9426e séance -
après-midi
CS/15425

Syrie: les membres du Conseil de sécurité se félicitent de la réouverture du point de passage de Bab el-Haoua et appellent à la reprise du processus politique

Réunis cet après-midi pour examiner la situation politique et humanitaire en Syrie, tous les membres du Conseil de sécurité se sont réjouis de la reprise, le 19 septembre dernier, des livraisons humanitaires depuis la Türkiye vers le nord-ouest de la Syrie via le point de passage frontalier de Bab el-Haoua, principale voie pour acheminer l’aide nécessaire à plus de quatre millions d’habitants, dont 80% de femmes et d’enfants.

De nombreux membres du Conseil se sont également prononcés en faveur de la reprise des travaux de la Commission constitutionnelle syrienne qui se réunit à Genève et dont les travaux sont dans l’impasse depuis près d’un an.

Sur le plan humanitaire, alors que les besoins ont atteint un paroxysme, avec 90% de la population syrienne plongée dans la pauvreté, 12 millions souffrant d’insécurité alimentaire et plus de 15 millions ayant besoin d’aide humanitaire, dont 600 000 enfants en carence de croissance, le principal point nouveau était la réouverture du point de passage de Bab el-Haoua, à la frontière turque.  Seul point d’accès restant ouvert au titre du mécanisme transfrontalier établi initialement en 2014 et dont le renouvellement était soumis régulièrement à l’approbation du Conseil de sécurité, le point de passage avait dû fermer le 11 juillet dernier, les membres du Conseil ne s’étant pas entendus sur les modalités d’une nouvelle reconduction de l’autorisation.  C’est à la suite d’un accord conclu en août entre le Gouvernement syrien et l’ONU que cette réouverture a été rendue possible, et effective le 19 septembre.

Au 22 septembre, 49 camions remplis d’aide essentielle de l’UNICEF, du Programme alimentaire mondial, (PAM), de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) sont passés avec succès par ledit passage.  Et avec la prolongation pour trois mois des postes-frontières de Bab el-Salam et de Raaï, ce sont désormais trois passages que les Nations Unies peuvent emprunter et atteindre chaque mois 2,7  millions de nécessiteux, se sont félicités le Brésil et la Suisse, porte-plumes du dossier humanitaire syrien.

Comme eux, l’ensemble des membres du Conseil, mais aussi l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Geir Pedersen, la Directrice des opérations et de la communication à l’Office de coordination des affaires humanitaires, Mme Edem Wosornu, et la responsable régionale d’International Rescue Committee (IRC), Mme Su’ad Jarbawi, s’en sont félicités.

La réouverture dudit passage étant le fruit d’un accord avec le Gouvernement syrien, il est essentiel que toutes les modalités soient utilisées pour garantir que l’aide humanitaire continue d’être délivrée, y compris par l’atténuation des effets négatifs des sanctions et la pleine mise en œuvre les exemptions humanitaires existantes, a insisté M. Pedersen.

Pour sa part, le représentant de la Syrie a rappelé que son pays avait ouvert cinq points de passage en dépit des violations de son intégrité territoriale et du soutien des États-Unis aux milices séparatistes.  Il a noté qu’un seul convoi était passé par Bab el-Haoua depuis le 19 septembre, en rendant responsable l’activité des groupes terroristes dans la région.  Dans ce contexte, il a appelé à exercer des pressions sur lesdits groupes et réclamé la levée des sanctions imposées à son pays par les États-Unis et l’Union européenne.

Interpellés, les États-Unis ont mis en garde contre le risque que le Gouvernement syrien impose des conditions à l’ONU lorsque l’hiver aura aggravé les conditions humanitaires.  Mais avec un plan humanitaire financé à moins de 30%, il est évident que la Syrie est victime d’une « discrimination brutale » des donateurs occidentaux, trop préoccupés à soutenir les transferts d’armes vers l’Ukraine, a ironisé la Fédération de Russie. 

Sur le plan politique, les délégations ont souhaité que la Commission constitutionnelle, qui ne s’est pas réunie depuis près d’un an, reprenne ses travaux.  Toutefois les conditions de la reprise ont divisé les membres du Conseil.

Pour l’Envoyé du Secrétaire général, la situation de ruine dans laquelle se trouve la Syrie et le désespoir de son peuple imposent que les acteurs politiques syriens parviennent à un compromis pour aplanir leurs divergences substantielles et la profonde méfiance entre eux.  Même si les résultats déjà obtenus ne constituent pas encore la solution politique dont les Syriens ont besoin et qu’ils méritent, leur mise en œuvre constituerait un premier pas vers la résolution des principales préoccupations des Syriens.

Pour la Suisse, qui a accueilli à Genève les travaux de la Commission, une réunion « substantielle et dans les meilleurs délais » de celle-ci sous l’égide de l’Envoyé spécial constituerait une étape importante pour une relance du processus politique sur la base de la résolution 2254 (2015).

