Gaza: le Secrétaire général demande l’ouverture d’autres points de passage et dit, devant le Conseil de sécurité, que l’aide humanitaire ne suffira pas
Sur fond d’efforts visant à prolonger la pause humanitaire qui dure depuis près d’une semaine à Gaza, le Conseil de sécurité s’est réuni ce matin au niveau ministériel pour entendre le Secrétaire général de l’ONU et le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient faire le point de la situation. M. António Guterres a rendu compte de la mise en œuvre de la résolution 2712 (2023), texte à caractère exclusivement humanitaire adopté le 15 novembre dernier, avant de demander une augmentation immédiate de l’aide, notamment par d’autres points de passage.
Le bilan dressé par le Secrétaire général, depuis les « odieux actes de terreur » perpétrés par le Hamas le 7 octobre et depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza qui s’en sont suivies, fait état de plus de 1 200 morts, dont 33 enfants, et des milliers de blessés du côté israélien; et de plus de 14 000 morts, dont au moins les deux tiers étaient des enfants et des femmes, du côté palestinien. En quelques semaines, le nombre d’enfants tués à Gaza est plus élevé que le nombre total d’enfants tués au cours d’une année.
S’appuyant sur les exigences de la résolution 2712, M. Guterres a rappelé qu’elle appelle à des pauses humanitaires urgentes et prolongées, ainsi qu’à des couloirs dans toute la bande de Gaza pour permettre un accès humanitaire complet, rapide, sûr et sans entrave. Dans ce contexte, il a salué l’accord conclu par Israël et le Hamas, avec l’aide des Gouvernements du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis. Cette pause a permis à l’ONU d’améliorer l’acheminement de l’aide vers et à travers Gaza. Par exemple, pour la première fois depuis le 7 octobre, un convoi interagences a livré de la nourriture, de l’eau, des fournitures médicales et des abris dans le nord de Gaza, en particulier à quatre abris de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dans le camp de Jabaliya.
Cependant, compte tenu des besoins criants, le niveau de l’aide aux Palestiniens de Gaza reste totalement insuffisant pour répondre aux énormes besoins de plus de deux millions de personnes, a prévenu le Secrétaire général. Raison pour laquelle il a demandé une augmentation immédiate et soutenue de l’aide humanitaire, notamment de nourriture, d’eau, de carburant, de couvertures, de médicaments et de fournitures médicales. Ce qui exige d’ailleurs l’ouverture d’autres points de passage, notamment celui de Kerem Shalom, et la rationalisation des mécanismes d’inspection.
Mais l’aide humanitaire à elle seule ne suffira pas, a prévenu le chef de l’ONU, en martelant qu’un véritable cessez-le-feu humanitaire est nécessaire. Un cessez-le-feu auquel Israël s’est dit opposé au motif qu’une telle initiative ne lui permettrait pas de défendre ses ressortissants. Alors que son représentant s’est enorgueilli d’aller au-delà de ses devoirs humanitaires à Gaza, il a accusé les partisans de la paix de soutenir, en réalité, le Hamas. « Rien ne saurait faire changer un mouvement génocidaire voué à réaliser la solution finale de Hitler. » Si le Hamas, qui continue de se servir de manière cruelle de civils comme boucliers humains, devait continuer à contrôler Gaza, d’autres attaques pourraient avoir lieu, a craint en écho la représentante des États-Unis.
Sur le plan politique, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Tor Wennesland, a salué les efforts du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis pour faciliter la conclusion de l’accord ayant permis la libération de 60 otages israéliens, une pause dans les hostilités, la fourniture renforcée d’une aide humanitaire de l’ONU et la libération de 180 prisonniers palestiniens détenus par Israël. Ce répit s’impose, après des semaines d’horreurs, mais offre également l’occasion de mener une réflexion sur les grands enjeux de ce conflit, a-t-il dit, mettant en garde contre d’éventuelles erreurs de calcul, dans un contexte où la situation demeure volatile. La communauté internationale et les acteurs régionaux doivent, au cours des semaines et mois à venir, œuvrer de concert pour que les actes terribles du Hamas ne se reproduisent jamais, et pour que les Palestiniens ne vivent plus jamais l’horreur des dernières semaines, a-t-il supplié.
« Nous avons besoin d’une protection internationale afin d’empêcher la répétition de ces crimes », a alerté le Ministre palestinien des affaires étrangères. Selon lui, « ce n’est pas une guerre, c’est un carnage », que rien ni personne ne saurait justifier, et cela doit prendre fin. La Palestine, a dénoncé le Ministre, est confrontée à un plan de destruction exécuté avec brutalité par des soldats et des colons. « Nous sommes en train d’être effacés de la carte. » Partageant le même avis, le Secrétaire général de la Ligue des États arabes a estimé que si on ne met pas fin à la « dernière occupation militaire coloniale sur Terre », on assistera à « une sixième, une septième et une huitième guerre, jusqu’à la fin des temps ». Il faut des « discussions sérieuses » pour relancer le processus politique, mettre fin aux souffrances du peuple palestinien et parvenir à une solution au conflit israélo-palestinien, a renchéri le Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Qatar.
Résumant la position de nombreux participants, qui se sont aussi inquiétés des répercussions du conflit sur la Cisjordanie, les Ministres des affaires étrangères de la Chine, de la Malaisie et du Qatar ainsi que le Ministre d’État des Émirats arabes unis ont estimé qu’il revient au Conseil de sécurité de prendre ses responsabilités. Celui-ci doit garantir la poursuite de la livraison de l’aide humanitaire et parvenir à un cessez-le-feu permanent pour un accès humanitaire « sans aucun obstacle ». Le Ministre qatarien a prôné la mise en place d’un mécanisme de surveillance de mise en œuvre permettant l’afflux de l’aide humanitaire à tous les points de passage.
Le représentant de la Fédération de Russie a prévenu, quant à lui, qu’en l’absence de décision claire et vérifiable du Conseil de sécurité sur un cessez-le-feu, ce « court répit » risque fortement d’être suivi d’une nouvelle vague de violence. En attendant, il a dit attendre du Secrétaire général, dès que possible, des propositions sur des options spécifiques visant à organiser le suivi de la mise en œuvre de la résolution 2712. Une option pourrait consister à élargir le mandat de l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), une mission qui compte plus de 200 observateurs militaires et qui pourrait être déployée sous réserve d’une augmentation appropriée des moyens.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations
M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a informé le Conseil de la mise en œuvre de la résolution 2712 (2023) en commençant par faire le bilan des morts et des destructions massives déclenchées par le conflit à Gaza et en Israël. Selon les autorités israéliennes, plus de 1 200 personnes ont été tuées côté israélien, dont 33 enfants, et des milliers blessées lors des « odieux actes de terreur » perpétrés par le Hamas le 7 octobre. Quelque 250 personnes ont également été enlevées, dont 34 enfants. À Gaza, plus de 14 000 personnes ont été tuées (plus des deux tiers étant des enfants et des femmes) depuis le début des opérations militaires israéliennes et des dizaines de milliers de Palestiniens ont été blessés, tandis que de nombreux autres sont portés disparus, selon les autorités de facto à Gaza. En quelques semaines, le nombre d’enfants tués par les opérations militaires israéliennes à Gaza est plus élevé que le nombre total d’enfants tués au cours d’une année, par n’importe quelle partie à un conflit.
Revenant à la résolution, il a rappelé les obligations qu’elle impose aux parties, notamment le respect du droit international, y compris le droit international humanitaire, notamment en ce qui concerne la protection des civils, en particulier des enfants. Or, avant la pause, nous avons été témoins de graves violations de la part des deux parties, a-t-il dénoncé, faisant référence au déplacement forcé de 80% de la population palestinienne vers une zone de plus en plus petite du sud de Gaza, pendant que 45% des logements ont été endommagés ou détruits dans la bande. Dans le même temps, des tirs de roquettes par le Hamas et d’autres groupes ont visé des foyers de population en Israël, a indiqué le Secrétaire général en relayant des allégations quant à l’utilisation de boucliers humains.
Il a rappelé le caractère inviolable des installations onusiennes, qui abritent aujourd’hui plus d’un million de civils cherchant protection sous la bannière de l’ONU. L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a vérifié 104 incidents qui ont touché 82 de ses installations, dont 24 se sont produits depuis l’adoption de la résolution. On signale que 218 personnes déplacées abritées dans les écoles de l’UNRWA ont été tuées et 894 blessées, a dit M. Guterres en ajoutant, « avec la plus grande peine », que 111 membres de la famille de l’ONU ont été tués à Gaza depuis le début des hostilités.
