Conférence de Lisbonne: l’objectif de 30% d’aires marines protégées et la lutte contre la pêche illicite et la pollution plastique au centre des échanges
LISBONNE, 29 juin -- Au troisième jour de la Conférence des Nations Unies sur les océans, plusieurs dizaines de responsables gouvernementaux sont à nouveau montés au créneau pour appeler à la réalisation effective des cibles de l’objectif de développement durable no 14, centrées sur la protection des milieux marins et aquatiques. Les interventions ont cette fois plus spécifiquement porté sur l’objectif de 30% d’aires maritimes protégées dans les territoires maritimes et sur la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée ainsi que sur l’élimination de la pollution plastique.
En pointe sur les problématiques marines et océaniques, Monaco a fait valoir son engagement au sein de la Coalition pour de hautes ambitions, qui vise à atteindre 30% de zones terrestres et marines sous statut protégé d’ici à la fin de la décennie. « Il y a tant à faire que l’inaction n’est plus une option », a martelé le Prince Albert II, faisant également état de la création d’un fonds fiduciaire innovant, le Medfund, destiné à financer la gestion, le développement et la mise en réseau des aires marines protégées de Méditerranée. Notre ambition, a-t-il précisé, est d’allouer, dès 2025, 2,7 millions d’euros à 20 aires marines protégées représentant 7 000 kilomètres carrés, en particulier des aires à protection forte.
Sur cette même ligne, la Grèce a rappelé son engagement à établir des zones marines protégées sur 30% de son territoire maritime, alors que la superficie actuelle est d’environ 19%, tandis que le Gabon annonçait avoir transformé 26% de sa zone économique exclusive (ZEE) de 200 000 kilomètres carrés en aire marine protégée. De son côté, le Chili a indiqué s’être doté d’une politique de conservation et de gestion durable des océans, par le biais de laquelle il a fait de 43% de ses eaux nationales des zones marines protégées. Point de passage entre les océans Atlantique et Pacifique, le Panama a, quant à lui, relevé qu’en vertu de la Déclaration de Glasgow, adoptée lors de la COP26, les pays du couloir maritime du Pacifique tropical oriental (Équateur, Colombie, Costa Rica et Panama) se sont engagés à créer une réserve biologique transfrontalière sur plus de 500 000 kilomètres carrés.
La pêche et ses formes nuisibles ont également tenu une place centrale dans les prises de parole. Regrettant l’avènement d’une économie fondée sur le profit, qui, selon lui, a abouti à une exploitation effrénée des océans au profit d’une poignée de pays désireux de devenir riches et puissants, Kiribati n’a pas hésité à qualifier de « terrorisme maritime » le fléau que constitue la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. « Nous devons l’éradiquer », a-t-il martelé, rejoint par des pays comme le Canada, le Bénin, la Géorgie et le Venezuela, ce dernier faisant mention d’une loi qui interdit la pêche au chalut de fond et prévoit des mesures de contrôle des navires battant pavillon national et se livrant à des activités de pêche illégales.
Pour lutter plus efficacement contre la pêche illicite, le petit État insulaire en développement (PEID) des Comores a déclaré avoir adhéré à l’Accord relatif aux mesures du ressort de l’État de port. Il a toutefois prévenu que ce dispositif d’inspection serait difficilement applicable par les pays en développement compte tenu de leurs moyens techniques et financiers limités.
De son côté, les Tuvalu ont mis l’accent sur les menaces que font peser les changements climatiques sur les ressources halieutiques, alertant sur une migration vers l’est de sa ZEE des stocks de poissons les plus importants. Ce phénomène risque de déplacer le centre de la pêche hors des ZEE des îles du Pacifique vers la haute mer, a-t-il expliqué, ajoutant qu’il serait « incroyablement injuste qu’un problème auquel nous avons si peu contribué nous fasse perdre nos atouts nationaux les plus précieux ». Il a appelé la communauté internationale à convenir avec le Forum des îles du Pacifique que les limites de leur ZEE ne doivent pas être affectées par l’élévation du niveau de la mer, et que leurs droits sur les stocks de thons dans leurs ZEE existantes doivent être préservés.
La pollution plastique des océans a également mobilisé les délégations, dont un grand nombre ont appelé de leur vœu la concrétisation des négociations décidées en mars dernier, lors de la cinquième Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, en vue d’élaborer d’ici à 2024 un instrument juridique sur cette question. Au plan national, l’Australie a détaillé des mesures sans précédent pour interdire l’exportation de matières plastiques et les investissements dans les infrastructures de recyclage. La République de Corée, qui accueillera en 2023 la septième Conférence internationale sur les déchets marins, s’est, elle, fixé des objectifs ambitieux de suivi du cycle de vie de ses déchets plastiques, Israël s’enorgueillissant d’une réduction des sacs plastiques polluants de 65%.
Sur la même tonalité, Cuba a dit s’employer à développer une économie circulaire afin de permettre un meilleur traitement des déchets et ainsi mieux protéger ses eaux territoriales, un engagement partagé par les États membres de l’Union européenne. Satisfait de l’état de ses mers, comme en attestent la présence de tortues et de dauphins et l’augmentation des stocks halieutiques, Oman a, pour sa part, averti du grave danger que représente la pollution par hydrocarbure, souhaitant l’inclusion de nouveaux critères relatifs à ce phénomène dans l’ODD 14. L’Estonie a pour sa part demandé qu’une attention accrue soit portée aux polluants pharmaceutiques.
Revenant au effets délétères des changements climatiques, le Népal a mis en garde contre la fonte rapide des glaciers de l’Himalaya, qui libèrent de grands volumes d’eau et conduisent à l’élévation du niveau de la mer. Cette situation alarmante nécessite un renforcement des capacités des PEID, des pays les moins avancés (PMA) et des pays en développement sans littoral (PDSL) comme lui, a-t-il plaidé, avant de réclamer des transferts de technologie marine et un partage équitable des avantages tirés des ressources marines. Un appel repris par le Groupe des 77 et de la Chine, qui, rappelant la contribution historique des pays développés à la dégradation des écosystèmes océaniques, les a enjoint à verser 100 milliards de dollars par an pour financer l’action climatique, tout en veillant à atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici à 2050.
La session plénière de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les océans se poursuivra demain matin, jeudi 30 juin, à partir de 10 heures.
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES DE 2022 VISANT À APPUYER LA RÉALISATION DE L’OBJECTIF DE DÉVELOPPEMENT DURABLE NO 14: CONSERVER ET EXPLOITER DE MANIÈRE DURABLE LES OCÉANS, LES MERS ET LES RESSOURCES MARINES AUX FINS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
Suite du débat général
M. GEORGIOS AMYRAS, Ministre adjoint de l’environnement et de l’énergie de la Grèce, a constaté que les pressions environnementales en Méditerranée sont déjà à un niveau alarmant en raison des changements climatiques et de l’augmentation des activités économiques dans des secteurs tels que le tourisme, la pêche, la navigation et l’agriculture, entre autres. Le pays a déjà pris des mesures audacieuses et concrètes à cet égard, notamment en proposant la création d’un centre de recherche européen sur les carburants marins alternatifs et les technologies de décarbonisation du secteur du transport maritime. La Grèce s’est également engagée à établir des zones marines protégées sur 30% de son territoire maritime, alors que la superficie actuelle est d’environ 19%. Le Gouvernement vise aussi à réduire de moitié les déchets plastiques marins et de 30% les microplastiques d’ici à 2030. De même, les autorités entendent réduire l’empreinte environnementale du tourisme, en misant sur un tourisme durable qui mettra davantage l’accent sur les questions de biodiversité, en particulier dans les communautés locales vulnérables, comme les petites îles.
