Conflit au Moyen-Orient: Gaza est devenu « l’endroit le plus dangereux au monde pour les enfants » et un cauchemar pour les femmes enceintes
Réuni ce matin sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, le Conseil de sécurité a notamment examiné, à la demande de Malte et des Émirats arabes unis, l’impact disproportionné sur les femmes et les enfants de Gaza du conflit qui oppose Israël au Hamas depuis le 7 octobre 2023. À ce titre, les membres du Conseil ont entendu les exposés des responsables de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).
Cette réunion a également été l’occasion pour les délégations de saluer l’annonce faite hier par le Gouvernement israélien de la libération prochaine de 50 femmes et enfants otages détenus par le Hamas, en échange de la libération de 150 femmes et enfants prisonniers palestiniens, et d’une pause humanitaire jugée par tous « indispensable ». Non seulement le nombre de civils tués depuis le 7 octobre est le double de celui des 15 dernières années combinées, mais on estime désormais que 67% des plus de 14 000 personnes tuées à Gaza sont des femmes et des enfants. « Cela fait deux mères tuées toutes les heures et sept femmes toutes les deux heures », a asséné Mme Sima Sami Bahous, Directrice exécutive d’ONU-Femmes.
« Plus de 5 300 enfants palestiniens auraient été tués en seulement 46 jours, soit plus de 115 par jour, tous les jours, pendant des semaines et des semaines », a abondé Mme Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF. Sur la base de ces chiffres, les enfants représentent 40% des décès à Gaza, une situation « sans précédent ». En d’autres termes, la bande de Gaza est « l’endroit le plus dangereux au monde pour les enfants », a-t-elle souligné, ajoutant que plus de 1 200 enfants se trouveraient toujours sous les décombres des bâtiments bombardés.
Cela fait en outre une semaine que le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2712 (2023), un texte qui reconnaît l’impact disproportionné de la guerre entre Israël et le Hamas sur les enfants, en exigeant que les parties au conflit accordent aux enfants la protection spéciale à laquelle ils ont droit en vertu du droit international. Cette résolution appelle à des pauses humanitaires prolongées et à des couloirs à Gaza, a rappelé Mme Russell, en espérant, comme l’ensemble des délégations, qu’elle sera mise en œuvre « de toute urgence », afin que les partenaires humanitaires soient en mesure de venir en aide aux civils. Plus d’une centaine d’employés de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) ont également péri dans ce conflit.
Chaque jour, 180 femmes accouchent à Gaza sans eau, sans analgésiques, sans anesthésie pour les césariennes, sans électricité pour les incubateurs et sans fournitures médicales, a encore rapporté Mme Bahous. « Cette situation devrait faire honte à tous ». Par ailleurs, en Cisjordanie, où la violence des colons est en hausse et où des familles ont été déplacées, plus de 70 000 femmes sont enceintes et 8 000 devraient accoucher au cours du mois prochain, s’est alarmée Mme Natalia Kanem, Directrice exécutive du FNUAP. S’agissant du sort des enfants en Israël et en Cisjordanie, la Directrice générale de l’UNICEF a indiqué que, depuis le 7 octobre, 35 enfants israéliens auraient été tués, tandis que plus de 30 sont retenus otages à Gaza. Au cours des six dernières semaines, 56 enfants palestiniens ont été tués en Cisjordanie, tandis que des dizaines d’autres ont été déplacés.
Dénonçant la normalisation des discours de haine, la « déshumanisation de l’autre », tant en ligne qu’hors ligne, les Émirats arabes unis se sont alarmés de la montée de l’islamophobie et de l’antisémitisme à travers le monde. Leur représentante a souhaité que la pause prévue de quatre jours puisse être prolongée pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire vitale aux Palestiniens de Gaza et le retour en toute sécurité des otages restants. Malte a fustigé les attaques du Hamas et son utilisation de civils comme « boucliers humains », exhortant le groupe à libérer tous ses otages. Les hommes, femmes et enfants israéliens sont également contraints à des déplacements et victimes de traumatismes psychologiques, a‑t‑elle rappelé. Si elle a reconnu le droit d’Israël à se défendre, elle l’a néanmoins appelé à cesser les attaques contre les civils palestiniens.
« Dix minutes sans bombardement équivalent à sauver la vie d’un enfant », a déclaré l’Observateur permanent de l’État de Palestine, qui a toutefois prévenu que la reprise du « massacre » minerait tous les objectifs de l’accord qui doit permettre la libération de plusieurs otages dans les prochains jours. Le Premier Ministre israélien et son gouvernement se sont engagés en vue d’une pause pour faciliter la mise en œuvre de cet accord et permettre aux civils palestiniens de se rendre dans des endroits plus sûrs, a tenté de rassurer la représentante des États-Unis. Il ne faut pas oublier les horreurs commises par le Hamas, a‑t‑elle ensuite lancé à l’endroit de ceux qui « ne sont pas près de les condamner ». « C’est une honte et une insulte aux victimes », a‑t‑elle martelé. À son tour, la France a appelé le Conseil de sécurité à condamner « sans ambiguïté » les attaques terroristes perpétrées par le Hamas.
Selon le représentant israélien, l’accord conclu hier est la preuve qu’Israël peut faire preuve de bonne volonté. Mais l’heure est venue pour le Conseil de sécurité de « dire la vérité », à savoir que « le Hamas est le seul responsable de la situation », a-t-il dit. Les exposés de ce matin ont mis l’accent sur les femmes et les enfants, « oubliant que tout a commencé par le viol et le meurtre de femmes et d’enfants israéliens », a déploré le représentant. « Où étaient l’ONU et l’UNICEF ces 10 dernières années, quand le Hamas transformait des hôpitaux et des écoles en caches d’armes? » Plus de 46 jours se sont écoulés après ces viols, mais ils n’ont toujours pas été condamnés par ONU-Femmes, s’est-il indigné, avant de s’exclamer: « Honte à vous, ONU-Femmes », suscitant un rappel à l’ordre du Président du Conseil.
« Vous privez 2,3 millions de personnes des moyens de leur survie et vous prétendez leur donner le choix », a poursuivi l’Observateur permanent palestinien, s’adressant à Israël. « Plus jamais d’exode, plus de report, la Nakba doit cesser », a‑t‑il martelé, insistant sur le fait que le déni des droits légitimes des Palestiniens ne garantira jamais la sécurité d’Israël. « Nous avons entendu des déclarations sur des postes de commandement du Hamas et des bunkers qui s’y trouveraient, mais je n’ai pas encore vu de preuve convaincante », a dit la Fédération de Russie. Notant que plus d’enfants sont morts à Gaza en un mois que dans tous les conflits de ces dernières années, le délégué russe a voulu inviter la communauté internationale à se concentrer sur la relance du processus de paix et a proposé à cette fin la formation d’un « mécanisme diplomatique collectif ».
