Moyen-Orient: le Secrétaire général met en garde le Conseil de sécurité contre la menace et les « dommages irréparables » à la solution des deux États
(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)
Le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui son débat public trimestriel sur « la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne », sous la houlette du Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Lavrov. En début de séance, le Secrétaire général, qui s’exprimait par la voix de son Chef de cabinet, a dressé le bilan des hostilités depuis le 7 octobre 2023, en mettant en garde les membres du Conseil, ainsi que la cinquantaine de délégations non membres inscrites, contre le risque de « dommages irréparables » à la solution des deux États. Les délégations n’ont pas manqué d’exprimer elles aussi leurs inquiétudes et leur outrage en lançant des appels à régler le conflit en cours et à mieux gérer la crise humanitaire. Le délégué d’Israël a pour sa part rejeté la responsabilité de la situation sur l’Iran.
M. António Guterres a rappelé qu’à cause des hostilités à Gaza et en Israël, il avait dû, en décembre, invoquer à titre exceptionnel l’Article 99 de la Charte des Nations Unies, pour attirer l’attention du Conseil sur une menace possible à la paix et la sécurité internationales. Le bilan à ce jour, a-t-il dit, est de 38 000 Palestiniens tués, selon le Ministère de la santé à Gaza, et de 1 500 Israéliens et ressortissants étrangers tués, en plus des 125 otages toujours détenus à Gaza, selon des sources israéliennes. Le Secrétaire général s’est inquiété du quasi-effondrement du soutien humanitaire à Gaza et de la disparition de l’ordre public. Il a averti d’un risque de nouveau débordement régional pointant les échanges de tirs à travers la Ligne bleue entre Israël et le Hezbollah. « Rien ne peut justifier les horribles actes de terrorisme commis par le Hamas et d’autres groupes armés en Israël le 7 octobre. Et rien ne peut justifier la punition collective du peuple palestinien », a réitéré le Chef de l’ONU.
L’Organisation, a-t-il assuré, reste déterminée à fournir une aide vitale à Gaza en dépit des risques mortels. Pour cela, il a appelé les parties à modifier fondamentalement leur conduite, dénonçant au passage la situation en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, où des niveaux élevés de violence entraînent des morts (553 Palestiniens et 22 Israéliens tués entre le 7 octobre 2023 et le 8 juillet 2024). M. Guterres a vilipendé les mesures israéliennes portant atteinte à l’Autorité palestinienne, notamment la légalisation de cinq avant-postes israéliens, l’avancement de milliers de logements dans les colonies et la démolition de parties de la zone B.
Selon M. Guterres, la perspective d’une solution à deux États est aujourd’hui menacée par la modification constante par Israël de la géographie de la Cisjordanie occupée, par la saisie de vastes parcelles de terrain dans des zones stratégiques et par les changements dans la planification, la gestion des terres et la gouvernance, qui accélèrent l’expansion des colonies. Il a ordonné que toute activité de colonisation cesse immédiatement. Il a aussi plaidé pour un cessez-le-feu humanitaire immédiat et pour la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, un appel repris par la majorité des délégations par la suite. Sur le plan humanitaire, il a demandé d’accroître les efforts d’acheminement de l’aide et de soutenir le travail essentiel effectué par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
M. Guterres a en outre demandé à la communauté internationale de soutenir l’Autorité palestinienne afin qu’elle puisse gouverner et diriger les efforts de redressement et de reconstruction à Gaza. « Le changement doit commencer dès maintenant », a clamé en écho l’Observateur permanent de l’État de Palestine rappelant le consensus mondial en faveur du droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à la solution des deux États. « Il y a plus de convergence sur la question palestinienne que sur toute autre question à l’ordre du jour du Conseil », a-t-il même remarqué. « Commencez dès aujourd’hui », s’est impatienté le délégué appelant à soutenir ceux qui recherchent la paix plutôt que d’armer ceux qui cherchent l’extermination. Il a supplié « de reconnaître l’État de Palestine plutôt que d’assister à la destruction de la solution des deux États ».
