9492e séance, après-midi
CS/15512

Le Conseil de sécurité met fin au mandat de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS)

Le Conseil de sécurité a décidé cet après-midi de mettre un terme, à compter du 3 décembre 2023, au mandat de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS).  Il la prie donc de commencer « immédiatement le 4 décembre 2023 » la cessation de ses opérations et le transfert de ses tâches aux organismes, fonds et programmes des Nations Unies, processus qui doit s’achever le 29 février 2024. 

En adoptant la résolution 2715 (2023), par 14 voix pour et une abstention (Fédération de Russie), le Conseil de sécurité décide en outre que la liquidation de la Mission commencera le 1er mars 2024 et demande à celle-ci d’établir, avec l’équipe de pays des Nations Unies, des arrangements financiers permettant à l’ONU de surveiller les activités résiduelles engagées par la MINUATS.  Il souligne à cet égard la nécessité d’une transition et d’une liquidation ordonnées de la Mission afin de veiller à la sûreté des membres du personnel onusien et au bon déroulement des opérations de l’ONU, y compris l’aide humanitaire et l’aide au développement. 

Présentée par le Royaume-Uni, cette résolution autorise également, pendant la durée de la transition et de la liquidation de la MINUATS, la rétention du personnel de sécurité nécessaire pour protéger le personnel, les installations et les biens de la Mission.  Le Conseil se félicite par ailleurs de la nomination de l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Soudan, M. Ramtane Lamamra, dont les bons offices auprès des parties et des États voisins viendront compléter « l’action de paix régionale » menée notamment par l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). 

Le Gouvernement soudanais a annoncé sa décision de mettre fin à la Mission le 16 novembre dernier, son mandat ne répondant plus aux attentes du pays déchiré depuis plusieurs mois par un conflit.  Établie par la résolution 2524 (2020) du Conseil, la MINUATS avait pour mandat d’appuyer le Soudan pendant sa transition politique vers un régime démocratique. 

« Le conflit au Soudan a mis à mal la transition politique que la MINUATS devait appuyer, tout en causant des souffrances indicibles à la population, notamment au Darfour », a constaté le Royaume-Uni.  Il a demandé la pleine coopération des autorités soudanaises afin de permettre un transfert ordonné de la Mission, tout en rappelant que celles-ci doivent assurer la sécurité du personnel de la MINUATS et de ses biens tout au long de la transition. 

Après avoir remercié le Conseil d’avoir répondu à sa demande de mettre fin au mandat de la MINUATS, le Soudan a réaffirmé sa volonté de poursuivre un engagement constructif avec l’ONU en renforçant sa coopération avec l’équipe de pays.  Il a réitéré son engagement à coopérer avec l’Organisation en ce qui concerne la liquidation de la MINUATS et le départ de son personnel.  L’engagement constructif des autorités soudanaises se poursuivra également par le biais de la coopération avec le nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général afin de mettre fin à la guerre, a assuré la délégation. 

La MINUATS n’ayant pu s’acquitter de son mandat et répondre aux aspirations des Soudanais concernant la mise en œuvre d’un processus politique viable, la Fédération de Russie a considéré que la demande de retrait de la Mission par les autorités soudanaises n’était pas surprenante.  Elle a toutefois regretté que ses préoccupations n’aient pas été prises en compte dans l’élaboration de cette résolution.  En agissant « au nom d’un groupe politique », la MINUATS s’est ingérée selon elle dans les affaires intérieures du Soudan, exacerbant les crises et minant la confiance dans l’Organisation. 

Tout au long des débats sur cette résolution, les États-Unis ont présenté des recommandations visant à proroger le mandat de la MINUATS et à procéder à un examen stratégique de la Mission afin de renforcer son rôle en appui à l’Union africaine et à l’IGAD pour favoriser la fin du conflit, une réponse humanitaire coordonnée et la protection des droits humain.  « Cependant, d’autres membres du Conseil n’étaient pas d’accord », a déploré la délégation américaine.  Des membres, a-t-elle ajouté, qui ont plutôt choisi de placer les demandes du Gouvernement soudanais avant les besoins de la population et refusé que le Conseil demande aux États de prendre des mesures afin d’empêcher la fourniture d’armes aux groupes opérant au Darfour, comme le prévoit la résolution 1591 (2005).