Saluant à son tour le rôle de l’Égypte et du Qatar dans l’accord relatif à la libération de plusieurs otages, qui peut enclencher un « cycle positif » de l’avis de la France et de la plupart des délégations, la Chine a espéré que ce processus ouvrira la voie au dialogue. Elle a invité le Conseil de sécurité à poursuivre son action, sur la base de la résolution 2712 (2023), une « source d’espoir » selon le Gabon, pour promouvoir la redynamisation du processus de paix sur la base d’une solution à deux États.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations
Mme SIMA SAMI BAHOUS, Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), a salué l’annonce de la libération prochaine de 50 otages détenus par le Hamas, tous des femmes et des enfants, en échange de la libération de 150 femmes et enfants prisonniers palestiniens, et d’une pause humanitaire indispensable. J’espère, a‑t‑elle dit, que c’est le début d’une trêve permanente et d’un soulagement durable pour la population de Gaza et tous les otages détenus par le Hamas. Mme Bahous a déclaré que « la férocité et la destruction que le peuple de Gaza est contraint de subir, sous les yeux de la communauté internationale, ont atteint une intensité jamais vue auparavant ». Avant le 7 octobre, 67% de tous les civils tués dans le territoire palestinien occupé au cours des 15 dernières années étaient des hommes, et moins de 14% étaient des femmes et des filles. Depuis cette date, ce pourcentage s’est inversé. Non seulement le nombre de civils tués depuis le 7 octobre est le double de celui des 15 dernières années combinées, mais on estime désormais que 67% des plus de 14 000 personnes tuées à Gaza sont des femmes et des enfants. « Cela fait deux mères tuées toutes les heures et sept femmes toutes les deux heures. »
Cela fait 47 jours que plus de deux millions de Palestiniens à Gaza passent chaque instant à craindre pour leur vie, à pleurer leurs morts et à vivre dans des conditions qui pourraient briser chacun d’entre nous, a poursuivi Mme Bahous. Des milliers de femmes ont perdu leur maison à Gaza, où 45% de tous les logements ont été détruits ou endommagés. Des milliers d’autres sont blessées, incapables de trouver le moindre soutien médical auprès d’un système de santé totalement détruit. Chaque jour, 180 femmes accouchent sans eau, sans analgésiques, sans anesthésie pour les césariennes, sans électricité pour les incubateurs et sans fournitures médicales, a‑t‑elle déploré, ajoutant que « cette situation devrait faire honte à tous ».
La Directrice exécutive d’ONU-femmes a indiqué qu’avant l’escalade actuelle, 650 000 femmes et filles avaient cruellement besoin d’une aide humanitaire à Gaza. Aujourd’hui, cette estimation s’élève à 1,1 million, y compris près de 800 000 femmes déplacées à l’intérieur du pays. De plus, les deux seuls refuges accueillant les femmes victimes de violence basées sur le genre à Gaza sont désormais fermés, même si les organisations dirigées par des femmes continuent d’y travailler, soumises à de graves contraintes. Elle a aussi indiqué que le plan d’intervention d’ONU-Femmes pour Gaza, en collaboration avec des partenaires dont le Programme alimentaire mondial (PAM), couvrira dans sa phase initiale une aide alimentaire et en espèces à 14 000 ménages dirigés par des femmes, soit un tiers de tous les ménages dirigés par des femmes à Gaza. Elle a donc encouragé tous les donateurs à augmenter leurs contributions, y compris à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) qui, selon elle, reste « la seule bouée de sauvetage pour des milliers de Palestiniens ».
Mme Bahous a dit avoir entendu les appels à la fin de l’occupation et à des progrès vers une solution pacifique à deux États. Je pense ne pas être seule à considérer que c’est l’un des moments les plus sombres pour la communauté internationale, pour la paix et la sécurité, a‑t‑elle témoigné. Mais c’est précisément dans des moments comme celui-ci que le multilatéralisme revêt toute son importance, alors que les mécanismes de justice internationale font l’objet d’une résistance active et que la répression croissante contre les femmes et les filles et leurs droits prend de l’ampleur. « Je vous exhorte à inclure les voix des femmes palestiniennes et israéliennes qui œuvrent pour la paix, à reconnaître leur leadership et à appeler à leur participation significative à tout effort de négociation. » Cette crise doit être un signal d’alarme pour notre système multilatéral, a‑t‑elle insisté. Le monde attend de nous que nous modelions ses idéaux les plus élevés, et non que nous reflétions ses plus grands échecs, a‑t‑elle conclu.
S’exprimant par visioconférence, Mme CATHERINE F. RUSSELL, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a commencé par remercier le Conseil de sécurité pour l’adoption de la résolution 2712 (2023), un texte qui reconnaît, selon elle, l’impact disproportionné de la guerre entre Israël et le Hamas sur les enfants, en exigeant que les parties au conflit accordent aux enfants la protection spéciale à laquelle ils ont droit en vertu du droit international. Cette résolution appelle à des pauses humanitaires prolongées et à des couloirs à Gaza, a‑t‑elle relevé, en espérant qu’elle sera mise en œuvre « de toute urgence », afin que les partenaires humanitaires soient en mesure de venir en aide aux civils, en particulier aux enfants. L’UNICEF se félicite également de l’accord de cessez-le-feu limité, a ajouté Mme Russell en expliquant que son agence est en mesure d’intensifier rapidement l’acheminement de l’aide humanitaire dont Gaza a désespérément besoin, à condition de disposer de davantage de ressources pour « répondre aux besoins toujours croissants ». Elle a toutefois estimé que ces mesures sont loin d’être suffisantes: « il faut mettre fin à la guerre et cesser immédiatement de tuer et de mutiler des enfants », a‑t‑elle martelé.
S’agissant du sort des enfants en Israël et en Cisjordanie, la Directrice générale de l’UNICEF a indiqué que, depuis le 7 octobre, 35 enfants israéliens auraient été tués, tandis que plus de 30 sont retenus otages à Gaza. Assurant que l’UNICEF continuera d’appeler les parties à libérer, en toute sécurité, tous les enfants enlevés, elle a qualifié de « bienvenu » l’accord sur la libération d’otages, tout en reconnaissant que beaucoup reste à faire. Mme Russell a rappelé que, la semaine dernière, le Directeur général adjoint de l’agence s’est rendu en Israël où il a rencontré les familles des enfants otages. Elle a ajouté qu’elle comptait se rendre en personne en Israël et en Cisjordanie la semaine dernière, mais que les médecins lui avaient conseillé de reporter ces visites à la suite d’une blessure contractée dans un accident de voiture en route vers Rafah.
Au cours des six dernières semaines, 56 enfants palestiniens ont été tués, tandis que des dizaines d’autres ont été déplacés de chez eux, a poursuivi la responsable onusienne, selon laquelle 450 000 enfants en Cisjordanie ont également besoin d’une aide humanitaire. L’UNICEF et ses partenaires fournissent un soutien en matière de santé mentale et de protection, des services d’eau et d’assainissement, et un enseignement de rattrapage au profit de 280 000 enfants en Cisjordanie, a‑t‑elle indiqué. Au sujet de Gaza, elle a dit avoir rencontré des enfants, leurs familles et le personnel de l’UNICEF dans le sud du territoire. Elle a avoué être « hantée » par ce que ce qu’elle a « vu et entendu », notamment à l’occasion de sa visite à l’hôpital Nasser de Khan Younès « qui grouillait de monde ». Outre les patients et le personnel médical, cet établissement accueille des milliers de personnes déplacées internes, qui dorment sur des couvertures le long des couloirs et dans les espaces communs. La Directrice générale a évoqué le cas d’une jeune fille de 16 ans grièvement blessée dans le bombardement de son quartier et à laquelle les médecins ont dit qu’elle ne marcherait plus jamais. « Dans le service néonatal, j’ai vu de minuscules bébés s’accrocher à la vie dans des incubateurs, alors que les médecins s’inquiétaient de savoir comment ils pourraient faire fonctionner les machines sans carburant », a encore témoigné Mme Russell.
