À l’Assemblée générale, des appels à un multilatéralisme plus efficace pour remettre l’humain au centre d’un monde plus juste
Revoir l’architecture de la gouvernance mondiale, réformer le multilatéralisme et revenir aux objectifs d’origine des Nations Unies: les chefs d’État et de gouvernement n’ont pas manqué d’ambition aujourd’hui à la tribune de l’Assemblée générale, au deuxième jour du débat général. Il est indispensable de redonner la priorité au dialogue diplomatique plutôt qu’à la confrontation, a précisé le Président de la Mongolie, tandis que son homologue des Seychelles a dénoncé une atmosphère d’« instabilité effrayante, exacerbée par l’inquiétude d’une extension des guerres ».
Pour la première fois depuis deux décennies, le nombre de conflits est en hausse, de même que le nombre de victimes, de blessés et de personnes déplacées, a relevé le Premier Ministre de l’Espagne, pour qui « travailler pour la paix est aujourd’hui beaucoup plus qu’une exigence morale, c’est un besoin existentiel». Selon certaines études, l’impact économique de la violence correspondrait à 13% du PIB mondial, soit l’équivalent de toute la richesse créée en un an par 180 pays, a-t-il signalé.
Le fait que les Nations Unies ne soient pas capables de prévenir toutes les guerres et tous les conflits ne tient pas à un prétendu dysfonctionnement mais bien à une absence de volonté politique commune au Conseil de sécurité, a fait observer le Président slovaque. La nécessaire réforme du Conseil, dont la structure reflète un monde qui n’existe plus, a en effet été évoquée à maintes reprises, notamment pour critiquer sa paralysie par l’usage du droit de veto. Dans la même veine, le Président du Sénégal a constaté une remise en cause inquiétante du multilatéralisme au moment où le monde en a le plus besoin.
Les conflits en cours dans le monde ont également été évoqués, à commencer par l’Ukraine et le Moyen-Orient. Le Président ukrainien a mis en garde contre la menace nucléaire pesant sur son pays et sur l’ensemble du monde en raison de l’agression de la Russie. En effet, a-t-il dit, un rapport alarmant des services de renseignement indique que « Putin semble être en train de planifier des attaques contre les centrales nucléaires ukrainiennes » pour les déconnecter du réseau électrique. Aussi a-t-il appelé les États Membres à mettre la pression sur l’agresseur, rappelant que les radiations ne respectent pas les frontières des États.
De nombreuses délégations se sont également alarmées d’une escalade régionale du conflit palestinien au Liban. « Il ne peut pas et il ne doit pas y avoir de guerre au Liban », a martelé le Président français, exigeant le respect par chacun de ses obligations le long de la Ligne bleue. Estimant en outre que le déploiement d’une mission internationale doit ouvrir la voie à la mise en œuvre de la solution des deux États, le Chef d’État français a souligné qu’il revient au Conseil de sécurité de se prononcer à cet égard.
De son côté, le Président du Sénégal a dénoncé l’inaction du Conseil de sécurité face aux meurtres et aux pillages des terroristes dans la région du Sahel, s’inscrivant en faux contre les tentatives d’ingérence: « Nous ne pouvons accepter que le Sahel devienne le théâtre de rivalités étrangères » a-t-il affirmé.
À l’instar du Honduras, plusieurs pays d’Amérique latine ont attiré l’attention sur la situation en Haïti, appelant la communauté internationale à soutenir ce pays financièrement et techniquement. Pour la République dominicaine, il est inacceptable que les pays impliqués dans la résolution de la crise haïtienne ne tiennent pas leurs promesses, et que la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti ne dispose ni des ressources financières, ni des ressources humaines nécessaires pour parvenir à la pacification et à la tenue d’élections libres, justes et transparentes.
Toutefois, les conflits ne sont pas des incidents isolés mais les symptômes de problèmes systémiques plus profonds comme la hausse des inégalités, la dégradation de l’environnement et la rupture de la confiance mondiale, a observé le Président du Suriname. La paix n’est pas seulement l’absence de guerre mais aussi la possibilité pour chaque personne de vivre dans la dignité et sans avoir faim, a martelé son homologue du Sénégal, défendant un système plus juste et équilibré, qui protège la planète sans sacrifier les besoins des pays les plus vulnérables en matière de développement.
En ce sens, les changements climatiques menaçant la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ont suscité beaucoup d’inquiétude. Si cela continue, l’humanité n’aura plus le choix entre le développement et la stagnation, mais entre l’existence et la non-existence, a prévenu le Chef d’État de la Mongolie, qui a l’intention d’organiser la prochaine conférence sur la lutte contre la désertification à Oulan-Bator en 2026.
Les bassins forestiers de l’Amazonie, du Congo et du Mékong abritent plus de 80% des forêts tropicales au monde et jouent un rôle crucial dans la lutte contre les changements climatiques, tout en fournissant des services écosystémiques vitaux, a fait observer le Président de la République démocratique du Congo. Il est donc impératif que l’amélioration des conditions socioéconomiques des communautés locales soit placée au centre des priorités de la gouvernance mondiale. Par ailleurs, l’Afrique est l’une des régions les plus vulnérables aux changements climatiques alors qu’elle y contribue le moins, a déploré le Chef d’État du Togo, rappelant que cela menace la sécurité alimentaire sur le continent et pourrait entraîner des vagues migratoires. Ce défi ne peut plus être le fardeau des seuls Africains, a-t-il souligné.
Les petits États insulaires en développement (PEID) ont également fait entendre leur voix à ce sujet. Les Seychelles ont ainsi qualifié d’inacceptable « le choix conscient et délibéré » de certains de préserver le statu quo, pour protéger leurs gains à court terme, et d’injuste le fait que les PEID aient à en subir les conséquences. L’adoption récente de l’ndice de vulnérabilité multidimensionnelle concernant les PEID, qui permettra de mieux évaluer les besoins et les défis de ces pays en matière de développement, a été saluée comme un pas dans la bonne direction. Le Botswana, entre autres, a placé son espoir dans la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, qui se tiendra à Gaborone en décembre.
Les regards se sont aussi tournés vers la COP29, qui aura lieu en novembre en Azerbaïdjan. Le Président du Suriname, l’un des trois pays au bilan carbone négatif au monde, a espéré qu’elle ne se limitera pas à de vaines promesses mais adoptera au contraire des mesures décisives pour sauver la planète de l’extinction. Son homologue de Cabo Verde attend qu’elle débouche sur des engagements audacieux, notamment de la part des pays à fortes émissions, et sur une mise en œuvre rapide de mécanismes de financement équitables et efficaces.
L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, jeudi 26 septembre, à partir de 9 heures.
SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL
Déclarations
M. KHURELSUKH UKHNAA, Président de la Mongolie, s’est dit conscient que les efforts déployés et les progrès réalisés sont insuffisants, par exemple pour ce qui concerne la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). La Mongolie a pris une part active au processus de négociation du Pacte pour l’avenir adopté le 22 septembre. Le Président a évoqué la multiplication des tensions et des conflits armés, de même que des idéologies extrêmes, et a considéré que le renforcement de la coopération multilatérale est essentiel pour garantir la paix et la sécurité internationales. Selon lui, « le dialogue, la confiance et la compréhension mutuelle sont le socle de la cohabitation durable et pacifique ».
Évoquant les principes de la Charte des Nations Unies, en particulier le non-recours à la force en cas de désaccord et de conflit, le Président a demandé aux pays et aux nations du monde de donner la priorité au dialogue diplomatique plutôt qu’à la confrontation, de promouvoir l’unité plutôt que l’hostilité et de tendre vers des objectifs collectifs. Les efforts pour le désarmement et la non-prolifération nucléaires ne doivent pas être négligés non plus, a-t-il ajouté, précisant que la Mongolie a fourni d’importantes contributions pour l’élimination de la menace nucléaire. Le pays est d’ailleurs exempt de ce type d’armes. Il a proposé de convoquer une réunion spéciale sur ce point dans le cadre des Nations Unies.
Quant à l’évolution rapide des technologies de l’information et des communications (TIC) ces dernières années, elle a eu une influence considérable sur la vie des populations au quotidien, ce qui pourrait refaçonner l’évolution de la civilisation, a relevé le Chef d’État, précisant que son pays participe à toutes les discussions sur ces questions aux Nations Unies.
Le Président s’est inquiété du réchauffement de la planète et des changements climatiques: si la situation continue, l’humanité n’aura plus le choix entre le développement et la stagnation, mais entre l’existence et la non-existence. Il a fait savoir que la Mongolie a l’intention d’organiser la prochaine conférence sur la lutte contre la désertification à Oulan-Bator en 2026. Elle a aussi coprésidé avec l’Autriche le Comité préparatoire à la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral (PDSL) pour 2023-2024 et le programme d’action qui en est issu devrait être adopté au Botswana en décembre. Le Président a invité tous les PDSL, les pays de transit et l’ensemble des États Membres et partenaires de développement à s’engager au plus haut niveau dans cette conférence.
M. Ukhnaa a voulu s’exprimer également sur l’égalité entre les genres, rappelant que les femmes ont toujours joué un rôle central dans la gouvernance et les affaires sociales en Mongolie. Grâce à sa première Constitution, la Mongolie est devenue le premier pays en Asie à garantir des droits égaux pour les femmes, notamment le droit de vote et le droit d’être élue. Au mois d’août 2024, elle a accueilli le Forum mondial des femmes en collaboration avec les Nations Unies, qui a proposé de nombreuses initiatives créatives pour élargir le rôle des femmes et leurs contributions à la réalisation des ODD, et s’est conclu par l’adoption de la Déclaration d’Oulan-Bator.
M. WAVEL RAMKALAWAN, Président des Seychelles, a appelé les membres de l’Assemblée à être honnêtes quant à leur évaluation de leur action pour les intérêts des peuples qu’ils représentent. Les flammes attisées par la compétition et la méfiance menacent d’engloutir des victimes innocentes, a-t-il averti, dénonçant une atmosphère d’« instabilité effrayante, exacerbée par l'inquiétude d’une extension des guerres ». S’inquiétant d’un recul de valeurs communes qui « transcendent les frontières et les cultures, qui sont comprises dans toutes les langues et présentes dans toutes les idéologies », il a appelé à revenir aux principes fondamentaux du dialogue et de la coopération.
Le Président a constaté que, dans un monde aussi interconnecté que le nôtre, les conflits entraînent d’importantes pressions inflationnistes, que les États plus petits, comme les Seychelles, ont du mal à affronter. Affirmant que ces États « ne veulent pas être pris entre deux feux », il a rappelé les puissances mondiales à leurs devoirs et à s’assurer que les intérêts géopolitiques ne viennent pas écraser les droits humains et le droit international. Appelant à une réforme du Conseil de sécurité, il a plaidé pour que soit accordé un siège de membre permanant à l’Afrique, et salué la proposition des États-Unis d’accorder un siège tournant pour les petits États insulaires en développement (PEID).
« Les changements climatiques restent le principal défi auquel l’humanité est confrontée, et l’incapacité à faire face à ses effets dévastera les générations actuelles et futures », a-t-il constaté en soulignant qu’en tant que petit État insulaire, son pays se situe sur la ligne front de la crise climatique, qui menace sa population, son économie et son mode de vie. Il a qualifié d’inacceptable « le choix conscient et délibéré » de certains de préserver le statu quo, pour protéger leurs gains à court terme, et d’injuste le fait que les PEID aient à en subir les conséquences, alors qu’ils n’ont pas les moyens de les affronter. Reprenant les mots du Secrétaire général en ouverture de cette session, il a martelé que « ceux qui portent le blâme doivent payer la facture ». Complétant sa réflexion, il a comparé les dépenses militaires mondiales qui atteignaient 2 500 milliards de dollars en 2023, en augmentation pour la dixième année consécutive, aux 100 milliards de dollars requis pour le fonds pour les pertes et dommages.
Le Président a également relevé que le ratio moyen de la dette sur le PIB dépasse 70% dans les PEID, voyant cette dette comme une entrave au développement qui détourne des ressources majeures d’investissements cruciaux dans les infrastructures, l’éducation et la santé. Il a appelé à réformer le système financier international afin de remédier au fait que certains pays vulnérables, quel que soit leur niveau de revenu, sont privés de la possibilité de satisfaire leurs besoins en matière de développement. Il a également dénoncé l’emploi des mesures coercitives unilatérales qui visent à paralyser des économies et qui rendent les gouvernements incapables de faire progresser la dignité de leur propre population.
Il a rappelé que cette année, les Seychelles avaient été le quatrième État du monde, et le premier en Afrique, à ratifier l’Accord sur la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (BBNJ). Il a appelé la communauté internationale à s’engager dans la mise en œuvre du Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID.
M. PETR PAVEL, Président de la République tchèque, a appelé à la réforme du Conseil de sécurité afin que soit entendue la voix des régions sous-représentées. Le fait d’être membre permanent du Conseil de sécurité ne donne pas des pouvoirs particuliers, a-t-il fait valoir en appelant la Russie à mettre fin à sa guerre contre l’Ukraine. Il a relevé que le cynisme de la politique russe a un gros impact sur la communauté internationale, évoquant l’insécurité alimentaire et énergétique qui découle de cette guerre. C’est pourquoi la Tchéquie demande à ceux qui ne l’ont pas encore fait d’appuyer les conclusions du Sommet de la paix sur l’Ukraine qui a eu lieu en Suisse, a-t-il lancé. Selon le Président, « notre silence enhardi l’agresseur », et même si le conflit est localisé à une région particulière, son impact se fait sentir partout ailleurs par le fait de la mondialisation.
