L’Assemblée générale débat du veto opposé par la Fédération de Russie à la prorogation du mécanisme de l’aide humanitaire transfrontière en Syrie
Une semaine après que la Fédération de Russie a opposé, pour la seconde fois en un an, son veto à la prorogation par le Conseil de sécurité du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière destiné à répondre aux besoins vitaux de la population du nord-ouest de la Syrie, l’Assemblée générale a débattu, aujourd’hui, des circonstances entourant l’exercice du droit de veto par les membres permanents du Conseil, pratique qui continue de diviser les délégations.
En vertu de sa résolution A/RES/76/262, adoptée l’an dernier, l’Assemblée générale dispose d’un mandat permanent lui permettant de convoquer une séance dans les dix jours ouvrables suivant l’exercice du droit de veto par un membre permanent du Conseil de sécurité, afin de débattre de la situation pour laquelle le veto a été opposé.
Ainsi, le 11 juillet dernier, la Fédération de Russie a voté contre la reconduction, pour une période de neuf mois, du mécanisme établi par la résolution 2165 (2014) du Conseil qui permettait d’acheminer, sans autorisation du Gouvernement syrien, l’aide humanitaire depuis la Türkiye par le point de passage de Bab el-Haoua. Outre le veto russe, ce projet de résolution, parrainé par le Brésil et la Suisse, a reçu l’aval de 13 membres du Conseil, tandis que la Chine s’est abstenue. Un texte alternatif présenté par la Russie et appuyé par la Chine a ensuite été rejeté par les trois autres membres permanents du Conseil, les 10 membres élus s’abstenant.
« Soyons clairs sur ce que cela signifie », a déclaré le Président de l’Assemblée générale en expliquant que le point de passage de Bab el-Haoua permettait à l’ONU et à ses agences spécialisées d’acheminer jusqu’à 85% des livraisons d’aide humanitaire aux populations vulnérables. Après le veto de la Russie, les convois d’aide se sont pratiquement taris, au moment même où les besoins humanitaires en Syrie montent en flèche. Aujourd’hui, quelque 4,1 millions de personnes dans le nord de la Syrie, dont 80% de femmes et d’enfants, ont été pratiquement coupées de tout accès à la nourriture, à l’eau et aux médicaments dont elles ont besoin pour survivre, a déploré M. Csaba Kőrösi.
Cet arrêt brutal des livraisons survient après que deux tremblements de terre massifs ont détruit les infrastructures civiles et entraîné le déplacement d’un nombre croissant de personnes qui avaient déjà fui les combats ailleurs dans le pays, a ajouté M. Kőrösi. « La vie des personnes dans le besoin ne devrait jamais être réduite à la tactique des jeux géopolitiques », a martelé le Président en invoquant la « responsabilité morale » d’agir qui incombe au système onusien sur les questions humanitaires.
Des accusations balayées par la Fédération de Russie qui a exprimé sa déception face au discours « politiquement biaisé » du Président de l’Assemblée générale qui a choisi, selon elle, de sacrifier la neutralité de sa fonction au nom des « intérêts mercantiles de l’Occident ». « J’ai de bonnes nouvelles pour vous tous », a continué son représentant, en indiquant que désormais, cette résolution ne serait plus évoquée, les opérations humanitaires transfrontières se fondant non plus sur un mandat du Conseil de sécurité mais sur l’assentiment du Gouvernement syrien. Quant au droit de veto, ce sont les « adversaires occidentaux » de la Russie qui l’ont forcée à y recourir, a-t-il justifié.
La délégation syrienne a considéré pour sa part que la Russie a pris une décision « sage et équilibrée » en s’opposant à un projet de résolution qui ne répondait pas à ses préoccupations. Établi à titre temporaire par le Conseil de sécurité en 2014, le mécanisme se voulait selon elle une réponse à des circonstances exceptionnelles qui n’existent plus aujourd’hui et qui constituent autant d’atteintes à sa souveraineté. À cet égard, la Russie a assuré qu’elle n’a jamais hésité et qu’elle n’hésitera jamais à utiliser le droit de veto pour protéger ses intérêts et ceux de ses alliés.
Pourtant, ce qui est en jeu aujourd’hui ce n’est pas le principe de souveraineté des États mais bien l’accès humanitaire sans entrave aux personnes vulnérables, ont fait valoir les Pays-Bas, au nom des pays du Benelux. Une situation tout aussi « incompréhensible » pour les pays nordiques qui ont vu dans « l’abus » du droit de veto par un membre permanent du Conseil, dans le seul but d’empêcher l’aide humanitaire d’entrer dans le nord de la Syrie, un mépris flagrant pour les souffrances des populations touchées.
Si plusieurs délégations ont salué la décision des autorités syriennes d’autoriser, pour six mois, les convois humanitaires de l’ONU à emprunter le point de passage de Bab el-Haoua, d’autres, comme les États-Unis, l’Irlande ou le Mexique, l’ont au contraire jugée irrecevable du fait des conditions imposées par les autorités syriennes. Non sans rappeler que le Secrétaire général avait recommandé que le mécanisme soit prolongé d’un an. Après avoir noté que la famine intentionnelle de civils constitue un crime au regard du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI), le Liechtenstein a souligné la responsabilité des autorités syriennes d’assurer la conduite sans entrave des opérations humanitaires sous l’égide de l’ONU.
L’exercice du droit de veto a trop souvent empêché le Conseil d’exercer son mandat, a constaté la Türkiye, une situation d’autant plus déconcertante lorsqu’il entrave l’action humanitaire. « Le dernier convoi humanitaire de l’ONU a franchi le point de passage de Bab el-Haoua il y a dix jours », a-t-elle relevé, avant d’exhorter les membres du Conseil à prendre en compte le sentiment dominant à l’Assemblée générale afin de ne pas abandonner à leur sort des millions de Syriens dans le besoin.
Malgré l’incertitude suscitée par l’utilisation répétée du droit de veto par la Russie « au détriment du peuple syrien », le Portugal a estimé, comme l’Équateur, le Guatemala et Sri Lanka, que le débat d’aujourd’hui contribue à renforcer le système des Nations Unies en assurant la responsabilité entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.
EXERCICE DU DROIT DE VETO
Déclaration liminaire
M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale de l’ONU, aurait préféré que le Conseil de sécurité soit en mesure de sortir de l’impasse concernant l’acheminement de l’aide humanitaire au nord de la Syrie. Pourtant, le débat d’aujourd’hui constitue une démonstration claire que deux organes de l’ONU -le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale- peuvent travailler ensemble sur les questions de paix et de sécurité internationales, en particulier en temps de crise. Dans cette optique, il s’est félicité du rapport spécial présenté par le Conseil sur le veto exprimé la semaine dernière, conformément à la résolution 76/262 de l’Assemblée générale.
Nous sommes aujourd’hui réunis parce que la Fédération de Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, a opposé son veto au renouvellement du mécanisme transfrontière destiné à apporter une aide vitale aux populations du nord de la Syrie, a rappelé M. Kőrösi. « Soyons clairs sur ce que cela signifie », a-t-il poursuivi, en expliquant que le point de passage de Bab el-Haoua permet à l’ONU et aux organisations humanitaires d’acheminer, depuis la Türkiye, jusqu’à 85% des livraisons d’aide humanitaire au nord de la Syrie. Après le veto de la Russie au Conseil la semaine dernière, les convois d’aide de l’ONU se sont pratiquement arrêtés, au moment même où les besoins humanitaires en Syrie montaient en flèche. Quelque 4,1 millions de personnes dans le nord de la Syrie, 80% d’entre eux des femmes et des enfants, ont été pratiquement coupées de tout accès à la nourriture, à l’eau et aux médicaments dont elles ont besoin pour survivre. Cet arrêt des livraisons survient après deux tremblements de terre massifs qui ont secoué la région en février, réduisant les infrastructures en décombres et entraînant le déplacement d’un nombre toujours plus élevé de personnes qui avaient déjà fui les combats ailleurs, a déploré le Président.
« La vie des personnes dans le besoin ne devrait jamais être réduite à la tactique des jeux géopolitiques », a déclaré M. Kőrösi. Il a exhorté les membres du Conseil de sécurité à garder leurs besoins à l’esprit. Lorsque l’ONU hésite sur des questions aussi claires que les besoins humanitaires, cela touche au cœur de notre crédibilité, a-t-il ajouté, en invoquant la « responsabilité morale » d’agir. Nous ne devons donner aucun fondement à la croyance erronée qui veut que le système onusien soit incapable de faire ce qui est juste. Afin d’aider le Conseil de sécurité à s’acquitter du mandat qui lui a été confié par la Charte des Nations Unies, le Président a fait part de son intention d’envoyer le procès-verbal du présent débat au Président du Conseil. Compte tenu des efforts extraordinaires que déploient les Syriens pour survivre, il a demandé aux membres du Conseil de se montrer sensibles aux réalités et de se tourner vers de véritables solutions, en priorisant la coopération à long terme plutôt que la division. « Le peuple syrien compte sur nous pour tenir nos promesses », a-t-il conclu.