Au cours de son séjour à Khan Younès, elle s’est également entretenue avec une membre du personnel de l’UNICEF, qui, malgré la perte de 17 membres de sa propre famille élargie, « travaille héroïquement » pour fournir aux enfants et aux familles de Gaza un accès à l’eau potable et à l’assainissement. En tant que mère de quatre enfants, cette femme est l’un des innombrables parents de Gaza qui craignent constamment pour leur famille et, étant donné le « terrible tribut » que cette guerre a fait payer aux enfants de Gaza, leurs craintes sont fondées, a‑t‑elle commenté. « Plus de 5 300 enfants palestiniens auraient été tués en seulement 46 jours, soit plus de 115 par jour, tous les jours, pendant des semaines et des semaines », a insisté Mme Russell. Sur la base de ces chiffres, les enfants représentent 40% des décès à Gaza, ce qui est « sans précédent ». En d’autres termes, la bande de Gaza est « l’endroit le plus dangereux au monde pour les enfants », a‑t‑elle souligné, ajoutant que plus de 1 200 enfants se trouveraient toujours sous les décombres des bâtiments bombardés.
La Directrice générale a dit craindre pour l’avenir des enfants survivants, dont la vie va être « irrévocablement altérée » à cause d’une exposition répétée à des événements traumatisants. Alors que l’on recense plus de 1,7 million de déplacés dans la bande de Gaza, dont la moitié sont des femmes et des enfants, elle s’est inquiétée du fait qu’un nombre croissant d’enfants ont été séparés de leurs familles dans les couloirs d’évacuation vers le sud, ou ne sont pas accompagnés dans les hôpitaux où ils reçoivent des soins. Elle a par ailleurs rappelé la forte opposition de l’UNICEF à l’établissement de « zones sûres » car aucun endroit n’est sûr dans le territoire. Elle a également fait une description détaillée de la situation en termes d’hygiène, de risque de propagation de maladies, voire d’épidémies, compte tenu du fait que le pompage de l’eau, le dessalement et le traitement des eaux usées ont tous cessé de fonctionner en raison du manque de carburant, sans compter l’effondrement des services d’assainissement.
Dans ce contexte, Mme Russell a réitéré l’appel de l’UNICEF aux parties pour qu’elles respectent immédiatement et pleinement le droit international humanitaire et le droit international relatif aux droits humains, y compris les principes de nécessité, de distinction, de précaution et de proportionnalité. Elle leur a demandé d’aller au-delà de ce que la loi exige pour protéger les enfants et les infrastructures civiles dont ils dépendent; de libérer, immédiatement et sans condition, tous les otages civils détenus dans la bande de Gaza, en particulier les enfants; et de respecter la résolution 2712 (2023). « Seul un cessez-le-feu durable et un règlement politique de la question permettront d’épargner des vies d’enfants », a‑t‑elle conclu.
Mme NATALIA KANEM, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a déploré les pertes en vies humaines en Israël et dans le territoire palestinien occupé depuis le 7 octobre. Elle s’est dite préoccupée par la sécurité et le bien-être de toutes les femmes et de toutes les filles prises au piège du conflit. Le FNUAP travaille dans le Territoire palestinien occupé depuis 1986 où près des deux tiers des milliers de personnes tuées à Gaza sont des femmes et des enfants. Quelque 5 500 femmes enceintes devraient accoucher dans le mois à venir, a‑t‑elle précisé. Chaque jour, environ 180 femmes accouchent dans des conditions difficiles, d’autant plus que 15% de femmes enceintes sont confrontées à des complications obstétricales. Leur vie est en danger en raison d’un accès très limité aux soins de santé et soins obstétricaux d’urgence, a insisté Mme Kanem.
Le FNUAP, a poursuivi l’intervenante, est profondément préoccupé par le sort des plus de 7 000 femmes qui ont accouché au cours des 47 derniers jours, privées d’accès aux soins prénataux, à l’eau, à l’assainissement et à la nutrition. En outre, les femmes n’ont plus accès aux produits d’hygiène menstruelle. Le manque de nourriture et d’eau aura des effets graves sur la santé et le bien-être des femmes enceintes et allaitantes, s’est alarmée Mme Kanem. Par ailleurs, en Cisjordanie, où la violence des colons est en hausse et où des ménages ont été déplacés, plus de 70 000 femmes sont enceintes et 8 000 devraient accoucher au cours du mois prochain. Elle s’est inquiétée de la violence fondée sur le genre et de l’absence de communications qui limitent la capacité du FNUAP à fournir le soutien et les services dont les survivantes ont besoin.
Dans toute la bande de Gaza, a poursuivi la Directrice exécutive, les fournitures sanitaires s’épuisent dangereusement. « Certaines femmes enceintes ont dû subir des césariennes sans anesthésie. » Les hôpitaux, les travailleurs de la santé et les civils ne doivent jamais être pris pour cible, a exhorté Mme Kanem qui a annoncé que le FNUAP a réussi à livrer quatre camions remplis de kits de santé reproductive à Gaza. Le Fonds effectue également des transferts monétaires pour des femmes enceintes et allaitantes, des patientes atteintes d’un cancer du sein et des survivantes de violences basées sur le genre. « Toutefois, l’aide fournie à Gaza à ce jour est loin d’être suffisante pour répondre aux besoins énormes des femmes et des filles. »
En Israël, a déclaré la Directrice exécutive, les civils éprouvent une profonde douleur alors qu’ils pleurent le meurtre de 1 200 personnes. Elle a condamné l’attentat du 7 octobre et appelé à la « libération inconditionnelle de tous les otages détenus par le Hamas ». Elle a salué l’accord concernant la libération de certains otages, notamment des femmes et des enfants. Elle a aussi salué la résolution 2712 (2023) qui appelle à une pause humanitaire prolongée pour sauver et protéger les vies civiles. Mme Kanem a appelé à un cessez-le-feu immédiat. Conformément au plan en 10 points du Coordonnateur des secours d’urgence, le flux continu de l’aide humanitaire est essentiel pour les femmes et les enfants, a‑t‑elle souligné. Il faut protéger les travailleurs humanitaires à Gaza, a‑t‑elle ajouté, rappelant que plus de 100 collègues de l’UNRWA et de dizaines de travailleurs humanitaires ont été tués dans le conflit. Elle a encore demandé la libération immédiate et sans condition de tous les otages, en particulier les femmes et les filles.
Notant la célébration prochaine de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes le 25 novembre, Mme Kanem a dénoncé tous les actes de violence à l’égard des femmes et des filles, y compris les violences sexuelles. La violence doit cesser, a‑t‑elle lancé.
Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a déploré que, ces 47 derniers jours à Gaza, des enfants soient devenus orphelins, des mères aient perdu leurs enfants et des familles entières aient été totalement anéanties à la suite des bombardements aériens d’Israël. Pour la représentante, il n’est pas surprenant, dans ce contexte, que plus des deux tiers des quelque 14 000 Palestiniens tués soient des femmes et des enfants. « De ce que nous en savons, ces victimes ne sont pas complices du Hamas », a‑t‑elle fait valoir, avant de rappeler que l’attaque du 7 octobre contre Israël a également donné lieu à actes horribles contre des civils innocents. Ces actes ont été condamnés à juste titre et doivent faire l’objet d’une enquête, a souligné la déléguée, appelant également à ce que les auteurs en soient tenus pour responsables.
Dénonçant la normalisation des discours de haine, de la déshumanisation de l’autre, tant en ligne qu’hors ligne, la représentante s’est alarmée de la montée de l’islamophobie et de l’antisémitisme à travers le monde. Elle a encouragé l’intensification des efforts visant à vaincre cette vague montante de haine et a salué l’accord prévoyant la libération de 50 femmes et enfants otages retenus par le Hamas à Gaza et de femmes et enfants palestiniens détenus en Israël, ainsi qu’une pause humanitaire. Elle a souhaité que cette trêve de quatre jours puisse être prolongée pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire vitale aux Palestiniens de Gaza et le retour en toute sécurité des otages restants. La représentante a aussi évoqué la situation en Cisjordanie occupée, dénonçant les meurtres de Palestiniens par les colons extrémistes. Ces violences, qui n’épargnent pas les enfants, sont un autre indicateur des idéologies extrêmes qui sont aujourd’hui banalisées. Les déclarations de membres du Gouvernement israélien appelant au transfert forcé de la population palestinienne doivent cesser, a‑t‑elle affirmé, avant d’exhorter le Conseil à sortir de la paralysie et de l’approche fondée sur le statu quo. « Il faut mettre fin à ce conflit », a‑t‑elle résumé.
Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a rappelé avoir convoqué cette réunion avec les Émirats arabes unis pour débattre de l’impact disproportionné du conflit sur les femmes et les enfants, lesquels représentent 68% des victimes depuis le début des violences, le 7 octobre. Elle a fustigé les attaques du Hamas et son utilisation de civils comme « boucliers humains », exhortant le groupe à libérer tous ses otages. Les hommes, femmes et enfants israéliens sont également contraints à des déplacements et victimes de traumatismes psychologiques, a‑t‑elle rappelé. À ce titre, la représentante a reconnu le droit d’Israël à se défendre, l’appelant toutefois à cesser les attaques contre les civils palestiniens. Depuis le début du conflit, Gaza compte 2 000 nouveaux ménages dirigés par des femmes, dont nombre ont trouvé refuge dans les infrastructures de l’UNRWA. Elle a déploré une augmentation de la violence sexiste et des tensions communautaires, dues à la surpopulation des refuges. Dans un tel contexte, elle a souligné la situation particulièrement précaire des femmes enceintes.
La représentante a lancé un appel pour soutenir les organisations de femmes de la société civile et inclure les perspectives liées à l’égalité des sexes dans les considérations du Conseil de sécurité. Elle s’est alarmée de voir les enfants touchés de manière disproportionnée, évoquant les attaques contre les écoles ou la mort de bébés prématurés à l’hôpital Chifa. Elle s’est toutefois félicitée de l’adoption de la résolution 2712 (2023) par le Conseil de sécurité, la semaine dernière, estimant qu’elle a clairement contribué à offrir un répit aux familles et aux enfants. Enfin, la représentante a partagé ses préoccupations concernant la situation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Les incursions militaires, la violence des colons, les démolitions ou les transferts forcés de Palestiniens risquent d’ouvrir un troisième front, a‑t‑elle averti. Elle a lancé un appel pour empêcher le retour au statu quo, une fois la crise passée, estimant nécessaire de changer la trajectoire politique vers la réconciliation et la paix. Enfin, elle a réitéré l’engagement de son pays en faveur d’une solution à deux États.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a salué la tenue de la réunion du Conseil tout en insistant sur la nécessité d’inviter des représentants de la société civile. Les États-Unis auraient ainsi souhaité entendre le docteur Ruth Halperin-Kaddari qui a siégé pendant douze années au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. La représentante a salué l’annonce, hier, de la conclusion d’un accord négocié grâce au Président Biden, à l’Égypte et au Qatar pour la libération progressive des otages du Hamas. Assurant que son pays continuera à s’employer à l’obtention de la libération de « tous les otages », elle a remercié le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, et son gouvernement, qui se sont engagés en vue d’une pause pour faciliter la mise en œuvre de cet accord et permettre aux civils palestiniens de se rendre dans des endroits plus sûrs. Tous les éléments de cet accord doivent être mis en œuvre, a poursuivi la représentante, mais celui-ci ne va pas effacer le très lourd tribut payé par les familles et les enfants à Israël, à Gaza et en Cisjordanie, ni les répercussions à vie que subiront les personnes prises en otage.
Il ne faut pas oublier les horreurs commises par le Hamas, a‑t‑elle lancé à l’endroit de ceux qui « ne sont pas près de les condamner ». « C’est une honte et une insulte aux victimes », a‑t‑elle martelé, en renvoyant à l’exécution sommaire de parents sous les yeux de leurs enfants, aux personnes brûlées et aux viols. Les événements du 7 octobre sollicitent notre capacité d’empathie, a dit la représentante qui a également appelé à faire preuve de la « même compassion » pour les Palestiniens civils innocents à Gaza, les enfants avant tout, ceux qui sont encore sous les décombres, ceux qui ont désespérément besoin de nourriture, d’eau et d’autres produits essentiels, mais aussi les personnes âgées qui ne peuvent plus se nourrir correctement ou les personnes handicapées. Elle s’est félicitée de l’acheminement de la première livraison de carburant et d’autres articles humanitaires. D’autre part, a‑t‑elle déploré, les femmes n’ont pas accès aux soins reproductifs et obstétriques car les agences humanitaires ne sont pas en mesure de les prodiguer. Tout dégât infligé à des sites et des infrastructures civils est inacceptable. Cependant, et il ne faut pas s’y méprendre, a averti la représentante, « le Hamas ne s’inquiète ni du bien-être des femmes et des enfants ni des civils: il se cache derrière les jupes des femmes et de civils innocents ». En conclusion, elle a dit espérer parvenir à une solution politique à deux États. À la veille de Thanksgiving, elle a exhorté à faire au mieux pour apaiser les souffrances.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a affirmé que toute activité terroriste contre des civils mérite une condamnation catégorique, y compris la prise d’otages. Dans le même temps, les mesures punitives israéliennes qui ont suivi contre la bande de Gaza, y compris une opération terrestre, ont abouti à une effusion de sang sans précédent dans le territoire palestinien occupé, principalement à Gaza où se déroule une véritable catastrophe humanitaire, a‑t‑il déploré. Il s’est ému de constater qu’« Israël prive la communauté internationale, y compris la Russie, de la possibilité d’offrir aux Gazaouites l’aide humanitaire dont ils ont besoin ». Le délégué a dénoncé le bombardement par l’armée israélienne d’écoles et d’hôpitaux, et d’autres sites civils. « Nous avons entendu des déclarations sur des postes de commandement du Hamas et des bunkers qui s’y trouveraient, mais je n’ai pas encore vu de preuve convaincante », a‑t‑il lancé. En un mois, a‑t‑il noté, plus d’enfants sont morts à Gaza que dans tous les conflits de ces dernières années. Le délégué a appelé le Secrétaire général et sa Représentante spéciale, pour la question des enfants et des conflits armés, à exercer un suivi spécifique de la situation à Gaza et à informer le Conseil de sécurité sur les mesures prises.