M. LEE JAMES TAYLOR, Ministre des forêts du Gabon, a rappelé que son pays est surtout connu pour ses forêts qui couvrent 88% de sa masse terrestre et font du Gabon le pays au bilan carbone le plus positif au monde. Mais le Gabon compte aussi 850 kilomètres de côtes et 200 000 kilomètres carrés de zone économique exclusive (ZEE), sans oublier les mangroves les plus hautes de la planète, a-t-il ajouté, précisant que 26% de la ZEE ont été transformés en aire marine protégée. Au niveau mondial, nous devons agir face aux changements climatiques qui réchauffent et acidifient les océans et qui rendent les tempêtes plus intenses, a plaidé le Ministre. À ses yeux, la solution viendra de la reconnaissance par la communauté internationale de l’importance cruciale du stockage du carbone dans les océans. Il importe aussi de mettre fin au plus vite au pillage des ressources naturelles des océans, a-t-il ajouté, avant de plaider pour une gestion durable de la pêche, ce qui passe selon lui par l’établissement de 30% de zones protégées d’ici à 2040 et par l’arrêt de la pollution marine. Les pertes et dommages dus à ces fléaux pèsent particulièrement sur les PEID et les États côtiers, a-t-il souligné, appelant les États Membres à travailler ensemble et à réaliser ce qui a été décidé à Paris. Le Gabon y est prêt, a-t-il assuré.
M. RAN AMIR, Directeur de la Division de la protection de l’environnement marin d’Israël, a affirmé que près de 70% de la population de son pays, et une grande partie de ses activités économiques et commerciales, ainsi qu’une partie de ses richesses naturelles, environnementales et culturelles sont concentrées le long des bandes côtières qui s’étendent sur 205 kilomètres, de la Méditerranée à la mer Rouge. Parmi les mesures prises récemment par son gouvernement, il a relevé qu’il y a deux semaines, le Ministre de la protection de l’environnement a débuté le processus de déclaration de la zone maritime de « Palmachim Disturbance », située dans la zone économique exclusive israélienne, comme une aire marine protégée. Ce domaine unique d’une superficie de 450 kilomètres carrés doublera la zone protégée sous la juridiction d’Israël, a précisé le représentant. Il a ensuite salué le succès des initiatives israéliennes de lutte contre la pollution marine et côtière, qui a conduit à la réduction des sacs plastiques polluants de 65%.
M. HOUMED M’SAIDIE, Ministre de l’agriculture, de la pêche, de l’environnement, du tourisme et de l’artisanat des Comores, a averti que son pays, à l’instar de nombreux autres PEID, est « virtuellement en sursis » du fait de la montée du niveau de la mer et des bouleversements induits par des changements climatique pour lesquels il ne porte aucune responsabilité. Pour cette raison, il a formé l’espoir que les engagements pris en février dernier lors du Sommet de Brest sur la préservation des océans seront suivis d’effets concrets et qu’ils rassembleront la communauté internationale autour de cette cause prioritaire. Il a d’autre part attiré l’attention des délégations sur la précarité de la situation des PEID. Outre l’apparition de migrants climatiques, victimes de la montée du niveau de la mer, un nombre croissant d’habitants côtiers et de pêcheurs ne peuvent plus tirer dignement un revenu de leur activité et constatent la réduction des stocks halieutiques ainsi que la croissance exponentielle du plastique dans les océans, a-t-il alerté, souhaitant que ces problématiques apparaissent dans les conclusions de la Conférence de Lisbonne. S’agissant des déchets et de la pollution plastique, le représentant a indiqué que son pays a activement soutenu le principe d’un traité juridiquement contraignant sur ces questions lors de la cinquième Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, qui s’est tenue en mars dernier à Nairobi. De même, il a réitéré l’engagement des Comores à adhérer à l’Accord relatif aux mesures du ressort de l’État de port pour mieux lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Il a toutefois prévenu que cet accord est difficilement applicable par les pays en développement compte tenu de leurs moyens techniques et financiers limités pour mener des inspections.
M. FIDEL SATANA NUNEZ, Ministre adjoint des sciences, de la technologie et de l’environnement de Cuba, a estimé que la gestion des océans devrait constituer une priorité pour la communauté internationale. À titre national, il a indiqué que son pays insulaire est favorable aux modèles de développement durable fondés sur la science. Dans ce cadre, a-t-il précisé, Cuba lutte contre toutes les formes de pollution marine et s’emploie à développer une économie circulaire afin de permettre un meilleur traitement des déchets. Soucieux d’une modulation des obligations conventionnelles des États en fonction des besoins de leur développement, il a d’autre part considéré que la protection de l’environnement doit être alignée sur le principe de responsabilités communes mais différenciées. Il a ajouté qu’en tant que priorité stratégique, les océans sont inscrits dans la Constitution cubaine, laquelle reconnaît une coexistence saine avec l’environnement. Le pays a par ailleurs adopté une loi qui préserve ses eaux intérieures et s’est fixé pour objectif de réduire de 15% l’utilisation des emballages plastiques. Il défend en outre un plan ambitieux destiné à atténuer les effets des changements climatiques, au-delà de ses contributions déterminées au niveau national en 2020. « Il en va de la survie de nos mangroves », a souligné le Ministre, avant de rappeler que son pays, grand partisan de la coopération et du multilatéralisme, mène ses programmes de protection de l’environnement et de transition énergétique en dépit du blocus commerciale et financier que lui imposent les États-Unis.
Le Prince ALBERT II de Monaco a indiqué que sa principauté s’est engagée dans la High Ambition Coalition, visant notamment à atteindre 30% de zones terrestres et marines sous statut protégé d’ici à la fin de la décennie. Il y a tant à faire que l’inaction n’est plus une option, a-t-il souligné. Il a mentionné d’autres initiatives concrètes, dont le Medfund, fonds fiduciaire innovant dont l’objectif est de financer la gestion, le développement et la mise en réseau des aires marines protégées de Méditerranée. Notre ambition est d’allouer, dès 2025, 2,7 millions d’euros à 20 aires marines protégées représentant 7 000 kilomètres carrés, en particulier des aires à protection forte, a-t-il fait savoir. Il a parlé de l’initiative BeMed, ou Beyond Plastic Med, lancée en 2015 par Monaco avec la Fondation Tara Océan, Surfrider Foundation Europe et la Fondation MAVA, pour soutenir des projets de lutte contre la pollution plastique en Méditerranée. Nous soutenons ainsi d’ores et déjà 69 projets dans 14 pays et avons programmé d’allouer 1,3 million d’euros à plus de 70 projets d’ici à 2024, a-t-il indiqué.
Au nom du G77 et la Chine, M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a jugé regrettable que la communauté internationale n’ait pas pris la mesure de l’urgence mondiale des océans. Les niveaux de la mer sont en hausse, l’érosion côtière s’aggrave, la pollution marine augmente, la biodiversité marine décline rapidement et les océans sont plus chauds et plus acides, a-t-il déploré, avant de former le vœu que la Conférence de Lisbonne aboutira à renouveler l’engagement pris d’atteindre toutes les cibles de l’ODD 14 dès que possible. Pour y parvenir, a-t-il énoncé, il importe tout d’abord que des mesures soient prises pour assurer la conservation et l’utilisation durable des océans. Il convient également, selon lui, de faire en sorte que ces actions respectent les principes de la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement, en particulier les principes de responsabilités communes mais différenciées et de capacités respectives. De plus, a ajouté M. Akram, compte tenu de leur contribution historique à la dégradation des écosystèmes océaniques, les pays développés doivent prendre l’initiative de relever les défis auxquels sont confrontés les océans, et cela passe par la mobilisation de moyens de mise en œuvre, tels que le financement, le transfert de technologie et le renforcement des capacités, ainsi que l’amélioration des connaissances scientifiques dans les pays en développement. Enfin, le représentant a appelé les pays développés à honorer les engagements pris dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et l’Accord de Paris, et à verser 100 milliards de dollars par an pour financer l’action climatique, tout en veillant à atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici à 2050.
Mme NINO SHEKRILADZE, Directrice de la Division des Nations Unies au Ministère des affaires étrangères de la Géorgie, s’est inquiétée de l’augmentation exponentielle de la pollution plastique et a salué l’adoption, par l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement d’une résolution historique qui vise à établir un accord juridiquement contraignant d’ici à 2024. Elle a indiqué que son pays lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, en expliquant que des critères ont été mis en place pour encadrer les bateaux opérant sous pavillon géorgien dans les eaux internationales. Les organismes compétents procèdent à des évaluations des stocks de poissons et autres ressources biologiques dans les zones côtières de la mer Noire. Elle s’est dite vivement préoccupée par le blocus par la Russie des ports ukrainiens et ses conséquences pour la sécurité alimentaire mondiale. Elle a condamné l’agression russe contre l’Ukraine et a appuyé la souveraineté de l’Ukraine au sein de ses frontières internationalement reconnues, y compris en Crimée et dans le Donbass.
