Soixante-dix-septième session,
97e & 98e séances, matin & après-midi
AG/12522

Assemblée générale: les appels à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires se multiplient dans un contexte sécuritaire tendu

C’est dans un climat inquiet que l’Assemblée générale a célébré, aujourd’hui, la Journée internationale contre les essais nucléaires, qui est promulguée depuis 2017 à l’initiative du Kazakhstan.  Le Président de l’Assemblée générale et la Haute-Représentante aux affaires de désarmement ont fait part de leurs préoccupations, M. Csaba Kőrösi déclarant que le monde est « plus proche que jamais, au cours de ce siècle, d’une catastrophe mondiale » et Mme Izumi Nakamitsu –qui a rappelé que 13 000 armes nucléaires sont encore stockées dans le monde–, invitant à sauvegarder la norme internationale instaurée par le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  M. Robert Floyd, Secrétaire exécutif de l’Organisation du Traité (OTICE), a quant à lui attiré l’attention sur l’impact à long terme des essais nucléaires sur la santé humaine et l’environnement.

Parce que ces essais causent de telles souffrances, qu’ils sont un frein au développement et intensifient la prolifération des armes nucléaires, la trentaine d’États Membres ayant participé au débat ont appelé à l’entrée en vigueur sans délai du Traité.  Dans cette optique, Mme Nakamitsu a salué les récentes ratifications de la Guinée équatoriale, de Sao Tomé-et-Principe, des Îles Salomon et de Sri Lanka.  Pour que ce traité devienne effectif, entraînant l’interdiction juridiquement contraignante de conduire des essais nucléaires, il faut que l’ensemble des États repris dans son Annexe 2 le ratifient.

Un représentant de la société civile ainsi que le Kazakhstan et des pays du Pacifique, comme Kiribati, se sont livrés à un véritable plaidoyer non seulement en faveur de l’interdiction des essais nucléaires mais aussi de l’aide aux victimes et de l’assainissement des environnements touchés par les tirs.  M. Elias Merad Taouli, jeune militant de l’ONG « Reverse the Trend: Save our People, Save our Planet », a demandé le versement de réparations aux victimes au nom d’une « justice nucléaire » qu’il a appelée de ses vœux.  De son côté, le Kazakhstan a rappelé que depuis l’explosion de la première bombe atomique il y a 78 ans, plus de 520 essais ont été effectués dans l’atmosphère, équivalant à 29 000 fois Hiroshima.  Son représentant a souligné que les effets des radiations des bombes nucléaires persistent chez tous les « survivants », y compris les secouristes, et se transmettent de génération en génération.  La confiance est l’épine dorsale de la paix, a-t-il affirmé, jugeant essentiel que les forces vives et citoyennes des pays consacrent davantage d’efforts à l’éducation et à la sensibilisation au risque nucléaire.  « Nous avons besoin d’initiatives innovantes impliquant les femmes et les jeunes dans la réalisation de l’abolition du nucléaire », a-t-il également insisté.

Seul pays à avoir procédé à des essais nucléaires aux XXIsiècle, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a été directement visée par l’Union européenne (UE).  « La RPDC ne peut pas et ne pourra jamais détenir le statut d’État doté de l’arme nucléaire conformément au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) », a martelé la délégation européenne.  La France lui a emboîté le pas, en exhortant Pyongyang à répondre aux appels du Conseil de sécurité, en abandonnant de manière irréversible son programme nucléaire.  Les États-Unis, qui intervenaient en tant que pays hôte, ont indiqué que s’ils n’ont pas ratifié le TICE, ils maintiennent de longue date un moratoire sur les essais nucléaires.  Appelant tous les États possédant des armes nucléaires à déclarer ou à maintenir un tel moratoire, les États-Unis ont précisé que celui-ci ne saurait remplacer l’interdiction juridiquement contraignante prévue par le Traité.

Deux autres États dotés, la Chine, qui n’a pas ratifié le TICE, et la Fédération de Russie, qui l’a, elle, ratifié, ont eux aussi mis l’accent sur les moratoires qu’ils font respecter depuis des décennies avant d’assurer que, contrairement aux déclarations « fallacieuses » d’autres États dotés, ils ne se préparent nullement à procéder à des essais ni ne fournissent de « parapluie nucléaire » à des pays tiers.

Par ailleurs, l’Ukraine a prévenu que les bombardements répétés de la centrale nucléaire de Zaporijia par la Russie représentent, comme le répète l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), une menace majeure à la sûreté et la sécurité nucléaires et augmentent le risque d’une catastrophe nucléaire majeure, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour l’Ukraine « et au-delà ».  Dans ce contexte d’agression et d’occupation, la délégation a demandé aux États Membres de ne pas tomber « dans le piège du chantage nucléaire » de la Russie, en consolidant leurs mesures de sauvegarde prévues par le mécanisme multilatéral de désarmement nucléaire et de non-prolifération. 

DÉSARMEMENT GÉNÉRAL ET COMPLET: RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU VISANT À CÉLÉBRER ET À PROMOUVOIR LA JOURNÉE INTERNATIONALE CONTRE LES ESSAIS NUCLÉAIRES

Déclarations liminaires

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a rappelé qu’en 2010, lorsque l’Assemblée a déclaré le 29 août Journée internationale contre les essais nucléaires, il a été décidé que tous les efforts devaient être faits pour mettre fin à cette pratique.  Depuis lors, la situation ne s’est guère améliorée puisque la méfiance accrue, la concurrence géopolitique et le nombre croissant de conflits armés n’ont fait qu’accroître les dangers qui pèsent sur notre monde, a-t-il constaté, évoquant à ce sujet les menaces régulières de recours à une frappe nucléaire dans le cadre de la guerre en cours contre l’Ukraine.  En réponse à cette inquiétude, les dépenses militaires mondiales ont atteint le montant record de 2 200 milliards de dollars en 2022 et de nombreux signes indiquent que les stocks et les capacités nucléaires augmentent, en violation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), s’est lamenté M. Kőrösi, pour qui « nous sommes plus proches que jamais, au cours de ce siècle, d’une catastrophe mondiale ». 

Plaidant pour une approche du désarmement centrée sur l’humain, le Président de l’Assemblée générale a rappelé que de nombreux États Membres ont travaillé sans relâche pour mettre un terme aux essais nucléaires.  Il a félicité à cet égard le Kazakhstan pour avoir dirigé ces efforts et initié la déclaration de cette journée internationale.  Il a toutefois estimé que l’échec du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) à entrer en vigueur, 27 ans après son adoption, constitue « une grave lacune dans notre cadre mondial » et le « rappel brutal que nous avons une tâche inachevée ».  Après avoir rappelé que 34 pays de l’Annexe 2 du Traité ont signé et ratifié le TICE, il a enjoint les autres pays de cette annexe à faire de même et à rejoindre « l’écrasante majorité soutenant le TICE ».  Il est de notre devoir de veiller à ce que l’interdiction des essais nucléaires soit juridiquement contraignante pour tous les États, a insisté M. Kőrösi, avant d’appeler à des « garanties appropriées » pour nous protéger contre les erreurs et les mauvaises décisions.  Si la soi-disant « guerre nucléaire limitée » n’existe pas, la responsabilité de ceux qui tentent de familiariser le public avec cela, sans dire la vérité sur les conséquences d’un holocauste nucléaire, est « illimitée », a-t-il mis en garde. 

