendus dans la rue cette semaine, se sentant en colère, désespérés et trahis par leur gouvernement. « Ils ont compris, peut-être pour la première fois, que le Gouvernement israélien ne veut pas que le retour des otages soit inclus dans un accord, mais qu’il veut continuer la guerre indéfiniment. »  Ces Israéliens voient que l’occupation et les colonies comptent plus que la vie humaine, a-t-elle constaté.  Décrivant l’objectif du « régime » -promouvoir la suprématie juive sur tout le territoire qu’il contrôle-, elle a rappelé que cela a été érigé en principe constitutionnel il y a six ans.  Pour Mme Novak, ce qui se passe à Gaza (expulser, affamer, tuer et détruire à une échelle sans précédent) va au-delà de la vengeance: Israël utilise cette occasion pour promouvoir son programme idéologique, c’est-à-dire « rendre Gaza inhabitable ». 

Décrivant les destructions et les déplacements à Gaza, ainsi que les changements irréversibles qui sont opérés en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, Mme Novak a déploré que la communauté internationale n’ait pas empêché Israël de mener sa politique criminelle contre les civils et les infrastructures à Gaza, notant que la situation déborde maintenant sur la Cisjordanie.  Elle a cité le rapport publié le mois dernier par B’Tselem, intitulé Bienvenue en enfer, qui s’élève contre l’utilisation de la guerre par le Gouvernement israélien pour transformer les prisons israéliennes en un réseau de camps de torture pour Palestiniens.  Elle s’est impatientée face à la communauté internationale qui a manqué à son devoir de protéger les civils, avec notamment quatre résolutions du Conseil de sécurité sur le conflit de Gaza n’ayant pas abouti à un cessez-le-feu durable, ni à la libération des otages. 

Le Conseil doit reconnaître cet échec et prendre des mesures efficaces pour contraindre Israël et le Hamas à cesser immédiatement et définitivement toutes les hostilités et à commencer à mettre en œuvre le plan qu’ils ont négocié ces derniers mois, a-t-elle conclu. 

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