Le Président tchèque a ensuite évoqué la cybercriminalité qui tente de saper les structures des sociétés. Il a appelé de ses vœux un monde en ligne plus sûr, notant que cela dépend de la volonté des États. Pour sa part la Tchéquie prend très au sérieux la question et apporte son appui à des États d’Afrique et d’Amérique latine, par exemple. Le Président s’est soucié en particulier de la protection des droits humains, qui reste une préoccupation essentielle avec l’émergence des technologies numériques. « La qualité de notre gouvernance sera jugée en fonction de nos actions et du monde que nous laisserons à nos descendants », a-t-il conclu.
M. VOLODYMYR ZELENSKYY, Président de l’Ukraine, a articulé son propos autour de deux jours: celui qui est arrivé et celui que ne doit pas arriver. Le 4 mars 2022, la Russie a attaqué la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporizhzhia, la plus grande d’Europe avec six réacteurs nucléaires, « sans réfléchir aux conséquences ». « Cela a été l’un des moments les plus horribles de la guerre », a-t-il témoigné. La centrale est toujours occupée par les forces russes, ce qui représente une menace nucléaire car il s’agit de la principale source de danger radiologique en Europe, peut-être dans le monde. C’est pourquoi, a-t-il précisé, dans ma formule pour la paix, le premier point concerne la sécurité nucléaire.
M. Zelenskyy a ensuite parlé du jour qui ne doit jamais arriver. Selon lui, puisque la Russie ne parvient pas à vaincre la résistance des Ukrainiens sur le champ de bataille, Putin cherche d’autres moyens de les briser. L’une des méthodes est de s’attaquer aux infrastructures énergétiques. À ce jour, a précisé le Président ukrainien, la Russie a détruit toutes les centrales thermiques du pays et une grande partie de sa capacité hydroélectrique. C’est comme ça que Putin prépare l’hiver: il veut laisser des familles ordinaires dans le noir et le froid, pour faire souffrir l’Ukraine et l’obliger à se rendre. À l’appui de son propos, M. Zelenskyy a indiqué avoir reçu récemment un rapport alarmant des services de renseignement: Putin semble être en train de planifier des attaques contre les centrales nucléaires ukrainiennes, pour les déconnecter du réseau électrique. Tout missile et frappe de drone, tout incident critique dans le système d’énergie peut conduire à une catastrophe nucléaire, a averti le Président. « Un jour comme celui-ci ne doit jamais arriver » et Moscou doit le comprendre. « Cela dépend de votre détermination à mettre la pression sur l’agresseur », a-t-il lancé aux États Membres, rappelant que les radiations ne respectent pas les frontières des États.
Le Président de l’Ukraine a remercié tous les pays qui soutiennent le sien, qui voient comment la Russie veut encore plus de territoire, qu’elle grignote jour après jour, et qu’elle veut détruire son voisin. Pour ce faire, la Russie s’est trouvé des « potes très spéciaux: la Corée du Nord et l’Iran ». Il a remercié les près de 100 nations et organisations internationales qui ont soutenu sa formule pour la paix, et s’est dit heureux que chacun ait pu participer sur un pied d’égalité au premier sommet pour la paix. Malheureusement, les questions de paix et de sécurité dépendent du Conseil de sécurité, et lorsque l’agresseur exerce un droit de veto, les Nations Unies sont incapables de mettre fin à la guerre, a-t-il déploré.
Le monde a déjà connu des guerres coloniales et des conspirations de grandes puissances au détriment de ceux qui sont plus petits, a-t-il conclu. Et les Ukrainiens n’accepteront jamais qu’un tel passé colonial brutal, qui ne convient à personne aujourd’hui, leur soit imposé.
M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, a affirmé que l’Afrique savait ce qu’il en coûtait d’être laissé pour compte. Nous avons été considérés comme de simples bénéficiaires passifs de l’aide, plutôt que comme des partenaires égaux dans le progrès mondial, a-t-il regretté, ajoutant que l’aide offerte était souvent assortie de conditions, ce qui limitait la capacité des pays africains à façonner leur avenir. « Les Africains ne demandent pas l’aumône, ils réclament des opportunités dans une nouvelle architecture mondiale afin d’avoir accès à l’éducation, la santé et l’emploi », a-t-il affirmé.
Évoquant la situation dans son pays, il a indiqué que la politique de gratuité de l’enseignement secondaire avait bénéficié à 5,7 millions de jeunes, permettant à la prochaine génération de Ghanéens de prendre toute sa place dans l’économie mondiale. Il a également évoqué le lancement du plus grand programme d’infrastructure de santé de l’histoire du Ghana, qui prévoit la construction de 111 hôpitaux dans tout le pays, ainsi qu’un vaste programme de plantation pour l’alimentation et l’emploi. Évoquant son objectif stratégique de transformation de l’économie nationale, il a évoqué la politique « un district, une usine » ainsi qu’un programme de numérisation, notamment concernant la prestation des services publics. Grâce aux réformes du système judiciaire, au renforcement de nos institutions démocratiques et à la promotion de la transparence, le Ghana continue d'être un modèle de bonne gouvernance en Afrique, a-t-il ajouté.
Constatant que la structure du Conseil de sécurité reflétait un monde qui n’existait plus, le Président a estimé que son incapacité à agir en temps de crise soulevait la question épineuse de son utilité. Malgré leur influence significative sur les affaires mondiales l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie du Sud restent sous-représentées, a-t-il regretté, ajoutant que l’utilisation du droit de veto paralysait trop souvent le Conseil. Il a demandé que, conformément au consensus d’Ezulwini, l’Afrique dispose d’un siège permanent, estimant incompréhensible qu’un continent de 1,4 milliard d’habitants n’ait pas de voix permanente concernant les affaires de paix et de sécurité mondiales. Il a estimé encourageant que la demande de réforme ait été acceptée par les dirigeants de deux des cinq membres permanents: les États-Unis et la France, espérant que les autres suivront bientôt.
« La paix ne peut être imposée de l’extérieur, mais doit être construite de l’intérieur », a-t-il affirmé, estimant que l’Union africaine devait se renforcer pour pouvoir répondre rapidement aux menaces. Il s’est inquiété de la série de coups d’État militaires ayant touché le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le Niger, menaçant les progrès démocratiques enregistrés au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il a tenu à assurer à l’Assemblée que les élections prévues cette année dans son pays seraient libres, équitables et transparentes. « Le Ghana est depuis longtemps un phare de la démocratie en Afrique et nous avons l’intention de le rester », a-t-il affirmé.
M. RUMEN RADEV, Président de la Bulgarie, a appelé à promouvoir des solutions « multilatérales et réalisables » obtenues par le biais de négociations et basées sur la Charte des Nations Unies. « Nous devons suivre cette voie pour la survie de l’humanité et des générations futures », a-t-il plaidé, voyant le Pacte pour l’avenir comme une avancée vers une transformation vitale. La détérioration flagrante de l’environnement de paix et de sécurité internationales au cours des dernières années menace la réalisation du programme de développement durable, sapant l’ordre international fondé sur des règles, a-t-il constaté. Selon le Président, le rétablissement et la préservation de la paix ne doivent pas être considérés comme l’objectif ultime de la communauté internationale mais ils constituent une condition préalable fondamentale à la réalisation des ODD.
Le Président a rappelé que cela fait deux ans et demi que la Fédération de Russie a déclenché une invasion à grande échelle de l’Ukraine. Une guerre condamnée par la Bulgarie qui appelle à soutenir tous les efforts diplomatiques visant à instaurer une paix globale, juste et durable en Ukraine, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international. Au sujet de la situation au Moyen-Orient, il a estimé que le seul moyen de parvenir à une paix durable dans cette région au paysage sécuritaire très fragile est la solution des deux États. Et au milieu de la déstabilisation en cours dans différentes régions, l’objectif collectif d’un monde sans menace nucléaire reste plus crucial que jamais, a-t-il aussi souligné.
La Bulgarie est un fervent partisan de la voie européenne pour les pays des Balkans occidentaux, a poursuivi le Président bulgare. Il a prôné la lutte contre la rhétorique nationaliste agressive dans toute la région et la concentration sur un programme positif de renforcement des sociétés multiethniques et des droits des communautés constituantes. Cela permettra d’éviter l’évocation des réminiscences du passé troublé de la région, a-t-il argué. La Bulgarie défend une approche du développement durable fondée sur les droits de l’homme et espère que toutes les parties prenantes seront incluses lors du prochain Sommet social mondial, a—t-il dit.
Le Président Radev a également constaté que les changements climatiques représentent un multiplicateur de menaces pour la mise en œuvre de tous les ODD. Un autre défi, qui apporte également de nombreuses opportunités, a-t-il observé, est la nécessité d’une gouvernance numérique efficace, basée sur une approche multipartite et inclusive, visant une transformation numérique centrée sur l’humain et un avenir numérique sûr et ouvert. Enfin, appelant à la réforme du Conseil de sécurité, le Président a demandé un siège non permanent supplémentaire pour le Groupe des États d’Europe de l’Est au sein d’un Conseil réformé.
M. CHANDRIPERSAD SANTOKHI, Président du Suriname, a observé que les conflits ne sont pas des incidents isolés mais les symptômes de problèmes systémiques plus profonds: la hausse des inégalités, la dégradation de l’environnement et la rupture de la confiance mondiale. Il est donc temps de prendre des décisions audacieuses, de revoir l’architecture de la gouvernance mondiale et de revenir aux objectifs d’origine des Nations Unies. En ce sens, le Président a insisté sur le besoin urgent d’accélérer les réformes et la coordination au sein de l’architecture financière internationale, en particulier pour ce qui concerne les institutions financières. M. Santokhi a demandé d’y intégrer l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, qui offre un cadre global et inclusif qui va au-delà des critères de mesure traditionnels pour tenir compte de la véritable complexité des vulnérabilités des petits États insulaires en développement et des États côtiers de faible élévation.
Se fiant aux statistiques 2024, M. Santokhi a relevé que les progrès dans le domaine de l’action climatique sont insuffisants. Il a espéré que la prochaine COP29 en Azerbaïdjan ne se limitera pas à de vaines promesses mais adoptera au contraire des mesures décisives pour sauver la planète de l’extinction. Pour sa part, le Suriname vise à rester un pays au bilan carbone négatif, et à préserver sa riche biodiversité et son couvert forestier. En faisant ce choix, le pays limite la déforestation et sacrifie une partie de son développement économique, mais sans recevoir de compensation, alors que tout le monde profite de cette décision. Les pays neutres ou négatifs en carbone doivent être soutenus, a-t-il préconisé.
Il a rappelé que le Suriname est l’un des trois pays au bilan carbone négatif au monde et l’un des sept pays les plus vulnérables aux effets de l’élévation du niveau de la mer. Or il a constaté que non seulement les promesses internationales de financement climatique ne se sont pas concrétisées, mais que les fonds disponibles sont orientés en grande partie vers des études onéreuses et des services de conseil alors que la situation sur le terrain se dégrade. Même l’assistance sollicitée arrive souvent trop tard, a-t-il ajouté.
Pour veiller à ce que personne ne soit laissé de côté, nous devons mettre en pratique ce que nous préconisons, a-t-il lancé. Il a noté avec satisfaction que, sous la direction de la Communauté des Caraïbes, une feuille de route pour des élections libres et justes en Haïti a été lancée et qu’un gouvernement de transition a été mis en place. « Nous ne pouvons pas laisser Haïti seul », a insisté M. Santokhi, avant d’appeler la communauté internationale à soutenir Haïti financièrement et techniquement, selon une approche plus efficace, coordonnée et cohérente. Ne laisser personne de côté signifie également lever l’embargo économique de longue date contre Cuba et sa population, a ajouté le Président du Suriname. « Un pour tous et tous pour un », a-t-il conclu.
M. NIKOS CHRISTODOULIDIS, Président de Chypre, a indiqué qu’au lendemain des attaques du Hamas du 7 octobre, alors que la situation humanitaire à Gaza se détériorait, Chypre a aidé les civils innocents de Gaza souffrant de conditions de vie abominables, qu’aucun être humain ne devrait jamais endurer. Qualifiant son pays « d’ancre de stabilité dans une mer agitée » et de « phare de l’Union européenne en Méditerranée orientale », il a rappelé qu’il avait ouvert le corridor maritime d’Amalthea à la communauté internationale. Affirmant que les enfants palestiniens, forcés de vivre dans la privation de sécurité, de nourriture, d’abri et éducation « sont aussi nos enfants », il a appelé à la cessation immédiate des hostilités et à la libération des otages. Se disant « profondément alarmé » par l’évolution récente de la situation au Liban, il a aussi appelé à prévenir toute nouvelle escalade régionale, et insisté sur la nécessité de faire preuve de retenue.
