9425e séance - matin
CS/15424

Conseil de sécurité: l’expansion des colonies israéliennes et la violence perdurent au quotidien dans le Territoire palestinien occupé

Au Conseil de sécurité, ce matin, l’expansion continue des colonies de peuplement et la détérioration de la situation économique et humanitaire dans les territoires palestiniens occupés, l’escalade de la violence, l’utilisation d’armes létales contre des civils ou encore la rhétorique incendiaire de certains responsables politiques, ont été au cœur des préoccupations du Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient.

M. Tor Wennesland présentait, pour la période allant du 15 juin au 19 septembre, un nouveau rapport sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) par laquelle le Conseil exige d’Israël « qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et respecte pleinement toutes les obligations juridiques qui lui incombent à cet égard ».

Or, les autorités israéliennes, a-t-il informé concrètement, ont continué le plan de construction de 6 300 unités dans la zone C, y compris la légalisation rétroactive de trois avant-postes à proximité de la colonie d’Eli; tandis qu’à Jérusalem-Est la construction de 3 850 unités de logement progresse.  Le 11 septembre, un projet de 3 500 logements a été présenté sur une terre appartenant à l’église orthodoxe grecque.  Parallèlement, les démolitions et saisies de propriétés palestiniennes continuent, et des enfants en particulier sont chassés de leurs lieux de vie.

Le Coordonnateur spécial a en outre répertorié 1 042 arrestations de Palestiniens et 1 264 détentions administratives, soit le chiffre le plus élevé en une décennie.  De plus, de nombreux Palestiniens sont victimes d’armes chaque fois plus sophistiquées.

Il a également dénoncé le fait que plusieurs hauts responsables, aussi bien israéliens que palestiniens, aient proféré des propos incendiaires, comme des messages du Fatah et du Hamas appelant à des attaques contre les civils israéliens.

Les États-Unis, a martelé leur représentante, s’opposent fermement à l’avancée des colonies. Elle a condamné les propos « antisémites » du Président Mahmoud Abbas qui, selon elle, ne font qu’aggraver les tensions et minent la possibilité d’un État palestinien.  S’agissant de la situation humanitaire, elle a annoncé 73 millions de dollars de contributions supplémentaires au budget de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui manque cruellement de financement selon M. Wennesland.

Le Japon est un donateur historique de l’UNRWA avec plus d’un milliard de dollars en 70 ans, a rappelé son représentant.  Cette année, le Japon a versé plus de 40 millions de dollars, dont 1 million à l’aide d’urgence au camp de réfugiés de Jénine.

La France a déclaré, à son tour, qu’elle ne reconnaîtra jamais l’annexion illégale de territoires, ni la légalisation de colonies sauvages.  « L’immobilisme n’est pas une solution », a-t-elle insisté, appelant à « restaurer d’urgence un horizon politique ».  Le Brésil a exhorté le Conseil à aider à la reprise de négociations directes, car, a-t-il abondé, demeurer les bras croisés devant une telle situation est dangereux.

Trente ans après les Accords d’Oslo, n’a pu que constater la Chine, « la base des accords internationaux s’effrite et la fenêtre de la paix est en train de se fermer ».  Elle a encouragé le Conseil de sécurité à organiser, le plus vite possible, une visite en Israël et en Palestine, et préconisé, à l’instar du Président de l’Autorité palestinienne, l’organisation d’une grande conférence internationale de paix.

Plusieurs pays ont ainsi appelé à prendre des mesures plus décisives pour mettre en œuvre la solution des deux États, sur la base notamment de l’initiative arabe pour la paix et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Les Émirats arabes unis ont loué les récents efforts diplomatiques observés en marge du débat général de l’Assemblée, notamment la réunion organisée par l’Arabie saoudite, la Ligue arabe et l’Union européenne pour maintenir la solution des deux États.

