9443e séance – matin
CS/15451

Conseil de sécurité: vives condamnations après l’attaque d’un hôpital à Gaza et appels à la désescalade et à la fourniture d’une aide humanitaire

À la demande de la Fédération de Russie, de la Chine et des Émirats arabes unis, le Conseil de sécurité s’est réuni, ce matin, pour discuter de la situation au Moyen-Orient, au lendemain de l’attaque contre l’hôpital Al Ahli Arab, l’un des 20 hôpitaux du nord de la bande de Gaza à avoir reçu un avis d’évacuation de l’armée israélienne.  Une attaque largement condamnée par les intervenants, certains parlant même de crime de guerre ou crime contre l’humanité.  « Les circonstances et les responsabilités restent obscures et devront faire l’objet d’une enquête approfondie », a déclaré le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Tor Wennesland, qui a recommandé l’ouverture d’une enquête et la présentation des auteurs devant la justice.

Au moment de la frappe, a indiqué le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, cet hôpital était pleinement opérationnel.  Il débordait de patients et de personnes déplacées, qui n’avaient nulle part ailleurs où aller et pensaient que l’hôpital était un lieu sûr.  « Rien ne peut justifier les bombardements d’hier », a exprimé la représentante des Émirats arabes unis en rappelant, comme nombre de ses collègues, que les hôpitaux et le personnel médical bénéficient d’une protection particulière.

Si plusieurs délégations, notamment du Groupe des États arabes, ont accusé les Forces de défense « criminelles » israéliennes d’avoir commis ce crime « haineux », le représentant d’Israël a nié toute implication, assurant que toute source ou image venant de Gaza n’est pas la vérité.  Israël détient des preuves que ce sont des frappes du Jihad islamique qui ont touché l’hôpital, a-t-il dit, se demandant comment on pouvait croire la propagande du Hamas plutôt que les informations données par une démocratie.

Les intervenants ont exprimé leur consternation face au nombre de morts à l’hôpital Al Ahli Arab et ont déploré le décès de plusieurs membres du personnel humanitaire, dont 15 de l’UNRWA, ces jours derniers, dans la foulée des événements du 7 octobre.  L’Équateur, parmi d’autres, a condamné dans les termes les plus fermes les attentats terroristes perpétrés ce jour-là par le Hamas.  Rien qu’en 11 jours, le nombre de morts a déjà dépassé celui des hostilités en 2014, qui avaient duré plus de sept semaines, a calculé M. Griffiths: 1 300 personnes en Israël qui compte aussi plus de 4 200 blessés et 200 captifs; plus de 3 000 tués à Gaza avec plus de 12 500 blessées et des centaines de personnes portées disparues.

Les délégations ont également discuté de la situation humanitaire « inédite » et « catastrophique » à Gaza, l’observateur de l’État de Palestine accusant Israël de demander à plus d’un million de Palestiniens de « choisir entre le déplacement et la mort ».  Dès lors, il a été déploré que le Conseil n’ait pu se mettre d’accord sur le projet de résolution présenté par la Fédération de Russie lundi, ni sur celui proposé par le Brésil ce matin, tous deux rejetés, le dernier par un veto des États-Unis.

Les membres du Conseil « payent le prix de leur procrastination », alors que les événements de ces derniers jours ont montré qu’un cessez-le-feu immédiat doit être la priorité absolue, ont critiqué la Chine et la Fédération de Russie, cette dernière précisant que son projet de résolution appelait à ce cessez-le-feu et à l’ouverture de couloirs pour l’acheminement d’une aide humanitaire à Gaza où les gens sont privés d’eau, d’électricité, de nourriture et de médicaments.

En raison de la position des États-Unis « et d’autres capitales occidentales », qui a empêché l’approbation « d’une solution naturelle et logique » relevant « d’une obligation morale », la Fédération de Russie a déclaré saisir le Président de l’Assemblée générale pour demander une session extraordinaire spéciale sur la protection des civils palestiniens.

M. Griffiths a, lui, appelé à la création d’un mécanisme approuvé par toutes les parties afin de permettre l’acheminement systématique de biens d’urgence dans l’ensemble de la bande de Gaza.  Les Nations Unies et leurs partenaires humanitaires en ont besoin de toute urgence, a-t-il insisté.

Nombre d’orateurs ont été du même avis, soulignant en parallèle, le risque « extrêmement dangereux et très réel » de voir le conflit échapper à tout contrôle et s’étendre à la Cisjordanie et au Liban, où la situation se dégrade déjà avec des combats contre l’armée israélienne.  Le Gabon, notamment, a craint que la situation régionale n’en devienne « encore plus inextricable », réclamant un engagement plus fort de la communauté internationale pour éviter que ce risque ne se réalise.  Nous sommes en effet au bord d’un « abîme profond et dangereux » qui pourrait changer la trajectoire du conflit israélo-palestinien, voire du Moyen-Orient dans son ensemble, a mis en garde M.  Wennesland.

Pour éviter un tel scenario, la Suisse en a appelé au respect du droit international humanitaire, qui peut freiner la spirale de violence susceptible d’enflammer la région tout entière.  La désescalade doit rester la priorité, a-t-elle confirmé.

Plus précisément, M. Wennesland a tracé la voie à suivre: que le Hamas libère immédiatement et sans condition tous les otages et qu’un accès illimité soit donné à l’acheminement de l’aide humanitaire aux Palestiniens de Gaza. L’étape suivante doit consister en des efforts collectifs pour mettre fin aux hostilités et empêcher toute expansion du conflit, a-t-il ajouté, après avoir fait état des discussions qu’il mène avec les acteurs de la région, notamment la Jordanie et le Liban.  Il s’est aussi félicité de la convocation rapide par le Président égyptien d’un sommet des dirigeants du monde, samedi 21 octobre. 

