En cours au Siège de l'ONU

9264e séance - après-midi
CS/15204

Péninsule coréenne: après de nouveaux tirs de missiles de la RPDC, le Conseil de sécurité résonne d’appels à la diplomatie pour contrer la non-prolifération

Devant un Conseil de sécurité toujours divisé sur la question, le Sous-Secrétaire général de l’ONU pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, a, cet après-midi, déclaré que la diplomatie est la seule voie à suivre s’agissant de la non-prolifération nucléaire dans la péninsule coréenne, à l’heure où les tensions ne cessent de s’y exacerber. 

En effet, a exposé M. Mohamed Khaled Khiari, la RPDC a conduit ce qu’elle a décrit comme un exercice de lancement de « missiles balistiques intercontinentaux » le 18 février, dont le « Hwasong-15 », qui a volé sur une distance de 989 kilomètres et à une altitude de 5 768,5 kilomètres avant de s’abîmer dans la mer, à l’intérieur de la zone économique exclusive du Japon.  La dernière fois que la RPDC avait effectué un tir de missile intercontinental, c’était le 18 novembre, a rappelé le haut fonctionnaire.  Et aujourd’hui même, la RPDC a conduit ce qu’elle a appelé un exercice de lancement impliquant deux missiles « nucléaires tactiques ».  Là encore, Pyongyang n’a pas émis de notifications relatives à l’espace aérien ou à la sécurité maritime, a précisé M. Khiari. 

Celui-ci a regretté que la RPDC ait clairement indiqué son intention de continuer à poursuivre son programme d’armes nucléaires et de missiles balistiques, en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Ainsi, les tensions continuent de croître, en raison du cycle action-réaction négatif, sans voie de sortie à l’horizon.  Le responsable onusien a invité la RPDC à prendre des mesures immédiates en vue de reprendre un dialogue menant à une paix durable et la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne.  Selon lui, une approche globale est nécessaire, et la diplomatie, et non l’isolement, est la seule voie à suivre.  Les canaux de communication, en particulier de militaire à militaire, doivent être renforcés, a-t-il ajouté. 

« Nous ne pouvons ignorer notre devoir » et nos responsabilités, a déclaré la Suisse, en rejetant l’idée que de telles séances du Conseil de sécurité s’apparenteraient à de la provocation selon les dires de Pyongyang.  Face à ces provocations, l’absence de réaction du Conseil, « étouffé par deux de ses membres permanents », a enhardi la RPDC, ont regretté les États-Unis qui ont rappelé qu’en décembre 2017, une prise de position collective avait contraint Pyongyang à se lancer dans un processus de dialogue.  Un projet de déclaration présidentielle est d’ailleurs en cours de préparation à l’initiative de la délégation américaine pour fermement condamner les activités de la RPDC et l’encourager à dialoguer. 

Le Conseil doit veiller à ce que ses résolutions soient mises en œuvre, il en va de sa crédibilité, a déclaré le Japon, en appelant ses membres à ne pas garder le silence par crainte de nouvelles provocations.  Cette délégation a souligné que le missile balistique intercontinental était parvenu à seulement 200 kilomètres de Hokkaido, comme cela avait déjà été le cas les 18 novembre et 24 mars 2022.  Un tir qui a également mis en danger les navires mouillant dans sa zone économique exclusive et exposé les avions en vol dans les environs à des risques considérables, a dénoncé le Japon. 

Pour ramener la RPDC à la diplomatie et au dialogue, la République de Corée a plaidé pour une action unie du Conseil.  Outre l’application par tous les États Membres du régime de sanctions contre ce pays, elle a également souligné l’importance de tarir les sources de revenus que la RPDC tire de son programme d’armes de destruction massive.  La République de Corée a expliqué que les échecs répétés du Conseil à prendre des mesures pour répondre aux provocations récurrentes de la RPDC ne font que contraindre les parties à adopter des mesures unilatérales, réaffirmant toutefois que la porte du dialogue reste grande ouverte, et ce, « sans conditions préalables ».   

Jugeant inacceptable que la RPDC continue, aux dépens de sa population, de renforcer ses programmes d’armement grâce au vol de secrets industriels et aux cryptomonnaies, la France a exhorté tous les États Membres à appliquer pleinement les sanctions internationales adoptées à l’unanimité par le Conseil.  « La France ne se résoudra pas à ce que la Corée du Nord devienne une puissance nucléaire et ne ménagera aucun effort pour que le Conseil puisse répondre à cette escalade inédite », a insisté la délégation. 