Il a également condamné les violations de la liberté d’expression et de la liberté de réunion de la part d’Israël et de pays occidentaux, ainsi que la persécution des défenseurs des droits humains. Dans ces conditions, le délégué a prié le Conseil d’inviter des représentants palestiniens à ses réunions, notamment des femmes de la société civile, afin de l’informer sur la situation dans les territoires occupés. Il a appelé à un cessez-le-feu rapide dans la zone du conflit palestino-israélien. Face aux violations flagrantes du droit international à Gaza, combien de temps encore le Conseil tolérera‑t‑il une telle attitude envers ses propres décisions? Le délégué a invité la communauté internationale à se concentrer sur la préparation de la relance du processus de paix sur une base internationalement reconnue, approuvée à l’ONU et dans le sens de l’Initiative de paix arabe de 2002. Il a appelé à l’avènement d’un État palestinien souverain dans les frontières de 1967, avec pour capitale Jérusalem-Est. Selon lui, pour progresser vers cet objectif, la formation d’un « mécanisme diplomatique collectif » est nécessaire.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a salué l’accord qui doit permettre dans les prochaines heures la libération de plusieurs dizaines d’otages et une trêve. Cela peut enclencher un « cycle positif », a‑t‑il dit, souhaitant que d’autres libérations puissent suivre. La France réitère son appel à libérer immédiatement et sans conditions tous les otages détenus par le Hamas et d’autres groupes terroristes depuis le 7 octobre, a‑t‑il ajouté, précisant que parmi eux, se trouvent des femmes et des enfants. Le représentant a réitéré la condamnation des attaques terroristes perpétrées par le Hamas et d’autres groupes terroristes, ainsi que les violences sexuelles utilisées comme armes de guerre et les enlèvements d’enfants, le 7 octobre. Il a appelé le Conseil de sécurité à la faire également, « sans ambiguïté ». Israël a le droit de se défendre face aux attaques terroristes barbares commises par le Hamas et d’autres groupes terroristes, a‑t‑il affirmé, ajoutant qu’il a le devoir de le faire dans le respect du droit international, et en particulier du droit international humanitaire.
La situation humanitaire à Gaza est catastrophique, a déploré le représentant, avant d’appeler à la mise en œuvre immédiate de la résolution adoptée par ce Conseil la semaine dernière. Dans l’intervalle, un accès humanitaire sans entraves et durable à la bande de Gaza doit être assuré de toute urgence, a‑t‑il exigé, précisant que tous les points de passage doivent être ouverts. Pour sa part, la France a déployé plus de 100 tonnes de fret humanitaire et porté son soutien à 100 millions d’euros depuis le 7 octobre 2023. Il a rappelé que la conférence internationale humanitaire de soutien à la population civile de Gaza, qui s’est tenue à Paris le 9 novembre sous l’égide du Président Macron et de la Ministre de l’Europe et des affaires étrangères, a permis de mobiliser plus d’un milliard d’euros de contributions. « Concernant les enfants blessés ou malades de Gaza qui ont besoin de soins urgents, la France mobilise tous les moyens à sa disposition pour qu’ils puissent être soignés en France », a‑t‑il assuré. La France condamne tous les bombardements de civils et d’infrastructures civiles, a—t-il déclaré, rappelant que les bâtiments de l’UNRWA accueillant des civils ne doivent pas être ciblés. Il a condamné l’occupation d’infrastructures civiles par le Hamas, ce qui est contraire au droit international humanitaire. Le représentant a souligné que « l’extrême gravité de la situation à Gaza ne doit pas nous faire oublier l’ampleur des violences perpétrées par des colons à l’encontre de la population palestinienne en Cisjordanie ». Il a appelé les autorités israéliennes à prendre des mesures pour les faire cesser immédiatement. Il a également appelé à restaurer un horizon politique concret pour permettre aux Palestiniens et aux Israéliens de vivre en paix et en sécurité.
Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a salué l’accord permettant la libération de 50 otages et la mise en place d’une pause humanitaire de quatre jours, remerciant tous les pays ayant contribué à cet accord, en particulier l’Égypte, le Qatar et les États-Unis. La représentante a d’autre part demandé la pleine mise en œuvre de la résolution 2712 (2023) adoptée il y a une semaine, qui insiste sur les principes fondamentaux du droit international humanitaire. Cela implique notamment la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages qui demeurent retenus par le Hamas et par d’autres groupes dans des conditions épouvantables à Gaza, ainsi que le respect des pauses pour permettre l’acheminement rapide, sûr et sans entraves de l’aide humanitaire aux civils à travers tous les points de passage possibles, a‑t‑elle précisé.
Se déclarant profondément préoccupée par le nombre élevé de victimes civiles en Israël et dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé, la représentante a constaté que les deux tiers des victimes sont des femmes et des enfants, ce qui est « inacceptable ». Compte tenu de leur vulnérabilité et de leurs besoins spécifiques, les enfants doivent être protégés, a‑t‑elle insisté. Tout en reconnaissant à Israël le droit d’assurer sa défense et sa sécurité, elle a rappelé que son pays n’a eu de cesse d’appeler les parties à protéger les civils et respecter le droit international humanitaire, en particulier les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution. Alors que la situation sanitaire se dégrade très rapidement, notamment pour les 1,7 million de personnes déplacées, elle a souhaité que tous les civils puissent accéder aux services essentiels à leur survie, comme l’eau potable, la nourriture et l’électricité. Enfin, elle a appelé à éviter « à tout prix » une escalade voire une régionalisation du conflit, « dont nous voyons des signes inquiétants, aussi bien en Cisjordanie qu’au Liban ».
M. YAMANAKA OSAMU (Japon) s’est dit préoccupé par la grave situation humanitaire dans la bande de Gaza et a souligné l’importance de protéger la population civile et le personnel médical. Citant le Secrétaire général, selon lequel Gaza est en train de devenir « un cimetière pour les enfants », il a déploré que les femmes et les enfants représentent près de 70% des victimes. Toutes les parties doivent prendre conscience des graves conséquences que ce conflit armé aura pour ces femmes, ces enfants et leurs familles pendant de nombreuses années à venir, a souligné le représentant, pour qui la protection des femmes et des enfants doit être la priorité, de même qu’un accès humanitaire complet, rapide, sûr et sans entrave.