Le Royaume-Uni a encouragé davantage de pays à normaliser leurs relations avec Israël, saluant le succès des Accords d’Abraham qui marquent, cette année, leur troisième anniversaire.  Il s’est dit déterminé à faire en sorte que la normalisation apporte des avantages concrets au peuple palestinien.  Dans cet esprit, le Ghana a encouragé le Conseil à soutenir le rétablissement de mécanismes facilitant des contacts plus réguliers et plus soutenus entre les deux parties pour résoudre les questions clefs.

Pour sa part, la Fédération de Russie a accusé les États-Unis de prôner une normalisation « sans inclure les initiatives de paix arabes », ce qui éloigne, selon elle, la perspective de relancer les pourparlers pour une solution à deux États dans les frontières reconnues internationalement.

« Rien ne peut remplacer un processus politique légitime qui résoudra les problèmes fondamentaux à l’origine du conflit, » a conclu M. Wennesland.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a présenté les grandes lignes du vingt-septième rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) portant sur la période allant du 15 juin au 19 septembre 2023.  En dépit des termes de la résolution exigeant d’Israël qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et respecte pleinement toutes les obligations juridiques qui lui incombent à cet égard, les activités de peuplement se poursuivent, a informé M. Wennesland.

Ainsi, a-t-il précisé, les autorités israéliennes ont continué le plan de construction de 6 300 unités dans la zone C, y compris la légalisation rétroactive de trois points de passage à proximité de la colonie d’Eli; tandis qu’à Jérusalem-Est, la construction de 3 850 unités de logement progresse.  Le 11 septembre, un projet de 3 500 logements a été présenté sur une terre appartenant à l’église orthodoxe grecque qui a souligné qu’ils serviront à loger des chrétiens.

Le Coordonnateur spécial a également évoqué des décisions prises par les autorités israéliennes révoquant la nécessité d’une approbation ministérielle au cours des différentes étapes de la planification des colonies, délégant cette autorité au Ministère de la défense, ce qui, d’après lui, accélère l’expansion des colonies.  En outre, le 2 août, la Cour suprême israélienne a rejeté la demande de démanteler un avant-poste dans l’ancienne colonie de Homesh, en Cisjordanie occupée, qui avait été évacué en 2005 en vertu de la loi de désengagement.

M. Wennesland a indiqué que les démolitions et saisies de propriétés palestiniennes continuent.  Il a donné une série d’exemples de destruction, ayant notamment obligé des enfants à quitter leurs lieux de vie.  Il a souligné que les Palestiniens ne peuvent disposer de permis de construction et que 268 structures/logements ont été démolis ou saisis, provoquant le déplacement de 180 personnes, dont 46 femmes et 91 enfants.  Trente-deux structures étaient financées par des bailleurs de fonds, a-t-il ajouté.

Durant la période à l’examen, a poursuivi le Coordonnateur spécial, les forces de sécurité ont mené 1 042 arrestations tandis que 1 264 Palestiniens sont en détention administrative, soit le chiffre le plus élevé en une décennie.  D’autre part, de nombreux Palestiniens sont victimes d’armes chaque fois plus sophistiquées.

La résolution 2334 (2016) prévoit aussi de s’abstenir d’inciter à la violence, a rappelé M. Wennesland, soulignant toutefois que plusieurs hauts responsables, aussi bien israéliens que palestiniens, ont proféré des propos incendiaires, comme des messages appelant à des attaques contre les civils israéliens du Fatah et du Hamas.  Le 9 juillet, le Gouvernement israélien a voté pour prévenir l’effondrement de l’Autorité palestinienne, a-t-il relevé, soulignant que le 10 août, le Président Mahmoud Abbas a réuni les différentes parties palestiniennes en Égypte.

Face à la détérioration de la situation économique et humanitaire, le Coordonnateur spécial a déclaré que l’appel humanitaire en faveur des Palestiniens n’est financé qu’à hauteur de 33%, et que l’ Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) avait un manque à gagner de 75 millions de dollars.