M. OLIVIERO MONTANAR, Directeur général du Directorat pour le patrimoine naturel et la mer du Ministère de la transition écologique de l’Italie, a déclaré que son pays a toujours été engagé dans la protection et la conservation des mers et des océans, et joue un rôle clef dans le contexte méditerranéen, notamment dans le cadre de sa participation active au Plan d’action pour la Méditerranée du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE/PAM).
En effet, l’Italie est convaincue que la dimension régionale est l’échelle la plus appropriée pour coopérer à la réalisation de l’ODD 14 et de ses cibles. Dans cette perspective, au cours des trois dernières années, l’Italie a mené, avec ses voisins français, espagnols et monégasques, une importante initiative pour la protection internationale des cétacés par la désignation d’une zone maritime particulièrement sensible dans le nord-ouest de la Méditerranée, qui sera soumise à l’Organisation maritime internationale (OMI). Cette initiative intègre la zone marine protégée la plus étendue de la Méditerranée, le sanctuaire Pelagos, et témoigne de l’engagement de longue date de l’Italie en faveur de la protection de l’environnement marin et de sa biodiversité au niveau international.
M. MILCIADES CONCEPCIÓN, Ministre de l’environnement du Panama, a rappelé que, grâce à son ingénierie, son pays a réuni les océans Atlantique et Pacifique par le biais d’un canal, contribuant ainsi à la connexion des activités mondiales. Il a ajouté qu’en tant qu’État maritime, le Panama se sent responsable de la protection des océans et s’emploie à lutter contre la pollution, les changements climatiques et la perte de biodiversité. Il a également été parmi les premiers pays à atteindre l’objectif de 30% de protection de sa surface marine et figure aujourd’hui parmi les trois seuls pays à avoir un taux de carbone négatif. Pour atteindre les cibles fixées dans l’ODD 14, a-t-il indiqué, le Panama a souscrit à la Déclaration conjointe des Amériques pour la protection de l’océan ainsi qu’à la Déclaration de Glasgow, en vertu de laquelle les pays du couloir maritime du Pacifique tropical oriental (Équateur, Colombie, Costa Rica et Panama) s’engagent à créer une réserve biologique transfrontalière sur plus de 500 000 kilomètres carrés. Le Ministre a par ailleurs fait état d’actions telles que la planification de l’espace marin pour gérer l’utilisation durable de ses côtes et du canal de Panama, via des avantages économiques pour les flottes qui améliorent leur empreinte carbone. Il a par ailleurs indiqué que son pays à renforcé sa législation visant à réduire l’utilisation du plastique et est devenu, en mars, le deuxième pays d’Amérique latine à se doter d’une politique nationale sur les océans. Enfin, il a invité les délégations à participer à la conférence « Nos océans » qui se tiendra les 2 et 3 mars 2023 à Panama City.
Mme TANYA PLIBERSEK, Ministre de l’environnement et de l’eau de l’Australie, a indiqué que l’impact des changement climatiques est déjà visible dans son pays, notamment sur les sites patrimoniaux comme la Grande Barrière de Corail. Elle a assuré que son gouvernement comprend l’urgence du défi auquel la planète est confrontée, et fait savoir que l’un de ses premiers actes sera de légiférer un objectif plus ambitieux de réduction des émissions pour 2030, soit 43% en dessous des niveaux de 2005, avec une voie claire pour atteindre zéro émission nette d’ici à 2050. Il n’y a pas d’océan sain sans climat sain, a rappelé la Ministre, pour laquelle l’ambition est notre seule option. Elle a fait savoir que le Gouvernement australien s’est engagé à consacrer près de 1,2 milliard de dollars à la préservation et à la restauration de la Grande Barrière de Corail au cours de la prochaine décennie, un budget qui peut être partagé avec d’autres pays rencontrant les mêmes problèmes. De même, le nouveau Gouvernement australien tient à établir un partenariat profond et mutuellement respectueux avec les pays amis de la région. La Ministre a ainsi promis à tous ceux du Pacifique que l’Australie écoute attentivement ce qu’ils disent et qu’elle est prête à agir, notamment en ce qui concerne la gestion de la pollution plastique en milieu marin. L’Australie prend d’ailleurs des mesures sans précédent pour gérer ce problème chez elle, avec des interdictions d’exportation et des investissements parmi les meilleurs au monde dans les infrastructures de recyclage, a indiqué la Ministre. Le pays collabore également directement avec les pays du Pacifique pour trouver des alternatives aux plastiques à usage unique, partant du constat que ce problème ne peut être réglé qu’en travaillant ensemble et en combinant les connaissances et l’expérience.
M. SONG SANG KEUN, Vice-Ministre des océans et des pêches de la République de Corée, a constaté que l’océan, source de vie de l’humanité, souffre au point de devoir se poser des questions sur sa viabilité. Les déchets dans l’océan représentent quasiment un nouveau continent alors que les réserves halieutiques baissent. On ne peut plus se permettre de progresser aussi lentement vers l’ODD 14, a-t-il lancé. Il a indiqué que la République de Corée s’est fixée une feuille de route ambitieuse pour parvenir non seulement à la neutralité carbone d’ici à 2050 mais à un bilan carbone négatif en mettant à l’échelle ses investissements et en misant davantage sur les énergies renouvelables d’origine marine. De même, elle déploie des mesures pour rendre sa flotte plus verte alors que les nouvelles technologies bleues sont d’ores et déjà appliquées à l’aquaculture.
Le Gouvernement coréen lutte aussi contre la pollution marine et s’est fixé des objectifs ambitieux grâce au suivi du cycle de vie de ses déchets plastiques, a expliqué le Vice-Ministre qui a soutenu l’adoption d’un instrument juridiquement contraignant sur cette question d’ici à 2024 avant de rappeler que la septième Conférence sur les déchets marins aura lieu en République de Corée l’année prochaine. Il a par ailleurs appelé à aider davantage les PEID du Pacifique. C’est ce que fait la République de Corée en les dotant de capacités de traçabilité et d’analyse, a fait savoir le Vice-Ministre qui a souligné que la solidarité et la coopération sont les éléments fondamentaux du succès des efforts pour sauver les océans.
M. MERVIN ENRIQUE MALDONADO URDANETA, Vice-Président sectoriel pour la socialisme social et territorial et Ministre du Pouvoir du peuple pour la jeunesse et les sports du Venezuela, a indiqué que pour son pays, les océans constituent des éléments stratégiques qui pèsent, entre autres, sur les questions démographiques, industrielles et touristiques. À l’échelle du pays, le plan national de développement est complété par une loi qui permet le déploiement de programmes visant à protéger et gérer les ressources hydrobiologiques, a indiqué le Vice-Ministre. De plus, une autre loi interdit la pêche au chalut de fond et prévoit des mesures de contrôle de navires battant pavillon national et se livrant à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Ce type de pêche nuisible menace la vie marine et la réalisation de l’ODD 14, a-t-il mis en garde. Il a par ailleurs relevé que son pays est sous le coup de mesures coercitives unilatérales, qui prennent la forme d’un embargo commercial et financier « contraire au droit international » et dont il a exigé la levée.
