9263e séance - matin
CS/15203

Moyen-Orient: le Conseil de sécurité « consterné » par les mesures israéliennes d’expansion des colonies de peuplement

Le Conseil de sécurité a fait part ce matin de sa « consternation face à l’annonce par Israël, le 12 février 2023, de la poursuite de la construction et de l’expansion de colonies de peuplement et de la ‘légalisation’des avant-postes de colonies ».  Dans une déclaration présidentielle lue par la Représentante permanente de Malte, le Conseil réaffirme que la poursuite des activités de peuplement israéliennes « met gravement en péril la viabilité de la solution des deux États fondée sur les frontières de 1967 ». 

Comme l’ont souligné plusieurs intervenants, c’est la première fois depuis plus de six ans que le Conseil adopte une décision concernant « la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne ».  La dernière en date avait été la résolution 2334 (2016) adoptée le 23 décembre 2016 par 14 voix pour et l’abstention des États-Unis, qui portait déjà sur la colonisation israélienne.  La dernière déclaration présidentielle –qui requiert l’unanimité des membres du conseil- remontait quant à elle au 28 juillet 2014

Les États-Unis qui, à l’image des autres pays, ont par ailleurs condamné les attentats terroristes du 26 janvier ayant coûté la vie à 10 Israéliens près d’une synagogue de Jérusalem et entraîné la prise de mesures exceptionnelles « au nom de la loi israélienne », ont appuyé sans détour la déclaration.  Mme Linda Thomas-Greenfield a ainsi jugé que « les activités de colonisation sont non seulement un frein à une solution négociée mais nuisent à la sécurité d’Israël ». 

Dans ce texte, préparé par les Émirats arabes unis, le Conseil souligne « avec force » la nécessité que les parties respectent leurs obligations internationales et s’opposent fermement à toutes les mesures unilatérales qui entravent la paix, comme la construction et l’expansion de colonies de peuplement par Israël et la destruction de maisons palestiniennes.  Il condamne également les actes de terrorisme. 

Le représentant d’Israël a rétorqué que les dirigeants palestiniens, loin d’avoir condamné les attentats, les avaient qualifiés d’actes héroïques.  Commentant la déclaration présidentielle, il s’est demandé ce que le Conseil de sécurité attendait d’un pays, le sien, aux prises avec des assassins qui ne cherchent plus qu’à l’éradiquer.  Il a déploré que le Conseil se réunisse aujourd’hui pour condamner l’octroi de permis de construire dans des colonies déjà existantes.  À son sens, la réunion aurait dû porter uniquement sur « le meurtre de sang froid de victimes innocentes par des terroristes palestiniens alors qu’elles sortaient d’une synagogue » - victimes dont il a égrené les noms avant d’inviter le Conseil de sécurité à observer une minute de silence en leur mémoire. 

L’Observateur permanent de l’État de Palestine a estimé que l’année en cours pourrait être encore plus meurtrière pour les Palestiniens que la précédente.  Soulignant que le peuple palestinien ne peut plus accepter l’oppression et l’occupation, et que la communauté internationale défend une vision basée sur le respect des résolutions de l’ONU, il a appelé celle-ci à répondre au « plan illégal » d’Israël par son propre plan de défense du droit international.  Un tel plan international devrait commencer par Jérusalem, où la politique coloniale et discriminatoire d’Israël trouve son expression ultime, a-t-il lancé.  Faisant allusion à la déclaration, il a affirmé que « chaque décision que nous adoptons compte, et nous n’avons pas le luxe du fatalisme ».  Au nom du Groupe arabe, le Qatar est intervenu pour appeler le Conseil à veiller à l’application des mêmes règles du droit international, quelles que soient les situations, et notamment dans le cas d’occupation par la force d’un pays par un autre État. 

Les membres du Conseil ont été longuement informés de l’évolution de la situation sécuritaire, politique et humanitaire par le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Tor Wennesland, et la Commissaire générale adjointe de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), Mme Leni Stenseth. 

M. Wennesland a livré un bilan alarmant, les derniers mois ayant été marqués par la mort de 40 Palestiniens en Cisjordanie, victimes directes ou indirectes des forces de sécurité israéliennes.  Il a réitéré les appels à la retenue de toutes les parties et les condamnations du Secrétaire général et salué les efforts diplomatiques déployés sur place par le Secrétaire d’État américain Antony Blinken pour éviter une aggravation de la situation.  Rappelant que le ramadan coïnciderait cette année avec les vacances de Pâques, le Coordonnateur spécial, suivi par plusieurs membres du Conseil, a aussi appelé à l’intensification d’efforts conjoints pour garantir que cette période se déroule en toute sécurité et dans le calme.  Dans sa déclaration, le Conseil « appelle à maintenir inchangé le statu quo historique sur les Lieux saints à Jérusalem en paroles et en pratique, et souligne à cet égard le rôle spécial que joue le Royaume hachémite de Jordanie ». 