Le Président de l’Assemblée générale a ensuite cité Teruko Yahata, survivante japonaise qui avait 8 ans lorsque la bombe atomique est tombée sur Hiroshima.  « Qu’est-ce qui est important pour vous »? demande cette femme âgée aujourd’hui de 85 ans lors de ses présentations de la terrible puissance d’une explosion nucléaire.  Exhortant à tirer les leçons de l’histoire, surtout au moment actuel, semé de tant de dangers, M. Kőrösi a jugé qu’il est temps de mettre fin à la « menace de notre suicide collectif ».

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a déclaré que c’est animée d’un sentiment d’urgence qu’elle intervient en cette Journée internationale contre les essais nucléaires.  La norme internationale contre les essais d’armes nucléaires est efficace, un seul État ayant osé la violer au cours de ce siècle, et le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) atteste de la détermination mondiale à protéger l’humanité et son environnement de leurs répercussions destructrices, a-t-elle ajouté.  Elle a ensuite mis l’accent sur le rôle désormais crucial du Système international de surveillance du TICE, lequel traité, a-t-elle relevé, fort de 186 signataires et de 178 États l’ayant ratifié, constitue un pilier essentiel du régime de désarmement et de non-prolifération.  « Je salue les récentes ratifications de la Guinée équatoriale, de Sao Tomé-et-Principe, des Îles Salomon et de Sri Lanka, et remercie le Secrétariat technique provisoire de son engagement durable en faveur de l’universalisation du TICE », a-t-elle dit.  Mme Nakamitsu a indiqué que, bien que le Traité ne soit pas encore entré en vigueur, il a contribué à faire des essais nucléaires un véritable tabou planétaire.  Ainsi, les moratoires unilatéraux contre les essais adoptés par les États dotés d’armes nucléaires méritent-ils selon elle d’être salués, même si ceux-ci ne sauraient remplacer une interdiction juridiquement contraignante de tous les essais nucléaires. 

J’ai dit que je me tenais devant vous avec un sentiment d’urgence, a repris la Haute-Représentante, car malgré la robustesse de la norme mondiale contre les essais, les tendances actuelles concourent à la saper.  Comme l’a déclaré le Secrétaire général dans son message d’aujourd’hui, nous sommes confrontés à une montée alarmante de la défiance et des divisions à l’échelle mondiale, et, alors que près 13 000 armes nucléaires sont stockées dans le monde et que certains pays s’efforcent d’améliorer leur précision, leur portée et leur puissance destructrice, l’intensification du risque nucléaire menace d’engloutir les progrès durement acquis en matière de désarmement nucléaire et de non-prolifération au cours des trois dernières décennies, a souligné Mme Nakamitsu. 

Dans ce contexte tendu, elle a jugé primordial que les États Membres réaffirment aujourd’hui la position inébranlable de l’ONU contre les essais nucléaires.  Je veux être très claire, a-t-elle insisté, la seule façon d’empêcher l’annulation des gains acquis dans la lutte contre les essais nucléaires est de mettre en vigueur le TICE et de le faire sans délai. À cet égard, elle s’est dite encouragée par le soutien quasi unanime manifesté par les États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires lors de la récente session du Comité préparatoire, en faveur d’une telle entrée en vigueur, ce qui marquerait en outre un soutien accru aux victimes des essais nucléaires ainsi qu’à la restauration de l’environnement des pays où il fut procédé à ces essais. 

Je me fais maintenant l’écho de l’appel du Secrétaire général à tous les États qui ne l’ont pas encore fait, à signer et ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a encore noté Mme Nakamitsu.  Les États listés à l’Annexe 2 et dont les ratifications sont nécessaires pour l’entrée en vigueur du Traité, ne devraient pas attendre que d’autres agissent mais prendre sans délai des mesures unilatérales au nom de ceux qui ont souffert et souffrent des conséquences catastrophiques des essais nucléaires, a-t-elle exhorté.  Le temps d’agir est venu, a lancé la Haute-Représentante, appelant les pays à réaffirmer leur volonté d’atteindre l’objectif commun d’un monde débarrassé du spectre des essais nucléaires et d’un monde exempt d’armes nucléaires. 

M. ROBERT FLOYD, Secrétaire exécutif de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), a fait état de sa visite à Hiroshima, le 6 août dernier, à l’occasion de la commémoration annuelle de « la plus grande oblitération quasi instantanée de l’humain par l’humain ».  Si nous ne pouvons pas imaginer aujourd’hui à quoi a pu ressembler cette horrible explosion pour les habitants d’Hiroshima, nous savons toutefois que les armes construites et testées depuis avaient une puissance explosive bien plus grande.  Plus les essais menés étaient importants, plus l’impact sur la santé humaine et l’environnement était important, jusqu’à ce que les nations du monde décident d’y mettre un terme, a-t-il noté.  Il était clair que mettre fin aux essais, au contraire, lèverait les freins au développement et réduirait la prolifération des armes nucléaires, rendant possible le désarmement nucléaire. 

Il a rappelé qu’après le Traité sur l’interdiction partielle des essais d’armes nucléaires, adopté en 1963, interdisant les essais nucléaires dans l’atmosphère, dans l’espace et sous l’eau, il a fallu près de 30 ans avant que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ne soit conclu, en 1996.  Désormais, les diplomates disposaient des connaissances scientifiques nécessaires pour rendre vérifiable une interdiction des essais, a expliqué le Secrétaire exécutif.  Avant 1996, a-t-il détaillé, plus de 2 000 essais nucléaires ont eu lieu, dont plus de 450 à Semipalatinsk, au Kazakhstan.  Or, de 1996 à aujourd’hui, moins d’une douzaine d’essais ont été effectués, et un seul État a testé une arme au cours du présent siècle.  Il a également indiqué qu’à l’heure actuelle, toutes les explosions nucléaires peuvent être détectées grâce au réseau mondial de 300 stations de surveillance de l’OTICE.  Notant que quelque 186 États ont signé le Traité, et 178 l’ont ratifié, dont 8 autres au cours des 18 derniers mois, il s’est félicité que la dynamique en faveur de l’universalité s’accélère, bien que le Traité ne soit toujours pas entré en vigueur. 

Le Secrétaire exécutif a plaidé en faveur « de l’urgence et de la responsabilité » des États dotés de l’arme nucléaire afin qu’ils réaffirment publiquement le moratoire sur les essais nucléaires.  Il a également exhorté les pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le TICE.  « Tant que nous ne disposerons pas d’une interdiction juridiquement contraignante des essais nucléaires, ces progrès risquent de s’effondrer », a-t-il prévenu.

Mme VIVIAN OKEKE, de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a rappelé que, si la sûreté et la sécurité nucléaires incombent avant tout aux États, l’AIEA constitue une instance internationale où, ensemble, ils œuvrent à l’élaboration de normes pertinentes et échangent les pratiques optimales pour mieux s’acquitter de leurs responsabilités.  En 2022, l’AIEA a initié 62 examens par des pairs et prête assistance aux pays qui en font la demande pour minimiser les risques de voir des matières nucléaires tomber entre les mains de groupes terroristes.  L’Agence continue également à prêter assistance dans les zones touchées par les essais nucléaires, notamment grâce à des projets qui se concentrent sur le renforcement des capacités nationales face aux effets des essais nucléaires, a poursuivi la haute fonctionnaire.  L’AIEA, a-t-elle ajouté, reste vigoureusement engagée à contribuer à un monde exempt d’armes nucléaires grâce à un mécanisme de vérification crédible, et en travaillant en partenariat avec l’Organisation du traité d’interdiction complète des armes nucléaires. 