Débat sur la question
Déclarations
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a commencé par exprimer sa déception face au discours « politiquement biaisé » du Président de l’Assemblée générale qui a choisi selon lui de sacrifier la neutralité de sa fonction au nom des « intérêts mercantiles de l’Occident ». Pour la deuxième année consécutive, la réunion de l’Assemblée générale sur l’utilisation du droit de veto au Conseil de sécurité porte sur le « soi-disant » mécanisme d’aide humanitaire transfrontière en Syrie, a-t-il noté. « J’ai de bonnes nouvelles pour vous tous », a-t-il continué en soulignant que cette résolution ne sera plus évoquée car désormais, les opérations de ce type se fonderont non plus sur un mandat du Conseil mais sur l’assentiment du Gouvernement syrien, dans le respect de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. S’agissant de de l’utilisation du veto, le représentant a noté que ce sont les « adversaires occidentaux » de la Russie qui l’ont forcée à y recourir. Il a accusé la Suisse, délégation porte-plume du projet de résolution, d’avoir « monopolisé sa fonction en préférant le chantage aux négociations diplomatiques ».
Selon le représentant, l’impératif humanitaire absolu reste la levée des « sanctions unilatérales illégales » imposées par les États-Unis et l’Union européenne, qui bloquent la fourniture de l’aide humanitaire et constituent une forme de punition collective pour des millions de Syriens. Désireux avant tout de conserver leur levier sur le Gouvernement syrien, les pays occidentaux ont présenté, dans les faits, un ultimatum visant à prolonger le mécanisme pour douze mois, puis neuf mois. La Syrie, a-t-il déploré, est le seul pays au monde dans lequel un tel mécanisme a été établi avec l’autorisation du Conseil de sécurité, et non celle de son gouvernement légitime. Poursuivant, le représentant s’est félicité de la décision souveraine de Damas d’autoriser l’ONU à utiliser le point de contrôle de Bab el-Haoua pour les livraisons transfrontières dans un délai de six mois. Considérant que la responsabilité de la normalisation de ces opérations incombe au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), il a prévenu que toute tentative d’influencer le dialogue bilatéral entre l’ONU et la Syrie sera considérée comme une ingérence dans les affaires intérieures de ce pays. Il a en outre dénoncé les « mensonges » proférés par l’Occident au sujet du blocage de l’aide humanitaire par son pays. La Russie n’a jamais hésité et n’hésitera jamais à utiliser le droit de veto pour protéger ses intérêts et les intérêts de ses alliés, a-t-il assuré.
M. STEVEN COLLET, Ministre de la coopération internationale des Pays-Bas, au nom des pays du Benelux, a déploré que, le 11 juillet, la Russie ait refusé d’entendre l’appel du Secrétaire général, de l’ensemble de la communauté humanitaire ainsi que de la grande majorité des membres du Conseil de sécurité à renouveler les dispositions de la résolution 2672 (2023) pour douze mois. Il a précisé que les coauteurs du texte, le Brésil et la Suisse, avaient travaillé sans relâche pour parvenir à un consensus au sein du Conseil en vue d’assurer une aide humanitaire transfrontière vitale en Syrie, une aide dont dépendent plus de 4 millions de personnes. Les pays du Benelux estiment qu’en politisant l’aide humanitaire à la Syrie, la Russie fait exactement le contraire de ce qu’elle demande d’éviter. « La nécessité d’un accès humanitaire sans entrave est au cœur de nos discussions d’aujourd’hui, pas le principe de souveraineté », a souligné le Ministre, pour qui, désormais, les livraisons d’aide transfrontière sont à la merci du seul Gouvernement syrien. Or, ce gouvernement continue de bombarder sa propre population dans les zones concernées, a-t-il déploré avant d’exhorter la Russie à revenir sur sa position en œuvrant au renouvellement par consensus du mécanisme transfrontière. « Travaillons tous ensemble pour être à la hauteur de notre responsabilité collective », a-t-il conclu.
M. MARTIN BILLE HERMANN, (Danemark), au nom des pays nordiques (Finlande, Islande, Norvège, Suède, Danemark), s’est inquiété de la situation « incompréhensible » dans laquelle un membre permanent du Conseil de sécurité a abusé de son droit de veto pour empêcher l’aide humanitaire d’entrer dans le nord de la Syrie. Il y a là un mépris flagrant pour les souffrances des populations touchées, s’est-il indigné. Cette réunion est une nouvelle occasion de faire comprendre qu’il est urgent de manifester une plus grande retenue dans l’utilisation du droit de veto, davantage de transparence et de responsabilité, a fait valoir le représentant. Il a exprimé le soutien des pays nordiques aux pays porte-plumes du projet de résolution bloqué le 11 juin par le la Russie. Si le Secrétaire général et les organisations humanitaires sur le terrain ont constamment souligné que les impératifs humanitaires exigeaient une prolongation du mandat de douze mois afin de permettre une planification et une mise en œuvre adéquates, il a noté que le projet de résolution final présenté par le Brésil et la Suisse proposait une prolongation de neuf mois et reflétait un « compromis équitable et prudent ». Ce compromis n’est en aucun cas idéal, a-t-il concédé, mais il aurait permis d’assurer l’aide humanitaire pendant les rudes mois d’hiver. Alors que l’aide est plus que jamais nécessaire, que les besoins sont immenses, il est consternant de voir un membre permanent entraver l’action du Conseil, a insisté le représentant.
Notant que le 13 juillet, le Gouvernement syrien a annoncé dans une lettre qu’il avait ouvert le point de passage transfrontière de Bab el-Haoua, le représentant a rappelé que l’ONU a demandé des clarifications sur cette lettre. Il a souligné l’importance de l’indépendance, de l’impartialité et de la neutralité de l’ONU et le fait que l’Organisation doit être en mesure de communiquer avec toutes les parties étatiques et non étatiques concernées, selon les besoins opérationnels, afin de mener des opérations humanitaires sûres et sans entraves. Les pays nordiques appellent toutes les parties, y compris la Syrie, à trouver une solution qui permette une aide humanitaire durable, prévisible et inconditionnelle, conformément au droit international humanitaire et aux principes humanitaires, y compris par le point de passage transfrontière de Bab el-Haoua, a déclaré le représentant. Parallèlement, ils demandent au Conseil de sécurité de tout mettre en œuvre pour trouver une solution.
M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne (UE), a rappelé qu’il y a un an, l’Assemblée générale s’est réunie dans des circonstances similaires, après que la Russie a utilisé son droit de veto pour empêcher le renouvellement du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière. Toutefois, a assuré l’observateur, l’UE continuera de fournir son aide humanitaire au nord-ouest de la Syrie selon toutes les modalités disponibles, y compris des méthodes transfrontalières. Mais l’assistance transfrontalière ne peut à elle seule remplacer la bouée de sauvetage fournie par l’assistance transfrontière coordonnée par l’ONU. L’observateur a pris note de la décision prise par le régime syrien, le 13 juillet, d’autoriser l’ONU et ses agences à traverser le point de passage de Bab el-Haoua pendant six mois. Cet accord bilatéral à court terme n’offre pas suffisamment de prévisibilité aux organisations humanitaires pour planifier et acheminer l’aide en temps opportun et de manière efficace, a-t-il regretté. L’aide devrait passer par Bab el-Haoua, car il s’agit de la seule bouée de sauvetage pour des millions de personnes, a-t-il insisté. L’UE demande donc que l’acheminement transfrontière soit autorisé d’urgence, et un « engagement ferme du régime syrien à ne pas politiser l’acheminement de l’aide humanitaire ».
L’observateur a réitéré son appui au projet de résolution du Brésil et de la Suisse qui proposait de renouveler le mécanisme d’acheminement par Bab el-Haoua pour neuf mois, ce qui était déjà un compromis, car le Secrétaire général et de nombreuses organisations humanitaires ont appelé à un renouvellement de douze mois. Après les tremblements de terre, a-t-il rappelé, l’UE a mobilisé son mécanisme de protection civile et la capacité européenne de réaction humanitaire à hauteur de 1,3 million d’euros provenant des stocks d’aide humanitaire de l’UE et de 9 millions d’euros d’aide de la part de 16 pays. L’observateur a plaidé pour un accès sûr, sans entrave et durable à toutes les personnes dans le besoin. L’UE, a-t-il prévenu, ne lèvera pas les sanctions tant que le régime syrien ne s’engagera pas dans une transition politique, même si des dérogations sont appliquées afin que la Syrie puisse faciliter l’acheminement rapide de l’aide à la suite du dernier tremblement de terre. Depuis 2011, l’UE a mobilisé plus de 30 milliards d’euros pour apporter une aide humanitaire à la Syrie. À la septième conférence de Bruxelles, la communauté internationale a promis 5,6 milliards d’euros pour 2023 et au-delà, dont 3,8 milliards d’euros promis par lUE. Il s’agit d’une démonstration tangible que la communauté internationale se tient aux côtés du peuple syrien et des pays qui accueillent les réfugiés. L’UE demande au Conseil de sécurité de n’épargner aucun effort pour trouver une solution qui permette la poursuite de l’assistance transfrontière.
M. REIN TAMMSAAR (Estonie), au nom des pays baltes, a dénoncé l’exercice du droit de veto par la Russie sur le dossier humanitaire syrien. C’est la deuxième fois que ce pays met en péril l’acheminement d’une aide vitale pour le peuple syrien, a-t-il dit. Il a rappelé la responsabilité éminente de la Russie en tant que membre permanent du Conseil dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Or, « par son comportement, la Russie entache la dignité du Conseil », a tranché le délégué. Estimant que l’ouverture du seul point de passage de Bab el-Haoua n’est pas suffisante, il a exhorté la Syrie à revenir sur ses exigences, irréalistes en l’état. Enfin, il a plaidé pour une solution politique globale en Syrie, conformément à la résolution 2254 (2015), dans le respect des aspirations du peuple syrien.