Rappelant également que de nombreuses femmes et enfants figurent parmi les otages du Hamas, le représentant a exigé leur libération immédiate et sans condition. Après avoir à nouveau condamné les « horribles attaques terroristes » commises par le Hamas et d’autres militants palestiniens, il a appelé toutes les parties à agir conformément au droit international. Il a ensuite salué l’accord pour la libération d’otages et l’interruption des combats pendant quatre jours, y voyant une étape importante vers la libération de nouveaux otages et l’amélioration de la situation humanitaire. Il a réitéré le fait que l’action militaire ne résoudra pas ce conflit, avant d’appeler à la relance des négociations pour concrétiser la solution des deux États. À cet égard, il a jugé que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité peut contribuer à la paix en faisant participer activement les femmes en tant que « meneuses » dans le règlement du conflit, la reconstruction et la consolidation de la paix.
M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a déploré la grave crise humanitaire qui se déroule à Gaza, qualifiant d’« incompréhensible » la perte de civils innocents.
Il est essentiel, selon lui, que toutes les parties respectent le droit international humanitaire et prennent toutes les mesures possibles pour protéger les civils innocents, notamment dans les hôpitaux et les écoles.
Saluant l’annonce de l’accord conclu pour une libération coordonnée d’otages et une pause dans les combats, il y a vu une mesure cruciale pour les familles des otages et l’atténuation de la crise humanitaire. Après avoir exhorté toutes les parties à veiller à ce que cet accord soit appliqué intégralement, il a assuré que le Royaume-Uni continuera de plaider en faveur d’un accès accru par le point de passage de Rafah, de l’ouverture du point d’entrée de Kerem Shalom et de l’acheminement de l’aide vitale vers Gaza de manière rapide et soutenue. Il a ajouté que son pays maintiendra sa pression sur Israël pour qu’il autorise l’entrée d’au moins 200 000 litres de carburant par jour dans la bande de Gaza.
Tout en regrettant que la résolution 2712 (2023) du Conseil de sécurité n’ait pas condamné clairement les attaques terroristes perpétrées par le Hamas le 7 octobre dernier, le représentant a affirmé que son pays appuie l’objectif de ce texte. Il a par ailleurs déclaré partager les préoccupations de ses pairs concernant l’escalade du conflit, qui pourrait perturber la paix et la sécurité régionales, assurant que le Royaume-Uni œuvre avec ses partenaires pour éviter un tel scénario. À cet égard, il a condamné la saisie illégale du navire marchand MV Galaxy Leader par des combattants houthistes, le 19 novembre, et a appelé à la libération immédiate et inconditionnelle de l’équipage.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a salué l’accord prévoyant la libération d’otages capturés par le Hamas. Il a lancé un appel pour que l’on mette à profit la pause demandée par la résolution 2712 (2023) du Conseil de sécurité afin d’acheminer de l’aide humanitaire aux civils et faciliter le travail des agences des Nations Unies. Rappelant que le mandat premier de l’ONU est de sauver des vies, il a manifesté son incompréhension face à la mort de plus de 100 membres du personnel de l’Organisation, tués dans l’exercice de leurs fonctions. Les crimes effroyables du Hamas ne sauraient être relativisés, a‑t‑il poursuivi, assurant comprendre les efforts défensifs d’Israël, une tâche d’autant plus compliquée, selon lui, que les combattants du groupe palestinien se cachent intentionnellement parmi les civils. Dans le même temps, il a jugé disproportionnées les répercussions de la réponse israélienne sur les civils à Gaza. Qualifiant de désastreuse la situation humanitaire, il a déploré la remise en question constante des règles de protection des civils, les bombardements, les déplacements de personnes ou encore l’effondrement des infrastructures électriques. Il a appelé Israël à respecter pleinement le droit international humanitaire et à répondre au terrorisme conformément aux principes de distinction, de proportionnalité et de précaution.
Plus la guerre dure, plus le risque augmente que ce conflit s’étende et s’exacerbe, a averti le représentant, avant de s’alarmer de l’accentuation de la polarisation politique loin de la zone de conflit, qui s’accompagne d’une multiplication des actes de violence. À cette aune, il a prévenu qu’une stratégie militaire qui ignore les coûts humains pourrait finir par « faire le jeu des extrémistes » et saper les efforts pour une paix durable. Enfin, il a jugé que le droit d’Israël à la sécurité et celui des Palestiniens à avoir leur propre État « ne s’excluent pas ». Au contraire, a‑t‑il conclu, ils forment le « tandem fondateur d’un avenir porteur de sécurité, de dignité et de prospérité pour tous ».
M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a constaté que plus de 5 000 enfants ont été tués à Gaza par les attaques israéliennes et que la crise humanitaire atteint désormais des proportions stupéfiantes. Avec plus de 14 000 morts, d’innombrables blessés et disparus, et des infrastructures de base détruites, le bilan de ce conflit est « choquant », a insisté le représentant. De plus, a‑t‑il relevé, les produits essentiels, tels que la nourriture, l’eau et les produits médicaux, sont rares, tandis que l’effondrement des réseaux électriques et de communication, a plongé le territoire dans l’obscurité et l’isolement. Le déplacement de 1,5 million de personnes accroît en outre le risque de maladies généralisées, s’est-il alarmé, évoquant des conditions « catastrophiques ». Tout en se félicitant de l’accord prévoyant une trêve de quatre jours et la libération d’otages, il a déploré les pertes considérables des deux côtés, ainsi qu’au sein du personnel des Nations Unies et des partenaires humanitaires. Selon lui, l’impact de ce conflit aura des conséquences psychologiques sur des générations d’enfants palestiniens et israéliens.
Le représentant a particulièrement dénoncé les attaques perpétrées contre deux écoles gérées par l’UNRWA, qui ont entraîné la mort de femmes et d’enfants. Rappelant que des centaines de milliers de civils palestiniens se sont réfugiés dans les installations des Nations Unies à Gaza, il a réaffirmé l’inviolabilité de ces locaux, avant d’exhorter toutes les parties à respecter les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire et à permettre l’acheminement rapide et sans entrave de l’aide humanitaire à la population de Gaza par tous les points de passage disponibles. Appelant en outre à prévenir toute extension du conflit et à promouvoir les voies politiques vers une solution durable, il a demandé que la résolution 2712 (2023) du Conseil de sécurité soit mise en œuvre intégralement et de toute urgence. Il a enfin souhaité qu’une trêve humanitaire durable mène à une cessation des hostilités et a réitéré son soutien indéfectible à la solution des deux États.
M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a dit espérer que cette réunion sera l’occasion de dégager des solutions en vue d’atténuer la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza. Il a salué l’accord conclu entre le Gouvernement israélien et le Hamas pour la libération d’otages, souhaitant que ce « signal positif » ouvre la voie à une désescalade du conflit et conduise à un cessez-le-feu humanitaire pour permettre l’entrée de l’aide, notamment de la nourriture, de l’eau, du carburant et des produits de santé pour les femmes, les filles et les enfants de Gaza. Pour le représentant, une cessation immédiate, durable et soutenue des hostilités et un retour au dialogue constructif restent la meilleure option pour remédier à la situation calamiteuse dans ce territoire palestinien. Il a donc exhorté les membres du Conseil à exercer leur rôle d’influence respectif pour atteindre cet objectif « noble et idéal ».