M. ELIAS MERAD TAOULI, jeune militant de Reverse the Trend: Save our People, Save our Planet, a indiqué que cette ONG, initiative de la Nuclear Age Peace Foundation, œuvre pour un monde exempt d’armes nucléaires depuis 1992.  Algéro-Américain de 17 ans, il a souligné le rôle des jeunes dans ce débat et a estimé que leur participation peut contribuer à éloigner l’humanité du « précipice d’une guerre nucléaire ».  Il s’est dit convaincu que la communauté internationale doit reconnaître l’héritage des essais nucléaires à travers le monde et assurer la justice pour les victimes. Rappelant à cet égard que plus de 315 essais nucléaires ont été menés dans le Pacifique, en Australie, en Polynésie française, à Kiribati et dans les Îles Marshall, « ce qui équivaut à plus de 10 000 bombes d’Hiroshima », sans oublier les 415 essais effectués au Kazakhstan et les 17 autres opérés en Algérie, il a souligné que les conséquences de ces actions continuent de faire souffrir les communautés impactées. 

« L’héritage de cette violence nucléaire est encore d’actualité », a-t-il insisté, appelant au versement de réparations aux victimes.  À cette fin, le militant a plaidé pour une sensibilisation des jeunes générations aux impacts humanitaires et environnementaux des armes nucléaires.  Il a indiqué que son ONG a lancé un projet dans ce sens, centré sur les essais nucléaires effectués par la France en Algérie et destiné à faire connaître les implications de ces explosions.  Pour arriver à la « justice nucléaire », il faut selon lui autonomiser la jeunesse et la sensibiliser aux effets des essais nucléaires.  Jugeant que le Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) constitue une « lueur d’espoir » qui doit libérer l’humanité du spectre des armes nucléaires, il a appelé tous les États Membres à le signer et à le ratifier sans délai.  Exprimant la détermination de la jeunesse à poursuivre cette quête de paix et de réparations, il a assuré qu’« ensemble, nous pouvons établir un monde exempt de cette menace ». 

Déclarations

M. TAREK LADEB (Tunisie), au nom du Groupe des États d’Afrique, a déclaré que l’élimination totale des armes nucléaires reste la seule garantie absolue contre leur emploi ou menace d’emploi, jugeant urgent que la planète, y compris l’espace extra-atmosphérique, devienne rapidement exempte d’armes nucléaires.  Leur seule existence constitue une menace existentielle pour la paix et la sécurité mondiales ainsi que pour la survie future de l’humanité, a-t-il dit, soulignant l’engagement du Groupe à contribuer à l’application et à la mise en œuvre des instruments internationaux contre les essais nucléaires et les armes nucléaires.  Le représentant a ensuite plaidé pour la mise en œuvre d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, notant la contribution de ces zones aux objectifs de désarmement nucléaire et de non-prolifération. De même, il a dit attendre avec impatience la tenue de la deuxième Réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui se tiendra du 27 novembre au 1er décembre 2023, à New York.  À cet égard, il a exhorté tous les membres de la communauté internationale, en particulier les États dotés d’armes nucléaires, à saisir cette occasion pour signer et ratifier ce traité dans les plus brefs délais.  Le représentant a également demandé aux États dotés d’accélérer leurs efforts d’élimination de leurs arsenaux nucléaires, conformément à leurs obligations et engagements juridiques au titre de l’article VI du TICE. 

Au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, Mme YOKA BRANDT (Pays-Bas) a rappelé que le 29 août, date de la Journée internationale contre les essais nucléaires, a été choisi pour commémorer la fermeture du site de Semipalatinsk, au Kazakhstan, où plus de 450 essais nucléaires ont eu lieu. Cette fermeture a marqué la fin de l’ère des essais nucléaires « effrénés » et le début des négociations en vue de l’adoption du TICE, a-t-elle noté.  Elle a jugé de la plus haute importance que le Traité entre en vigueur dans les plus brefs délais et a appelé les États à envoyer un signal fort en soutenant la résolution annuelle de l’Assemblée générale sur le TICE à la Première Commission, ainsi que la prochaine conférence visant à faciliter l’entrée en vigueur du TICE, qui aura lieu le 22 septembre. 

Poursuivant, la déléguée a condamné fermement l’attaque non provoquée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, notant que les menaces russes de recours aux armes nucléaire portent gravement atteinte à l’architecture de non-prolifération et de désarmement nucléaire.  Dans ce contexte, elle a exhorté les États Membres à ne pas procéder à des essais nucléaires, à réaffirmer leurs moratoires à cet égard et à s’abstenir de tout acte qui irait à l’encontre des objectifs du Traité.  De même, la représentante a condamné dans les termes les plus fermes les six essais nucléaires menés par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) depuis 2006, en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en rappelant que ce pays est le seul à avoir procédé à des essais nucléaires au cours de ce siècle.  Elle a appelé à la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne de manière pacifique.

Mme BONNIE DENISE JENKINS, Sous-Secrétaire d’État chargée du contrôle des armements et des affaires de sécurité internationale des États-Unis, intervenant en sa capacité de représentante du pays hôte, a déploré que malgré l’interdiction des essais d’explosifs nucléaires dans l’atmosphère, dans l’espace ou sous l’eau depuis six décennies, l’objectif d’une interdiction mondiale juridiquement contraignante de tous les essais nucléaires reste insaisissable.  Notant que la dernière étape essentielle pour atteindre cet objectif est l’entrée en vigueur du TICE, elle a appelé tous les États, et en particulier ceux énumérés à l’Annexe 2 du Traité, à ratifier le TICE sans attendre.  Premiers signataires du TICE en 1996, les États-Unis maintiennent un moratoire sur les essais d’explosifs nucléaires, a-t-elle indiqué, avant d’appeler tous les États possédant des armes nucléaires à déclarer ou à maintenir un tel moratoire, bien qu’il ne remplace pas l’interdiction juridiquement contraignante prévue dans le Traité. 

La représentante a ensuite exprimé son inquiétude face à la rhétorique nucléaire « inquiétante » de la Fédération de Russie au cours de la dernière année et demie, en particulier la déclaration du Président Putin de février dernier sur la volonté de la Russie de reprendre les essais d’explosifs nucléaires.  Cette déclaration, a noté la déléguée, va à l’encontre de l’engagement de ce pays envers le TICE.  Elle a souligné l’importance d’accroître les ressources allouées au maintien à long terme du Système de surveillance international (SSI) afin qu’il continue à jouer un rôle de dissuasion vital contre la conduite d’essais d’explosifs nucléaires.  À cette fin, les États-Unis et les autres pays du G7 se sont engagés, dans leur dernière déclaration commune, non seulement à soutenir le TICE, mais également à financer de manière adéquate les éléments essentiels de son régime de vérification.

M. JAMES MARTIN LARSEN (Australie), qui s’exprimait au nom des Amis du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (Australie, Canada, Finlande, Allemagne, Japon et Pays-Bas), a souligné que le TICE figure d’ores et déjà parmi les instruments normatifs les plus largement acceptés et les plus efficaces pour contenir et réduire les menaces nucléaires, notant toutefois que cette norme ne saurait être considérée comme acquise tant qu’elle n’est pas juridiquement contraignante.  L’entrée en vigueur du TICE profitera à tous les États et doit se faire sans délai, d’autant plus qu’elle renforcera également de manière significative la pleine mise en œuvre du TNP et le régime international de désarmement et de non-prolifération nucléaires, a-t-il insisté.  Il a ensuite exhorté les États qui ne l’ont pas encore ratifié à le faire sans tarder, en particulier les huit États qui figurent à l’Annexe 2 du Traité. 