M. ROBERT ALEXANDER POVEDA BRITO (Venezuela), au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, a dénoncé le recours croissant à l’unilatéralisme et les attaques contre le multilatéralisme visant à remplacer les principes de la Charte des Nations Unies par de prétendues « règles » qui n’ont jamais été discutées de manière inclusive ou transparente. De telles pratiques entrent selon lui en contradiction avec le droit international et ne contribuent en rien à relever les défis complexes auxquels l’humanité est confrontée. Après la décision du Gouvernement syrien d’autoriser l’ONU à utiliser, pour une période de six mois, le point de passage de Bab el-Haoua pour l’acheminement de l’aide humanitaire dans la région nord-ouest du pays, le représentant a jugé la présente séance « inutile ». À cet égard, il s’est félicité de la transparence avec laquelle la Fédération de Russie a expliqué l’exercice de son droit de veto.
Selon le représentant, les activités humanitaires doivent être menées dans le plein respect des principes de neutralité et dans le cadre d’une coordination et d’une appropriation nationales complètes. Il a fait écho à la demande du Gouvernement syrien d’autoriser le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Croissant-Rouge arabe syrien à superviser la distribution de l’aide humanitaire dans la région du nord-ouest. Afin d’améliorer la situation humanitaire en Syrie, le représentant a appelé à la levée complète et immédiate des mesures coercitives unilatérales « illégalement et cruellement » appliquées contre le peuple syrien, y voyant une ingérence dans les affaires intérieures des États. À la lumière de ce qui précède, il a mis en garde contre l’impact négatif de « l’enracinement d’une mentalité de la guerre froide » reposant sur la confrontation et la politisation.
M. FILIPO TARAKINIKINI (Fidji), au nom du Forum des îles du Pacifique, s’est dit déçu par le comportement de la Russie, qui a une nouvelle fois bloqué une résolution humanitaire du Conseil de sécurité. Selon lui, l’exercice du droit de veto sur un tel point est préoccupant et, compte tenu de la paralysie répétée du Conseil qu’il provoque, l’assistance humanitaire devrait être soumise aux principes de neutralité et d’indépendance. Fournir des moyens de survie aux plus vulnérables d’entre les êtres humains va bien au-delà des considérations géopolitiques de quelques-uns, a ajouté le représentant. Parce que l’exercice du droit de veto est devenu synonyme d’inaction du Conseil de sécurité, il apparaît aujourd’hui plus que jamais que seule une réforme en profondeur de cet organe lui permettra, en étant plus représentatif notamment, d’être vraiment efficace dans l’intérêt « de tous les peuples de tous les États Membres ». Le représentant a rappelé que pour les membres du Forum, l’exercice du droit de veto doit être, dans tous les cas, rare et transparent. Mais jamais il ne devrait être possible s’il empêche qu’une aide soit acheminée vers les populations les plus vulnérables, a-t-il conclu.
M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a noté que le droit de veto exercé la semaine dernière par la Fédération de Russie reflète celui exprimé par le même État il y a presque douze mois. Mais les circonstances ont changé sur deux aspects essentiels, a ajouté le représentant. Premièrement, les tremblements de terre et les répliques qui ont frappé le sud de la Türkiye et le nord de la Syrie le 6 février ont touché près de 9 millions de personnes en Syrie, nécessitant l’ouverture de deux postes frontières supplémentaires. Deuxièmement, après le veto de la Russie, le Gouvernement syrien a indiqué qu’il consentirait à la réouverture du point de passage de Bab el-Haoua à l’ONU et à ses agences spécialisées, tout en posant des conditions de coopération incompatibles avec les dispositions pertinentes du droit international, a-t-il expliqué. Pour le représentant, il n’est pas normal d’avoir dû attendre neuf ans et un tremblement de terre pour que le Gouvernement syrien consente à ce que l’aide transfrontière soit acheminée à sa population la plus en souffrance. Après avoir rappelé que la famine intentionnelle de civils constitue un crime passible de poursuites en vertu du droit pénal international et du Statut de Rome, le représentant a attiré l’attention sur le fait que, dans le contexte actuel, et eu égard aux engagements qu’il a pris, le Gouvernement syrien doit assurer la conduite sans entrave des opérations humanitaires menées sous l’égide de l’ONU. Ainsi a-t-il jugé qu’à la lumière des discussions en cours entre l’OCHA et le Gouvernement syrien, l’Assemblée générale, conformément à ses pouvoirs et fonctions en vertu de la Charte, devrait envisager une action visant à assurer l’acheminement de l’aide, sur la base de rapports cohérents et fiables du Secrétaire général. « Nous travaillerons avec des partenaires pour explorer des mesures pertinentes à cette fin », a-t-il assuré.
Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a dénoncé l’instrumentalisation politique constante de l’aide transfrontalière de l’ONU à la Syrie en mettant en garde contre les réalités réelles et douloureuses pour les personnes innocentes sur le terrain. L’échec du Conseil de sécurité ne fera qu’exacerber la situation de la population syrienne, qui a déjà tant souffert, a-t-elle regretté ajoutant qu’accorder de l’aide n’est pas un privilège, mais bien un devoir pour les États, une obligation qui doit être remplie. Le consentement à l’aide ne doit pas être refusé arbitrairement et l’indépendance des Nations Unies dans l’application des principes humanitaires doit être respectée, a-t-elle insisté ajoutant que l’aide humanitaire ne doit être accordée qu’en fonction des besoins, et non des demandes politiques des parties au conflit.
La représentante a appelé à se rappeler que le refus arbitraire de l’aide, l’utilisation de la famine comme méthode de guerre et le ciblage des travailleurs humanitaires sont répréhensibles en droit international et constituent une violation grave du droit international coutumier. Elle a conclu en déclarant que par un seul vote conscient et décisif, un membre du Conseil de sécurité a manqué à cet engagement, mettant ainsi en péril le bien-être d’un peuple dans le besoin. « Une décision consciente et décisive que nous, en tant que communauté internationale, devons consciemment et résolument rejeter. »
M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a rappelé que cette séance plénière est convoquée parce qu’une fois de plus, la Russie a bloqué par son veto une action du Conseil de sécurité sur l’acheminement de l’aide humanitaire à des millions de Syriens. Le recours au droit de veto pour empêcher une action humanitaire pourtant soutenue par une large majorité d’États Membres ne peut être justifié ni moralement, ni juridiquement, et encore moins par la Charte des Nations Unies. Le représentant a dit ne pas comprendre les arguments de la Russie, jugeant positive la décision des autorités syriennes d’ouvrir le poste frontière de Bab el-Haoua pour six mois. Mais, a-t-il insisté, il faut renouveler le mécanisme transfrontière pour au moins douze mois. Si les autorités syriennes ne prolongent pas le délai ou ne retirent pas leurs conditions, une action du Conseil de sécurité pourrait redevenir nécessaire pour veiller à ce que l’aide arrive effectivement à ceux qui en ont besoin, a prévenu le représentant. L’Union européenne, a-t-il tenu à souligner, n’aide pas les Européens. Ce sont au contraire les Européens qui aident ceux qui sont dans le besoin au Moyen-Orient, a martelé le délégué, avant d’attirer l’attention sur le fait, que le mois dernier, son pays a consenti au versement d’une somme supplémentaire de 19 millions d’euros, portant son soutien total à la Syrie et à la région à 27 millions d’euros en 2023.
M. FERGAL MYTHEN (Irlande) a rappelé que le nombre de personnes ayant besoin d’une aide en Syrie s’élève à 15,3 millions, dont 4,1 millions dans le nord-ouest. La survie de ces personnes est en jeu en raison du comportement irresponsable de la Fédération de Russie, membre permanent du Conseil, a fait remarquer le délégué. Il a ensuite pris note de la décision de la Syrie d’autoriser l’ONU à acheminer de l’aide par le point de passage de Bab el-Haoua. « Néanmoins, selon nous, les conditions imposées par le Gouvernement syrien sont tout simplement inacceptables. » Il a en effet estimé que ces conditions remettent en question l’impartialité et l’indépendance de l’aide humanitaire. Enfin, il a qualifié de « honteuse » l’instrumentalisation par la Russie de son droit de veto. « Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est un spectacle politique navrant, les civils syriens en payant le prix fort. »
M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a jugé inacceptable le recours par la Fédération de Russie à un second veto sur un projet de résolution visant à renouveler le mécanisme d’aide humanitaire transfrontière passant par Bab el-Haoua. Il a pris acte de l’offre du Gouvernement syrien de maintenir ouvert ce point de passage pendant six mois, et de l’inquiétude exprimée par les acteurs humanitaires de l’ONU quant aux conditions imposées par les autorités syriennes pour son fonctionnement. « Une fois de plus, une question qui devrait être strictement humanitaire est politisé3 », a dénoncé le représentant. Dans ce contexte, il a souligné la nécessité de garder ouvert un point de passage frontalier humanitaire prévisible et transparent vers le nord-ouest de la Syrie, sans considérations politiques, comme le prévoit le droit international humanitaire. Le représentant a exhorté les membres du Conseil à rechercher une solution durable permettant le fonctionnement des organisations humanitaires en Syrie, en donnant la priorité aux besoins de la population syrienne. Enfin, il a invité les délégations à se joindre à l’initiative franco-mexicaine pour la restriction de l’usage du veto en cas d’atrocités de masse qui compte déjà 106 États signataires.