La résolution appelle également à des pauses humanitaires urgentes et prolongées et à des couloirs dans toute la bande de Gaza pour permettre un accès humanitaire complet, rapide, sûr et sans entrave, a-t-il rappelé avant de saluer l’accord conclu par Israël et le Hamas, avec l’aide des Gouvernements du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis. « Nous travaillons à maximiser le potentiel positif de cet arrangement sur la situation humanitaire à Gaza », a-t-il dit, ajoutant que la pause a permis à l’ONU d’améliorer l’acheminement de l’aide vers et à travers Gaza. Par exemple, pour la première fois depuis le 7 octobre, un convoi interagences a livré de la nourriture, de l’eau, des fournitures médicales et des abris dans le nord de Gaza -en particulier à quatre abris de l’UNRWA dans le camp de Jabaliya-, a-t-il illustré, ajoutant qu’avant cela, l’aide était minime, voire inexistante.
Il a rappelé les besoins criants et assuré que les agences des Nations Unies et leurs partenaires augmentent à la fois le montant de l’aide fournie et le nombre de sites desservis. Mais le niveau de l’aide aux Palestiniens de Gaza reste totalement insuffisant pour répondre aux énormes besoins de plus de deux millions de personnes, a-t-il mis en garde, en soulignant aussi le niveau insuffisant de carburant autorisé à entrer à Gaza. Il a souligné le caractère essentiel d’un accès humanitaire sûr et sans entrave.
Le Secrétaire général a également fait référence aux autres exigences de la résolution, notamment en ce qui concerne la libération des otages. Il a salué l’accord ayant permis la libération de 180 prisonniers et détenus palestiniens des prisons israéliennes, pour la plupart des femmes et des enfants, appelant à la libération immédiate et sans conditions des autres otages encore détenus.
Il a, en conclusion, plaidé pour une augmentation immédiate et soutenue de l’aide humanitaire, notamment de nourriture, d’eau, de carburant, de couvertures, de médicaments et de fournitures médicales. C’est pourquoi, a-t-il dit, nous avons demandé l’ouverture d’autres points de passage, notamment celui de Kerem Shalom, et la rationalisation des mécanismes d’inspection. Mais l’aide humanitaire à elle seule ne suffira pas, a-t-il prévenu, en martelant qu’un véritable cessez-le-feu humanitaire est nécessaire.
M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a salué les efforts du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis pour faciliter l’accord ayant permis la libération de 60 otages israéliens, une pause dans les hostilités, la fourniture renforcée d’une aide humanitaire de l’ONU et la libération de 180 prisonniers palestiniens détenus par Israël. Ce répit s’impose, après des semaines d’horreurs, mais c’est également l’occasion de mener une réflexion sur les grands enjeux de ce conflit, a—t-il dit. Si l’attention a été focalisée sur la violence et les hostilités dans la guerre entre Israël et les militants palestiniens de Gaza depuis le 7 octobre, il a en outre signalé des tensions élevées, la montée de la violence et un ample mouvement de restrictions dans toute la Cisjordanie occupée.
Cette période a été en effet marquée par les opérations les plus intenses menées par Israël dans ce territoire depuis la deuxième intifada, comportant l’utilisation d’engins explosifs improvisés par les Palestiniens armés et des tirs de drones par les forces de sécurité israéliennes. Ce mois-ci, c’est le camp de réfugiés Nour Chams, à Toulkarm et Jénine, qui a connu le plus d’opérations militaires. De plus, la violence des colons israéliens a gagné en intensité, conduisant à des déplacements, a déclaré le Coordonnateur spécial, qui a précisé qu’au cours de cette période, 154 Palestiniens, dont 37 enfants, ont été tués, presqu’à chaque fois du fait d’opérations des Forces de sécurité israéliennes, en général lors d’hostilités avec les Palestiniens. En outre, deux Palestiniens ont été tués par des colons israéliens.
Dans ce contexte de violence et de restrictions de déplacement, l’Autorité palestinienne a connu une aggravation de sa crise fiscale du fait de la stagnation de ses activités économiques ainsi que du chômage des Palestiniens puisque ceux travaillant en Israël ont vu leur permis de travail suspendu. M. Wennesland a également cité la décision du cabinet ministériel israélien chargé des questions de sécurité nationale, du 2 novembre, de déduire « tous les fonds alloués à la bande de Gaza » des transferts mensuels à l’Autorité palestinienne, une décision qui réduit encore plus les revenus de cette dernière, avec des répercussions négatives sur des secteurs cruciaux et sur le paiement des salaires publics.
S’agissant de la dynamique régionale et du risque d’escalade supplémentaire, M. Wennesland a mis en garde contre d’éventuelles erreurs de calcul. Il a signalé que la situation demeure volatile le long de la Ligne bleue, en dépit d’une accalmie ces derniers jours, notant aussi des tirs depuis la Syrie vers le Golan occupé par Israël. De son côté, la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) continue d’exhorter les parties à un maximum de retenue et au respect de leurs obligations au titre de l’Accord de désengagement des forces de 1974. Le Coordonnateur spécial a également mentionné des lancements de missiles et de drones revendiqués par les houthistes du Yémen, mais bloqués, à l’exception de l’un d’eux qui a touché une école à Eilat, le 9 novembre. Il a aussi indiqué que les houthistes ont saisi, le 19 novembre, un navire affilié à Israël dans la mer Rouge.
Face aux besoins considérables sur le terrain, M. Wennesland a jugé impossible d’avoir une vision claire de l’avenir. Il a demandé à la communauté internationale et aux acteurs régionaux, au cours des semaines et mois à venir, d’œuvrer de concert, déclarant que les actes terribles du Hamas ne doivent jamais se reproduire et les Palestiniens ne plus jamais vivre l’horreur des dernières semaines. La seule trajectoire viable demeure la solution des deux États, a-t-il conclu, appelant à revenir sur la voie de la gestion d’un conflit devenu clairement « ingérable ».
M. RIYAD AL-MALIKI, Ministre des affaires étrangères et des expatriés de l’État de Palestine, a plaidé pour que la trêve en cours dans la bande de Gaza devienne un cessez-le-feu permanent. « Ce n’est pas une guerre, c’est un carnage, que rien ni personne ne saurait justifier, cela doit prendre fin », a-t-il déclaré, mettant en garde contre une escalade régionale. L’élan observé ces jours-ci doit être maintenu, les familles doivent être réunies et les besoins urgents à Gaza doivent être satisfaits, a souligné le Ministre, pour qui le siège imposé par Israël doit être également levé. Rappelant que plus de 15 000 Gazaouites ont été tués par Israël, dont 10 000 étaient des femmes et des enfants, il a constaté que plus personne n’est en sécurité à Gaza: ni les enfants, ni les médecins, ni le personnel humanitaire, ni les journalistes, ni le personnel des Nations Unies. Les personnes tuées l’ont été à un rythme sans précédent dans l’histoire moderne, a-t-il ajouté, relevant que le droit international humanitaire a été mis en place pour protéger les civils et les biens civils. « Nous sommes à un tournant historique », a-t-il dit, constatant qu’un conflit politique qui pouvait être résolu est en train de se transformer en une confrontation religieuse sans fin. « Malgré tous les discours sur la destruction d’Israël, c’est la Palestine qui est confrontée à un plan de destruction exécuté avec brutalité par des soldats et des colons », a martelé M. Al-Maliki. « Nous sommes en train d’être effacés de la carte », s’est-il encore alarmé, soutenant que le droit international et les résolutions pertinentes de l’ONU permettent la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien, avec deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité sur la base des frontières d’avant 1967.
Passant à la question de la Cisjordanie occupée, le Ministre a averti que l’escalade de la violence y est déjà présente. Depuis le 7 octobre, plus de 230 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie, tandis que 3 200 autres ont été blessés, 1 250 déplacés, dont 500 enfants, et des milliers arrêtés, mutilés, humiliés et harcelés. Selon lui, la protection du peuple palestinien ne peut pas être assurée par les forces d’occupation qui sont complices de ces crimes. « Nous avons besoin d’une protection internationale afin d’empêcher la répétition de ces crimes », a-t-il affirmé, notant que la déshumanisation des Palestiniens a atteint une telle ampleur que certains pourraient se demander ce qui justifie de raser des quartiers entiers en laissant des milliers de personnes sous les décombres. De l’avis de M. Al-Maliki, Israël est convaincu qu’il existe un droit international qui lui est propre et qui autorise les crimes de guerre et le génocide. « La vengeance n’est jamais la réponse; la justice l’est », a-t-il fait valoir. Les arguments qu’utilise M. Benjamin Netanyahu pour conserver son poste est qu’il est le mieux placé pour faire obstacle à la création d’un État palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, a poursuivi le Ministre, pour qui « l’homme chargé de l’assaut contre les Palestiniens est un homme dont la survie politique même dépend de la prolongation des massacres ». Avant de conclure, il a souligné qu’il ne peut y avoir de Palestine sans Gaza. « Gaza saigne, Gaza souffre, Gaza a mal, mais Gaza vit. Et la Palestine vit. Libérez la Palestine; c’est la seule voie vers la paix », a-t-il lancé.
