9116e séance – matin    
CS/15006

Moyen-Orient: le Commissaire général de l’UNRWA prévient le Conseil de sécurité de l’affaiblissement de cette agence sous-financée

Depuis mai 2021, la situation des réfugiés palestiniens s’est détériorée, a affirmé le Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), ce matin, au Conseil de sécurité.  Lors de la séance mensuelle sur le Moyen-Orient, M. Philippe Lazzarini a en même temps prévenu de l’affaiblissement de l’agence et du risque de voir son démantèlement complet si son financement continue à se réduire.  Il a même parlé de « menace existentielle ».  Le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient a lui aussi tiré la sonnette d’alarme: si le financement nécessaire au Programme alimentaire mondial (PAM) n’est pas reçu, le soutien aux familles palestiniennes cessera en octobre.

Plus de 80% des réfugiés palestiniens au Liban, en Syrie et à Gaza vivent sous le seuil de pauvreté, a expliqué au préalable M. Lazzarini en précisant que près de la moitié des élèves de l’UNRWA souffrent de traumatismes et ont besoin d’une assistance spéciale pour faire face aux cycles répétés de violence et aux difficultés économiques.  En Cisjordanie, les conditions politiques, économiques et sécuritaires se détériorent à mesure que les réfugiés palestiniens subissent des dépossessions, des violences et une insécurité croissante.  Au Liban, la pression exercée sur l’UNRWA devient insupportable, a-t-il poursuivi, ce qui oblige même parfois le personnel de l’Office à fermer ses locaux. 

Dans ce contexte, le Commissaire général a réaffirmé que l’UNRWA reste la bouée de sauvetage pour ces communautés défavorisées et désespérées de la région.  Aller à l’école, se faire soigner ou recevoir un colis alimentaire sont leurs seules sources de normalité.  M. Lazzarini a retracé ce qu’apporte l’UNRWA depuis plus de 70 ans, avec l’appui des États Membres, une agence qui contribue ainsi à « l’une des histoires de développement humain les plus réussies de la région ».  « Nous avons tous de quoi être fiers », a-t-il lancé.  Il a aussi rappelé que, pendant les conflits armés, l’UNRWA a fourni abris et protection, en aidant à reconstruire des quartiers détruits.  L’UNRWA a fait des investissements sans précédent pour promouvoir les valeurs et normes de l’ONU et de l’UNESCO dans ses programmes et à travers l’attitude de son personnel, a encore plaidé le Commissaire général. 

Mais aujourd’hui, a relativisé M. Lazzarini, nos réalisations collectives sont menacées à cause du sous-financement chronique.  Il a dénoncé les campagnes coordonnées visant à délégitimer l’UNRWA et le soutien variable des États Membres en fonction des changements de politique interne.  En conséquence, le financement a stagné au cours de la dernière décennie obligeant l’agence à fonctionner avec un déficit budgétaire d’environ 100 millions de dollars année après année.  La réserve financière est épuisée et l’UNRWA fait face à une menace existentielle, a-t-il asséné. 

Craignant un démantèlement complet, il a été suivi par le Coordonnateur spécial Tor Wennesland qui s’est à son tour inquiété de cette situation.  De même, a dit le Coordonnateur spécial, le PAM a un besoin immédiat de 26,5 millions de dollars pour soutenir les ménages vulnérables à Gaza et en Cisjordanie.

Face à ces inquiétudes, les États-Unis, qui se sont enorgueillis d’être le principal bailleur de fonds de l’UNRWA, ont demandé à tous les États Membres de ne pas se contenter d’un soutien rhétorique à l’agence mais de s’atteler à lui fournir un financement solide et fiable.  Même son de cloche du côté de la Chine qui a exhorté les États à revoir à la hausse leur aide à l’Office tandis que l’Inde a affirmé avoir contribué à hauteur de 20 millions de dollars depuis 2018 à l’organisme.  Nous contribuons au budget de l’UNRWA depuis 2008, a renchéri le Mexique.  Le Kenya a tout simplement demandé aux bailleurs de respecter leurs promesses de financement et a appelé à identifier les domaines de coopération entre l’Office et d’autres organisations de consolidation de la paix et de développement, pour un impact durable sur le terrain.