En tant que co-porte-plume sur le dossier humanitaire syrien depuis le début de l’année, le Brésil et la Suisse ont échangé avec tous les membres du Conseil, les pays de la région, des membres de cette Assemblée ainsi qu’avec les acteurs humanitaires, a déclaré Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse). Elle a ajouté qu’un seul objectif les guidait: faire en sorte que les personnes dans le besoin continuent de recevoir l’aide humanitaire dont elles dépendent au quotidien, dans ces circonstances les plus difficiles. Le projet de résolution issu de ces efforts était un compromis acceptable pour la grande majorité des membres du Conseil. Elle a donc regretté que ce texte de compromis n’ait pas été adopté en raison d’un vote négatif d’un membre permanent.
Il est difficile de réconcilier cet usage du veto avec la responsabilité que nous partageons tous en ayant souscrit aux principes et valeurs de la Charte. La décision de la Syrie d’autoriser l’ONU à acheminer de l’aide par le point de passage de Bab el-Haoua soulève des questions, a estimé la représentante. Les Nations Unies et leurs partenaires doivent pouvoir continuer à apporter une assistance aux personnes dans le besoin conformément au droit international humanitaire et aux principes d’humanité, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance. Il est crucial que nous continuions de faire tout notre possible afin d’assurer que l’aide continue à parvenir aux personnes dans le besoin en Syrie, a conclu la déléguée.
M. TAKEI SHUNSUKE, Ministre d’État chargé des affaires étrangères du Japon, a regretté que la Russie ait opposé son veto, le 11 juillet, bloquant ainsi le renouvellement du mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière en Syrie. Il a reproché à la Russie d’être allée à l’encontre du devoir solennel d’un membre permanent du Conseil par ce vote. Il a dit avoir attentivement écouté les explications de la Russie, mais n’être pas convaincu pour autant que le veto ait été un comportement responsable, arguant que l’on ne saurait justifier de mettre la vie de plus de 4 millions de personnes, dont 3 millions de femmes et d’enfants, dans une situation extrêmement précaire, en particulier à la suite des graves tremblements de terre. Pour le représentant, l’abus du droit de veto nuit aux Nations Unies et au multilatéralisme. Le rapport du Secrétaire général est pourtant clair, a-t-il fait valoir: le mécanisme transfrontalier prévu par les résolutions du Conseil de sécurité est le seul moyen de fournir efficacement une aide humanitaire vitale à la population du nord-ouest de la Syrie. Prenant note de la récente décision du Gouvernement syrien d’autoriser les opérations d’aide humanitaire sous certaines conditions, le délégué a estimé que cela ne peut pas être aussi fiable et transparent que le mécanisme existant. Nous avons besoin d’une résolution du Conseil de sécurité pour le peuple syrien, a-t-il exigé en guise de conclusion.
M. MARK SEAH (Singapour) a appelé tous les États Membres, en particulier les membres du Conseil de sécurité, à éviter toute politisation des dispositifs d’acheminement de l’aide humanitaire. Saluant les efforts du Brésil et de la Suisse pour dégager un consensus sur le dossier humanitaire syrien, il a rappelé que la fourniture sans entrave de l’aide est l’une des principales responsabilités de l’ONU. Nous espérons que le Conseil de sécurité saura adopter une position unie sur les questions relatives à l’aide humanitaire, y compris pour faciliter le travail des acteurs sur le terrain, a-t-il dit.
M. RENÉ ALFONSO RUIDÍAZ PÉREZ (Chili) a regretté que l’Assemblée générale se réunit pour débattre de l’utilisation du droit de veto au Conseil de sécurité sur la même question que la dernière fois. Le représentant a rappelé que la Russie a opposé son veto au projet de résolution qui visait à renouveler le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière par le point de passage de Bab el-Haoua pour neuf mois, alors que le Secrétaire général préconisait un renouvellement du mécanisme pour douze mois. Il a réaffirmé l’attachement de son pays au droit international humanitaire et à la protection internationale des droits de l’homme. Il a demandé au Conseil de sécurité de se comporter de manière cohérente et unie pour obtenir des résultats positifs dans les négociations sur le passage transfrontière dans le nord-ouest de la Syrie, qui permet d’acheminer 85% de l’aide de l’ONU. Le représentant a attiré l’attention de l’Assemblée générale sur l’initiative franco-mexicaine visant à limiter l’usage du veto en cas d’atrocités de masse, de violations graves des droits de l’homme et du droit international. Cette proposition complète le Code de conduite du Conseil de sécurité contre le génocide, les crimes contre l’humanité ou les crimes de guerre. Selon lui, le recours au veto doit être conçu dans le cadre d’une réforme globale du système des Nations Unies, afin notamment de mieux refléter la réalité géopolitique.
Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a jugé regrettable qu’une fois de plus aujourd’hui, les États soient contraints de participer à une réunion de l’Assemblée générale pour discuter d’une question qui relève strictement du Conseil de sécurité. La communauté internationale doit soutenir le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière en Syrie, a dit la déléguée, en rejetant l’argument de la Russie selon laquelle il porte atteinte à la souveraineté de la Syrie. Dénonçant le veto russe, la déléguée a vu là l’illustration de l’importance qu’il y a à finaliser les discussions sur la réforme du Conseil.
Mme ANA PAULA ZACARIAS (Portugal) a estimé que la séance d’aujourd’hui renforce le système des Nations Unies en assurant la responsabilité entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale. En tant que coparrain de l’initiative sur le veto, le Portugal a considéré pertinente la tenue d’un tel débat, bien qu’il aurait été préférable qu’il ne soit pas nécessaire. L’incertitude suscitée par la menace et l’usage répétés du droit de veto par la Fédération de Russie se fait au détriment du peuple syrien et de l’efficacité de l’aide humanitaire de l’ONU, a-t-elle regretté. L’assistance transfrontière au peuple syrien reste en effet un moyen essentiel pour apporter aide et espoir aux personnes dans le besoin. La représentante a pris acte de la décision de la Syrie d’autoriser, pour six mois, l’acheminement de l’aide dans le nord-ouest de la Syrie par le point de passage de Bab el-Haoua. Néanmoins, a-t-elle noté, cet arrangement à court terme n’offre pas une prévisibilité suffisante aux organisations humanitaires pour planifier et fournir une assistance opportune et efficace. Dans ce contexte, elle a réclamé l’autorisation de toute urgence du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière sous l’égide de l’ONU, en appelant la Syrie et la Russie à ne pas politiser l’acheminement de telles activités.
M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a jugé nécessaire de garantir systématiquement la prévisibilité et la planification des efforts humanitaires, cela par le biais de mandats efficaces d’une durée suffisante, notamment en ce qui concerne les passages frontaliers. Il a ensuite rappelé l’obligation qu’ont tous les États de garantir l’accès humanitaire vers les populations dans le besoin, obligation qui découle du droit international humanitaire. La vie de millions de personnes et l’attention portée à leurs besoins ne peuvent être rayées d’un trait de plume en raison des différends qui paralysent le Conseil de sécurité sur le dossier humanitaire syrien, a lancé le représentant. En vertu de l’Article 24.1 de la Charte des Nations Unies, a-t-il relevé, le Conseil se doit d’agir au nom de tous les États Membres.
Mme FIONA WEBSTER (Australie) a qualifié d’indéfendable le veto de la Russie, compte tenu des besoins humanitaires en Syrie. Après douze années de conflit et le dernier séisme, la situation y est terrible, a déclaré la représentante. Atténuer les souffrances de millions de Syriens exige un accès humanitaire sans entrave et pérenne. Il faut une prorogation du mécanisme pour une période de douze mois et la période de six mois proposée par le régime syrien ne saurait suffire. L’aide humanitaire ne peut faire l’objet de harcèlement et de pression. Le débat de ce jour montre que de nombreux États sont préoccupés par l’utilisation du droit de veto par un seul membre permanent du Conseil, a conclu la représentante.
Mme JOAN MARGARITA CEDANO (République dominicaine), rappelant l’importance du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière en Syrie, a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de le maintenir en vie. La représentante a exhorté les membres du Conseil à poursuivre leurs délibérations axées sur les besoins des personnes. Les principes humanitaires d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance doivent prévaloir, a-t-elle martelé en soulignant l’importance d’une coordination par l’ONU de l’action humanitaire. Elle a rappelé que les acteurs humanitaires doivent être dotés de l’espace et de la prévisibilité nécessaires pour agir.
La représentante a aussi souligné l’importance de la surveillance dans l’acheminement de l’aide. Elle a réitéré son souhait de voir un Conseil de sécurité qui demeure capable de prendre des décisions en fonction des besoins humanitaires de la population civile et qui, pour y parvenir, épuise un processus de négociation de bonne foi et dans un esprit constructif. Elle a espéré que, dans les jours et les semaines à venir, il sera possible de parvenir à une solution acceptable pour les parties et que le Conseil répondra aux appels des femmes et des enfants souffrant des calamités d’un conflit prolongé.