Pour sa part, le représentant d’Israël a renvoyé la balle dans le camp de l’Iran, décrivant à souhait l’obsession de ce pays à l’encontre de son voisin, « l’obsession de l’Iran de tuer des Juifs partout dans le monde », et décriant « un État failli et voyou qui est derrière tous les conflits de la région ». Il a rappelé que l’Iran avait récemment lancé plus de 350 missiles et drones contre Israël et que « le pogrom du 7 octobre a été mené par le Hamas avec le soutien de l’Iran ». Israël est attaqué de toutes parts, depuis le Liban, le Yémen ou encore l’Iraq, et ce, avec l’appui de l’Iran, a insisté le délégué disant que « si une guerre à outrance est menée depuis le Liban, c’est parce que le Hezbollah a tiré des milliers de roquettes contre des civils israéliens avec le soutien et le financement de l’Iran ». « Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas », s’est-il impatienté avant de demander au Conseil d’agir rapidement parce que « la République islamique d’Iran est la clef de la paix et de la sécurité au Moyen-Orient et vous ignorez cette clef ».
« Le Conseil devra adopter une résolution au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies afin de forcer le régime israélien à mettre un terme au génocide à Gaza et à ouvrir tous les postes frontière pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire », s’est contenté de répondre le Ministre des affaires étrangères par intérim de l’Iran. Il a aussi exigé qu’Israël se retire des territoires occupés syrien et libanais, appelant à demander des comptes à ce « régime rebelle et voyou », qu’il a vu comme la principale source d’insécurité dans la région.
Le Ministre russe des affaires étrangères a, pour sa part, estimé que la flambée de violence actuelle au Moyen-Orient est en grande partie due à l’échec de la politique américaine dans la région. En fournissant une couverture diplomatique aux actions d’Israël, en lui fournissant armes et munitions, Washington est devenue une actrice direct du conflit, comme elle l’est également en Ukraine, a-t-il accusé, assurant que « si ce soutien prend fin, l’effusion de sang cessera ».
Dans l’ensemble, les membres du Conseil ont plaidé « pour l’arrêt immédiat des souffrances des civils et pour faire cesser les conflits anciens et nouveaux », comme l’a exprimé M. Lavrov. La France a voulu un accord sur un cessez-le-feu qui garantisse la protection de tous les civils, un accès humanitaire sans entrave et la libération immédiate de tous les otages. La résolution 2735 (2024) est la meilleure manière d’y parvenir, a fait valoir le Royaume-Uni, même si les États-Unis ont évoqué « un chemin tortueux pour libérer les otages et mettre fin à la guerre ». La Chine a exprimé ses attentes à l’égard de la communauté internationale qui doit tout faire pour imposer un cessez-le-feu humanitaire, sauver des vies et atténuer les souffrances des populations.
Malheureusement, comme l’a fait remarquer l’Envoyé spécial de la Suisse pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, les quatre résolutions adoptées par le Conseil de sécurité depuis le 7 octobre dernier ne sont toujours pas mises en œuvre. Jugeant cela inacceptable, il a prié les parties de conclure un accord en ce sens. La République de Corée a appelé le Hamas à accepter, sans délai ni condition, l’accord prévu dans la résolution 2735 (2024) et d’arrêter d’utiliser les zones densément peuplées de Gaza comme bases de lancement de roquettes. Le délégué s’est également adressé à Israël, l’exhortant à cesser toutes les attaques entraînant des pertes civiles et à mettre en œuvre la résolution 2334 (2016) relative à la cessation des activités de peuplement.
À ce sujet, le Japon a condamné les récentes décisions du Gouvernement israélien pour l’expansion des colonies en Cisjordanie ainsi que la montée de la violence extrémiste des colons. En outre, Israël doit débloquer toutes les recettes douanières et fiscales devant revenir à l’Autorité palestinienne, a-t-il prié.