Outre le soutien humanitaire, la séance a permis d’évoquer le maintien du cessez-le-feu du 7 août entre Israël et le Jihad islamique palestinien.  Le Coordonnateur spécial a toutefois rappelé que l’arrangement se limite à mettre fin aux hostilités immédiates, sans résoudre les causes du conflit, à savoir la poursuite de l’occupation et de la colonisation israélienne et les défis budgétaires et politiques de l’Autorité palestinienne.  M. Wennesland a encouragé les mesures d’assouplissement prises par Israël à Gaza depuis mai 2021, qui ont amélioré la vie et les moyens de subsistance de nombreux Palestiniens.  Les parties doivent maintenant consolider le cessez-le-feu et permettre la poursuite du développement économique, a-t-il recommandé. 

La gestion du conflit ne remplace pas un véritable processus politique, a avisé le haut fonctionnaire suggérant de tourner l’attention vers une stratégie plus large visant à mettre fin à l’occupation et à parvenir à la solution des deux États.  Une telle stratégie devra inclure le renforcement de l’Autorité palestinienne et sa capacité à s’engager avec Israël sur les fronts politique, économique et sécuritaire, ainsi qu’à œuvrer au retour du Gouvernement palestinien légitime à Gaza.  À ce sujet, la Norvège a annoncé la tenue d’une réunion ministérielle du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens, en marge de l’Assemblée générale le 22 septembre, pour débattre du renforcement institutionnel et financier de l’Autorité palestinienne.

Seule la solution des deux États permettra de parvenir à une paix juste et durable, a plaidé la France, et d’autres membres du Conseil qui ont exhorté à relancer les négociations en vue de la résolution de la crise israélo-palestinienne.  La normalisation des relations entre Israël et les pays arabes doit contribuer au processus de paix au Moyen-Orient et répondre ainsi aux besoins et aspirations légitimes des peuples, a aussi déclaré le Gabon. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations liminaires

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, s’est réjoui du maintien du cessez-le-feu à Gaza.  Toutefois, le cessez-le-feu se limite à mettre fin aux hostilités immédiates sans résoudre les causes du conflit, a-t-il tempéré.  Il a noté que la colonisation israélienne se poursuit, de même que les démolitions et expulsions.  Les défis budgétaires et politiques menacent l’efficacité de l’Autorité palestinienne dans la fourniture de services publics essentiels, a-t-il ajouté en constatant que la Cisjordanie et Gaza restent politiquement divisées.  Il a encore parlé du défi que posent les restrictions économiques et de mouvement à cause du blocus israélien, de la nature du régime du Hamas et de la menace toujours présente de violences.  Si ces questions fondamentales ne sont pas abordées, le cycle de crise aiguë suivi de solutions à court terme persistera, a-t-il prévenu.  Le Coordonnateur spécial a donc recommandé des efforts concertés pour rétablir un horizon politique et reprendre des négociations.

Dans l’ensemble, les Forces de défense israéliennes ont mené 147 frappes aériennes contre des cibles militantes à Gaza, a-t-il recensé, avant de citer également les 1 100 roquettes tirées sur Israël par les militants palestiniens depuis des zones densément peuplées de la bande de Gaza.  Il en a fait le bilan en termes de victimes: chez les Palestiniens, 49 tués, dont 26 civils, 4 femmes et 17 enfants, et 360 blessés lors de l’escalade; chez les Israéliens, 70 blessés, dont 9 enfants.  En ce qui concerne les dégâts matériels, il a compté à Gaza 10 maisons complètement détruites et 48 gravement endommagées.  À ce bilan s’ajoute une attaque le 5 août, dans laquelle les Forces de défense israéliennes ont tué un haut dirigeant du Jihad islamique palestinien, ainsi qu’une fillette de 5 ans, une femme et deux hommes.