Nombreux sont ceux qui parlent des tirs de missiles aujourd’hui, plutôt que des manœuvres militaires conjointes dans la péninsule coréenne par la République de Corée et les États-Unis, a relevé la Fédération de Russie.  Cette dernière a dénoncé la volonté de contraindre unilatéralement la RPDC au désarmement à l’aide de sanctions et de pressions dans le cadre du concept de dissuasion élargie.  La délégation a aussi rappelé que la Russie et la Chine ont élaboré un plan d’action pour un règlement global de la situation dans la péninsule coréenne, lequel implique des mesures concrètes de la part des États concernés dans diverses directions.  

Pour sa part, la Chine a exhorté à se concentrer sur le cœur de la question, à savoir la sécurité sur la péninsule.  Selon la délégation, les exercices militaires conjoints des États-Unis et leurs alliés « provoquent la RPDC ».  Elle a rappelé que les résolutions du Conseil de sécurité sur la RPDC constituent des décisions intégrées qui prévoient non seulement des sanctions, mais également la reprise des pourparlers.  Pour la Chine, « le dialogue ne peut être remplacé par des sanctions »: croire que la pression seule peut résoudre ce problème serait se résigner à une escalade nucléaire avec des implications véritablement mondiales, a prévenu le Brésil.  Le pays a estimé qu’un nouveau processus d’engagements est au moins aussi urgent aujourd’hui qu’il ne l’était à la fin de 2017. 

NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Déclarations

M. MOHAMED KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, lAsie et le Pacifique au sein du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, a indiqué que selon son agence de presse officielle, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a mené ce qu’elle a décrit comme un exercice de lancement de « missiles balistiques intercontinentaux » le 18 février.  La RPDC a annoncé que le missile balistique –qu’elle a désigné comme un « Hwasong-15 »- a volé sur une distance de 989 kilomètres et à une altitude de 5 768,5 kilomètres.  Il a touché la mer à l’intérieur de la zone économique exclusive du Japon.  La dernière fois que la RPDC a effectué un essai d’un missile de gamme intercontinentale c’était le 18 novembre 2022.  Et en début de cette journée, la RPDC a mené ce qu’elle a appelé un exercice de lancement impliquant deux missiles « nucléaires tactiques ».  Et là encore, la RPDC n’a pas émis de notifications relatives à l’espace aérien ou à la sécurité maritime.  Ces lancements inopinés représentent un risque sérieux pour l’aviation civile et maritime, a mis en garde M. Khiari, ajoutant que le Secrétaire général condamne fermement le lancement d’un nouveau missile balistique de portée intercontinentale par la RPDC, ainsi que les lancements ultérieurs utilisant la technologie de missiles balistiques. 

Le Sous-Secrétaire général a rappelé que selon les précédents exposés au Conseil, la RPDC continue de mettre en œuvre son plan militaire quinquennal dévoilé lors du huitième Congrès du Parti des travailleurs en janvier 2021.  Ce plan prévoyait le développement de nouveaux missiles balistiques, ainsi que d’autres armes du même type, dont un missile balistique intercontinental d’une portée de 15 000 kilomètres.  La RPDC a mis en garde à plusieurs reprises contre les soi-disant « contre-mesures » aux exercices militaires menées dans la région, a-t-il rappelé.  Il a ainsi relevé que le Ministère des affaires étrangères de la RPDC a décrit la réunion du Conseil de sécurité du 16 février sur la non-prolifération et la RPDC comme un « acte hostile et la RPDC est tenue de prendre les contre-mesures nécessaires ».  M. Khiari a indiqué que la réunion du Conseil d’aujourd’hui offre l’occasion de discuter des mesures pratiques pour parvenir à une solution pacifique, globale, diplomatique et politique à la situation dans la péninsule coréenne. 