En attendant l’entrée en vigueur du TICE, le représentant a appelé tous les États à déclarer ou à maintenir leurs moratoires nationaux existants sur les explosions expérimentales d’armes nucléaires et les autres explosions nucléaires, et à s’abstenir de toute action qui porterait atteinte à l’objectif et au but du Traité. Il a par ailleurs relevé que le Système de surveillance international (SSI) a permis la mise en place de plus de 300 installations de vérification dans le monde, représentant près de 90% du réseau prévu par le Traité, notant en outre que ce système a détecté tous les essais d’explosifs nucléaires qui ont eu lieu au XXIe siècle. 

Au nom du Groupe des États arabes, M. MUAWIA ELTOUM ELAMIN ELBUKHARI (Soudan) a dénoncé les dégâts causés à l’humanité et à l’environnement par les essais nucléaires, ainsi que la menace qu’ils représentent pour la paix et la sécurité internationales en ces temps d’escalade des tensions géopolitiques.  Il est selon lui urgent d’éliminer la menace posée par les essais nucléaires, qui sont incompatibles avec les principes du droit international humanitaire.  Se disant préoccupé par la menace que constitue la présence des armes nucléaires, le représentant a estimé que leur élimination offrirait la garantie d’un non-recours.  Il a donc appelé tous les États Membres à soutenir le TNP et le système de non-prolifération, souhaitant que la prochaine conférence d’examen de ce traité débouche sur des résultats concrets.  Il a également jugé nécessaire de se confronter aux risques posés par les essais nucléaires, qui représentent une menace existentielle pour la communauté internationale. 

À cet égard, il a appelé les États dotés à prendre leurs responsabilités et à éliminer leurs arsenaux nucléaires selon un calendrier précis, y voyant un moyen de compenser la communauté internationale pour les milliers d’essais nucléaires effectués par le passé.  Le représentant a en outre enjoint tous les pays à adhérer au TICE, y compris les pays de l’Annexe 2 du Traité, et a demandé à ceux qui ont des programmes non déclarés de soumettre les installations existantes au système de garanties de l’AIEA.  Affirmant à ce propos que les capacités nucléaires d’Israël constituent une menace, il a rappelé que, malgré les tensions, les pays du Moyen-Orient ont prouvé leurs bonnes intentions en adhérant au TNP et en participant aux négociations du TICE.  Il a enfin mis l’accent sur la nécessité d’établir une zone exempte d’armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. 

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), Mme LASANA ANDREWS (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a appelé les États à s’abstenir d’effectuer des essais nucléaires, y compris des essais non explosifs, rappelant que ces actions sont contraires à l’objet et au but du régime de non-prolifération et de désarmement nucléaires, aux obligations du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à l’esprit du TICE qui, a-t-elle ajouté, a été signé et ratifié par tous les États de l’Amérique latine et des Caraïbes.  Elle a ensuite souligné l’urgence de l’entrée en vigueur de ce traité et a exhorté les États qui ne l’ont pas encore signé et ratifié à le faire sans délai. 

La représentante a d’autre part salué l’adoption du Plan d’action commun pour la coopération sur les utilisations pacifiques de la science et de la technologie nucléaire pour le développement durable 2022-2023 entre les États membres de la CELAC et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Elle a rappelé que la CELAC est partie au Traité de Tlatelolco de 1967 sur l’interdiction des armes nucléaires, qui a fait de l’Amérique latine et des Caraïbes la première zone exempte d’armes nucléaires dans une région densément peuplée.  La représentante a enfin pris note de la première Réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui a eu lieu en juin 2022 à Vienne, et a souhaité plein succès au Mexique dans sa présidence de la deuxième Réunion des États parties qui aura lieu du 27 novembre au 1er décembre prochains à New York. 

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a estimé que cette réunion offre une nouvelle occasion d’appeler à l’entrée en vigueur rapide et à l’universalisation du TICE, priorité absolue de l’Union européenne (UE).  Après avoir rappelé que tous les États membres de l’UE ont ratifié le Traité, il a appelé les huit États de l’Annexe 2, à savoir la Chine, l’Égypte, l’Iran, Israël, les États-Unis, ainsi que la RPDC, l’Inde et le Pakistan, à signer ou ratifier le TICE sans condition préalable ni délai supplémentaire. 

Or, l’environnement sécuritaire actuel est marqué par l’invasion russe de l’Ukraine, des tensions accrues et des crises de prolifération persistantes.  À cet égard, le représentant a exprimé sa préoccupation face à l’annonce par la Fédération de Russie de sa volonté de procéder à un essai nucléaire, ce qui est incompatible avec le TICE.  Il a de même exhorté la RPDC à respecter ses obligations en vertu des résolutions du Conseil de sécurité de s’abstenir de procéder à des essais nucléaires et à des lancements utilisant la technologie des missiles balistiques.  Selon lui, tout essai nucléaire doit entraîner une réponse internationale rapide, unie et robuste.  La RPDC ne peut pas et ne pourra jamais détenir le statut d’État doté de l’arme nucléaire conformément au TNP, a martelé le représentant, en appelant ce pays à abandonner toutes ses armes et programmes nucléaires existants de manière complète, vérifiable et irréversible. 

Il a réitéré sa confiance dans le régime de vérification du TICE, et dit attendre avec impatience l’achèvement du Système de surveillance international (SSI).  Pour tirer le meilleur parti de notre investissement collectif, il a préconisé d’exploiter les avantages potentiels des applications civiles et scientifiques des données du SSI et de soutenir financièrement le renforcement des capacités des pays en développement à cet égard.

Mme NOOR QAMAR SULAIMAN (Brunéi Darussalam), qui s’exprimait au nom des États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), s’est dite consciente que les tensions accrues entre les grandes puissances et l’existence et la modernisation des armes nucléaires constituent des menaces réelles et existentielles pour l’humanité.  Il est donc absolument essentiel de maintenir la solidarité mondiale dans les efforts pour assurer l’élimination totale des armes nucléaires, a-t-elle estimé, en réaffirmant que l’ASEAN reste fermement convaincue que leur élimination totale est le seul moyen de se prémunir contre leur utilisation et la menace de leur utilisation.  À cet égard, elle a appelé tous les États, en particulier ceux dotés d’armes nucléaires, à faire preuve de bonne foi, à promouvoir la compréhension mutuelle, à renforcer la coopération et à garantir des actions responsables et collectives pour réaliser un monde sans armes nucléaires, a précisé la représentante.  En attendant leur élimination totale, la représentante a également réaffirmé la position de l’ASEAN contre les essais d’armes nucléaires et appelé à une adhésion universelle au TICE, en particulier les États visés à l’Annexe 2, afin de faciliter son entrée en vigueur. Tous les États membres de l’ASEAN ont ratifié le TICE, a-t-elle souligné, ce qui témoigne de son engagement ferme en faveur de la norme internationale contre les essais nucléaires. La représentante a souhaité que l’on n’oublie pas la situation de toutes les régions qui ont subi des explosions nucléaires, avant d’encourager la communauté internationale à les soutenir. 

