En cours au Siège de l'ONU

AG/PAL/1465

Comité des Palestiniens: la société civile expose son engagement pour faire face aux souffrances subies par le peuple palestinien, notamment les Gazaouites

GENÈVE, 4 avril -- Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a terminé ce jour les travaux de la conférence internationale, entamée hier au Bureau des Nations Unies de Genève dans le but de « construire des ponts avec la société civile internationale pour faire face à la Nakba en cours ».  La Conférence visait à faciliter les partenariats entre les organisations de la société civile du monde entier œuvrant pour une solution juste et durable à « la Nakba en cours ».  Ce fut l’occasion d’entendre des idées concrètes et des appels d’acteurs de la vie civile en vue d’alléger les souffrances des Palestiniens et de mettre fin à un « génocide automatisé ».

Après deux séances plénières tenues hier, la Conférence a travaillé dans le même cadre, avec deux autres séances thématiques.  Les organisations non gouvernementales ont avant tout appelé à faire pression sur Israël, par des sanctions notamment, pour qu’il applique les recommandations de la Cour internationale de Justice et les résolutions du Conseil de sécurité.  L’un a même demandé de convoquer à nouveau le Comité spécial contre l’apartheid et tous ont manifesté leur détermination à continuer d’élever leurs voix pour plaider en faveur de solutions et sensibiliser le public. 

Séance plénière III: « Actions de l’État en matière de responsabilité: discussion des meilleurs pratiques »

« Not on our dime » (« pas avec notre argent ») est une campagne lancée l’an passé par une organisation, la Campagne américaine pour les droits des Palestiniens, dont le Directeur, M. Ahmad Abuzneid, a expliqué la finalité: il s’agit de limiter les fonds mis à la disposition des colons violents par des organisations caritatives qui collectent des millions de dollars exonérés d’impôts.  Ces fonds sont utilisés par les colons israéliens pour expulser des milliers de Palestiniens de leurs territoires, a-t-il précisé.  L’organisation envisage même de demander le retrait du statut d’organisme de bienfaisance aux organisations qui fournissent de tels fonds et de solliciter le versement de ce genre de fonds aux Palestiniens touchés par les activités des colons.  De nombreuses organisations de la société civile ont d’ores et déjà demandé au Procureur général de New York d’enquêter sur ces organisations caritatives enregistrées à New York et actives en Israël et en Palestine, a—t-il signalé. 

Il y a un besoin de solidarité internationale, a relevé le Directeur exécutif de la Communauté palestinienne au Chili, M. Diego Khamis, en appelant à mettre fin à l’occupation israélienne, à trouver une solution aux problèmes des réfugiés et à appliquer le droit international.  À cette fin, il a lancé un appel pour que les États respectent leurs obligations internationales et fassent pression sur ceux qui ne le feraient pas, en prenant également des mesures concrètes pour obliger Israël à respecter le droit international. À son avis, le travail de la diaspora palestinienne en Amérique latine doit être renforcé à cet effet. 

Alors qu’aujourd’hui est « le 181e jour du génocide en Palestine et à Gaza »,  Mme Rula Shahid, la Directrice exécutive de l’Institut palestinien pour la diplomatie publique, a demandé une minute de silence pour les 33 236 Palestiniens tués dans ce contexte.  Elle s’est étonnée de voir que même les États qui prétendent respecter l’état de droit, y compris les libertés civiles, ne respectent pas cet engagement à l’égard de la Palestine.  « Il est vraiment intéressant de voir comment la situation a également affecté les libertés des Européens au sein de leur propre pays. »  Il ne s’agit plus seulement de la Palestine, mais de la démocratie elle-même et des libertés d’expression et de réunion, qui sont toutes mises à mal dans de nombreux pays européens, a-t-elle constaté.  En même temps, elle a noté que des voix importantes se sont élevées en faveur du peuple palestinien, des voix désormais entendues par un public plus large, ce qui constitue une bonne pratique à son avis. 

Au cours de cette séance plénière, le public a soulevé des questions telles que l’aide d’urgence apportée aux patients dans le contexte médical, ou encore comment s’appuyer sur les conventions des Nations Unies pour apporter une aide aux patients. La question des sanctions étatiques contre l’État israélien est revenue à maintes reprises.  Cette conférence est le type d’événement dont la communauté internationale a besoin pour mettre un terme à ce qui se passe à Gaza, a avancé un orateur, tandis que pour quelques autres, la question de l’indépendance de l’État palestinien est mal venue alors que le peuple se fait massacrer.  La priorité urgente serait donc, ont-ils argué, de protéger la population palestinienne et de tenir Israël pour responsable de ses actions.  Israël doit être exclu de l’ONU, car il se comporte comme un État voyou, a même suggéré un membre d’une ONG. 