Le Président s’est toutefois dit convaincu que la Méditerranée orientale et le Moyen-Orient au sens large pouvaient dépasser l’image d’une région en proie à la tourmente et devenir un pôle de stabilité, de paix et de coopération. Il a affirmé qu’il était urgent de relancer le processus de paix au Moyen-Orient et de parvenir à un règlement politique, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. « Il n’y a pas de conflits gelés », a-t-il ajouté, « le vide créé par l’absence d’une paix devient un terrain propice aux crises et aux conflits. » L’invasion russe de l’Ukraine est venue rappeler une fois de plus ce qui est en jeu si nous ne défendons pas les principes inscrits dans la Charte des Nations Unies, a-t-il rappelé, ajoutant que Chypre, elle-même victime d’une invasion et d’une occupation continue, a toujours soutenu l’unité, l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine.
Il a rappelé que le 20 juillet dernier, marquait les 50 ans de l’invasion turque de Chypre, suivie d’un demi-siècle d’occupation par la Türkiye d’environ 37% du territoire de Chypre, qu’il a qualifiée de « violation continue de la Charte des Nations Unies et du droit international ». Paraphrasant Jean Monnet, un des pères fondateurs de l’Union européenne, il a affirmé: « L’heure n’est pas à l’optimisme aveugle ni au pessimisme paralysant. L’heure est à la détermination ». Il s’est dit déterminé à offrir à tous les Chypriotes tous les droits et toutes les libertés fondamentales dont jouissent les autres Européens, et à reprendre les négociations dès maintenant pour parvenir à la paix dans le respect des résolutions pertinentes des Nations Unies. L’agresseur, celui qui viole le droit international, ne peut pas se faire le défenseur de la légalité, a-t-il asséné. Hier, à cette tribune, nous avons entendu M. Erdoğan appeler au non-respect de la Charte des Nations Unies, à la violation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et du droit international, notamment de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, a-t-il accusé. « Aucun pays croyant à la supériorité morale de sa position refuse de s’asseoir à la table des négociations », a-t-il martelé, se disant persuadé qu’il était possible d’adopter un nouveau cap, vers la paix et a coopération. Il a également affirmé que s’il était impossible de changer la géographie, il était possible de changer de récit.
M. PETER PELLEGRINI, Président de la Slovaquie, a rappelé que, malgré leurs échecs et leurs faiblesses, les Nations Unies restent le seul véritable forum mondial. Elles sont l’épine dorsale de l’ordre mondial fondé sur des règles et sur le droit international, et d’un écosystème essentiel pour la plupart des pays du monde, dont la Slovaquie. Les Nations Unies, a poursuivi le Président, reposent sur notre volonté commune de faire des compromis, dans le respect de notre diversité, des valeurs universelles, des règles et des obligations. La confiance dans le système actuel des relations internationales est ce qui nous éloigne du chaos et de l’arbitraire, de la guerre et de la violence, a souligné M. Pellegrini.
Il a déploré que certains pays se contenteraient de l’absence de règles, convaincus que la force est au-dessus du droit. Dans le voisinage immédiat de la Slovaquie, une guerre déchire l’Ukraine depuis près de 1 000 jours, en raison de l’agression de la Russie, qui a violé des principes fondamentaux du droit international comme le respect de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale. Le Président slovaque a voulu rappeler à cet égard que l’Ukraine défend légitimement son territoire et son peuple, conformément au droit international.
Le fait que les Nations Unies ne soient pas capables de prévenir toutes les guerres et tous les conflits ne tient pas à un prétendu dysfonctionnement mais bien à une absence de volonté politique commune au Conseil de sécurité, a fait observer le Président. Le rôle des Nations Unies reste central mais les partenariats avec des organisations régionales s’imposent. Il est inutile de chercher à diviser le monde entre « Sud global » et « Nord global » ou entre Est et Ouest. Non, la division est entre ceux qui respectent les règles communes et ceux qui ne les respectent pas, en se jouant des mots. Un mensonge est un mensonge et certainement pas une réalité alternative. Une agression ne peut être considéré comme de la légitime défense et une guerre reste une guerre, quel que soit l’euphémisme utilisé. Les mots peuvent renforcer ou perturber l’unité et la confiance. Ils peuvent à la fois prôner la tolérance et prêcher la haine.
Aujourd’hui par exemple, ceux qui réfutent la thèse des changements climatiques, malgré les preuves scientifiques, refusent d’agir résolument contre les émissions de gaz à effets de serre, d’atténuer les conséquences des ouragans et des inondations, et d’éteindre les incendies, au propre et au figuré. Les Nations Unies, a par ailleurs préconisé le Président, doivent accorder davantage d’attention aux secteurs technologique et numérique. Il ne s’agit pas d’établir de nouvelles règles, mais de veiller à ce que les progrès technologiques deviennent un des moteurs du progrès social, un moyen d’aplanir les différences et de favoriser l’égalité entre les genres.
La migration est un autre sujet de préoccupation dans de nombreux pays et pour la communauté internationale dans son ensemble. Ce phénomène divise plus qu’il ne rassemble, et fait même gagner ou perdre des élections. Il n’existe pas de formule magique contre les migrations clandestines mais il faut des règles claires dans les pays d’origine, de transit et de destination. Le Président a préconisé avant tout un dialogue pragmatique et réaliste afin que toutes les parties concernées puissent coopérer, non seulement sur les conséquences des migrations clandestines mais aussi sur leurs causes.
M. NANGOLO MBUMBA, Président de la Namibie, a qualifié d’« encourageante» l’adoption du Pacte pour l’avenir et de ses annexes, le 23 septembre 2024, précisant que son pays était fier d’avoir été le Cofacilitateur du Sommet de l’avenir avec l’Allemagne. Il a affirmé que les institutions multilatérales, y compris le Conseil de sécurité, ne représentaient pas les aspirations de l’Afrique, notamment la demande légitime des pays africains d’être reconnus comme des partenaires dignes de confiance. Expliquant que son pays était durement touché par les changements climatiques, il s’est dit particulièrement préoccupé par l’évolution de la température des océans qui affecte les stocks de poisson, les écosystèmes et le tourisme. Il a rappelé que la Namibie et le reste de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) subissent le phénomène El Niño, qui avait un impact négatif sur sa sécurité alimentaire, exigeant de déclarer l’état d’urgence pour faire face aux effets de la sécheresse.
Le Président s’est félicité qu’à l’approche du trentième anniversaire de la Déclaration de Beijing, son pays figure parmi les neuf premiers au monde à avoir comblé au moins 80% du fossé entre les hommes et les femmes, ajoutant que l’Assemblée nationale était désormais parfaitement paritaire. Il a dit espérer que les Nations Unies éliraient prochainement une femme à leur tête. Expliquant que son pays investissait dans un mix énergétique durable pour permettre une industrialisation décarbonée, il a demandé instamment aux nations développées d’accroître leur soutien aux pays en développement afin de faciliter des transitions progressives.
Il a estimé urgent que l’Assemblée générale applique l’avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice concernant le conflit en cours à Gaza. « En tant que pays qui a subi un génocide, la Namibie estime qu’Israël, par ses intentions et ses actions, commet un génocide », a-t-il affirmé, avant d’appeler à un cessez-le-feu et à l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire à Gaza. Il a aussi appelé à la fin du blocus des États-Unis visant Cuba et à sa radiation de la liste des États parrainant le terrorisme, la levée immédiate des « sanctions illégales » contre le Zimbabwe et la prise en considération du droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.
M. MOHAMED YOUNIS A MENFI, Président du Conseil présidentiel de la Libye, a dénoncé le fait que depuis plus d’une décennie, la Libye connaît des phases de transition successives, entachées de nombreux conflits et guerres injustifiées entre frères, alimentées par des interventions extérieures visant à affaiblir l’État pour le contrôle de ses ressources naturelles. Il a évoqué la division institutionnelle résultant de l’obstruction systématique de certains partis politiques et les conflits de pouvoir qui en découlent. Il a estimé que la réconciliation nationale est le seul moyen d’unifier les institutions et de garantir une stabilité menant aux élections et au renouvellement de la classe dirigeante. Il a rappelé que c’est le peuple libyen qui est maître de son destin et du choix de ses dirigeants. Et la tenue d’élections globales est la meilleure solution pour mettre fin au blocage politique. Il a affirmé que le projet de réconciliation nationale, parrainé par le Conseil présidentiel, est en cours de mise en œuvre, certes à un rythme lent en raison des récents développements observés dans le pays et à cause des tentatives de certains partis politiques pour y faire obstacle par tous les moyens.
En outre, le Président du Conseil présidentiel a dénoncé les crimes de génocide et de nettoyage ethnique commis par l’occupation israélienne contre les peuples palestinien et libanais. Il a rappelé que la Libye s’est jointe à l’Afrique du Sud dans l’affaire portée devant la Cour internationale de Justice concernant l’entité israélienne et ses violations flagrantes des résolutions onusiennes et des conventions internationales. Il a réaffirmé le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création de leur État indépendant.
M. Menfi a ensuite rappelé la nécessité d’efforts concertés pour lutter contre l’immigration clandestine et le terrorisme. La Libye, en tant que pays de transit, porte un lourd fardeau dans ce domaine, a-t-il rappelé. En ce qui concerne le terrorisme, la Libye en a beaucoup souffert et a réussi à éliminer Daech grâce aux sacrifices de son peuple et au soutien de la communauté internationale. Il a indiqué que les Libyens n’oublient pas ceux qui les ont soutenus en temps de détresse, et le peuple restera fidèle à son engagement de construire un avenir radieux.
M. LUIS RODOLFO ABINADER CORONA, Président de la République dominicaine, a d’emblée salué le succès du Sommet de l’avenir, qui a souligné la nécessité d’augmenter les financements internationaux pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD), et montré la volonté de travailler à un monde de paix, de bien-être social, de respect des droits humains et des valeurs démocratiques. Le Président a longuement expliqué les progrès enregistrés par son pays dans la réalisation des ODD, s’agissant en particulier de la réduction de la pauvreté, de la sécurité alimentaire, de la durabilité énergétique, de la sécurité publique et de l’action climatique.
Pour la République dominicaine, un multilatéralisme efficace et rénové est une priorité, car sans action concertée et fondée sur des principes, les fondations de la communauté internationale continueront à vaciller. Les Dominicains sont convaincus que la promotion de la démocratie est essentielle à la construction d’une paix durable. M. Abinader Corona s’est en effet inquiété de la détérioration des systèmes démocratiques en Amérique latine et dans les Caraïbes, au profit de l’autoritarisme. Ce qui explique vraiment ce phénomène, a estimé le Président, c’est le fait que les citoyens ne perçoivent pas concrètement les dividendes de la démocratie, à coups de réélections sans limite. Il a cité l’exemple du Venezuela, qui combine concentration des pouvoirs, persécution de l’opposition et censure des médias. La démocratie n’est pas seulement l’affaire des gagnants, a insisté M. Abinader Corona.
S’attardant sur la situation en Haïti, il a demandé à la communauté internationale de s’impliquer davantage car c’est une nécessité stratégique pour la sécurité de la République dominicaine voisine mais aussi de toute la région. Il est inacceptable que les pays impliqués dans le règlement de la crise haïtienne n’aient pas tenu leurs promesses, et que la Mission multinationale d’appui à la sécurité n’ait ni les ressources financières ni les ressources humaines qu’il faut pour pacifier le pays et contribuer à l’organisation d’élections libres, justes et transparentes.
M. KLAUS IOHANNIS, Président de la Roumanie, a souligné la nécessité de promouvoir la diplomatie, au moment même où elle semble si difficile à faire prévaloir. Il a promis que son pays apportera aussi longtemps que nécessaire son soutien à l’Ukraine, se félicitant par ailleurs de l’aide apportée à la République moldave, deuxième pays le plus affecté par cette guerre. Il a rappelé le rôle crucial que joue la Roumanie pour faciliter les exportations de céréales, dans le cadre de l’initiative de la mer Noire. Il a aussi affirmé que l’initiative de paix du Président Volodymyr Zelensky est la seule voie viable et respectueuse de la Charte des Nations Unies. Affirmant qu’il n’y a pas d’alternative viable aux Nations Unies et à leurs principes, il a appelé à la poursuite des réformes pour les rendre plus efficaces et plus représentatives, ajoutant qu’il convient d’élargir la composition du Conseil de sécurité au sein duquel la transparence et la redevabilité doivent être la norme et pas l’exception.
M. FÉLIX-ANTOINE TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République démocratique du Congo (RDC), a déclaré qu’en cette période critique, le multilatéralisme revêt une importance cruciale. Il a indiqué que pour relever le défi de la révolution du numérique, des réformes globales sont nécessaires, impliquant une réévaluation de l’architecture financière internationale et un financement adéquat. C’est pourquoi la RDC aspire à attirer des investissements pour développer la connectivité en Afrique, et appelle à la coopération des partenaires multilatéraux et des opérateurs de télécommunications, avec à la clef un transfert des connaissances. « Cela comprend la formation de partenariats viables autour du projet hydroélectrique Grand Inga qui vise à répondre à la demande énergétique croissante de notre continent, exacerbée par la prolifération des objets connectés », a-t-il expliqué. De plus, il est essentiel de renforcer la traçabilité des minerais stratégiques, indispensables aux équipements technologiques, afin d’assurer une exploitation responsable et durable de nos ressources. La pleine participation et l’engagement des jeunes, tant des filles que des garçons, sont également primordiaux pour bâtir une société durable et inclusive.