M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a commencé par rappeler que les pays arabes s’étaient prononcés contre l’établissement de l’État d’Israël lors du vote intervenu en 1947 à l’ONU. L’histoire se répète, a-t-il déploré, accusant « les ministres des affaires étrangères de certains pays arabes » d’appuyer une organisation terroriste vouée à l’annihilation d’Israël. Antérieure à la création de l’État israélien, la haine des juifs est le fondement même de l’idéologie du Hamas, a poursuivi le représentant, pour qui ce groupe terroriste se préoccupe moins de la répartition d’un territoire qu’à la destruction d’Israël. Brandissant une photographie historique du grand mufti de Jérusalem, Mohammed Amin al-Husseini, en compagnie d’Adolf Hitler, il a rappelé que ce père fondateur du nationalisme palestinien s’est opposé toute sa vie à une présence juive dans la région. Le représentant l’a accusé d’avoir répandu sa haine antisémite dans tout le Levant. Pour en illustrer les conséquences, il a fait observer que le monde arabe abritait plus d’un million de juifs il y a un siècle, alors qu’il n’en compte plus aujourd’hui qu’« un ou deux milliers ». Comparant le grand mufti aux houtistes du Yémen ou aux Ayatollahs d’Iran, il a déclaré que tous sont dépositaires d’une idéologie génocidaire visant à annihiler Israël et à éliminer les juifs.
Le représentant s’est ensuite opposé à l’idée d’un cessez-le-feu, demandant comment une telle initiative permettrait à Israël de défendre ses ressortissants. Il a dénoncé une contradiction dans le fait de soutenir à la fois la paix et une trêve, estimant que les partisans de cette dernière soutiennent en réalité le Hamas. « Ce mouvement n’est pas un partenaire fiable pour la paix », a-t-il martelé, avant d’ajouter que « rien ne saurait faire changer un mouvement génocidaire voué à réaliser la solution finale de Hitler ». Rappelant qu’Israël s’est retiré de Gaza il y a 18 ans, il a accusé le Hamas d’avoir, dans l’intervalle, détourné les fonds de l’ONU vers la terreur. À ce titre, il a jugé problématiques les débats qui portent sur l’aide humanitaire mais ignorent la question du Hamas, « cause de toutes les souffrances à Gaza ».
Poursuivant, le représentant a fustigé le Conseil de sécurité pour n’avoir pas condamné le « mal absolu » perpétré par le Hamas le 7 octobre. Les instances onusiennes sont utilisées et tournées contre Israël, s’est-il indigné, regrettant notamment que les intervenants de l’ONU et de l’UNICEF n’aient pas mentionné l’embrigadement d’enfants par le Hamas et qu’ONU-Femmes n’ait pas évoqué les viols commis par ce groupe palestinien. Pas une seule fois au cours des huit dernières semaines une instance de l’ONU n’a demandé des comptes au mouvement, a-t-il dénoncé.
Israël a démontré à plusieurs reprises qu’il voulait la paix, a ajouté le représentant, mentionnant notamment l’acceptation par son pays de la résolution 181, adoptée par l’Assemblée générale en 1947 et qui prévoyait un plan de partage du territoire, ainsi que des plans de paix proposés par les Présidents des États-Unis, Bill Clinton et Barack Obama. Après avoir évoqué également les traités de paix signés par Israël avec l’Égypte et la Jordanie, ainsi que les Accords d’Abraham, il a accusé les Palestiniens de n’appeler qu’à la guerre et de n’entrevoir comme unique solution, que la non-existence de l’État d’Israël. Enfin, considérant qu’Israël est allé « au-delà de ses devoirs humanitaires » à Gaza, il a reproché au Hamas d’empêcher les habitants d’évacuer les lieux sujets à une intervention militaire. Selon lui, le groupe aspire à plus de victimes à Gaza, dans le but d’exploiter des chiffres faussés et de lier les mains d’Israël. Dans ce contexte, il a estimé que la seule solution de paix consiste à appuyer les efforts d’Israël pour éradiquer les capacités terroristes du Hamas.
M. WANG YI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a appelé à un cessez-le-feu immédiat, à la mise en place de corridors humanitaires sûrs et sans entraves et à un règlement juste et durable fondé sur la solution des deux États. Rappelant qu’en tant que Présidente du Conseil de sécurité en novembre, la Chine a fait de cette question sa priorité, il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2712 qui jette les bases d’un cessez-le-feu, saluant le travail de l’Égypte et du Qatar. Évoquant une « catastrophe humanitaire sans précédent » et « l’apparition d’effets de contagion », le Ministre a appelé la communauté internationale à la rationalité et à la sagesse, lui demandant d’être plus active pour sauver des vies et restaurer la paix, en œuvrant à un cessez-le-feu complet et durable. La reprise des combats à Gaza ne ferait que déclencher « une calamité qui dévorera l’ensemble de la région », a-t-il averti, ajoutant que les moyens militaires ne font qu’exacerber la haine en créant un cercle vicieux. Il a dit espérer que la pause de ces derniers jours déboucherait sur un cessez-le-feu durable, appelant la communauté internationale à en faire sa grande priorité.
Qualifiant d’« inacceptables » les attaques contre les civils, le Ministre a appelé à les protéger par des mesures plus fortes. « La Chine s’oppose à la punition collective des populations de Gaza et condamne le ciblage des civils palestiniens. » Le Ministre a appelé à la libération des captifs et à l’ouverture d’autres points de passages de l’aide humanitaire, en plus de celui de Rafah, invitant aussi l’ONU à jouer un rôle plus important dans la coordination de cette aide. Il a indiqué que son pays avait fourni une assistance à l’UNRWA, notamment des denrées alimentaires et des fournitures médicales, et qu’une nouvelle tranche d’aide allait être déployée. Appelant à un règlement politique, en vue duquel son pays travaille, il a plaidé en faveur de la solution des deux États, incluant la création d’un État palestinien et le droit au retour des réfugiés. Il a souhaité que la Palestine puisse devenir membre de plein droit de l’ONU. Le Conseil de sécurité doit « prendre ses responsabilités », a-t-il tranché en rappelant avoir présenté un document de sortie de crise en cinq points. Il a noté que la présence à la séance de hauts responsables arabes de la région, témoignait d’une grande volonté de mettre un terme aux combats à Gaza et de garantir la paix au Moyen-Orient.
M. MAURO LUIZ IECKER VIEIRA (Brésil) a constaté qu’en cette Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, l’heure n’est pas aux célébrations. Comme le démontrent les événements de Gaza, le conflit au Moyen-Orient n’a pas disparu, en partie parce que le Conseil de sécurité n’a pas su trouver d’accord entre les parties, a-t-il regretté, relevant en outre que la résolution 181 adoptée en 1947 par l'Assemblée générale, qui prévoyait deux États vivant côte à côte dans le cadre de frontières mutuellement respectées et reconnues internationalement, reste sans effet. « Non seulement nous ne nous sommes pas unis par le passé, mais le pire est que nous ne sommes toujours pas prêts à nous unir aujourd’hui », a renchéri le représentant. Déplorant le terrible bilan humain de cette guerre pour la population civile de Gaza, il a également exprimé sa solidarité « sans équivoque » avec les familles des otages israéliens. À ses yeux, les libérations d’otages de ces derniers jours prouvent qu’il est possible de trouver des accords même quand cela paraît impossible. Dans ce contexte, il a salué la prolongation de la trêve, grâce à l’entremise du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis, avant d’exhorter les parties à « s’accrocher à cette lueur d’espoir », qu’il a perçue comme la première étape d’une désescalade.
Le représentant a ensuite reconnu la pertinence de la résolution 2712 (2023) du Conseil de sécurité et salué son appel à l’établissement de corridors humanitaires à Gaza. Mais, selon lui, le Conseil de sécurité doit faire plus, en présentant un front uni qui fixe un cap pour faire face à la situation sur le terrain et bâtir un avenir plus sûr. En ce sens, a-t-il dit, il convient de se pencher sur les causes profondes de la question palestinienne, par le biais du dialogue et de la diplomatie, et ce, en prenant en compte les points de vue de toutes les parties concernées. Se disant convaincu que l’unique voie vers la paix est à chercher dans la solution des deux États, il a appelé le Conseil de sécurité à œuvrer à cette fin, plutôt que de privilégier les intérêts particuliers de ses membres.