En septembre 2022, la RPDC a approuvé une nouvelle loi qui fixe les conditions dans lesquelles le pays pourrait utiliser des armes nucléaires, y compris de manière préventive dans certaines circonstances, a souligné le Sous-Secrétaire général.  Il a regretté que la RPDC ait clairement indiqué qu’à l’avenir son intention était de poursuivre son programme d’armes nucléaires et de missiles balistiques, en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  La situation dans la péninsule coréenne continue d’aller dans la mauvaise direction, a—t-il poursuivi.  Ainsi, les tensions continuent de croître, en raison du cycle action-réaction négatif, sans voie de sortie à l’horizon.  M. Khiari a évoqué plusieurs mesures pratiques susceptibles d’atténuer les tensions.  Premièrement, la RPDC doit prendre des mesures immédiates en vue d’un dialogue menant à une paix durable et à la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne.  Deuxièmement, une approche globale est nécessaire, la diplomatie, et non l’isolement, étant la seule voie à suivre, a—t-il préconisé.  Troisièmement, il est essentiel d’éviter une escalade involontaire, a-t-il encore déclaré.  De ce fait, il a appelé à renforcer les canaux de communication, en particulier entre militaires.  S’abstenir de toute rhétorique conflictuelle aidera à réduire les tensions politiques et à créer un espace pour mobiliser les ressorts diplomatiques, a—t-il argué. 

Par ailleurs, il a souligné une fois de plus les préoccupations relatives à l’aide humanitaire en RPDC.  L’ONU est prête à aider la RPDC à résoudre les problèmes médicaux et autres besoins humanitaires, a-t-il rappelé.  Pour permettre une réponse rapide et efficace, nous réitérons notre appel à l’entrée sans entrave du personnel international, y compris le Coordonnateur résident, a plaidé le responsable onusien.  Enfin, pour le Sous-Secrétaire général, l’unité du Conseil de sécurité sur la RPDC est indispensable pour apaiser les tensions et sortir de l’impasse diplomatique.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a fermement condamné les lancements, les 18 et 19 février, de trois missiles balistiques par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), dont le neuvième missile balistique intercontinental depuis 2022.  Ces lancements sont intervenus en violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité qui interdisent de tels agissements, a souligné la représentante, appelant à une réponse de l’organe en charge de la paix et de la sécurité internationales.  Dénonçant le fait que deux membres permanents du Conseil aient contraint ce dernier à garder le silence sur les innombrables violations commises par la RPDC, elle a souhaité que l’organe onusien retrouve sa pertinence et appelé la RPDC à respecter ses obligations internationales et à entamer un dialogue.  Selon la représentante, les lancements répétés de missiles balistiques et la rhétorique belliqueuse de la RPDC minent la mission du Conseil.  Face à ces provocations, l’absence de réaction du Conseil, « étouffé par deux de ses membres permanents », a rendu la RPDC « plus audacieuse », a-t-elle encore regretté, avant de rappeler qu’en décembre 2017, une prise de position collective avait contraint Pyongyang à se lancer dans un processus de dialogue.  Ceux qui protègent la RPDC face aux conséquences de ses essais mettent les pays de la région sous la menace d’un pays dont les armements utilisés sont interdits par le Conseil, a poursuivi la représentante, pour qui il est grand temps que le Conseil travaille à une solution pacifique dans la péninsule coréenne « avant qu’il ne soit trop tard ».  Dans ce contexte, elle a indiqué que les États-Unis proposent qu’une déclaration présidentielle du Conseil condamne avec fermeté les activités de la RPDC et l’encourage à dialoguer.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a condamné « avec la plus grande fermeté » les graves violations des résolutions du Conseil de sécurité par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), lesquelles constituent une menace claire à la paix et la sécurité internationales.  Nous continuons d’appeler la RPDC à cesser ses activités illégales et à répondre favorablement aux offres de dialogue que les États-Unis et la République de Corée ont présenté à plusieurs reprises, a-t-elle ajouté.  Selon la représentante, le Conseil de sécurité a un rôle important à jouer face aux très vives inquiétudes de la communauté internationale concernant les armes nucléaires de la RPDC, « cela en dépit des désaccords au sein du Conseil qui nous ont empêchés de répondre à l’aggravation de la situation en RPDC ces dernières années ».  Il est de la responsabilité de ce Conseil d’agir lorsque ses résolutions adoptées sont ignorées, a-t-elle insisté, apportant son soutien au projet de déclaration présidentielle des États-Unis sur la question à l’examen.  Par ailleurs, la représentante a exhorté le Gouvernement de la RPDC à fournir un accès au personnel humanitaire de l’ONU et à permettre à l’aide que celui-ci souhaite acheminer à circuler librement dans le pays.  Pyongyang doit investir dans l’alimentation et la santé de sa population, plutôt que dans son programme d’armement illégal, a-t-elle conclu.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a reproché au régime nord-coréen d’avoir procédé à un nouveau lancement de missile balistique qui a frappé cette fois la zone économique exclusive du Japon.  Ce faisant, ce régime prouve qu’il a décidé de poursuivre sur la même voie que l’année dernière, s’est indigné le représentant.  Que nous faut-il de plus pour en conclure que la RPDC est une réelle menace pour la sous-région et la communauté internationale dans son ensemble, a-t-il demandé, martelant qu’il incombe au Conseil d’agir plutôt que de continuer à tolérer le mépris des résolutions pertinentes du Conseil par le « dictateur nord-coréen ».  Le silence du Conseil face à ses activité illégitimes revient à encourager la RPDC, et d’autres, à poursuivre ce type d’activités illégales.  Le représentant a également dénoncé les cyber-activités du régime nord-coréen et son refus de dialoguer pour parvenir à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Il est temps que le Conseil fasse son travail et qu’il parle d’une même voix sur cette question, a conclu le représentant.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a condamné ce nouveau tir de missile par la RPDC, qui menace la paix et la sécurité régionales et internationales, tout en exacerbant les tensions dans un contexte déjà tendu.  Il a appelé le Conseil de sécurité à mener des actions urgentes pour que la RPDC mette fin à son programme de missile nucléaire et balistique, d’une manière complète, vérifiable et irréversible.  Il a enfin appelé la RPDC à se conformer pleinement à toutes ses obligations en vertu du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné « avec la plus grande fermeté » la reprise des tirs de missiles balistiques par la Corée du Nord.  Le lancement d’un missile intercontinental Hwasong 15 en direction de la zone économique exclusive du Japon samedi dernier, de même que le tir de deux nouveaux missiles balistiques hier, constituent, a-t-il dit, une provocation inacceptable.  Pour le représentant, l’escalade actuelle est dangereuse et Conseil doit se demander s’il peut accepter que la Corée du Nord devienne un État nucléaire.  Chaque tir défie l’autorité du Conseil de sécurité et viole ses résolutions, a-t-il ajouté, reconnaissant que la division au sein de cet organe « offre à la Corée du Nord une couverture pour poursuivre ses provocations ». 

