Conseil de sécurité: un projet de résolution en réponse à la crise à Gaza à nouveau rejeté, deux jours après celui présenté par la Fédération de Russie
Alors que les appels à mettre fin à la crise à Gaza et en Israël se multiplient, le Conseil de sécurité a, ce matin, à nouveau affiché ses divisions sur les moyens d’y parvenir, en rejetant un projet de résolution porté par la présidence brésilienne, deux jours après l’échec d’un texte russe à être adopté.
Celui d’aujourd’hui a suscité le veto des États-Unis, recueillant par ailleurs 12 voix pour et 2 abstentions, celles du Royaume-Uni et de la Fédération de Russie. Cette délégation avait dans un premier temps demandé des votes séparés sur deux projets d’amendement au texte brésilien en raison d’« éléments de langage problématiques ». Ils ont également été rejetés, le premier par 6 voix pour, une voix contre (États-Unis) et 8 abstentions; le deuxième par 7 voix pour, une voix contre (États-Unis) et 7 abstentions. L’un de ces amendements demandait « l’instauration immédiate d’un cessez-le-feu durable et pleinement respecté ».
Déplorant ce résultat, la Fédération de Russie a fait porter l’entière responsabilité de cet échec aux opposants à ses amendements, qui ont donc voté selon elle pour la poursuite du « bain de sang » dans la bande de Gaza et ce, « sans raison aucune ». « Vous devrez porter cette lourde responsabilité face à vos citoyens et à ceux de Gaza qui risquent la mort, ni plus ni moins », a-t-elle ajouté.
Le projet de résolution brésilien demandait des « pauses humanitaires visant à permettre un accès total, rapide, sûr et sans entrave aux organismes humanitaires des Nations Unies » à la bande de Gaza. Il condamnait fermement « tous les actes de violence et d’hostilité dirigés contre des civils ainsi que tous les actes de terrorisme », notamment « les attentats terroristes odieux perpétrés par le Hamas en Israël depuis le 7 octobre 2023 et la prise d’otages civils ». Mais les États-Unis ont estimé qu’il passait sous silence le droit à la légitime défense d’Israël, une position également assumée par le Royaume-Uni, qui s’est abstenu, et Malte, qui a cependant voté pour le texte.
Expliquant son vote, la représentante américaine a donné l’assurance qu’elle continuerait à travailler avec les autres membres du Conseil de sécurité sur ce dossier pressant et à réitérer la nécessité de protéger les civils, et « par civils, j’entends tous les civils », a-t-elle souligné, se disant « atterrée » par l’explosion meurtrière hier d’un hôpital. Mais soyons clairs, ce sont les actes du Hamas qui ont déclenché cette crise, a accusé la déléguée, en exhortant tous les États Membres à condamner sa cruauté et à l’appeler à faire cesser le déluge de roquettes qui pleuvent sur Israël, et en appuyant la justice « sur un pied d’égalité pour Israël et pour les Palestiniens ».
Hier, le Secrétaire général de l’ONU avait condamné la frappe perpétrée hier contre l’hôpital épiscopal anglican Al Ahli Arab à Gaza, des rapports préliminaires faisant état de centaines de morts et de nombreux blessés, dont des femmes et des enfants. Il a également condamné l’attaque visant une école de l’UNRWA, plus tôt dans la journée, dans le camp de réfugiés de Maghazi, également à Gaza, où au moins six personnes ont été tuées.
Le Japon, qui a voté en faveur du projet de résolution, « en raison de sa position équilibrée », faisait toutefois partie des délégations à avoir demandé le report du vote, en raison des objections d’autres membres du Conseil, notamment les États-Unis, qui souhaitent poursuivre leurs efforts diplomatiques. Même si les résolutions du Conseil ont une importance, laissons « la diplomatie faire son travail », a d’ailleurs déclaré la représentante américaine.
« Choquée » par le résultat du vote, comme par le rejet des amendements russes qui visaient à l’améliorer, la Chine s’est dite convaincue que le texte brésilien serait accueilli favorablement. Elle a cependant estimé qu’il était encore temps d’en faire la base de prochaines négociations et de chercher un terrain d’entente.