La résolution 2334 (2016) appelle toutes les parties à faire leur possible pour le lancement de négociations crédibles.  À cet égard, le Coordonnateur spécial a énuméré une série de rencontres, notamment la réunion ministérielle censée relancer le processus de paix au Moyen-Orient.

Profondément préoccupé par l’expansion continue des colonies avec 10 000 nouvelles unités en Cisjordanie, M. Wennesland a réitéré que ces colonies n’ont aucune validité et sont illégales, priant Israël à les démanteler.  Également alarmé par l’utilisation d’armes létales contre des civils, il a appelé à ce que leurs auteurs, quels qu’ils soient, rendent des comptes.  Israël doit notamment cesser la violence et tout acte ciblant ou mettant en danger la vie des enfants, a-t-il demandé, appelant également le pays au respect de ses obligations internationales, en particulier dans l’usage de la force.

Préoccupé par la situation à Gaza, le diplomate a recommandé une levée des restrictions imposées par Israël, pour faire revivre l’espoir.  Il a prié toutes les parties de rejeter toute rhétorique « dangereuse ou raciste » de la part de certains responsables.  Enfin, il a encouragé l’Autorité palestinienne à entreprendre des réformes, et toutes les parties prenantes à veiller à l’amélioration de la situation économique dans les territoires occupés.  « Rien ne peut remplacer un processus politique légitime qui résoudra les problèmes fondamentaux à l’origine du conflit. »

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a déclaré que son pays continue de plaider pour la solution des deux États, vivant côte-à-côte et dans la sécurité.  Pour cette raison, elle a appelé les deux parties à éviter toute mesure de nature à envenimer la situation, notamment la poursuite des activités de peuplement, la violence des colons, mais aussi les actes de terrorisme et le soutien au terrorisme par le paiement de sommes d’argent aux familles de terroristes.  Les États-Unis, a martelé la représentante, s’opposent fermement à l’avancée des colonies.  Elle a appelé Israël à cesser sa politique d’expansion des colonies avant de condamner les propos « antisémites » du Président Mahmoud Abbas qui, selon elle, ne font qu’aggraver les tensions et minent la possibilité d’un État palestinien.

La représentante a également dit appuyer le statu quo sur les lieux saints ainsi que les discussions intervenues entre Israël, l’État de Palestine et les partenaires régionaux visant à organiser une réunion importante.  S’agissant de la situation humanitaire, elle a annoncé 73 millions de contributions supplémentaires au budget de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Enfin, elle a accusé l’Iran et le Hezbollah de menacer la paix et la sécurité dans la région.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a assuré que la France ne reconnaîtra jamais l’annexion illégale de territoires, ni la légalisation de colonies sauvages, et a appelé Israël à y mettre un terme.  Cette politique de colonisation mène à une impasse pour le règlement du conflit et pour la solution des deux États conformément aux paramètres internationalement agréés, a ajouté le représentant.  Par ailleurs, le Conseil doit faire respecter ses propres résolutions, notamment la résolution 2334 (2016).

M. de Rivière a souligné que « l’immobilisme n’est pas une solution » et qu’il faut « restaurer d’urgence un horizon politique ».  La France encourage les Nations Unies à se mobiliser en faveur d’une reprise de négociations de paix dans les meilleurs délais.  Dans cette perspective, elle exprime son plein soutien à l’initiative portée par l’Union européenne, l’Arabie saoudite et la Ligue arabe pour préparer un ensemble de mesures qui bénéficieront aux Palestiniens et aux Israéliens, une fois un accord de paix signé.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte), après avoir exprimé sa profonde inquiétude face à une situation « de plus en plus intenable » entre les Palestiniens et les Israéliens, a condamné les colonies construites en violation du droit international dans les territoires palestiniens occupés.  La création de nouvelles colonies et les transferts forcés de communautés palestiniennes sont particulièrement préoccupants, et minent la solution de deux États, a estimé la représentante.  Elle a également déploré la violence persistante contre les civils, qu’il s’agisse d’attaques terroristes contre des Israéliens ou de violences de colons contre des Palestiniens.  Elle a exigé que les coupables soient traduits en justice et a souligné l’importance du respect du droit international humanitaire pour protéger les civils.