Mme MAISA ROJAS, Ministre de l’environnement du Chili, a noté que les océans fournissent chaque année des services d’une valeur ajoutée de 2 500 milliards de dollars et assurent la subsistance de milliards de personnes dans le monde. Mais ces mêmes océans pourraient nous apporter plus encore si nous les gérions de manière durable, a estimé la Ministre, précisant que son pays œuvre à une transition permettant de protéger les zones océaniques tout en créant des emplois, en assurant la sécurité alimentaire et en contribuant à la réduction du carbone. Pour cela, le Chili s’est doté d’une politique de conservation et gestion durable des océans, par le biais de laquelle il a fait de 43% de ses eaux nationales des zones marines protégées. Dans le même esprit, il a lancé cette année une campagne scientifique destinée à améliorer la gestion des ressources dans les îles chiliennes et compte déclarer prochainement de nouvelles zones marines protégées. La Ministre a d’autre part indiqué que, dans le cadre du dernier Sommet des Amériques, une coalition régionale a été mise sur pied pour garantir la protection des océans. Il s’agit de collaborer entre pays voisins pour la gestion des zones marines protégées et des routes migratoires, a-t-elle expliqué. Enfin, après avoir évoqué un programme d’économie bleue durable en phase de mise en œuvre, elle a appelé de ses vœux des négociations couronnées de succès dans l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur la préservation de la diversité marine des zones ne relevant pas des juridictions nationales, estimant qu’un tel traité aurait des retombées positives pour la protection de la haute mer.
M. MOHAMMEDALI QURBAN, Directeur du Centre national pour la nature de l’Arabie saoudite, a dit que son pays a créé en 2016 un Ministère de l’eau et de l’environnement, ainsi que cinq centres pour la gestion des déchets et la lutte contre la désertification. Il a mentionné l’initiative « Moyen-Orient vert » visant à augmenter la superficie des zones protégées dans la région, ainsi que le programme pour la protection des coraux. En conclusion, le délégué a souligné la détermination de son pays à réaliser l’ODD 14, insistant sur l’importance d’actions de protection fondées sur la science.
M. ABDULLAH ALI ABDULLAH AL AMRI, Président de l’autorité environnementale d’Oman, a indiqué que les catastrophes croissantes sont l’instinct manifesté par la nature pour recouvrer sa stabilité. Il a détaillé le plan de protection environnementale « Oman 2040 », avec la création de 12 aires marines protégées, la conduite de projets d’aquaculture et de pisciculture, l’interdiction de sacs plastiques à usage unique et la préservation de ressources halieutiques. Il a indiqué que la situation est satisfaisante s’agissant des mers d’Oman, comme le montrent la présence de tortues et de dauphins et l’augmentation des stocks halieutiques. Enfin, il a souligné le grave danger que représente la pollution par hydrocarbure, souhaitant l’inclusion de nouveaux critères relatifs à ce phénomène au sein de l’ODD 14.
M. RAKOTOSOA RADO AIMÉ, Directeur général de l’économie bleue de Madagascar, a souligné l’importance des questions relatives aux océans pour son gouvernement, comme en témoigne la mise en place d’un ministère en charge de l’économie bleue et de la gouvernance de l’océan en août 2021. Son pays est convaincu que l’océan, grâce à une exploitation économique durable et socialement acceptable, peut fournir des emplois décents et contribuer à l’autosuffisance alimentaire, a-t-il dit. Madagascar est prêt à développer une planification spatiale marine acceptée par les communautés de base et les autorités locales, afin d’en faire un outil essentiel et indispensable pour garantir la préservation de la santé de l’océan et promouvoir l’économie bleue, a-t-il expliqué. Le représentant a donc sollicité l’appui de tous les pays, partenaires et donateurs qui seraient prêts à soutenir la mise en œuvre du programme de développement de l’économie bleue nationale, a-t-il plaidé.
M. TAPUGAO FALEFOU, Secrétaire du Gouvernement des Tuvalu, a expliqué que son peuple croit aux concepts de kaitasi, ou propriété partagée, et de fale-pili, ou de bon voisinage, ce qui signifie qu’il assume la responsabilité de partager et de prendre soin de l’océan. Tous les pays du monde doivent partager la bonne gestion de l’océan, mais malheureusement, l’océan est confronté à de terribles dommages causés par l’homme. L’élévation du niveau de la mer due au réchauffement climatique, en particulier, signifie désormais que l’océan qui nous a toujours soutenus menace désormais la survie de nos communautés et même l’existence de notre île natale, a déploré M. Falefou soulignant l’urgence qu’il y a à ralentir les changements climatiques et sauver les océans.
Actuellement, les changements climatiques menacent déjà les lignes de base de la zone économique exclusive (ZEE) des Tuvalu et provoquent un déplacement vers l’Est des stocks de poissons les plus importants, ce qui devrait déplacer le centre de la pêche hors des ZEE des îles du Pacifique vers la haute mer, a-t-il expliqué ajoutant qu’il serait incroyablement injuste qu’un problème, « auquel nous avons si peu contribué, nous fasse perdre nos atouts nationaux les plus précieux ». Il a appelé la communauté internationale à convenir avec le Forum des îles du Pacifique que les limites de leur ZEE ne doivent pas être affectées ou modifiées par l’élévation du niveau de la mer, et que leurs droits sur les stocks de thons dans leurs ZEE existantes doivent être préservés. Il a souligné que les Tuvalu entendent assurer la gestion durable de l’ensemble de leurs eaux, toutefois il ne voit aucun intérêt à fixer un pourcentage arbitraire de ZEE en haute mer pour la pêche commerciale, les stocks de poissons et les flottes qui les pêchent étant de grands migrateurs.
M. EYYÜP KAHRAMAN, Directeur général de la gestion environnementale de la Türkiye, a fait valoir que son pays a placé sous protection 1,5 million d’hectares de zones marines afin d’assurer la durabilité de la biodiversité marine et côtière en Türkiye. Nous avons également terminé les études sur la biodiversité marine et côtière de 16 zones de protection environnementale spéciale. Dans le cadre de notre programme national de surveillance maritime, nous surveillons les caractéristiques physico-chimiques de la mer et des eaux côtières, les niveaux de pollution, les herbiers marins, la biodiversité des fonds marins et la pêche économique grâce à notre réseau de surveillance qui compte 423 stations, a indiqué le représentant. À cet égard, il a salué la décision d’entamer des négociations sur un accord mondial visant à mettre fin à la pollution plastique, prise lors de la réunion de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement qui s’est tenue en mars. Selon lui, le langage utilisé concernant la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer dans la déclaration politique et l’objectif de développement durable no 14 reflète un équilibre délicat. « Nous pensons que cette convention constitue une base solide pour que tous les États et les parties prenantes travaillent ensemble afin d’atteindre l’ODD 14. Je tiens cependant à préciser que les références aux instruments internationaux figurant dans la déclaration politique et auxquels notre pays n’est pas partie ne doivent pas être interprétées comme un changement de la position juridique de la Türkiye », a ajouté le représentant.
M. LUIS VAYAS, Vice-Ministre de la mobilité humaine de l’Équateur, a dénoncé la surpêche, la pollution marine, y compris plastique, « au point d’en arriver quasiment à un point de non-retour ». Cette crise mondiale qui frappe les océans s’inscrit dans une crise environnementale plus large, qui exige des réponses urgentes, a-t-il souligné. Préserver l’écosystème marin fait partie des politiques publiques de l’Équateur, et la réserve marine des Galapagos figure pami les 10 plus grandes au monde et est reconnue comme patrimoine de l’humanité, a-t-il rappelé. Lors de la COP26, le Président équatorien a annoncé la création d’une réserve marine supplémentaire aux Galapagos afin de lutter pour la préservation de la biodiversité marine. En outre, il a signé un accord de coopération et d’assistance technique avec l’UE et d’autres acteurs pertinents à cet effet. La déclaration des Amériques pour les océans, dont l’Équateur fait partie, a pour objectif de parvenir à une plus grande connectivité écologique pour l’océan Pacifique, a indiqué le délégué. Fort de sa volonté de déployer plus de mesures concrètes pour la mise en œuvre de l’objectif de développement durable no 14, son pays soutient un instrument juridiquement contraignant sur la pollution plastique et un futur traité sur l’exploitation en haute mer. Il a ajouté que son gouvernement souhaite faire de la question des océans une thématique transversale de nature à être abordée dans toutes les enceintes appropriées.