Pour le Gabon, le Conseil de sécurité n’a pas été à la hauteur de son mandat, le « tout politique et le tout géopolitique » ayant paralysé sa capacité d’action à faire face à une crise des plus graves. Il a appelé ses membres à faire preuve de davantage de responsabilité à l’avenir, réitérant que la solution des deux États demeure l’unique alternative crédible au conflit israélo-palestinien et que seuls la diplomatie, la négociation de bonne foi et le dépassement « des peurs et des intérêts indigents » permettront de la rendre tangible.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Présentation et vote sur les propositions d’amendement
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dressé une courte chronologie des efforts de son pays qui a rapidement présenté un projet de résolution demandant un cessez-le-feu, lequel a été rejeté par le Conseil de sécurité en début de semaine. Il a rappelé qu’il lui a été demandé 24 heures de plus pour parvenir à un projet de résolution plus consensuel. Nous n’étions pas d’accord, a déclaré le délégué, invoquant des éléments de langage « problématiques » dans ce texte préparé par le Brésil. Nous avons donc perdu 24 précieuses heures et, dans l’intervalle, des centaines de personnes ont perdu la vie, l’incident le plus récent ayant été le bombardement de l’hôpital Al Ahli Arab en plein cœur de Gaza. « Je serai direct », a déclaré le représentant: « le temps des métaphores diplomatiques est révolu, et ceux qui ont tergiversé doivent reconnaître leurs torts ». Il a dénoncé le fait que le texte du Brésil n’appelle pas à un cessez-le-feu mais plutôt à une trêve humanitaire, ne permettant pas de mettre fin au bain de sang, sans compter qu’il comporte plusieurs éléments « politisés » qui ne mentionnent pas la nécessité d’établir les responsabilités pour toutes les victimes faites dans la bande de Gaza.
Aussi a-t-il proposé deux amendements: un ajout après le paragraphe 2 du dispositif consistant à condamner toute attaque contre des objectifs civils, y compris contre l’hôpital baptiste dans la ville de Gaza, ainsi que toutes les mesures prises pour aggraver le blocus. Le second amendement consisterait à proposer un cessez-le-feu humanitaire. S’ils ne devaient pas être inclus, la résolution ne ferait qu’aggraver les divisions au sein du Conseil, a mis en garde le délégué russe.
À l’issue du vote qui a conduit au rejet de ses propositions d’amendement, M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a fait porter l’entière responsabilité à ses opposants, qui ont donc voté selon lui pour la poursuite du bain de sang dans la bande de Gaza et ce, « sans explication aucune ». « Vous devrez porter cette lourde responsabilité face à vos citoyens et à ceux de Gaza qui risquent la mort, ni plus ni moins », a ajouté la délégation.
Vote sur le projet de résolution (S/2023/773)
Le projet de résolution S/2023/773 a été rejeté par 12 voix pour, une voix contre (États-Unis) et 2 abstentions (Fédération de Russie et Royaume-Uni).
Déclarations après le vote
M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a déclaré que sa délégation, qui préside le Conseil de sécurité ce mois-ci, avait souhaité répondre, en préparant le projet de résolution qui vient d’être rejeté, aux appels en faveur d’une réaction du Conseil de sécurité face à la situation à Gaza. La délégation n’a donc ménagé aucun effort pour parvenir à une réponse équilibrée avec tous les membres du Conseil, ne perdant jamais de vue les impératifs du droit international humanitaire. Le texte n’ignorait aucun aspect de la situation actuelle, a estimé le représentant. Il condamnait sans équivoque les actes terroristes du Hamas, appelait à une trêve et à un accès humanitaire sans entrave à Gaza. Il parlait du devoir éthique de fournir à ses habitants eau, électricité et médicaments. Mais une fois encore, le Conseil de sécurité a été incapable de se prononcer sur la situation à Gaza, adressant un message regrettable à la communauté internationale. Il faut maintenant espérer que d’autres organes des Nations Unies se saisissent de la question et y apportent une solution, a conclu le représentant.