Mais pour la Chine et la Fédération de Russie, un des garants du processus d’Astana, avec l’Iran et la Türkiye, les décisions fondamentales sur les modalités des travaux futurs de la Commission constitutionnelle et le lieu de la prochaine série de consultations, doivent être prises par les Syriens eux-mêmes, sans ingérence extérieure.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (S/2023/621)

Déclarations

M. GEIR OTTO PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, a rappelé ce qu’avait déclaré le Secrétaire général devant l’Assemblée générale, à savoir que la Syrie est en ruine et la paix lointaine.  Une solution globale au conflit syrien reste dans ce contexte hors de portée, en raison des écarts de volonté politique, de la distance entre les positions substantielles des parties, de la profonde méfiance et du climat international difficile.  Tout cela joue un rôle dans cette impasse.  Mais, alors que les souffrances et le sentiment de désespoir des Syriens s’aggravent, nous ne pouvons pas simplement accepter le statu quo, car la situation va empirer et pourrait bien s’effondrer, en entraînant de nouveaux défis, a ajouté l’Envoyé spécial.  C’est pourquoi il a plaidé pour que le processus politique commence à porter ses fruits sur le terrain et à susciter l’espoir.

S’agissant de la situation humanitaire, M. Pedersen a affirmé que la moitié de la population souffre d’insécurité alimentaire et que plus de 600 000 enfants de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance.  Les médecins et infirmières gagnent moins de 20 dollars américains par mois, ce qui est insuffisant pour couvrir ne serait-ce que les frais de transport.  De nombreux professionnels de santé essentiels quittent le pays.  Des secteurs entiers risquent d’être vidés.  De plus, des civils continuent d’être tués et blessés dans les violences et des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées le mois dernier, notamment en raison des conflits entre tribus arabes et les Forces démocratiques syriennes (FDS) à Deïr el-Zor ou en raison des frappes aériennes turques.

Dans ce contexte, l’Envoyé spécial a dit prendre note de la reprise des livraisons humanitaires des Nations Unies depuis la Turquie vers le nord-ouest de la Syrie via le passage de Bab el-Haoua.  Toutes les modalités doivent être utilisées, y compris à travers les lignes de front, a-t-il ajouté.  Il a aussi appelé à ce que tout effet négatif des sanctions sur les Syriens ordinaires soit évité et atténué, notamment par le plein usage des exemptions humanitaires existantes et par les efforts déployés par les États pour lutter contre leur respect excessif.

L’Envoyé spécial est à nouveau revenu sur la nécessité d’un engagement des parties et pour la recherche d’un compromis politique, via un processus de dialogue politique dirigé et pris en charge par les Syriens et facilité par les Nations Unies, travaillant sérieusement au sein du Comité constitutionnel.  Les résultats déjà obtenus ne constituent pas encore la solution politique dont les Syriens ont besoin et qu’ils méritent.  Mais leur mise en œuvre constituerait un premier pas vers la résolution des principales préoccupations des Syriens d’aujourd’hui et ferait avancer sur la voie de la résolution 2254 (2015).  Il existe une voie à suivre et j’appelle tous à s’y engager, a conclu M. Pedersen. 

Mme EDEM WOSORNU, Directrice des opérations et de la communication à l’OCHA, s’est réjouie de la reprise, depuis la semaine dernière, des livraisons humanitaires transfrontalières depuis la Turquie vers le nord-ouest de la Syrie, ainsi que du retour du personnel de l’ONU sur place.  Les livraisons, qui s’étaient arrêtées le 10 juillet après l’expiration de l’autorisation accordée par le Conseil de sécurité, devraient se poursuivre, a-t-elle ajouté.  Entre temps, le personnel humanitaire comptait sur les réserves et les livraisons via d’autres passages frontaliers pour assurer la continuité des programmes, a-t-elle expliqué.

Mme Wosornu a toutefois rappelé que le passage de Bab el-Haoua reste la principale voie pour acheminer l’aide nécessaire à plus de quatre millions d’habitants, dont 80% de femmes et d’enfants.  La réouverture de Bab el-Haoua, qui est le résultat d’un accord avec le Gouvernement de la Syrie et de consultations avec différents États membres et partenaires, permet également un meilleur fonctionnement des écoles et des installations sanitaires, ainsi qu’un accès aux ressources vitales, a-t-elle expliqué, ajoutant que l’OCHA restait déterminée à apporter l’aide humanitaire nécessaire.

L’aide humanitaire est cruciale, a rappelé Mme Wosornu, mentionnant les dizaines de milliers de personnes déplacées à la suite de la récente escalade des hostilités dans le nord de la Syrie.  Les victimes civiles sont nombreuses et les écoles ont dû cesser leurs activités pour servir d’abris, a-t-elle déploré.  Elle a regretté que les combats dans le nord-est fassent également de nombreux blessés et réfugiés, ce qui aggrave les pénuries de médicaments et de denrées alimentaires.  Pendant que les travailleurs humanitaires se concentrent sur l’obtention de vivres et de logements, les organisations locales tentent de distribuer l’aide équitablement, a-telle poursuivi.  Elle a exhorté les parties prenantes aux hostilités à éviter que les civils ne pâtissent de la situation en vertu du droit international humanitaire.