Ne pas agir aujourd’hui, c’est risquer la déstabilisation de la péninsule, c’est laisser commettre des violations du droit international, c’est prendre le risque de voir la prolifération se banaliser, et resurgir demain dans d’autres régions du monde, a prévenu le représentant.  Face aux provocations, il a jugé impératif de faire respecter le régime de sanctions en vigueur contre la RPDC.  Parce qu’il est inacceptable que la Corée du Nord continue de voler des secrets industriels et des centaines de millions d’euros de cryptomonnaies pour renforcer ses programmes d’armement et ce, au détriment de sa population, il a exhorté tous les États Membres à appliquer pleinement toutes les sanctions internationales adoptées à l’unanimité par ce Conseil. 

En conclusion, le représentant a rappelé que l’objectif de la communauté internationale reste inchangé, à savoir « la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la Corée du Nord ».  « La France ne se résoudra pas à ce que la Corée du Nord devienne une puissance nucléaire.  Elle ne ménagera aucun effort pour que le Conseil puisse répondre à cette escalade inédite », a-t-il insisté.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a dénoncé le lancement, hier, par la RPDC, d’un missile balistique intercontinental, suivi de deux missiles balistiques.  Précisant que le missile balistique intercontinental a touché la zone économique exclusive (ZEE) japonaise, à seulement 200 kilomètres de Hokkaido, comme cela avait déjà été le cas les 18 novembre et 24 mars de l’an dernier, il a indiqué que des citoyens japonais ont pu le voir tomber du ciel.  Ce tir a également mis en danger les navires mouillant dans la ZEE et exposé les avions volant dans les environs à de grands risques, a-t-il ajouté, condamnant fermement de tels agissements qui violent plusieurs résolutions du Conseil de sécurité.  Alors que la RPDC a exprimé publiquement l’intention de poursuivre son développement illégal d’armes de destruction massive, y compris la production en masse d’armes nucléaires tactiques et une augmentation exponentielle de son arsenal nucléaire, le Conseil de sécurité doit assumer sa responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales, a souligné le représentant.  À ses yeux, ces tirs de missiles balistiques ne relèvent pas de la légitime défense, comme le prétend Pyongyang, mais constituent « un acte d’intimidation et de menace par la force ».  Le Conseil doit en outre veiller au respect de ses résolutions, il en va de sa crédibilité, a-t-il affirmé, avant d’appeler les membres de cet organe à ne pas garder le silence par crainte de nouvelles provocations.  Cela ne ferait qu’encourager les contrevenants à agir comme ils l’entendent, a averti le représentant, non sans rappeler que cette réunion se tient pour répondre à une menace évidente à la paix et à la sécurité internationales.  Appelant les membres « responsables » du Conseil à ne pas récompenser les actions illégales et injustifiables de la RPDC, il a indiqué que le Japon soutient la proposition de déclaration présidentielle des États-Unis.  Enfin, il a une nouvelle fois exhorté la RPDC à se conformer immédiatement et pleinement à toutes les résolutions pertinentes, à s’engager vers la dénucléarisation et à accepter les offres répétées de dialogue des pays concernés.

M. DAI BING (Chine) a constaté les tensions et la confrontation sur la péninsule coréenne en appelant les parties à faire preuve de retenue et à rester ouvertes à un règlement politique.  Il faut se concentrer sur le cœur de la question, à savoir la sécurité sur la péninsule, a affirmé le représentant.  Or, la RPDC se heurte de longue date à des menaces et des pressions, a-t-il constaté, en évoquant notamment les exercices militaires conjoints des États-Unis et leurs alliés, qui « provoquent la RPDC ».  Ainsi, le Secrétaire général de l’OTAN s’est rendu dans une visite de haute visibilité dans la région.  Toutes les parties doivent garder à l’esprit la réalité de l’histoire de la péninsule et rester attachées au dialogue et éviter l’escalade qui pourrait amener la situation à devenir hors de contrôle, a-t-il mis en garde. 

