9714e séance – après-midi
CS/15803

Ukraine: inquiétudes au Conseil de sécurité alors que le conflit s’intensifie et des incidents sont signalés autour d’installations nucléaires en Ukraine et en Russie

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Alors que le mois de juillet a été le plus meurtrier pour les civils en Ukraine depuis près de deux ans, le Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques a appelé, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, à intensifier les efforts urgents en faveur de la paix. 

« Nous ne pouvons pas laisser les terribles ravages de cette guerre devenir la norme.  Aujourd’hui plus que jamais, il est essentiel que nous parlions d’une seule voix pour assurer la protection des civils », a plaidé M. Miroslav Jenča, qui a précisé qu’au moins 219 civils ont été tués et 1 018 autres blessés durant le seul mois de juillet. 

« Malheureusement, ces chiffres ne font qu’augmenter, alors que des missiles, des obus et des drones continuent de frapper quotidiennement des villes et des villages à travers l’Ukraine », a déploré le haut fonctionnaire, notant qu’au cours des deux derniers jours, des centaines de missiles et de drones auraient tué au moins 11 personnes et touché des infrastructures énergétiques et civiles essentielles à travers l’Ukraine.  Il a également cité les chiffres des autorités locales de la région de Koursk, en Fédération de Russie, selon lesquels le début de l’incursion ukrainienne dans la région le 6 août aurait fait au moins 12 morts et 121 blessés et causé l’évacuation de 130 000 personnes. 

À ce sombre tableau s’ajoutent la détérioration de la situation en matière de sûreté nucléaire à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporizhzhia ainsi que les inquiétudes concernant la sûreté et la sécurité nucléaires dans la région de Koursk, en Fédération de Russie.  De même, il a exprimé sa vive inquiétude quant au traitement des prisonniers de guerre détenus par la Fédération de Russie. 

« Alors que la guerre continue de faire rage, les enjeux deviennent de plus en plus importants », a constaté la Slovénie, notant que toute attaque contre une installation nucléaire civile ou l’empêchement de son fonctionnement normal pourrait entraîner une catastrophe humanitaire et environnementale inimaginable et à long terme.  Même son de cloche des États-Unis, qui ont assuré qu’ils étaient prêts, avec les autres membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), à défendre l’Ukraine.  Une position également confirmée par le Royaume-Uni.  La délégation américaine a du reste rappelé que c’est bien la Russie qui continue de « poignarder » la Charte des Nations Unies par sa guerre d’agression menée contre l’Ukraine.

Les États-Unis et leurs alliés doivent garder à l’esprit que ce sont des armes occidentales qui sont utilisées à Koursk, où des mercenaires et des consultants occidentaux perdent également la vie, a réagi la Fédération de Russie. Selon elle, la complicité des occidentaux est de plus en plus manifeste, et l’offensive ukrainienne sur Koursk, « un territoire sans objectif militaire où vivent avant tout des civils », met mal à l’aise les pays occidentaux.  Ces actes, a affirmé la délégation, constituent la réponse parfaite à ceux qui ont tenté de « faire l’autruche » en passant sous silence la brutalité des « nazis de Kiev », à savoir ses parrains occidentaux. 

Suite à cela, l’Ukraine a expliqué qu’elle ne pouvait rester passive alors que la Russie préparait, selon elle, une attaque depuis la région de Koursk.  Elle a assuré n’avoir pas de plan politique vis-à-vis des régions russes occupées, arguant que ces actions n’ont qu’une portée préventive.  La délégation a appelé le Conseil de sécurité à reconnaître le droit de l’Ukraine à mener des frappes de longue distance sur tout le territoire russe, et à intercepter des drones ciblant son territoire et qui transitent par des pays voisins. 

Les organes compétents des Nations Unies ont établi des faits accablants commis par l’armée russe, a confirmé la France.  C’est pourquoi la Russie et ses dirigeants doivent être tenus pleinement responsables d’avoir mené une guerre d’agression et d’avoir commis d’autres crimes très graves au regard du droit international, ainsi que des dégâts considérables causés par leur guerre, a renchéri l’Union européenne (UE).  À ce propos, la délégation française a salué l’autorisation donnée par le Parlement ukrainien de ratifier le Statut de Rome, notant que cette démarche facilitera les enquêtes de la Cour pénale internationale (CPI).  La paix en Ukraine ne peut être instaurée sans que les responsables soient tenus de rendre des comptes, a souligné à son tour la Roumanie qui a fait part de son appui envers l’initiative de paix du Président Zelenskyy, « la seule voie vers une paix juste et durable ».