« Les réfugiés palestiniens se sentent abandonnés par la communauté internationale », a averti pour sa part Mme Stenseth, qui a déploré le manque persistant de financement adéquat, durable et prévisible de l’UNRWA, qui plonge « dans une situation impossible », une agence qui, a-t-elle insisté, reste un pilier de stabilité à la fois pour les réfugiés palestiniens, pour les pays qui les accueillent et pour la région.  Elle a ainsi exhorté les États Membres à continuer de soutenir l’UNRWA « politiquement et financièrement », et à veiller à ce que l’Office dispose des ressources dont il a besoin pour s’acquitter de son mandat.  Les États-Unis, la France et le Japon ont rappelé le soutien financier qu’ils apportent à l’UNRWA. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclaration de la Présidente du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité réaffirme que tous les États ont le droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues, et souligne que les Israéliens et les Palestiniens ont droit, dans la même mesure, à la liberté, à la sécurité, à la prospérité, à la justice et à la dignité; 

Le Conseil réaffirme son attachement indéfectible à la vision de la solution des deux États où deux États démocratiques, Israël et la Palestine, vivent côte à côte, en paix, à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, dans le respect du droit international et des résolutions pertinentes de l’Organisation des Nations Unies; 

Le Conseil exprime sa profonde préoccupation et sa consternation face à l’annonce par Israël, le 12 février 2023, de la poursuite de la construction et de l’expansion de colonies de peuplement et de la « légalisation » des avant-postes de colonies; 

Le Conseil réaffirme que la poursuite des activités de peuplement israéliennes met gravement en péril la viabilité de la solution des deux États fondée sur les frontières de 1967; 

Le Conseil souligne avec force la nécessité pour toutes les parties de respecter leurs obligations et engagements internationaux; s’oppose fermement à toutes les mesures unilatérales qui entravent la paix, notamment, entre autres, la construction et l’expansion de colonies de peuplement par Israël, la confiscation de terres palestiniennes et la « légalisation » des avant-postes de colonies, la destruction de maisons palestiniennes et le déplacement de civils palestiniens; 

Le Conseil condamne tous les actes de violence visant des civils, notamment les actes de terrorisme, appelle au renforcement de l’action menée actuellement pour contrer le terrorisme d’une manière conforme au droit international, demande à toutes les parties de condamner clairement tous les actes de terrorisme et de s’abstenir de toute incitation à la violence, réaffirme l’obligation de toutes les parties d’amener les auteurs de tous actes de violence visant des civils à en répondre, et rappelle l’obligation de l’Autorité palestinienne de renoncer à la terreur et d’y résister; 

Le Conseil demande à toutes les parties de faire preuve de calme et de retenue et de s’abstenir de tout acte de provocation et d’incitation à la violence, et de toute déclaration incendiaire, dans le but, notamment, de désamorcer la situation sur le terrain, de rétablir la confiance, de montrer, par leurs politiques et leurs actes, un véritable attachement à la solution des deux États et de créer les conditions nécessaires à la promotion de la paix; 

Le Conseil met l’accent sur l’importance de la sécurité et du bien-être de tous les civils et demande le plein respect du droit international humanitaire, notamment pour ce qui est de la protection de la population civile, demande également de faciliter l’accès des travailleurs humanitaires aux populations dans le besoin et réaffirme qu’il faut prendre des mesures appropriées pour garantir la sécurité, le bien-être et la protection des civils; 

Le Conseil note avec une profonde inquiétude les cas de discrimination, d’intolérance et de discours de haine motivés par le racisme ou visant des personnes appartenant à des communautés religieuses, en particulier les cas motivés par l’islamophobie, l’antisémitisme ou la christianophobie; 

Le Conseil appelle à maintenir inchangé le statu quo historique sur les lieux saints à Jérusalem en paroles et en pratique, et souligne à cet égard le rôle spécial que joue le Royaume hachémite de Jordanie. 

Déclarations

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a fait état d’emblée d’une recrudescence de la violence dans la région, citant des incidents parmi « les plus meurtriers depuis près de 20 ans ».  Se disant préoccupé que les développements sur le terrain suivent une pente particulièrement inquiétante et que les actions prises unilatéralement par les parties au conflit les éloignent toujours plus d’une solution de paix viable à deux États, M. Wennesland a appelé ces dernières à associer les efforts de sécurité à des mesures politiques susceptibles de stopper cette spirale négative.  Il a donné un bilan particulièrement alarmant, les derniers mois ayant notamment été marqués par la mort de 40 Palestiniens en Cisjordanie, victimes directes ou indirectes des forces de sécurité israéliennes, et de 10 Israéliens, tués dans les attentats survenus fin janvier.  Le Coordonnateur spécial a rappelé que le Secrétaire général avait, le mois dernier, exprimé sa vive préoccupation face à l’escalade de la violence, déclarant qu’aucun acte de terrorisme ciblant des civils ne saurait être justifié.  La célébration ou la glorification de telles attaques est odieuse et doit également être condamnée sans équivoque, a-t-il ajouté, avant de réaffirmer que les forces de sécurité doivent faire preuve d’un maximum de retenue. 

Sur le plan politique, M. Wennesland a déploré la détérioration des relations entre Israël et l’Autorité palestinienne, celle-ci ayant déclaré que toute coordination en matière de sécurité n’existait plus dès lors, qu’au lendemain des attentats du 26 janvier, le Cabinet israélien de sécurité avait annoncé une série de mesures, y compris pour renforcer les colonies de peuplement israéliennes et pour punir les auteurs des attentats de Jérusalem et leurs familles. 

Après avoir indiqué que les mesures financières israéliennes liées à la collecte des recettes fiscales pour l’Autorité palestinienne pourraient impacter les conditions de vie de la population palestinienne, M. Wennesland s’est attardé sur les décisions « importantes » annoncées par le Gouvernement israélien s’agissant de l’avancée de ses activités de peuplement.  Il a ainsi souligné que, le 12 février, le Cabinet israélien de sécurité avait annoncé sa décision d’autoriser l’établissement de neuf avant-postes « illégaux » en Cisjordanie occupée, et déclaré que le Comité supérieur de planification de l’administration civile se réunirait dans les prochains jours pour accélérer l’implantation de logements dans les colonies, et que les postes de police et de police des frontières à Jérusalem seraient renforcés et leurs opérations étendues. 