La crise économique risque d’aggraver encore l’insécurité alimentaire, la livre syrienne ayant perdu la moitié de sa valeur depuis janvier alors que le prix des denrées alimentaires a doublé, a fait observer Mme Wosornu.  Elle a rappelé que la moitié de la population syrienne, soit 12 millions de personnes, souffre actuellement d’insécurité alimentaire, avant de déplorer le sous-financement du plan d’aide humanitaire pour la Syrie, qui n’atteint même pas 30% à l’heure actuelle.

Mme Wosornu a ensuite énuméré les conséquences de ce manque de ressources.  Les agences humanitaires, comme le Programme alimentaire mondial, sont obligées de couper l’aide ou de réduire les rations alimentaires.  Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a dû diminuer les programmes d’aide essentielle, notamment en fermant les centres de protection pour les femmes victimes de violence, ce qui aura des conséquences désastreuses sur les survivantes.  Les femmes peinent à accéder aux soins de santé, y compris les soins reproductifs, en raison de la surpopulation et des dégâts dans les installations sanitaires, ou encore du manque de documents d’identité.  L’UNICEF et l’OMS ont également averti l’OCHA que l’accès à l’éducation, à l’eau potable, et aux soins de santé est fortement compromis par le manque de financements, mettant ainsi en péril la santé publique.  Si la reprise de l’acheminement de l’aide est une bonne nouvelle, les problèmes humanitaires persistent dans le pays, a conclu la Directrice des opérations et de la communication de l’OCHA.

Mme SU’AD JARBAWI, Vice-Présidente régionale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à l’International Rescue Committee (IRC), a relevé que jamais son organisation n’avait dirigé des opérations aussi complexes en 12 ans de présence en Syrie.  La situation humanitaire continue de se dégrader, a-t-elle déploré, évoquant l’épidémie de choléra qui a frappé le pays l’année dernière, des taux de malnutrition inédits, des étés caniculaires et une météorologie hivernale imprévisible.  « Il faut donc que le sujet reste à l’ordre du jour du Conseil de sécurité », a-t-elle insisté. 

Plus de 15 millions de personnes en Syrie auraient besoin d’aide humanitaire, a souligné l’intervenante, soitplus qu’à n’importe quel autre moment du conflit.  Selon elle, 90% des Syriens auraient plongé dans la pauvreté.  Pour que ces chiffres ne continuent pas d’augmenter, elle a plaidé en faveur d’une action concertée, regrettant qu’en juillet dernier, le Conseil de sécurité n’ait pas réautorisé l’aide transfrontalière de l’ONU vers le nord-ouest de la Syrie.  La situation qui en a résulté a mis en exergue le rôle essentiel du Conseil dans la promotion de l’accès à l’aide humanitaire pour les populations à l’intérieur du pays.  Les partenaires syriens de l’IRC ont fait part de leur frustration et de leur crainte à la suite de la non-reconduction de la résolution, a-t-elle témoigné.  Mme Jarbawia plaidé en faveur d’une inclusion des voix syriennes et de la société civile dans la prise de décision.

Dans le nord du pays, où travaille l’IRC, les civils continuent de souffrir d’un conflit sans fin, a rapportéla Vice-Présidente régionale, ajoutant que « certains bénéficiaires de l’IRC disent avoir été déplacés plus de 20 fois ».  Le mois dernier, a-t-elle rappelé, une escalade des hostilités dans le nord-esta entraîné la mort d’au moins 54 civils, endommagé des infrastructures essentielles, dont des hôpitaux et des installations de traitement de l’eau, et provoqué de nouveaux déplacements dans une région déjà fragilisée par les séismes de février dernier.  En parallèle, les prix de l’alimentation continueraient d’augmenter.  Certains doivent choisir entre soins médicaux essentiels et nourriture pour leur famille, a-t-elle dénoncé.  Cet été, une étude de l’IRC a montré que près de la moitié des ménages n’inscrivent pas leurs enfants à l’école – souvent pour survenir aux besoins de leur famille, dans le cas des garçons, ou à cause de mariages précoces, dans le cas des filles.

Comme les populations civiles, « les agences humanitaires font face à des décisions impossibles concernant les services auxquels donner la priorité », a relevé Mme Jarbawi.  Malgré l’augmentation des besoins, le plan de réponse humanitaire de l’IRC n’est financé qu’à environ un quart.  De plus, nombre de donateurs auraient prévu une réduction de 20 à 40% de leur budget l’année prochaine, s’est-elle alarmée.  « Face à des efforts humanitaires au point mort, il est à craindre que la Syrie ne devienne une crise oubliée. » 

Dans ce contexte, l’intervenante a rappelé la position de l’IRC et de la communauté des ONG dans son ensemble, qui ont insisté pour que le Conseil autorise l’assistance transfrontière pour une période de 12 mois.  Relevant que des progrès ont été réalisés récemment, depuis que l’aide de l’ONU transite à nouveau par Bab el-Haoua, elle a fait part de sa préoccupation quant au fait que les accords actuels, à court terme, n’offrent pas la stabilité nécessaire pour assurer une réponse durable. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a affirmé qu’il n’existe pas d’alternative à un règlement dirigé et mis en œuvre par les Syriens eux-mêmes, avec le concours de l’ONU, dans le strict respect de la résolution 2254 (2015) et sans ingérence extérieure. 