M. TARIQ AHMAD, Ministre d’État des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, a déploré une tragédie avec, d’une part, la pire attaque jamais subie par Israël et, d’autre part, une crise humanitaire sans précédent du côté palestinien, suite aux opérations d’Israël. Il a déploré toutes les vies perdues, se félicitant toutefois de ces derniers jours de répit, lesquels offrent une lueur d’espoir pour l’aide humanitaire et la libération des otages. Il a salué le rôle du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis pour négocier cette pause et appelé à l’action collective afin de prolonger la trêve. Le Ministre a relaté sa visite en Israël cette semaine, où il a rencontré des responsables israéliens et palestiniens, ainsi que sa prise de position publique en faveur d’une solution à deux États. En outre, il a rappelé que son pays a octroyé 38 millions de dollars d’aide humanitaire supplémentaire. Il a dit que le Royaume-Uni condamne clairement, et depuis longtemps, les violences des colons israéliens, mais aussi la menace inacceptable de l’Iran dans la région, en raison de son soutien au Hamas, au Hezbollah ou au Jihad islamique palestinien.
S’alarmant que plus de 200 Palestiniens aient été tués en Cisjordanie, le Ministre a lancé un appel pour prévenir l’embrasement régional du conflit. À ce titre, il a préconisé la mise en œuvre de la résolution 1701 (2006) portant sur le Liban. Réaffirmant le droit d’Israël à se défendre, il a rappelé qu’il doit s’exercer dans le cadre du droit international. Pour faire en sorte que les événements du 7 octobre ne se reproduisent jamais, il a réitéré son soutien à une solution à deux États, estimant que la paix est un objectif réalisable, quand bien même elle semble aujourd’hui inatteignable.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a indiqué que la pause humanitaire à Gaza n’aurait pas été rendue possible sans le rôle de chef de file du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis. La diplomatie est une chose ardue, avec un travail énorme en coulisses, qui est essentiel, et parfois les progrès sont accomplis en dehors de cette enceinte, a-t-elle reconnu. La pause a permis l’acheminement de denrées alimentaires et d’articles de première nécessité, dont 150 mille livres de nourriture arrivés aux centres logistiques, s’est-elle réjouie, tout en prévenant qu’il en faut bien davantage. Elle a ensuite appelé les parties à faire tout leur possible pour la protection des civils et des journalistes. Déplorant que le Hamas continue de se servir, « à dessein et de manière cruelle », de civils comme boucliers humains, elle a souligné que cela n’empêche pas de protéger tous les civils. La représentante a décrit la réunification des familles après des semaines d’endurance pour les otages, citant plusieurs exemples d’enfants ainsi qu’une femme âgée qui, très courageusement, avance visage découvert et le sourire aux lèvres.
La déléguée a déploré les horreurs commises par le Hamas, notant que certains membres du Conseil refusent de les reconnaître. Elle a prôné une prolongation des pauses humanitaires, avec l’assentiment d’Israël. La semaine écoulée est certes un motif d’espoir mais, a-t-elle prévenu, la contagion dans la région guette et l’escalade risque d’avoir de graves répercussions sur le peuple libanais en particulier. À cet égard, la résolution 1701 (2006) sur le Sud-Liban est une composante-clef, a-t-elle rappelé, avant de condamner les attaques houthistes en mer Rouge. Elle a appelé à y mettre fin et à libérer l’équipage du navire Galaxy.
Concernant les exactions des colons israéliens en Cisjordanie, les États-Unis sont prêts à prendre des mesures, y compris le blocage des visas à tous les colons extrémistes israéliens dont les attaques doivent cesser. Ces actes minent la possibilité de voir un jour la création d’un état palestinien, a-t-elle insisté. Après avoir évoqué la flambée des propos antisémites et islamophobes par le monde, y compris dans son pays, ainsi que la récente attaque violente contre trois étudiants d’origine palestinienne dans le Vermont, elle a encouragé à faire l’impossible pour qu’Israéliens et Palestiniens soient en mesure de bâtir un avenir exempt de violence suite à la méfiance et au traumatisme. Si le Hamas devait continuer à contrôler Gaza, d’autres attaques pourraient avoir lieu, a-t-elle mis en garde. Prônant la solution des deux états et une structure palestinienne, elle a souligné que c’est la seule solution pour mettre fin à ce cycle vicieux. Œuvrons ensemble, attachons-nous à la diplomatie pour faire revenir l’espoir pour un avenir meilleur, a-t-elle encouragé.
M. KHALIFA SHAHEEN AL MARAR, Ministre d’État des Émirats arabes unis, a constaté que la « brutale agression israélienne », qui ne respecte pas les valeurs humaines, ni n’adhère aux lois et aux normes internationales, a ébranlé la conscience mondiale d’une manière sans précédent. Même les blessés et les malades ont été privés de leur droit aux soins de santé, car Israël a délibérément, et de manière inacceptable, ciblé les hôpitaux et les établissements de santé, obligeant leur évacuation, s’est-il indigné. Le fait que près de 80% de la population de Gaza soit déplacée depuis le début de l’offensive, avec plus d’un million de personnes réfugiées dans les installations de l’UNRWA, démontre l’ampleur de la catastrophe, a souligné le Ministre, réitérant sa condamnation et son rejet de la « politique de punition collective » d’Israël à l’encontre du peuple palestinien, ainsi que des tentatives de déplacement des Palestiniens.
De l’avis du Ministre, l’avenir et la gouvernance de Gaza doivent rester entre les mains du peuple palestinien. Toute présomption ou projet visant à séparer la bande de Gaza de l’État de Palestine est inacceptable, a-t-il affirmé, invitant la communauté internationale à adopter des règles unifiées qui condamnent les violations du droit international humanitaire. Cela inclut les bombardements aveugles de civils, de biens civils et d’installations de l’ONU, a-t-il précisé. Selon lui, l’application du « deux poids, deux mesures » dans ces domaines provoque le chaos et porte atteinte à l’ordre international fondé sur le respect du droit international et de la Charte des Nations Unies.
Le Ministre a ensuite estimé que la trêve conclue par les deux parties la semaine dernière représente un signe d’espoir. Il s’est félicité de son allongement de deux jours supplémentaires et a appelé à en tirer parti, notamment en augmentant l’aide humanitaire et en convenant de nouvelles prolongations afin de laisser suffisamment de temps et d’espace pour la mise en œuvre d’activités humanitaires essentielles, telles que le secours aux milliers de personnes coincées sous les décombres. Dans le même temps, les efforts en cours doivent se poursuivre pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat et permanent, a-t-il plaidé. Il a ajouté que, dans le cadre de sa réponse à cette crise humanitaire, son pays a commencé à livrer le matériel nécessaire pour établir un hôpital de campagne dans la bande de Gaza sous la supervision d’une équipe médicale émirienne. En outre, des groupes d’enfants de Gaza ont été accueillis dans des hôpitaux des Émirats arabes unis, qui prévoient également de traiter un millier de patients atteints de cancer.
M. THOMAS GÜRBER, Secrétaire d’État de la Suisse, a prévenu que « le temps presse » car la situation sur le terrain est grave. Il s’est félicité qu’avec l’adoption de la résolution 2712 (2023), le Conseil de sécurité ait ouvert une brèche dans la dynamique sanglante de ce conflit, ce texte exigeant de toutes les parties qu’elles s’acquittent des obligations que leur impose le droit international, y compris le droit international humanitaire, notamment pour ce qui est de la protection des civils. Le Conseil a le devoir de faire respecter le droit international humanitaire ainsi que les droits humains par toutes les parties au conflit, a-t-il affirmé, rappelant que ce droit protège tous les civils, y compris les blessés, les malades, le personnel humanitaire et médical, ainsi que les infrastructures civiles, dont les hôpitaux et les écoles de l’UNRWA. Constatant que ce sont les civils qui paient le plus lourd tribut depuis l’éclatement des hostilités, le Secrétaire d’État a également rappelé que plus d’un millier d’entre eux ont été fauchés par le Hamas lors des actes de terreur qu’il a perpétrés le 7 octobre en Israël. Dans ce contexte, il a appelé à la prolongation de la pause humanitaire censée prendre fin jeudi matin, et a insisté pour que l’aide humanitaire soit acheminée sans entrave dans toute la bande de Gaza, par tous les points de passage, y compris pour les biens commerciaux.
Le Secrétaire d’État a ensuite rappelé les obligations qui incombent à Israël, y compris celle de la protection de la population civile, alors que des exactions de colons israéliens à l’encontre de la population palestinienne sont rapportées en Cisjordanie occupée. Il a d’autre part encouragé à prêter attention aux femmes israéliennes et palestiniennes dans le cadre de la recherche d’une solution politique au conflit et de l’édification de la paix. Le Conseil de sécurité doit prendre des mesures concrètes en vue de la solution des deux États, seul fondement possible de la paix et la stabilité dans la région, a conclu M. Gürber, en appelant la communauté internationale à contribuer à reconstruire ce fondement pour deux États démocratiques, Israël et la Palestine, vivant côte à côte, en paix, à l’intérieur de frontières sûres et reconnues.