M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a regretté un deux poids, deux mesures de la part de ceux qui se sont dits prêts à adopter une résolution à visée humanitaire, mais qui en réalité n’en ont rien fait. Le délégué a déploré la politique des États-Unis en Israël, en Ukraine et dans la région indopacifique.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rappelé qu’alors que le Conseil de sécurité se réunit, le Président Joe Biden se trouve dans la région. Sa visite démontre clairement que Washington s’est saisi de ce dossier au plus haut niveau, que ce soit pour obtenir la libération des otages, empêcher un effet domino de se produire, traiter de la crise humanitaire à Gaza, assurer la protection des civils et montrer au peuple israélien que les États-Unis sont à leurs côtés en ces temps de deuil. « Nous sommes à pied d’œuvre sur le terrain », a affirmé la déléguée. Consciente du fait que le Brésil aurait souhaité l’adoption de son projet de résolution, elle a toutefois tenu à souligner que, même si l’adoption de textes par le Conseil a son importance, « il faut laisser la diplomatie faire son travail ». Cet organe doit faire le bon choix et adopter la bonne résolution, a estimé la déléguée américaine, or ce texte ne mentionnait pas le droit à la légitime défense d’Israël, raison pour laquelle les États-Unis n’étaient pas en mesure de l’appuyer, s’est-elle justifiée. Sa délégation continuera donc à travailler avec les membres du Conseil sur ce dossier pressant et à réitérer la nécessité de protéger les civils, et « par civils, j’entends tous les civils », a-t-elle souligné. Atterrée après l’explosion d’hier à l’hôpital Al Ahli Arab à Gaza, elle a indiqué que les États-Unis travaillent avec Israël, l’ONU et les pays voisins pour réagir à la crise humanitaire sur place.
Mais soyons clairs, ce sont les actes du Hamas qui ont déclenché cette crise, a affirmé la représentante, en demandant à tous les États Membres de condamner sa cruauté et de l’appeler à faire cesser le déluge de roquettes qui pleuvent sur Israël: « c’est le minimum que l’on puisse faire ». En ces temps difficiles, appelons tous à la protection de civils et condamnons sans équivoque le Hamas, affirmons tous le droit d’Israël à la légitime défense et appuyons les efforts diplomatiques en cours, a exhorté la déléguée. Elle a également invité les États Membres à se ranger aux côtés de l’ONU pour atténuer la crise humanitaire à Gaza et à appuyer la justice sur un pied d’égalité pour Israël et pour les Palestiniens.
Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a dit avoir voté pour le texte tout en s’abstenant lors du vote des deux amendements. Elle a regretté le rejet du projet de résolution, en ajoutant que le Conseil doit rester saisi de la question et prendre les mesures nécessaires pour éviter un embrasement. Elle a condamné les attaques terroristes du Hamas, soulignant le droit de se défendre d’Israël. Elle a exhorté le Hamas à libérer les otages sans conditions. Elle a dénoncé la frappe contre un hôpital hier à Gaza, « acte méprisable » qui viole le droit. La décision de couper l’eau et l’électricité et d’empêcher l’acheminement de l’aide a des résultats catastrophiques, a dit la déléguée, en soulignant l’illicéité de cette décision.
M. ZHANG JUN (Chine) s’est dit « choqué et atterré » du résultat du vote. Il a rappelé que le projet de résolution de la Russie avait été appuyé par de nombreux pays et que ceux qui l’avaient rejeté souhaitaient un projet de résolution du Brésil. Ils avaient demandé le report des travaux afin d’obtenir plus de temps, a-t-il précisé. Face à une situation « inimaginable », il a affirmé que la Chine était convaincue que le Conseil de sécurité accueillerait donc favorablement cette proposition aujourd’hui. Certes, le projet de résolution pourrait être amélioré, a-t-il concédé, en y ajoutant des dispositions sur un cessez-le-feu et la protection des civils, par exemple. Se disant « extrêmement déçu » que les amendements de la Russie n’aient pas été adoptés, le délégué a proposé d’amender à nouveau le projet.
Déplorant la frappe aérienne contre un hôpital qui a entraîné des centaines de morts hier, le délégué a condamné Israël et a appelé à un cessez-le-feu immédiat. Le projet de résolution du Brésil, qui constituait une première étape pour assurer un cessez-le-feu, est le reflet du point de vue la communauté internationale représentée au Conseil de sécurité, a-t-il estimé. Certains disent que le Conseil de sécurité devrait agir mais ils l’empêchent de prendre des décisions, a-t-il regretté, mettant en doute leur volonté de trouver une solution à ce conflit.