L’Algérie, qui a demandé des mesures effectives pour mettre fin aux atrocités à Gaza, a estimé que les sanctions et les discours ne suffisent pas. « Mettons nos divergences de côté et œuvrons à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et une solution durable pour la Palestine », a exhorté le représentant. Un appel entendu tout au long de la journée, avec un souci de voir appliquer les résolutions du Conseil et les ordonnances de la Cour internationale de Justice, comme l’a demandé la Slovénie. Le délégué slovène comme son homologue de la Chine a misé sur la tenue d’une conférence de paix internationale, sous les auspices de l’ONU, pour fournir la plateforme nécessaire à un échange revitalisé. Et pour envisager la reconstruction de Gaza, plusieurs ont souligné l’importance d’une Autorité palestinienne forte, capable de mener à bien ses processus de réforme internes.
Enfin, les inquiétudes pour la paix et la sécurité de la région toute entière ont résonné à la table du Conseil. « De Gaza au Liban en passant par la mer Rouge, le Moyen-Orient est au bord d’hostilités encore plus dangereuses », a constaté la République de Corée. La France, se disant préoccupée par la poursuite des affrontements le long de la Ligne bleue entre le Liban et Israël, a appelé les parties à la plus grande retenue afin de prévenir un embrasement régional. « Ce Conseil doit pouvoir passer un message clair et unanime à ce sujet. » Le Ministre russe des affaires étrangères a pour sa part souligné le potentiel des pays côtiers du Golfe, qui peuvent s’entendre sans ingérence extérieure sur une architecture de stabilité et de bon voisinage, tout en garantissant les aspirations du peuple palestinien.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations liminaires
M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, par la voix de son Chef de cabinet, M. Earle Courtenay Rattray, a fait le point sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne. Il a rappelé qu’en décembre dernier, les hostilités à Gaza et en Israël l’ont conduit à invoquer exceptionnellement l’Article 99 de la Charte des Nations Unies. Sept mois plus tard, la guerre continue de faire rage, a-t-il déploré, rapportant les bilans humains de part et d’autre: plus de 38 000 Palestiniens tués, dont un grand nombre de femmes et d’enfants, selon le Ministère de la santé à Gaza; plus de 1 500 Israéliens et ressortissants étrangers tués, en plus des 125 otages toujours détenus à Gaza, selon des sources israéliennes. Dans ce contexte, il a fait état du quasi-effondrement du système de soutien humanitaire à Gaza, de l’absence totale d’ordre public et du risque croissant d’un nouveau débordement régional, alors que les échanges de tirs à travers la Ligne bleue entre le Hezbollah et Israël se poursuivent. « Rien ne peut justifier les horribles actes de terrorisme commis par le Hamas et d’autres groupes armés en Israël le 7 octobre. Et rien ne peut justifier la punition collective du peuple palestinien. »
Le Chef de l’ONU a ensuite constaté l’intensification ces dernières semaines des opérations militaires israéliennes à Gaza et la poursuite des tirs de roquettes par des groupes armés palestiniens depuis l’enclave vers les agglomérations israéliennes. Alors que Rafah est en ruines, que le passage de cette ville reste fermé et que près de 2 millions de personnes ont été déplacées, M. Guterres s’est alarmé des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire aiguë, de la poussée des maladies transmissibles et de la réduction d’accès aux services d’eau, d’assainissement, d’hygiène et de santé, du fait des restrictions sur l’approvisionnement en carburant. Face à cette situation, l’ONU reste déterminée à fournir une aide vitale à Gaza mais se heurte à de graves défis et à des risques mortels, a-t-il dit, notant que les convois humanitaires sont souvent incapables de collecter et de distribuer en toute sécurité les biens vitaux, notamment depuis le point de passage crucial de Karam Abou Salem/Kerem Shalom. Exhortant les parties à modifier fondamentalement leur conduite pour relever ces défis, il a regretté l’absence d’efficacité du système de notification humanitaire et d’autres mécanismes de coordination, avec à la clef des missions d’aide retardées ou interrompues.