Il ne devrait y avoir aucune erreur de calcul, aucune provocation ni mesure qui ferme la porte à nos efforts actuels, a encore recommandé M. Wennesland, tandis qu’Israël a déclaré qu’il ne s’arrêtera pas tant qu’il ne se sera pas assuré que le Hamas ne dispose plus de capacités de nuisance.  La délégation égyptienne a, de son côté, prévenu les membres du Conseil: « tous les peuples ont les yeux rivés sur vous face à des attaques sans merci contre un peuple démuni et coupé de tout ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a exprimé son sentiment d’horreur et de désespoir après l’attaque contre l’hôpital épiscopal anglican Al Ahli Arab à Gaza, hier soir.  Même si les autorités israéliennes avaient demandé aux civils d’évacuer, cela n’était tout simplement pas possible en raison de l’insécurité, de l’état de nombreux patients, et du manque d’ambulances, de personnel et de capacité du système de santé, a-t-il expliqué.  Il a constaté qu’au moment de la frappe, cet hôpital était donc pleinement opérationnel et débordait de patients et de personnes déplacées, qui n’avaient nulle part ailleurs où aller et qui pensaient que l’hôpital était un lieu sûr.  Selon les dernières indications, les victimes se comptent par centaines.

Depuis le 7 octobre, a continué M. Griffiths, 28 travailleurs de la santé à Gaza ont été tués et 23 blessés.  Les services de santé de Gaza sont débordés par le nombre croissant de blessés et doivent faire face à une pénurie de fournitures médicales, d’eau et d’électricité. La destruction de l’hôpital Al Ahli Arab a ajouté une pression supplémentaire à un système au bord de l’effondrement, s’est désolé le Secrétaire général adjoint qui a réitéré une fois encore que, en vertu du droit international humanitaire, les parties à un conflit armé doivent protéger les civils et les biens civils et veiller à les épargner.

Rien qu’en 11jours, le nombre de morts a déjà dépassé celui des hostilités en 2014, qui avaient duré plus de sept semaines.  En Israël, les autorités ont confirmé que 1 300 personnes ont été tuées et plus de 4 200 blessées.  Environ 200 sont captives.  À Gaza, plus de 3 000 personnes ont été tuées, plus de 12 500 blessées et des centaines sont portées disparues sous les décombres. Des humanitaires font également partie des victimes, dont 15membres du personnel de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Les autorités israéliennes ont demandé aux civils de quitter le nord de la bande Gaza, et on estime que pas moins de 1 million de personnes l’ont déjà fait, a indiqué M. Griffiths.  Selon les forces israéliennes, la population entière de Gaza doit se déplacer dans une « zone humanitaire », si étroite que l’on ne peut la qualifier d’« humanitaire », a déploré le Secrétaire général adjoint, précisant que l’ONU ne s’implique d’aucune manière dans ce projet de déplacement de la population. Les civils déplacés doivent impérativement être accueillis dans des conditions d’hébergement, d’hygiène, de santé, de sécurité et de nutrition correctes, a-t-il rappelé.

Les Nations Unies et leurs partenaires humanitaires ont besoin de toute urgence d’un mécanisme approuvé par toutes les parties afin de permettre l’acheminement systématique de biens d’urgence dans l’ensemble de la bande de Gaza, a fait savoir M. Griffiths.  Il a également demandé des ressources financières supplémentaire pour l’UNRWA et le Programme alimentaire mondial (PAM), qui fournissent une aide d’urgence aux Palestiniens, sans quoi l’UNRWA ne sera plus en mesure de fournir les services essentiels et de payer son personnel dès novembre.

Le Secrétaire général adjoint a fait remarquer que Gaza n’est pas le seul sujet de préoccupation. Depuis le début des dernières hostilités, la situation en Cisjordanie se dégrade et il existe un risque réel qu’elle échappe à tout contrôle, a-t-il mis en garde.

Pour conclure, M. Griffiths a exprimé son admiration et sa gratitude à toutes les personnes exceptionnelles qui sauvent des vies et fournissent une aide humanitaire.

S’exprimant depuis Doha, M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a déclaré avoir assisté, avec horreur, à la présentation de rapports faisant état de pertes massives sur « ce qui devrait être un site protégé, à l’abri du danger, un lieu de guérison »: des centaines de Palestiniens ont été tués –des patients, des agents de santé et ceux qui cherchaient un abri– lorsque l’hôpital Al Ahli Arab de la ville de Gaza a été touché par deux tirs mortels.  Les circonstances et les responsabilités restent obscures et devront faire l’objet d’une enquête approfondie, a-t-il dit. 

M. Wennesland a aussi dit craindre que l’on ne se trouve au bord d’un abîme profond et dangereux qui pourrait changer la trajectoire du conflit israélo-palestinien, voire du Moyen-Orient dans son ensemble.  Alors qu’après plus d’un siècle de conflit et plus d’un demi-siècle d’occupation, la communauté internationale n’a pas réussi, collectivement, à amener les parties à une solution politique juste et durable, les événements des 11 derniers jours ont ravivé les griefs et réanimé les alliances dans la région, a-t-il constaté.  Le risque d’une extension de ce conflit est « réel, très réel et extrêmement dangereux », a-t-il clairement mis en garde. 

Le Coordonnateur spécial a ensuite fait état des discussions qu’il mène avec les acteurs de la région, notamment la Jordanie et le Liban.  Il se rendra demain au Caire pour se joindre au Secrétaire général dans la poursuite de ces discussions.  Il s’est félicité de la convocation rapide par le Président égyptien d’un sommet des dirigeants du monde, samedi prochain.  Il a également salué les visites de dirigeants mondiaux et de hauts responsables au cours des derniers jours, notamment du Chancelier allemand, du Ministre britannique des affaires étrangères et du Président américain. Cela démontre clairement, a-t-il dit, l’importance que les dirigeants du monde accordent à la situation actuelle.

M. Wennesland a estimé que « tous connaissent la voie à suivre »: il faut une libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages par le Hamas et un accès illimité à l’aide humanitaire pour les Palestiniens à Gaza.  Il a ajouté que la prochaine étape doit consister en des efforts collectifs pour mettre fin aux hostilités et empêcher toute nouvelle expansion du conflit dans la région.  Il a dit surveiller de près, et avec inquiétude, ce qui se passe en Cisjordanie et au Liban. Il ne devrait y avoir aucune erreur de calcul, aucune provocation ni mesure qui ferme la porte à nos efforts actuels, a-t-il prié.