Pour le Coordonnateur spécial, cet élargissement de « l’empreinte des colonies » intensifie les tensions en Cisjordanie occupée et suscite des levées de bouclier, de la part de l’Autorité palestinienne mais aussi de la communauté internationale.  « Beaucoup ont souligné que de telles mesures unilatérales exacerbent les tensions et compromettent les perspectives d’une solution négociée à deux États », a ajouté M. Wennesland, qui a rappelé que les colonies israéliennes, y compris les avant-postes, sont illégales au regard du droit international et demeurent un obstacle important à la paix. 

Le Coordonnateur spécial a également exhorté Israël à mettre fin aux démolitions et aux expulsions ciblant les Palestiniens, cela en vertu des obligations au titre du droit international humanitaire. 

Concernant la situation dans la bande de Gaza, M. Wennesland a réitéré que les tirs de roquettes depuis ce territoire vers les zones peuplées israéliennes constituent une violation du droit international et doivent à ce titre cesser immédiatement.  Par ailleurs, il a salué les efforts diplomatiques régionaux et internationaux déployés au cours de la période considérée pour éviter une détérioration sur le terrain.  En janvier, a-t-il dit, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est rendu en Israël et dans le Territoire palestinien occupé, rencontrant des dirigeants israéliens et palestiniens dans le but d’apaiser les tensions, de favoriser une plus grande coopération entre les parties et de renforcer la sécurité de toutes les personnes. 

Enfin, rappelant que le ramadan coïnciderait à nouveau cette année avec les vacances de Pâques, le Coordonnateur spécial a appelé à l’intensification d’efforts conjoints pour garantir que cette période se déroule en toute sécurité et dans le calme.  « Les provocations, la désinformation et les efforts des extrémistes pour attiser la violence doivent être combattus efficacement.  Dans ce contexte, je réitère l’appel du Secrétaire général à toutes les parties pour qu’elles s’abstiennent de prendre des mesures susceptibles d’aggraver les tensions à l’intérieur et autour des Lieux saints », a-t-il conclu, soulignant à ce propos le rôle déterminant de la Jordanie. 

Mme LENI STENSETH, Commissaire générale adjointe de lOffice de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a indiqué qu’un nombre croissant de réfugiés palestiniens dans la région sont au bord du désespoir.  En effet, les crises multiples, les conflits, l’occupation sans fin, les ramifications socioéconomiques de la pandémie de COVID-19 et la hausse mondiale des prix des denrées alimentaires et du carburant provoquée par le conflit en Ukraine, ont poussé un nombre croissant de réfugiés palestiniens dans la pauvreté.  Les priorités mondiales concurrentes et l’évolution de la dynamique régionale ont presque anéanti toute attention au sort des réfugiés palestiniens, a-t-elle expliqué.  Entre-temps, les conditions politiques, socioéconomiques et sécuritaires qui entourent la vie des réfugiés continuent de se détériorer.  Ainsi, en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, cette année a déjà vu un nombre record de morts parmi les Palestiniens, y compris les réfugiés palestiniens.  Les pertes parmi les Israéliens sont également une grave préoccupation.  Mme Stenseth s’est faite l’écho de l’appel du Coordonnateur spécial à réduire les tensions et à prévenir d’autres pertes de vie.  Ce cycle de violence doit cesser avant qu’il ne soit trop tard, a-t-elle averti, expliquant que la violence en Cisjordanie entrave les opérations de l’UNRWA et impose un lourd tribut aux réfugiés palestiniens que l’Office sert. 

La Commissaire générale adjointe a relevé que les enfants, y compris les enfants réfugiés, sont loin d’être immunisés contre cette spirale de violence qui a créé un climat explosif et dangereux de peur, de colère, et de désespoir.  À Gaza, a-t-elle constaté, des années de blocus et de conflits ont isolé la population du reste du monde, créant une tragédie humaine difficile à décrire.  En effet, plus de 80% des réfugiés palestiniens dans la bande sont pauvres et presque tous dépendants de l’aide alimentaire de l’UNRWA.  Près de la moitié des enfants qui fréquentent les écoles de l’UNRWA à Gaza ont montré des signes de traumatisme, des cicatrices qui peuvent les accompagner à vie, s’est-elle alarmée.  Elle a rappelé que l’UNRWA avait demandé, à plusieurs reprises et à toutes les parties à Gaza et en Cisjordanie, de respecter la neutralité et l’inviolabilité de ses locaux. 

En Syrie, le récent tremblement de terre dévastateur ajoute aux difficultés et au désespoir d’une population déjà aux prises avec le conflit et ses conséquences.  Quelque 62 000 réfugiés palestiniens vivant dans quatre camps ont été affectés par le tremblement de terre, alors que 90% d’entre eux avaient déjà besoin d’une aide d’urgence avant le séisme.  Au Liban, l’effondrement de l’économie a touché les plus vulnérables, parmi lesquels les réfugiés palestiniens, dont 93% vivent dans la pauvreté.  La situation est si désespérée que les réfugiés palestiniens sont de plus en plus prêts à risquer leur vie en mer dans une tentative désespérée d’obtenir une vie digne.  De même, en Jordanie, malgré la stabilité générale, les réfugiés palestiniens luttent pour des conditions socioéconomiques qui s’aggravent alors que l’économie nationale est en déclin. 