Mme MAVIS NKANSAH-BOADU, Ministre adjointe des affaires étrangères et de l’intégration régionale du Ghana, s’est déclarée consciente des frustrations des Israéliens et des Palestiniens faisant suite à la tragédie qui se déroule depuis le 7 octobre. Toutefois, le moment est venu de répondre à l’appel de la communauté internationale en faveur de la réconciliation, de la paix et de la sécurité pour les peuples de la région, a-t-elle souligné. Encouragée par la pause humanitaire négociée par le Qatar, l’Égypte et les États-Unis qui a permis la libération de prisonniers, elle a appelé Israël et le Hamas à la prolonger pour permettre aux médiateurs du conflit de renforcer la confiance par de nouvelles mesures. Constatant la nécessité d'une aide humanitaire supplémentaire, la Ministre adjointe a soutenu les dispositions pratiques permettant d’augmenter les approvisionnements par les différents points de passage. Elle a souhaité que les installations de l’UNRWA, y compris les installations de stockage, soient séparées du conflit et a demandé instamment aux donateurs de répondre positivement aux appels de l’UNRWA et du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
Notant que la détérioration de la situation sécuritaire en Palestine laisse présager un plus grand danger pour l’ensemble du Moyen-Orient et au-delà, elle a exhorté tous les pays ayant une influence modératrice d’œuvrer à l’apaisement des tensions dans la région. De plus, elle a encouragé vivement le Conseil de sécurité à envisager la nomination d’un rapporteur parmi ses membres, conformément à son règlement intérieur provisoire. La déléguée a demandé instamment à la communauté internationale de renouveler son soutien à la solution des deux États afin de parvenir à une solution juste, durable et globale de la question palestinienne, sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem comme capitale partagée.
M. TSUKASA UEMURA, Ambassadeur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient du Japon, a rappelé que l’on célébrait aujourd’hui le quarante-sixième anniversaire de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, et a indiqué que son pays était engagé au Moyen-Orient depuis quatre décennies. « Je ressens un chagrin indescriptible, mais rien ne m’empêche d’avoir de l’espoir », a‑t‑il affirmé, se disant convaincu que la paix devrait être construite sur la base de la tristesse et de l’espoir communs. Il a rappelé que le Japon avait toujours soutenu une solution à deux États en s’appuyant sur l’instauration d’un climat de confiance, un dialogue politique et une aide économique au peuple palestinien. Il a indiqué avoir travaillé assidûment sur des initiatives comme le « Corridor pour la paix et la prospérité » et la Conférence sur la coopération entre les pays d’Asie de l’Est pour le développement de la Palestine.
Affirmant que la souffrance actuelle des enfants, des femmes et des personnes âgées lui « brise le cœur », l’Ambassadeur s’est dit soulagé par la libération d’otages, ajoutant que tous devaient l’être immédiatement et sans conditions. Il a appelé à mettre un terme à la détérioration de la situation humanitaire. Appelant les parties à « agir loyalement sur la base de la résolution du Conseil de sécurité récemment adoptée », il a estimé que la pause dans les combats en cours devait déboucher sur un espoir pour l’avenir. En conclusion, il a rappelé l’importance de la modération comme valeur commune aux Japonais et aux peuples du Moyen-Orient, affirmant que son pays est comme une « escorte » pour la Palestine, Israël et tous les peuples de la région.
Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) a estimé qu’il faut tirer profit de l’accord ayant permis la trêve débutée vendredi dernier et la libération de plusieurs otages israéliens et de prisonniers palestiniens, pour apporter l’assistance requise et réunir les conditions d’une cessation définitive des hostilités. La représentante a qualifié ce répit de « fenêtre d’espoir » pour donner effet à la résolution 2712 (2023) et à celle adoptée par l’Assemblée générale, et appelé à ce que la trêve soit durable pour permettre de se reconnecter avec le droit international humanitaire dans les ruines de Gaza et la détresse de ses populations. Elle a estimé que la violence meurtrière déclenchée par les attaques barbares du Hamas a atteint une échelle insoutenable, et qu’il est temps d’arrêter de compter les morts par dizaine de milliers, de stopper l’hémorragie des enfants tuées par milliers, et de mettre fin « au bain de sang à Gaza et au chaos des populations civiles ».
Le Gabon appelle toutes les parties à la retenue et au respect de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et à la reddition des comptes pour les violations graves du droit international, et incite à une solution politique et diplomatique du conflit israélo-palestinien, à travers le dialogue et les négociations de bonne foi et en s’assurant du respect des légitimes préoccupations de chacune des parties, a insisté la représentante. Elle a également réitéré l’appel en vue d’un accès sans entrave, sûr et durable de l’acheminement et de la distribution des biens et services essentiels pour les millions de personnes dans le besoin. Après avoir réitéré l’attachement du Gabon à la solution des deux États, coexistant de manière pacifique, sur la base des frontières internationalement reconnues, la représentante a déclaré qu’il est plus que jamais temps de traduire cette solution en « actes concrets » par le biais du dialogue et de la négociation, « canaux incontournables », avec un rôle central pour l’ONU.
Le cœur du sujet est aujourd’hui le maintien de la trêve humanitaire, a déclaré M. FERIT HOXHA (Albanie), qui a vu dans sa prolongation une volonté de paix. La libération d’otages israéliens est tout aussi bienvenue que l’atténuation des souffrances des Gazaouites, a-t-il poursuivi. Appelant à la mise en œuvre complète de la résolution 2712 (2023), il a salué l’augmentation importante du volume d’aide humanitaire acheminé vers l’enclave palestinienne. N’oublions pas pour autant les massacres et exécutions atroces du 7 octobre, que le Hamas avait planifié avec soin, a-t-il nuancé.
À Gaza, les maladies et l’absence de médicaments pourraient tuer encore bien plus de personnes que les bombardements, s’est alarmé le représentant qui a dit attendre d’Israël qu’il accorde autant d’efforts à la protection des civils innocents qu’à la destruction du Hamas. Selon lui, le peuple palestinien accuse un déficit de développement du fait du Hamas, qui a affecté toutes ses ressources à ses objectifs de guerre, et présente la terreur comme une victoire. Que les Palestiniens ne s’y trompent pas: quel que soit la légitimité de leurs frustrations, le Hamas ne servira pas leurs intérêts, a mis en garde le délégué. Ce groupe souhaitant la destruction d’Israël, sa politique ne permettra jamais de sortir du tunnel, et ce, aux dépens des Palestiniens qui, a-t-il ajouté, méritent un État, autant que les Israéliens méritent la sécurité. Il a appelé à un projet politique sérieux, assorti de marges de négociations, « faute de quoi, le cauchemar d’aujourd’hui deviendra la norme de demain ».
Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a qualifié d’« évolution bienvenue », la prolongation de la trêve pour deux jours supplémentaires, avant d’appeler les parties à continuer de s’appuyer sur ces mesures. Elle a aussi qualifié la situation humanitaire à Gaza de catastrophique et intenable. Or, a-t-elle poursuivi, la trêve a clairement montré que la cessation des hostilités est le seul moyen de garantir la protection des civils et d’assurer la distribution de l’aide humanitaire. Elle a appelé de toute urgence l’ensemble des parties à assurer la protection des civils et des travailleurs humanitaires, conformément au droit international et au droit international humanitaire.
Poursuivant, la représentante a engagé les parties à appeler à la désescalade et à faire preuve de la plus grande retenue. Une conflagration régionale doit être évité à tout prix, a-t-elle plaidé, jugeant impératif de réfléchir à une base crédible pour une paix future. Elle a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur d’une solution à deux États le long des frontières d’avant 1967, répondant aux aspirations légitimes des deux parties, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et paramètres convenus au niveau international.
M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a salué la mémoire des membres du personnel de l’ONU qui ont perdu la vie ces dernières semaines dans la bande de Gaza. Déplorant des milliers de pertes civiles « inacceptables », il a également exprimé sa solidarité avec Israël et a estimé que cet État avait le droit de se défendre dans le cadre du droit international humanitaire. Il a ajouté que le Hamas, dont l’attaque sanglante en Israël a déclenché ce conflit, ne représente pas le peuple palestinien. Après avoir salué la libération d’otages et l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, il s’est félicité de la pause humanitaire en cours, y voyant une première étape porteuse d’espoir. Chaque jour sans hostilité représente une opportunité de dialogue pour faire taire les armes, a‑t‑il poursuivi, avant de préconiser une prorogation de la trêve.