Le Danemark, au nom du Groupe des pays nordiques, a condamné les dernières frappes aériennes massives de la Russie, qui comptent parmi les plus graves depuis le début de la guerre.  Déterminée à soutenir l’Ukraine dans la reconstruction de son infrastructure énergétique, la délégation a souligné que les attaques visant les civils et les biens à caractère civil sont strictement interdites par le droit international humanitaire et doivent cesser immédiatement. 

La Pologne a, pour sa part, dénoncé les violations répétées de son espace aérien, et donc de l’espace aérien de l’OTAN, par des attaques aériennes russes.  Au nom des États baltes, la Lettonie a appelé le Bélarus, l’Iran et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à cesser leur assistance à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine, exhortant en outre à ce que les forces du Bélarus se retirent de la frontière avec l’Ukraine. 

Jouant la carte de l’apaisement, l’Algérie a plaidé pour une désescalade qui doit aller de pair avec l’intensification des efforts diplomatiques pour réunir les parties autour de la table.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Exposé

M. MIROSLAV JENČA, Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques aux Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix et Département des opérations de paix, a indiqué que, selon le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, depuis le 24 février 2022, 11 662 civils ont été tués en Ukraine, dont 639 enfants, tandis que 24 207 civils ont été blessés, dont 1 577 enfants. Ce mois de juillet a été le mois le plus meurtrier pour les civils en Ukraine depuis près de deux ans, a-t-il indiqué en évoquant au moins 219 civils tués et 1 018 blessés.  Au cours des deux derniers jours, des centaines de missiles et de drones auraient tué au moins 11 personnes et touché des infrastructures énergétiques et civiles essentielles à travers l’Ukraine, a-t-il dit.  Il a noté que des dégâts ont été signalés dans 15 régions, avec au moins 11 installations énergétiques touchées.  Le 24 août, au milieu de l’escalade des combats dans l’est de l’Ukraine, un missile a frappé un hôtel dans la ville de Kramatorsk, dans la région de Donetsk.  Un employé de Reuters a été tué et quatre journalistes blessés, a-t-il rapporté. 

Le haut fonctionnaire s’est dit également préoccupé par l’impact de la propagation des combats sur la population civile des deux côtés de la frontière, y compris dans les régions de Sumy et de Kharkiv en Ukraine, ainsi que dans les régions de Koursk, Belgorod et Briansk en Fédération de Russie.  Le Sous-Secrétaire général a souligné qu’après le début de l’incursion ukrainienne dans la région de Koursk le 6 août, les autorités russes locales ont fait état d’au moins 12 morts et 121 blessés.  Selon les autorités locales, au moins 130 000 personnes ont été évacuées de la région, a-t-il ajouté. 

Nous sommes alarmés par les incidents signalés autour des installations nucléaires en Ukraine et en Russie, a poursuivi le haut fonctionnaire.  Il a souligné qu’en août, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a fait état d’une détérioration de la sûreté nucléaire à la centrale de Zaporizhzhia.  Le 17 août, une frappe de drone a ainsi touché la route autour du périmètre du site, et le 11 août, un incendie important dans l’une des tours de refroidissement a causé des dégâts considérables.  L’équipe de l’AIEA a également signalé une activité militaire intense périodique à proximité de la centrale, notamment des bruits d’explosions fréquentes, des tirs répétitifs de mitrailleuses lourdes et de fusils ainsi que d’artillerie à diverses distances de la centrale.  Les inquiétudes grandissent également concernant la sûreté et la sécurité nucléaires dans la région de Koursk, en Fédération de Russie.  En effet, le 22 août, la Fédération de Russie a informé l’AIEA que les restes d’un drone avaient été retrouvés sur le territoire de la centrale nucléaire de Koursk. 

De plus, la situation humanitaire déjà désastreuse devrait s’aggraver, car les hostilités ne montrent aucun signe d’apaisement et l’hiver approche.  Il a salué les récents échanges de prisonniers de guerre facilités par les Émirats arabes unis et d’autres acteurs.  Il a exprimé sa vive inquiétude quant au traitement des prisonniers de guerre détenus par la Fédération de Russie.  La Mission de surveillance des droits de l’homme des Nations Unies en Ukraine a ainsi signalé que ces prisonniers étaient soumis à des tortures prolongées et routinières, à des conditions d’internement épouvantables et à des violences sexuelles répétées.  Aujourd’hui plus que jamais, il est essentiel que nous parlions d’une seule voix pour assurer la protection des civils et intensifier nos efforts urgents en faveur de la paix, a-t-il martelé.  Il a espéré que le Sommet de l’avenir contribuera à renforcer la collaboration mondiale à un moment où elle est le plus urgent. 

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