Le 22 septembre, les Ministres des affaires étrangères de la Russie, de l’Iran et de la Türkiye –les pays « garants d’Astana »- se sont rencontrés à nouveau, a rappelé le représentant.  Ils ont échangé au sujet d’un processus global en Syrie sur la base d’un engagement strict en faveur des principes de respect des droits de l’homme et de la démocratie en Syrie.  Ils ont aussi évoqué la nécessité pour la Syrie de mobiliser l’aide extérieure, y compris pour sa reconstruction postconflit, a-t-il expliqué.  Quant aux décisions fondamentales sur les modalités des travaux futurs de la Commission constitutionnelle et le lieu de la prochaine série de consultations, elles devraient être prises par les Syriens eux-mêmes, a-t-il ajouté.

Sur le terrain, la situation demeure tendue dans un certain nombre de régions échappant au contrôle de Damas, a jugé le représentant, qui a attribué cet état de fait principalement au « maintien de la présence militaire illégale continue » des États-Unis dans plusieurs localités.  Il a aussi imputé « l’escalade des tensions » dans le sud du pays à une « ingérence extérieure de Washington et de ses alliés » visant à déstabiliser davantage la situation et à créer une zone tampon à la frontière.  Le représentant a accusé les pays occidentaux d’avoir « cessé de combattre les terroristes depuis longtemps » et d’utiliser et contrôler Daech et les milices kurdes à leurs propres fins.  Outre les provocations des États occidentaux, les autorités israéliennes apportent également une contribution destructrice en multipliant les attaques aériennes en territoire syrien, a-t-il ajouté.  Pour sa part, la Russie considère que ce n’est qu’en rétablissant la souveraineté et l’intégrité territoriale totale de l’État syrien que la paix adviendra en Syrie.

Enfin, le représentant a fait remarquer que le Plan humanitaire de l’ONU pour la Syrie était financé à moins de 30% pour l’année en cours.  Il est évident selon lui que la Syrie, tout comme un certain nombre d’autres États dans le besoin, est victime d’une discrimination brutale de la part des donateurs occidentaux, trop préoccupés à soutenir les transferts d’armes vers l’Ukraine. 

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil), s’exprimant également au nom de la Suisse, l’autre délégation porte-plume du dossier humanitaire syrien, s’est félicité de la reprise, depuis le 19 septembre, des livraisons humanitaires de l’ONU vers le nord-ouest de la Syrie via le passage de Bab el-Haoua.  Au 22 septembre, 49 camions remplis d’aide essentielle de l’UNICEF, du Programme alimentaire mondial, (PAM), de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) sont passés avec succès par ledit passage.  La reprise des livraisons est prometteuse et nous espérons sa pérennité, a souligné le représentant.  Avec la prolongation pour trois mois des postes-frontières de Bab el-Salam et de Raaï, l’action de l’ONU s’étend désormais sur trois postes-frontières, aidant chaque mois 2,7 millions de nécessiteux, s’est-il aussi réjoui, avant de souligner la nécessité de dispositions prévisibles pour répondre aux besoins humanitaires toujours croissants sur le terrain.

S’exprimant ensuite à titre national sur les aspects politiques du conflit syrien, le représentant brésilien a jugé préoccupante l’escalade de la violence en Syrie et exhorté dans ce contexte toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et à faire preuve de la plus grande retenue pour éviter une nouvelle escalade.  Selon lui, la résolution 2254 (2015) fournit des éléments qui pourraient conduire à une fin pacifique du conflit, garantissant la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale du pays.  Une approche holistique collective est donc nécessaire, tenant toujours compte des besoins de protection des réfugiés conformément au droit international.  Une solution militaire à la crise syrienne est non seulement illusoire, mais aussi préjudiciable à l’avenir du pays, a conclu le représentant, appelant à une volonté politique renouvelée pour relancer un processus politique intrasyrien crédible, via la reprise de la Commission constitutionnelle. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) s’est réjouie de la reprise des livraisons humanitaires par le passage de Bab el-Haoua.  La représentante a maintenu l’espoir que les négociations récentes permettront de maintenir ce passage ouvert.  Cependant, elle a regretté les nombreuses manipulations politiques du Gouvernement syrien, qui risque d’imposer des conditions à l’ONU lorsque l’hiver aura aggravé les conditions humanitaires.

Le Conseil de sécurité doit apporter aux Nations Unies le soutien nécessaire pour résister à la pression du Gouvernement syrien et maintenir un accès à l’aide humanitaire pour les Syriens aussi longtemps que nécessaire, a exhorté la représentante.  Étant un des principaux donateurs, les États-Unis appuient toutes les modalités d’aide, a-t-elle assuré, avant de réaffirmer que le Conseil devait continuer de recevoir des rapports sur l’évolution de la situation politique et humanitaire.