Préoccupé par les morts et les blessés civils causés par les frappes aériennes israéliennes dans les zones densément peuplées, M. Wennesland a demandé à Israël de respecter ses obligations découlant du droit international humanitaire (DIH), y compris l’obligation d’utilisation proportionnelle de la force et de précautions pour épargner les civils et les biens à caractère civil.  Il a aussi condamné les tirs de roquettes par des groupes armés palestiniens depuis des quartiers très peuplés de Gaza, qui visent des centres de population civile en Israël en violation du DIH.  Les enfants ne doivent jamais être la cible de violences ou mis en danger, a-t-il rappelé.  

Le Coordonnateur spécial a aussi rapporté que la violence quotidienne s’est poursuivie à des niveaux élevés dans toute la Cisjordanie occupée en en faisant là aussi le bilan: 12 Palestiniens, dont 4 enfants, ont été tués par les forces de sécurité israéliennes et 289 Palestiniens blessés.  Des colons israéliens ou d’autres civils ont perpétré 39 attaques contre des Palestiniens, faisant 8 blessés.  Au total, 28 civils israéliens ont été blessés par des Palestiniens lors d’affrontements, de tirs, de coups de couteau et d’attaques à la voiture bélier, de jets de pierres et de cocktails Molotov, et d’autres incidents.  En tout, les Palestiniens ont perpétré 75 attaques contre des civils israéliens.  La violence des colons a également causé la mort d’un adolescent palestinien de 15 ans lors d’un affrontement près de Ramallah.  Dans trois incidents distincts, des civils israéliens ont attaqué des agriculteurs palestiniens alors qu’ils travaillaient sur leurs terres, blessant cinq d’entre eux.  Les auteurs de tous les actes de violence doivent être tenus pour responsables et traduits en justice, a martelé le Coordonnateur spécial.

S’agissant des plans de colonisation, il a indiqué que le 27 juillet, la Cour suprême d’Israël est revenue sur sa décision qui avait ordonné l’évacuation des colons de l’avant-poste illégal de Mitzpeh Kramim, près de Ramallah.  M. Wennesland a réaffirmé à cette occasion que toutes les colonies sont illégales au regard du droit international et qu’elles demeurent un obstacle important à la paix.  Il a ensuite dit être préoccupé par l’annonce récente du Ministère israélien de l’éducation de mettre fin à l’octroi de licences permanentes à six écoles palestiniennes de Jérusalem-Est occupée, ce qui risque de priver d’écoles 2 000 étudiants.  En ce qui concerne la société civile, il a indiqué que le 17 août, le Ministre israélien de la défense a annoncé la désignation de trois ONG comme organisations terroristes.  En outre, le 18 août, les forces de sécurité israéliennes ont ordonné la fermeture des bureaux de sept organisations, dont les six ONG désignées comme organisations terroristes.  M. Wennesland a fait part de l’inquiétude du Secrétaire général quant au rétrécissement de l’espace de la société civile en Israël et dans les territoires occupés.  

Revenant au cas de Gaza, le Coordonnateur spécial a dit que certaines mesures positives ont été prises au cours de la période considérée, dont la délivrance de plus de 14 000 permis pour besoins économiques et plus de 11 000 permis aux travailleurs de Gaza pour entrer en Israël ainsi que 3 000 permis pour les commerçants et les hommes d’affaires.  Il s’est dit ravi qu’Israël ait étendu les droits sociaux aux travailleurs de la bande de Gaza.  Des progrès ont aussi été accomplis pour rétablir l’assouplissement progressif des restrictions d’accès de l’année écoulée, a-t-il rapporté, non sans regretter les retards dans l’importation de biens et d’équipements essentiels.  