Le représentant a insisté sur la nécessité d’un volume et d’une fréquence adaptés de l’aide humanitaire, jugeant essentiel qu’un cessez-le-feu pérenne soit instauré dans ce but. Il a également appelé au respect des résolutions du Conseil de sécurité, à commencer par la résolution 2712 (2023) qui exige une pause humanitaire dans le conflit. Il a par ailleurs souligné l’importance de mettre en œuvre la résolution 2334 (2016) qui exhorte Israël à mettre un terme à ses activités de colonisation. « Chaque mesure qui entrave la viabilité de la solution des deux États contribue à perpétuer le conflit », a‑t‑il souligné. À cette aune, il a invité les parties à faire preuve de retenue et à éviter la propagation du conflit à d’autres zones, particulièrement à la frontière entre Israël et le Liban.
M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) s’est félicité de la trêve de quatre jours, prolongée de deux jours, qui permet à l’aide humanitaire d’atteindre les populations les plus vulnérables dans la bande de Gaza. Reconnaissant toutefois que la situation reste préoccupante, il a exhorté toutes les parties à poursuivre les discussions pour trouver des solutions durables en faveur de la paix et de la sécurité. Tant les Israéliens que les Palestiniens devraient considérer les récents développements, en particulier la pause humanitaire, comme un point de départ vers une solution plus cohérente et durable qui mette fin à la guerre, a-t-il fait valoir, non sans rappeler que la protection des civils dans les situations de conflit est obligatoire, conformément au droit international humanitaire.
Face à la gravité de la situation, le représentant s’est prononcé pour une mise en œuvre urgente de la résolution 2712 (2023) du Conseil de sécurité et a jugé indispensable d’intensifier l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza. Il a estimé que la solution des deux États reste pertinente pour une paix durable dans la région, ce qui exige de redoubler d’efforts pour atteindre cet objectif, conformément aux résolutions 242 (1967) et 2334 (2016) du Conseil de sécurité. Celui-ci et la communauté internationale dans son ensemble ont un rôle déterminant à jouer pour mettre fin à ce conflit, a-t-il conclu.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a dit que la trêve en cours doit être durable et soutenue, et qu’elle doit mener à un cessez-le-feu. Il s’est réjoui que trois enfants otages français aient été libérés lundi ainsi que d’autres otages, appelant à la libération « immédiate, sans exception et sans condition » de tous les otages. Rappelant sa condamnation des attaques terroristes perpétrées le 7 octobre contre Israël par le Hamas et par d’autres groupes terroristes, il a appelé le Conseil à en faire autant sans plus de délais et sans ambiguïté. Le délégué a affirmé qu’Israël a le droit de se défendre et le devoir de le faire dans le strict respect du droit international humanitaire. Il a aussi appelé à protéger les populations et les infrastructures civiles. Le délégué a estimé que malgré l’augmentation de l’aide acheminée à Gaza grâce à la trêve, cette aide demeure insuffisante face à l’ampleur des besoins, et d’autres points de passage doivent être ouverts. Il a indiqué que, depuis le 7 octobre, la France a déployé plus de cent tonnes de fret humanitaire, qu’elle a porté le niveau de son soutien à 100 millions d’euros, dont 54 pour l’UNRWA, et qu’elle assure le suivi de la Conférence internationale humanitaire du 9 novembre à Paris. Le délégué a ajouté que le navire hôpital Dixmude soigne depuis hier les premiers blessés palestiniens à Al Arich. Il a appelé à la mise en œuvre immédiate de la résolution 2712.
Concernant la Cisjordanie, il s’est dit préoccupé par l’ampleur des violences perpétrées par des colons contre la population palestinienne, déplorant la mort de nombreux civils et le départ contraint de plusieurs communautés en zone C. La France condamne ces attaques et réitère sa demande aux autorités israéliennes de prendre des mesures pour les faire cesser immédiatement et punir leurs auteurs, a-t-il dit, en réitérant son engagement pour éviter une extension du conflit. Il a appelé à faire passer des « messages fermes » à ceux qui voudraient tirer profit de la situation, estimant que le Conseil de sécurité devait empêcher une escalade régionale. Il a appelé à assurer la sécurité des Casques bleus de la FINUL, de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) et de l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), dont l’action contribue à éviter un embrasement régional, se disant préoccupé par les récents tirs ayant touché la FINUL. Il a également appelé à relancer un processus de paix « crédible et sérieux », sur la base de la solution des deux États, objectif pour lequel la France est mobilisée, a-t-il précisé, rappelant que le Président de la République avait reçu le groupe de contact Ligue des États arabes (LEA)/Organisation de la coopération islamique (OCI) pour Gaza le 22 novembre à Paris.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a critiqué le « deux poids, deux mesures » des délégations occidentales, avant de « poser les questions qui fâchent ». Combien de fois ont-elles demandé des réunions sur l’Ukraine? Deux fois par mois, a-t-il lui-même répondu. Combien de fois l’ont-elles fait sur la question du Moyen-Orient? Zéro, a-t-il encore répondu. Il leur a également reproché leur « inquiétude hypocrite » au sujet des enfants ukrainiens. « Et les enfants palestiniens, alors? », a-t-il lancé, rappelant qu’en seulement un mois d’escalade, plus d’enfants sont morts à Gaza que dans tous les conflits des dernières années réunis. « Où en sont vos demandes de mandat d’arrêt à la Cour pénale internationale et vos efforts pour créer des commissions d’enquête et des tribunaux diversifiés? » Il s’est par ailleurs interrogé sur l’intérêt que portent les pays occidentaux aux femmes, alors que des Palestiniennes doivent accoucher dans des conditions insalubres, sous les bombardements israéliens, et subir des interventions de chirurgie abdominale sans anesthésie ni médicament. Les délégations occidentales au Conseil préfèrent garder un silence timide sur cette question, a-t-il observé.
Le représentant a ensuite fait allusion à l’accord ayant permis une pause humanitaire et la libération d’otages contre la remise de prisonniers palestiniens. Ces mesures sont le résultat d’un accord entre acteurs régionaux et n’ont rien à voir avec la décision du Conseil de sécurité, a-t-il affirmé, ajoutant que, même si cet accord offre une lueur d’espoir, il n’est ni durable ni global. Il n’a, par exemple, pas permis aux Palestiniens de retourner dans le nord de l’enclave et ne couvre pas la Syrie et le Liban. Par conséquent, la question principale demeure: qu’est-ce qui attend Gaza et les autres territoires palestiniens occupés demain, a-t-il demandé. Selon lui, il existe un risque élevé qu’en l’absence d’une décision claire et vérifiable du Conseil de sécurité sur un cessez-le-feu, ce court « répit » soit suivi d’une nouvelle vague de violence.
S’agissant de la résolution 2712 (2023), le représentant a dit espérer, comme le prescrit la résolution elle-même, que le Secrétaire général présentera, dès que possible, des propositions sur des options spécifiques visant à organiser un suivi de sa mise en œuvre. Une option pourrait consister à élargir le mandat de l’Organisme des Nations Unies chargé de superviser la trêve (ONUST), a-t-il avancé, relevant que cette mission compte plus de 200 observateurs militaires, dont le nombre peut être augmenté et qui peuvent être déployés sous réserve d’une augmentation appropriée des moyens. Nous exigeons que le Secrétaire général travaille sur cette option ou propose une alternative, a conclu le représentant.
M. MOHAMMED BIN ABDULRAHMAN BIN JASSIM AL-THANI, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Qatar, a déclaré que le peuple palestinien a connu l’enfer ces dernières semaines et que le Conseil de sécurité est parfaitement informé des violations flagrantes perpétrées au cours du conflit. Le Qatar a veillé pour sa part, depuis le tout début de la crise, à la coordination avec les pays islamiques et arabes et avec plusieurs États Membres de l’ONU ayant abouti à l’adoption de la résolution 2712 visant à la libération des otages et à l’accroissement des efforts humanitaires. La semaine dernière, les efforts diplomatiques inlassables ainsi déployés ont abouti à la prolongation de l’accord de pause humanitaire, a-t-il salué, avec la libération de 19 otages et de plus de 210 femmes et enfants détenus palestiniens dans les prisons israéliennes. Il a décrit les étapes de la coordination avec les Présidents égyptien et américain en vue de la prolongation des pauses humanitaires pour la libération d’otages et de prisonniers en Israël. Il a espéré que cela mènera à des « discussions sérieuses » pour relancer le processus politique, mettre fin aux souffrances du peuple palestinien et parvenir à une solution au conflit israélo-palestinien conforme aux aspirations des Palestiniens. Dans l’intervalle, et outre la mise en œuvre de la résolution 2712, « première avancée dans le bon sens », il a invité le Conseil à prendre d’autres mesures pour garantir un cessez-le-feu pérenne pour un accès humanitaire « sans aucun obstacle » par le biais, en particulier, d’un mécanisme de surveillance de mise en œuvre permettant l’afflux de l’aide humanitaire à tous les points de passage.