M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a condamné le droit de veto exercé le 11 juillet par la Russie pour, de nouveau, empêcher tout accès humanitaire aux habitants du nord-ouest de la Syrie. Pour le représentant, ce énième veto russe sur le dossier humanitaire syrien est particulièrement cruel, tant l’ONU a été claire au sujet des besoins criants des millions de personnes de la région. Le Secrétaire général de l’ONU a demandé que l’aide soit acheminée sans entrave pendant une durée de douze mois dans le nord-ouest du pays, a-t-il rappelé. Or, le Gouvernement syrien compte autoriser l’ouverture de deux passages pendant trois semaines, ce même gouvernement qui continue de bombarder les civils vivant dans la zone, s’est-il élevé. À la lumière des faits, le représentant a qualifié de « véritable plaisanterie » la posture prétendument responsable adoptée par la Syrie et soutenue par la Russie. Selon lui, le comportement du Gouvernement syrien constitue une violation du droit humanitaire international et met en péril les travailleurs humanitaires sur le terrain. Sur ce point, il a indiqué que les bailleurs de fonds sont préoccupés par la sécurité des équipes humanitaires et par l’utilisation même des fonds. Toute assistance humanitaire ne peut qu’être acheminée en fonction des règles du droit humanitaire, a souligné le représentant, martelant que « l’aide aux syriens ne peut plus continuer d’être prise en otage par un membre isolé du Conseil de sécurité ».
M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a déploré le fait que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure d’adopter le projet de résolution sur la prorogation du mécanisme transfrontière, en raison de l’exercice du droit de veto par l’un de ses membres permanents. Ce mécanisme est une planche de salut pour plus de 4 millions de Syriens dans le besoin, a-t-il souligné, rappelant que le Secrétaire général avait demandé une prorogation de douze mois. Il a salué la recherche d’un compromis par les porte-plumes de la résolution et l’unité dont ont fait preuve 13 des membres du Conseil. Il les a exhortés à redoubler d’efforts pour trouver une solution pérenne, avant de souligner que la seule façon de mettre fin à cette crise humanitaire est de parvenir un cessez-le-feu et à une solution politique permettant au peuple syrien de décider de son avenir. C’est la quatrième fois, s’est impatienté le représentant, que le droit de véto est exercé depuis l’adoption de la résolution phare 76/262. Chacun de ces cas met en lumière le fait que la crédibilité et la légitimité du Conseil sont menacées, a-t-il estimé, en s’associant aux appels à limiter le recours au droit de veto.
M. ANTHONY SIMPSON (Nouvelle-Zélande) a rappelé l’opposition de toujours de son pays à l’usage du droit de veto au Conseil de sécurité. Il a déploré que la Russie ait bloqué l’adoption d’une résolution de grande qualité la semaine dernière, ce comportement russe, au mépris du bien-être d’autrui, étant à l’origine des souffrances immenses de millions de Syriens vivant dans le nord-ouest du pays. Le représentant a en outre trouvé « effarantes » les explications russes devant l’Assemblée générale. Nous continuerons à prôner un accès constant et sans entrave de l’aide humanitaire vers les populations dans le besoin, a-t-il assuré. Le représentant a déclaré que l’Assemblée, si elle ne peut pas sauver le mécanisme transfrontière mandaté par le Conseil, dispose des moyens nécessaires pour prendre des décisions fortes « si elle le décide ». Son rôle important sur le plan humanitaire peut en effet lui permettre d’agir efficacement sur le dossier humanitaire syrien.
M. LUKÁŠ PETER PRVÝ (Slovaquie) a dénoncé l’exercice par la Russie du droit de veto le 11 juillet dernier. Il a ensuite pris note de la décision de la Syrie d’autoriser l’ONU à acheminer de l’aide par le point de passage de Bab el-Haoua pour une période de six mois. Cet accord bilatéral de court terme ne donne pas assez de prévisibilité aux organisations humanitaires, a dit le délégué. Il a estimé que le projet de résolution porté par la Suisse et le Brésil était un effort constructif visant à concilier les positions de tous les membres du Conseil. La Russie a une nouvelle fois politisé les discussions, pris en otage le Conseil et bloqué de manière cynique un accès humanitaire à long terme en Syrie, a-t-il déploré. Enfin, il a plaidé pour une solution politique globale en Syrie, conformément à la résolution 2254 (2015).
M. AMIR SAEID IRAVANI (République islamique d’Iran) a fait valoir que la crise humanitaire en Syrie, encore aggravée par le tremblement de terre dévastateur de février dernier, met en évidence la nécessité urgente d’une assistance. Il est toutefois crucial à ses yeux de défendre la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’unité nationale de la Syrie tout au long de ce processus. Selon le représentant, il est tout aussi important de planifier l’aide humanitaire de manière à contribuer à la restauration des infrastructures, aux efforts de reconstruction et au renforcement de l’économie syrienne. Or, l’imposition de sanctions unilatérales illégales constitue un obstacle de taille à l’amélioration de la situation humanitaire et économique dans ce pays. S’il a regretté que le Conseil n’ait pas été en mesure de proroger le mécanisme transfrontalier, le représentant s’est néanmoins félicité de la décision « souveraine » du Gouvernement syrien d’autoriser, pour une période de six mois, l’ONU et ses agences spécialisées à utiliser le point de passage de Bab el-Haoua pour fournir une aide humanitaire à la population dans le besoin du nord-ouest du pays. La Syrie, a-t-il relevé, a toujours argué que le mécanisme transfrontière porte atteinte à sa souveraineté et à son intégrité territoriale, offrant aux groupes terroristes la possibilité d’exploiter l’aide humanitaire pour leurs propres intérêts. « Une situation qui soulève des inquiétudes légitimes quant aux intentions occidentales, qui pourraient chercher à diviser le pays en établissant une région autonome dirigée par des terroristes dans le nord-ouest. » Au lieu de perpétuer un environnement qui permet à de tels groupes de poursuivre leurs activités illégales, les pays occidentaux devraient selon lui encourager le dialogue entre le Gouvernement syrien et les parties au conflit.
M. ROBERT RAE (Canada) a condamné l’utilisation par la Fédération de Russie de son droit de veto sur un projet de résolution humanitaire, le 11 juillet, rappelant qu’il s’agit du dix-huitième veto de sa part sur des résolutions relatives à la Syrie depuis 2011. Le texte aurait permis à l’aide humanitaire de se poursuivre via le mécanisme transfrontière de l’ONU à Bab el-Haoua pour une période de neuf mois. Le délégué a rappelé que le Secrétaire général avait demandé au Conseil de sécurité de prolonger l’autorisation du mécanisme transfrontière de l’ONU pour douze mois et que les deux porte-plumes avaient réussi à trouver une position de compromis, mais, a-t-il déploré, la Russie a refusé de négocier de manière constructive avec ses homologues aux Conseil en menaçant de mettre fin au mécanisme si son projet de résolution n’était pas adopté. « Prendre le Conseil de sécurité en otage sur un texte humanitaire est le summum du cynisme. » Ce comportement émanant d’un membre non élu du Conseil est contraire à la Charte des Nations Unies, s’est indigné le représentant, et mérite d’être condamné par tous. Citant la lettre du 13 juillet du Gouvernement syrien qui autorise l’acheminement de l’aide humanitaire par l’ONU, y compris par le point de passage de Bab el-Haoua, il a jugé inacceptable d’imposer des conditions à l’aide humanitaire. En l’absence d’une résolution du Conseil prorogeant le mécanisme de surveillance, le Canada est préoccupé de voir l’aide humanitaire politisée et moins transparente. Les dernières décisions sont motivées par des visées politiques de la Russie et de la Syrie, a tranché le représentant en exigeant que l’ONU puisse continuer à acheminer l’aide humanitaire en fonction des besoins. En l’absence d’action au Conseil de sécurité du fait de l’obstruction constante de l’un de ses membres, il a appelé les membres de l’Assemblée générale à rester aux côtés de la population syrienne et des partenaires humanitaire.
M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a dénoncé le veto que la Russie a opposé, pour la dix-septième fois, à une résolution relative à la Syrie où les besoins humanitaires atteignent un niveau record. Le Secrétariat de l’ONU, qui réclame une prorogation de douze mois du mécanisme transfrontière, est appuyé par la Türkiye, par les membres du Conseil de coopération du Golfe et par l’écrasante majorité des membres du Conseil de sécurité, a souligné le représentant. Seule la Russie a fait obstacle à cette demande. Même si nous aurions préféré une résolution plus robuste que le texte de compromis et une prorogation de neuf mois, nous estimons toujours, a dit le représentant, que ce qui compte c’est que le mécanisme transfrontière soit prorogé.
Il a souligné qu’avec ses partenaires, son pays a versé des milliards de dollars pour l’aide humanitaire et poussé toutes les parties à faciliter son acheminement vers tous les Syriens où qu’ils soient. Mais cet acheminement dépend du mécanisme transfrontière car rien ne saurait le remplacer. Par conséquent, a tranché le représentant, la solution proposée, le 13 juillet dernier, par le Gouvernement syrien est inacceptable, compte tenu, en particulier, des conditions posées. Le représentant a appelé la communauté internationale à s’opposer à ces tentatives d’imposer des conditions à l’aide humanitaire ou de la politiser. Il a réclamé une action urgente pour rouvrir le poste frontière de Bab el-Haoua.
Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a déploré la politisation de l’aide humanitaire, comme en atteste le veto russe qui prive des millions de personnes d’une assistance vitale. Pour la représentante, la souveraineté des États ne peut être invoquée pour entraver l’acheminement de l’aide. Le projet de résolution de la Suisse et du Brésil, a-t-elle souligné, était un texte de compromis, tenant compte aussi du déminage, du développement et de la création de conditions favorables au retour des réfugiés. La représentante a regretté qu’à ce stade, l’acheminement de l’aide soit laissée au bon vouloir de Damas. Elle a appelé la Syrie à respecter les principes de neutralité, d’impartialité et d’indépendance de l’aide et le Conseil de sécurité à adopter un projet de texte qui permette de rétablir le mécanisme. En tant que membre élu du Conseil, nous sommes prêts à reprendre immédiatement le débat, a conclu la représentante.
M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a relevé la disparité entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et les autres États Membres depuis les origines de l’Organisation, laquelle disparité continue d’être la source de nombreux problèmes. Malgré les apparences, les membres permanents s’accordent sur de nombreuses questions de paix et de sécurité internationales lorsque leurs intérêts fondamentaux ne sont pas en jeu, et sont ainsi plus aptes à prendre les mesures qui s’imposent pour régler les questions urgentes. Si le droit de veto a historiquement joué un rôle important pour assurer la stabilité des Nations Unies et maintenir l’équilibre géopolitique mondial, les tendances actuelles nous obligent à réévaluer sa pertinence dans le contexte de la mondialisation. Le représentant a ainsi plaidé pour que ce droit soit utilisé avec grande prudence car la faculté des cinq membres du Conseil de bloquer des résolutions visant à remédier à des situations désastreuses et à fournir une aide vitale soulève de sérieuses questions quant à l’efficacité et à l’équité de nos efforts collectifs.
M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a dénoncé les « accusations fausses » proférées aujourd’hui contre la Russie. Il a estimé que la Russie a, le 11 juillet dernier, pris une décision « sage et équilibrée » en s’opposant à un projet de résolution qui ne répondait pas aux préoccupations de la Syrie. « Mon pays est en plein accord avec la position russe. » Il a rappelé que le mécanisme transfrontière a été établi par le Conseil en 2014 comme une mesure temporaire répondant à des circonstances exceptionnelles qui n’existent plus aujourd’hui. Il a dénoncé les lacunes de ce mécanisme, s’agissant notamment des atteintes à la souveraineté syrienne, et son incapacité à garantir que l’aide ne tombe pas entre les mains des organisations terroristes qui contrôlent le nord-ouest de la Syrie. Le délégué a également pointé son coût de fonctionnement élevé. Ces défauts ont empêché une amélioration de la situation humanitaire dans la région, a-t-il tranché. Le délégué a ensuite rappelé la décision de son gouvernement d’autoriser l’ONU à acheminer de l’aide par le point de passage de Bab el-Haoua pour une période de six mois. « Il est honteux que certains pays occidentaux ignorent les mesures positives prises par le Gouvernement syrien et continuent de choisir de punir collectivement les Syriens. » Le délégué a critiqué la politisation par ces pays de l’aide humanitaire en Syrie, ainsi que l’imposition de sanctions « inhumaines ». En conclusion, il a estimé que les États-Unis sont « disqualifiés » pour donner toute leçon sur le droit de veto, après l’avoir exercé sur le dossier palestinien. « Les États-Unis doivent cesser de verser des larmes de crocodile sur le sort des Syriens et lever les sanctions. »
Co-porte-plume avec la Suisse du projet de résolution présenté au Conseil de sécurité, M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) s’est dit exclusivement mû par des préoccupations humanitaires. En dépit du rejet du projet, il a jugé urgent de répondre aux besoins du peuple syrien. Nous étions conscients, a-t-il avoué, de la fracture au Conseil de sécurité mais nous avions fait de notre mieux pour aller de l’avant, en consultant tous les États Membres, y compris la Syrie. Nous continuons sur cette voie car l’objectif reste de trouver une solution de compromis qui accorde la priorité aux besoins du peuple syrien. Réitérant l’importance d’une prorogation de douze mois du mécanisme transfrontière, le représentant a déclaré que son pays et la Suisse avaient proposé la période de neuf mois, après avoir écouté « un groupe de pays ». Le projet, s’est-il réjoui, avait battu tous les records de soutien parce qu’il était équilibré et responsable. Après le vote du Conseil de sécurité, le Gouvernement syrien a fait part de sa volonté d’ouvrir le poste frontière de Bab el-Haoua pour une période de six mois. Nous continuons donc de travailler dans ce sens, a annoncé le représentant.
Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a estimé qu’en mettant fin au mécanisme humanitaire transfrontière, la Russie a désactivé le seul outil qui, pendant des années, a sauvé des millions de Syriens, en particulier ceux du nord-ouest. La représentante a qualifié le véto russe du 11 juillet d’abus flagrant d’un droit dont elle jouit, en tant que grande puissance mais grande puissance responsable. Il y a deux jours, ce même pays a mis fin à un autre instrument crucial lié à l’aide humanitaire, à savoir l’Initiative de la mer Noire, laquelle a joué un rôle important dans le règlement de la crise alimentaire mondiale, y compris en Syrie, a ajouté la déléguée. Si elle a salué les efforts du Gouvernement syrien en matière d’acheminement, elle a jugé que ni l’assistance transfrontalière ni les accords bilatéraux ne peuvent remplacer le mécanisme transfrontière mandaté par le Conseil de sécurité. Par conséquent, a-t-elle dit, nous appelons le Conseil à tout mettre en œuvre pour que soit assurée la fourniture d’une assistance humanitaire prévisible, fiable, axée sur la seule réponse aux besoins des populations, conformément aux principes humanitaires de neutralité, d’impartialité et d’indépendance.
Mme SHAHD JAMAL YOUSUF IBRAHIM MATAR (Émirats arabes unis) a relevé que la séance d’aujourd’hui faisait suite à l’incapacité du Conseil de sécurité d’adopter une résolution visant à proroger le mécanisme d’acheminement de l’aide transfrontière à la Syrie. En tant que membre élu du Conseil de sécurité, les Émirats arabes unis soutenaient la prorogation de douze mois du mécanisme et avaient veillé à ce que des dispositions sur le déminage soient incluses dans le projet de résolution, a dit la déléguée en expliquant que la proposition alternative de son pays de prolonger le mécanisme de neuf mois avait aussi été rejetée. « Nos efforts pour trouver un terrain d’entente se sont heurtés à la réalité géopolitique actuelle qui a fermé la porte à toute possibilité de parvenir à un consensus. » Le 11 juillet a été un triste jour pour le multilatéralisme et pour les peuples qui ont enduré une guerre de plus de douze ans, suivie d’un tremblement de terre dévastateur, s’est désolée la représentante.
Elle s’est réjouie toutefois de la décision du Gouvernement syrien d’accorder aux Nations Unies l’autorisation de fournir de l’aide humanitaire par le point de passage de Bab el-Haoua pour une période de six mois. Cette décision est intervenue à un moment crucial en plus de sa décision précédente de prolonger l’ouverture des deux points de passage supplémentaires. La communauté internationale devra s’adapter à cette nouvelle réalité, a reconnu la représentante soulignant la nécessité d’agir rapidement pendant cette période de transition pour veiller à ce que l’aide soit acheminée au peuple syrien par tous les moyens disponibles. Le Conseil de sécurité devrait à son avis montrer moins de division sur une question humanitaire et trouver un terrain d’entente pour aller de l’avant dans cette nouvelle réalité, dans un esprit de coopération, de compréhension et de respect mutuel.
M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar) a dit que la situation humanitaire en Syrie préoccupe vivement sa délégation. L’utilisation du veto a porté atteinte à la survie de millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie, a continué le représentant, d’autant qu’il n’y a pas de solution de rechange à part ce mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière. Il a souligné l’importance d’empêcher la survenue d’une catastrophe humanitaire en Syrie. C’est la raison pour laquelle le Qatar a promis 75 millions de dollars supplémentaires pour l’aide humanitaire en Syrie. Selon le représentant, pour mettre un terme à la crise en Syrie, il faut mettre en branle une transition politique. Il a déconseillé l’exercice du droit de veto sur la question humanitaire en Syrie et ailleurs dans le monde, ainsi que sur les autres questions à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.
Mme SAŠA JUREČKO (Slovénie) a souligné la gravité de la crise humanitaire en Syrie et appelé à la prorogation du mécanisme transfrontière. Elle a dénoncé le récent veto russe qui a de graves conséquences pour la population syrienne. Elle a ensuite pris note de la décision de la Syrie d’autoriser l’ONU à acheminer de l’aide par le point de passage de Bab el-Haoua pour une période de six mois. Les acteurs humanitaires demandent une ouverture de douze mois afin de pouvoir planifier au mieux les opérations humanitaires, a-t-elle affirmé. Elle a appuyé les efforts des coauteurs du projet de résolution au Conseil de sécurité. La seule manière de régler la crise en Syrie est une solution politique conforme à la résolution 2254 (2015), a conclu la déléguée.
Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Türkiye) a rappelé le rôle indispensable joué depuis 2014 par le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière pour les personnes dans le besoin de manière transparente, prévisible et efficace. Compte tenu du niveau record des besoins, encore aggravés par les récents tremblements de terre, il est clair que ce mécanisme essentiel doit continuer, a insisté la représentante. C’est pourquoi nous regrettons le recours au veto sur cette question humanitaire, qui va à l’encontre de la volonté de la vaste majorité des membres du Conseil de sécurité. La représentante a pris note de la décision du « régime syrien » de permettre, pour six mois, l’utilisation du point de passage de Bab el-Haoua par les convois de l’ONU. Elle a cependant souscrit aux préoccupations exprimées par l’OCHA concernant les conditions dont est assortie cette permission. En l’état, le mécanisme transfrontière de l’ONU demeure la meilleure méthode pour acheminer l’aide par-delà la frontière, a-t-elle argué. Dans ce contexte, la représentante a réitéré son appel aux membres du Conseil afin qu’ils ne prennent en compte que les considérations humanitaires et qu’ils intensifient leurs efforts visant à trouver un terrain d’entente réaliste permettant de proroger ce mandat. Selon l’Article 24 de la Charte des Nations Unies, le Conseil agit au nom de l’ensemble des États Membres de l’ONU, a-t-elle relevé. Or à de nombreuses reprises, il n’a pas su exercer son mandat. En outre, le droit de veto est la raison qui explique sa fréquente paralysie, une situation d’autant plus déconcertante lorsque l’exercice du veto complique l’action humanitaire. Le Conseil de sécurité doit donc prendre en compte le sentiment dominant à l’Assemblée générale et redoubler d’efforts pour trouver un terrain d’entente. « Le dernier convoi humanitaire de l’ONU a franchi le point de passage de Bab el-Haoua il y a dix jours », a noté la représentante en exhortant à ne pas abandonner à leur sort des millions de Syriens dans le besoin.
M. LUIS UGARELLI (Pérou) a considéré qu’à la lumière des événements récents, il faut que les États Membres envisagent la prise en compte des questions humanitaires dans les futures initiatives sur l’exercice du droit de véto. Il a déploré que, le 11 juillet, le Conseil ne soit pas parvenu à adopter une résolution sur la prorogation du mécanisme transfrontière mais a pris note de la décision du Gouvernement syrien d’autoriser de nouveaux postes frontières comme à Bab el-Salam et Raaï. Nous ne préjugeons pas de la responsabilité des uns et des autres, mais nous nous basons seulement sur les faits, a expliqué le représentant. Chaque fois que le Conseil de sécurité doit prendre des mesures pour veiller à ce qu’une aide humanitaire soit fournie en fonction de besoins clairement identifiés, ses membres doivent à tout prix se garder de toute politisation. Ils doivent privilégier la négociation, la diplomatie et la recherche de solutions acceptables par tous pour éviter tout recours au droit de veto contre des résolutions humanitaires, a-t-il insisté.
M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée) a déclaré que travaux du Conseil de sécurité doivent être menés dans le plein respect des principes de la Charte des Nations Unies et en prenant en considération les besoins des États Membres directement concernés. La Syrie a répété à maintes reprises que le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière empiète sur sa souveraineté et son intégrité territoriale, a-t-il ajouté, notant en outre le caractère temporaire dudit mécanisme. Pour le représentant, les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont tenté de faire adopter une résolution « politiquement orientée dans le sens de leurs intérêts propres », si bien que la Russie n’a eu d’autre choix que de s’y opposer afin que puisse être respectée la souveraineté de la Syrie. Il a également affirmé que les pays qui prétendent être préoccupés par la situation humanitaire en Syrie sont les mêmes qui imposent des sanctions unilatérales, inhumaines et injustes pour les peuples des pays visés. Par ailleurs, le représentant a appelé à une réforme complète du Conseil de sécurité afin qu’il soit en mesure de remplir sa mission de maintien de la paix et de la sécurité. Sans cela, il continuera de fermer les yeux sur des réalités, comme la pression militaire constante que les États-Unis exercent contre son pays, a-t-il dit.
M. CARLOS ERNESTO MORALES DÁVILA (Nicaragua) a constaté à nouveau la politisation et la sélectivité qui président à l’application de la résolution 76/262. Il a dit avoir observé les manœuvres et les abus des pays occidentaux au sein du Conseil de sécurité le 11 juillet, leur reprochant de continuer à promouvoir une tendance qui conduit les autres membres permanents à voter contre des résolutions qui ne favorisent que leurs intérêts égoïstes. La question de la prolongation du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière en Syrie aurait pu être réglée si la résolution présentée par la Fédération de Russie avait été adoptée, a-t-il fait valoir, rappelant que ce texte proposait la prolongation du mécanisme pour six mois supplémentaires, exactement le même délai que celui qui avait été convenu en janvier de cette année et que la Syrie, principale concernée, a accepté le 13 juillet. Frappé par le discours occidental qui donne la priorité aux besoins du peuple syrien tout en continuant à politiser l’aide humanitaire et à imposer des mesures coercitives unilatérales illégales et inhumaines contre le peuple et le Gouvernement syriens, le représentant a vu là le véritable obstacle au travail de l’ONU et de ses agences humanitaires en Syrie. Il s’est également demandé comment les pays occidentaux avaient envisagé une prolongation du mécanisme transfrontière pour une période supérieure à six mois, alors même qu’il n’est pas clair que les fonds financiers suffisants sont disponibles pour son fonctionnement. Toute résolution ou décision relative à la situation en Syrie, que ce soit au sein de l’Assemblée générale ou du Conseil de sécurité, doit prendre en compte les préoccupations légitimes de cet État, a insisté le délégué, dans la mesure où la Syrie est le principal acteur du règlement de ce problème, de sa reconstruction et de sa vie en paix.
Mme DIARRA DIME LABILLE (France) a regretté que le projet de résolution présenté par la Suisse et le Brésil, le 11 juillet et ayant recueilli 13 votes positifs n’ait pas été adopté, à la suite du veto utilisé par la seule Fédération de Russie. Pire, s’est-elle indignée, alors qu’elle a refusé tout engagement pendant le processus de négociation, la Russie n’a pas hésité à formuler un ultimatum: c’était son texte ou rien, prenant ainsi en otage plus de 4 millions de personnes qui ont un besoin urgent d’assistance humanitaire dans le nord-ouest syrien, parmi lesquelles plus de 80% de femmes et d’enfants. La Russie essaie vainement de déguiser ses manipulations en préoccupations humanitaires, a déclaré la représentante mais personne n’est dupe. L’intérêt de la Russie n’est pas humanitaire, en Syrie, il ne relève que de calculs politiques. La décision de la Russie de ne pas prolonger l’Initiative de la mer Noire relève du même cynisme, a-t-elle renchéri.
Pour la France, il est désormais essentiel qu’une solution soit trouvée dans les meilleurs délais pour garantir les conditions d’un acheminement de l’aide humanitaire prévisible, transparent, et conforme au droit international humanitaire, à la population syrienne. Il faut garantir un accès sûr et sans entrave des acteurs humanitaires, un acheminement de l’aide prévisible et une distribution basée sur les principes humanitaires d’indépendance, d’impartialité et de neutralité, a exigé la déléguée rappelant à cet égard que 96% des financements humanitaires proviennent de l’Union européenne et de ses États membres, des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, de la Norvège et du Japon. Nous continuerons à assumer pleinement nos responsabilités sur le plan humanitaire, a-t-elle assuré, dans l’esprit des principes et paramètres du Secrétaire général sur l’assistance des Nations Unies en Syrie.
M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a rappelé qu’il s’agit de la deuxième fois que le veto empêche l’adoption d’une résolution humanitaire. Selon lui, la décision de la Fédération de Russie d’opposer son veto à la résolution sur le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière en Syrie aura des conséquences humanitaires tangibles, perturbant la livraison de fournitures vitales à des millions de personnes dans le besoin. « De plus, cette décision d’opposer son veto au terme d’un véritable effort diplomatique, entraînera une fois de plus un sentiment d’incertitude quant à l’avenir de la population syrienne, tout en mettant le système humanitaire sous forte pression. » Devant ce constat, le représentant a réitéré que le droit de veto contredit de manière flagrante un principe fondamental de la Charte des Nations Unies, l’égalité souveraine des États, et qu’il a trop souvent empêché le Conseil de sécurité de s’acquitter de ses responsabilités en matière de paix et de sécurité internationales. Il a pris note de la décision du régime syrien d’autoriser l’ONU et ses agences à traverser le point de passage de Bab el-Haoua pendant six mois. Toutefois, a-t-il relevé, il s’agit là d’un accord bilatéral à court terme, insuffisant selon lui pour fournir la prévisibilité suffisante aux organisations humanitaires ainsi qu’une assistance humanitaire efficace.