Mme Stenseth a affirmé que les réfugiés palestiniens se sentent abandonnés par la communauté internationale.  Au Moyen-Orient, l’UNRWA reste l’un des rares piliers de stabilité, a-t-elle relevé, ajoutant que c’est un pilier de stabilité à la fois pour les réfugiés palestiniens, pour les pays qui les accueillent et pour la région.  Pourtant, le manque de financement adéquat, durable et prévisible a mis l’UNRWA dans une situation impossible.  Le statu quo n’est plus tenable, a avancé la Commissaire générale adjointe, qui a averti que la baisse de la qualité des services de l’UNRWA allait de pair avec sa contribution à la stabilité de la région.  Elle a conclu en appelant tous les États Membres à continuer de soutenir l’UNRWA politiquement et financièrement, et à veiller à ce que l’Office dispose des ressources dont il a besoin pour s’acquitter de son mandat. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) s’est déclarée profondément préoccupée par la spirale de la violence entre Israéliens et Palestiniens, condamnant en particulier les récentes attaques terroristes perpétrées en Israël.  Le fait de cibler des civils innocents est inacceptable, a-t-elle martelé, avant de réaffirmer le droit d’Israël à la légitime défense.  Les attaques à la roquette et toutes les autres formes de violence créent une escalade dangereuse, a insisté la représentante, qui a rappelé que des fêtes religieuses auront lieu prochainement dans la région, notamment à Jérusalem-Est. 

Appelant les parties à respecter le statu quo sur les sites sacrés, la représentante a aussi exhorté les parties à s’abstenir de toute action mettant en péril la stabilité.  Dans ce contexte, elle a exprimé l’opposition des États-Unis à la déclaration d’Israël concernant la mise en place de milliers d’unités supplémentaires de logement dans les colonies et le processus de légalisation rétroactive de neuf avant-postes en Cisjordanie.  Ces mesures tendent à exacerber les tensions, portent atteinte à la confiance entre les parties et sapent les perspectives d’une solution à deux États, a-t-elle souligné. 

Pour les États-Unis, les activités de colonisation sont non seulement un frein à une solution négociée mais nuisent à la sécurité d’Israël.  Il importe aujourd’hui de permettre la tenue de négociations directes, seule voie susceptible de faire avancer le processus de règlement, a ajouté la représentante, en exprimant son soutien à la déclaration de la présidence maltaise du Conseil de sécurité, initialement proposée par les Émirats arabes unis.  Il s’agit là de la diplomatie en action, a-t-elle soutenu, invitant les parties à prendre conscience du « sérieux » avec lequel le Conseil aborde cette question. 

Enfin, après avoir averti que le rôle stabilisateur que joue la Jordanie pourrait être mis à l’épreuve à l’occasion du mois de ramadan, la représentante a appelé à soutenir l’UNRWA, qui constitue une planche de salut pour les Palestiniens.  Demandant aux différents partenaires de fournir un financement prévisible à l’Office, elle a indiqué que les États-Unis lui verseront 15 millions de dollars cette année. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a exprimé la préoccupation de son pays face aux récentes décisions et politiques israéliennes d’étendre les colonies de peuplement en Cisjordanie, y compris la légalisation rétroactive de certains avant-postes, et aux démolitions de maisons et structures palestiniennes.  Il y a vu des tentatives d’annexion de facto de la Cisjordanie par Israël, mettant en garde contre les conséquences de ces mesures sur la viabilité de la solution à deux États et leur impact sur la sécurité régionale.  Conscient des préoccupations d’Israël sur le plan sécuritaire, le représentant, qui l’a encouragé à agir dans le respect du droit international, a condamné tous les incidents prenant pour cible sa population et son territoire.  Il a appelé les deux parties à observer le calme et à faire preuve de retenue, en jugeant important de prioriser la protection des civils.  La réaction timide de la communauté internationale face à la nécessité d’enquêter sur les violations systématiques des droits humains et les atrocités commises par les deux parties n’a pas aidé à stabiliser la situation instable sur le terrain, a argué le délégué, en appelant à remédier à cette situation.  Il a conclu en appelant les autorités israéliennes et palestiniennes à se lancer dans un dialogue significatif et transparent pour une paix durable, dans le cadre d’un règlement politique basé sur l’égalité des droits, la justice et l’inclusion. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a souligné combien l’expansion continue des colonies israéliennes est une source de tensions et de violences.  C’est pourquoi, a-t-il dit, le Brésil et d’autres pays de notre région ont publiquement fait part de leur profonde inquiétude face à la décision récente du Gouvernement israélien d’instaurer neuf « avant-postes » et de construire 10 000 logements dans les colonies existantes en Cisjordanie.  Ces mesures unilatérales constituent de graves violations du droit international, y compris la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, a encore déclaré le représentant.  Ainsi a-t-il demandé instamment à toutes les parties de faire preuve d’un maximum de retenue et d’éviter les provocations et les mesures unilatérales susceptibles d’aggraver encore les tensions. 

Après avoir jugé que la coopération visant à la sécurité des civils pourrait, en plus d’empêcher la perte de vies humaines, constituer une mesure de confiance importante, le représentant a condamné les actes de vandalisme du 2 février contre la chapelle de la flagellation à Jérusalem.  Nous exhortons tous les dirigeants politiques et les autorités à promouvoir une culture de coexistence pacifique et de liberté religieuse, a-t-il dit.  Il a également appelé à un financement adéquat de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), pour lui permettre de mener à bien ses missions, lesquelles contribuent au maintien de la stabilité au Moyen-Orient.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a dit soutenir le travail du Coordonnateur spécial pour le Moyen-Orient, en espérant que ses efforts conduiront à des résultats souhaités de tous.  Il a ensuite appelé à soutenir le travail de l’UNRWA qui est d’une importance fondamentale.  Le représentant a condamné fermement tous les types de violence à l’encontre des civils et les actes de terrorisme, ainsi que leur glorification.  Selon le délégué, l’annonce d’une légalisation des colonies dans les territoires occupés, et la construction de plusieurs nouvelles unités de logement rendent le chemin vers la paix et la sécurité plus difficile.  Le délégué a appelé en conclusion les dirigeants à faire preuve de courage et à agir dans l’intérêt de leurs populations. 