D’un autre côté, il a exhorté la Puissance occupante au respect de ses obligations internationales. Le Premier Ministre qatarien a demandé que la justice internationale s’applique sans faire du « deux poids, deux mesures », sans traitement préférentiel pour qui que ce soit, dénonçant la pratique du « deux poids, deux mesures » de la communauté internationale en ce qui concerne le carnage et les crimes perpétrés contre la population et les infrastructures civiles palestiniennes, et des équipes humanitaires. Cette pratique constitue une tache indélébile pour la conscience de l’humanité, a-t-il lancé. Il a ensuite invité le système multilatéral à agir résolument, les violences actuelles devant obliger le Conseil à prendre de véritables mesures en vue d’une paix exhaustive. Il a souligné que toutes tentatives de blocage ou de détournement d’une action directe ne feront qu’aboutir à une escalade et sont vouées à l’échec car le peuple palestinien va continuer d’exister. Il ne renoncera jamais à l’autodétermination, a-t-il insisté. Plutôt que de proférer des mensonges contre les États arabes, il vaudrait mieux revenir aux textes en se demandant où est cet accord de paix prétendument rejeté par le monde arabe. Il a répété que la bande de Gaza est partie intégrale des territoires palestiniens occupés et que, seul le peuple palestinien, a son mot à dire sur cette question. La solution des deux États est la seule viable, a-t-il conclu, avec la jouissance par le peuple palestinien de tous ses droits.
M. SAMEH HASSAN SHOUKRY SELIM, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a condamné les attaques contre les civils palestiniens à Gaza, déplorant une destruction sans précédent avec plus de 15 000 victimes, dont 6 000 enfants, ainsi que la destruction de plus de la moitié des bâtiments résidentiels et le déplacement des deux tiers de la population. Il a semoncé un certain nombre d’États qui se contentent d’appeler au respect du droit international humanitaire sans en dénoncer les violations par Israël, estimant que de telles interpellations restent sans réponse. Selon lui, la légitime défense ne saurait être évoquée au regard du droit international.
L’opération lancée ces dernières semaines répond à une politique délibérée visant à tuer, s’est-il indigné, dénonçant notamment la prise pour cible des immeubles résidentiels. Déplacements forcés, colonisation et exécutions extra-judiciaires sont perpétrées dans l’indifférence générale, a-t-il poursuivi, soulignant que les mêmes exactions ont lieu en Cisjordanie avec les violences des colons et les incursions militaires. Les prisonniers palestiniens, femmes et enfants, emprisonnés sans procès par Israël, sont aussi des otages détenus par une Puissance occupante, a-t-il considéré.
Le représentant a réitéré le rejet de son pays face à toute tentative de liquider la cause palestinienne en déplaçant son peuple. À ce titre, il a exhorté la communauté internationale à résister à des pratiques susceptibles d’aboutir à une telle situation. Rappelant que son pays a facilité la trêve entre Israël et le Hamas, avec le Qatar et les États-Unis, il a demandé au Conseil de sécurité d’appuyer ces efforts, mais aussi de faire en sorte que les responsables rendent des comptes. Son pays, a-t-il encore indiqué, a déposé au Conseil un projet de résolution apolitique, qui ne viserait qu’à l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza. Il a donc demandé aux membres du Conseil de lui apporter leur soutien.
M. FAISAL BIN FARHAN A.F. AL FURHAN AL-SAUD, Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, a estimé que le nombre de victimes civiles à Gaza a atteint 14 000 morts, dont 67% sont des femmes et des enfants, et que les personnes déplacées atteignent un million et demi en raison de l’escalade militaire menée par Israël, en violation de la Charte des Nations Unies et des résolutions internationales. Il a déploré l’absence de mécanismes internationaux de reddition des comptes, ainsi que l’incapacité du Conseil à prendre des mesures dissuasives. Pour y remédier, le Ministre a rappelé avoir organisé un sommet à Riyad, le 11 novembre 2023, en présence des dirigeants des États membres de la Ligue des États arabes et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) qui a souligné la volonté des peuples arabes à faire cesser ces violations, à mettre fin à l’effusion de sang, à délivrer une aide sans restriction et à surmonter la crise. « Notre message est clair et unifié, nous demandons un cessez-le-feu immédiat et permanent qui établit un processus de paix sérieux et crédible. » Il a salué la trêve humanitaire obtenue grâce aux efforts du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis. Mais ce n’est qu’une première étape, a-t-il déclaré, il faut aussi libérer les prisonniers, permettre le retour des déplacés et leur apporter une aide adéquate. De plus, l’aide fournie doit l’être de manière continue et durable, a-t-il demandé, en plaidant pour que la résolution 2712 (2023) soit mise en œuvre pleinement. Et si l’escalade militaire devait reprendre après cette trêve, ce serait honteux, a-t-il déclaré.
Le Ministre s’est ensuite demandé où est le plan de paix israélien et où est la reconnaissance israélienne de l’État de Palestine? « L’heure est venue de respecter les résolutions du Conseil de sécurité. » Il a appelé à la création d’un État palestinien indépendant et à l’obtention d’un statut de membre à part entière des Nations Unies pour la Palestine. En outre, il a renouvelé son appel pour la tenue d’une conférence internationale de paix, sous les auspices des Nations Unies.
M. AYMAN SAFADI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, a rappelé qu’il y a 33 jours, son pays et d’autres avaient demandé au Conseil de sécurité d’adopter une résolution afin de mettre un terme à « l’agression israélienne » contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza. En l’absence de cette résolution, « l’agression est devenue plus barbare, plus féroce et plus meurtrière », a-t-il déploré, estimant qu’Israël a utilisé le silence du Conseil comme une « couverture de ses crimes ». Bien qu’une résolution ait finalement pu être adoptée à la mi-novembre, le Ministre a accusé Israël d’avoir « volé » la vie de 3 750 enfants palestiniens depuis la séance du Conseil du 25 octobre, portant le bilan total de son agression à 6 150 enfants tués, sans prendre en compte ceux qui sont encore sous les décombres, et les 101 enfants tués en Cisjordanie depuis le 7 octobre. Il a ajouté que certains enfants ont été tués par l’utilisation de phosphore blanc, et d’autres, par la privation de médicaments dont Israël est responsable.
Relevant que le droit international stipule noir sur blanc qu’une puissance occupante n’a pas la possibilité d’invoquer la légitime défense, le Ministre a rappelé qu’Israël a fauché par vengeance la vie de 15 000 Palestiniens de Gaza, tout en ne laissant entrer dans l’enclave que 4 775 camions d’aide en 38 jours, soit l’équivalent de seulement trois jours et demi du trafic en temps normal. Il a dénoncé un carnage qui ravive le racisme d’Israéliens qui ont l’habitude de nier l’humanité, même des Palestiniens, et appellent, depuis des positions ministérielles et parlementaires, à la mort et au déplacement des Palestiniens. Selon lui, ceux qui veulent assurer la sécurité de leur peuple n’occupent pas le territoire d’autres peuples, ne protègent pas le « terrorisme des colons » et ne détiennent pas des enfants sans procès. De fait, a-t-il constaté, l’occupation est la cause du conflit, et la paix ne pourra être atteinte qu’en y mettant un terme.
Le Ministre a, d’autre part, estimé que qualifier ce conflit de religieux est mensonger; cette présentation étant, selon lui, « l’arme de ceux qui n’ont pas d’argument ». Il a également dénoncé les attaques contre le Secrétaire général de l’ONU, et ceux qui s’opposent au blocus de Gaza et aux violations du droit international. Rappelant l’Initiative de paix arabe de 2022, M. Safadi a noté qu’Israël n’a rien fait en ce sens et a poursuivi son occupation. Il a enfin appelé le Conseil de sécurité à exiger un cessez-le-feu, puis à adopter une résolution sur la base de la solution des deux États, assortie d’un calendrier d’application et de dispositions pour mettre un terme aux actes d’occupation « unilatéraux et illégaux » d’Israël, faute de quoi le conflit se poursuivra. « L’occupation et la paix ne peuvent coexister », a-t-il martelé en conclusion.