Le représentant a appelé les États-Unis à prendre des mesures concrètes pour entamer le dialogue annoncé à maintes reprises avec la RPDC, et le Conseil de sécurité à jouer un rôle constructif afin de contribuer à atténuer les tensions tout en renforçant la confiance mutuelle en vue de rétablir le dialogue et régler les problèmes humanitaires.  Malheureusement, a-t-il déploré, certains membres du Conseil, en l’absence de consensus, ont continué de demander de nouvelles réunions sur le dossier nucléaire de la RPDC, ce qui ne permet pas d’atténuer les tensions. 

M. Dai a tenu à rappeler que les résolutions du Conseil de sécurité sur la RPDC constituent des décisions intégrées qui prévoient non seulement des sanctions mais appellent également à la reprise des pourparlers.  Il a donc asséné à ses homologues que le dialogue ne peut être remplacé par des sanctions.  Cette approche mène à une impasse.  Il a appelé à éviter la politique du deux poids, deux mesures en termes de non-prolifération nucléaire, en reprochant notamment aux États-Unis de se défausser de leur propre responsabilité pour des actes non conformes au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Cette approche sélective en matière de non-prolifération aura des conséquences négatives sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, a averti le représentant.  La Chine souhaite la stabilité plutôt que le chaos sur la péninsule, a-t-il insisté.  Elle appelle donc toutes les parties à faire montre de retenue et à reprendre les pourparlers en vue de parvenir à un règlement politique de la situation. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a fermement condamné cette dernière provocation de la RPDC.  Le comportement de la RPDC ne menace pas seulement ses voisins, a souligné le délégué qui a expliqué que ses répercussions sont mondiales, de la même manière que la prolifération nucléaire n’importe où sape la stabilité et la sécurité partout.  Il a appelé le Conseil de sécurité à protéger le désarmement mondial et l’architecture de non-prolifération.  Malgré l’établissement d’un régime de sanctions strict par ce Conseil, la RPDC a poursuivi le développement d’un programme illégal d’armes nucléaires, a-t-il constaté.  Le Conseil doit aborder et combattre les nouvelles méthodes par lesquelles la RPDC finance ses armes illégales et doit simultanément veiller à ce que tous les États Membres respectent scrupuleusement les sanctions déjà en place, a préconisé le représentant.  Il a enfin exhorté la RPDC à coopérer avec l’ONU et la communauté internationale pour atténuer la situation humanitaire désastreuse affectant sa population, et permettre à l’aide humanitaire de reprendre dans le pays.  Il est temps que le Conseil de sécurité parle d’une seule voix sur ce dossier, a-t-il ajouté, arguant que le statu quo est à la fois dangereux et insoutenable.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est dit préoccupé par l’escalade des tensions dans la péninsule coréenne et dans toute l’Asie du Nord-Est après le lancement par la RPDC d’un missile balistique intercontinental et de deux missiles balistiques à moyenne portée.  Le représentant a rappelé que le lancement d’un missile balistique intercontinental s’inscrit dans le sillage de huit autres tirs du même ordre et de ceux d’au moins 73 autres missiles balistiques.  Dans ce contexte, le représentant a exhorté la RPDC à respecter ses obligations internationales, à s’abstenir de tels lancements et à respecter le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et les garanties de l’AIEA. 