M. DMITRY A.  POLYANSKIY (Fédération de Russie) a jugé que la nouvelle escalade du conflit israélo-palestinien démontre le caractère destructeur de l’absence de processus de paix, celui-ci étant « bloqué » par plusieurs membres du Conseil de sécurité « dans l’intérêt de l’une des parties ».  S’élevant contre l’occupation et l’activité militaire croissante d’Israël dans les territoires palestiniens, le représentant a condamné la récente visite du Ministre israélien de la sécurité nationale sur le site de la mosquée Al-Aqsa, la qualifiant de « provocation déstabilisatrice », avant de dénoncer le raid mené par Israël dans la ville de Jénine et la décision des autorités israéliennes de légaliser neuf avant-postes et d’approuver les plans de construction d’environ 10 000 logements supplémentaires dans les colonies. 

Pour le représentant, l’intention des Israéliens de doubler d’ici à 2026 le nombre de colons vivant dans la vallée du Jourdain, ainsi que sur les hauteurs du Golan syrien, peut être considérée comme une « annexion de facto » de la majeure partie du Territoire palestinien occupé.  Dans ce contexte, il a appuyé la déclaration présidentielle du Conseil et a appelé les parties à empêcher toute nouvelle escalade de la tension, alors qu’approche le mois de ramadan.  La fin de ce cycle de violence, a-t-il ajouté, ne pourra être obtenue que par un processus de négociation fondé sur les principes du droit international, dont le résultat devrait être la création d’un État palestinien indépendant dans les frontières de 1967, vivant en paix et en sécurité avec Israël. 

Compte tenu de l’absence de toute perspective de relance du processus de paix, y compris de la part du Quatuor pour le Moyen-Orient, les Palestiniens n’ont d’autre choix que de faire appel de plus en plus au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale, a poursuivi le représentant.  Observant que l’adoption de la résolution 77/247 de l’Assemblée générale, assortie d’un d’avis consultatif à la Cour internationale de Justice sur les conséquences juridiques de l’occupation israélienne, a poussé Israël à introduire toute une série de mesures restrictives, il a fait état d’une dégradation constante de la situation sociale et humanitaire dans les territoires palestiniens occupés et ce, bien qu’Israël affirme vouloir fournir une assistance économique aux Palestiniens.  Il importe donc que l’UNRWA puisse continuer à fournir une assistance humanitaire intégrée à la Cisjordanie et à la bande de Gaza, ainsi qu’aux pays arabes voisins, a-t-il plaidé, avant d’appeler les donateurs internationaux à répondre à l’appel de 2,7 millions de dollars lancé par l’Office pour aider les réfugiés palestiniens touchés par les séismes en Türkiye et en Syrie.  À ses yeux, l’objectif principal doit être de stabiliser la situation en restaurant un horizon politique et en ranimant le processus de paix. 

Avant de conclure, le représentant a condamné l’approche des États-Unis, qui, selon lui, s’emploient à bloquer tous les formats d’accompagnement des parties via « la substitution d’une paix politique par une paix économique ».

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a condamné toutes les violences qui font le lit de la souffrance des peuples palestinien et israélien.  Le Gabon reconnaît le droit d’Israël à la sécurité, a déclaré la représentante.  Toutefois, il est important de respecter le droit international.  La multiplicité des démolitions ajoutée à la récente décision de légaliser neuf colonies en Cisjordanie et de construire de nouveaux logements dans les colonies existantes, constituent des facteurs d’exacerbation des tensions sur le terrain. 

Mme Koumby Missambo a également évoqué la situation économique particulièrement préoccupante de l’Autorité palestinienne, aggravée par le gel de fonds fiscaux collectés par Israël pour le compte de l’Autorité palestinienne.  Des mesures urgentes doivent être prises pour le relèvement économique de celle-ci, a insisté la représentante, en affirmant qu’il n’y aura pas de prospérité dans la région à moins que celle-ci ne soit partagée.  C’est là aussi un des facteurs de la paix qui doit être pris en compte, a-t-elle ajouté avant de déclarer qu’il est plus que jamais temps d’agir en faveur de la désescalade.  Les parties doivent faire preuve de retenue et privilégier le dialogue à travers des négociations directes, a conclu la représentante. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a qualifié de message d’union la déclaration présidentielle prononcée en début de séance par l’Ambassadrice de Malte.  Il a appelé le Gouvernement israélien à revenir sur sa récente décision de légaliser, « au nom de la loi israélienne », neuf avant-postes de colonies dans les territoires occupés et d’intensifier ses activités de peuplement en Cisjordanie.  Ces activités constituent des violations du droit international et doivent cesser immédiatement, a-t-il rappelé, condamnant ensuite les attentats terroristes commis le 26 janvier à proximité d’une synagogue à Jérusalem.  À son tour, il a appelé les parties à s’abstenir d’actions unilatérales qui ne font qu’exacerber les tensions et provoquer de nouvelles victimes innocentes.  En conclusion, il a indiqué que cette année marquait le soixante-dixième anniversaire d’un partenariat jamais démenti entre l’UNRWA et le Japon.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a appelé toutes les parties à s’abstenir de mesures qui compromettent davantage la paix, la stabilité et la solution des deux États.  Le Royaume-Uni condamne toutes les formes de terrorisme pour lesquelles il ne peut exister aucune justification, a-t-elle dit.  Elle a appelé Israël à faire preuve d’un maximum de retenue lors des tirs réels.  À l’Autorité palestinienne, elle a demandé de rétablir de toute urgence la pleine sécurité, de renoncer à la terreur et d’y faire face.  La représentante a également condamné les tirs de roquettes aveugles depuis Gaza des 11 et 12 février, lesquels ont ciblé des populations civiles. 

La représentante a condamné l’annonce par Israël de la légalisation de 10 « avant-postes » et de la construction de jusqu’à 10 000 unités de logement supplémentaires dans des colonies existantes en territoire palestinien.  Le Royaume-Uni s’oppose fermement à ces actions unilatérales qui exacerbent les tensions entre Israéliens et Palestiniens. 