Il a conclu en rappelant la nécessité de parvenir à une solution politique sur le long terme, qui soit conforme aux résolutions adoptées à l’ONU, au droit international et aux accords existants.  Il a rappelé avoir souvent prévenu qu’un patchwork de solutions temporaires et ad hoc, couplé avec une gestion constante du conflit, n’est pas une solution durable.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a indiqué qu’après une série de frappes de l’armée de l’air israélienne contre les quartiers du centre de la ville de Gaza, certains missiles auraient, selon des témoins, touché l’hôpital Al Ahli Arab, un hôpital qui, a-t-il affirmé, était l’un des 20 hôpitaux du nord de la bande de Gaza à avoir reçu un avis d’évacuation de la part de l’armée israélienne.  Il a rappelé qu’un tel ordre ne pouvait être exécuté, compte tenu de l’état critique de nombreux patients, ou du manque d’ambulances, de personnel et d’abris.  Les membres du Conseil de sécurité, a-t-il tranché, « payent le prix de leur procrastination » depuis le début de l’escalade du conflit dans la région. Notre projet de résolution russe appelant à un cessez-le-feu présenté proposait des mesures pour mettre fin à la violence et aux souffrances des civils « sans élément ou appréciation politique », a dit le représentant.

Regrettant que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de prendre une décision, il a dénoncé la position des États-Unis « et d’autres capitales occidentales », qui a empêché l’approbation « d’une solution naturelle et logique » relevant « d’obligation morale ».  Le représentant a demandé à Israël de placer le droit humanitaire international au centre de ses opérations et demandé un cessez-le-feu rapide et l’ouverture de couloirs humanitaires.  Compte tenu de « l’absence d’une réponse claire de la part du Conseil », nous avons adressé une lettre au Président de l’Assemblée générale pour demander la reprise de la dixième Session extraordinaire spéciale sur la protection des civils palestiniens et examiner la situation israélo-palestinienne et les moyens d’y remédier, a indiqué le représentant.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unisa rappelé que la situation humanitaire sur le terrain à Gaza est désormais catastrophique alors que l’ordre d’évacuation de plus d’un million de personnes est, dans les circonstances actuelles, une demande impossible qui ne respecte pas le droit international.  Soyons clairs, s’est-elle emportée: les civils qui n’évacuent pas continuent d’être pleinement protégés par le droit international humanitaire et « l’ordre d’évacuation ne dispense pas Israël de ses obligations ».  Alors qu’hier la population de Gaza a été confrontée à l’impensable -une attaque brutale contre l’hôpital Al Ahli Arab, qui a causé la mort de plus de 500 personnes- la déléguée a invoqué le droit international qui ne souffre aucune ambiguïté: les hôpitaux et le personnel médical bénéficient d’une protection particulière et « rien ne peut justifier les bombardements ‘'hier ».  Les Émirats arabes unis demandent par conséquent qu’une enquête impartiale, indépendante et transparente soit menée sur cette tragédie, a-t-elle annoncé, et que les responsables soient tenus de rendre des comptes.

La déléguée a énuméré les mesures à prendre: une cessation immédiate des hostilités; la libération inconditionnelle de tous les otages et leur traitement humain; un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire, y compris l’aide médicale, la nourriture, l’eau et le carburant, ainsi qu’aux travailleurs humanitaires; le rétablissement de l’électricité, de l’eau et des télécommunications; et la protection de tous les civils.  La déléguée a annoncé que son pays avait ouvert un pont aérien pour acheminer les fournitures indispensables.  Toutefois, a-t-elle prévenu, « sans garanties fermes de la part d’Israël que ni les camions ni les civils qui se rassemblent pour recevoir l’aide ne seront pris pour cible, l’aide restera hors de portée de ceux qui en ont si désespérément besoin ».  Elle a donc plaidé pour la mise en place de mesures de protection, soulignant qu’il n’y a pas de temps à perdre.

M. JUN ZHANG (Chine), qui avait demandé la convocation de cette réunion d’urgence, a condamné dans les termes les plus forts l’attaque contre l’hôpital Al Ahli Arab à Gaza.  Les infrastructures civiles, comme les écoles et les hôpitaux, ne doivent pas être ciblées, a martelé le représentant.  Il a demandé à Israël de s’acquitter de ses obligations découlant du droit international humanitaire, de lever le blocus de Gaza et de permettre l’ouverture de couloirs humanitaires.  Les événements de ces derniers jours ont montré qu’un cessez-le-feu immédiat doit être la priorité absolue, a relevé le représentant.  Sans quoi, a-t-il prévenu, l’aide humanitaire ne sera qu’insignifiante, ce qui serait une catastrophe pouvant engloutir toute la région dans un cercle vicieux de haine et de confrontation.  Le représentant a souhaité que la communauté internationale entende l’appel juste lancé par les pays arabes et les Palestiniens. 

La Chine appuie tous les efforts pour une désescalade du conflit et une cessation des hostilités, a-t-il lancé.  Il n’y a aucun vainqueur potentiel dans cette guerre, a-t-il mis en garde, soulignant qu’il fallait retrouver la voie du dialogue et de la négociation.  La sécurité des Palestiniens et des Israéliens doit être garantie sur un pied d’égalité et les besoins élémentaires des Palestiniens à Gaza doivent être satisfaits, et les otages libérés.  Le Conseil de sécurité est responsable au premier chef du maintien de la paix et de la sécurité internationales et rien n’excuse des délais supplémentaires dans ses actions, a conclu le représentant.