Les États-Unis appuient les manifestations politiques des Syriens, ainsi que leur exercice du droit de liberté d’expression et de rassemblement, a déclaré Mme Thomas-Greenfield.  Selon la représentante, la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015) reste la seule solution pour mettre fin au conflit.  Elle a encouragé le régime syrien à participer au processus politique via la Commission constitutionnelle, regrettant que celle-ci ne se soit pas réunie depuis près d’un an.  Alors que les efforts de paix sont dans l’impasse et les besoins humanitaires plus importants que jamais, le Conseil doit envoyer un message clair aux Syriens: on ne vous oublie pas, a conclu la représentante.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni),notant que les besoins humanitaires en Syrie ont atteint leur paroxysme, a estimé qu’il était du devoir du Conseil de sécurité d’entendre les faits.  Elle s’est néanmoins félicitée que l’aide humanitaire transite à nouveau dans le nord-ouest du pays, 70 jours après que la Russie a opposé son veto à l’acheminement de l’aide transfrontalière.  Une fois de plus, a‑t‑elle déploré, l’ONU doit mettre en place des plans pour le moment où cette permission arrivera à échéance, dans 45 jours.  Selon la déléguée, des accords à court terme ne constituent pas une solution durable pour les habitants et distraient les efforts des organisations humanitaires, qui doivent échafauder des solutions d’urgence plutôt que de consacrer leurs ressources aux personnes dans le besoin.

À propos des derniers développements politiques, la déléguée a partagé sa déception face au refus syrien de respecter les décisions du Conseil malgré sa récente réadmission dans la Ligue arabe.  En outre, le trafic de captagon continuerait dans la région, a‑t‑elle dénoncé, rappelant que ce mois-ci aurait vu les plus importantes saisies jamais enregistrées.  En conclusion, elle a appelé le Gouvernement syrien à participer sérieusement au processus politique, comme prévu par la résolution 2254 (2015).

M. GENG SHUANG (Chine) a notifié que le Président chinois Xi avait rencontré la semaine dernière son homologue syrien lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux asiatiques.  M. Xi a rappelé à cette occasion qu’il appuyait la Syrie dans son refus de l’ingérence étrangère, ainsi que ses efforts pour préserver son intégrité territoriale, lutter contre le terrorisme, et rechercher des solutions syriennes aux problèmes syriens.  Le délégué chinois s’est aussi réjoui que la Syrie ait rejoint la Ligue arabe, et de sa volonté d’organiser, d’ici à un an, une nouvelle série de réunions de la Commission constitutionnelle.  La Chine, a‑t‑il ajouté, est opposée aux ingérences étrangères en Syrie ainsi qu’à l’exploitation illégale de ses ressources naturelles par des forces étrangères.

Observant des progrès dans l’acheminement de l’aide humanitaire en Syrie, le représentant a souhaité que toutes les parties conservent cet élan et renforcent les convois dès que possible.  Les donateurs devraient honorer leurs engagements pour que l’accès soit fourni sans discrimination et en quantité suffisante, a‑t‑il indiqué.  Il a enfin souligné les effets négatifs des sanctions sur l’acheminement de l’aide humanitaire.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a souligné l’importance de la poursuite du dialogue politique intersyrien dans le but de sortir le pays de la crise.  C’est la seule voie possible, a‑t‑ildéclaré, avant de juger essentiel de soutenir les efforts déployés par les pays arabes et le groupe de contact de la Ligue arabe en ce sens, en complément de ceux de l’ONU.  Pour cette raison, il a appuyé les propositions de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie visant à la reprise, d’ici à la fin de l’année, des travaux de la Commission constitutionnelle qui se trouvent dans l’impasse.

Le délégué s’est ensuite félicité de la reprise de l’acheminement humanitaire par le passage de Bab el-Haoua.  Cela témoigne selon luide la coopération entre le Gouvernement syrien et l’ONU.  Il faut en outre appuyer la Syrie pour sa reconstruction et les activités de déminage, afin de permettre un retour sûr et volontaire des réfugiés.  « Tenir le dossier syrien en otage dans le contexte des tensions géopolitiques ne profitera à personne et ne fera que renforcer l’instabilité dans la région. »  Le Conseil de sécurité, en tant qu’organe chargé du maintien de la paix doit jouer son plein rôle, a conclu le délégué.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), au nom des A3 (Gabon, Ghana, Mozambique), a réitéré son opposition à l’utilisation d’armes chimiques par qui que ce soit, où que ce soit et dans n’importe quelle circonstance, ainsi que son soutien à tout effort visant à mettre fin à leur production, leur stockage ou leur utilisation.  La résolution 2118 (2013), a-t-il rappelé, fournit le cadre pour la destruction rapide et vérifiable des armes chimiques de la Syrie.  C’est pourquoi le délégué a regretté les divergences persistantes entre l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et les autorités syriennes.