Des négociations crédibles sur toutes les questions relatives au statut final doivent être organisées, a déclaré la représentante.  Accueillant favorablement l’initiative « Peace Day Effort », elle a encouragé une réconciliation sincère entre les factions palestiniennes.  Elle a en outre appelé à la tenue d’élections, reportées par l’Autorité palestinienne, et à une attention accrue aux besoins humanitaires des Palestiniens, notamment à Gaza.  Enfin, elle a réitéré le soutien de Malte à un règlement du conflit basé sur une solution de deux États, tout en appelant à un réengagement de toutes les parties dans le processus de paix pour assurer une stabilité

M. GENG SHUANG (Chinea appelé à un règlement durable et juste de la question, basé sur la coexistence de deux États, Israël et la Palestine, ainsi que sur le développement commun de deux peuples, les Arabes et les Juifs, un vœu reflété lors de la réunion de haut niveau sur l’UNRWA organisée en marge du débat de l’Assemblée générale.  Toutefois, à la lumière de l’évolution de la situation sur le terrain, force est de constater que 30 ans après les Accords d’Oslo, « la base des accords internationaux s’effrite et la fenêtre de la paix est en train de se fermer ». 

Le représentant a appelé à prendre des mesures plus décisives pour mettre en œuvre la solution des deux États sur la base notamment de l’initiative arabe pour la paix et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il s’est fait l’écho du récent appel du Président de l’Autorité palestinienne, devant l’Assemblée générale de l’ONU, réitérant la nécessité de l’organisation d’une conférence internationale de paix.  « Nous soutenons une conférence de grande envergure » afin de créer les conditions propices à la reprise des pourparlers de paix, a-t-il dit.  Pour finir, le délégué a encouragé le Conseil de sécurité à organiser, le plus vite possible, une visite en Israël et en Palestine.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a encouragé davantage de pays à normaliser leurs relations avec Israël, saluant le succès des Accords d’Abraham qui marquent cette année leur troisième anniversaire.  La représentante s’est dite déterminée à faire en sorte que la normalisation apporte des avantages concrets au peuple palestinien. Elle a rappelé, à cet égard, la visite du 11 au 13 septembre du Ministre britannique des affaires étrangères, en Israël et dans les territoires palestiniens occupés.  Lors de ses entretiens avec les dirigeants israéliens et palestiniens, le Ministre a appelé à une désescalade des tensions et indiqué l’engagement du Royaume-Uni en faveur de la solution des deux États.

Évoquant la crise de financement à laquelle l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) est confronté, la représentante a annoncé une aide supplémentaire du Royaume-Uni de l’ordre de 10 millions de livres.  D’autres États ont également promis davantage de fonds à l’UNRWA, s’est-elle félicitée, insistant pour que ces aides soient rapidement disponibles.  L’objectif pour la représentante est d’assurer à l’agence une base financière plus durable. Pour finir, elle a fait part de sa préoccupation face au transfert forcé depuis 2022 de 1105 Palestiniens de leurs communautés et à la violence croissante des colons dans les territoires occupés.  Elle a appelé le Gouvernement israélien à faire face à cette menace, rappelant le tragique bilan des victimes en 2023, quelque 193 Palestiniens ayant été tués par les forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie et 31 Israéliens par des terroristes.

Mme ALLEGRA PAMELA R.  BONGO (Gabon) a déclaré que la fragilité de la situation sécuritaire et humanitaire sur le terrain exige un engagement plus accru de la communauté internationale dans la résolution du conflit israélo-palestinien, qui perdure depuis plus de 70 ans.  Les pays de la région doivent s’impliquer davantage en faveur de la reprise du dialogue et des négociations entre les deux parties, a ajouté le représentant.  Les violations du droit international doivent cesser et le statu quo des lieux saints doit être respecté.  Pour le Gabon, une paix durable ne peut être envisageable dans un contexte d’expansion de colonies, de démolitions, d’expulsions -notamment en Cisjordanie occupée y compris Jérusalem-Est- et de provocations dans les lieux saints, à l’image de celles survenues encore dimanche dernier, à la mosquée Al-Aqsa.