Mme SEWA LAMSAL, Représentante du Ministère des affaires étrangères du Népal, a fait observer que, grâce à l’Himalaya, son pays montagneux est relié aux océans à travers l’hydrographie et le cycle hydrologique. Bien que le Népal soit un pays enclavé, les océans et les mers sont vitales pour notre commerce international et notre développement économique, a-t-elle souligné. Elle a cependant averti que le réchauffement climatique entraîne la fonte rapide des glaciers de l’Himalaya et l’explosion des lacs glaciaires, libérant de grands volumes d’eau qui conduisent à des inondations et à des glissements de terrain, mais aussi à l’élévation du niveau de la mer. Dans ce contexte, elle a souligné la nécessité du renforcement des capacités, du transfert de technologie marine et du partage équitable des avantages tirés des ressources marines entre les États Membres, en particulier les PEID, les pays les moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral (PDSL). Elle a appelé les pays développés à prendre l’initiative de s’attaquer aux défis climatiques en aidant le monde en développement à mettre en œuvre les ODD, notamment l’ODD 14. Elle a souhaité que cette conférence donne lieu à des engagements renouvelés, accompagnés de ressources prévisibles, pour la conservation des océans et leur utilisation durable.
M. ZACHARIE SOHOU, Directeur de l’Institut de recherches halieutiques et océanologiques du Bénin, a rappelé que son pays, situé dans le golfe de Guinée, compte 125 kilomètres de côtes et est partie à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Nous ne pouvons donc rester en marge de l’initiative mondiale qui vise à préserver les océans et les écosystèmes marins et côtiers, a-t-il dit, avant de détailler les efforts menés à cette fin par son gouvernement. Il a ainsi précisé que le Ministère du cadre de vie et du développement durable s’occupe de la gestion de l’environnement marin et côtier et que le Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche se charge des ressources marines vivantes. Parallèlement, le Ministère des infrastructures et des transports traite de la navigation et de l’économie maritimes, tandis que celui de la défense supervise la sécurité et la sûreté maritimes et que le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique suit les recherches en sciences marines et de la formation de spécialistes. Il s’agit notamment de gérer les stocks de poissons marins, d’évaluer l’érosion côtière et de créer deux aires marines protégées, a précisé le responsable. Dans ce cadre, a-t-il poursuivi, le Bénin élabore actuellement sa stratégie nationale de développement de l’économie bleue, laquelle est prise en compte dans le plan national de développement 2018-2025. Il a enfin indiqué que son gouvernement accorde une attention particulière à l’écotourisme balnéaire, tout en luttant contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée afin de préserver les ressources marines béninoises et ainsi garantir la sécurité alimentaire de la population.
M. TALIB ALSAAD, Vice-Ministre des transports de l’Iraq, a mis l’accent sur les fléaux dont souffrent les océans, en particulier la pollution plastique. Si nous n’agissons pas collectivement face aux déchets déversés dans les océans, le poids du plastique sera supérieur d’ici à 2050 à celui des poissons, a-t-il averti, avant de réitérer son appui à la résolution adoptée en mars dernier, lors de la cinquième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, qui vise à mettre fin à la pollution plastique et à rédiger un traité sur cette question d’ici à 2024. Il faut que nous agissions à l’unisson pour protéger les océans et déployer une vision environnementale soutenue, a plaidé le Ministre, ajoutant que son pays y contribue au travers de différentes mesures et législations, dont une loi qui sera prochainement promulguée sur la sûreté de la navigation. Souhaitant que la Conférence de Lisbonne permette de conforter les engagements pris lors du sommet organisé en février à Brest sur la préservation des océans, il a assuré que l’Iraq soutient les initiatives destinées à renforcer les 17 ODD à l’horizon 2030.
M. LUIS PLANAS PUCHADES, Ministre des pêcheries, de l’agriculture, de l’alimentation et des affaires environnementales de l’Espagne, a rappelé que son pays dispose de 10 000 kilomètres de côtes et entretient un lien fondamental avec l’océan. La pêche durable est cruciale pour réaliser le Programme 2030, a-t-il souligné, en appelant à lutter contre la surpêche et la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Il a appelé à mieux comprendre les conséquences des changements climatiques sur les océans. Il a insisté sur le rôle pionnier joué par son pays dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, avant de saluer l’accord récent conclu sur la pêche au sein de l’OMC. Il a enfin souligné l’importance des négociations en cours sur la pollution plastique.
Après avoir condamné l’agression de la Russie contre l’Ukraine, M. ANTTI TOOMING, Secrétaire général adjoint au Ministère de l’environnement de l’Estonie, a indiqué que les mers sont au cœur de l’identité nationale estonienne, en soulignant la volonté de son pays pour étendre la superficie des aires marines protégées. Il a mentionné le programme de recherches marines conduit par son pays, avant d’insister sur l’acuité de la menace posée par la pollution marine. Il a demandé qu’une attention accrue soit portée aux polluants pharmaceutiques. Un petit pays comme le mien peut faire beaucoup, même si cela ne suffira pas, a-t-il déclaré. Enfin, il a appelé à s’interroger sur ce que sont les besoins des océans et sur la manière dont il est possible de préserver leur santé.
M. MATTHEW SAMUDA, du Ministère de la croissance économique et de la création d’emplois de la Jamaïque, s’est félicité, en tant que représentant d’un PEID et d’un « grand État des océans » de la tenue de cette conférence onusienne sur la conservation et la gestion durable des océans. Rappelant à son tour que l’humanité dépend des océans pour sa survie, il s’est déclaré préoccupé par l’impact des changements climatiques sur leur santé. En Jamaïque, a-t-il témoigné, l’élévation du niveau de la mer a déjà causé beaucoup d’érosion sur nos côtes. Dans l’est de l’île, une plage n’existe plus et l’acidification de l’eau met en péril les coraux et les mangroves. Il est donc indispensable, selon lui, de plaider pour diminution mondiale des gaz à effet de serre afin de rester en deçà du seuil de 1,5 degré. À cette fin, le Gouvernement jamaïcain a fait adopter une loi sur les changements climatiques et s’est également engagé à augmenter ses aires marines protégées de 5%, des efforts étant actuellement menés pour leur donner une forme définitive, a-t-il précisé. La Jamaïque, qui est membre de la Coalition pour de hautes ambitions, souhaite réaliser les ODD d’ici à 2030, c’est-à-dire en temps voulu. À cette fin, elle prévoit de compléter ses processus océaniques pour faire de 10% de sa zone économique exclusive une zone protégée d’ici à la fin de la décennie. Le pays a aussi mis en œuvre une législation pour l’interdiction des emballages plastiques à usage unique. L’objectif est de ne plus permettre qu’ils soient déversés dans les océans, a indiqué le Ministre, qui a fait état de la promulgation prochaine d’une autre loi destinée à éviter que d’autres détritus soient jetés dans les océans, un texte élaboré avec l’aide de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui surveille les zones précédemment utilisées comme sites nucléaires. Le Ministre a par ailleurs indiqué que son pays travaille à des programmes de restauration des écosystèmes marins et des mangroves.
Mme SARANYA HASANTHI URUGODAWATTE DISSANAYAKE, Secrétaire adjointe des affaires océaniques, de l’environnement, des changements climatiques au Ministère des affaires étrangères de Sri Lanka, a réitéré l’importance des océans en tant qu’élément essentiel à la survie même de l’humanité, avant de rappeler que son pays est pionnier en Asie pour le développement d’un cadre national pour la protection et la résilience des câbles sous-marins. Sri Lanka, a-t-elle dit, a l’honneur de diriger le Groupe d’action sur les écosystèmes de mangrove et les moyens de subsistance (MELAG) dans le cadre de la Charte bleue du Commonwealth. En outre, en mai 2022, son gouvernement a pris l’initiative de se porter coauteur de la résolution des Nations Unies visant à déclarer le 1er mars comme Journée mondiale des prairies marines.
Par ailleurs, Sri Lanka a approuvé l’Alliance mondiale pour les océans: Initiative 30x30. Afin de remplir les engagements liés à cette initiative, il a, entre autres, entamé le processus de formulation d’une planification de l’espace marin englobant la conservation marine, l’exploration et l’utilisation durable des ressources marines, la pêche, le tourisme, la navigation, les énergies renouvelables en mer et la sécurité nationale de manière holistique. Dans le cadre de la planification de l’espace marin, le processus de déclaration des zones de gestion des pêches (ZGP) a commencé. « La déclaration créerait une zone gérée de 32 550 kilomètres carrés, ce qui correspond à 6,30% de la zone économique exclusive de Sri Lanka », s’est enorgueillie le déléguée.