Le délégué a fait observer que l’élan qui a initialement galvanisé la communauté internationale, y compris ce Conseil, à agir sur cette question, « se dissipe progressivement ».  Pour les A3, il faut garder à l’esprit que dans le cas où l’OIAC n’achèverait pas définitivement son travail, le danger persistant de la production et de l’utilisation éventuelle d’armes chimiques en Syrie -ou ailleurs- ne pourrait être totalement écarté.  Une coopération constructive entre la Syrie et le secrétariat de l’OIAC facilitera la résolution de toutes les questions en suspens, a estimé le délégué.  C’est pourquoi les A3 encouragent la tenue rapide d’une réunion de haut niveau entre le Ministre des affaires étrangères syrien, des expatriés syriens et le Secrétaire général de l’OIAC, afin de relancer les efforts et de résoudre les problèmes pour de bon.

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a relevé qu’il était important de regagner la confiance des différentes parties afin de créer un environnement favorable à la mise en œuvre des stratégies de résolution, dont les réunions du Comité constitutionnel à Genève et le plan de négociation « étape par étape ».  L’action politique, a-t-il poursuivi, doit viser à instaurer la stabilité et la gouvernance via les stratégies nationales, régionales et mondiales, à réactiver l’économie pour réduire la dépendance à l’aide humanitaire, à mettre en place des mécanismes de responsabilisation et de justice transitionnelle, et à reconstituer le tissu social en intégrant les acteurs sociopolitiques -y compris les femmes et les jeunes- à toutes les étapes de négociation.  Le délégué a également appelé au maintien de l’ouverture sans condition des points de passage transfrontaliers dans le nord-est de la Syrie afin de garantir la liberté de mouvement des personnels de l’ONU.  Devant une crise humanitaire qui risque de s’aggraver avec l’arrivée de l’hiver et la crise financière qui menace de réduire les livraisons des articles de première nécessité, il a encouragé les membres de la communauté internationale à maintenir leurs engagements envers le Plan de réponse humanitaire, ainsi qu’à œuvrer à la réconciliation et à la coopération pour le développement.

Mme FRANCESCA MARIA GATT(Malte) a souligné qu’au cours des mois d’été, les vagues de chaleur et les pénuries d’eau ont aggravé les souffrances de la population dans toute la Syrie, en particulier des personnes déplacées et vivant dans des camps dans le nord-est et le nord-ouest du pays.  Les perspectives pour le reste de l’année 2023 sont sombres, car les fortes augmentations des prix du panier alimentaire, le non-renouvellement de l’Initiative de la mer Noire et la dépréciation de la devise nationale poussent de plus en plus de Syriens dans la détresse économique.

Dans ce contexte, la déléguée s’est réjouie que le point de passage transfrontière de Bab el-Haoua continue d’être empruntépar les opérations humanitaires.  Espérant que l’accord entre l’ONU et Damas concernant les trois points de passage sera respecté et prolongé aussi longtemps que les besoins persisteront, elle a également appelé toutes les parties prenantes à respecter leurs obligations afin de faciliter le passage sans entrave de l’aide vers toutes les régions du nord-ouest par Bab el-Haoua.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a constaté que la guerre en Syrie entraînait des répercussions sur l’ensemble de la région, qui accueille plusieurs millions de Syriens et subit les contrecoups du trafic de captagon orchestré par le régime syrien.  L’instabilité qui règne en Syrie alimente également le terrorisme, a‑t‑il ajouté.  À ses yeux, il n’y aura de perspective d’une solution juste et durable que le jour où un processus politique crédible et inclusif sera engagé sur la base des dispositions de la résolution 2254 (2015).  La voix de ceux qui manifestent à Soueïda et dans tout le reste de la Syrie pour un changement politique démocratique ne dit pas autre chose, a‑t‑ilaffirmé.  La communauté internationale attend des « gestes concrets et vérifiables de la part du régime », y compris en matière de lutte contre le trafic de captagon, a insisté le représentant.

Le représentant s’est félicité de la reprise de l’acheminement de l’aide humanitaire à travers le point de passage de Bab el-Haoua, une bonne nouvelle pour les plus de 4,5 millions de Syriens qui en dépendent dans le nord-ouest du pays.  S’il a salué les efforts de Martin Griffiths et du Bureau de la coordination des affaires humanitaires qui ont permis ce résultat, il a souligné que le veto de la Russie à un renouvellement du mécanisme transfrontière, en juillet dernier, suscite l’inquiétude légitime des acteurs humanitaires sur la poursuite de l’aide.  « C’est inacceptable dans un contexte extrêmement détérioré depuis les séismes du 6 février dernier. »  La France juge essentiel que le Conseil reste saisi de ce dossier et que le Secrétariat rende compte par écrit au Conseil de la réponse humanitaire en Syrie.  Dans ce cadre de la lutte contre l’impunité, le représentant a salué l’action du Mécanisme international, impartial et indépendant, et soutenu le processus de mise en place de l’institution indépendante humanitaire sur les personnes disparues.