La Chine a néanmoins appelé l’ONU à tenir compte du point de vue du Gouvernement soudanais et des organisations régionales afin de répondre aux besoins de la population en fournissant un appui au développement du Soudan.  Les problèmes qui ont surgi entre l’ONU et les pays africains démontrent, selon la délégation, que les missions de paix doivent respecter le principe du consentement du pays hôte et renforcer la confiance avec celui-ci, conditions essentielles à la bonne exécution du mandat. 

Cette décision intervient dans un contexte de combats persistants et d’un bilan humanitaire catastrophique pour la population civile qui cherche désespérément à échapper à la violence, s’est alarmée la Suisse, en faisant état de « risques réels » de génocide et d’autres crimes atroces.  Devant la situation « inquiétante » au Darfour et dans d’autres régions du Soudan, le Ghana, au nom également du Gabon et du Mozambique, a jugé nécessaire de répondre aux appels du peuple soudanais pour la protection des civils et la fourniture d’une assistance humanitaire aux personnes déplacées. 

Compte tenu des circonstances exceptionnelles qu’il traverse, le Soudan a appelé le Conseil de sécurité à se tenir à ses côtés pour préserver sa souveraineté, son unité et sa sécurité, tout en condamnant les « crimes odieux » et les violations du droit international humanitaire commis par les milices rebelles.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Texte du projet de résolution (S/2023/940)

Le Conseil de sécurité

Réaffirmant toutes ses résolutions antérieures, les déclarations de sa présidence et les communiqués de presse concernant la situation au Soudan et soulignant son ferme attachement à la souveraineté, à l’unité, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du Soudan, 

Appréciant le travail accompli par la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) depuis sa création et prenant acte du rapport du Secrétaire général sur la situation au Soudan et les activités de la MINUATS (S/2023/861), 

Prenant note de la lettre adressée au Secrétaire général par le Gouvernement soudanais (S/2023/884), demandant qu’il soit mis un terme au mandat de la MINUATS, 

Se déclarant alarmé par la poursuite de la violence et de la situation humanitaire, en particulier par les violations du droit international humanitaire et par les graves violations des droits humains et des atteintes à ces droits, soulignant qu’elle a de lourdes conséquences pour les civils et demandant à toutes les parties au conflit de cesser immédiatement les hostilités, de faciliter l’accès humanitaire, notamment en s’acquittant des engagements pris à Djedda, et de rechercher une solution négociée au conflit, 

Se félicitant de l’action diplomatique menée sous la direction de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de l’Union africaine et saluant la volonté inébranlable des pays voisins d’appuyer les civils qui ont fui le Soudan, 

Engageant les organisations internationales et régionales et les États Membres à répondre rapidement aux besoins humanitaires au Soudan et dans les pays voisins qui vont croissant, notamment aux besoins humanitaires recensés dans le Plan d’aide humanitaire pour le Soudan et le plan régional d’aide aux réfugiés révisés et encourageant une augmentation des contributions aux plans d’aide en veillant à ce que tous les engagements pris par les donateurs soient pleinement honorés dans les délais prescrits,  

Demandant à toutes les parties prenantes de continuer d’œuvrer à un règlement politique inclusif et durable pour permettre au peuple soudanais de réaliser ses aspirations à un avenir pacifique, stable, démocratique et prospère, dans le strict respect du principe d’appropriation nationale et réaffirmant que l’Accord de Djouba pour la paix signé le 3 octobre 2020 demeure contraignant pour tous ses signataires, en particulier les provisions relatives à un cessez-le-feu permanent au Darfour, 