Mme Woodward a en outre condamné l’augmentation de la violence des colons, notamment le meurtre de Mithqal Rayyan le 11 février.  Les auteurs de violence doivent faire face à la justice, a-t-elle plaidé.  Elle a enfin appelé Israël à éviter des mesures qui pourraient équivaloir à une punition collective contre les Palestiniens, particulièrement les démolitions, qui causent des souffrances inutiles et contribuent au cycle de la violence. 

M. PEDRO COMISSARIO AFONSO (Mozambique) a noté qu’aucun progrès n’a été enregistré depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité sur la question palestinienne.  Au contraire, a-t-il observé, le cercle vicieux de la violence tend à se développer à un rythme alarmant.  Exprimant sa profonde préoccupation face aux actions unilatérales et à l’usage excessif de la force par le Gouvernement israélien contre les réfugiés à Jénine, il a exhorté toutes les parties à faire preuve de retenue et à mettre un terme à tout acte de provocation et d’hostilité, afin de permettre une reprise du dialogue direct.  Après avoir salué les efforts déployés par les partenaires internationaux pour créer les conditions nécessaires à la tenue d’élections présidentielle et législatives dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, le représentant a réitéré son appel à un soutien accru, prévisible et durable à l’UNRWA et au Programme alimentaire mondial (PAM) pour atténuer les souffrances humaines et assurer un certain niveau de dignité aux réfugiés et aux personnes déplacées dans la région.  Enfin, après avoir relevé que les résolutions 242 (1967) et 2334 (2016) du Conseil de sécurité, ainsi que diverses résolutions et décisions de l’Assemblée générale constituent la base politique et juridique de la solution des deux États, il a souhaité que les efforts de la communauté internationale aillent dans le sens de ces délibérations.  Il a également exhorté Israéliens et Palestiniens à travailler ensemble de manière constructive afin de jeter les bases d’une paix durable fondée sur la pleine matérialisation du droit à l’autodétermination du peuple palestinien et du droit à l’existence de l’État d’Israël.

Pour M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France), les récentes annonces israéliennes en matière de colonisation sont autant de pas vers une annexion de la zone C en Cisjordanie.  La France rappelle sa ferme condamnation de la politique de colonisation israélienne, a-t-il martelé, en arguant que cette politique éloigne davantage la perspective de la solution des deux États.  Le délégué s’est dit très préoccupé par l’annonce du Gouvernement israélien de son intention de faire progresser des plans en vue de la construction de près de 10 000 unités de logement dans les colonies et d’entamer un processus de légalisation de neuf avant-postes considérés précédemment comme contrevenant au droit israélien.  Des mesures unilatérales qui sont contraires au droit international, et notamment à plusieurs résolutions du Conseil de sécurité, a relevé le représentant, en appelant les autorités israéliennes à revenir sur leur décision.  Leur mise en œuvre ferait courir le risque d’une annexion progressive de la zone C en Cisjordanie, a-t-il mis en garde.  Le cycle de violence actuel, qui s’explique par l’absence d’horizon politique, est insoutenable, tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens, et doit prendre fin, a tranché le représentant, en appelant les parties à s’abstenir de toute provocation.  La France appelle donc l’ensemble des membres du Conseil ainsi que les États de la région à contribuer activement à la relance des efforts de paix, a déclaré M. de Rivière, qui a terminé son intervention par un appel à soutenir l’UNRWA.  Il a rappelé en conclusion que la France a contribué à hauteur de 33,5 millions d’euros en 2022 au budget de l’agence et le fera à nouveau cette année. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse), préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire et par le risque réel d’engrenage, s’est félicitée que le Conseil de sécurité soit parvenu aujourd’hui à formuler par consensus une déclaration présidentielle.  La Suisse reste inquiète de l’annonce faite par le Gouvernement israélien le 12 février de construire près de 10 000 nouveaux logements dans des colonies et de légaliser neuf avant-postes en Territoire palestinien occupé, a poursuivi la représentante.  Elle a successivement appelé Israël à renoncer à ces mesures unilatérales qui risquent encore d’exacerber les tensions et mettent en danger une solution négociée à deux États et condamné les attaques à l’encontre des civils en Territoire palestinien occupé « ainsi que les attaques de ces dernières semaines dans des colonies à Jérusalem-Est ». 

En fournissant ses services sanitaires, éducatifs ou de filet social, l’UNRWA apporte une contribution significative à la stabilité dans la région, a poursuivi la représentante, qui a jugé fondamental que l’Office puisse continuer à fournir une aide efficace, efficiente et dans le respect des principes humanitaires.  À cette fin, elle a appelé à un soutien financier adéquat et prévisible de l’UNRWA.  Par ailleurs, elle a réitéré l’appel de son pays à toutes les parties, à quelques semaines du début du ramadan et des vacances de Pâques, d’assurer le strict respect du statu quo historique sur le « Haram el-Charif/Mont du Temple à Jérusalem ».

M. ZHANG JUN (Chine) a souligné que la communauté internationale devrait pouvoir préserver la solution des deux États.  Il a rappelé que les Émirats arabes unis ont mené des négociations pour adopter une résolution au Conseil de sécurité.  Il a salué la promesse de suspension de nouvelles constructions faite par Israël, rappelant que le pays doit revenir à la solution des deux États.  Il s’est félicité de la déclaration présidentielle adoptée ce matin et a salué le leadership des Émirats arabes unis à ce propos. 