Le Secrétaire général a aussi évoqué la situation en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, où des niveaux élevés de violence persistent. Entre le 7 octobre 2023 et le 8 juillet 2024, 553 Palestiniens, dont 131 enfants, y ont été tués, la grande majorité dans le cadre des opérations de sécurité israéliennes et au moins 11 par des colons israéliens. Au cours de la même période, 22 Israéliens, dont neuf membres des forces israéliennes, ont été tués par des Palestiniens en Israël et en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, a-t-il indiqué, avant de dénoncer les mesures israéliennes qui portent atteinte à l’Autorité palestinienne, paralysent l’économie palestinienne et alimentent l’instabilité, notamment la légalisation de cinq avant-postes israéliens, l’avancement de milliers de logements dans les colonies et la démolition de certaines parties de la zone B. M. Guterres a néanmoins salué la levée de la suspension du transfert à l’Autorité palestinienne des recettes fiscales et douanières partielles collectées par Israël, ainsi que le renouvellement pour quatre mois de la lettre d’indemnisation des correspondants bancaires israéliens effectuant des transactions avec des banques palestiniennes.
Pour le Secrétaire général, la perspective d’une solution à deux États est aujourd’hui menacée par la modification constante par Israël de la géographie de la Cisjordanie occupée, par la saisie de vastes parcelles de terrain dans des zones stratégiques et par les changements dans la planification, la gestion des terres et la gouvernance, qui accélèrent l’expansion des colonies. Voyant dans ces développements une étape supplémentaire vers l’extension de la souveraineté israélienne sur ce territoire occupé, il a mis en garde contre le risque de « dommages irréparables ». Toute activité de colonisation doit cesser immédiatement, a-t-il martelé, avant d’enjoindre à Israël d’assurer la sûreté et la sécurité de la population palestinienne.
Revenant à la situation à Gaza, M. Guterres a plaidé pour un cessez-le-feu humanitaire immédiat et pour la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, non sans saluer les efforts inlassables déployés par l’Égypte, le Qatar et les États-Unis pour y parvenir. Il a également appelé à intensifier les efforts d’acheminement de l’aide, soulignant à cet égard le travail essentiel effectué par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Après s’être élevé contre les graves abus dont sont victimes les Palestiniens détenus par Israël, il a demandé à la communauté internationale de se recentrer sur la recherche d’une solution politique qui aide à mettre fin à l’occupation et à résoudre le conflit. Pour cela, il importe de soutenir l’Autorité palestinienne afin qu’elle puisse gouverner et diriger les efforts de redressement et de reconstruction à Gaza, a-t-il conclu, invitant tous ceux qui ont de l’influence à agir pour permettre aux parties de se réengager sur la voie politique, conformément au droit international, aux résolutions pertinentes de l’ONU et aux accords bilatéraux.
Pour M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, ce qui se passe à Gaza restera dans les mémoires comme le génocide le plus documenté de l’histoire. Pendant neuf mois, Israël a bombardé les maisons, les hôpitaux, les écoles, y compris ceux désignés par l’ONU comme abris, et actuellement, Israël bombarde les personnes vivant dans des tentes, a-t-il décrié, ajoutant que depuis des mois, Israël concocte une catastrophe humanitaire, avec la famine comme ingrédient. L’observateur a souligné que ce sont 2 millions de personnes soumises à un blocus depuis 17 ans qui sont maintenant confrontées à « un siège hermétique », mourant de faim et de maladie alors que la nourriture et les médicaments sont disponibles à quelques mètres de là.