M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) s’est dit « effrayé » d’entendre que, chaque jour dans la bande de Gaza, des femmes subissent des interventions chirurgicales et obstétricales, et même des césariennes, sans antibiotiques ni anesthésie, et que des enfants prématurés risquent de mourir en raison du manque d’alimentation électrique. Il a réaffirmé que toutes les parties ont le devoir de respecter les règles du droit international humanitaire, notamment en ce qui concerne la protection des civils. Les attaques contre les écoles et les hôpitaux sont autant d’attaques contre la sécurité des femmes et des mineurs, a‑t‑il souligné, appelant également à ne jamais utiliser des civils comme boucliers humains.
Dans ce contexte, le représentant a souhaité que l’aide humanitaire, y compris les médicaments, le carburant, l’eau, la nourriture et les fournitures médicales, atteigne ceux qui en ont besoin, en quantité nécessaire. À ses yeux, une pause humanitaire immédiate, durable et respectée est inévitable, car, a‑t‑il dit, il est impossible de mener ces actions pendant que les hostilités continuent. Il a donc appelé à la mise en œuvre immédiate de la résolution 2712 (2023) afin de soulager les souffrances endurées par la population civile, en particulier les femmes et les enfants. Il s’est aussi réjoui de l’accord annoncé hier soir, qui prévoit la libération de 50 otages et quatre jours de cessation des hostilités. Il y a vu « une première étape pleine d’espoir ».
M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est ému du bilan humain du conflit à Gaza, notamment du nombre de femmes et d’enfants tués, et de l’absence d’accès aux services de santé dans le territoire. Il a également fait part de sa préoccupation concernant les frappes sur les camps de réfugiés et les installations de l’UNRWA, qui servent d’abri à 1,5 million de personnes. Tout en réaffirmant sa condamnation des horribles attaques du Hamas, le 7 octobre, le représentant s’est alarmé du nombre de victimes civiles résultant de la réponse militaire d’Israël, demandant instamment un « rééquilibrage ». Il s’est félicité, à cet égard, de la décision de cesser les hostilités pour une période de quatre jours et de procéder à la libération d’otages et de prisonniers palestiniens. Il a également applaudi l’accord prévoyant l’acheminement de convois humanitaires supplémentaires, avant d’émettre l’espoir que de nouvelles mesures mutuelles renforceront le respect du droit humanitaire international, y compris la préservation des hôpitaux et des écoles.
Le représentant a ensuite salué l’évacuation par des agents humanitaires de 31 bébés prématurés de l’hôpital Chifa vers le point de passage de Rafah, ainsi que le transfert d’enfants, de femmes et de personnes gravement blessés vers les pays voisins pour y recevoir un traitement médical. Notant que la mort de civils des deux côtés est imputable à la poursuite des frappes aériennes et des tirs de roquettes, il a appelé à la cessation complète des hostilités, avant d’exprimer sa compassion envers les familles des humanitaires qui ont perdu la vie, y compris les 104 membres du personnel de l’UNRWA. Il a enfin rappelé la position de son pays, selon laquelle la sécurité d’Israël et les droits inaliénables des Palestiniens sont aussi importants les uns que les autres et reposent sur une solution négociée à deux États.
M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a vu dans l’adoption le 15 novembre dernier de la résolution 2712 (2023) une « source d’espoir » afin de sauver des vies humaines, particulièrement des populations civiles comptant enfants et femmes. Toutefois, cet espoir se rétrécit jour après jour au vu de la poursuite des combats qui alourdit le terrible bilan humain et matériel à Gaza et en Cisjordanie occupée. Depuis l’attaque du 7 octobre, a‑t‑il rappelé, plus de 11 078 personnes ont été tuées au cours des opérations militaires dans l’enclave palestinienne à la date du 12 novembre, dont 3 027 femmes, 4 506 enfants et 102 membres du personnel de l’UNRWA. La situation des femmes et des filles est si alarmante que le nombre de cas de maladies mentales est en nette augmentation, de même que les violences sexuelles, compte tenu de l’extrême promiscuité dans les abris, a déploré le représentant.
Il a appelé les parties à la retenue et au respect du droit international humanitaire. Elles doivent faire preuve d’un engagement renforcé en faveur de la reddition de comptes pour les violations graves du droit international, a poursuivi le représentant. D’après lui, la solution au conflit israélo-palestinien doit être « politique et diplomatique »; elle doit se faire à travers le dialogue et des négociations de bonne foi, compte tenu des préoccupations légitimes de chacune des parties. Le représentant a condamné les violences indiscriminées, y compris l’attaque contre l’hôpital indonésien de Gaza. « L’état de siège dans lequel est maintenue Gaza ne peut perdurer. La punition collective sur des populations civiles est inacceptable. » Il a appelé à un accès sans entrave, sûr et durable pour l’acheminement et la distribution des biens et services essentiels destinés aux millions de personnes dans le besoin. Tous les otages doivent être libérés sans condition, ni chantage. Le Gabon reste attaché à la solution des deux États, a‑t‑il conclu.
M. ZHANG JUN (Chine) a rappelé que le Président chinois a récemment exposé la position de son pays sur l’avènement d’une paix durable et préconisé des mesures pour un règlement juste du conflit, dans le cadre d’une solution à deux États. Le 20 novembre dernier, la Chine a également accueilli une délégation de ministres de la région pour débattre de dispositions visant à la désescalade du conflit, a‑t‑il poursuivi. Dressant un bilan humanitaire de la situation, il a rappelé que 80% de la population de Gaza a été déplacée de force, que les infrastructures hospitalières sont au « point de rupture » et que les écoles de l’UNRWA ou les camps de réfugiés ont fait l’objet d’attaques. Les enfants de Gaza n’ont nulle part où aller pour échapper aux hostilités, s’est-il ému, et 5 000 d’entre eux sont morts ces derniers 46 jours.
La résolution 2712 (2023) du Conseil de sécurité est une première étape vers la cessation des hostilités, a estimé le représentant. Il a lancé un appel à son application pleine et immédiate pour parer à une catastrophe humanitaire plus grave encore. Saluant le rôle de l’Égypte et du Qatar dans l’accord relatif à la libération d’otages, il a exprimé l’espoir que ce processus ouvre la voie au dialogue. Le représentant a condamné toute action contraire au droit international humanitaire, dont les punitions collectives et le transfert forcé de populations à Gaza. Il a exhorté Israël à rétablir l’accès à l’eau, à l’électricité et au carburant, ainsi qu’à ouvrir davantage de points de passage pour l’aide humanitaire. Enfin, il a invité le Conseil de sécurité à poursuivre son action, sur la base de la résolution 2712 (2023), pour promouvoir la redynamisation du processus de paix sur la base d’une solution à deux États.
M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a remercié les Nations Unies dans leur ensemble pour leur mobilisation dans cette crise sans précédent, ainsi que « tous les héros sur le terrain » -personnel médical, urgentistes ou journalistes. Il s’est ensuite félicité de l’accord conclu hier pour une trêve, par l’entremise du Qatar et de l’Égypte, car « 10 minutes sans bombardement équivalent à sauver la vie d’un enfant ». Le représentant a toutefois prévenu qu’une reprise de l’agression minerait tous les objectifs de cet accord. Il a évoqué l’image d’un père qui, après avoir couru d’un hôpital à un autre pour sauver son fils blessé, l’a vu mourir dans ses bras. Il a aussi parlé des bébés alignés au sol loin de leurs incubateurs, certains étouffant faute d’oxygène, « oubliés par l’humanité ». Ainsi, il ne saurait s’agir uniquement d’une pause avant la reprise du massacre, a demandé M. Mansour, qui a exhorté à un accès humanitaire pour faciliter le dégagement de personnes encore coincées sous les décombres. Plus d’1,7 million de Palestiniens à Gaza ont fait l’objet d’un déplacement forcé, ce qui est absolument intolérable, a‑t‑il poursuivi.