Le représentant a par ailleurs salué la tenue, en marge du débat général de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale, de la réunion de haut niveau sur l’UNRWA, agence qui, a-t-il rappelé, fournit des services essentiels en matière d’éducation, de soins de santé, de protection et autres, à près de six millions de réfugiés palestiniens en Jordanie, au Liban, en Syrie, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.

Le représentant a vu un signe d’encouragement dans l’arrivée hier, à Jéricho en Cisjordanie occupée, d’une délégation saoudienne en visite officielle, la première depuis la signature des accords d’Oslo en 1993.  Enfin, il a réitéré son attachement à la solution de deux États, avant d’appeler les parties au respect des résolutions du Conseil, notamment la résolution 2334 (2016), et à mettre en œuvre les engagements pris à Aqaba et à Charm el-Cheikh. 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a jugé tendue, violente et déplorable la situation actuelle dans le territoire palestinien occupé, ajoutant qu’elle laisse peu de place pour un règlement négocié du conflit.  Le représentant a alors appelé les parties à suivre la voie d’un dialogue constructif et productif visant à garantir une paix et une justice durables pour la Palestine et Israël.  Israël doit respecter le droit international et s’abstenir de toute activité illégale dans les territoires occupés, y compris en Cisjordanie. 

Le représentant a aussi estimé que les leçons tirées des processus de paix en Afrique australe démontrent que la paix est toujours possible si les parties en conflit sont véritablement disposées à suivre la voie de la justice et de la tolérance.  Pour cette raison, il a dit encourager les initiatives de dialogue qui pourraient garantir que cette crise, qui dure depuis plus de 70 ans, soit enfin résolue. 

M. VASSILY A.  NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné que la situation dangereuse actuelle est la conséquence directe des actes non proportionnés et agressifs d’Israël dans les territoires palestiniens occupés et de l’expansion sans précédent des colonies.  En outre, Israël a décidé de simplifier les procédures bureaucratiques nécessaires pour les permis de construire en Cisjordanie, en violation des résolutions du Conseil de sécurité, et des radicaux israéliens font des visites de provocation chaque jour dans la mosquée Al-Aqsa, a dénoncé M. Nebenzia. Il s’est également inquiété de l’augmentation de la violence contre les mineurs palestiniens et de la destruction d’établissements scolaires. 

La dégradation de la situation et l’absence de toute chance de processus de paix ne peuvent que susciter l’inquiétude, a poursuivi le représentant.  Il a accusé les États-Unis de prôner une normalisation « sans inclure les initiatives de paix arabes », ce qui éloigne la perspective de relancer les pourparlers pour une solution à deux États dans les frontières reconnues internationalement, que la Russie soutient. Selon lui, il est important d’attirer davantage l’attention de la communauté internationale face aux événements sur le terrain.  M. Nebenzia a apporté son appui à toutes les initiatives, notamment la visite du Secrétaire général dans la région, ainsi qu’aux efforts des Palestiniens pour avoir droit à leur propre État et être membres à part entière des Nations Unies.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a souligné l’urgence d’intensifier les efforts diplomatiques pour réduire l’escalade et instaurer la confiance entre Israéliens et Palestiniens. Il a loué les récents efforts diplomatiques observés en marge du débat général de l’Assemblée, notamment la réunion organisée par l’Arabie saoudite, la Ligue arabe et l’Union européenne pour maintenir la solution des deux États.  Le représentant a insisté sur la nécessité de mettre fin à toutes les pratiques illégales dans les territoires palestiniens occupés, y compris les attaques répétées contre les villes palestiniennes.  Il a également exprimé sa préoccupation quant aux conditions humanitaires alarmantes, notant que deux millions de personnes nécessitent une aide humanitaire.  « Cette situation exige le maintien du soutien international, y compris le financement de l’UNRWA », a-t-il déclaré.