Elle a ensuite évoqué la catastrophe écologique provoquée au large de Colombo par le naufrage du cargo MV X-Press Pearl, avec une cargaison de 1 486 conteneurs, dont 81 de produits dangereux. Alors que le problème central reste en grande partie incertain et non résolu, le représentant a réitéré les nombreux défis que son pays a dû relever pour consolider une équipe conjointe afin de contrer efficacement la menace de la catastrophe. « Il est donc de la plus haute importance que les systèmes soient renforcés pour assurer un transport maritime sûr, durable et responsable. Sri Lanka a subi les conséquences de l’absence d’un mécanisme international de réponse aux catastrophes et de modalités d’indemnisation. Par conséquent, nous appelons à des délibérations urgentes pour établir un tel mécanisme, couvrant tous les aspects des catastrophes maritimes, en particulier concernant la récupération des dommages environnementaux », a-t-elle plaidé.
Mme CHARLINA VITCHEV, Directrice générale à la Direction générale des affaires maritimes et de la pêche de la Commission européenne, a commencé par faire part de sa solidarité avec le peuple ukrainien, victime d’une agression non provoquée de la Fédération de Russie. Elle a ensuite déclaré qu’après le cri d’alarme lancé en 2017 lors de la première Conférence des Nations Unies sur les océans, il faut cette fois parler d’une action urgente. En effet, malgré les mesures prises ces dernières années, la santé des océans ne s’est pas améliorée et des tendance négatives persistent en raison d’activités mal gérées. « Nos citoyens nous demandent d’agir et nous ne pouvons ignorer cet appel », a insisté la représentante. Il est donc crucial que des promesses sans équivoque soient faites et tenues par toutes les parties prenantes, car la survie de millions de personnes en dépend, a-t-elle insisté. Selon elle, des solutions existent pour réaliser l’ODD 14 d’ici à 2030, mais elles exigent des transformations et des investissements structurels majeurs ainsi qu’un changement de mentalité et beaucoup de volonté politique. Au sein de l’Union européenne (UE), a précisé la Directrice, nous soutenons l’économie circulaire et l’interdiction de l’usage des plastiques à usage unique. Nous nous sommes également engagés à réduire de 55% nos émissions de CO2 d’ici à 2030 et nous avons adopté une politique de tolérance zéro à l’égard de toute pêche illicite. Nous sommes également actifs dans les domaines de la protection de la biodiversité en haute mer et de la préservation des espaces côtiers, a-t-elle poursuivi, avant d’annoncer la présentation par l’UE de 50 engagements volontaires supplémentaires. D’un montant de 7 milliards d’euros, ces engagements vont bien au-delà des pays européens et démontrent notre détermination à aider les pays partenaires à réduire les pressions sur les océans, a-t-elle indiqué.
Mme FERIA CELIA ANNA (Philippines) a dit attendre de cette deuxième Conférence des Nations Unies sur les océans qu’elle permette de déterminer s’il reste un moyen de restaurer les systèmes écosystémiques essentiels tels que le stockage du carbone, la génération d’oxygène, les habitats pour la vie marine et la protection du littoral. Elle a souligné qu’en tant qu’État archipel et maritime, son pays a lié son sort à celui des océans. Les Philippines sont ainsi confrontées à au moins une dizaine de typhons destructeurs par an, avec un impact plus prononcé en raison des changements climatiques, a-t-elle rappelé, avant d’évoquer la question des déchets marins et de la pollution plastique qui sont un problème mondial nécessitant selon elle une approche multidisciplinaire et globale. Pour y remédier, les Philippines ont adopté en 2021 un plan d’action national pour la prévention, la réduction et la gestion des déchets marins, avec pour objectif « zéro déchet dans les eaux nationales d’ici à 2040 ». La représentante a par ailleurs indiqué que son pays est partie à l’Accord des Nations Unies sur les stocks de poissons de 1995 et, à ce titre, soutient une approche écosystémique de la pêche pour contribuer à une production durable. Dans ce cadre, les Philippines ont établi des zones de gestion des pêches, mis en œuvre des mesures de surveillance des navires et des systèmes de déclaration pour les bateaux de pêche commerciaux battant pavillon philippin. Elle a encore précisé que parmi les engagements volontaires pris par son pays en 2017 figurent trois programmes centrés sur la gestion durable des ressources halieutiques dans les zones côtières, l’évaluation des stocks de poissons et la gestion des écosystèmes côtiers et marins.
Mme FATOUMATA BINTOU RASSOUL CORREA (Sénégal) a noté que l’utilité des océans contraste avec l’état des lieux alarmant dressé par certaines organisations: entre 19 et 23 millions de tonnes de plastiques déversées dans les océans chaque année, selon le World Wildlife Fund (WWF), et environ 6% des poissons menacés d’extinction, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (UICN). De plus, 13 à 15% des plages de sable sont exposées à une érosion sévère d’ici à 2050 et seulement 2,8% de la surface de l’océan est aujourd’hui protégée des effets de la pêche. « C’est peu et insuffisant », a-t-elle estimé, appelant à redoubler d’efforts pour inverser la tendance. Avec ses 700 kilomètres de côtes, dont 95% sont constituées de vasières à mangroves et de sable, le Sénégal s’est efforcé ces dernières années de préserver ses écosystèmes fragiles en créant 12 aires marines protégées et en restaurant les écosystèmes dégradés par l’immersion de récifs artificiels et le reboisement de la mangrove. La représentante a également fait état de la restauration des plages de Saly, sur la Petite Côte, avec des effets bénéfiques sur le tourisme, ainsi que du renforcement de l’arsenal juridique et institutionnel pour la protection des écosystèmes côtiers et marins. Après la loi interdisant les sachets plastiques, le Sénégal prépare aussi une législation pour la protection du littoral, a-t-elle ajouté, non sans relever que des défis majeurs subsistent, notamment la dépollution de la baie de Hann, qui est la deuxième plus grande au monde. Les océans et les mers sont liés, ce qui se passe dans le Pacifique entraîne des répercussions dans l’Atlantique, a-t-elle averti en conclusion, en rappelant que son pays a accueilli en mai la première réunion du Groupe de travail à composition non limitée préparant les négociations intergouvernementales relatives à un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique.
M. TEBURORO TITO (Kiribati) a déclaré que son pays est composé à 99,9% d’eau et vit selon les préceptes des ancêtres qui recommandent de ne pas prendre à la nature plus que ce qui est nécessaire. À l’époque, les ressources étaient supérieures aux besoins, a-t-il dit. Le représentant a regretté l’avènement d’une économie fondée sur le profit qui a abouti à une exploitation effrénée des océans au profit d’une poignée de pays qui veulent devenir riches et puissants. Il a dénoncé le fléau que constitue la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, véritable « terrorisme maritime ». Nous devons l’éradiquer, a-t-il déclaré. Le délégué a annoncé la récente signature de l’Accord de Nauru par plusieurs pays de la région Pacifique sur la pêche du thon. Enfin, il s’est félicité de la résilience des récifs de coraux dans les eaux de son pays, avant de conclure son intervention par une chanson composée par ses soins sur « le bonheur de la grande famille de Dieu. »
M. MORTEZA DAMANPAK JAMI (République islamique d’Iran) a souligné que des actions fondées sur la science sont essentielles pour surmonter les défis liés à la protection des océans et a appelé à redoubler d’efforts pour renforcer la recherche scientifique marine et le transfert de capacités. Il a ensuite indiqué que la présence de forces militaires étrangères dans le golfe Persique représente une grave menace pour la durabilité de ces eaux, notamment en raison de la pollution. Couplée aux mesures coercitives unilatérales, cette présence nuisible entrave la possibilité d’agir pour répondre aux défis environnementaux dans la région, s’est-il inquiété. Il a indiqué que l’Iran a proposé un mécanisme régional reposant sur le partage d’informations, de données et de recherches pour protéger l’écosystème, l’environnement, les ressources et la biodiversité du golfe Persique. Le pays a également établi un centre régional d’éducation et de recherche sur l’océanographie en Asie occidentale et est prêt à établir un cadre similaire pour appuyer la coopération scientifique entre les pays du golfe Persique et de la mer Caspienne. Le représentant a par ailleurs fait part de la participation de son gouvernement aux négociations sur des accords juridiquement contraignants concernant, respectivement, la pollution plastique et la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, tout en soulignant que cet engagement ne modifie en rien sa position vis-à-vis de la Convention sur le droit de la mer.