Mme VANESSA FRAZIER(Malte) a déclaré que l’attaque de cet hôpital montre bien qu’il n’y a aucun lieu sûr, pas plus que de sanctuaires à Gaza. Ces lieux doivent être protégés, a insisté la représentante, appelant à ce que les règles du droit humanitaire soient respectées. Ceux qui ont de l’influence dans la région et sur les parties doivent en jouer pour que le droit international humanitaire soit respecté et pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, a-t-elle demandé.  La représentante a également déploré la mort de plusieurs travailleurs humanitaires dans ce conflit.  Elle a dès lors appelé à la création d’un mécanisme de notification humanitaire à Gaza. Elle a aussi mis en garde contre une possible extension du conflit, notamment en Cisjordanie et au Liban, dans le contexte où des affrontements y ont déjà lieu.  Il faut que les parties se retiennent de toute action de nature à amplifier le conflit, a-t-elle exhorté.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a appelé toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue dans la conduite des hostilités. « Elles doivent respecter le droit international humanitaire, notamment les principes de distinction, proportionnalité et précaution, et les droits de l’homme ».  Toutes les mesures possibles doivent être prises afin d’éviter l’impact des hostilités sur la population civile et les biens de caractère civil, a-t-elle recommandé.  Elle a rappelé que le droit international humanitaire prend en compte la sécurité légitime et la nécessité militaire, en ajoutant que toutes ses règles doivent être respectées sans exception.  « Le respect du droit international humanitaire peut aussi freiner une spirale de la violence qui peut enflammer la région tout entière ».  La déléguée a souligné la nécessité de mener des enquêtes sur toutes les violations du droit international afin que leurs auteurs puissent être traduits en justice.  L’humanité doit prévaloir à Gaza et la désescalade doit rester la priorité, a conclu la déléguée.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a condamné sans équivoque l’attaque contre l’hôpital Al Ahli Arab, arguant que rien ne peut justifier un tel acte. Il a déploré la mort de plusieurs membres du personnel humanitaire et de l’UNRWA et condamné dans les termes les plus fermes les attentats terroristes perpétrés par le Hamas, le 7 octobre dernier, tout en faisant valoir qu’ils ne reflètent pas pour autant la position de tout le peuple palestinien.  Tout en reconnaissant le droit à la légitime défense d’Israël, le représentant a rappelé à ce dernier que ce droit s’exerce dans le respecte du principe de proportionnalité et du droit international.  Le délégué a plaidé pour un accès humanitaire immédiat et sûr à Gaza et appelé tous les acteurs à faire preuve de retenue pour éviter une escalade et l’embrasement de toute la région.

Pour M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France), il est plus que temps que le Conseil appelle à épargner tous les civils.  Il a condamné avec fermeté la frappe contre l’hôpital Al Ahli Arab, estimant que rien ne peut justifier une frappe contre un hôpital.  Il a appelé à faire toute la lumière sur cet incident.  « Il est aussi plus que temps pour le Conseil de condamner sans ambiguïté l’attaque terroriste du Hamas contre Israël », a-t-il également déclaré, expliquant ainsi son vote en faveur de la résolution présentée par le Brésil, qui condamnait sans ambiguïté les actes de violence et de terrorisme à l’encontre des populations civiles, et qui demandait l’ouverture urgente d’un accès humanitaire à Gaza.  Le représentant a plaidé pour que les civils qui le souhaitent puissent sortir de la bande de Gaza, le Hamas ne devant pas les en empêcher.  Il a en outre rappelé la solidarité « sans faille » de la France avec Israël dans cette épreuve et présenté ses plus sincères condoléances à toutes les familles qui ont perdu des proches, dont un nombre important de Français.

« La France réitère son attachement indéfectible à la sécurité d’Israël et rappelle son droit à se défendre, dans le respect du droit international humanitaire et en préservant les populations civiles, face aux lâches attaques terroristes qui le visent. »  Le délégué a rappelé néanmoins que le droit international humanitaire s’impose à tous, insistant sur la protection des populations civiles et l’ouverture sans délais de l’accès humanitaire à la bande de Gaza.  Cela implique que la sécurité des civils soit pleinement assurée par des trêves humanitaires, a-t-il encore demandé.  Il a rappelé que son pays fournit de l’aide avant de souligner que « l’urgence est humanitaire mais elle est aussi diplomatique: nous devons tout faire pour éviter un embrasement régional ». Les acteurs qui peuvent tirer parti de la situation doivent s’abstenir de rentrer dans le conflit, a-t-il ajouté, en concluant sur l’urgence d’un règlement politique au conflit israélo-palestinien.  « Les aspirations légitimes des Palestiniens et la sécurité d’Israël forment un tout indissociable. »

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a fermement condamné les attaques terroristes du Hamas et d’autres militants palestiniens en Israël, le 7 octobre dernier, exigeant la libération immédiate et sans condition des otages.  S’indignant ensuite de la destruction de l’hôpital Al Ahli Arab hier, il a condamné toute attaque contre les personnes et infrastructures civiles.  Il a fait écho à l’appel du Secrétaire général exhortant Israël à assurer l’acheminement rapide et sans entrave de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Estimant élevé le risque d’escalade du conflit, il a salué la visite du Président Joe Biden en Israël et a encouragé la communauté internationale à poursuivre ses efforts humanitaires et à promouvoir la reprise des négociations.  Le Japon, a-t-il conclu, s’engage à trouver un terrain d’entente avec les autres membres du Conseil de sécurité pour soulager les souffrances de la population à Gaza et éviter la propagation du conflit dans la région et le reste du monde.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a rappelé que les hôpitaux sont protégés par le droit et ne doivent pas être pris pour cible.  En vertu de la Charte, Israël a le droit de se défendre contre le Hamas après les attaques terroristes de ce dernier, a dit la déléguée, en ajoutant que le Hamas n’est pas la voix des Palestiniens.  Elle a demandé le maintien de l’aide humanitaire à Gaza, en indiquant que son pays a débloqué une somme supplémentaire de 10 millions de livres à cette fin.  Elle a, en conséquence, demandé l’ouverture du point de passage de Rafah et alertant sur les risques d’escalade, elle a assuré que son pays continuera d’œuvrer à la paix et à la sécurité entre Israéliens et Palestiniens.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a relevé que le monde demeure choqué par les attentats injustifiables et brutaux du Hamas.  Pensant qu’il existe des raisons de croire que les otages sont retenus à Gaza dans des conditions difficiles, M. Hoxha a appelé à leur libération immédiate et sans conditions.  La terreur ne peut être que condamnée, et la violence ne fait qu’engendrer la violence, a asséné le représentant, soulignant que le Hamas est responsable de la situation à Gaza et qu’il œuvre à détruire Israël, ce qui fait obstacle à l’aspiration des Palestiniens à une solution à deux États pacifique.