Selon le représentant, les intentions d’Israël ont été révélées au grand jour à mesure que les décisions de ses dirigeants paraissaient dans les médias. Vous privez 2,3 millions de personnes des moyens de leur survie et vous prétendez leur donner le choix, s’est-il indigné, il s’agit plutôt de les forcer à quitter leur terre une bonne fois pour toutes. « Plus jamais d’exode, plus de report, la Nakba doit cesser », a‑t‑il martelé, insistant sur le fait que le déni des droits légitimes des Palestiniens ne garantira jamais la sécurité d’Israël. Il a estimé que le véritable dessein d’Israël n’est rien moins que la « destruction de la nation palestinienne », car « qualifier les Palestiniens d’animaux », bombarder systématiquement leurs territoires et user de soldats contre les civils concrétisent un tel objectif. Si l’existence d’Israël n’est pas menacée, a poursuivi le représentant, celle de la Palestine l’est, et tout ce qui se produit en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza depuis 47 jours est abominable, puisque chaque famille a perdu tous les siens ou une partie d’entre eux.
Outré par le slogan « du fleuve à la mer » d’Israël, le représentant a brandi une carte présentée par le Premier Ministre israélien, qui « inclut même le Golan syrien occupé ». Rappelant que la Palestine existe « depuis des millénaires », il a exhorté le Conseil à arrêter la « folie en cours » et à s’engager dans la voie de la solution des deux États, pour permettre aux deux peuples de jouir de la liberté et de la paix. Aucune paix n’est envisageable au Moyen-Orient sans la résolution de la question palestinienne, a‑t‑il encore souligné. Il a enfin cité la situation de Dima Alhaj, précédemment évoquée par les Émirats arabes unis, et de Vivian Silver, une militante pacifiste israélo-canadienne tuée par le Hamas. « Nous leur devons que la paix prenne le dessus, que la morale s’impose et que le droit soit respecté ». S’opposant « sans équivoque » et de manière catégorique aux assassinats de civils, le représentant a rappelé que plus de 14 000 Palestiniens ont d’ores et déjà été tués, dont la moitié sont des femmes et des enfants. En conclusion, il a fait remarquer qu’une « très petite fenêtre » est ouverte pour avancer vers la paix. Que dire à une génération de jeunes qui n’a vécu que la guerre et les traumatismes? Il a enfin encouragé à privilégier une « action déterminée et audacieuse » pour faire avancer la justice et la paix.
M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a rappelé que le rôle premier du Conseil de sécurité est d’assurer la sécurité, avant de déplorer que, dans le cas présent, il n’ait pas trouvé de solution liée à son mandat. Nous avons entendu des voix condamner Israël et déplorer la situation humanitaire, mais aucune n’a abordé la question de la solution, a‑t‑il regretté. Si le Conseil ne peut s’unir, il ne répondra pas aux problèmes de sécurité des Israéliens et des Gazaouites, a encore fait valoir le représentant. Pourtant, cette guerre peut s’arrêter aujourd’hui si le Hamas libère les otages, a‑t‑il ajouté, estimant que, dans une situation similaire, aucun pays ne ferait différemment qu’Israël. Selon lui, l’accord sur la libération d’otages conclu hier est la preuve qu’Israël peut faire preuve de bonne volonté. Mais l’heure est venue pour le Conseil de sécurité de « dire la vérité », à savoir que « le Hamas est le seul responsable de la situation ».
Notant que les exposés d’aujourd’hui ont mis l’accent sur les femmes et les enfants, « oubliant que tout a commencé par le viol et le meurtre de femmes et d’enfants israéliens », le représentant a voulu savoir « où étaient l’ONU et l’UNICEF ces 10 dernières années, quand le Hamas transformait des hôpitaux et des écoles en caches d’armes ». Des femmes et des enfants ont été soumis à la férule du Hamas et aucune condamnation orale n’a été entendue, a‑t‑il déploré, constatant que, ces dernières semaines, « tout le monde s’est réveillé, mais pas pour les bonnes raisons ». De l’avis du délégué, « ONU-Femmes n’a que faire des femmes de Gaza ». De même, « l’UNICEF n’a rien à faire des enfants de Gaza, si ce n’est pour condamner Israël », a‑t‑il scandé. Brandissant une photo montrant un enfant armé sur les épaules d’un dirigeant du Hamas, il a regretté que ce cliché n’ait pas suscité de condamnation. Il a ensuite interpellé la Directrice générale de l’UNICEF en s’étonnant qu’elle ne sache pas que des camps d’été forment les enfants au « culte du martyre et de la mort ». Combien de rapports de l’UNICEF ont été rédigés sur cette question? Aucun, a‑t‑il dit, ajoutant qu’on apprend aux enfants palestiniens la haine d’Israël, y compris dans les écoles de l’UNRWA. À cet égard, le représentant a relevé que ni l’UNRWA, ni l’UNICEF n’ont condamné les tirs de roquettes opérés depuis des chambres d’enfants ou des caches d’armes dans les écoles. « Le Hamas a écrit le script auquel obéit la communauté internationale, avec pour but de faire oublier leurs propres crimes », s’est-il emporté, dénonçant des exposés en forme d’inquisition à l’égard d’Israël.
Abordant la question du « deuxième éléphant dans la pièce », le représentant a observé que la libération des otages n’a été demandée que du bout des lèvres par les intervenants du jour. Ils ont oublié que 1 400 Israéliens ont été tués et 8 000 blessés, a‑t‑il lancé, affirmant avoir envoyé deux lettres détaillant ces crimes de guerre à la Directrice générale d’ONU-Femmes, sans qu’elle prenne la peine d’en parler ici au Conseil. « Pourtant, j’ai inclus des éléments de preuves, des photos de femmes israéliennes otages dénudées devant une foule en liesse qui avait pour instruction de les violer », a‑t‑il expliqué. « Il y avait aussi la photo d’une jeune fille dénudée avec une balle dans la tête, violée, avec du sperme sur le corps ». Plus de 46 jours se sont écoulés après ces viols mais ils n’ont toujours pas été condamnés par ONU-Femmes, s’est-il indigné, avant de s’exclamer: « Honte à vous, ONU-Femmes », suscitant un rappel à l’ordre du Président du Conseil. Pour le représentant, l’ONU et ses agences refusent de faire un rapport sur ces victimes israéliennes, qui se retrouvent « déshumanisées ». L’ONU, a‑t‑il poursuivi, ne s’intéresse pas aux preuves fournies par Israël et ne vérifie pas les données fournies par le Hamas. « Comment se fait-il que vos interventions soient aussi partiales, alors que le Hamas met tout en œuvre pour tuer des Israéliens? » s’est-il interrogé en conclusion.