Jusqu’à présent, a-t-il insisté, Israël considère qu’il suffit de crier « sécurité! » pour s’en tirer avec les pires crimes imaginables. Il a relevé que ce pays prétendait que chaque guerre serait la dernière et qu’elle aurait un effet dissuasif, alors qu’Israël a simplement jeté les graines d’une autre guerre. Tout dans l’histoire lui donne le sentiment qu’il s’en sortira toujours et que cette fois-ci ne fera pas exception, a-t-il noté avant de déclarer que cette période doit être l’exception. « Le changement doit commencer dès maintenant. »
Rappelant que le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2735 (2024) en vue de parvenir à un cessez-le-feu immédiat conduisant à une cessation définitive des hostilités et à des vies sauvées, l’observateur a souhaité que cette résolution conduise à la libération d’otages et de prisonniers des deux côtés et à une augmentation de l’aide humanitaire. Elle devrait en outre mener à une désescalade régionale immédiate, a-t-il ajouté.
Poursuivant, l’observateur a dénoncé M. Netanyahu qui ne se soucie pas de la vie des civils palestiniens ni même de la vie des otages ou encore du droit international. Il ne se soucie que de sa propre survie politique, a-t-il analysé rappelant que les décisions de la Cour internationale de Justice (CIJ) sont contraignantes et doivent être respectées. Il faut défendre l’indépendance de la Cour pénale internationale (CPI), a-t-il ajouté en demandant aussi d’honorer les engagements communs par rapport à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Il existe un consensus mondial en faveur du droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à la solution des deux États, a fait valoir l’observateur. Il y a plus de convergence sur la question palestinienne que sur toute autre question à l’ordre du jour du Conseil, a-t-il même remarqué, « face à un gouvernement isolé, fanatique », qui rejette ce consensus international et attaque toutes les institutions chargées de faire respecter l’ordre international fondé sur le droit.
« Notre peuple vivra dans la liberté et la dignité sur sa terre ancestrale », a martelé l’observateur, déclarant que son peuple n’acceptera rien de moins. Mais l’exercice de ce droit ne devrait pas avoir un tel prix, a-t-il relevé, expliquant qu’il existe un chemin qui mène à la paix et à la prospérité partagées. Notre devoir est de prendre toutes les mesures nécessaires pour atteindre cette destination, a-t-il dit.
« Commencez dès aujourd’hui », a-t-il exhorté appelant à soutenir ceux qui recherchent la paix plutôt que d’armer ceux qui cherchent l’extermination. Il a aussi invité à sanctionner les colons plutôt que de punir ceux qui s’opposent au déracinement et au déplacement des communautés. Il faut protéger les victimes plutôt que les auteurs, a-t-il résumé, demandant de reconnaître l’État de Palestine plutôt que d’assister à la destruction de la solution des deux États. « La réalisation de cette solution mettrait fin à l’occupation israélienne. »
Dans deux jours, a rappelé l’observateur, la CIJ rendra son avis sur la question de la Palestine et sur l’illégalité de l’occupation coloniale, de l’annexion et de l’idéologie suprémaciste d’Israël. Cet avis devra servir de base à notre action collective dans les jours à venir, a-t-il recommandé. « La loi, rien de moins, rien de plus. » Selon l’observateur, le peuple palestinien ne renoncera jamais à ses droits, et la paix ne se fera pas aux dépens de ses droits, mais en les faisant respecter. Le droit à la vie, à la liberté et à la dignité, a-t-il insisté. C’est le seul chemin vers la paix, a-t-il tranché. « Embarquons-nous enfin collectivement sur cette voie. »
M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a dit que demain marque le trentième anniversaire de l’attaque attribuée à l’Iran et au Hezbollah contre un centre communautaire juif à Buenos Aires (Argentine), qui avait fait 85 morts et des centaines de blessés. Il y a vu une preuve de l’obsession de l’Iran de tuer des Juifs partout dans le monde, une obsession qui dure depuis des décennies, et de l’exportation par ce pays de ses effusions de sang. Il a déploré que le Conseil se réunisse une nouvelle fois pour mettre l’accent sur les symptômes plutôt que sur les causes profondes, en omettant de mentionner le nom de l’État failli et voyou –la République islamique d’Iran- qui est derrière tous les conflits de la région. Le délégué a cité les nombreux conflits majeurs au Moyen-Orient qui portent « l’empreinte maléfique » de l’Iran, se désolant que les peuples du Liban, de la Syrie, de l’Iraq, du Yémen et autres aient souffert en raison des tentatives de l’Iran d’enflammer la situation dans la région.