M. HAKAN FIDAN, Ministre des affaires étrangères de la Türkiye, a qualifié l’attaque brutale d’Israël contre Gaza de crime de guerre, appelant tous les États Membres à s’en désolidariser. Le Conseil de sécurité, qui a pourtant un mandat pour agir, n’a même pas pu rectifier l’injustice historique infligée au peuple palestinien depuis des décennies, a ainsi déploré le Ministre. Cet échec ne fait qu’amoindrir sa crédibilité au niveau mondial, a-t-il ajouté, notant que la situation à Gaza risque de provoquer des bouleversements sociaux dans de nombreux pays. Le Conseil de sécurité doit, notamment, permettre un cessez-le-feu et un acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, a plaidé le Ministre, qui perçoit dans les échanges de prisonniers et la prorogation de la trêve des « lueurs d’espoir ».
Il a appelé les États Membres à appuyer un processus de paix établi sur la base de la solution des deux États, avant de mettre en avant le mécanisme de garantie proposé par son pays pour prévenir toute violation par les parties. Ce mécanisme pourrait être intégré au processus amenant à un accord final entre Israéliens et Palestiniens, a-t-il espéré.
Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a dit vouloir « être du bon côté de l’Histoire » en défendant les droits du peuple palestinien et des Gazaouites. Quand ces atrocités cesseront-elles? a-t-elle demandé, rappelant la grande responsabilité du Conseil de sécurité en matière de paix. La Ministre a qualifié de « lueur d’espoir » la pause humanitaire, tout en soulignant son caractère précaire, compte tenu des déclarations du Premier Ministre israélien qui a déjà annoncé la reprise des bombardements sur Gaza, dès la fin de la trêve. « Je ne comprends pas cette déclaration », a-t-elle dit, appelant le Conseil de sécurité à faire quelque chose pour que cette guerre prenne fin et que l’aide humanitaire parvienne à la population. Elle a alors souligné l’importance d’un cessez-le-feu pour mettre fin aux hostilités. N’oublions pas que le peuple palestinien a des droits, il a droit à un État sur la base de la solution des deux États, a-t-elle rappelé.
Mme TANJA FAJON, Vice-Première Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes de la Slovénie, a indiqué s’être rendue la semaine dernière en Israël, en Palestine, en Jordanie et en Égypte avec son homologue portugais. Reconnaissant l’émotion considérable que suscite le conflit actuel, elle a appelé à laisser la place à une diplomatie menant à une solution politique. Dans ce cadre, l’ONU et le Conseil de sécurité devraient jouer un rôle clef, a-t-elle soutenu, avant de plaider pour un cessez-le-feu permanent. Les habitants de Gaza vivent des horreurs indescriptibles, a souligné la Ministre, qui s’est déclarée troublée par le blocus de ce territoire palestinien et le manque de produits de première nécessité. Rappelant la déclaration publiée hier par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), elle s’est alarmée de la situation sanitaire sur le terrain et a souhaité que davantage de points de passage soient ouverts pour répondre aux besoins de la population. Elle a ajouté que son pays est prêt à jouer un rôle actif dans la réadaptation psychosociale des enfants de Gaza.
Après avoir exprimé sa consternation face aux attaques menées contre des civils et contre des écoles, des hôpitaux, des installations des Nations Unies et d’autres biens civils, elle a dénoncé des violations flagrantes du droit international humanitaire. « Même les guerres ont des règles », a-t-elle rappelé, saluant l’accord sur la libération d’otages et de prisonniers, ainsi que la pause humanitaire en cours et les efforts déployés par le Qatar, l’Égypte et les États-Unis pour y parvenir. Tout en affirmant comprendre la douleur et la vulnérabilité d’Israël suite à l’attaque terroriste brutale du Hamas, le 7 octobre, la Ministre s’est dite profondément préoccupée par l’impact de cette guerre sur les enfants de Gaza et par l’escalade en Cisjordanie et dans le sud du Liban. Elle a dit craindre que cette crise ait des implications futures plus larges, notamment une prolifération de l’extrémisme. Alors que 30 ans se sont écoulés depuis la signature des Accords d’Oslo et que la situation ne fait qu’empirer, elle a réitéré son soutien à la convocation d’une conférence internationale de paix afin de convenir d’un plan de paix conduisant à une solution à deux États. La seule garantie de la sûreté et de la sécurité des Israéliens est la reconnaissance de l’État palestinien, a-t-elle conclu.
M. ZAMBRY ABDUL KADIR, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a salué l’adoption de la résolution 2712 (2023) du Conseil de sécurité, y voyant une percée en vue de remédier à la crise humanitaire à Gaza. À cet égard, il s’est félicité de la prolongation de la pause humanitaire en cours, tout en jugeant qu’elle ne constitue en rien une solution mais, tout au plus, l’amorce d’un processus de paix. Il a également déploré que plus de sept semaines se soient écoulées avant la prise de ces mesures, pendant lesquelles 15 000 personnes ont été tuées, dont 6 000 enfants. Dans ces conditions, le représentant a appelé le Conseil de sécurité à entendre « le cri des citoyens du monde », qui exigent un cessez-le-feu. Il a souligné que cet appel a été relayé sans équivoque par l’écrasante majorité des États Membres, mais aussi par les agences spécialisées et le Secrétaire général de l’ONU. Il s’agit de garantir un accès humanitaire sans entrave à Gaza, ainsi que l’acheminement d’eau et de carburant dans tout le territoire, a-t-il rappelé.
Le Ministre a ensuite condamné les déplacements forcés de Palestiniens et s’est dit préoccupé par l’intention d’Israël d’instaurer unilatéralement des zones de sécurité. La seule solution à la crise est d’accorder au peuple palestinien son droit inaliénable à l’autodétermination, a-t-il fait valoir, exhortant le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités et à prendre les mesures nécessaires pour que la solution des deux États devienne une réalité. Le Conseil de sécurité a trop souvent abandonné les Palestiniens, a-t-il regretté, ajoutant qu’il est temps désormais de « rectifier ce tort historique ».
M. AHMED ABOUL GHEIT, Secrétaire général de la Ligue des États arabes, a averti que chaque jour, où l'agression contre Gaza se poursuit, éloigne d’une paix pérenne car ces agissements « sèment la rage » au sein de la population palestinienne. « Comment apaiser la haine face à ce degré de violence inouïe? » Selon lui, le coût de ce massacre n’est pas uniquement payé par les civils palestiniens, notamment les enfants et les femmes. « Ce coût, nous le paierons tous », a‑t‑il prévenu. En conséquence, il importe selon lui d’aider la population de Gaza à retrouver une vie normale. Le Conseil de sécurité a la responsabilité d’agir pour établir la paix et la stabilité alors que les Palestiniens reviennent dans leurs maisons détruites dans le nord de l’enclave, où la vie est devenue impossible, a souligné M. Aboul Gheit. Décrivant un paysage de désolation, il a estimé qu’une assistance humanitaire durable pourrait faire la différence, d’autant qu’elle est nettement insuffisante à l’heure actuelle. Alors que le risque est grand de voir se propager la famine et les maladies, il a appelé à l’établissement d’un mécanisme rapide afin d’éviter une catastrophe de grande ampleur.
Invitant les membres du Conseil à se tourner vers l’avenir, il leur a demandé de mener une réflexion sur l’horizon politique, qui consisterait en la création d’un État palestinien indépendant dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. Rappelant que les solutions sécuritaires ont systématiquement échoué par le passé, il a insisté sur les paramètres connus de la solution des deux États, dont le principe, adopté il y a plus de 30 ans, constitue l’essence même de l’Initiative de paix arabe, laquelle n’est refusée que par un seul État: Israël. La mise en œuvre de cette solution dépendra, selon lui, d’un règlement politique, pour faire cesser la politique d’apartheid d’Israël, mais aussi de la volonté exprimée par la communauté internationale.
La guerre actuelle contre le peuple palestinien à Gaza fournit une occasion à ne pas rater, a encore affirmé le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, qui a encouragé la convocation d’une conférence internationale de paix, avec un cadre et un échéancier visant à mettre fin à la « dernière occupation militaire coloniale sur Terre ». En l’absence d’un tel règlement, a‑t‑il prévenu, « on assistera à une sixième, septième et huitième guerre jusqu’à la fin des temps ». Il a aussi évoqué les voix des peuples qui s’élèvent de par le monde, ainsi que la colère et la déception, notamment des peuples arabes et musulmans vis-à-vis de ceux qui parlent de valeurs et de morale et qui « retournent leur veste au fil de l’évolution des circonstances ». À ses yeux, le rétablissement de la confiance dans les règles internationales s’avère plus que jamais nécessaire pour éviter à l’avenir les conséquences de cette colère, qui trouve son expression dans l’extrémisme. M. Aboul Gheit a enfin invité la communauté internationale à condamner le massacre de civils d’une façon qui ne soit ni partiale ni sélective, et a jugé que le Conseil a un rôle fondamental à jouer à ce sujet.