M. ARIAN SPASSE (Albanie) a déploré l’utilisation abusive du droit de veto par la Russie qui, pour la deuxième fois, bloque la résolution 2672 (2023) du Conseil de sécurité. Ce terrible revers empêche la fourniture de nourriture et de médicaments à plus de 4 millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie. Le représentant a dit avoir pris note de la lettre de la Syrie, en date du 13 juillet, autorisant l’ONU à traverser le poste frontière de Bab el-Haoua pendant six mois. Il a toutefois estimé que cette annonce n’offre pas suffisamment de prévisibilité aux organisations humanitaires pour planifier et acheminer l’aide de manière rapide et efficace. Le mécanisme transfrontière reste donc indispensable, a insisté le représentant pour assurer une aide prévisible, à l’abri de toute ingérence et conforme aux principes humanitaires. L’aide ne saurait être perturbée, ciblée ou politisée, a souligné le représentant, avant de réitérer son appui au projet présenté par le Brésil et la Suisse et d’appeler la communauté internationale à veiller à un accès humanitaire durable pour montrer aux Syriens qu’ils ne sont pas oubliés.
M. MARCUS KREFT (Allemagne) a regretté le coup porté par la Russie au mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière, déplorant une attitude irresponsable et dénuée d’humanité de la part d’un membre permanent du Conseil de sécurité. Soulignant que l’accès humanitaire aux populations dans le besoin est régi par le droit humanitaire international, le représentant a estimé que le régime syrien ne respecte aucun accord pris en vertu de ce droit. Le Conseil de sécurité doit relancer le mécanisme transfrontière et la Syrie doit respecter ses obligations internationales, a-t-il insisté, ajoutant que toute solution de paix en Syrie devra découler du processus de Genève. Enfin, le représentant a jugé que si le Conseil ne parvient pas à s’unir sur le dossier humanitaire syrien, l’Assemblée générale pourrait se centrer davantage sur celui-ci, voire sur l’aide humanitaire en général.
M. YURI ARIEL GALA LÓPEZ (Cuba) s’est associé à la déclaration faite par le Venezuela au nom du Groupe des amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, en rappelant qu’à la suite de l’adoption de la résolution 76/262, sa délégation avait fait part de ses préoccupations et de ses interprétations du texte, qui n’a pas fait l’objet d’un débat approfondi en temps voulu, ni dans des délais suffisants. Alors que l’Assemblée générale se réunit pour la deuxième fois cette année sur la Syrie dans ce contexte, le représentant a estimé que les lacunes du mécanisme automatique prévu par la résolution 76/262, qui ne laisse aucune marge de manœuvre aux États Membres pour décider si une réunion de l’Assemblée générale est nécessaire ou non, sont confirmées. Il est regrettable, selon lui, qu’au sein du Conseil de sécurité, au lieu de répondre aux préoccupations des États non membres de l’organe, en particulier sur les questions qui les concernent directement, on continue d’imposer une action sur les projets de résolution alors qu’il existe encore des différences significatives quant à leur contenu et leur portée.
Le délégué a rejeté toute politisation de l’aide humanitaire et son utilisation comme instrument de chantage politique, en insistant sur le fait que le consentement du pays concerné est essentiel. C’est au Gouvernement syrien qu’il incombe de veiller à ce que l’aide humanitaire parvienne à tous les Syriens, a-t-il fait valoir ajoutant que toute décision prise par le Conseil de sécurité sur la situation humanitaire en Syrie doit tenir compte de toutes les préoccupations du Gouvernement syrien en matière d’assistance, ainsi que des intérêts et des aspirations véritables de son peuple. De plus, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie doivent être pleinement respectées. Il a reproché aux États-Unis, qui se disent très préoccupés par la situation humanitaire du peuple syrien, de promouvoir une approche punitive contre la Syrie dans les organisations internationales, basée sur la manipulation, la sélectivité et la partialité politique, tout en maintenant des « mesures coercitives unilatérales criminelles» à l’encontre de ce pays. Si les États-Unis se préoccupaient vraiment du peuple syrien, ils élimineraient d’urgence ces mesures coercitives unilatérales qui imposent d’énormes souffrances à la Syrie et entravent son développement durable, a estimé le représentant qui a également suggéré que les États-Unis se retirent du territoire syrien qu’ils occupent aujourd’hui illégalement et dont ils pillent les ressources naturelles.
M. GENG SHUANG (Chine) a regretté les divisions qui sapent les travaux du Conseil de sécurité, y compris les divisions relatives aux sanctions unilatérales. C’est dans le plein des principes de la Charte que la Chine fait en sorte que l’aide humanitaire parvienne sans entrave dans le nord-ouest de la Syrie, a-t-il ajouté, avant de saluer l’initiative du Gouvernement syrien de faciliter un tel acheminement pendant six mois. Pour que la coopération entre l’ONU et la Syrie soit renforcée, la communauté internationale doit créer une atmosphère propice aux initiatives constructives, a encore déclaré le délégué. Il a également appelé à la levée immédiate et sans condition des sanctions unilatérales contre la Syrie pour atténuer les perturbations qu’elles occasionnent dans la fourniture de l’aide et pour permettre aux Syriens de réparer le tissu social de leur pays. Pour le délégué, le retour au sein de la Ligue des États arabes de la Syrie devrait favoriser la recherche d’une solution politique à la crise impliquant les pays voisins.
M. SIARHEI MAKAREVICH (Bélarus) a estimé que la question du droit de veto fait partie intégrante de la réforme du Conseil de sécurité, une réforme qui concerne le développement à long terme de l’ONU et doit se faire sur la base d’un large consensus en tenant compte de l’avis de tous les États Membres. Reconnaissant les divergences de points de vue entre États sur cette question, le représentant a estimé qu’il s’agit de questions de principe, ce qui montre que pour parvenir à une solution mutuellement acceptable il est impératif de renforcer la confiance et le respect mutuels. Aujourd’hui, le Conseil est influencé par de nombreux facteurs, a noté le représentant, parmi lesquels il a cité la volonté de diviser le monde en blocs et les démarches sélectives de certains États dans l’application des normes onusiennes. Le Bélarus appelle toutes les parties à chercher le compromis.
Mme KHRYSTYNA HAYOVYSHYN (Ukraine) a condamné cet autre exercice abusif du droit de veto par la Russie qui a pour conséquence d’aggraver la situation humanitaire en Syrie. La Russie se comporte comme un « État failli » qui se sert de la population civile, en Syrie et ailleurs, comme un moyen de chantage envers la communauté internationale, a tranché la déléguée. « Comme d’habitude, ce pays essaye de faire endosser par d’autres le fardeau et les conséquences de ses actions irresponsables. » Elle a déclaré que ce comportement ne doit pas induire le monde en erreur. « La Russie devra rendre des comptes. » La déléguée a fustigé le retrait unilatéral de la Russie de l’Initiative de la mer Noire, ainsi que le bombardement constant par ce pays des infrastructures ukrainiennes. À l’aune de l’agression de la Russie en Ukraine et de ses actions qui accroissent les souffrances en Syrie, elle a appelé les États Membres à questionner de toute urgence la volonté de la Russie d’agir en tant qu’État pacifique au sens de l’Article 4 de la Charte. L’Ukraine continuera d’appuyer toutes les actions visant à alléger les souffrances des Syriens causées par la Russie, a conclu la déléguée.
Mme NJAMBI KINYUNGU (Kenya) a estimé que l’échec des efforts déployés récemment pour répondre aux besoins humanitaires criants du peuple syrien est une raison supplémentaire d’appeler à la réforme d’un Conseil de sécurité destinée à rendre cet organe plus équilibré, plus démocratique et plus inclusif. Comme cette Assemblée le sait, l’Afrique est la région la plus frappée par les conflits, les déplacements et les crises humanitaires, l’inaction du Conseil de sécurité n’ayant fait qu’aggraver ces phénomènes, a-t-elle ajouté. À cette aune, la représentante a appelé de ses vœux la constitution d’un Conseil de sécurité plus équilibré, capable de répondre aux besoins du monde, les populations les plus vulnérables étant encore trop souvent prises en otage par les différends politiques entre membres permanents du Conseil. Ainsi, conformément au consensus d’Ezulwini, le Kenya appelle-t-il à la suppression in fine du droit de veto, a déclaré la déléguée, ou, à tout le moins, à un exercice rare et vraiment responsable de ce droit.
M. PAUL BERESFORD-HILL, de l’Ordre souverain de Malte, a déclaré que la protection des plus vulnérables devrait aller de soi. Il a indiqué s’être rendu dans un camp de réfugiés dans le nord de la Syrie et avoir pu constater l’effet bénéfique de l’aide humanitaire. « C’est une question de vie et de mort. » Il a rappelé que les points de passage de l’aide humanitaire en Syrie sont fondamentaux pour l’avenir du pays. Le bien-être de millions de Syriens est en jeu aujourd’hui, a-t-il averti. « Nous devons rester unis dans notre volonté de faire ce qui est juste. »
Droit de réponse
Le représentant de la République de Corée a répondu à son homologue de la République démocratique populaire de Corée (RPDC) estimant que sa déclaration sur la situation dans la péninsule coréenne n’a pas été faite dans l’enceinte appropriée. Les exercices militaires conjoints de la République de Corée et des États-Unis sont organisés régulièrement et sont de nature défensive, a-t-il rectifié. Ils visent à protéger la vie et la sécurité de la population face à la menace de la RPDC. « Il est absurde de comparer ces exercices militaires qui sont totalement légaux et les provocations militaires illégales de la RPDC qui sont une violation répétée de multiples résolutions du Conseil de sécurité. » Le représentant a exhorté la RPDC à revenir à la table du dialogue pour la dénucléarisation.