Saluant la tenue récente de la première session du Comité préparatoire de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2026, elle a espéré que ce nouveau cycle d’examen produira des résultats significatifs et donnera un élan supplémentaire au désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace.  Une forte volonté politique des États parties au TNP est essentielle pour préserver la crédibilité et l’intégrité du traité, a-t-elle fait valoir en insistant sur l’impératif de la mise en œuvre intégrale et effective du TNP.  Elle a exhorté les puissances nucléaires à s’acquitter de leurs obligations en termes de promotion du désarmement nucléaire, à adhérer aux garanties négatives de sécurité juridiquement contraignantes, à adopter une politique de non-recours en premier aux armes nucléaires, et à réduire voire éliminer les risques d’utilisation involontaire et accidentelle de ces armes, en attendant leur élimination totale et complète.  S’agissant du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, la déléguée a estimé qu’il s’agit d’un accord historique qui contribue au désarmement nucléaire mondial et complète les autres instruments existants en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires, avant de saluer la tenue de la deuxième Réunion des États parties à ce traité dans le courant de l’année. 

M. AKAN RAKHMETULLIN (Kazakhstan), dont le pays fut à l’origine de la promulgation de la Journée internationale contre les essais nucléaires, a rappelé que, depuis l’explosion de la première bombe atomique, il y a 78 ans, en 1945, au moins huit pays ont effectué un total de 2 056 essais nucléaires, dont environ un quart dans l’atmosphère, provoquant a-t-il rappelé « des souffrances à long terme pour l’humanité et la planète ».  Imaginez que ces plus de 520 essais dans l’atmosphère ont eu une puissance destructrice totale égale à 29 000 bombes d’Hiroshima, a-t-il ajouté.  Après avoir rappelé que les effets sur la santé des radiations des bombes nucléaires persistent chez tous les « survivants », y compris les secouristes et les secouristes, et se transmettent de génération en génération en génération, le représentant s’est dit extrêmement inquiet de la montée « d’une rhétorique belligérante évocatrice de la guerre froide » et de la formation d’alliances militaires dangereuses.  Dans ce contexte de tensions internationales, il a plaidé pour la prise de mesures urgentes de rétablissement de la confiance interétatique.  La confiance est l’épine dorsale de la paix, a-t-il affirmé, elle est le préalable à la ratification et au respect des principaux instruments juridiquement contraignants liés au désarmement nucléaire et à la non-prolifération.  D’autre part, le représentant a jugé essentiel que les pays consacrent davantage d’efforts et de moyens à l’éducation et à la sensibilisation au risque nucléaire, de tels efforts devant impliquer les décideurs politiques, les secteurs public et privé, les scientifiques, les universités, les médias et la société civile au sens large.  Nous avons besoin d’initiatives innovantes pour impliquer les femmes et les jeunes dans l’effort collectif visant à parvenir à l’abolition du nucléaire, a-t-il également insisté.

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a noté que les essais nucléaires représentent non seulement une mauvaise pratique en matière de non-prolifération, mais aussi un défi sérieux pour le régime de non-prolifération et de désarmement nucléaire.  Elle a donc appelé les États à s’abstenir de prendre ou de menacer de prendre toute mesure contraire aux obligations et aux dispositions du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Elle a d’autre part estimé que les moratoires volontaires ne remplacent pas les interdictions juridiquement contraignantes inscrites dans le TICE.  Selon elle, il est essentiel que de nouvelles mesures concrètes soient prises pour faire entrer ce traité en vigueur, à commencer par sa ratification par les huit États visés à l’Annexe 2. 

Saluant les récentes ratifications et signatures du TICE, la représentante a jugé que « ce n’est pas suffisant » pour nous rapprocher d’un monde sans essais nucléaires.  Elle a ensuite appelé à tenir compte des estimations de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN), selon lesquelles les neuf États dotés d’armes nucléaires ont dépensé 82,9 milliards de dollars en 2022 pour entretenir et moderniser leurs arsenaux.  Qualifiant ces dépenses d’« immorales et inacceptables », elle a sommé les États de se conformer au mandat prévu à l’Article 26 de la Charte des Nations Unies pour établir un système de sécurité avec le moins de détournements possible des ressources humaines et économiques vers les armements.

M. HUGO EMMANUEL GUERRA (Argentine) a condamné fermement tout type d’essai nucléaire partout dans le monde, y compris les essais non explosifs.  De telles actions sont contraires aux objectifs du régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires, ainsi qu’aux dispositions du TNP et du TICE.  Il a réitéré l’importance vitale d’une entrée en vigueur rapide du TICE, et exhorté les États visés à l’Annexe 2 à signer ou ratifier le Traité sans plus tarder.  Si le TICE constitue un outil crucial pour limiter la production et la modernisation des armes nucléaires existantes, ainsi que le développement de nouveaux prototypes, il n’existera aucun instrument juridiquement contraignant à cette fin jusqu’à son entrée en vigueur, a-t-il prévenu.  L’augmentation des tensions entre puissances nucléaires rend d’autant plus impérative l’entrée en vigueur de ce traité.  L’Argentine abrite sur son territoire huit stations de surveillance et un laboratoire de radionucléides du Système de surveillance international du TICE.  Le représentant a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à signer le Traité afin de contribuer à l’avènement d’un monde plus sûr. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a indiqué que 200 essais nucléaires ont été effectués dans le monde depuis 1945, et a appelé à ce que ces derniers soient interdits et éliminés une fois pour toutes, afin de freiner la prolifération nucléaire horizontale et verticale.  Un moratoire unilatéral sur les essais nucléaires décrété par certains acteurs ne pourra jamais se substituer à une norme juridiquement contraignante négociée au niveau multilatéral, interdisant les essais et permettant d’en vérifier le respect, a-t-il insisté.  Il a estimé que l’évolution du contexte sécuritaire international ne saurait servir de prétexte pour remettre en question la valeur de l’architecture internationale de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  Au contraire, ces défis doivent être considérés comme un appel urgent à l’entrée en vigueur du TICE, a-t-il argué, avant d’appeler les huit États dont la signature ou la ratification est requise pour l’entrée en vigueur du Traité à y adhérer sans conditions.

M. REN HONGYAN (Chine) a jugé que le TICE est le résultat le plus important du processus de contrôle des armes nucléaires et un pilier essentiel du régime de non-prolifération.  Ce traité, a-t-il souligné, a permis d’infléchir la course aux armements nucléaires, contribuant ainsi à la paix et à la sécurité internationales.  Le représentant a cependant constaté que l’environnement sécuritaire actuel connaît d’importants bouleversements, les régimes de contrôle et de non-prolifération étant confrontés à des défis majeurs, avec des risques de confrontation nucléaire.  Dans ce contexte, il a appelé les États Membres à s’appuyer sur un multilatéralisme sincère et à préserver la boîte à outils destinée à sauvegarder la sécurité internationale.  Il faut selon lui sortir de la « mentalité de guerre froide et de confrontation des blocs ».  Rappelant à cet égard que la Chine fait partie des premiers signataires du TICE et a mené le moins d’essais parmi les États dotés de l’arme nucléaire, le représentant a insisté sur le fait que son pays a respecté son engagement à respecter un moratoire sur les essais et a soutenu la mise en place du régime de surveillance et de vérification du Traité.  En outre, a-t-il indiqué, la Chine ne fournit pas de parapluie nucléaire et n’a pas déployé d’armes nucléaires à l’étranger. 