Mme KATHY GRAHAM, Directrice générale de la planification et la conservation marine du Canada, a déclaré que son pays a récupéré 70 millions de tonnes de déchets, ainsi que 1 300 tonnes d’engins abandonnés. Ces engins ont notamment été recyclés avec l’appui des communautés autochtones. Elle a souligné l’engagement de son pays en faveur de l’économie bleue, avant d’annoncer 20 nouveaux engagements volontaires pris par son pays lors de cette conférence, notamment en ce qui concerne la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée et la création de refuges marins le long de la côte sud-est du Canada.
M. CONRAD BRUCH (Luxembourg) a souligné le lien entre l’effondrement des stocks halieutiques dans le golfe de Guinée et la crise migratoire en Europe. Il est impératif, a-t-il dit, de garantir la durabilité des investissements dans l’économe bleue, a-t-il dit. Il a mentionné l’assistance apportée par son pays aux chefs d’entreprise souhaitant investir dans l’économe bleue et s’est dit en faveur d’un moratoire sur l’extraction minière sous-marine, en raison de ses effets dévastateurs. Enfin, le représentant a appuyé un moratoire sur la chasse aux cétacés et précisé que le Luxembourg appuie un projet de conservation des tortues le long des côtes du Sénégal.
M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a dit attendre avec impatience un accord sur l’ambitieux instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale. Par ailleurs, en tant que membre du Groupe d’Amis de New York pour la lutte contre la pollution marine par les plastiques, la Lettonie soutient aussi fermement l’adoption de mesures visant à réduire ce type de pollution. Aussi le représentant s’est-il félicité de la décision de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement de commencer à plancher sur l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique.
Dans quelques jours, la Lettonie, a annoncé le délégué, aura l’honneur de prendre, pour les deux prochaines années, la présidence tournante de la Commission d’Helsinki (HELCOM), avec pour priorité la mise en œuvre du plan d’action actualisé pour la mer Baltique (2021). « Il s’agit d’un plan stratégique fondé sur des données scientifiques et orienté vers l’avenir jusqu’en 2030, qui contient environ 200 mesures visant à réaliser un état écologique marin viable de la mer Baltique », s’est-il félicité. Il s’attaque à des problèmes tels que la quantité croissante de déchets marins, tant macroscopiques que microscopiques, la propagation d’espèces exotiques et les effets des changements climatiques, a expliqué M. Pildegovičs. Et au niveau national, la Stratégie de développement durable de la Lettonie jusqu’en 2030 déclare que la préservation, l’augmentation et l’utilisation durable du « capital naturel » sont l’un de nos principaux objectifs, a ajouté le représentant.
M. JEEM LIPPWE (États fédérés de Micronésie) a parié que ses ancêtres ou le navigateur portugais Magellan ne reconnaîtraient pas l’océan Pacifique s’ils revenaient sur Terre aujourd’hui. Notre océan est sous pression sur plusieurs fronts, a-t-il affirmé en évoquant les effets néfastes des changements climatiques, l’acidification des océans et d’autres facteurs mettant en péril le développement durable. Il a dit attendre avec impatience la finalisation d’un accord international juridiquement contraignant portant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones se trouvant au-delà des juridictions nationales. Il a expliqué que dans les États fédérés de Micronésie, la question des épaves de navires coulées pendant la Seconde Guerre mondiale est cruciale. Ces navires laissent échapper du carburant dans les eaux et détiennent toujours des munitions non explosées. Le représentant a enfin rappelé que dans l’optique de la conservation des ressources marines, la science et les savoirs traditionnels se complètent.
Mme YASMINE FOUAD, Ministre de l’environnement de l’Égypte, a évoqué les projet écologiquement sains mis en œuvre par son gouvernement, notamment l’élaboration d’une feuille de route sur les changements climatiques après 2020. Elle a annoncé qu’une journée sera consacré à l’eau au cours de la COP27 prévue à Charm el-Cheikh en novembre prochain. La rencontre de novembre sera cruciale pour les générations futures, a-t-elle souligné.
Mgr IVO SCAPOLO, du Saint-Siège, a déclaré que la protection de l’environnement doit être une priorité pour la communauté internationale. Il a estimé que la dégradation des écosystèmes marins est due à un comportement irresponsable des hommes. La nature n’est pas une entité séparée des humains, ces derniers en font partie et doivent donc la préserver, a-t-il souligné. Il a indiqué que l’épuisement des stocks de poissons touchent particulièrement les plus démunis, relevant en outre que le déplacement forcé de communautés côtières pourrait déboucher sur la perte de leur identité et leur culture. Les partenariats sont donc fondamentaux pour préserver les ressources marines, a dit l’observateur, avant d’insister sur la coopération avec la société civile.
Mme INNA OHNIVETS (Ukraine) a déclaré que l’invasion à grande échelle de son pays par la Fédération de Russie constitue une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international maritime et humanitaire, de la sécurité environnementale et nucléaire, et de la sécurité alimentaire. Des centaines de missiles ont été tirés depuis des navires de guerre russes, qui paralysent la navigation dans la mer Noire et la mer d’Azov, a-t-elle dénoncé. Les envahisseurs russes détruisent notre patrimoine naturel et font preuve d’un manque de respect flagrant pour l’environnement, a-t-il dénoncé, en les accusant d’utiliser des mines marines en mer Noire pour dissimuler ses activités illégales, en violation du droit maritime et humanitaire international, et pour échapper à leurs responsabilités en matière de crimes de guerre et de piraterie.
« Le trafic maritime à partir de tous les ports ukrainiens de la mer Noire et de la mer d’Azov reste bloqué en raison de la menace d’attaques de la marine russe, de la capture de navires ou de la détonation de mines marines », a poursuivi Mme Ohnivets. Selon les employés du parc naturel national des estuaires de Tuzla, depuis le début de l’invasion de son pays à grande échelle, la zone protégée est devenue à haut risque. La situation en matière de pollution de l’environnement marin s’est également aggravée avec la guerre en raison des bombardements massifs de navires, du port et d’autres infrastructures critiques, situées à terre. Les bombardements réguliers du port de Marioupol lui-même et de l’usine métallurgique « Azovstal » ont entraîné le déversement de dizaines de milliers de tonnes de solution de sulfure d’hydrogène dans la mer d’Azov après les bombardements massifs. Cette fuite chimique pourrait provoquer une extinction complète de la flore et de la faune de la mer d’Azov, s’est-elle alarmée. En outre, la composition chimique de l’eau de mer se détériore en raison des déversements de pétrole et d’autres substances nocives, ces substances dangereuses étant également susceptibles de se retrouver en mer Méditerranée.
Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a soutenu la « cause des océans » et plaidé pour une approche holistique en vue de leur protection. Elle a jugé fondamentale la réalisation de l’ODD 14 et demandé la pleine application de la Convention sur le droit de la mer, relevant cependant que le principal obstacle à ladite application est le manque de coopération et l’insuffisance des capacités. Elle a plaidé pour le respect des droits découlant de cette convention, de même que pour des transferts de technologie en vue du renforcement des capacités. Elle a également insisté sur l’importance de filets de pêche biodégradables avant d’annoncer que l’action climatique sera au cœur du mandat de son pays lorsqu’il fera son entrée au Conseil de sécurité en 2023.
Le représentant de la Tunisie a demandé que les promesses faites en matière de défense de l’environnement soient honorées, selon le principe de responsabilités communes mais différenciées. Il a plaidé pour des solutions basées sur la science et souhaité le renforcement des capacités qui en ont le besoin. Il a également souligné la vulnérabilité de la Méditerranée et appelé à la restauration des écosystèmes dégradés. De son côté, la Tunisie œuvre pour nettoyer ses côtes des déchets plastiques. Enfin, il a souligné la nécessité de réaliser l’ODD 14, en appelant à la mobilisation des ressources nécessaires.