Dans le contexte des discussions actuelles, le délégué a manifesté son inquiétude face aux activités de colonisation israéliennes qui violent le droit international et les résolutions de l’ONU.  Il a réclamé l’arrêt et que soit dissuadée la violence des colons, qui a atteint des niveaux sans précédent et menace d’alimenter davantage les tensions. Il a réaffirmé l’engagement des Émirats arabes unis en faveur d’une solution à deux États basée sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale de l’État palestinien, et a renouvelé son soutien à tous les efforts régionaux et internationaux entrepris pour atteindre cet objectif.

M. FELIX AKOM NYARKU (Ghanaa exhorté à la relance de négociations politiques sérieuses, soutenues par la communauté internationale, pour résoudre les principales questions territoriales et de sécurité, y compris celles liées aux colonies et à la violence des colons.  À cet égard, il a encouragé le Conseil à soutenir le rétablissement de mécanismes facilitant des contacts plus réguliers et plus soutenus entre les deux parties pour résoudre les questions clefs.

Le représentant a pressé la communauté internationale de permettre des investissements à court terme afin d’aider l’Autorité palestinienne à rétablir l’accès aux services de base en matière d’éducation, de santé et de services sociaux.  Il s’agit, a-t-il précisé, de créer des opportunités d’emploi pour les jeunes et les femmes, de réparer les infrastructures de base et de renforcer la stabilité budgétaire de l’Autorité palestinienne.  Pour finir, il a engagé Israël à mettre fin à la démolition de biens et d’infrastructures palestiniennes, à prévenir d’éventuels déplacements et expulsions de Palestiniens et à s’abstenir d’établir de nouvelles colonies de peuplement en Cisjordanie conformément à ses obligations en vertu du droit international humanitaire et des droits humains. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a regretté les nombreux incidents survenus depuis le début de l’année, qui n’ont fait qu’exacerber les tensions entre Israël et les Palestiniens.  Or, le manque de progrès politiques met en péril la paix et la sécurité dans la région et exige que toutes les parties concernées prennent des mesures concrètes pour assurer la désescalade.  Israël et la Palestine ont besoin de faire preuve d’un maximum de retenue et s’abstenir de toute réaction inflammatoire en paroles et en actes, a ajouté le représentant.

Le représentant a ensuite réitéré sa condamnation de l’expansion des colonies en Cisjordanie, appelant Israël à les cesser immédiatement.  Il a aussi exprimé sa préoccupation quant aux capacités de gouvernance de l’Autorité palestinienne qui, selon lui, sont en baisse.  Il a indiqué que son pays avait récemment lancé des efforts conjoints avec l’Égypte et la Jordanie en guise de soutien à l’État de Palestine. 

Le Japon est un donateur historique de l’UNRWA avec plus d’un milliard de dollars en 70 ans, a rappelé le représentant.  Cette année, le Japon a versé plus de 40 millions de dollars, dont un million à l’aide d’urgence au camp de réfugiés de Jénine, a-t-il ajouté. 

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a lancé un appel à l’action, afin que l’engagement pour la paix ne se limite pas à des paroles prononcées une fois par an lors de l’Assemblée générale, mais qu’il se manifeste dans la rhétorique quotidienne et, surtout, qu’il se traduise dans les décisions et les actions en Israël, en Cisjordanie et à Gaza.  Des actions concrètes sont indispensables pour réduire les tensions, augmenter la confiance et retrouver un horizon politique qui conduise à de réelles négociations, a précisé le représentant, qui a réitéré le soutien de l’Équateur à toute mesure ou initiative permettant aux parties de reprendre ces négociations et d’éviter que les violences ne s’aggravent encore.