M. Tshisekedi a ensuite jugé que la situation dans l’est de la RDC est particulièrement préoccupante, notamment avec la résurgence du groupe terroriste M23, soutenu par le Rwanda, qui a provoqué une crise humanitaire sans précédent, avec près de sept millions de déplacés internes. Cette agression constitue une violation majeure de notre souveraineté nationale, a-t-il dénoncé, appelant la communauté internationale à condamner fermement ces actes et à imposer des sanctions ciblées contre le Rwanda pour son rôle déstabilisateur.
Il a également exigé le retrait immédiat et inconditionnel des troupes rwandaises du territoire de la RDC.
Bien que les récentes initiatives diplomatiques, telles que les pourparlers de Luanda, soient encourageantes, elles ne doivent aucunement occulter l’urgence de cette action essentielle, a-t-il avancé. Il a assuré que son pays ne ferme pas la porte à toute opportunité qui l’amènera à cette paix tout en n’aliénant pas sa souveraineté, encore moins son intégrité territoriale. En assurant une transition post-MONUSCO, nous priorisons également le rapatriement des combattants étrangers, a poursuivi le Président de la RDC. Au-delà de l’aide humanitaire immédiate, une approche à long terme centrée sur la justice, la réconciliation et le développement durable est essentielle pour permettre aux victimes de se reconstruire et de retrouver une vie digne, a-t-il indiqué. C’est pourquoi le Gouvernement de la RDC a décidé d’institutionnaliser la journée du 2 août qui est dédiée aux victimes des crimes odieux perpétrés par des rebelles soutenus par des multinationales et des États de la région.
Sur le plan de la mise en œuvre des ODD, le Chef d’État a souligné qu’une feuille de route a été élaborée afin d’accélérer les progrès et de répondre aux enjeux du Programme 2030. Pour cela, le pays a besoin d’investissements annuels d’environ 32 milliards de dollars. Il a relevé que les bassins forestiers amazonien, congolais et de Bornéo-Mékong abritent plus de 80% des forêts tropicales et jouent un rôle crucial dans la lutte contre les changements climatiques, tout en fournissant des services écosystémiques vitaux. Il est donc impératif que l’amélioration des conditions socioéconomiques des communautés locales, qui jouent un rôle clef dans la préservation de ces forêts, soit placée au centre des priorités de la gouvernance mondiale. Pour sa part, la RDC met en place des instruments juridiques et des dispositifs institutionnels visant à renforcer sa position sur le marché mondial du carbone, tout en restant ouverte à des partenariats en conformité avec l’Accord de Paris et ses lois internes.
Évoquant également la question de l’égalité des sexes, le Président a indiqué que le Gouvernement a mis en place une stratégie de lutte contre les violences basées sur le genre, axée sur la prévention, la protection et la réparation des victimes. En outre, il a appelé à la création de deux sièges permanents au Conseil de sécurité des Nations Unies pour les pays africains. En tant que principal décideur au sein de l’ONU, cet organe doit intégrer des représentants africains parmi ses membres permanents avec toutes les prérogatives reconnues, notamment le droit de veto pour garantir une juste représentation géographique, a-t-il expliqué. « Nous, Africains, tenons cette exigence avec la plus grande détermination », a-t-il lancé. Il a aussi annoncé la candidature de la RDC au Conseil de sécurité pour la période 2026-2027.
Mme XIOMARA CASTRO, Présidente du Honduras, a dit s’exprimer devant l’Assemblée générale alors qu’elle est menacée aujourd’hui par les mêmes forces du capital, qui, il y a 15 ans, avaient fomenté un coup d’État contre le Président Manuel Zelaya. Cette nouvelle conspiration, a dit la Présidente, je l’ai dénoncée dans la rue et devant le peuple, les 14 et 15 septembre, lors de la Fête nationale. Ces menaces sont consécutives aux changements structurels adoptés contre un modèle économique et un régime fiscal injustes qui ont perpétué les inégalités et n’ont profité qu’aux puissants. La Présidente a critiqué les pratiques coloniales, l’ingérence et la domination économique, médiatique et politique qui continuent de s’imposer. Elle a décrit les pouvoirs supranationaux et certaines multinationales comme le produit des élites corrompues, publiques et privées, qui n’ont qu’un objectif: faire grossir leurs comptes en banque.
La mondialisation a échoué dans sa mission d’apporter la prospérité pour tous, a tranché la Présidente. Elle a accusé les institutions financières internationales d’aggraver la pauvreté et la dépendance des pays en développement. Les politiques néolibérales de privatisation n’ont fait que limiter l’accès des peuples aux services de base. L’imposition des traités de libre-échange a fragilisé la souveraineté nationale et empêché les producteurs des pays du Sud d’être compétitifs sur les marchés mondiaux, ce qui a entraîné jour après jour une augmentation du coût de la vie. Comme la paix, la justice, la liberté et la démocratie restent des valeurs fondamentales, nous rejetons, a dit la Présidente, la « captation de ces valeurs par les 10 familles les plus puissantes » du Honduras, toujours réfractaires aux changements.
En effet le projet international des Villes Modèles ZEDE, qui faisait du pays un butin pour les multinationales, a été dûment approuvé par les « apatrides du régime précédent des narcotrafiquants ». Nous l’avons annulé, s’est enorgueillie la Présidente, avec le soutien de la Cour suprême et du Congrès.
Dans le même ordre d’idées, elle a dénoncé le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) qu’elle a qualifié de mécanisme d’arbitrage injuste, prompt à favoriser les intérêts privés au détriment des États.
Sur le plan international, la Présidente a mis en garde contre une autre détérioration de la situation au Moyen-Orient, estimant que le Liban pourrait devenir une autre bande de Gaza. Sur le plan régional, elle s’est élevée contre l’embargo infâme imposé au peuple cubain, exhortant le retrait de Cuba de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme. Elle a aussi plaidé pour la levée du blocus contre « les peuples frères » du Nicaragua et du Venezuela.
M. ÚMARO SISSOCO EMBALÓ, Président de la Guinée-Bissau, a déclaré que chaque État Membre porte le fardeau de suivre les principes et remplir les promesses de la Charte, même dans un monde où les défis sont de taille. Alors que nous sommes témoins de conflits dévastateurs, l’intensification des tensions régionales et l’extrême pauvreté de centaines de millions d’individus, il est urgent que nous réformions le système de gouvernance économique et l’architecture financière à l’échelon international, a-t-il asséné. Selon lui, ces réformes concrètes doivent inclure le financement de programmes de développement, la réduction des inégalités, la protection de l’environnement et l’atténuation des effets des changements climatiques.
Les Nations Unies doivent, à présent, mieux refléter les intérêts de l’Afrique, a poursuivi le Président, appelant à réformer le Conseil de sécurité et l’architecture financière internationale. Il a salué la tenue du Sommet de l’avenir et a espéré que le Pacte pour l’avenir permettra de réaliser les ODD et l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Malgré les défis mondiaux économiques et financiers, mon pays continue à se développer grâce à de solides politiques publiques et une plus grande transparence dans la gestion étatique des ressources économiques et financières, a-t-il assuré. Les mesures adoptées, bien qu’austères, permettront de créer une économie plus inclusive, a-t-il développé, précisant que des efforts ont été faits pour promouvoir la participation des femmes et des jeunes entrepreneurs, améliorer les infrastructures de base, et contrer la corruption et le crime organisé.
La Guinée-Bissau souhaite approfondir la coopération avec le reste du monde et reste résolue à résoudre pacifiquement les conflits en Afrique de l’Ouest et dans le monde. C’est pourquoi j’ai récemment effectué des visites amicales en Afrique, Ukraine, Israël et Palestine, a-t-il justifié, appelant par la même occasion à lever l’embargo sur Cuba.
Bien que mon pays ait réalisé des progrès significatifs, notamment dans le combat contre le paludisme et le transfert de technologies vers des entreprises africaines, des défis persistent, a-t-il encore regretté. Les changements climatiques induisent une expansion de la portée géographique des moustiques, exposant plus de 170 millions d’individus à la menace du paludisme, a-t-il mis en garde, concluant sur la ferme détermination de son gouvernement de promouvoir la coopération multilatérale pour progresser vers un monde plus pacifique.
M. JOSE MARIA PEREIRA NEVES, Président de Cabo Verde, a assuré que son pays reste déterminé à atteindre les objectifs de développement durable du Programme 2030 de l’ONU et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. L’accent sur le plan national est mis sur l’accès universel à une éducation et à des soins de santé de qualité, a-t-il indiqué, se disant fier de la certification de pays exempt de paludisme attribuée cette année à Cabo Verde par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Pour poursuivre dans l’éradication des maladies évitables et traitables, il a souhaité que le prochain cycle de reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement, l’IDA-21, organisée à Paris le mois prochain, donne la priorité au financement via une ligne budgétaire dédiée à cet objectif.
Abordant ensuite la question climatique, centrale pour les petits États insulaires en développement (PEID), le Chef d’État a déclaré attendre de la prochaine COP29 qu’elle débouche sur des engagements audacieux, notamment de la part des pays à fortes émissions, et sur une mise en œuvre rapide de mécanismes de financement équitables et efficaces. L’élévation du niveau de la mer provoquée par les changements climatiques nécessite également une attention immédiate, a-t-il souligné, avant de saluer la tenue, aujourd’hui, de la réunion de haut niveau consacrée à cette « menace existentielle ». Rappelant que Cabo Verde a signé l’an dernier l’Accord se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (dit Accord BBNJ), « instrument essentiel pour la conservation de la vie dans nos océans », il a fait état de sa prochaine ratification et a appelé toutes les nations à faire de même. Il a ajouté qu’en tant que parrain de l’Alliance des Nations Unies pour la Décennie internationale des sciences océaniques pour le développement durable (2021-2030), son pays s’emploie à favoriser les partenariats entre les gouvernements, le secteur privé, les scientifiques et la société civile.
Selon son Président, Cabo Verde entend jouer un rôle actif au sein de la communauté des PEID. En atteste sa candidature pour l’accueil de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PEID en 2034. Plaidant pour une intensification rapide de l’assistance technique et financière aux pays du Sud, le dirigeant a averti que, même s’il consacrait l’intégralité de son budget au développement durable et à l’action climatique, son pays resterait en deçà des objectifs de financement nécessaires. Il s’est cependant réjoui de l’approbation récente de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle concernant les petits États insulaires en développement, y voyant un moyen de mieux évaluer les besoins et défis des PEID en matière de développement.
Parmi les autres priorités de Cabo Verde figurent la protection et la gestion durable du patrimoine naturel et culturel de l’Afrique, « très vulnérable aux changements climatiques », et la promotion des langues et traditions africaines. À cet égard, le dirigeant a annoncé que son pays organisera en 2025 une réunion de haut niveau axée sur la « créolité atlantique », qui vise à valoriser des initiatives telles que la route de l’esclave et la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine. Notre intention, a-t-il expliqué, est de débattre de la réalité complexe de la créolité, résultat des relations tissées entre les peuples des différents continents périatlantiques au cours des navigations océaniques qui débutèrent au XVe siècle.
M. JOSEPH NYUMA BOAKAI, Président du Libéria, a rappelé que son pays figurait parmi les premiers signataires de la Charte des Nations Unies, en 1945. Il a demandé si, 80 ans plus tard, nous avons vraiment réaffirmé notre foi dans la dignité et la valeur de la personne humaine, selon les termes du préambule de la Charte. Lançant un appel à la reconnaissance des valeurs communes qui découlent de notre unité dans la diversité, il a réitéré l’engagement de son pays envers les objectifs de développement durable (ODD).
Poursuivant, il a évoqué deux plans déployés à l’échelle nationale qui s’alignent sur les ODD. Il a ainsi rappelé le lancement, il y a 12 ans, du programme Liberia Rising, lequel a servi de moteur aux efforts de planification du Gouvernement. Il a ensuite explicité l’agenda ARREST pour un développement inclusif, qui veut répondre aux besoins économiques et sociaux d’une population composée à 60% de jeunes. Pour ce faire, l’accent est placé sur l’agriculture, les infrastructures, la justice, l’éducation, l’assainissement, la santé et le tourisme, a-t-il expliqué, précisant qu’il est conçu pour accompagner la réalisation des ODD au Libéria à l’horizon 2030.
Il a détaillé les engagements de son pays en vue d’améliorer la situation des femmes et des filles. Qualifiant d’urgent le problème de la mortalité maternelle et néonatale dans son pays, il a déclaré vouloir mettre en place une évaluation des services de santé. Il a également salué l’Assemblée générale pour avoir proclamé, cette année, le 25 juillet comme Journée internationale des femmes et des filles d’ascendance africaine. Il s’agit d’une reconnaissance des défis uniques auxquels font face les femmes africaines, a-t-il affirmé. Il a enfin rappelé que c’est de son pays qu’est issue la première femme africaine présidente de l’Assemblée générale, Angie Brooks Randolph, mais aussi la première femme élue présidente d’une nation africaine, Ellen Johnson Sirleaf.
Évoquant les 14 années de guerre civile qui ont touché le Libéria, il a rappelé que son pays jouit de la paix depuis près de deux décennies. Dans cet intervalle se sont déroulées quatre élections démocratiques. En janvier 2024, le pays a franchi une étape historique en passant pacifiquement d’un gouvernement démocratique à un autre, s’est-il félicité. Détaillant les progrès institutionnels accomplis par le Libéria, il a mentionné l’engagement de son gouvernement pour la transparence avec des procédures d’audits, et la mise en place d’un bureau chargé de créer des tribunaux pour les crimes commis pendant la guerre civile, en vue de promouvoir la réconciliation nationale.