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a jugé que la Syrie montrait peu d’entrain en vue de poursuivre le processus politique, malgré l’accélération des efforts diplomatiques régionaux comme le retour du pays au sein de la Ligue des États arabes.  La représentante a appelé toutes les parties, en particulier les autorités syriennes, à un engagement plus sérieux auprès de l’Envoyé spécial et les a exhortées à mettre en œuvre la résolution 2254 (2015) du Conseil.  En outre, elle a déploré que les conditions ne soient pas réunies pour un retour sûr des réfugiés, notant que, dans le même temps, les pays d’accueil comme la Jordanie et le Liban ont atteint la limite de leur capacité d’accueil.  « La situation humanitaire reste désastreuse », s’est-elle alarmée, relevant l’absence de perspective d’une solution politique.

La représentante s’est réjouie de la reprise des opérations transfrontalières pour acheminer l’aide humanitaire via le poste-frontière de Bab el-Haoua, grâce aux efforts de l’ONU, ainsi que du passage de 4 000 camions transportant de l’aide cette année dans le nord-ouest du pays.  Cependant, a-t-elle averti, il est essentiel que les livraisons soient contrôlées pour garantir leur nature humanitaire.  Appelant à un effort collectif pour répondre aux appels du Bureau de la coordination des affaires humanitaires, elle a fait part de ses craintes de voir diminuer l’attention de la communauté internationale à mesure que la crise se prolonge.

La représentante a en outre demandé que soit éclairci le sort de toutes les personnes disparues, estimant qu’il s’agit d’une condition indispensable à une paix durable.  À ce titre, elle a déclaré attendre les informations du Secrétaire général et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, à la suite de la décision de l’Assemblée générale d’établir une institution indépendante sur les personnes disparues en Syrie.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a rappelé que la situation dans le pays restait préoccupante, notamment dans le nord, où l’état de la sécurité impacte fortement la population civile, souvent victime d’attaques directes ou sans discrimination.  La représentante a appelé toutes les parties au respect du droit international humanitaire ainsi des principes de distinction, de proportionnalité et de précaution dans la conduite des hostilités.  Elle a jugé plus nécessaire et urgent que jamais d’instaurer un cessez-le-feu national, comme prévu dans la résolution 2254, seul moyen de rendre possible une sortie de la profonde crise humanitaire, sociale et économique dans laquelle le pays est plongé.

La représentante s’est félicitée des contacts récents de l’Envoyé spécial dans la région, y compris à Damas, et a émis l’espoir qu’ils permettront de faire avancer son approche « pas après pas », mise en avant par les acteurs régionaux par les déclarations d’Amman, du Caire et de Djedda.  Pour la Suisse, une réunion « substantielle et dans les meilleurs délais » du Comité constitutionnel sous l’égide de l’Envoyé spécial constituerait une étape importante pour une relance du processus politique sur la base de la résolution 2254.  La représentante a également appelé le Conseil à jouer un rôle dans la lutte contre l’impunité, autre condition sine qua non d’une paix durable en Syrie.

Mme Baeriswyl a apporté son soutien à la collaboration entre le Bureau de l’Envoyé spécial, la Chambre de soutien à la société civile (CSSR).  Pour la représentante, les aspirations, les griefs et attentes de la société civile, en particulier des femmes syriennes, doivent être inclus dans les efforts en vue d’aboutir à une solution politique durable.  Présentant les organisations de la société civile comme « d’importantes courroies de transmission entre la réalité du terrain en Syrie et les instances internationales », la représentante leur a réitéré son soutien.  Enfin, elle a jugé essentielle, pour ouvrir la voie à la réconciliation, la mise en place de mesures de confiance, y compris la libération des détenus et la clarification du sort des personnes disparues.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a reproché aux dirigeants syriens, aidés par leurs alliés, de saper systématiquement le processus politique de la résolution 2254 (2015).  S’il a salué la reprise des livraisons humanitaires depuis le 19 septembre, il a néanmoins estimé qu’une action du Conseil était nécessaire pour les assurer de manière prévisible et durable.

Le délégué a dit rester profondément préoccupé par la poursuite des arrestations arbitraires par les forces gouvernementales syriennes, par l’usage de la torture et de mauvais traitements, ainsi que par le sort de plus de 130 000 Syriens portés disparus.  Malgré « la propagande du régime », la population syrienne est malheureuse et reste sans perspective, a-t-il observé, constatant « un fossé énorme » entre la rhétorique du régime et les gens ordinaires vivant dans la peur, tout en essayant de survivre dans un abîme économique.  Les manifestations dans le sud de la Syrie, a conclu le délégué, sont un appel à la prise de conscience du besoin urgent d’un changement politique.

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a déploré les sanctions économiques « inhumaines et illégales » qui ne font que s’ajouter auxproblèmes du terrorisme et de l’ingérence étrangère.  Les attaques et la présence illégale de forces armées sur le territoire syrien représentent des violations flagrantes des principes du droit international, s’est-il indigné.  Dénonçant la pratique du deux poids, deux mesures des États qui disent protéger le droit international humanitaire, le délégué acondamné les attaques répétées des forces israéliennes sur les infrastructures civiles.  En outre, certains membres permanents du Conseil de sécurité commettent des infractions flagrantes à l’encontre de la Syrie, a-t-il poursuivi.  En violant l’intégrité territoriale et en soutenant les milices séparatistes, les États-Unis aggravent la crise humanitaire et causent d’énormes pertes économiques, a-t-il accusé, appelant à des compensations.  En outre, ce matin, les États-Unis ont réitéré leur attachement à la souveraineté israélienne sur le Golan syrien occupé, une position que le délégué a dénoncée comme étant une violation des résolutions du Conseil.