Le représentant a également rappelé qu’en janvier dernier, les dirigeants des cinq principales puissances nucléaires ont publié un communiqué commun soulignant qu’une guerre nucléaire ne pourrait pas être gagnée et ne devrait donc pas être livrée. Au vu des circonstances actuelles, cette déclaration est particulièrement significative, a-t-il relevé, assurant que la Chine soutient la poursuite du dialogue entre puissances nucléaires et le travail visant à réduire les risques nucléaires dans le monde. Après avoir salué la proposition faite par le Secrétaire général de l’ONU aux États dotés de l’arme nucléaire pour qu’ils s’engagent à ne jamais les utiliser, il a qualifié cette première étape de « faisable ».  La Chine, a-t-il conclu, appelle les États dotés à s’engager dans ce sens et à négocier et conclure un traité sur le non-recours aux armes nucléaires.

M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) a notamment appelé à l’entrée en vigueur sans délai tant du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires que du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, et souligné l’importance que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) respecte les obligations internationales instaurées par l’Agence internationale de l’énergie atomique et le régime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Par ailleurs, il a appelé les États dotés à consacrer une large part de leurs dépenses militaires au financement des ODD. 

Mme CARLA MARÍA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a dénoncé les 2 000 essais nucléaires effectués dans le monde depuis 1945, avec des conséquences dévastatrices pour les populations et la planète.  Elle a exprimé sa fierté d’appartenir à la première région densément peuplée au monde déclarée zone exempte d’armes nucléaires en vertu du Traité de Tlatelolco. Selon elle, la création d’une telle zone dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes a non seulement contribué au désarmement nucléaire et à la non-prolifération, mais également à la paix et à la sécurité régionales et mondiales.  Reconnaissant que la seule garantie contre l’emploi ou la menace d’emploi des armes nucléaires est leur élimination totale, la représentante a fait valoir que l’interdiction des armes nucléaires constitue une première étape vers leur élimination.  À ses yeux, la signature du TICE constitue une étape fondamentale vers le désarmement nucléaire.  Dans cette optique, la représentante a exhorté les États visés à l’Annexe 2 du Traité à signer ou ratifier sans délai cet instrument.  Dans l’intervalle, les États Membres doivent s’abstenir de procéder à des essais nucléaires ou à tout autre essai non explosif, de telles actions étant selon elle contraires à l’objet et au but du régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires mondial.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a estimé que les divisions croissantes au sein de la communauté internationale, la menace de la Russie de recourir à l’arme nucléaire et la poursuite du programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) soulignent la nécessité urgente de relancer le désarmement nucléaire et la non-prolifération.  Convaincu que l’élimination définitive des essais nucléaires nous rapprochera de notre objectif d’instaurer un monde sans armes nucléaires, il a jugé que faire entrer en vigueur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) reste la priorité car « une interdiction juridiquement contraignante, universelle et vérifiable de toute explosion nucléaire entravera la prolifération, le développement et l’amélioration qualitative des armes nucléaires ». 

Saluant les récentes ratifications du TICE par la Guinée équatoriale, Sao Tomé-et-Principe, les Îles Salomon et Sri Lanka, le représentant a exhorté tous les États, en particulier ceux répertoriés à l’Annexe 2, à signer et à ratifier ce traité.  En attendant son entrée en vigueur, il a aussi enjoint tous les États concernés à déclarer ou à maintenir les moratoires existants sur les explosions expérimentales d’armes nucléaires.  Enfin, après avoir souligné le rôle essentiel de la Commission préparatoire de l’OTICE dans la détection et le signalement des explosions nucléaires présumées dans le monde entier, il a condamné les six essais nucléaires menés par la RPDC depuis 2006, exhortant ce pays voisin à se conformer pleinement à toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et à prendre des mesures concrètes en vue du démantèlement complet, vérifiable et irréversible de ses programmes d’armes nucléaires.

M. SERHII DVORNYK (Ukraine) a déclaré que la guerre d’agression à grande échelle, non provoquée et injustifiée menée par la Fédération de Russie contre son pays a considérablement accru les risques nucléaires.  La rhétorique nucléaire irresponsable fait partie de la boîte à outils du pays agresseur depuis le début de son invasion, a-t-il noté.  « Pour la première fois dans l’histoire, des installations nucléaires civiles opérationnelles ont été transformées en cibles militaires », s’est alarmé le représentant.  Il a prévenu que la saisie par la Russie des installations nucléaires ukrainiennes ainsi que les bombardements répétés de la centrale nucléaire de Zaporijia représentent une menace critique pour la sûreté et la sécurité nucléaires et augmentent le risque d’une catastrophe nucléaire majeure, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour l’Ukraine et au-delà. 

Pour le représentant, l’annonce du déploiement d’armes nucléaires non stratégiques russes sur le territoire du Bélarus et la suspension par la Russie de sa participation au nouveau Traité de réduction des armements stratégiques démontrent le caractère « agressif et provocateur » de ce pays.  Il a jugé crucial que les États Membres de l’ONU « ne tombent pas dans le piège du chantage nucléaire » de la Russie et consolident leurs actions pour empêcher une nouvelle érosion de l’architecture de désarmement nucléaire et de non-prolifération dans ce pays. 

Le délégué a par ailleurs fait valoir que le moratoire sur les essais d’explosifs nucléaires déclaré par certains États constitue une mesure cruciale mais qui demeurera insuffisante tant que le TICE ne sera pas entré en vigueur.

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a rappelé les effets dévastateurs des essais nucléaires pour la vie humaine en appelant à y mettre fin et à s’engager sur la voie d’un monde sans armes nucléaires.  Il a encouragé l’entrée en vigueur du TICE, arguant que cela contribuerait à éviter une course aux armements nucléaires.  Ce texte a ouvert la voie à un moratoire sur les essais nucléaires et permis de créer un régime de vérification très effective, a-t-il salué.  Ces moratoires doivent maintenant se transformer en un instrument juridiquement contraignant, a estimé le représentant en appelant tous les États qui ne l’ont pas encore fait, et en particulier ceux visés à l’Annexe 2 du Traité, à signer et ratifier le TICE.  En attendant, la communauté internationale se doit de soutenir le système de surveillance du Traité, a ajouté le représentant selon qui chaque pays a un rôle à jouer pour créer l’élan politique nécessaire à son entrée en vigueur.

M. TEBURORO TITO (Kiribati) a rappelé que les citoyens de son pays ont vécu l’héritage tragique des 33 essais nucléaires effectués par le Royaume-Uni et les États-Unis dans les années 50 et 60.  Les 500 citoyens qui vivaient à Kiritimati au moment des essais n’ont reçu que peu de protection et d’avertissements, a-t-il dénoncé, évoquant de simples conseils qui invitaient à s’abriter dans des espaces ouverts recouverts d’une bâche et de se couvrir les yeux avec les mains.  Or, comme elles n’avaient pas conscience des dangers, la plupart de ces personnes ont soulevé la bâche pour apercevoir le spectacle du « nuage de feu » et beaucoup se sont plaintes plus tard de maladies incurables et de complications de santé, dont un grand nombre ont entraîné la mort.  Le représentant a fait état de nombreux cas de cancer, de handicaps congénitaux et d’anomalies chez les nouveau-nés.  À ce jour, a-t-il dit, les citoyens de Kiritimati continuent de souffrir non seulement de problèmes médicaux physiques causés par l’exposition aux radiations, mais aussi de dommages post-traumatiques et intergénérationnels causés par ces armes de destruction massive. 