Il a ensuite partagé sa préoccupation face à la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest. Réaffirmant l’engagement de son pays à maintenir intacte la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), il a fustigé les efforts visant à la désintégrer. « Nous n’accepterons pas que la région soit utilisée pour des conflits par procuration », a-t-il déclaré. Sur le plan mondial, il a relayé l’appel au cessez-le-feu au Moyen-Orient et l’attachement de son pays à une solution à deux États entre Israël et la Palestine. Qualifiant la guerre en Ukraine de menace pour la paix et la sécurité mondiales, il a appelé de ses vœux une solution pacifique qui respecte l’intégrité territoriale du pays. Enfin, il a rappelé la candidature de son pays au siège non permanent africain du Conseil de sécurité de l’ONU en 2026 et prié les États Membres de lui apporter leur soutien.
M. MOKGWEETSI E.K. MASISI, Président du Botswana, a, après avoir parlé de la situation à Gaza et en Ukraine, fait observer que si l’Afrique est toujours en proie aux conflits armés et au terrorisme, il faut néanmoins féliciter l’Union africaine et ses opérations pour la paix. Toutefois, a-t-il estimé, les organisations régionales et multilatérales ne peuvent assurer la paix si les gouvernements nationaux ne travaillent pas à la bonne gouvernance, à la protection des droits humains et au respect des valeurs démocratiques. Les objectifs de développement durable ne sont pas sur la bonne voie, a poursuivi le Président, jugeant que l’élimination de la pauvreté reste la condition sine qua non du succès. Il faut se concentrer sur les politiques sociales, la relance économique et une croissance durable, associées à un accès adéquat aux financements. Le Président n’a pas oublié d’insister sur la lutte contre les inégalités entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles.
Il s’est ensuite attardé sur la gravité de la crise climatique et mentionné les inondations et les sècheresses dues au phénomène El Niño. Pour remédier à ces conséquences, le Président a réclamé l’accroissement des ressources grâce à des partenaires, sur les plans national et international. Il a rappelé l’urgence d’une action plus ambitieuse pour financer la lutte contre la crise climatique. Les pays en développement, comme le Botswana, a-t-il dit, sont préoccupés par de tels défis alors qu’ils s’efforcent de réaliser les ODD. Nous sommes, a-t-il précisé, coupés des marchés mondiaux à cause de la faiblesse de nos infrastructures logistiques. La troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, que le pays accueillera en décembre, doit être l’occasion d’adopter un programme ambitieux. C’est en agissant ensemble que nous pourrons assurer l’avenir. Le système multilatéral doit rester efficace et les processus intergouvernementaux doivent faciliter et pas étouffer, l’action multilatérale.
M. EMMANUEL MACRON, Président de la France, a déclaré parler au nom d’un pays qui « n’oubliera jamais ce dont les nations sont capables lorsqu’elles sont unies ». Rappelant que la France a accueilli cet été les Jeux olympiques et paralympiques « dans l’enthousiasme et la concorde des peuples », il a regretté que, malgré cette liesse, la Trêve olympique soit restée lettre morte. Chaque jour, a-t-il observé, l’humanité semble se fragmenter davantage alors que les circonstances exigeraient de trouver des réponses communes. Pour redonner aux mots « Nations Unies » leur puissance d’espérance, il a appelé à restaurer la confiance et à conserver l’impératif de protection des civils comme boussole. « Ne laissons pas s’installer l’idée un seul instant que les morts de l’Ukraine sont ceux du Nord, que les morts de Gaza sont ceux du Sud », a-t-il lancé, évoquant aussi les victimes des conflits au Soudan, dans la région des Grands Lacs et « en Birmanie ».
Ces conflits interrogent selon lui la capacité à faire respecter la Charte des Nations Unies. « Quand je vois certains vouloir proposer la paix en demandant la capitulation, je m’étonne qu’on puisse même soutenir une telle idée ». Pour le Président français, la Russie mène en Ukraine une guerre de conquête territoriale au mépris des principes les plus fondamentaux. « Elle est coupable de graves manquements au droit, à l’éthique et à l’honneur », a-t-il asséné. Selon lui, le sort de l’Ukraine engage la paix et la sécurité en Europe et dans le monde « car qui pourrait encore se croire protégé de ses voisins les plus forts, les plus violents et les plus avides si nous laissions la Russie l’emporter comme si de rien n’était? ». Soucieuse d’aider l’Ukraine à bâtir une paix juste et durable, la France continuera de lui fournir des équipements indispensables à sa défense et soutiendra sa remarquable résistance, a souligné M. Macron.
Abordant ensuite le conflit au Moyen-Orient, il a reconnu qu’Israël a le droit légitime de protéger les siens et d’enlever au Hamas les moyens de l’attaquer à nouveau. Mais sa guerre à Gaza « n’a que trop duré », a-t-il tranché, constatant que « trop d’innocents sont morts ». Il faut donc qu’un cessez-le-feu intervienne au plus vite, que les otages retrouvent la liberté et que l’aide humanitaire arrive massivement à Gaza, a plaidé le dirigeant, pour qui « c’est une question de volonté politique ». Estimant que le déploiement d’une mission internationale doit ouvrir la voie à la mise en œuvre de la solution des deux États, il a souligné qu’il revient au Conseil de sécurité de se prononcer à cet égard, affirmant dans la foulée que la France fera tout pour faire advenir un État palestinien et donner toutes les garanties de sécurité nécessaires à Israël.
Dans l’immédiat, le risque principal est celui de l’escalade, a ajouté M. Macron. Jugeant que le Hezbollah prend depuis trop longtemps le risque d’entraîner le Liban dans la guerre et qu’Israël ne peut sans conséquence y étendre ses opérations, il a exigé le respect par chacun de ses obligations le long de la Ligne bleue. « Il ne doit pas, il ne peut pas y avoir de guerre au Liban », a-t-il martelé, indiquant qu’à la demande de la France, le Conseil de sécurité se réunira aujourd’hui à cette fin.
Au-delà des conflits, le Président français a dit s’employer à établir une « nouvelle relation » avec l’Afrique. Il a rappelé que la France a beaucoup fait pour le continent ces dernières années, notamment au Sahel où son armée a combattu avec le succès le terrorisme. « Les coups d’État militaires dans la région nous ont conduit à en tirer les conclusions légitimes », a-t-il toutefois admis, se prononçant pour un partenariat large entre l’Europe et l’Afrique. Dans le même esprit, il a fait état d’un rapprochement entre la France et l’Indo-Pacifique, destiné à redonner aux États de la région la possibilité de choisir leurs partenaires projet par projet.
De l’avis de M. Macron, le multilatéralisme efficace n’a jamais été aussi nécessaire qu’aujourd’hui et doit conduire à des résultats en matière de développement, d’éducation, de santé, de climat et biodiversité. « Sur chacun de ces piliers, nous avons besoin d’unité et d’éviter la fracture entre le Nord et le Sud », a-t-il soutenu. Il a également appelé à réformer en profondeur la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) pour renouveler la structure de leur capital et lever les blocages au financement des projets des pays du Sud. Sur le plan climatique, il a indiqué que la France jouera tout son rôle à la COP29 et accueillera en juin 2025, avec le Costa Rica, la Conférence des Nations Unies sur les océans, l’occasion de ratifier le traité sur la protection de la haute mer.
Enfin, M. Macron s’est dit favorable à un élargissement de la composition du Conseil de sécurité. Selon lui, l’Allemagne, le Japon, l’Inde et le Brésil devraient en être des membres permanents, de même que deux pays que l’Afrique désignerait pour la représenter. De nouveaux membres élus devraient aussi être admis. Mais cette réforme seule ne suffirait pas à rendre son efficacité au Conseil, a-t-il prévenu, plaidant pour un changement des méthodes de travail, une limitation du droit de veto en cas de crimes de masse et davantage d’attention pour les décisions opérationnelles que nécessite le maintien de la paix. « Le moment est venu de retrouver de l’efficacité pour mieux agir sur le terrain », a-t-il conclu.
M. DENIS BEĆIROVIĆ, Président de la Présidence de la Bosnie-Herzégovine, a rappelé que son pays est l’un des plus anciens d’Europe, mentionné pour la première fois dans des sources historiques vieilles de 1 075 ans. La Bosnie-Herzégovine n’est pas née en 1995 à la suite des accords de Dayton qui n’ont fait qu’en confirmer la continuité. Depuis, mon pays a accompli des progrès dans les domaines judiciaires, fiscaux et de la défense, s’est-il félicité, réitérant la volonté de son gouvernement d’intégrer l’OTAN et l’Union européenne.
Les deux dernières années ont vu émerger des défis difficiles en termes de sécurité, a-t-il déploré, mentionnant le renforcement des populismes autoritaires, l’agression contre l’Ukraine et les souffrances de Gaza. Le monde est menacé par la pauvreté, la maladie, les catastrophes naturelles, les guerres et l’injustice, s’est-il alarmé, rappelant qu’une personne meurt de faim toutes les quatre secondes. Partant, il a demandé comment il est possible d’accepter que l’on investisse plus dans les armements que pour éradiquer la pauvreté.
Estimant que, si l’on ne peut arrêter le cours de l’Histoire, on peut en orienter la direction. Il a émis une série de recommandations visant à promouvoir une coopération mondiale créative. Le rôle de l’ONU doit être préservé et le système multilatéral renforcé, a-t-il affirmé, préconisant pour cela d’accélérer la réforme de l’Organisation et lançant un appel à la coopération pour accroître sa crédibilité. Il a également préconisé une diplomatie préventive face à la fragmentation géopolitique du monde.
Estimant inadéquate la réponse de l’ONU face à la situation à Gaza, comme elle l’avait été lors de l’agression de la Bosnie Herzégovine de 1992 à 1998, il a estimé que cette crise représente « une défaite totale de l’humanité collective au XXIe siècle ». Les peuples civilisés doivent lutter pour les droits humains de tous, quelle que soit leur appartenance raciale, religieuse, ethnique ou autre, a-t-il insisté.
La Bosnie-Herzégovine est le seul pays européen où un génocide a été commis après la Seconde Guerre mondiale, a-t-il rappelé, se référant pour cela aux plus hautes instances judiciaires de l’ONU. Ces jugements ont une portée juridique, historique, civilisationnelle et morale, a-t-il poursuivi, saluant l’adoption par l’Assemblée générale d’une résolution instituant le 11 juillet comme Journée internationale de réflexion et de commémoration du génocide commis à Srebrenica en 1995, et lançant un appel pour que soit sauvegardée la vérité sur le génocide en Bosnie, mais aussi au Rwanda.
Partant, il a lancé un avertissement sur les ambitions de la Serbie, estimant qu’elles menacent à nouveau la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine. Accusant la Serbie d’aspirer à un État plus vaste que les territoires des pays voisins, il a dénoncé la déclaration de l’« Assemblée de tous les Serbes » du 8 juin dernier, estimant qu’elle menace l’Accord de paix de Dayton, contrevient au droit international, aux principes des Nations Unies et de l’Union européenne et menace la sécurité régionale.
M. ALEXANDER STUBB, Président de la Finlande, a relevé que le paradoxe aujourd’hui, c’est que nombre de pays rejettent le multilatéralisme au moment où nous en avons le plus besoin. Voulant d’abord aborder « ce qui nous rassemble, plutôt que ce qui nous divise », le Président a misé sur le Pacte pour l’avenir qui montre que l’ONU fonctionne. Le pouvoir doit être contenu par des institutions internationales, y compris l’ONU, a-t-il souligné. « Nous devons trouver les réponses communes aux défis mondiaux et travailler ensemble », notamment pour protéger la biodiversité, a-t-il recommandé. Pour répondre aux besoins concrets des petits États insulaires en développement (PEID), il a plaidé pour que soit résolu le problème des changements climatiques. Relevant également que les technologies vont vers le bien ou vers le mal, M. Stubb a ensuite demandé de veiller à ce que tout le monde jouisse des droits fondamentaux. Les minorités de genre et sexuelles doivent être protégées, a-t-il insisté en répétant qu’il faut se focaliser sur ce qui rassemble et non sur ce qui divise.
Se désolant par ailleurs que des centaines de milliers de personnes aient été tuées l’an dernier dans les conflits, sans compter les morts de la malnutrition et des maladies qui sont en hausse, il a appuyé la recherche d’une paix juste en Ukraine, une paix fondée sur le plan de paix en 10 points du Président Zelenskyy. Il a accusé les responsables russes de ne pas avoir la volonté de mettre un terme à la guerre. Ni la Russie, ni les autres pays n’ont de droit historique sur d’autres régions, sur d’autres peuples, a-t-il affirmé en demandant de respecter la Charte des Nations Unies et le principe de l’intégrité territoriale des États. Il a condamné l’agression russe en Ukraine et la manipulation des informations, appelant le Président Putin à mettre un terme à la guerre, « maintenant ».
Passant à la Palestine, M. Stubb a plaidé pour un cessez-le-feu et la solution des deux États, en demandant que la guerre cesse, « tout de suite ». La sécurité des Palestiniens et des Israéliens en dépend selon le Président. S’agissant du Soudan, il a déploré que les civils soient les victimes de la guerre, rappelant que « nous avons échoué à appliquer le principe des solutions africaines aux problèmes africains ». Le Président a relevé en effet que le Soudan est le théâtre de rivalités internationales, avant d’appeler les Nations Unies à jouer un rôle de chef de file en matière de règlement et de prévention des conflits.