M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a salué le rôle moteur joué par le Brésil pour mener à bien les travaux du Conseil de sécurité et pour le texte « précieux » présenté. Il a regretté que ce projet de résolution n’ait pas pu être adopté en raison d’un veto. En votant pour ce texte, le Mozambique souhaitait exprimer sa vive préoccupation sur la situation à Gaza, la crise humanitaire actuelle et les « vies fauchées au quotidien » depuis le début du conflit, a-t-il expliqué. Il a déploré que les femmes, les enfants et les personnes âgées souffrent des atrocités et des effets de cette guerre, expliquant qu’en votant pour la résolution, le Mozambique souscrivait aux efforts collectifs du Conseil de sécurité visant à la protection des civils, au respect du droit international des droits de l’homme et humanitaire, et des conventions internationales applicables à Gaza et en Israël.
Le représentant a souligné qu’à terme, les problèmes humanitaires requièrent des solutions politiques, citant l’expérience de son pays dans sa lutte contre le colonialisme, le racisme et l’apartheid en Afrique australe. Israël et la Palestine ne peuvent régler leurs différends que par le biais du dialogue, a-t-il conclu, en soulignant que la paix était possible si les belligérants choisissaient cette voix. Il a appelé les membres du Conseil à redoubler leurs efforts pour permettre un règlement de ce conflit, afin que les deux parties puissent vivre côte-à-côte, « dans des relations de bon voisinage ».
M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a regretté le rejet du projet de résolution présenté par le Brésil. Il a considéré que le Conseil devrait parler d’une même voix. Ayant voté en faveur, et s’étant abstenu pour les amendements proposés du fait du caractère sensible du problème israélo-palestinien, il a estimé toutefois que l’incapacité du Conseil ne devrait pas nuire à ses efforts diplomatiques pour un règlement de cette situation. Il faut continuer de demander aux parties de réduire l’escalade et à la communauté internationale de poursuivre ses efforts de médiation, a-t-il recommandé.
M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a déclaré avoir voté en faveur de la résolution, en raison de sa position équilibrée. Cependant, il a signalé que sa délégation avait demandé le report du vote, en raison de la position de certaines délégations, notamment celle des États-Unis, qui souhaite poursuivre ses efforts diplomatiques. Il a dit regretter que le projet ait été présenté aujourd’hui.
Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a déploré la mort de milliers de civils en Israël et dans la bande de Gaza et a condamné les frappes, en particulier celle contre l’hôpital Al Ahli Arab à Gaza, hier. La Suisse est préoccupée par la situation humanitaire de grande ampleur, estimant qu’il est urgent que l’aide puisse entrer alors que l’eau, l’électricité et les fournitures médicales sont en passe de manquer, a-t-elle déclaré.
La situation au Moyen-Orient nécessite une action unie et urgente du Conseil, a lancé la représentante, pour qui le projet de résolution présenté par le Brésil répondait aux priorités. La Suisse regrette profondément qu’il n’ait pas été adopté et qu’aucun consensus n’ait encore pu être trouvé. Indépendamment de l’adoption d’une résolution, toutes les parties doivent respecter le droit international humanitaire, a-t-elle rappelé. La déléguée a informé que la Suisse avait déployé tous ses efforts pour contribuer à la recherche de consensus dans cette situation urgente. Le pays se tient à disposition pour toute initiative qui permettrait d’aboutir à une action du Conseil, a-t-elle dit en conclusion.
Pour M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon), le Conseil de sécurité est aujourd’hui à l’épreuve de sa crédibilité devant l’ampleur de la violence meurtrière en Israël et à Gaza et la gravité de la crise au Moyen-Orient, dont l’onde de choc menace la paix et la sécurité dans la région et au-delà. Or, ce matin, le Conseil de sécurité n’a pas été à la hauteur de son mandat, a-t-il affirmé, regrettant qu’une fois de plus, le « tout politique et le tout géopolitique » aient paralysé sa capacité d’action à faire face à une crise des plus graves. Le Gabon a voté en faveur du projet de résolution brésilien pour exprimer sa condamnation ferme des attaques barbares ayant visé Israël le 7 octobre dernier, tout en reconnaissant le droit d’Israël à la légitime défense qui doit s’exercer dans le respect du principe de proportionnalité et de distinction entre combattants et civils. Face à la magnitude de la violence meurtrière qui, en quelques jours, a fait des milliers de morts et causé une détresse humanitaire démesurée, le Gabon a voté pour un arrêt immédiat des hostilités et l’ouverture de couloirs humanitaires en vue d’atténuer la souffrance des populations civiles, s’est expliqué le représentant, avant d’exiger aussi que les otages soient libérés sans condition ni chantage.