M. LANG YABOU (Gambie) a relevé que la pêche illicite, non déclarée et non réglementée à proximité et de la zone économique exclusive (ZEE) de la Gambie doit être prise en compte dans les efforts nationaux de mise en œuvre de l’ODD 14. Nos pêcheries et nos ressources en eau sont menacées par l’augmentation de la pollution marine, y compris les microplastiques et le réchauffement climatique, s’est-il désolé. Il a rappelé l’importance de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, avant d’appeler de ses vœux à un accord international juridiquement contraignant sur la protection de la biodiversité marine ne relevant pas des juridictions nationales.
Mme BLAŽKA KEPIC (Slovénie) a déclaré que son pays s’est engagé à protéger et à conserver au moins 30% des zones terrestres et au moins 30% des zones maritimes mondiales d’ici à 2030, un objectif que l’Union européenne (UE) soutient fermement. « Cependant, nous pouvons également atteindre cet objectif dans la région grâce à la mise en œuvre de notre stratégie régionale et de nos mesures de conservation », a-t-elle estimé, en plaidant pour un programme ambitieux en matière de changements climatiques pour la COP27. Consciente que l’établissement d’une responsabilité et d’une compensation pour les pertes et dommages causés par les changements climatiques est un objectif de longue date pour les pays les moins avancés, la Slovénie contribue au fonds qui leur est réservé par le Fonds pour l’environnement mondial, a précisé le représentant.
Compte tenu du risque élevé d’une extinction des espèces marines dans nos océans, la Slovénie soutient pleinement l’instrument juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale (BBNJ), a-t-elle également relevé. Le renforcement des mécanismes de coopération, l’échange de connaissances et de pratiques optimales dans tous les domaines pertinents se sont avérés des outils efficaces, a rappelé la déléguée, pour qui un bon exemple de coopération transfrontalière est l’établissement de synergies entre la stratégie de l’UE pour la région de l’Adriatique et de la mer Ionienne et la Convention de Barcelone.
M. KRZYSZTOF SZCZERSKI (Pologne) a appelé la communauté internationale à développer conjointement des outils internationaux efficaces qui contribueront à la gestion et conservation des ressources aquatiques et maritimes, ainsi qu’à l’avènement d’une économie bleue durable et d’un environnement maritime sain et propre. En tant que signataire de la Convention de Helsinki, la Pologne contribue à des solutions régionales pour lutter contre la pollution maritime et répondre aux changements climatiques. Une des priorités du Gouvernement polonais est le développement d’une méthodologie pour éliminer les contaminants militaires submergés après la Seconde Guerre mondiale en mer Baltique, tout en tenant compte de la spécificité de ce site. En outre, le Gouvernement polonais a des plans ambitieux pour le développement de l’énergie éolienne offshore dans la mer Baltique, ce qui aidera à réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi à stimuler les innovations dans les énergies renouvelables. Il a enfin insisté sur l’urgence de lutter contre la pollution marine, saluant le lancement des négociations d’un accord mondial juridiquement contraignant pour lutter contre la pollution plastique.
M. DIEGO PARY (Bolivie) a souligné que les pays enclavés, comme le sien, ont les mêmes droits que d’autres de bénéficier d’une ouverture maritime, « au nom de la solidarité internationale et de la justice sociale ». Il a donc déploré le fait que les pays sans littoral soient pénalisés, alors même qu’ils sont parties à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Le délégué a aussi dénoncé le fléau des déchets plastiques qui polluent la mer.
M. JAGDISH D. KOONJUL (Maurice) a demandé un cadre ambitieux sur la préservation de la biodiversité et la lutte contre la pollution plastique, ajoutant que Maurice est à la pointe de la lutte contre cette pollution. Il a également fait savoir que les océans contribuent à hauteur de 10,3% au PIB de Maurice. Le représentant a ensuite détaillé les projets de protection menés par son pays, avec une restauration des écosystèmes marins, dont les mangroves et les coraux. Enfin, il a indiqué qu’une aire de protection marine a été créée dans l’archipel des Chagos qui fait partie du territoire de Maurice comme l’a récemment rappelé la justice internationale.
M. JAN VERBEECK (Belgique) a indiqué que son pays n’a que 67 kilomètres de littoral qui abrite cependant le deuxième plus grand port d’Europe et la sixième plus grande capacité mondiale d’éoliennes offshore. C’est également le premier endroit au monde où un avion spécialisé veille à ce que les navires émettent de faibles émissions d’azote et de soufre, ainsi que la plus grande zone protégée de Belgique, plus de 37% de la mer du Nord ayant été désignée comme zone marine protégée. Que cela serve de rappel que l’ambition apporte le succès, a-t-il déclaré. Le représentant a ensuite appelé à accepter la cible de 30% de zones entièrement protégées d’ici à 2030. Il a aussi exhorté à finaliser les négociations sur un traité sur la protection de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.
Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a considéré qu’il est essentiel d’accroître les efforts visant à la protection durable des océans du monde, y compris la restauration des écosystèmes marins, des herbiers marins et des récifs coralliens, et la création de zones marines protégées. Dans le cadre des stratégies mises en œuvre par le Ministère de l’environnement et des ressources naturelles d’El Salvador, des plans de gestion ont été élaborés pour les aires marines protégées, a-t-elle dit. En outre, au niveau multilatéral, la représentante a indiqué que son pays a adhéré au Partenariat mondial pour les océans, qui compte désormais 72 pays, et vise à identifier au moins 30% des océans du monde comme zones marines protégées dans l’espoir de permettre la subsistance du milieu marin et le développement d’économies marines durables, a indiqué la représentante.
Le renforcement des actions de conservation et de gestion durable des océans est essentiel aux yeux de sa délégation, car des écosystèmes océaniques sains sont plus productifs et représentent le seul moyen de garantir le revenu des familles salvadoriennes qui dépendent de la mer. Elle a également exprimé son plein soutien à la résolution adoptée par l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, qui a décidé de créer un comité de négociation intergouvernemental pour l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique. Mme González López a donc souligné la nécessité de combler le fossé entre pays développés et pays en développement en renforçant la coopération internationale et en mettant en œuvre des politiques qui facilitent l’échange de données scientifiques, des pratiques optimales, la mobilisation de ressources financières, ainsi que le renforcement des capacités et le transfert de technologie marine.
Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a indiqué que trois océans se rejoignent le long des côtes de son pays. Elle a détaillé les mesures d’envergure prises au titre de l’ODD 14, notamment s’agissant de la lutte contre la pollution plastique. En outre, près de 15% des aires marines du pays sont protégées. Elle a souligné la nécessité de préserver la biodiversité en haute mer et souhaité l’achèvement des négociations en cours. Enfin, la déléguée a demandé que les promesses faites en matière d’action climatique par les pays développés soient honorées.
Le délégué de la Société andine de développement (SAD) a indiqué que la SAD entend consacrer 1 milliard de dollars pour le développement de la région. Il a appelé à des mécanismes intra et interrégionaux pour s’assurer que les océans sont gérés de manière durable. Il a indiqué que son institution adhère aux principes de l’économie bleue. C’est pourquoi elle entend être une banque à la fois verte et bleue dédiée au développement de l’Amérique latine et des Caraïbes. Elle prévoit d’ailleurs d’injecter 25 milliards de dollars d’ici à 2026 dans la région pour soutenir des projets relatifs à l’environnement.
Droit de réponse
Exerçant son droit de réponse en réaction au discours de Maurice, le délégué du Royaume-Uni a affirmé que les Chagos sont un territoire britannique qui appartient à son pays depuis 1840. Il a indiqué que le Royaume-Uni avait promis de rétrocéder le territoire à Maurice quand il ne serait plus d’importance majeure pour sa sécurité nationale. Le délégué a regretté que Maurice ait porté l’affaire devant la Cour internationale de Justice (CIJ), sans le consentement de la partie britannique qui d’ailleurs ne partage pas l’avis consultatif de la CIJ sur la question.