Le troisième point du discours du Président Stubb a été centré sur le manque d’adéquation des institutions mondiales aux réalités actuelles. Ces institutions perdent de leur légitimité, a-t-il relevé en notant que des alliances d’intérêt se forment en dehors de ces institutions, ce qui crée un « désordre transactionnel » bénéficiant à la minorité plutôt qu’à la majorité.
Le Président de la Finlande a donc proposé que tous les grands continents soient représentés au Conseil de sécurité, prônant ainsi une augmentation de cinq membres permanents (deux pour l’Asie, deux pour l’Afrique et un pour l’Amérique latine). Aucune État n’aurait de droit de veto, a-t-il ajouté, arguant que ce droit entrave la prise de décisions. Enfin, si un membre du Conseil de sécurité viole la Charte, ses droits de vote seraient suspendus, par l’Assemblée générale, selon sa proposition. Il ne doit pas y avoir de place pour la politique de deux poids, deux mesures, a-t-il insisté. « Soit nous continuons à nous diriger vers un monde multipolaire marqué par le désordre, soit nous commençons à résoudre nos problèmes communs par le multilatéralisme et les Nations Unies réformées. »
M. MOHAMED IRFAA ALI, Président du Guyana, a appelé à l’action pour réformer le Conseil de sécurité, ajuster le système financier international et protéger le climat. « Chaque année, nous allons à la COP remplis d’espoir et nous réjouissons des nouvelles promesses, qui vont pourtant rester lettre morte », a-t-il lancé, souhaitant que les États honorent à présent leurs promesses.
Le Président a ensuite attiré l’attention sur la gestion des forêts en Guyana, le second pays avec la plus grande couverture forestière et le taux de déforestation le plus bas au monde. Même avec la récente découverte de pétrole et de gaz, nous avons besoin de moins de 20% de carbone capturé pour compenser nos émissions maximales, a-t-il expliqué. Il a également mentionné l’intention du Guyana de doubler ses zones protégées d’ici à 2025 pour atteindre l’objectif mondial de 30% de biodiversité protégée d’ici à 2030. « Nous donnons l’exemple, sans donner de leçons », s’est targué le Président. Enchaînant sur l’insécurité alimentaire dont souffrent 28,3% de la population mondiale, il a insisté sur la nécessité d’adopter des mesures contre ses causes profondes que sont, notamment, les conflits et les changements climatiques.
Le Chef d’État est ensuite revenu sur les conflits dans le monde. « La dignité de millions de personnes est foulée au pied en toute impunité », s’est-il indigné. La souveraineté de l’Ukraine est violée et la justice demande que nous défendions l’intégrité territoriale de tous les États, a—t-il insisté. Il s’est également dit inquiet du conflit au Soudan, de la famine et des déplacements de masse, appelant à davantage d’efforts. De même, l’Assemblée doit condamner l’oppression des femmes par les Taliban en Afghanistan. Il a réitéré le soutien de son pays à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti, appelant à augmenter son financement et à sécuriser son renouvellement. Le Président a aussi déploré les massacres indiscriminés de femmes et d’enfants à Gaza. « La punition collective de toute une population a basculé depuis longtemps au-delà du champ de l’autodéfense », a-t-il déclaré, estimant qu’« aucun État ne devrait se sentir en sécurité lorsque de telles atrocités sont perpétrées ». Enfin, il a demandé la levée de l’embargo sur Cuba.
Rappelant que le Guyana doit faire face à l’agression du Venezuela depuis 58 ans, le Président a exhorté de faire respecter le droit international. La frontière a été déterminée depuis 1899 devant un tribunal international, a-t-il rappelé. Mais cette question a été rouverte à la veille de l’indépendance du Guyana, le Venezuela tentant de lui saisir deux tiers de son territoire. Il a espéré que le Venezuela acceptera le jugement de la Cour internationale de Justice (CIJ) dans cette affaire.
M. JOSÉ RAÚL MULINO QUINTERO, Président du Panama, a rappelé que sa position géographique privilégiée a fait du Panama le point de passage et de rencontre des Amériques. Actuellement, le canal de Panama dessert un total de 180 routes maritimes qui connectent 1 920 ports dans 170 pays, s’est-il enorgueilli. Cependant, du fait de cette situation géographique, le Panama est aujourd’hui confronté à l’immigration illégale à travers la jungle du Darién qui est utilisée comme un passage par des centaines de milliers de migrants à la quête du rêve américain, a-t-il déploré. Ces mouvements de personnes sont dirigés par des organisations criminelles basées dans des pays voisins et qui reçoivent de l’argent « maudit » pour profiter du besoin d’espoir de milliers d’êtres humains, a-t-il dénoncé. Les causes sont connues, mais nous ne pouvons y remédier seuls, a-t-il lancé, évoquant les coûts économique, sociaux, humains et environnementaux que cela implique pour le pays. Il a insisté sur les ravages environnementaux, rappelant que le Darién est l’une des plus grandes forêts tropicales humides du monde. Quand un demi-million de personnes y passent et laissent des tonnes de déchets au fil des années, cela a de graves conséquences écologiques, a-t-il noté, évoquant également la présence de corps en décomposition.
Le Président Mulino Quintero a ensuite expliqué que ces migrations sont dues en partie à l’instabilité politique au Venezuela qui a vu près de huit millions de membres de sa population quitter le pays. Et les derniers événements au Venezuela ont encore fragilisé la situation. « Revendiquer une victoire sans montrer les procès-verbaux, c’est comme essayer de gagner un procès sans présenter de preuves », a-t-il argué. Il a appelé les organisations pertinentes à agir vigoureusement contre les attitudes et les comportements manifestement antidémocratiques.
Il a ensuite évoqué la situation du Panama qui figure sur les listes « peu glorieuses » de pays à la fiscalité floue. Nous avons mis en œuvre d’importantes réformes dans notre système financier et juridique ces dernières années pour nous conformer aux normes internationales de transparence et prévenir le blanchiment d’argent et d’autres infractions pénales, a-t-il indiqué. « Le Panama n’est pas un paradis fiscal », a-t-il lancé. Il a jugé paradoxal de voir que les nations qui approuvent l’inclusion du Panama dans ces listes profitent, dans le même temps, des bienfaits de contrats d’affaires au Panama. Il a annoncé sa volonté d’exclure désormais ces pays des appels d’offres à portée internationale lancés par le Panama. De même, ces pays n’auront plus le soutien du Panama dans les procédures de vote dans les organisations internationales, a—t-il averti.
M. BASSÍROU DIOMAYE DIAKHAR FAYE, Président du Sénégal, s’est dit habité de la conviction profonde que l’unité dans la diversité représente la clef du développement durable et de la dignité humaine. À ce titre, il a lancé un appel pour repenser nos responsabilités collectives et assurer que les principes fondamentaux des Nations Unies continuent de porter la promesse d’un monde plus juste et plus équitable.
Déplorant la multiplication des conflits, le creusement des inégalités et les changements climatiques, il a appelé le monde à se regarder en face. Partout, les valeurs que nous défendons sont piétinées, a-t-il déploré, rappelant que les êtres humains sont tous porteurs d’une même dignité, que ce soit à Tel-Aviv, à Gaza ou à Dakar. Qualifiant le conflit en Palestine de « plaie ouverte sur la conscience internationale », il s’est ému du sort de générations entières qui ont grandi sous l’oppression. Il a lancé un appel au cessez-le-feu et affirmé le soutien de son pays à une solution à deux États avec Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine.
Enchaînant sur la situation du Sahel, il s’est refusé à fermer les yeux sur la tragédie qui s’y déroule. Il a dénoncé l’inaction du Conseil de sécurité face aux meurtres et aux pillages des terroristes dans la région. De même, il s’est inscrit en faux contre les tentatives d’ingérence: « Nous ne pouvons accepter que le Sahel devienne le théâtre de rivalités étrangères. »
La paix n’est pas seulement l’absence de guerre, a-t-il déclaré, considérant qu’elle incluait également la possibilité de vivre dans la dignité, de pouvoir se nourrir, de s’éduquer et de recevoir des soins. C’est pourquoi il a jugé inacceptable que les mécanismes de gouvernance mondiale accentuent les inégalités, préconisant la mise en place d’un nouveau contrat qui s’attaque aux problèmes économiques et environnementaux.
À ce titre, il a exigé que soit renforcé le multilatéralisme comme seul moyen de promouvoir la paix, à travers une réforme du Conseil de sécurité, du FMI et de la Banque mondiale. Ces institutions doivent refléter le monde actuel, et l’Afrique doit avoir plus de place dans leurs processus de décision. Il a également appelé à lutter contre le commerce illégal, les flux financiers illicites et l’évasion fiscale qui ruinent l’Afrique; avant de demander aux pays industrialisés d’intensifier leurs efforts pour financer une transition énergétique équitable, qui ne sacrifice pas le développement des pays les plus pauvres. Le Chef d’État a ensuite prôné la rupture avec toute tentative d’imposer unilatéralement des normes civilisationnelles, estimant qu’aucune nation ne peut imposer ses pratiques et valeurs comme normes universelles. « Le respect des différences est un fondement de la paix dans le monde », a-t-il conclu.
M. FAURE ESSOZIMNA GNASSINGBÉ, Président du Togo, a estimé que, face à des institutions vieillissantes, l’Afrique, « prochain moteur de la croissance mondiale », doit pleinement endosser son rôle de partenaire stratégique dans l’élaboration de nouvelles règles planétaires. C’est en Afrique que se trouve la jeunesse. C’est en Afrique que le potentiel est le plus fort pour les marchés émergents liés à l’innovation technologique et à l’entreprenariat. C’est en Afrique que « l’économie verte et bleue » offre des opportunités considérables pour le développement durable, a énuméré le Président.
Mais, l’Afrique, a-t-il reconnu, c’est aussi le continent le plus vulnérable aux changements climatiques, bien qu’elle n’y ait que très peu contribué. Si nous n’y veillons pas, la question environnementale sera à l’origine de grandes vagues de migrations vers le Nord, a-t-il prévenu. Ce sujet, comme celui du développement et de la lutte contre le terrorisme, doit être traité de façon multilatérale.
Or, pour cela, la coopération internationale doit se réinventer. Il faut davantage de « respect » et de « dignité » pour les États africains sur la scène internationale. Il est temps de reconnaître que nous sommes des acteurs stratégiques à part entière, capables de contribuer de manière significative aux efforts mondiaux pour la paix, a martelé M. Gnassingbé. Ce respect et cette dignité doivent être reconnus à travers la représentation et l’importance donnée à la voix de l’Afrique dans les forums internationaux.
Le Chef d’État a enfin plaidé pour une coopération fondée plus largement sur la « localisation », c’est-à-dire une aide davantage corrélée aux besoins et aux capacités d’agir des populations qui la reçoivent. Il a aussi réclamé une plus grande autonomie des pays bénéficiaires de l’aide dans la définition des priorités et la mise en œuvre des programmes.
Mme SYLVANIE BURTON, Présidente de la Dominique, a remarqué que les progrès réalisés sont toujours inégaux. Il nous faut veiller à ce que les plus vulnérables aient accès aux opportunités, a-t-elle déclaré, appelant au renforcement du multilatéralisme pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD) et espérant que la diplomatie sera privilégiée pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain.
Elle est ensuite revenue sur les maladies non transmissibles, responsables de 75% des décès dans le monde. La lutte contre ces maladies qui hypothèquent nos économies et notre développement ne peut être menée seul. La Dominique s’engage donc à coopérer avec les partenaires internationaux et à partager ses connaissances et ses ressources.
Les changements climatiques, a poursuivi la Présidente, sont une menace existentielle qui expose nos communautés aux inondations, aux ouragans et aux sècheresses, des phénomènes tragiques qui nous appellent à des actes concrets. Le réchauffement de la planète doit se limiter à 1,5 degré Celsius, ce qui exige la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’augmentation des financements et la construction d’infrastructures résilientes. La Dominique et les Caraïbes ont donné la priorité aux stratégies d’adaptation climatique et investi dans les énergies renouvelables car il s’agit d’un « impératif moral ». Toutefois, a rappelé la Présidente, ces efforts resteront vains tant que les pays industrialisés n’honoreront pas leurs engagements de renforcer la résilience des petits pollueurs.
Notre monde est à un carrefour et le leadership sera déterminant, a-t-elle ensuite estimé, en décriant « l’hypocrisie qui règne dans cette enceinte ». Alors que tous les États Membres sont censés respecter les principes de la Charte, « la loi du plus fort » prévaut toujours. Il faut l’abroger pour parvenir à la réconciliation dans les régions en conflit où les acquis du développement humain sont réduits à néant.
S’agissant de la situation en Haïti, la Présidente a appelé au respect du droit de la population haïtienne à sa souveraineté nationale et à une paix juste et durable. Les difficultés de cette « nation-sœur » sont attristantes alors qu’elle a fait une contribution remarquable à sa région et au monde. Réclamant un processus de transition par et pour les Haïtiens, la Présidente a salué la mise en place du Gouvernement provisoire. Elle a dûment remercié les volontaires kenyans et tous ceux qui travaillent contre la crise humanitaire et alimentaire en Haïti. La Présidente n’a pas manqué de dénoncer l’embargo « injustifié et anachronique » imposé à Cuba tout comme les sanctions imposées au Venezuela qui devrait pouvoir résoudre ses problèmes internes sans ingérence étrangère.