Dans ce contexte, il s’est étonné que les dirigeants iraniens continuent de se voir dérouler le tapis rouge « pour des raisons d’hypocrisie ou d’intérêt politique ». Nous continuons d’entendre les refrains « Mort à Israël » et « Le régime sioniste sera effacé de l’histoire » dans les manifestations, a-t-il indiqué en relevant que ces slogans sont même inscrits sur « les missiles qu’ils font défiler dans les rues ». Même la délégation iranienne auprès de l’ONU a lancé sur les réseaux sociaux une menace claire à l’égard d’Israël il y a quelques semaines, s’est plaint le représentant qui a aussi rappelé que l’Iran avait récemment lancé plus de 350 missiles et drones contre Israël.
Le délégué a brandi la photo d’un compte à rebours affiché à Téhéran égrenant les jours avant la destruction d’Israël, en 2040. « C’est une honte, c’est votre honte », a-t-il dit, à l’attention des membres du Conseil. Je ne vois personne se scandaliser, s’est-il étonné. « Où sont vos résolutions » face à cette obsession génocidaire? L’Iran ne doit pas participer aux séances de ce Conseil tant qu’il n’aura pas enlevé ce compte à rebours, a exigé le délégué, avant de souligner le danger du programme nucléaire iranien en passe d’être mené à son terme. En avril, le Chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a dit que l’Iran est à quelques semaine d’avoir suffisamment d’uranium enrichi pour fabriquer une arme nucléaire, a-t-il rappelé.
Le représentant a rappelé que le pogrom du 7 octobre a été mené par le Hamas avec le soutien de l’Iran, avant d’affirmer que son pays est attaqué de toutes parts, depuis le Liban, le Yémen ou encore l’Iraq, et ce avec l’appui de l’Iran. Si une guerre à outrance est menée depuis le Liban, c’est parce que le Hezbollah a tiré des milliers de roquettes contre des civils israéliens avec le soutien et le financement de l’Iran, a-t-il dénoncé. « Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas », a lancé le délégué à la salle en demandant au Conseil d’agir rapidement. Il a de plus fait valoir que l’Iran fournit des armes en Ukraine.
« La République islamique d’Iran est la clef de la paix et la sécurité au Moyen-Orient et vous ignorez cette clef », s’est-il impatienté. Il a estimé que la libération des 120 otages de Gaza est la question la plus pressante, soulignant une situation honteuse des otages qui est « en soi un crime contre l’humanité ». Le délégué a aussi accusé les membres du Hamas de se cacher dans des écoles de l’UNRWA à Gaza. La guerre ne cessera pas tant que tous les otages ne seront pas libérés, a-t-il prévenu.
En conclusion, il a déploré que le Conseil donne son feu vert à l’Iran, « État voyou aux ambitions génocidaires » qui veut « exporter sa révolution chiite suprémaciste dans vos pays ». Selon lui, les ayatollahs se sont habitués à l’inaction du Conseil en pensant que celui-ci leur donne un feu vert pour obtenir l’arme nucléaire. Si le régime des ayatollahs continue à intimider sa population et à menacer ses voisins, il se rendra compte que ses jours sont comptés, a-t-il prévenu en faisant remarquer que la population iranienne, les pays du Moyen-Orient et le monde en ont assez.