Constatant par ailleurs que les sanctions imposées à la RPDC n’ont pas permis de mettre un terme à son programme d’armement ni de faire prévaloir la coopération, le représentant a invité le Conseil de sécurité à redoubler d’efforts pour parvenir à ces objectifs communs.  Il en va de la paix dans la péninsule coréenne, a-t-il insisté, avant de demander aux membres du Conseil de se montrer unis dans leur action et d’entamer cette tâche importante avec l’ensemble des parties prenantes.  Il a également souhaité que les voies de médiation à la disposition du Secrétaire général permettront de parvenir à la dénucléarisation complète et irréversible de la péninsule. 

Pour finir, le représentant a estimé que le régime de sanctions est un outil important du Conseil « mais pas une fin en soi ».  Il a donc appelé le Conseil à réévaluer ce régime afin de mieux comprendre ce qui a permis le développement continu du programme nucléaire nord-coréen.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a qualifié de « développements particulièrement inquiétants » tant le lancement de missiles balistiques de portée intercontinentale que les propos de la Vice-Présidente du Comité central du Parti des travailleurs de Corée, car ils attisent l’escalade de la rhétorique et les tensions sécuritaires.  Pour la représentante, le rythme soutenu du programme nucléaire nord-coréen et son impact sur la non-prolifération et la sécurité internationale sont une menace pour toute la communauté internationale.  Au vu des conséquences humanitaires catastrophiques que provoquerait l’emploi d’armes nucléaires, elle a plaidé pour la non-prolifération, le désarmement et le « maintien du tabou nucléaire ». 

Jugeant important que le Conseil traite de l’augmentation des tirs de missiles balistiques par la RPDC, la représentante a rejeté toute qualification de ses réunions comme une provocation.  « Nous ne pouvons pas ignorer notre devoir » et nos responsabilités, a-t-elle affirmé.  Pour la Suisse, le Conseil doit condamner les essais de missiles balistiques de la RPDC, qui violent les résolutions du Conseil et donc le droit international.  La RPDC doit, quant à elle, mettre en œuvre ses obligations et prendre des mesures concrètes pour renoncer à ses armes nucléaires et ses missiles balistiques de manière complète, vérifiable et irréversible.  La Suisse « somme » la RPDC de réintégrer le Traité sur la non-prolifération en tant qu’État non doté et d’appliquer à nouveau le plus tôt possible les garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Elle l’appelle aussi à signer et à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. 

La représentante a salué l’attention croissante que le Conseil accorde à la possibilité de poursuivre l’aide humanitaire lors de la mise en œuvre des sanctions, concrétisée par l’adoption de la résolution 2664 (2022) et souhaité que le soutien humanitaire international à la RPDC puisse reprendre rapidement.  Elle a aussi estimé que le Conseil avait un rôle à jouer pour encourager le dialogue, la désescalade et la recherche de solutions diplomatiques et a jugé que son « silence prolongé » empêchait d’agir en faveur d’une action politique sur la péninsule coréenne.  Puisque la volonté collective et individuelle de mener et de soutenir un dialogue avec la RPDC existe, la Suisse encourage la RPDC à s’engager avec le Conseil de manière constructive, et souhaite que le Conseil adopte en ce sens une position unie et « assume son rôle ».