Mme HILDA HEINE, Présidente des îles Marshall, a rappelé que son pays est à la fois victime des essais nucléaires et des changements climatiques. C’est cet héritage unique qui a poussé mon pays à présenter sa candidature à un siège non permanent du Conseil des droits de l’homme pour la période 2025-2027, a-t-elle expliqué. Elle a exhorté la communauté internationale à protéger la santé et la biodiversité des océans. Les générations futures des insulaires seront des laissés pour compte, si l’on ne parvient pas à préserver les écosystèmes océaniques. S’alarmant des conséquences de la pêche illicite sur l’avenir économique de son pays et la sécurité alimentaire mondiale, elle a aussi lancé un appel à la préservation des fonds marins. Nous nous joignons au nombre croissant des pays qui préconisent le principe de précaution dans l’exploitation minière en haute mer.
Face à l’élévation du niveau de la mer, la Présidente a prévenu qu’il est trop tard pour prévenir l’érosion côtière. Mais nous n’irons pas en silence vers « nos tombes aquatiques», a-t-elle prévenu. Il faut des actes concrets pour empêcher la fonte de la cryosphère et de l’ambition pour tripler la part des énergies renouvelables. Rappelant que son pays a été le théâtre de 67 essais nucléaires, entre 1946 et 1958, elle a évoqué les décès, les maladies et les contaminations comme des conséquences qui se transmettent de génération en génération.
Nous n’avons pas fait le choix de ce destin nucléaire, il a été choisi pour nous, a-t-elle accusé, rappelant que deux résolutions de l’ONU, adoptées respectivement en 1954 et 1956, ont autorisé les États-Unis à procéder aux essais en tant que Puissance administrante, malgré l’opposition des dirigeants locaux. L’Assemblée générale, a-t-elle réclamé, doit adopter une résolution sur les excuses officielles qui nous sont dues, pour que l’on puisse démarrer un processus de guérison et rétablir la confiance vis-à-vis de l’Organisation. Annonçant son intention de travailler avec d’autres peuples touchés, à Kiribati, en Polynésie française, en Australie, en Algérie, au Kazakhstan, en Corée du Nord, en Chine continentale et aux États-Unis, elle a estimé qu’il faut reconnaître la responsabilité des États de remédier aux dégâts causés par le nucléaire.
La Présidente a salué la reconnaisse, à l’ONU, du lien entre climat et sécurité, en encourageant les nations insulaires à faire entendre leur voix et en soulignant qu’elles ne pourront relever les défis des changements climatiques tant que leurs institutions seront pressées de se plier aux pressions extérieures. Enfin, elle a lancé un appel à l’ONU pour qu’elle ne rejette pas les partenariats de Taiwan pour la réalisation des objectifs de développement durable. La résolution 2758 ne doit pas servir de prétexte pour exclure les citoyens et les journalistes et les priver d’un accès à la Maison de Verre. Le Secrétariat de l’ONU ne saurait ériger des obstacles à la liberté des médias, a conclu la Présidente.
M. IRAKLI KOBAKHIDZE, Premier Ministre de la Géorgie, a déclaré que les dernières années ont été difficile pour son pays et sa région, la guerre en Ukraine ayant provoqué un niveau d’incertitude sans précédent. Tout en réaffirmant le soutien de la Géorgie à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, il a assuré que son gouvernement s’emploie à faire du Caucase du Sud une région de paix et d’opportunités plutôt que de conflits. Dans cet esprit, il a salué le processus de règlement pacifique entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, avant de plaider pour une coopération régionale qui permette l’instauration de la confiance entre les pays. Présentant la Géorgie comme le « pont naturel entre l’Europe et l’Asie », le Premier Ministre s’est félicité du fait que son pays soit devenu une plaque tournante non seulement pour l’échange de marchandises, mais aussi pour le transit d’énergie. Face aux chocs extérieurs, la Géorgie a su faire preuve de résilience, a-t-il souligné, faisant état d’une croissance économique annuelle moyenne de 9,7% depuis 2021 et de l’un des taux d’inflation les plus bas de la région.
Le dirigeant s’est également enorgueilli d’une réduction de moitié du taux de pauvreté au cours des 10 dernières années et d’un recul important du taux de chômage, qui a coïncidé avec une hausse du taux d’activité. Vantant les résultats enregistrés par la Géorgie en matière de compétitivité, d’investissements, de transparence budgétaire, de lutte contre la corruption et d’attraction touristique, il a constaté que son pays continue de prospérer, bien que 20% de ses territoires soient sous occupation illégale. À cet égard, il a voulu s’adresser à ses compatriotes vivant dans les régions occupées d’Abkhazie et de Tskhinvali. « De ce côté de la ligne d’occupation, nous vous rencontrerons toujours à cœur ouvert », leur a-t-il lancé, avant d’appeler à « reconstruire tous les ponts brisés dans notre pays ».
En dépit d’un contexte difficile, le Premier Ministre s’est dit optimiste quant à la possibilité qu’a son pays de devenir membre à part entière de l’Union européenne d’ici à 2030. « Alors que nous regardons vers l’avenir, déterminés à façonner une communauté prospère avec nos alliés et partenaires, nous continuerons d’œuvrer unis pour la consolidation de la paix et le développement durable », a-t-il assuré, promettant également de faire progresser la dignité humaine « pour les citoyens géorgiens d’aujourd’hui et le bien-être des générations futures ».
M. PEDRO SÁNCHEZ PÉREZ-CASTEJÓN, Premier Ministre de l’Espagne, a affirmé que la cohérence exige d’utiliser les mêmes boussoles en Ukraine, à Gaza et ailleurs, celles de la préservation de la paix, des droits humains et d’un ordre international fondé sur des règles. Affirmant que la paix, la démocratie et le développement ne peuvent exister séparément, il s’est expliqué en ces termes: « La paix sans démocratie est la paix des prisons, et la démocratie sans développement est le prélude à l’autocratie ». Pour la première fois depuis deux décennies, le nombre de conflits augmente, a-t-il rappelé, ajoutant que le nombre de pays impliqués dans des guerres à l’extérieur de leurs frontières augmente également, atteignant des niveaux sans précédent depuis 1945. Évoquant un coût humain en hausse, il a ajouté que le coût économique atteint 13% du PIB mondial, selon certaines études, soit l’équivalent de toute la richesse créée en un an par les 180 pays les plus pauvres réunis.
Déplorant une « maladie mondiale qui ronge les fondements du système multilatéral », le Premier Ministre a dénoncé une agression russe qui « ne devrait pas se prolonger un jour de plus ». Après avoir salué la conférence pour l’Ukraine organisée en Suisse comme un premier pas vers une paix juste et durable, il a annoncé que l’Espagne augmenterait le financement de l’aide humanitaire et au déminage à hauteur de 14 millions d’euros et, en 2025, intégrerait une ligne de crédit dédiée à la reconstruction.
Évoquant la Palestine, il a dénoncé une « insoutenable spirale de mort et de dévastation » qui s’est déjà étendue au Liban dans « une escalade d’une extrême gravité ». Il a condamné fermement le meurtre de civils innocents et lancé un appel à un cessez-le-feu, à la libération de tous les otages et à un accès humanitaire sans entraves. Ce n’est qu’en mettant fin à la guerre à Gaza et en s’attaquant aux causes profondes du conflit israélo-palestinien que nous pourrons résoudre avec succès les autres sources d’instabilité régionale, a-t-il estimé. Il a jugé impératif de mettre en œuvre la solution des deux États et a rappelé l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ), demandé par l’Assemblée générale, qui a établi l’illégalité de l’occupation des territoires palestiniens. L’Espagne ayant reconnu la Palestine le 28 mai dernier, il a annoncé que les deux États teindraient leur première réunion intergouvernementale afin d’approfondir leurs relations bilatérales avant la fin de l’année. Il est urgent d’organiser une conférence de paix avec les parties et la communauté internationale, tel que le souhaitent plus de 90 pays, a-t-il martelé.
Réaffirmant l’engagement de l’Espagne dans les opérations de paix, il a rappelé que 670 soldats espagnols sont actuellement déployés au sein de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), commandée par un général espagnol. Son pays est prêt à contribuer au maintien de la stabilité dans l’Indo-Pacifique, a-t-il ajouté, soulignant l’importance du respect des principes fondamentaux du droit international, tels que la liberté de navigation.
Le Premier Ministre s’est inquiété de la progression des discours réactionnaires prospérant dans la défiance à l’égard des institutions, la polarisation et la revendication d’un passé mythifié. « La démocratie mène une bataille pour sa survie et, soyons clairs, elle continue de céder du terrain », a-t-il averti, ajoutant qu’il ne suffisait plus de proclamer la supériorité morale mais qu’il fallait travailler à sa régénération, notamment en renforçant la transparence et la redevabilité. Qualifiant la crise post-électorale au Venezuela d’extrêmement préoccupante, il a réaffirmé l’engagement indéfectible de l’Espagne en faveur de la démocratie et de la défense des droits humains dans ce pays, pour lequel il a appelé à un recomptage des résultats dans des conditions de transparence totale.
Enfin, le Premier Ministre a appelé à confier le Secrétariat général de l’ONU et la Présidence de l’Assemblée générale à des femmes. Il a également appelé à instaurer un impôt minimum mondial sur les grandes fortunes et à mettre en œuvre les plans de l’OCDE et du G20 sur la fiscalité multinationale.
M. ALLAH MAYE HALINA, Premier Ministre du Tchad, a averti que le défaut de réelle volonté de la communauté internationale à relever le désastre terroriste au Sahel risque de faire passer l’Afrique sous le giron des groupes terroristes. Il faut gagner cette lutte pour promouvoir la stabilité du continent et de l’humanité, a-t-il lancé. S’agissant du développement durable, en particulier dans le domaine de la santé, le Premier Ministre a plaidé pour un accès équitable aux vaccins et aux technologies médicales de pointe. Concernant la jeunesse, qui représente plus de 65% des Tchadiens, il a appelé l’ONU à soutenir un marché du travail ouvert et à garantir un environnement propice à leur épanouissement. Devant l’ampleur des changements climatiques, il a appelé à une solidarité renforcée de la communauté internationale pour soutenir les réfugiés ainsi que les populations hôtes.
Sur le plan régional, au Soudan notamment, le Premier Ministre a lancé un appel aux parties au conflit pour qu’elles cessent les hostilités et permettent un accès humanitaire sans entrave. La solution est la voie pacifique et le dialogue intersoudanais en vue d’une paix durable, a-t-il déclaré. S’agissant de la Libye, il a exhorté les parties à faire preuve de « dépassement » en vue de sortir de l’impasse politique. Concernant le conflit israélo-palestinien, il a dit être en faveur de la solution des deux États. Par ailleurs, il a plaidé pour la levée de l’embargo contre Cuba en demandant un dialogue constructif entre les deux pays concernés. Enfin, sur le sujet de la réforme du Conseil de sécurité, le Chef du Gouvernement a réaffirmé son attachement au consensus d’Ezulwini et à la déclaration de Syrte.
M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a qualifié l’époque actuelle d’« ère des dangers » car jamais les Hongrois n’auraient pensé, 30 ans après s’être libérés du joug communiste, que la Guerre froide reviendrait et pire, qu’une guerre serait menée en Europe. Pays voisin de l’Ukraine, a rappelé le Ministre, la Hongrie vit depuis deux ans et demi dans l’ombre d’une guerre qui a jeté des millions de réfugiés sur les routes hongroises. La Hongrie paie le prix d’une guerre qui n’est pas la sienne et qu’elle n’a pas déclenchée. Comment rétablir la paix et plus précisément, quelle est la manière la plus rapide de la rétablir? Plus nous tarderons, a prévenu le Ministre, plus il y aura de destructions, de morts et de familles déchirées. Les quelque 150 000 Hongrois qui vivaient en Ukraine ont été enrôlés dans l’armée ukrainienne et beaucoup d’entre eux ont perdu la vie.
Il faut faire le point, a pressé M. Szijjártó, sur ce qui a fonctionné ou n’a pas fonctionné car rien de ce qu’a entrepris l’Union européenne n’a porté de fruits. Les armes qu’elle a envoyées n’ont fait qu’augmenter le nombre des pertes en vies humaines et des dégâts. Il est temps que l’Union européenne réfléchisse aux conséquences de ses actes. Il nous faut une désescalade, une réflexion et une précaution avec les mots que l’on emploie, maintenant que nous sommes confrontés à une menace nucléaire « honteuse ».
La solution, a estimé le Ministre, se trouve à la table des négociations sur un cessez-le-feu immédiat. La paix n’est pas « un gros mot » et la diplomatie n’est pas de parler qu’aux gens avec qui on est d’accord. Le mutisme « déplorable » des grandes puissances est un risque existentiel et « un cauchemar » que la Hongrie a vécu pendant 40 ans. Nous ne voulons pas de la réémergence d’un monde séparé en deux blocs, ce qui serait une défaite pour nous et pour le monde entier. Ce que nous voulons, a précisé le Ministre, c’est une coopération « civilisée » entre l’Ouest et l’Est. Malgré sa taille relativement modeste, a conclu le Ministre, la Hongrie, dont le Gouvernement a adopté une ligne patriotique fondée sur le bon sens, veut être un exemple de cette coopération. Elle est déjà devenue le lieu de rencontre privilégié entre l’Ouest et l’Est, comme en atteste l’implantation d’usines automobiles allemandes et l’organisation de plusieurs colloques.