À Gaza, 15 millions de dollars supplémentaires sont nécessaires pour fournir un soutien psychosocial, un abri, des moyens de subsistance, une aide en espèces, des médicaments essentiels et des fournitures médicales, a-t-il annoncé.  Il a expliqué que la réponse humanitaire dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé se heurte à des déficits de financement chroniques avec à la mi-2022, seulement 25% du Plan d’intervention humanitaire qui a été satisfait.  Le Programme alimentaire mondial (PAM) a un besoin immédiat de 26,5 millions de dollars pour soutenir les ménages vulnérables à Gaza et en Cisjordanie, a-t-il ajouté en prévenant que si le financement n’est pas reçu, le soutien à ces familles cessera en octobre.  

En ce qui concerne le Golan, a poursuivi M. Wennesland, le cessez-le-feu entre Israël et la Syrie a été généralement maintenu malgré plusieurs violations de l’Accord de 1974 sur le désengagement des forces.  Au Liban, l’absence de progrès dans les réformes, l’impasse dans laquelle se trouve la formation du gouvernement et la pression croissante sur les institutions, y compris les forces armées et de sécurité libanaises, continuent de peser lourdement sur l’autorité de l’État, a-t-il dit.  Il a noté que les tensions augmentent au Sud-Liban, dans la zone d’opérations de la Force intérimaire des Nations Unies (FINUL).  « Le nombre croissant d’incidents affectant la liberté de circulation de la FINUL est inacceptable. »  De même, il a jugé très préoccupantes les violations régulières et continues de l’espace aérien libanais par Israël, rappelant qu’elles violent la résolution 1701 (2006).  

M. Wennesland a déclaré être encouragé par les mesures prises par Israël pour assouplir les conditions à Gaza depuis l’escalade de mai 2021 qui ont amélioré la vie et les moyens de subsistance de nombreux Palestiniens.  Il a dit continuer de collaborer avec les parties pour élargir les progrès réalisés au cours de l’année écoulée dans le but de consolider le cessez-le-feu et de permettre la poursuite du développement économique.  Mais la gestion du conflit ne remplace pas un véritable processus politique, a-t-il fait remarquer, suggérant de tourner l’attention vers une stratégie plus large visant à mettre fin à l’occupation et à parvenir à la solution des deux États.  Une telle stratégie devra inclure le renforcement de l’Autorité palestinienne et notamment de sa capacité à s’engager avec Israël sur les fronts politique, économique et sécuritaire, ainsi qu’à œuvrer au retour du Gouvernement palestinien légitime à Gaza.  En conclusion, il a exhorté les dirigeants israéliens et palestiniens, les pays de la région et la communauté internationale à prendre des mesures fermes pour permettre la reprise de négociations significatives.  

Depuis sa dernière intervention au Conseil en mai 2021, la situation des réfugiés palestiniens s’est encore détériorée, a affirmé M. PHILIPPE LAZZARINI, Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Plus de 80% des réfugiés palestiniens au Liban, en Syrie et à Gaza vivent sous le seuil de pauvreté.  À Gaza, l’escalade de la violence au début du mois a été un rappel brutal que la guerre et la violence peuvent éclater à tout moment en l’absence d’un effort véritable et global pour résoudre le conflit israélo-palestinien.  Soixante familles de réfugiés palestiniens ont perdu leur maison, 17 enfants ont été tués et près de la moitié des élèves de l’UNRWA souffrent de traumatismes et ont besoin d’une assistance spéciale pour faire face aux cycles répétés de violence et aux difficultés économiques dans lesquelles vivent leurs familles, a dit M. Lazzarini.  Il a précisé qu’en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, les conditions politiques, économiques et sécuritaires se détériorent à mesure que les réfugiés palestiniens connaissent des niveaux élevés de dépossession, de violence et d’insécurité.  Passant à la Syrie, il a noté qu’après 11 ans de conflit, les familles les plus démunies retournent vivre dans les décombres de leurs maisons détruites car elles ne peuvent plus payer de loyer.  Au Liban, la pression exercée sur l’Office pour qu’il aide davantage à faire face à l’impact de la crise économique et financière sur la communauté des réfugiés palestiniens devient insupportable, a-t-il poursuivi en signalant que les protestations et les actes de violence dirigés contre l’UNRWA obligent parfois même le personnel de l’Office à fermer les locaux.  Quant à la Jordanie, il a expliqué que la pandémie a laissé de profondes cicatrices sur le marché du travail: le chômage monte en flèche, en particulier pour les femmes et les jeunes, et le travail des enfants et les mariages précoces sont en augmentation. 