1.    Décide de mettre fin, à compter du 3 décembre 2023, au mandat confié à la MINUATS par la résolution 2579 (2021) ; 

2.    Prie instamment la MINUATS de commencer immédiatement le 4 décembre 2023 la cessation de ses opérations et le processus de transfert de ses tâches, à chaque fois que la situation s’y prête et dans la mesure du possible, aux organismes, fonds et programmes des Nations Unies, avec pour objectif l’achèvement du processus au 29 février 2024, décide que la liquidation de la Mission commencera le 1er mars 2024 et demande à la MINUATS d’établir, avec l’équipe de pays des Nations Unies, selon que de besoin, des arrangements financiers permettant à l’Organisation des Nations Unies de surveiller les activités résiduelles qui avaient été engagées par la MINUATS dans le cadre de la coopération liée aux programmes ; 

3.    Sait l’importance des organismes, fonds et programmes des Nations Unies, souligne la nécessité d’une transition et d’une liquidation ordonnées de la MINUATS afin de veiller à la sûreté des membres du personnel des Nations Unies et au bon déroulement de toutes les opérations des Nations Unies, y compris l’aide humanitaire et l’aide au développement ; 

4.    Décide d’autoriser, pendant la durée de la transition et de la liquidation de la MINUATS, la rétention du personnel de sécurité nécessaire à partir des effectifs existants au Soudan pour protéger le personnel, les installations et les biens de la Mission, demande à toutes les parties soudanaises concernées de coopérer pleinement avec le système des Nations Unies durant la transition et la liquidation de la MINUATS et prie le Secrétaire général de le tenir régulièrement informé de la transition et de la liquidation ; 

5.    Rappelle l’importance des obligations juridiques du Soudan au regard de la Convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies de 1946 et de l’accord sur le statut de la mission du 4 juillet 2021 jusqu’au moment du départ des derniers éléments de la MINUATS du Soudan, et demande aux parties d’agir conformément aux obligations qu’impose au Soudan ces instruments ; 

6.    Se félicite de la nomination de l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Soudan, Ramtane Lamamra, qui usera de ses bons offices auprès des parties et des États voisins, en complément de l’action de paix régionale dont celle de l’Union africaine et de l’IGAD, et invite toutes les parties à faire montre de coopération pour l’aider à exécuter ses tâches ; 

7.    Prie le Secrétaire général de lui présenter un rapport écrit d’ici 90 jours et de lui rendre ensuite compte de la situation tous les 120 jours sur l’action menée par l’ONU pour aider le Soudan sur la voie de la paix et de la stabilité et de continuer d’examiner la situation à la lumière de ces exposés; 

8.    Décide de rester activement saisi de la question.   

Déclarations

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) s’est félicité de l’adoption de la résolution, tout en précisant qu’il n’aurait pas choisi de mettre fin à la MINUATS maintenant. Il s’est félicité de l’action menée par la Mission depuis le début du conflit.  Les autorités soudanaises sont responsables de la sécurité du personnel de la Mission et de ses biens tout au long de la transition, a-t-il rappelé.  Le délégué a demandé leur pleine coopération afin de permettre un transfert ordonné, notamment en accordant les visas nécessaires en temps opportun.  « Le conflit au Soudan a mis à mal la transition politique que la MINUATS devait appuyer, tout en causant des souffrances indicibles à la population, notamment au Darfour. »  Aucune solution militaire n’est possible à ce conflit, a-t-il argué, en appelant les parties à entreprendre des négociations en vue d’un cessez-le-feu et d’un transfert du pouvoir à l’administration civile.  Le délégué s’est félicité de la désignation d’un nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général et a appelé les parties à travailler avec lui pour ramener la paix.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), au nom des (A3 -Gabon, Ghana, Mozambique), a estimé qu’en dépit du contexte difficile des négociations, un « ensemble clair d’attentes » a été établi pour mener à bien les phases de la transition et de la liquidation de la Mission d’une manière ordonnée et sûre. Toutefois, face à la situation inquiétante au Darfour et dans d’autres régions du Soudan, il a jugé nécessaire de répondre aux appels du peuple soudanais pour la protection des civils et la fourniture d’une assistance humanitaire aux nombreuses personnes déplacées. Le délégué a fait part d’une volonté de s’engager de manière constructive au sein du Conseil dans les processus nécessaires à la cessation des combats et pour créer une voie vers la paix, la réconciliation nationale et le rétablissement de l’ordre constitutionnel. En outre, il a réaffirmé son soutien aux processus menés par l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), avant d’appuyer également le processus de Djedda. 