Le représentant a soutenu le droit légitime d’Israël à la légitime défense, de manière proportionnée et en prenant toutes les précautions pour épargner les civils. Il a appelé à l’ouverture de couloirs humanitaires et à ce que l’aide puisse être fournie sans entrave.  En moins de deux semaines, des milliers d’Israéliens et de Palestiniens ont été tués, des innocents ont été pris en otage, la paix et la sécurité dans la région sont menacés, et le risque d’un embrasement régional est bien réel, s’est alarmé M. Hoxha.  Les acteurs régionaux et internationaux doivent donc poursuivre leurs efforts pour éviter que le conflit ne fasse tache d’huile, a-t-il ajouté, convaincu qu’il n’existe pas d’autre solution que celle des deux États.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a déclaré que la première responsabilité du Conseil de sécurité, aux côtés de celle de la communauté internationale dans son ensemble, est de sauver des vies, toutes les vies.  Il a donc appelé le Hamas à libérer immédiatement et sans condition tous les otages et exhorté Israël à rétablir les services essentiels tels que l’approvisionnement en électricité et en eau à Gaza et à permettre l’accès à la nourriture et aux médicaments aux populations vulnérables de Gaza.  Le représentant a également déclaré que la détérioration de la situation et la spirale de la violence présentent un risque de propagation et un danger pour la paix et la sécurité internationales.  Nous appelons donc toutes les parties à l’arrêt des combats, à la retenue maximale et à la bonne foi.  Nous devons tous n’épargner aucun effort pour inverser le cycle de la violence et offrir un horizon d’espoir, a-t-il conclu.

Mon pays, a déclaré M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon), reconnaît le droit à la légitime défense d’Israël qui doit l’exercer dans le respect des principes de proportionnalité et de distinction entre les combattants et les civils.  Mais au-delà du cynisme de la constitution de boucliers humains, et de la barbarie que constitue la prise d’otages de femmes et d’enfants, des millions de personnes se trouvent en état de siège à Gaza, sans eau, vivres, gaz ou électricité, n’ayant pour perspective que la mort.  Il est temps de mettre fin à ce cycle de violence meurtrière, a dit le représentant, appelant à une cessation immédiate des hostilités et à l’ouverture de couloirs humanitaires pour secourir les populations civiles à Gaza.

L’embrasement de la violence entre Israël et le Hamas menace la paix, la sécurité et la stabilité de la région, et au-delà.  La communauté internationale, a plaidé le représentant, doit faire preuve de plus d’engagement pour prévenir et éviter d’autres fronts ou pôles de violence, notamment en Cisjordanie et au sud du Liban, qui rendraient la situation régionale encore plus inextricable.  Il y a exigence et urgence pour ce Conseil d’agir pour empêcher l’enlisement de la situation.  Il faut aller au-delà de l’échelle des émotions, parvenir sans délai à la désescalade, et à un arrêt des combats.  Nous devons faire taire les armes, a martelé le représentant.

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a constaté qu’en 11jours, le conflit entre Israël et le Hamas a occasionné d’importants dégâts aux infrastructures publiques, notamment aux hôpitaux et aux écoles, et a entraîné le déplacement de milliers de personnes.  Il s’est dit horrifié par les frappes aériennes contre un hôpital de la ville de Gaza, dans la nuit du mardi 17 octobre, où des centaines de personnes auraient été tuées.  Les attaques contre ceux qui ont la responsabilité de prendre soin des autres, comme le personnel médical, constituent une violation flagrante du droit international humanitaire et pourraient être assimilées à des crimes de guerre.

Le représentant a réitéré à « haute et intelligible voix » son appel aux parties en vue d’une désescalade des tensions, et de la fin du bain de sang et des attaques.  Il a insisté sur l’acheminement immédiat et sans conditions préalables de l’assistance humanitaire.  Il a évoqué les multiples efforts de la société civile israélienne et palestinienne qui sont autant de promesses d’espoir et de coexistence.  Seules les parties concernées peuvent résoudre leur différend par le dialogue, ce qui ne demande qu’une bonne volonté politique. Choisissez, a-t-il dit aux parties, la voie du dialogue et employez-vous à trouver une paix durable, à mettre en œuvre la solution des deux États et à assurer le respect du droit à l’autodétermination, conformément aux résolution 242 (1967) et 2334 (2016) du Conseil de sécurité.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a annoncé que le Président Joe Biden vient de s’exprimer en Israël pour dire que les États-Unis sont atterrés par l’explosion qui a frappé hier l’hôpital Al Ahli Arab à Gaza.  Nous portons le deuil des victimes de cette explosion, a-t-elle déclaré.  Annonçant que le Président Biden avait, hier soir, donné pour instruction à son équipe de sécurité de rassembler des informations sur cet événement, la déléguée a affirmé que tout porte à dire qu’Israël n’est pas responsable de cette explosion.  Elle a réaffirmé l’attachement sans faille des États-Unis à la protection des civils en temps de conflit, tout en appelant à ne pas oublier que c’est le Hamas qui est responsable de cette guerre.

Rappelant que le Secrétaire général de l’ONU se rend actuellement dans la région et que le Président Biden et le Secrétaire d’État américain Anthony Blinken sont également sur place et profondément impliqués, elle a annoncé l’aide de 100 millions de dollars pour la population civile à Gaza et en Cisjordanie, telle qu’annoncée hier par l’Administration Biden.  Les États-Unis continueront de coopérer avec Israël, l’ONU et les pays de la région pour faire tout leur possible afin de protéger les civils, a assuré la déléguée en conclusion.

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) s’est dit atterré par la frappe qui a touché l’hôpital Al Ahli Arab de Gaza et tué des centaines de civils.  Pour lui, cette attaque montre une fois encore que ce sont les civils qui paient le prix ultime de ce conflit.  Le Brésil condamne l’attaque terroriste et la prise d’otages menées par le Hamas le 7 octobre, a dit le représentant qui a appelé à la libération inconditionnelle de tous les otages. Toute riposte militaire doit être menée dans le plein respect de la Charte des Nations Unies, du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, a-t-il averti.

Les bombardements et l’utilisation d’armes lourdes ont endommagé l’hôpital mais aussi une école de l’UNRWA et des camps de réfugiés: ces actes sont inacceptables, a lancé le représentant.  Il a également condamné tout acte qui priverait Gaza des moyens essentiels à sa survie et s’est opposé au transfert forcé de civils.  Ces actes ne font qu’exacerber la crise humanitaire et alimenter le conflit, selon lui.  Après avoir appelé à une trêve humanitaire d’urgence, il a conclu que la manière dont l’ONU et le Conseil de sécurité font face à cette catastrophe humanitaire en dira long quant à l’avenir du multilatéralisme et de l’ONU dans son ensemble.