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a condamné avec la plus grande fermeté le lancement d’un missile balistique intercontinental par la RPDC samedi matin.  Non seulement le test enfreignait les résolutions du Conseil, mais il faisait également peser des risques inacceptables sur la sécurité aérienne en raison du manque d’avertissements appropriés.  De plus, toute erreur de calcul ou dysfonctionnement aurait pu entraîner des morts pour le peuple au Japon, y compris au sein de la communauté brésilienne qui vit dans ce pays. 

Pour le représentant, il n’est pas exagéré de dire que nous sommes peut-être au moment du plus grand risque depuis 2017.  De ce fait, les démonstrations de force militaires et l’escalade de la rhétorique augmentent le risque de conséquences imprévues.  Il a appelé à l’unité du Conseil, ainsi qu’à des efforts diplomatiques menés et soutenus par divers pays.  Nous croyons qu’un nouveau processus d’engagements est au moins aussi urgent aujourd’hui qu’il ne l’était à la fin de 2017, a ajouté M. Costa Filho, pour qui un programme politique soutenu et complet reste la meilleure chance d’atteindre nos objectifs d’une péninsule de Corée paisible, stable et exempte d’armes nucléaires.  Ne rien faire, ou croire que la pression seule peut résoudre ce problème, serait se résigner à une spirale d’escalade nucléaire avec des implications véritablement mondiales, a-t-il averti.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a expliqué que son pays s’oppose à toute activité militaire mettant en danger la sécurité de la péninsule coréenne et des pays d’Asie du Nord-Est.  À maintes reprises, la Russie a souligné la nécessité pour toutes les parties de faire preuve de retenue et de confirmer leur volonté de reprendre le dialogue, conformément aux accords conclus précédemment et aux engagements pris, a-t-il rappelé.  Au lieu de quoi, nous assistons à une intensification de l’activité militaire en Asie du Nord-Est, a-t-il constaté, ce qui ne fait qu’aggraver la situation et retarder le règlement politique et diplomatique de la crise.  Pour la Russie, il est essentiel que le Conseil de sécurité tienne compte de tous les facteurs et des mesures prises par tous les États concernés afin d’avoir une image exhaustive de la situation.  Nombreux sont ceux qui parlent des tirs de missiles aujourd’hui, mais rares sont ceux qui parlent des manœuvres militaires conjointes dans la région par la République de Corée et les États-Unis, a relevé le représentant.  En réponse aux manœuvres militaires inédites des pays de la région sous le « parapluie » des États-Unis, manifestement anti-Pyongyang, la RPDC répond par des essais de missiles, a-t-il remarqué.  La Russie a souligné à plusieurs reprises la responsabilité particulière de Washington et de ses alliés dans la situation actuelle, a rappelé le représentant, en parlant de leur volonté de contraindre unilatéralement la RPDC au désarmement à l’aide de sanctions et de pressions exercées dans le cadre du concept de dissuasion élargie.  Cela n’a pas apporté les résultats attendus à Washington, a relevé le délégué.  Il s’agit d’une impasse qui menace directement la paix et la sécurité internationales.  Il n’y a pas d’alternative à un processus politico-diplomatique qui tienne compte des préoccupations légitimes de tous les États de la région et qui permette de leur fournir des garanties de sécurité fiables, a martelé le délégué, en rappelant que cela est également prévu par les résolutions du Conseil de sécurité.  Toutefois, jusque-là c’est la composante « sanctions » qui a pris le dessus, a-t-il déploré.  Le représentant a rappelé que la Russie et la Chine avaient élaboré un plan d’action pour un règlement global de la situation dans la péninsule coréenne, qui implique des mesures concrètes de la part des États concernés dans diverses directions. 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a rappelé que son pays, vivement préoccupé par l’escalade des tensions dans la péninsule coréenne et dans la région du nord-est de l’Asie en général, soutient toutes les initiatives susceptibles de réduire ou d’éliminer la prolifération des armes nucléaires à ce niveau et dans le monde.  Dans ce contexte, a-t-il dit, nous appelons au respect des résolutions du Conseil de sécurité par la RPDC et d’autres acteurs pour qu’ils s’abstiennent de produire et d’utiliser des armes nucléaires.  Dans le même ordre d’idées, le Mozambique appelle le Conseil de sécurité à engager un dialogue sérieux et crédible sur la péninsule coréenne. 