Le représentant a appelé le Conseil de sécurité à se tenir prêt à agir en conséquence sur la question palestinienne.  Il a ensuite salué le travail de l’UNRWA, qui a permis de préserver quelques services élémentaires pour les réfugiés palestiniens.  Face à une injustice et des souffrances qui perdurent depuis si longtemps, il faut cesser d’adopter des solutions partielles et regarder plutôt des solutions durables, a-t-il plaidé en appelant à une solution à deux États, Israël et Palestine, qui vivraient côte à côte dans la paix.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a constaté à son tour que, loin de s’améliorer, le climat s’est encore dégradé dans les territoires palestiniens occupés.  L’absence d’horizon politique a des conséquences graves pour la sécurité et porte atteinte à l’espoir d’une solution durable, a-t-il déploré, se disant atterré, dans ce contexte, par la poursuite d’attaques contre des civils innocents.  Le recours à la violence, aux actions terroristes et aux discours haineux est inacceptable, a insisté le représentant, avant d’exprimer sa profonde préoccupation face à la situation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.  Dénonçant l’expansion des colonies par Israël, il a également qualifié les expulsions et les démolitions opérées par cet État de violations du droit international.  À ses yeux, il importe que les deux parties au conflit œuvrent à la désescalade, afin qu’il n’y ait pas de nouvelle année meurtrière pour les civils palestiniens, notamment les femmes et les jeunes.  Chacun doit s’abstenir de démarches unilatérales susceptibles de déclencher davantage de violences, a-t-il encore plaidé, saluant l’appel dans ce sens lancé par la déclaration de la présidence maltaise du Conseil de sécurité.  Alors que les fidèles des trois religions monothéistes célébreront des fêtes religieuses dans les mois à venir, le représentant a souhaité que cette spiritualité puisse s’exercer de manière harmonieuse et pacifique de part et d’autre.  Il a réaffirmé à cet égard l’importance du respect du statu quo des Lieux saints et du rôle joué par la Jordanie à cet égard.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a salué l’adoption de la déclaration présidentielle d’aujourd’hui, « la première décision sur cette question en six ans ».  Cela montre que le Conseil est uni pour dire que les activités de colonisation poursuivies par Israël sont une atteinte grave à la progression vers la solution des deux États, a-t-elle souligné, une solution à laquelle les Émirats restent attachés malgré une année d’escalade des violences et des tensions sur le terrain.  Cette situation exige des efforts concertés de la part des parties et du Conseil pour pouvoir avancer, a insisté la représentante, martelant que la désescalade est essentielle, ce qui inclut une suspension des activités unilatérales comme la poursuite des colonies de peuplement. 

La représentante a également plaidé pour un leadership moral et politique en refusant de céder du terrain à l’extrémisme sous toutes ses formes.  Elle a rejeté toute forme d’islamophobie, d’antisémitisme et de christianophobie, surtout à la veille des fêtes religieuses de ces trois grandes religions, et a appelé au respect de tous les sites religieux.  Pour la première fois le Conseil de sécurité s’est penché sur ces questions, a-t-elle constaté en l’appelant à veiller au respect du statut quo juridique de Jérusalem et de ses Lieux saints. 

En troisième lieu, Mme Nusseibeh a appelé à mettre fin à la démolition de maisons et structures palestiniennes, en particulier à Jérusalem-Est.  La représentante a tenu à rappeler que derrière chacune des 135 démolitions de janvier et février il y a des familles.  Toutes les parties doivent respecter le droit international, notamment en ce qui concerne la protection des civils.  Le Conseil de sécurité a une responsabilité dans ce conflit, qui ne peut pas être réduite à une approche en dernier recours, a-t-elle tranché en demandant un retour aux pourparlers directs entre les parties. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a réitéré l’attachement de son pays à un règlement juste et global du conflit au Moyen-Orient sur la base d’une solution à deux États le long des frontières d’avant 1967, répondant aux aspirations légitimes des deux parties, avec Jérusalem comme future capitale de deux États coexistant dans la paix et la sécurité.  Elle a ensuite qualifié de violation flagrante du droit international les activités de colonisation israéliennes, la décision récente de Tel-Aviv de légaliser les avant-postes en Cisjordanie occupée, éloignant encore davantage les parties d’une solution viable à deux États.  Aussi la représentante a-t-elle appelé les autorités israéliennes à mettre fin à cette expansion, de même qu’aux démolitions, aux expulsions forcées et à la violence connexe des colons perpétrée dans les territoires palestiniens occupés.  Simultanément, Malte souligne l’importance pour l’Autorité palestinienne d’organiser sans plus tarder les élections nationales reportées.  Tout en reconnaissant le droit légitime d’Israël à se défendre contre toute attaque, Mme Frazier a plaidé pour une riposte proportionnée et conforme au droit international humanitaire.  Pour elle, les deux parties doivent maintenant trouver un moyen de s’engager dans un dialogue véritable, seule voie possible pour conduire à une désescalade des violences à long terme.

M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a estimé que la situation s’approche à grands pas du point de rupture, ajoutant qu’elle ne cesse de s’aggraver avec chaque enfant tué, chaque maison démolie, chaque famille déplacée.  L’année la plus meurtrière pour les Palestiniens en Cisjordanie qui vient de prendre fin, pourrait bien être dépassée par l’année en cours, a-t-il dit.  Selon lui, tous les ingrédients sont réunis pour parvenir à un point de non-retour.  Il a souligné que le peuple palestinien n’acceptera pas la coexistence avec l’oppression et l’occupation.  L’humanité a élaboré des règles, ce Conseil a adopté des résolutions, cette communauté mondiale a endossé une vision, ils ne doivent pas y renoncer, a-t-il lancé en l’appelant à les défendre. 