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a déclaré d’emblée que nul n’a le droit de commettre un massacre contre des civils.  Pourtant, c’est précisément ce qu’Israël fait en bombardant la population palestinienne de Gaza, a-t-il fait remarquer en rappelant qu’Israël a demandé à plus d’un million de Palestiniens de choisir entre le déplacement et la mort, ce qui équivaut à un exode forcé ou à une annihilation par la mort.  Ceux qui peuvent mais refusent d’appeler à un cessez-le-feu perdent toute crédibilité et porteront une très lourde responsabilité de ce qui va suivre maintenant, a-t-il tancé.  Si le Conseil avait appelé à un cessez-le-feu il y a deux jours, on aurait pu sauver des vies palestiniennes, a-t-il ajouté, en évoquant « les autres vies » qui auraient pu être sauvées.

Une catastrophe humanitaire inédite est en cours à Gaza et on la regarde en direct à la télévision, comme l’a déclaré M. Griffiths, a poursuivi l’Observateur permanent, qui a lancé un appel: « Faites cesser le bain de sang et cette agression criminelle contre le peuple palestinien. »  Aucun discours, aucune explication juridique ni mesure politique ne saurait absoudre Israël de ses crimes qui tuent, a-t-il souligné, ajoutant que « faire plus de victimes palestiniennes ne protégera jamais Israël ».  On ne tue pas des innocents sous le prétexte de garantir sa propre sécurité, a-t-il martelé, prévenant que ce qu’il adviendra désormais sera déterminant.

Appelant à faire cesser immédiatement cette guerre, M. Mansour a estimé que le Conseil aurait dû se réunir aujourd’hui pour répondre à l’appel du Secrétaire général, du pape ou encore de millions de personnes dans les rues, partout, qui exigent une cessation des attaques contre les Palestiniens.  Les tensions dans la région vont atteindre des niveaux plus dangereux, la colère et le ressentiment vont tout embraser, a mis en garde l’Observateur permanent, qui a dénoncé l’attaque contre l’hôpital Al Ahli Arab, un lieu où les habitants du nord de Gaza, qui avaient fui les bombardements israéliens, s’étaient réfugiés.  Parfois, ce sont 45 membres d’une même famille qui ont été massacrés, a-t-il donné comme exemple, en indiquant que plus 3 500 Palestiniens, dont plus de la moitié sont des enfants, ont été tués en 10 jours.  Le massacre de cet hôpital a immédiatement provoqué un tel retentissement dans la région et dans le monde qu’Israël a changé de tactique en rejetant la responsabilité sur d’autres, a-t-il fait remarquer.  « L’heure est grave », a déclaré M. Mansour, signalant que la réalité sur le terrain dépasse toutes les considérations et que c’est au Conseil de décider s’il veut véritablement prendre ses responsabilités ou non.

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a dit ne pas comprendre ce qu’il se passe aujourd’hui, alors que l’attaque terroriste la plus horrible depuis le 11 septembre s’est produite.  Des bébés ont été massacrés, des rescapés des camps de concentration tués, et des milliers de personnes exécutées.  Cela a été planifié, a-t-il affirmé, regrettant que des membres du Conseil refusent de désigner le Hamas comme une organisation terroriste.  Le Hamas qui ne croit ni au dialogue, ni au droit international, ni en la solution des deux États, en a-t-il déduit.  Le représentant a déclaré que la seule manière de guérir un cancer est d’éradiquer toutes les cellules cancéreuses, comme on l’a fait pour l’EILL.

Il a ensuite jugé incompréhensible que le Conseil ne soit même pas parvenu à condamner ces actes terroristes.  Au lieu de cela, on ne parle que de couloirs humanitaires, jouant ainsi « la partition et le rôle que le Hamas avait prévu pour lui dans son scenario ». L’objectif du Hamas est de faire le plus de victimes civiles possible à Gaza, de prendre le Conseil et la communauté internationale à témoin et de lier les mains d’Israël, selon le délégué. « Ne comprenez-vous pas qu’en organisant ces réunions absurdes qui parlent de couloirs humanitaires, vous jouez le jeu de cette organisation satanique et des jihadistes sauvages?»

Le représentant a également affirmé que toute source, toute image qui vient de la bande de Gaza n’est pas la vérité, mais uniquement ce que le Hamas veut que le Conseil de sécurité croie.  Les frappes qui ont touché l’hôpital viennent du Jihad islamique, Israël en a les preuves, a-t-il assuré.  Le représentant s’est demandé comment on pouvait croire à la propagande du Hamas plutôt que les informations données par une démocratie.  « Vous devriez avoir honte et vous excuser de détourner votre regard », a-t-il lancé aux membres d Conseil, avant de confirmer que la riposte d’Israël ne s’arrêtera pas tant qu’il ne se sera pas assuré que le Hamas ne dispose plus de capacités de nuisance.

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie), qui s’exprimait au nom du Groupe des États arabes, a condamné sans réserve le massacre « haineux » commis par les Forces de défense « criminelles » israéliennes qui ont frappé l’hôpital Al Ahli Arab à Gaza hier.  Il a estimé qu’Israël a l’unique responsabilité de ce crime, exigeant que le Conseil de sécurité prenne immédiatement des mesures pour un cessez-le-feu à Gaza, pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire et médicale et pour prévenir le déplacement forcé de la population de Gaza.

Le crime de haine des forces d’occupation est contraire au droit international, a fait valoir le représentant en invoquant aussi la résolution 2286 (2016) du Conseil de sécurité qui affirme que les soins de santé ne doivent pas être entravés en situation de conflit et condamne les attaques visant le personnel médical. Le délégué a exigé que la « Puissance occupante », Israël, ait à rendre des comptes pour ses crimes commis contre une population civile palestinienne sans défense.  Le délégué a tenu à rappeler que les responsables israéliens avaient affirmé qu’ils ne respecteraient pas les valeurs humanitaires et d’éthique, les accusant de faire fi du droit international humanitaire en ciblant un hôpital.  Vingt hôpitaux de Gaza avaient été sommés d’évacuer par Israël, a-t-il renchéri en relançant l’appel « purement humanitaire » du Groupe des États arabes pour qu’on mette un terme à cette guerre et fournisse immédiatement la protection nécessaire à la population palestinienne.