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a condamné à son tour les lancements par la RPDC d’un missile balistique intercontinental, le 18 février, et de deux missiles balistiques de moyenne portée ce matin.  Ces tirs réguliers interpellent le Conseil de sécurité sur son rôle de garant de la paix et de la sécurité internationales, mais également sur ses capacités à utiliser tous les mécanismes à sa disposition pour endiguer cette menace de grande ampleur, a-t-elle souligné, avant d’appeler à trouver un terrain d’entente pour ramener la RPDC et toutes les parties prenantes à la table des négociations.  La solution ne se trouvera que par la voie du dialogue, a argué la représentante.  À ses yeux, maintenir le statu quo reviendrait à prendre le risque qu’une catastrophe aux conséquences potentiellement désastreuses et à affirmer qu’il n’y a pas d’alternative aux sanctions.  Or, celles-ci infligent des souffrances indicibles à des millions de personnes en RPDC, a-t-elle fait valoir, relevant que plus de 40% de la population nord-coréenne serait atteinte de malnutrition ou en proie à une insécurité alimentaire généralisée, sans oublier les conditions climatiques extrêmes.  Elle a donc exhorté les pays de la région et ceux qui exercent une quelconque influence à tout mettre en œuvre pour renouer le fil du dialogue et aplanir les obstacles qui empêchent un retour au calme dans la péninsule coréenne. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) s’est dite préoccupée par les derniers lancements de missiles balistiques par la RPDC et a condamné ces agissements.  Elle a regretté que le Conseil soit resté silencieux et l’a appelé à se montrer uni face à ces comportements dangereux marqués depuis deux ans par un nombre record de tirs de missiles.  De plus, a rappelé la représentante, la RPDC a annoncé qu’elle accroîtrait de manière exponentielle son arsenal nucléaire.  Elle a estimé que le Conseil de sécurité ne pouvait pas rester les bras ballants alors que sa crédibilité est remise en cause de manière répétée.  Elle a exhorté la RPDC à se lancer dans un dialogue pertinent sur la dénucléarisation de la péninsule, à revenir au système de garanties de l’AIEA et à revenir dans le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Sur le volet humanitaire, la représentante a encouragé le Gouvernement de la RPDC à travailler de bonne foi avec l’ONU et le système humanitaire international et à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire. 

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a déploré qu’une fois encore la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ait gaspillé « ses maigres ressources » en faisant exploser des missiles balistiques dans le ciel malgré les souffrances qu’endure son propre peuple en raison de l’aggravation des pénuries alimentaires.  Le représentant a rappelé que la RPDC a lancé environ 70 missiles balistiques « rien qu’en 2022 », et qu’elle a poursuivi jusqu’à présent ses activités nucléaires les plus dangereuses, « comme le soulignent à juste titre les multiples rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique ».  De plus, a-t-il poursuivi, Pyongyang a encore accéléré ses ambitions nucléaires « imprudentes » en déclarant ouvertement, lors de la réunion de son Comité central du Parti à la fin de l’année dernière, son intention de produire en masse des armes nucléaires tactiques.  « Pas plus tard qu’hier, la RPDC a même menacé d’utiliser l’océan Pacifique comme champ de tir. » 

À son tour, le représentant a déploré que le Conseil n’ait pas répondu comme il se doit aux violations répétées par la RPDC de nombre de ses résolutions, notamment en raison des vetos de deux membres permanents en mai dernier.  Pour sortir de l’impasse diplomatique, il a plaidé pour une action unie du Conseil, la jugeant essentielle pour ramener la RPDC vers la diplomatie et le dialogue.  Outre l’application par tous les États Membres du régime de sanctions contre ce pays, il a également souligné l’importance de couper les sources de revenus que la RPDC tire de son programme d’armes de destruction massive. 

Le délégué a insisté sur le fait que les échecs répétés du Conseil à prendre des mesures pour répondre aux provocations récurrentes de la RPDC ne font qu’obliger les parties, « dont mon pays », à mettre en place des mesures unilatérales.  Enfin, il a réaffirmé que la porte du dialogue reste grande ouverte et ce, « sans conditions préalables ».  Nous demandons instamment à la RPDC de cesser de mettre le monde en danger, de remplir ses obligations internationales et de revenir à la table des négociations, a conclu M. Hwang.

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