Ce gouvernement israélien a annoncé son plan illégal et agit en conséquence; il est temps que la communauté internationale annonce son propre plan en défense du droit international et agisse en conséquence, a demandé l’Observateur permanent.  Pour lui, ce plan international devrait commencer par Jérusalem, où la politique coloniale et discriminatoire d’Israël trouve son expression ultime et où Israël espère, par la punition collective et l’asphyxie politique géographique, soumettre le peuple palestinien, en vain. 

La mobilisation internationale à laquelle nous avons assisté ces derniers jours doit être soutenue et amplifiée, a souhaité M. Mansour.  Il a souligné que le Conseil avait exprimé une nouvelle fois aujourd’hui son opposition claire à ces politiques, dans un esprit unifié et sans équivoque, dans la première déclaration présidentielle qu’il adopte sur la Palestine en presqu’une décennie.  Chaque action que nous entreprenons maintenant compte, et chaque mot que nous prononçons compte, a-t-il dit.  De même, chaque décision que nous adoptons compte, et nous n’avons pas le luxe du fatalisme, a-t-il déclaré.  Enfin, il a indiqué que le peuple palestinien mérite la liberté et la fin de l’injustice historique de la Nakba, qu’il a subie il y a 75 ans, et qui perdure encore aujourd’hui.

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a commencé par citer les propos hostiles à Israël d’une combattante palestinienne « endoctrinée » par l’Autorité palestinienne, accusant cette dernière de livrer une « campagne de propagande monstrueuse » contre son pays.  En vertu de cette propagande, « les meurtres de juifs mènent à une gloire infinie », a-t-il dénoncé, avant de regretter que la déclaration présidentielle adoptée par le Conseil de sécurité ne fasse aucunement mention de cette incitation à la violence et à la haine.  Alors que des récompenses sont offertes aux tueurs de juifs « à hauteur de 171 millions de dollars », « vous ne condamnez pas ce système, vous lui permettez de perdurer », a lancé le représentant, selon lequel l’Autorité palestinienne, par son soutien au terrorisme, constitue l’obstacle principal à la paix dans la région.  « Tant que les enfants feront l’objet d’un lavage de cerveau, le sang continuera de couler », a-t-il martelé, affirmant que, depuis des années, l’Autorité palestinienne « attise les flammes de la violence » en alimentant une culture malveillante qui rend impossible la réconciliation.  « Comment le Conseil de sécurité peut-il ignorer cela et ne jamais se pencher sur cette question? » s’est-il indigné. 

Constatant que le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, n’a eu aucun mot pour condamner les attentats des dernières semaines, notamment celui qui a visé une synagogue de Jérusalem-Est, le représentant a relevé que des foules de Palestiniens ont célébré la mort de juifs, tandis que le secrétaire du Fatah de Jénine parlait d’« actions héroïques ».  « Ce n’est pas un hasard si les autorités palestiniennes ont été les alliés de Hitler », a-t-il renchéri, estimant que l’objectif des dirigeants palestiniens reste le même: « empêcher l’existence d’un État juif ».

Après avoir rappelé qu’Israël fait face à une entité qui le « délégitimise » et au Hamas, désigné comme organisation terroriste, le représentant a reproché au Conseil de sécurité de ne jamais condamner les violations de tous les accords internationaux auxquels se livrent les Palestiniens.  De fait, « cette institution est devenue un autre moyen d’imposer à Israël les demandes des Palestiniens », a-t-il déploré, avant d’assurer que son pays n’acceptera jamais qu’une « entité terroriste » veuille l’éradiquer.  Évoquant les récents attentats qui ont fait 11 victimes civiles, il a regretté que le Conseil ne se réunisse pas pour les condamner mais pour « condamner Israël pour l’octroi de permis de construire dans des communautés déjà existantes », alors même qu’il y a un grand nombre de constructions palestiniennes illégales en Judée et en Samarie.  Citant les noms des victimes de ces attentats et arborant la photographie de deux d’entre eux, il a conclu en demandant au Conseil d’observer une minute de silence pour honorer leur mémoire.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar), qui s’exprimait au nom du Groupe arabe, a salué l’adoption de la déclaration présidentielle d’aujourd’hui, rédigée par les Émirats arabes unis, qui envoie un message fort à Israël.  Le Groupe arabe est fortement préoccupé par les actions du nouveau Gouvernement israélien en violation du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité, a affirmé la représentante, en soulignant les conséquences de ces actes sur les perspectives de la solution des deux États et en termes d’escalade des tensions sur le terrain. 

La représentante a rappelé le communiqué final de la récente conférence pour le développement de la Palestine, qui souligne, entre autres, que la cause juste des Palestiniens reste une cause centrale pour tous les Arabes.  La paix et la sécurité au Moyen-Orient resteront illusoires tant que le droit à un État palestinien ne sera pas réalisé, a-t-elle estimé.  La communauté internationale doit protéger le peuple palestinien et réagir face à l’expansion des colonies de peuplement et aux politiques d’apartheid d’Israël, a-t-elle exigé.  Le Conseil de sécurité doit mettre un terme aux pratiques d’apartheid et aux plans israéliens, qui sont illégaux, notamment à l’annexion du Golan. 

La représentante a également exigé le respect du statu quo historique des Lieux saints de Jérusalem en condamnant les attaques répétées contre la mosquée Al-Aqsa et l’esplanade des Mosquées, qui sont historiquement sous la tutelle du roi de Jordanie.  Le communiqué appelle aussi à mettre fin à la saisie de biens d’habitants palestiniens à Jérusalem et aux tentatives d’éradication de la culture arabe.  Il appelle la Cour pénale internationale à mener des enquêtes et à traduire en justice les auteurs de crimes de guerre commis par des Israéliens contre les Palestiniens. 

En conclusion le Groupe arabe appelle à veiller à l’application des mêmes règles du droit international, quelles que soient les situations, et notamment dans le cas d’occupation par la force d’un pays par un autre État.

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