Le représentant a mis en garde la communauté internationale contre le fait que cette guerre est entrée dans une phase critique et pourrait mener à la catastrophe, en martelant qu’on ne peut simplement pas ignorer le meurtre de femmes, d’enfants et de personnes âgées innocentes.  La cause sous-jacente de ce conflit est l’occupation, a tranché le délégué en exigeant « à nouveau » la création d’un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale, conformément à l’Initiative de paix arabe.

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a remercié les Émirats arabes unis, la Fédération de Russie et la Chine pour avoir convoqué cette réunion d’urgence, avec, en toile de fond, le bombardement de l’hôpital Al Ahli Arab à Gaza qui s’inscrit dans le cadre d’une stratégie calculée visant à tuer et à forcer le peuple palestinien à l’exode, à le déraciner et à liquider sa cause légitime. Ce crime du 17 octobre qui restera dans l’histoire intervient après une longue liste d’exactions et de multiples violations des droits des Palestiniens, a-t-il ajouté.  Il a vivement mis en garde contre les répercussions et les risques « inimaginables » si on laisse la situation s’aggraver davantage dans la bande de Gaza, avant de rappeler les décisions prises à l’issue de la réunion ministérielle de la Ligue des États arabes le 11 octobre 2023 condamnant de la manière la plus ferme tout ciblage et toutes attaques contre des civils, ainsi que tous les agissements inhumains d’Israël à l’encontre de la population palestinienne dans les territoires occupés.

Le délégué a également condamné le fait que certains cherchent à trouver de fausses excuses à Israël pour qu’il n’ait pas à rendre des comptes pour ses crimes, alors même que c’est bien Israël qui fait la sourde oreille à tous les appels à la désescalade et s’obstine à bombarder sans répit des civils dans leurs propres maisons.  Il a en conséquence mis la communauté internationale, le Conseil de sécurité à sa tête, devant leur responsabilité face à une « situation explosive ».  Il a ensuite décliné les mesures à prendre d’urgence: cessez-le-feu sans condition préalable, ce qui est prévu et applicable par le droit international; protection des civils et fourniture d’une assistance humanitaire immédiate, principe parmi les plus fondamentaux du droit humanitaire qui pourtant fait l’objet d’un débat aujourd’hui; prévenir un déplacement forcé de la population de la bande de Gaza; faire cesser les discours de haine et la justification des crimes contre les meurtres des Palestiniens; et libérer tous les détenus, les otages, les prisonniers, en leur garantissant entre-temps un traitement digne conformément au droit international.  L’Égypte agit dans cette optique et appelle à un sommet international urgent le 21 octobre afin de désamorcer cette crise et parvenir à un règlement de la crise israélo-palestinienne, a annoncé le représentant.  « Tous les peuples ont les yeux rivés sur vous face à des attaques sans merci contre un peuple démuni et coupé de tout », a mis en garde le représentant égyptien.

Au nom du Conseil de coopération du Golfe, M. MOHAMED AL HASSAN (Oman) a déploré que le Conseil de sécurité n’ait pas pu prendre de décision, ces derniers jours, sur la situation à Gaza.  Cette situation n’est pas nouvelle, mais dès qu’il s’agit d’Israël, le Conseil est incapable de faire respecter ses propres résolutions. Le représentant a dénoncé la politique des deux poids, deux mesures dont profite Israël.  N’est-ce pas un crime, une violation du droit international que d’attaquer un hôpital épiscopal anglican où on compte déjà plus de 500 martyrs?  Le Conseil de sécurité, s’est impatienté le représentant, doit envoyer un message clair contre ces massacres et pour l’ouverture de couloirs humanitaires.  À défaut, le monde, le peuple palestinien n’oublieront jamais, a-t-il prédit.

M. TAHER M. T. ELSONNI (Libye) a également condamné, au nom de son peuple, et dans les termes les plus fermes, l’attaque de la « machine meurtrière israélienne » contre l’hôpital Al Ahli Arab à Gaza, qui représente un nouveau chapitre de l’injustice contre le peuple palestinien.  Il s’est demandé si le Conseil attend un nouveau Rwanda et lui a conseillé de « cesser cette hypocrisie ».  Si la résolution russe avait été adoptée il y a deux jours, les civils, dont de nombreux enfants, victimes de cette attaque, auraient sûrement été sauvés.  Le bain de sang qui dure depuis des décennies doit cesser, a-t-il martelé, fustigeant la politique du deux poids, deux mesures et l’amalgame entre l’agresseur et la victime que font les pays occidentaux.  Le blocus injuste de la bande de Gaza, qui est devenue la plus grande prison à ciel ouvert, doit absolument être levé, a-t-il exigé, prévenant en outre contre toute tentative de transférer les Palestiniens vers d’autres pays.  La seule solution reste et restera la création d’un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale, a-t-il conclu.

M. TAREK LADEB (Tunisie) a dénoncé les crimes commis par les forces d’occupation israéliennes à Gaza ainsi que le silence de la communauté internationale face au bombardement de l’hôpital à Al Ahli Arab et ses centaines de victimes civiles.  Il a condamné sans réserve cette « agression lâche », ainsi que l’impunité d’Israël face aux crimes de guerre et au génocide perpétrés contre la population palestinienne.  Exigeant que l’on établisse les responsabilités de la Puissance occupante, le délégué s’est impatienté face à l’incapacité de la communauté internationale d’adopter une position unie contre cette « agression brutale ».  En attendant, il a insisté sur l’impératif pour la communauté internationale d’obtenir immédiatement l’acheminement sans entrave de l’assistance humanitaire et de veiller à ce qu’il n’y ait pas de déplacements forcés des Gazaouis.  Justice doit être rendue au peuple palestinien, a tonné le délégué, en plaidant pour la création d’un État palestinien indépendant.

De l’avis de M. AMAR BENDJAMA (Algérie), le cycle de violences en cours est le résultat de l’absence de solution politique à la question palestinienne et des conditions déplorables dans lesquelles des générations de Palestiniens sont contraintes de vivre.  Face à la détérioration rapide de la situation humanitaire sur le terrain, le Conseil ne peut pas rester silencieux.  Le représentant a regretté que ce dernier n’ait pas réussi, une fois de plus, à assumer ses responsabilités et à adopter une résolution importante sur la question palestinienne.