Il est de notre devoir de chercher des voies vers la paix dans ce conflit comme dans tous les autres, a rappelé le représentant.  Ce faisant, il est également nécessaire que les peuples d’Israël et de Palestine aient des conditions de vie dignes, que leur intégrité et leur sécurité soient protégées, que les droits humains soient respectés, de même que les normes du droit international et du droit international humanitaire.  À cet égard, M. Montalvo Sosa a mis l’accent sur les graves violations des droits des enfants et a lancé un appel aux parties afin qu’elles prennent des mesures pour mettre un terme aux meurtres, au recrutement et aux détentions arbitraires de mineurs.  Enfin, il a appelé la communauté internationale à contribuer à l’UNRWA et au Programme alimentaire mondial.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suissea souligné les obstacles croissants sur la voie d’une solution à deux États et a vivement critiqué l’expansion des colonies de peuplement, rappelant leur illégalité en vertu du droit international et leur contradiction avec les résolutions du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2334 (2016).  Le représentant a condamné les déplacements forcés de Palestiniens et a mis en garde contre leur absence de protection face aux colons.  Il a souligné le devoir d’Israël, en tant que Puissance occupante, de ne pas effectuer de changements permanents dans les territoires palestiniens.  En ce qui concerne Gaza, il a noté le risque accru de violence et a appelé à la levée du blocus.

Le représentant a imploré toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international, et à l’approche de la fête de Souccot.  Il a en particulier appelé à minimiser les tensions autour des lieux saints et à respecter le statu quo sur le Haram el-Sharif/mont du Temple et le rôle de gardien exercé par la Jordanie.  Il a enfin salué les efforts récents pour relancer le processus de paix, comme le « Peace Day Effort » la semaine passée à New York.  Seule une solution à deux États, négociée par les deux parties, peut conduire à une paix durable, a-t-il insisté, réaffirmant la volonté de la Suisse de soutenir toute initiative en ce sens.

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a réitéré le soutien indéfectible de son pays à l’avènement d’une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient et à la solution des deux États dans des frontières sûres et internationalement reconnues.  Ce soutien est d’autant plus important que cette solution est mise en danger, a prévenu le représentant.  C’est pourquoi, il a vu dans la relance du processus politique le seul moyen d’enrayer ce cycle de violence, faisant référence au récent rapport « alarmant » de l’OCHA, qui décrit l’année 2023 comme la plus meurtrière depuis 2005 dans les territoires palestiniens occupés, tant du côté des Palestiniens que des Israéliens.

Dès lors, la simple administration du conflit n’est pas une option viable, a insisté le représentant.  Il a exhorté le Conseil à aider à la reprise de négociations directes, car, a-t-il averti, demeurer les bras croisés devant une telle situation est dangereux.

En attendant, le représentant a appelé à s’attaquer aux problèmes fondamentaux qui sont à l’origine des tensions actuelles, citant en premier lieu l’expansion des colonies israéliennes.  Enfin, il a fermement condamné, une fois de plus, toute violence contre les civils, qu’ils soient Palestiniens ou Israéliens, et rejeté le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a rappelé le soutien global de la communauté internationale à la solution des deux États en tant que seule garantie pour la paix et la sécurité dans la région.  Les parties devraient prendre appui sur ce soutien et s’abstenir de tout acte de nature à envenimer la situation, a estimé le représentant.  Il a également affirmé son soutien à Israël et à sa sécurité, condamnant ainsi les actes de terrorisme, lequel est injustifiable et ne saurait être utilisé pour défendre quelque cause que ce soit.

Dans le même temps, le représentant a dit condamner les actes de violence des colons et la destruction de maisons palestiniennes, d’écoles et autres infrastructures financées par la communauté internationale.  Il a aussi condamné les propos niant l’Holocauste et les tentatives de comparer les mémoires et les souffrances, qui ne peuvent que créer une guerre des mémoires ainsi que des tensions.  Les parties devraient se saisir des initiatives en cours pour parvenir à la paix, a conclu le représentant.

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