Après avoir appelé toutes les parties au Soudan à coopérer avec l’ONU, en particulier avec les agences humanitaires, après la sortie de la MINUATS, le délégué a encouragé le Secrétariat à poursuivre son engagement constructif.  De plus, il a appelé les parties à agir pour mettre fin aux violations des droits humains, telles que l’exploitation et les abus sexuels, et à faire respecter le droit international humanitaire.  Même si la résolution ne répond pas à toutes les préoccupations exprimées, les trois pays il a expliqué avoir voté « dans l’intérêt du peuple soudanais » et pour une paix et sécurité durables, tout en réitérant l’appel à la « non-ingérence des parties extérieures au Soudan ».

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a regretté que les principales préoccupations de son pays n’aient pas été prises en compte dans cette résolution. Elle a estimé que la demande des autorités soudanaises appelant à ce que la MINUATS mette un terme à ses opérations n’est pas surprenante, la Mission n’ayant pas pu s’acquitter des objectifs fixés et répondre aux aspirations des Soudanais pour la mise en œuvre d’un processus politique.  La MINUATS a agi en réalité au nom d’un groupe politique qui n’est pas représentatif de la majorité du Soudan.  Le Représentant spécial du Secrétaire général a également « contribué à la méfiance », a-t-elle accusé, pointant également les promesses financières non tenues des bailleurs de fonds.  De fait, a fait valoir la représentante, plutôt que de régler des crises, la MINUATS n’a fait que les exacerber et miner la confiance entre l’ONU et les autorités soudanaises.  La déléguée a par ailleurs déploré que du fait des « desseins de certains collègues occidentaux », cette résolution soit devenue un « élément de pression » sur Khartoum. 

Poursuivant, la représentante a dit ne pas être d’accord avec les dispositions de la résolution qui prévoient, en l’absence d’un représentant sur le territoire, l’élaboration d’un rapport sur la situation dans le pays, craignant que les documents élaborés dans de telles circonstances manquent de fiabilité, sans compter un risque de politisation.  Cette démarche est le reflet, à ses yeux, de l’attitude méprisante des Occidentaux vis-à-vis des problèmes auxquels les pays du Sud se heurtent. 

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a prévenu que la réduction de la présence internationale risque d’enhardir les auteurs d’atrocités, jugeant le travail de la MINUATS d’autant plus essentiel au vu de la situation humanitaire catastrophique, des violations et abus des droits humains, et des menaces à la stabilité et à la paix dans la région.  Le représentant a indiqué que les États-Unis ont présenté des recommandations visant à prolonger le mandat et renforcer le rôle de la MINUATS, à l’appui de l’Union africaine et de l’IGAD, pour promouvoir la fin du conflit, une réponse humanitaire coordonnée et la protection des droits humains.  Il a déploré que certains membres aient placé les demandes du gouvernement militaire au-dessus des besoins de la population et refusé que le Conseil de sécurité s’exprime à l’appui de la résolution 1591 (2005), demandant à tous les États de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la vente et la fourniture d’armes aux acteurs opérants au Darfour.

M. DARREN CAMILLERI (Malte)a regretté que le Conseil se réunisse pour mettre fin à la MINUATS et a souhaité que la transition soit marquée par la poursuite d’une coopération concrète avec l’ONU afin de répondre aux besoins urgents des Soudanais.  Ces derniers sont confrontés à des difficultés humanitaires alarmantes, à des violations du droit international humanitaire et victimes de graves violations des droits humains, a noté le représentant. 

Il a souligné l’importance d’un retrait sûr et ordonné, notamment concernant la sécurité de l’ensemble du personnel de l’ONU, appelant à la pleine coopération de toutes les parties soudanaises concernées.  Il a ensuite rappelé les obligations juridiques qui incombent au Gouvernement soudanais en vertu de l’accord sur le statut des forces.