Le Ministre n’a pas oublié de dénoncer l’hypocrisie des sanctions occidentales, inutiles et absurdes contre la Fédération de Russie dont l’uranium alimente toujours les centrales nucléaires américaines, dont le pétrole et le gaz est toujours achetés par l’Europe qui évidemment cache cette réalité. Il a enfin déploré que la « politique étrangère pragmatique » de la Hongrie lui ait coûté des dizaines de millions d’euros retenus par l’Union européenne. Nous n’avons fait que défendre ses frontières et notre gouvernement choisira toujours de répondre aux attentes de son peuple qui l’élit élection après élection, plutôt que de satisfaire des ONG ou des acteurs extérieurs.
M. BAKHTIYOR SAIDOV, Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan, a dit que l'ONU devait rester au cœur de la résolution des défis du XXIe siècle. Dans la lignée des ODD, il a fait valoir que son gouvernement prend des mesures concrètes pour créer des emplois et améliorer la qualité du capital humain dans le but de réduire le taux de chômage de 11% à 7%. Mais ces efforts dépendent aussi de la modernisation nécessaire du système financier international, et d’un accès à la technologie pour chaque personne et chaque État, y compris l’intelligence artificielle sûre. Concernant les changements climatiques, le Ministre a appelé la communauté internationale à étendre les projets dans la région de la mer d’Aral afin d’atténuer les conséquences dévastatrices de cette catastrophe. Il a proposé d'adopter une résolution pour proclamer une année internationale de la restauration des terres et de l'augmentation de la résistance à la sécheresse.
Par ailleurs, le Gouvernement ouzbèque s’est engagé à renforcer la protection sociale pour l’aligner sur les normes internationales, a poursuivi le Ministre. Face à la radicalisation et à l'augmentation de la violence chez les jeunes, il a suggéré la promotion d’une éducation spirituelle et morale afin de prévenir leur implication dans des mouvements radicaux. Dans la lutte contre le terrorisme, les États d’Asie centrale coopèrent étroitement pour assurer la sécurité régionale en collaboration avec le Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies, a rappelé le Ministre avant de déclarer que la clef pour assurer la stabilité et le développement durable de la région réside dans le règlement du problème afghan.
À cet égard, il a assuré que l’Ouzbékistan mène une politique pragmatique à l'égard de ce pays: il contribue à la reconstruction économique de l’Afghanistan et au développement de ses infrastructures de transport et d’énergie. Le Ministre a également signalé que son gouvernement s’apprête à agrandir le centre d'éducation destiné aux citoyens afghans dans la ville ouzbèke de Termez. Pour parvenir à la stabilité, il est crucial de maintenir le rôle central de l’ONU dans la résolution de la question afghane et l’élaboration de stratégies coordonnées pour assurer son développement durable, a conclu le Ministre.
M. YVAN GIL PINTO, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a déclaré avoir entendu deux types d’interventions lors de ce débat général: celles d’« oligarques » conduits par les États-Unis, qui attaquent la Charte pour détruire l’ONU de l’intérieur comme de l’extérieur, et celles de peuples dignes, qui luttent pour leur souveraineté et leur indépendance. Accusant les États-Unis et l’Union européenne de se rendre complices du « plus grand crime d’extermination et de génocide depuis celui commis par Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale », il a constaté qu’Israël assassine des innocents non seulement à Gaza mais aussi au Liban et en Syrie, tout en tentant de déstabiliser l’Iran. Il s’agit d’une menace réelle pour l’humanité et pour la paix mondiale, a-t-il affirmé, reprochant également aux « plus puissants » de vouloir étendre la guerre dans d’autres parties du monde. « Après la défaite de l’Ukraine dans son aventure nazie, ils entendent désormais introduire la guerre et le terrorisme dans la Grande Russie, qui, comme l’histoire nous l’a appris, sera toujours victorieuse ».
Selon le Ministre, l’expansion de l’OTAN menace également la paix en Amérique du Sud puisque cette organisation y installe des bases militaires, avec la complicité des « Gouvernements laquais » de l’Argentine et de l’Équateur. De plus, a-t-il ajouté, des attaques, des tentatives d’assassinat et des opérations de déstabilisation contre des pays souverains comme le Venezuela sont continuellement planifiées via des réseaux sociaux contrôlés par les « hommes de paille de l’Empire ». Comment progresser sur les questions de paix et de sécurité alors que les États-Unis détournent l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité? s’est interrogé l’intervenant.
Réitérant la solidarité du Venezuela avec le peuple palestinien, il s’est félicité du fait que, pour la première fois dans l’histoire de cette Assemblée, la délégation de la Palestine y siège en tant qu’État. « Aujourd’hui plus que jamais, il est urgent de garantir sa pleine adhésion à cette Organisation », a-t-il plaidé, avant d’exprimer le même soutien à tous les peuples qui luttent pour leurs droits inaliénables à l’autodétermination et à l’indépendance. Il est temps que l’aspiration à la liberté du Sahara occidental, de Porto Rico, de la Nouvelle-Calédonie, de la Polynésie française et d’autres territoires colonisés se réalisent. De même, a-t-il poursuivi, le Venezuela continuera d’exiger la restitution de l’archipel des Chagos et des îles Malvinas à leurs propriétaires légitimes, Maurice et l’Argentine. Le Ministre a d’autre part rappelé qu’en décembre 2023, un référendum consultatif a donné mandat à l’État vénézuélien pour récupérer la Guayana Esequiba, invitant le Guyana à revenir sur son refus d’appliquer cette décision.
Après avoir dénoncé les mesures coercitives unilatérales décidées par les États-Unis et l’Union européenne, le Ministre a appelé à la levée de tous les régimes de sanctions qui sont aujourd’hui imposés à plus d’un tiers de l’humanité. Il a ajouté que son pays fait face à une nouvelle forme de colonialisme, les États-Unis cherchant à détruire par tous les moyens possibles son système démocratique, ses institutions et sa souveraineté. Rappelant que, le 28 juillet dernier, le Président Nicolás Maduro Moros a été réélu à la tête du Venezuela, il a accusé les États-Unis et ses satellites d’avoir orchestré les violences postélectorales et mené une « campagne fasciste de désinformation ». Dans le même ordre d’idées, il a exigé que Cuba soir rayée de la liste américaine des parrains du terrorisme.
De l’avis du Chef de la diplomatie vénézuélienne, il est temps pour les pays du Sud de se libérer du colonialisme et d’instaurer un nouvel ordre mondial multipolaire et multicentrique de paix et de prospérité économique, débarrassé de toute hégémonie. Il a assuré que son pays œuvre pour le bien de l’humanité, comme en atteste son action à la tête du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, et a promis que le Venezuela continuera de résister à l’impérialisme américain.
M. FREDERICK MAKAMURE SHAVA, Ministre des affaires étrangères du Zimbabwe, a déclaré que dans un monde polarisé et peu sûr, le dialogue et la diplomatie sont indispensables. Il faut donner la priorité aux populations les plus vulnérables et marginalisées, accroître les financements et favoriser des solutions innovantes. L’impact des changements climatiques nécessite une action collective pour l’adaptation et l’atténuation. Dans la région de l’Afrique australe touchée par la sécheresse, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a lancé un appel humanitaire international de 5,8 milliards de dollars à la fin du mois de mai 2024 pour répondre aux besoins immédiats et renforcer la résilience aux chocs futurs, notamment par la mise en place de systèmes d’alerte précoce. Le Ministre a mis en évidence l’engagement de son gouvernement à propulser le Zimbabwe au statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure d’ici à 2030. Toutefois, a-t-il déploré, le Zimbabwe est confronté aux mesures punitives et aux sanctions unilatérales illégales qui sont des obstacles au développement.
Le Ministre a demandé la levée immédiate et sans condition de ces mesures injustifiées. De même, il a appelé à lever le blocus contre le peuple cubain, et à soutenir le droit à l’autodétermination de l’État de Palestine et du Sahara occidental. Le Conseil de sécurité doit mettre en œuvre des mesures énergiques qui assurent la protection des civils, le respect du droit international et la facilitation d’un processus de paix durable, a-t-il insisté. Sur le plan financier, le Ministre a demandé la réforme de l’architecture financière internationale pour qu’elle soit plus inclusive, équitable et reflète les diverses réalités auxquelles sont confrontés les pays du Sud. S’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, il a rappelé son soutien au consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte plaidant pour au moins deux sièges permanents avec droit de veto pour les pays africains et des sièges non permanents supplémentaires. Concernant les technologies de l’information et de la communication, le Ministre a proposé un cadre de gouvernance numérique pour se prémunir contre les conséquences de l’intelligence artificielle.
M. RAMADHAN ABDALLA MOHAMMED GOC, Ministre des affaires étrangères et de la Coopération internationale du Gouvernement d’unité nationale de transition revitalisée du Soudan du Sud, a annoncé que son pays avait réalisé des progrès tangibles dans sa quête d’une paix durable et d’une stabilité politique. Tous les signataires de l’accord de paix restent déterminés à consolider les acquis obtenus jusqu’à présent, pour ouvrir la voie à l’organisation d’élections générales en décembre 2026, a-t-il assuré. Le Ministre a appelé la communauté internationale à se joindre à son gouvernement pour veiller à ce que la transition pacifique au Soudan du Sud soit respectée, en fournissant les soutiens financier et technique requis.
Au cours de l’année écoulée, le conflit au Soudan voisin a créé l’une des pires crises humanitaires au monde, selon les Nations Unies, a-t-il poursuivi. Environ 800 000 réfugiés et rapatriés fuyant la guerre se sont installés au Soudan du Sud. Bien qu’appréciant les efforts de l’ONU et des agences humanitaires pour atténuer les souffrances des victimes du conflit, il a estimé que cela restait insuffisant, d’autant qu’il n’est pas pris suffisamment compte de l’impact sur les communautés d’accueil, également aux prises avec de graves problèmes humanitaires. Il a donc appelé la communauté internationale à accroître son soutien et à collaborer étroitement avec le Gouvernement du Soudan du Sud pour atténuer les impacts négatifs de la guerre au Soudan. D’autant que ce conflit a eu un impact économique direct, la production pétrolière ayant considérablement diminué depuis avril. Étant donné que l’économie de son pays dépend entièrement des revenus tirés de la vente de pétrole brut, il a exhorté la communauté internationale à redoubler d’efforts pour résoudre le conflit ainsi qu’à une plus grande solidarité avec le Soudan du Sud, qui lutte pour surmonter les terribles conséquences économiques créées par la guerre.
S’agissant des changements climatiques, il a rappelé que des millions de personnes au Soudan du Sud et en Afrique sont victimes des inondations et de la sécheresse. Il a donc jugé nécessaire d’intensifier les mesures d’adaptation et de soutien, pour apporter une réponse adéquate. Celle-ci passe entre autres par une augmentation de la contribution financière des pays développés.
Soutien sans équivoque du consensus d’Ezulwini, le Ministre du Soudan du Sud a enfin critiqué la proposition de réforme du Conseil de sécurité annoncée récemment, qui accorderait à l’Afrique deux sièges permanents mais sans droit de veto. Cette vision, « contreproductive », ne correspond pas à l’esprit de gouvernance mondiale inclusive et équitable qu’il appelle de ses vœux.
Mme CELINDA SOSA LUNDA, Ministre des affaires étrangères de Bolivie, a déclaré que face aux crises multiples qui aggravent les vulnérabilités, il faut des réponses urgentes et coordonnées. Elle a énuméré les grands défis du moment du point de vue des peuples autochtones en s’attardant sur les nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle. Il faut une gouvernance mondiale adaptée à ces technologies afin de veiller à ce qu’elles soient utilisées de manière équitable, éthique et au service du bien-être de l’humanité. Plus généralement, la Ministre a plaidé pour un autre modèle de développement, la protection de la planète pour les générations à venir, la justice, l’équité, la solidarité et le respect du droit international et de la Charte des Nations Unies. Elle a lancé un appel pour un nouvel ordre mondial fondé sur la coopération multilatérale, le respect de la souveraineté de tous les pays et l’équité dans les processus décisionnels au niveau mondial.
Selon la Ministre, le Conseil de sécurité devrait progresser vers un système dans lequel les décisions sont prises de manière inclusive en prenant en considération la diversité des points de vue et les différents besoins des pays en développement. Il est également nécessaire de procéder à une restructuration en profondeur de l’architecture financière internationale axée sur la justice économique et la durabilité. Il faut augmenter la participation des pays en développement aux institutions financières, et promouvoir des flux financiers qui contribueront au développement durable et à la lutte contre les changements climatiques. Il est également essentiel de revoir les mécanismes de coopération fiscale au niveau international pour que les économies les plus vulnérables disposent des ressources qui leur permettraient de faire face aux crises multiples.
La Ministre a demandé la levée des sanctions contre Cuba, le Venezuela, le Nicaragua et les autres pays qui sont sous le joug de ces mesures. Elle a en outre fait part de ses préoccupations s’agissant de la feuille de coca « connotée de manière négative » alors qu’elle fait partie intégrante de la culture autochtone de Bolivie.