Compte tenu du manque de collecte de données et d’analyses scientifiques appropriées sur les maladies d’origine nucléaire sur l’île, le représentant a souhaité que le groupe consultatif scientifique et le fonds de contributions volontaires actuellement créés dans le cadre du Plan d’action de Vienne contribueront à combler cette lacune institutionnelle ainsi que les besoins médicaux des patients liés au nucléaire et les actions de réhabilitation de l’environnement.  Au nom des populations touchées, il a appelé les États dotés d’armes nucléaires concernés à fournir un soutien ciblé à ces personnes et au nettoyage radiologique de l’île.  Il a d’autre part encouragé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui complète le TNP et le TICE.  Selon lui, les États dotés devraient à présent s’engager à fournir le soutien et l’assistance nécessaires aux personnes lésées par les essais nucléaires qu’ils ont effectués.  Le représentant a enfin indiqué que son pays continuera à présenter les histoires des survivants dans toutes les instances de l’ONU, y compris la Première Commission de l’Assemblée générale, la deuxième Réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et le Comité préparatoire de 2024 de la Conférence des Parties chargée d’examiner le TNP en 2026. 

M. STEFAN PRETTERHOFER (Autriche) a souligné que la norme internationale interdisant les essais nucléaires, telle qu’elle est instaurée par le TICE, doit être rigoureusement respectée.  Ainsi la décision de certains États de retirer leur ratification est, selon le représentant, « contre-productive et profondément inquiétante ».  Il a salué le rôle joué par l’OTICE dans le renforcement de cette norme par le biais notamment de son Système de surveillance international qui garantit la détection de toute détonation nucléaire dans le monde, que ce soit sous terre, dans l’atmosphère, les océans ou dans l’espace.  Concernant les agissements de la République populaire démocratique de Corée, le représentant a martelé que ce pays ne peut pas et n’obtiendra jamais le statut d’État doté de l’arme nucléaire, cela conformément au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), l’exhortant à s’abstenir de procéder à des essais nucléaires et à tout lancement utilisant la technologie des missiles balistiques. Notant que le risque de détonation nucléaire n’a pas été aussi élevé depuis la fin de la guerre froide qu’aujourd’hui, il a appelé à l’entrée en vigueur tant du TICE que du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. 

M. MOHAMMED LAWAL MAHMUD (Nigéria) s’est inquiété des difficultés rencontrées depuis plus de deux décennies pour assurer l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Cet instrument constitue selon lui un pas en avant en vue d’un monde sans armes nucléaires, une garantie supplémentaire contre une crise humanitaire provoquée par une détonation nucléaire.  Il a fait savoir que le Nigéria est prêt à signer le Traité de Pelindaba déclarant l’Afrique zone exempte d’armes nucléaires et interdisant notamment le stationnement d’engins explosifs nucléaires sur le continent. Il a appelé les États Membres à imiter l’Afrique en faisant de leurs régions respectives des zones exemptes d’armes nucléaires.  Il a ensuite exprimé son appui aux travaux menés par la Commission préparatoire de l’OTICE, notamment en ce qui concerne le renforcement de ses capacités de vérification.  « La mise en œuvre du TICE est essentielle à notre sécurité en tant qu’humanité », a-t-il insisté. 

M. HEIDAR ALI BALOUJI (Iran) a noté que la concrétisation des dispositions du TICE, objectif commun de la communauté internationale, dépend de l’engagement des États dotés d’armes nucléaires, « une responsabilité d’une importance capitale ».  L’Iran partage la frustration des États non dotés devant les retards dans l’interdiction des essais nucléaires, notamment lors de la dixième Conférence d’examen du TNP et du premier Comité préparatoire de la Conférence d’examen de 2026.  « L’urgence de ces appels ne peut être surestimée », a insisté le représentant, pour qui la poursuite des essais nucléaires contribue à la production, à la prolifération et à l’utilisation potentielle d’armes nucléaires.  Selon lui, la pierre angulaire pour débarrasser le monde des menaces nucléaires est la mise en œuvre de l’article VI du TNP, lequel repose sur les États dotés.  Il incombe donc à la communauté internationale de demander des comptes à ces États afin qu’ils remplissent leurs obligations. Un impératif qui s’applique au « régime israélien », qui possède des armes nucléaires constituant une grave menace à la paix et à la sécurité régionales.  En attendant que cette aspiration se réalise, la mise en œuvre des moratoires par les États dotés d’armes nucléaires devrait être complétée par un instrument contraignant. 

« La survie de l’humanité dépend d’un consensus inébranlable: les armes nucléaires ne doivent plus jamais être testées, développées ou déployées », a poursuivi le représentant.  Si le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires représente un pas dans la bonne direction, le délégué a dit attendre avec impatience la tenue de la Conférence du désarmement pour entreprendre des négociations en vue d’une convention globale qui aborderait « l’ensemble du cycle de vie de ces armes inhumaines ».

Pour M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka), les armes nucléaires et les essais nucléaires font partie des menaces les plus sérieuses qui pèsent sur l’humanité.  Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui, les armes nucléaires sont plus puissantes que jamais, « bien plus que celles de Nagasaki et Hiroshima », s’est-il indigné.  C’est la raison pour laquelle son pays soutient l’avènement d’un monde exempt d’armes nucléaires et tous les efforts de désarmement nucléaire à travers des mesures progressives dans un cadre multilatéral juridiquement contraignant, a expliqué le représentant.  Il a pointé du doigt les États qui prônent la doctrine de la dissuasion des armes nucléaires, avant d’appeler aussi à réglementer les applications pacifiques des matériaux nucléaires.  Tous les États Membres doivent prendre les mesures nécessaires pour signer et ratifier le TICE, a-t-il exigé, y voyant un outil efficace de lutte contre le développement de nouvelles armes nucléaires, entre autres. 

M. CARLOS EFRAÍN SEGURA ARAGÓN (El Salvador) a condamné fermement les essais nucléaires et autres types d’explosions nucléaires qui menacent la sécurité collective, polluent l’environnement et les ressources naturelles et ont des effets néfastes sur la santé et la sécurité de tous les êtres humains.  Il a soutenu que la réalisation de ces essais fait peser un risque accru sur l’architecture internationale de désarmement et de non-prolifération nucléaires et contrevient à l’esprit et aux dispositions d’instruments tels que le TNP et le TICE.  El Salvador réitère son appel aux États visés par l’Annexe 2 du TICE pour qu’ils ratifient rapidement cet instrument, a déclaré son représentant, avant de souligner que la région d’Amérique latine et des Caraïbes avait signé et ratifié le Traité dans son intégralité, démontrant ainsi l’engagement régional en faveur de l’objectif du désarmement général et complet.  Il a également relevé que ces mêmes pays sont des États parties à la première zone exempte d’armes nucléaires au monde, établie par le Traité de Tlatelolco. Il a salué en conclusion le leadership joué par le Bureau des affaires de désarmement des Nations Unies au travers de son initiative pour la jeunesse, en particulier la campagne « Steps to Disarmament ». 

Mme ISIS MARIE DORIANE JARAUD-DARNAULT (France) a rappelé qu’il y a 25 ans, le 6 avril 1998, la France, conjointement avec le Royaume-Uni, ratifiait le TICE qu’elle avait signé dès 1996.  Elle a ajouté que, loin de se limiter aux aspects purement juridiques, cet engagement s’est immédiatement traduit par le démantèlement complet, irréversible et en toute transparence du site d’essais du Pacifique.  De plus, a-t-elle indiqué, la France s’est investie dans la construction, la certification et l’exploitation des 16 stations dont elle a la responsabilité au titre du Traité, dans le cadre du Système de surveillance international établi par le TICE et qui contribue au régime de vérification.  Par ces mesures, la France est aujourd’hui le seul État doté, au titre du TNP, entièrement à jour de ses obligations vis-à-vis du TICE, s’est enorgueillie la représentante. 