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a fait remarquer que malgré la décision du Soudan, l’importance du soutien de l’ONU à ce pays reste inchangée compte tenu de la situation difficile qui y règne.  Cette résolution permettra donc à l’Organisation de poursuivre son soutien.  La représentante a appelé le Soudan à coopérer afin d’assurer une transition et une liquidation sûres et ordonnées de la Mission, sur la base d’un calendrier et de dispositions administratives réalistes. Elle s’est par ailleurs félicitée de la nomination de M. Ramtane Lamamra au poste d’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Soudan, dont les bons offices permettront de dialoguer avec les parties soudanaises et les États voisins afin de compléter les efforts de paix régionaux.  À la lumière des informations faisant état d’obstacles bureaucratiques, la représentante a appelé Khartoum à assumer sa responsabilité en tant que pays hôte.

M. DAI BING (Chine) a dit espérer que le Secrétariat de l’ONU prendra les mesures qui s’imposent pour assurer le retrait du personnel de la MINUATS, ainsi que le transfert de ses tâches et fonctions, en coopération avec le Gouvernement soudanais.  Le conflit qui fait rage au Soudan a exacerbé la crise humanitaire, a-t-il noté, avant d’indiquer que le rétablissement de la paix et de la sécurité au Soudan correspondait aux aspirations de la population et à la volonté de la communauté internationale.  Le représentant a appelé l’ONU à tenir compte du point de vue du Gouvernement et des organisations régionales telles que l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) afin de répondre aux besoins de la population et à fournir un appui au développement du Soudan.  Selon lui, les problèmes qui se sont fait jour entre l’ONU et les pays africains démontrent que les missions de paix doivent respecter le principe du consentement du pays hôte et permettre de renforcer la confiance et la coopération avec celui-ci, conditions essentielles à la bonne exécution du mandat. Le représentant s’est également félicité de la nomination de l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Soudan, en espérant qu’il saura renforcer les interactions avec les acteurs concernés.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a pris note de la décision des autorités soudanaises de mettre fin au mandat de la MINUATS, relevant qu’elle intervient dans un contexte de combats persistants et avec un bilan catastrophique pour la population civile.  « Nous entendons des mises en garde contre les risques réels de génocide et d’autres crimes atroces qui se déroulent dans un contexte d’impunité quasi totale », s’est inquiété le représentant, assurant que « nous ne pouvons tout simplement pas fermer les yeux ».  Il a appelé les parties à cesser immédiatement les hostilités et à respecter leurs obligations en vertu des droits humains et du droit international humanitaire, en particulier en ce qui concerne la protection des civils.  La résolution, a-t-il indiqué, prévoit à juste titre que le Conseil soit informé régulièrement par le Secrétaire général des menaces à la paix et la sécurité internationales émanant de la situation au Soudan et des efforts déployés par l’ONU.  À cet égard, le représentant s’est dit encouragé par l’assurance donnée par le Soudan de continuer de coopérer pleinement avec l’ONU et l’Envoyé personnel. Pour finir, elle a réaffirmé l’engagement constructif de la Suisse avec le Soudan, les acteurs de la région et les membres du Conseil.

M. ARIAN SPASSE (Albanie) s’est dit préoccupé par la recrudescence des crises humanitaires au Soudan.  Il a insisté sur la nécessité de garantir la sécurité du personnel de l’ONU, appelant toutes les parties soudanaises à coopérer pleinement avec la MINUATS et les agences de l’ONU pendant la phase de transition et de liquidation.  Après avoir salué la nomination de l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Soudan, il a jugé essentiel que les risques associés à la fin ordonnée de la MINUATS soient atténués autant que possible.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a souligné que l’ONU n’abandonne pas le Soudan, promettant que le Conseil de sécurité suivra le processus de retrait et de transition jusqu’à son terme. 

Elle a indiqué que les conclusions et recommandations de l’examen stratégique indépendant, qui est en cours, aideront le Conseil à comprendre les besoins et les capacités nécessaires pour soutenir le peuple soudanais et le Soudan dans ces circonstances exceptionnelles.  Elle s’est dite pleinement consciente de la complexité du processus de retrait des missions de l’ONU, notamment des défis logistiques qui doivent être surmontés.  Elle a espéré que le processus de retrait de la MINUATS tiendra compte des leçons tirées des expériences passées et de celles des autorités, garantissant ainsi la sécurité du personnel de l’ONU et une transition en douceur des tâches et de l’expertise vers l’équipe de pays des Nations Unies. 