Remarquant qu’un seul convoi humanitaire a franchi le passage Bab el-Haoua depuis sa réouverture, le délégué a considéré que la pression devrait être exercée sur les groupes terroristes qui détournent l’aide humanitaire, ce qui requiert un financement approprié des programmes des Nations Unies.  « La Syrie a autorisé l’accès à cinq passages pour les colis humanitaires, au lieu des deux passages demandés, mais le Conseil de sécurité ne semble pas s’en souvenir », a-t-il ironisé.  Le délégué a ensuite appelé les pays occidentaux à permettre des conditions appropriées pour le retour des réfugiés syriens sur leur terre en finançant, plutôt qu’en politisant, les efforts de réhabilitation des villes.  Réclamant des solutions durables, il a exhorté les États-Unis et l’Union européenne à lever leurs sanctions.  Il a conclu en remerciant les États qui ont œuvré contre l’interférence étrangère dans les affaires syriennes et appelé les autres États à s’atteler à trouver des solutions au lieu de nuire aux acquis.

M. AMIR SAEID IRAVANI (République islamique d’Iran) a mis l’accent sur la situation humanitaire dramatique en Syrie, jugeant crucial que l’assistance humanitaire, de même que les efforts de la Syrie sur ce volet, ne soient pas instrumentalisés.  Le représentant a en outre recommandé la transparence dans l’octroi et l’acheminement de l’aide.  La première solution à la crise syrienne est d’ordre politique, d’où l’importance de la reprise des réunions de la Commission constitutionnelle, a-t-il encore déclaré, soulignant que le rôle de l’ONU devrait se limiter à une facilitation, la responsabilité de la prise de décisions relevant des Syriens eux-mêmes.

Par ailleurs, la lutte contre le terrorisme ne saurait servir de prétexte pour violer la sécurité et la stabilité de la Syrie, comme on le voit avec les attaques perpétrées par le « régime israélien », a déclaré le représentant.  Quant au retour des réfugiés et des personnes déplacées, il faudrait qu’il se fasse dans la sécurité et avec un soutien financier pour l’infrastructure nécessaire à cet effet.

Le représentant a rappelé qu’en marge du débat général de la soixante-dix-huitièmesession de l’Assemblée générale, l’Iran et les deux autres pays garants du processus d’Astana -Russie et Turquie-, ont organisé une réunion ministérielle axée sur les problèmes rencontrés par la Syrie.  Il s’est félicité, en conclusion, des nouveaux faits politiques enregistrés sur le front diplomatique.

M. SEDAT ÖNAL (Türkiye) a déploré que le conflit syrien n’ait pas figuré en priorité dans les nombreux discours prononcés par les dirigeants à l’Assemblée générale la semaine dernière.  « Il ne s’agit pas d’un conflit gelé et il faut éviter de le traiter comme tel », a-t-il averti, soulignant que les conflits continuent de faire rage et que la population endure des privations considérables.  Le représentant a partagé son inquiétude quant à la menace que les organisations terroristes, dont le PKK, font planer sur l’intégrité territoriale du pays.  Le conflit constitue une menace constante pour la Syrie et les pays de la région dont la Turquie, a-t-il insisté.  Il a encouragé les parties syriennes à se séparer des entités séparatistes qui n’ont pas d’avenir en Syrie.

Selon le représentant, les manifestations antirégime dans le sud, les affrontements armés dans le nord-est et les trafics divers témoignent de l’urgence à régler le conflit.  À ce titre, il a plaidé pour une relance du processus politique, conformément à la résolution 2254 (2015), ainsi que pour des conditions pour un retour digne et consenti des réfugiés syriens.  « Sans réconciliation nationale, le conflit s’éternisera », a-t-il averti.  L’opposition syrienne doit être incluse dans la recherche d’une solution politique, a-t-il ajouté, relevant que la Commission constitutionnelle représentait l’enceinte la plus efficace pour regrouper les parties syriennes.  Il a fait part de la détermination de la Türkiye à relancer la Commission et du soutien de son pays aux efforts de l’Envoyé spécial.

Pendant 10 ans, les mécanismes d’aide transfrontières de l’ONU ont joué un rôle majeur pour acheminer l’aide aux populations, a rappelé le représentant, insistant pour leur reconduction.  Les parties syriennes bénéficieront du maintien des éléments de signalement pour garantir la surveillance et la neutralité des opérations, a-t-il assuré.  Se félicitant que les convois traversent à nouveau Bab el-Haoua, il a souligné la responsabilité à laquelle feraient face les parties en cas de blocage.  Le représentant a conclu en rappelant le droit de son pays à prendre des mesures appropriées contre les menaces directes contre sa sécurité.

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