Déplorant que, 25 ans après sa ratification par la France, ce traité unique dans l’histoire de la lutte contre la prolifération et du désarmement nucléaire ne soit toujours pas en vigueur, la représentante a réitéré son appel aux huit États restants afin qu’ils ratifient le TICE sans délai ni condition préalable.  « C’est l’unique moyen de rendre contraignants les moratoires établis souverainement par chacun des 186 États signataires ainsi que par les 178 États ayant ratifié le Traité ».  Après s’être alarmée d’entendre certains États comme la Russie, qui a pourtant ratifié ce traité, envisager de reprendre les essais nucléaires, elle a exhorté tous les États à réaffirmer leurs moratoires sur les essais nucléaires dans l’attente de l’entrée en vigueur du TICE. 

M. DMITRY V. GLUKHOV (Fédération de Russie) a indiqué que son pays, qui fait partie de ceux qui ont ratifié le TICE et déclaré un moratoire volontaire sur les essais nucléaires, respecte ses engagements de manière responsable depuis plus de 30 ans.  Il a fait savoir que la Fédération de Russie est favorable à la poursuite du développement progressif du régime de vérification du Traité, rappelant en outre qu’elle a été directement impliquée dans la réhabilitation de l’ancien site d’essai de Semipalatinsk au Kazakhstan.  Selon les experts russes, plus de 90% du territoire de la décharge peut actuellement faire l’objet d’une exploitation économique, s’est-il félicité. 

Le représentant a regretté que le TICE ne soit toujours pas entré en vigueur parce qu’il n’a pas été ratifié par les huit États figurant à son Annexe 2.  Il a jugé particulièrement préoccupant que les États-Unis, le seul État à avoir utilisé des armes nucléaires et celui qui a effectué le nombre le plus important d’essais nucléaires au monde, aient laissé la question d’une reprise des essais ouverte et décidé de ne pas ratifier le TICE.  Dans ce contexte, la Fédération de Russie ne reconnaît pas à Washington le droit de proférer des accusations à son endroit, a-t-il dit.

Évoquant ensuite les références faites à la déclaration du Président Putin quant à une reprise hypothétique des essais nucléaires, le délégué a souligné que celle-ci doit être vu dans le contexte de la réponse de la Russie face aux agissements « destructeurs » des États-Unis.  Nous nous prémunissons au cas où les États-Unis agiraient de manière non conforme au droit international, a-t-il indiqué.  Il a ensuite fait savoir qu’il ne compte pas répondre aux accusations fallacieuses formulées à l’encontre de son pays au sujet du dossier ukrainien, déplorant les tentatives d’y ajouter une dimension nucléaire.  Souhaitant que le TICE puisse se transformer en un instrument juridique fonctionnel, il a appelé à redoubler d’efforts pour que les huit États visés à l’Annexe 2 signent et ratifient le Traité.

M. TOUFIQ ISLAM SHATIL (Bangladesh) a indiqué que son pays soutient le désarmement complet et la non-prolifération, comme en atteste son statut d’État partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il a regretté à cet égard que le TICE ne soit pas encore entré en vigueur et que le blocage persiste à la Conférence du désarmement à Genève.  Dans ces conditions, l’absence de progrès se perpétue et encourage le repli sur soi, a déploré le représentant, pour qui le contexte actuel accroît le « risque d’annihilation nucléaire du genre humain ».  Relevant que son pays se trouve à proximité de trois puissances nucléaires et pourrait devenir une victime collatérale en cas d’utilisation de ces armes, il a appelé tous les États à ratifier le TNP et le TICE le plus vite possible et à rejoindre également le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  À ses yeux, il est urgent d’éliminer les armes nucléaires et toutes les armes de destruction massive pour parvenir à un monde de paix. 

Mme MARÍA GLORIA BEATRIZ SANABRIA DE MONTIEL (Paraguay) a jugé que les références incessantes à l’emploi de la force par les États dotés de l’arme nucléaire mettent en péril la stabilité mondiale.  Pour y faire face, elle a appelé au dialogue et à traduire les engagements politiques en actes concrets visant à préserver la paix.  La distance géographique ne garantit pas la sécurité en cas de frappe nucléaire, dont les conséquences immédiates toucheraient tous les pays et toutes les strates de la société.  Les menaces et les essais nucléaires constituent un risque que nous ne pouvons ignorer, risque auquel nous devons faire face de façon unie et résolue, a affirmé la représentante.  Il est donc urgent de ratifier et de faire entrer en vigueur le TICE et le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  La déléguée a fait valoir que le désarmement nucléaire et l’élimination complète des armes nucléaires sont des impératifs que nous ne pouvons négliger pour garantir la paix et la sécurité mondiales.  À l’opposé de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, les dépenses et la mise au point des armes nucléaires représentent un gaspillage de ressources et une perte de temps. 

Mgr GABRIELE CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège, a constaté que depuis le premier essai nucléaire, qui a eu lieu sur le site de Trinity, au Nouveau-Mexique il y a 78 ans, on assiste à une course aux armements qui s’est traduite par des essais nucléaires effectués tout au long du XXe siècle.  Ces essais ont causé de graves préjudices, dont des déplacements de population, des problèmes de santé intergénérationnels, l’empoisonnement de la nourriture et de l’eau et la rupture des liens spirituels entre les populations et la terre.  Il a ajouté que ces effets ont touché de manière disproportionnée les populations autochtones, les femmes et les enfants, dénonçant le fait que ces derniers n’ont reçu qu’une assistance minime.  Les États qui s’appuient sur la dissuasion nucléaire ont l’obligation morale et juridique de rétablir les vies, les communautés et les écosystèmes endommagés par ces essais, a-t-il estimé.  L’Observateur permanent s’est ensuite inquiété que la perspective d’une reprise des essais d’explosifs nucléaires reste bien réelle.  Cela exacerberait la course aux armements et diminuerait la sécurité internationale, a-t-il mis en garde, avant d’appeler à l’entrée en vigueur du TICE. 

Droits de réponse

Réagissant à la déclaration de l’Union européenne, l’Égypte a indiqué avoir signé le TICE mais n’avoir pas pu le ratifier pour des raisons relatives à la non-ratification du TNP par certains pays du Moyen-Orient qui fonctionnent en dehors des accords de garantie de l’AIEA.  La délégation a appelé l’ensemble des pays du Moyen-Orient à s’engager en faveur du caractère universel du TNP. 

Israël a accusé l’Iran d’être responsable de la défiance à l’égard de l’architecture de sécurité au Moyen-Orient.  Selon lui, l’Iran a violé ses engagements découlant du TNP, mais aussi les accords de garanties et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  C’est pourquoi, a-t-il ajouté, les accusations formulées par l’Iran à l’endroit d’Israël sont ridicules. 

À son tour, l’Iran a réfuté les allégations formulées par le représentant du « régime israélien », des propos qui, selon lui, visent à détourner l’attention d’activités dénoncées comme étant des crimes de génocide, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes d’agression.  Accusant Israël de mépriser le droit international et d’agir avec impunité, en particulier dans le Territoire palestinien occupé, il a appelé la communauté internationale à faire en sorte que ce régime rende des comptes. 

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