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a indiqué qu’il aurait souhaité le renouvellement du mandat de la MINUATS qui, a-t-il estimé, pouvait encore contribuer à améliorer la situation au Soudan.  Il a encouragé les parties prenantes soudanaises à « faire de leur mieux » pour faciliter un retrait sûr et ordonné du personnel de la MINUATS et une conclusion sans heurts du mandat de la Mission. 

Les préoccupations du Soudan et de la communauté internationale doivent être prises en compte alors que la Mission termine son mandat, a-t-il insisté. 

Le délégué s’est inquiété de l’impact de mois de conflit sur le peuple soudanais et dit espérer que l’engagement du nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Soudan, M. Ramtane Lamamra, auprès des parties au conflit débouchera sur un dialogue constructif entre leurs dirigeants, facilitant ainsi un règlement pacifique des différends.

M. JOSÉ JAVIER DE LA GASCA LOPEZDOMINGUEZ (Équateur) a regretté les combats violents aux conséquences graves pour la population civile, qui ont conduit des millions de personnes à fuir la violence pour chercher refuge. 

Il s’est dit préoccupé par les informations reçues concernant une série d’actes qui, s’ils étaient confirmés, pourraient constituer des crimes contre l’humanité.  Le représentant a réitéré son appel à toutes les parties impliquées pour cesser immédiatement les hostilités et respecter leurs obligations en vertu des droits humains et du droit international humanitaire. 

Le délégué a ensuite estimé que la résolution adoptée répond correctement à cette situation alarmante, en établissant la nécessité de présenter au Conseil des rapports périodiques sur les menaces à la paix et à la sécurité internationales, ainsi que sur les efforts déployés par l’ONU.  Ce mécanisme est essentiel pour que le Conseil puisse s’acquitter des responsabilités qui lui sont confiées, a-t-il estimé. 

M. DAFFA-ALLA OSMAN (Soudan) a déclaré que le Gouvernement de son pays s’efforce de mettre fin à la guerre, d’en atténuer les effets et d’achever la période de transition, en relançant un processus politique élargi devant mener à la tenue d’élections libres et transparentes à même de répondre aux aspirations de la population.  Il a remercié le Conseil d’avoir répondu à la demande du Gouvernement soudanais de mettre fin au mandat de la MINUATS, tout en affirmant sa volonté de poursuivre un engagement constructif avec l’ONU en renforçant la coopération avec l’équipe de pays en matière de relèvement, de réhabilitation, de reconstruction et d’appui au développement.  À cet effet, le représentant a rappelé la signature, en mai, de la Déclaration de Djeddah, complétée récemment par un accord avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).  Il a réaffirmé l’engagement de son pays à faciliter le transit de l’aide d’urgence depuis Port-Soudan vers toutes les régions du pays. 

L’engagement constructif des autorités soudanaises à l’égard de l’ONU se poursuivra également par le biais de la coopération avec le nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général afin de mettre fin à la guerre, a assuré le représentant.  Le Président du Conseil souverain de transition a ainsi donné pour directive au Comité national chargé de la coopération avec l’ONU de faciliter les procédures d’acheminement de l’aide humanitaire et d’accorder la plus grande attention à la coopération avec l’Organisation.  De même, le Soudan réitère son engagement à coopérer avec l’ONU en ce qui concerne la liquidation de la MINUATS et le départ de son personnel.  Compte tenu des circonstances exceptionnelles que son pays traverse, le représentant a appelé le Conseil de sécurité à se tenir aux côtés du Soudan pour préserver sa souveraineté, son unité et sa sécurité, tout en condamnant les « crimes odieux » et les violations du droit international humanitaire commis par les milices rebelles. Il lui a également demandé d’intercéder auprès des « parties extérieures » qui soutiennent cette milice afin qu’elles cessent de s’ingérer dans les affaires intérieures du Soudan.

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