Regrettant que le Conseil n’ait pu transcender ses divisions, il a appelé ses homologues à faire preuve de davantage de responsabilité pour trouver une solution à la crise au Moyen-Orient, dont la chronicité questionne la crédibilité et la réputation de cet organe même. Il a enfin réitéré que la solution des deux États demeure l’unique alternative crédible et qu’il faut y parvenir par la diplomatie, la négociation de bonne foi et le dépassement des peurs et des intérêts indigents.
Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a dit que le texte brésilien condamnait à juste titre l’attaque du 7 octobre dernier contre Israël, tout en mettant l’accent sur les efforts visant à empêcher un embrasement. Néanmoins, ce texte aurait dû insister plus clairement sur le droit à se défendre d’Israël après une attaque qui a fait plus de 1 400 victimes, a-t-elle dit, en ajoutant qu’il faisait fi de l’utilisation d’otages comme boucliers humains par le Hamas. « C’est pourquoi nous nous sommes abstenus », a-t-elle précisé. Elle a rappelé que son pays est aux côtés d’Israël, en insistant sur son droit à se défendre. Ce faisant, nous continuerons d’exhorter Israël à agir conformément au droit international humanitaire, a assuré la déléguée, en ajoutant que son pays continuera d’œuvrer pour la solution des deux États.
M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a déclaré avoir voté en faveur du projet de résolution brésilien puisqu’il était le fruit d’un « processus constructif et collectif de négociations » entre tous les membres du Conseil de sécurité. Il a rappelé que le travail collectif et les négociations de bonne foi sont indispensables à un multilatéralisme efficace. Face à ces événements aux répercussions humanitaires dramatiques pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil ne peut rester silencieux, a-t-il tranché. Étant donné que certains éléments des amendements étaient intégrés dans le projet de résolution brésilien, l’Équateur a décidé de s’abstenir lors du vote sur ces amendements, a-t-il expliqué, déplorant ensuite l’exercice du droit de veto qui n’a pas permis l’adoption du projet de texte. En 1973, le Ministre des affaires étrangères, M. Antonio Lucio Paredes, avait affirmé, devant l’Assemblée générale, que « les activités des grandes puissances ne devraient pas faire obstacle aux accords possibles pour solutionner le conflit au Moyen-Orient, un conflit qui contraint l’ONU à travailler sans relâche pour y mettre un terme », des propos qui n’ont rien perdu de leur pertinence, a-t-il estimé en conclusion.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a indiqué que le projet de résolution intervenait à un moment crucial et condamnait sans équivoque le Hamas et ses attentats terroristes perpétrés le 7 octobre contre Israël, appelant notamment à la libération des otages, qui doit se faire immédiatement et sans conditions, à la protection des civils et la garantie de l’aide humanitaire. Il s’est félicité des mesures prises « par les États-Unis et d’autres » pour trouver une solution sur le terrain et a rappelé que si son pays avait voté en faveur du projet de résolution, il continuait à affirmer le droit d’Israël à la légitime défense, « ce que le texte ne mentionnait pas », a-t-il conclu.
Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a jugé difficile de trouver les mots pour décrire l’horreur abjecte des événements qui se déroulent à Gaza depuis 11 jours. L’hôpital détruit hier portait secours aux Palestiniens depuis des décennies et chaque heure qui passe foule au pied le droit international humanitaire. « Gaza est détruite », a-t-elle tout simplement dit. La représentante a exhorté à faire comparaître devant la justice les responsables, avant d’appuyer un cessez-le-feu humanitaire. Nous ne demandons pas à sacrifier la sécurité d’Israël, mais il est impératif que l’aide parvienne et que le personnel humanitaire puisse travailler en toute quiétude. La déléguée a condamné les décennies de déshumanisation auxquelles ont été soumis les Palestiniens par l’occupation la plus longue du monde d’aujourd’hui, espérant que les efforts diplomatiques porteraient leurs fruits, notamment pour faire en sorte qu’un jour prochain, Israéliens et Palestiniens s’assoient autour d’une table de négociation. La paix et le dialogue valent mieux que l’inimitié, a-t-elle déclaré, en invoquant les relations de son pays avec Israël dans le cadre des Accords d’Abraham. Invitant également à « ne pas trahir les aspirations du peuple palestinien », elle a exhorté les membres du Conseil à se montrer à la hauteur, pour les Palestiniens, pour les Israéliens et pour tous les peuples de la région.