Il a fermement condamné les attaques délibérées contre des civils dans la bande de Gaza, qui font des milliers de victimes, ainsi que le bombardement de l’hôpital Al Ahli Arab.  Rien ne peut justifier le fait de prendre pour cible des hôpitaux, le personnel médical et les infrastructures de l’ONU.  Le représentant a plaidé pour un accès humanitaire sans entrave à la bande de Gaza et a estimé que toute tentative de mettre sur un pied d’égalité la population palestinienne et la Puissance occupante est tout simplement inacceptable.  Il a qualifié de crime contre l’humanité les assauts contre une population palestinienne sans défense.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que l’attaque contre l’hôpital n’est rien de moins qu’un crime de guerre et un crime contre l’humanité. Tous les auteurs devront être traduits en justice.  Il a aussi déploré le veto des États-Unis posé sur le projet de résolution proposé par le Brésil.  Ils porteront, a tranché le représentant, la responsabilité des crimes.  Il a dit espérer que l’Assemblée générale trouve un moyen de faire parvenir l’aide humanitaire à Gaza.  La cause de ce conflit est connue, a-t-il estimé.  C’est l’occupation israélienne.  De ce fait toute tentative politique de comparer un pays occupé à un pays occupant est nulle et non avenue.  La légitime défense ne peut être invoquée par une puissance occupante.

M. ALHAKAM DANDY (République arabe syrienne) a déclaré qu’hier, le monde a assisté à l’un des crimes les plus ignobles contre l’humanité des temps modernes avec l’attaque israélienne contre des civils palestiniens innocents. Condamnant cette attaque de « l’entité sioniste », il a estimé qu’elle n’aurait pas eu lieu sans les obstacles érigés par certains États contre l’adoption d’une résolution, le 16 octobre dernier.  Il a appelé à un cessez-le-feu humanitaire et, après avoir insisté sur la distinction claire à faire entre « agresseur » et « agressé », il a dénoncé le blocus de Gaza, l’utilisation d’armes interdites, la privation d’eau, de nourriture, d’électricité et de carburant alors même que les civils sont protégés au titre du droit international humanitaire.  La région ne sera stable que quand Israël et ses alliés occidentaux cesseront d’usurper les terres palestiniennes.  Le représentant a exhorté tous les États à appuyer la résistance des Palestinienne et mis en garde Israël contre toute violation du territoire syrien.  La responsabilité des « carnages » incombe à ceux qui, parmi les pays occidentaux, appuient aveuglément Israël, en particulier les États-Unis.  Un jour pas si lointain, il faudra que ces pays rendent des comptes pour cette « complicité cynique ».  Le Conseil de sécurité doit assumer ses responsabilités et mette un terme à cette « agression innommable » contre la population gazaouie.

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a fermement condamné le meurtre et les attaques contre les civils en Palestine et en Israël.  La frappe aérienne contre l’hôpital Al Ahli Arab est un crime de guerre, a-t-elle dénoncé, et la privation d’eau et d’électricité est interdite au titre du droit international humanitaire et des Conventions de Genève.  Les médecins opèrent sans anesthésiant, sans matériel et les souffrances sont inimaginables pour notre époque.  La déléguée a réclamé l’établissement des responsabilités, arguant qu’Israël se rend coupable de crimes de guerre.  Elle a appelé le Conseil de sécurité à prendre des mesures décisives afin de mettre fin à ce « génocide » et a dénoncé le fait qu’il n’ait même pas été capable d’adopter une résolution des plus élémentaires sur la situation humanitaire en Palestine.  La représentante a appelé le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) à exprimer son intention d’enquêter sur l’attaque contre l’hôpital et d’autres crimes de guerre et crimes de génocide commis dans ce conflit, et de viser aussi les complices.

Consterné par le nombre de morts à l’hôpital Al Ahli Arab, M. OLOF SKOOG, de l’Union européenne (UE), a regretté que ce nouveau développement illustre le caractère tragique la situation.  Il a tenu à rappeler les principes fondamentaux du droit international humanitaire à savoir que la protection de tous les civils doit être assurée à tout moment et que les attaques contre les infrastructures civiles sont illégales.  Il a aussi rappelé que l’UE condamne le Hamas et ses attaques terroristes brutales et aveugles contre Israël, demande la libération immédiate de tous les otages sans aucune condition préalable et soutient le droit d’Israël à se défendre, conformément au droit humanitaire et international, face à des attaques aussi violentes et aveugles.

Prenant note également de la situation humanitaire désastreuse à laquelle est confrontée la population de Gaza, le représentant a argué qu’il est essentiel de fournir une aide humanitaire d’urgence à tous les civils qui ont un besoin urgent d’eau, d’électricité, de nourriture et de médicaments.  Pour sa part, l’Union européenne renforce son aide d’urgence au peuple palestinien.  Elle a triplé son aide humanitaire pour la porter à 75 millions d’euros et lancé une opération de pont aérien humanitaire avec plusieurs vols pour acheminer à partir de l’Égypte des fournitures vitales aux organisations humanitaires sur le terrain à Gaza, notamment des abris, des médicaments et des kits d'hygiène.  Le délégué a indiqué que d’autres fournitures provenant des stocks d’urgence de l’Union européenne sont disponibles et prêtes à être déployées auprès des partenaires humanitaires dès qu’ils en feront la demande.  Après avoir réaffirmé l’attachement de l’Union européenne à la solution des deux États, il a souligné la nécessité de discuter avec les autorités palestiniennes légitimes, ainsi qu’avec les partenaires régionaux et internationaux qui pourraient avoir un rôle positif dans la prévention de toute nouvelle escalade.

M. ABBAS KADHOM OBAID AL-FATLAWI (Iraq) a rappelé que pendant des décennies, le Conseil de sécurité a tenu des dizaines et des dizaines de réunions qui n’ont pas abouti au règlement de cette problématique principalement parce que les Israéliens font fi des décisions prises.  Il a condamné les violations graves par Israël du droit international, du droit international humanitaire et de toutes les normes internationales.  Il a sommé le Conseil de renoncer à sa « sélectivité » et de s’employer à ce que les civils de la bande de Gaza reçoivent enfin l’assistance urgente dont ils ont besoin. 

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