Séance plénière IV: « Assurer le respect des mécanismes internationaux après la décision de la Cour internationale de Justice » 

« L’Afrique du Sud ne connaît que trop bien le rôle important joué par la société civile », a déclaré M. Thembela Ngculu, Conseiller de la Mission permanente de l’Afrique du Sud auprès des Nations Unies à Genève.  C’est d’ailleurs grâce à la solidarité manifestée par la société civile dans la lutte contre l’apartheid qu’il était présent à la Conférence, a-t-il témoigné.  M. Ngculu a ensuite expliqué que c’est le non-respect par Israël des mesures provisoires initiales et la détérioration de la situation humanitaire à Gaza qui ont poussé l’Afrique du Sud à saisir la Cour internationale de Justice (CIJ) le 6 mars dernier pour demander des mesures supplémentaires.  Et c’est grâce à cela que, le 28 mars, la Cour a décidé qu’Israël devait prendre toutes les mesures nécessaires et efficaces pour garantir, sans délai, en coopération avec l’ONU, la fourniture sans entrave de l’aide humanitaire à la population palestinienne de Gaza, notamment en ouvrant un plus grand nombre de points de passage terrestres et en les maintenant ouverts aussi longtemps que nécessaire. 

L’Afrique du Sud reste préoccupée par le fait qu’Israël continue de se soustraire à ses engagements au titre de la Convention sur le génocide, a aussi déploré l’intervenant. L’Afrique du Sud maintient son point de vue selon lequel la seule façon de mettre fin aux souffrances est de mettre fin à l’occupation illégale ainsi qu’à ses pratiques d’apartheid, a-t-il martelé. 

« Un génocide est bien en train d’avoir lieu », a rappelé à son tour M. Ahmed Abofoul, expert juridique à l’Organisation Al-Haq, soulignant que cela se passe au milieu de « l’indifférence honteuse et la complicité de certains États occidentaux » qui donnent parfois des leçons aux autres sur les droits de l’homme et le droit international. Cela fait de ces États, à son avis, « l’axe du génocide ».  Il est désormais clair, pour le monde entier, qu’Israël est une extension du colonialisme européen, a-t-il argué. 

« Les Nations Unies ont échoué pendant 76 ans d’apartheid et de crimes systématiques d’Israël contre le droit international », a ajouté le Coordonnateur de la politique sans apartheid du Comité BDS Palestine, M. Saleh Hijazi, pour qui le génocide automatisé et diffusé en direct par Israël, soutenu par les États-Unis, l’Allemagne et d’autres puissances occidentales, pourrait être le coup final porté au système juridique international.  De même, l’incapacité à prévenir le génocide et à fournir une assistance pour y mettre un terme rend les États complices, a-t-il estimé.  Devant la gravité de la situation, l’intervenant a demandé que l’Assemblée générale des Nations Unies tienne une session d’urgence pour expulser Israël des Nations Unies et convoquer à nouveau le Comité spécial contre l’apartheid. 

Selon Mme Bethany Ellis, conseillère en plaidoyer de Watchlist, le fait qu’Israël ne figure pas dans le rapport annuel des Nations Unies des parties qui violent les droits de l’enfant dans les conflits est une grave incohérence.  C’est pourquoi Watchlist a commencé à publier des listes remédiant à cette lacune, tout en recommandant et en plaidant fermement pour que les forces gouvernementales israéliennes soient inscrites sur la liste pour avoir tué et mutilé des enfants.  La protection des enfants dans les conflits doit être une question sur laquelle tous s’accordent, a-t-elle observé. 

Après ces exposés, au cours du débat entre participants à la Conférence, certains ont mis en avant le besoin de prendre des mesures pour contraindre Israël à se conformer aux décisions de la CIJ.  De nombreuses voix ont également appelé à des sanctions ciblées contre les colonies de peuplement d’Israël.  Il doit y avoir des sanctions économiques pour obliger Israël à se conformer aux mesures provisoires prises par la CIJ, a renchéri le délégué d’Afrique du Sud.  Il a rappelé que le but ultime était de mettre fin à l’occupation elle-même, de garantir que les Palestiniens vivent en paix et dans la liberté économique et politique. 

Dans ses remarques de clôture de la Conférence, le Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a déclaré que la justice est une condition préalable pour mettre fin aux cycles de violence et pour que les Palestiniens et les Israéliens prennent des mesures significatives vers la paix.  M. Cheikh Niang, qui est le Représentant permanent du Sénégal auprès des Nations Unies, a salué les nombreuses idées entendues au cours des deux jours de conférence, avant d’appeler la communauté internationale à s’unir et collaborer avec la société civile pour mettre fin à l’oppression israélienne de la communauté palestinienne. 

Les travaux du Comité doivent se poursuivre jusqu’à ce que les aspirations des Palestiniens soient conduites à bon port, avec un État palestinien indépendant ayant Jérusalem-Est pour capitale, a souhaité l’Observateur de la Palestine auprès des Nations Unies à Genève.  M. Ibrahim Kraishi a souligné que sans responsabilité, il n’y aura pas de fin aux crimes, à la criminalité et aux violations des droits humains.

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