Après avoir brossé ce tableau, M. Lazzarini a fait valoir que malgré ces environnements opérationnels difficiles, l’UNRWA reste la bouée de sauvetage pour l’une des communautés les plus défavorisées et les plus désespérées de la région.  Aller à l’école, accéder à des services de santé ou recevoir un colis alimentaire sont, pour de nombreux réfugiés palestiniens, les seules sources de normalité, et ils se tournent vers l’UNRWA pour obtenir cette normalité, a-t-il expliqué.  Il a rappelé que, depuis plus de 70 ans, l’UNRWA est une source d’opportunités et d’espoir pour des générations de réfugiés palestiniens.  « Avec l’appui des États Membres, l’Office a contribué à l’une des histoires de développement humain les plus réussies de la région. »  De l’éducation de plus de deux millions de filles et de garçons réfugiés palestiniens à la vaccination infantile universelle et à la réduction de la mortalité maternelle qui dépasse les normes mondiales, nous avons tous de quoi être fiers, s’est-il enorgueilli.  Pendant les conflits armés, ce soutien a permis à l’UNRWA de fournir des abris et une protection et aidé à reconstruire des quartiers et des communautés détruits, tandis que la qualité de l’éducation que reçoivent les élèves de l’UNRWA est saluée par des validateurs réputés tels que le British Council, le HCR et la Banque mondiale.  Conscient de l’importance du numérique, l’Office s’est engagé à donner cette capacité aux réfugiés palestiniens, a indiqué le Commissaire général en parlant de son centre de technologie de l’information à Gaza qui dessert l’ensemble du système des Nations Unies et fournit des emplois à plus de 120 jeunes dans les 700 écoles de l’Office dans la région.  Il a tenu à préciser que, compte tenu de l’environnement politiquement chargé dans lequel il opère, l’UNRWA a fait des investissements sans précédent pour promouvoir les valeurs et normes de l’ONU et de l’UNESCO dans ses programmes et à travers l’attitude de son personnel.

Mais aujourd’hui, nos réalisations collectives sont menacées, a affirmé sans ambages M. Lazzarini en soulignant le sous-financement chronique du budget-programme de l’Office.  Il a relevé que le conflit israélo-palestinien n’est plus une priorité, à cause de l’évolution des priorités géopolitiques et de la dynamique régionale ainsi que l’émergence de nouvelles crises humanitaires.  Dans le même temps, a-t-il fait remarquer, il y a de plus en plus de campagnes coordonnées visant à délégitimer l’UNRWA en vue d’éroder les droits des réfugiés palestiniens.  L’Office a également constaté plus d’une fois comment un changement de politique interne peut mettre en cause le soutien d’un État Membre à l’UNRWA, du jour au lendemain.  Par conséquent, et malgré d’immenses efforts de sensibilisation, le financement de l’Office a stagné au cours de la dernière décennie, l’obligeant à fonctionner avec un déficit budgétaire d’environ 100 millions de dollars année après année, a expliqué son chef.  Il a indiqué que, jusqu’à l’année dernière, ce déficit était géré par le contrôle des coûts, l’austérité et le report d’un passif important d’une année sur l’autre.  Mais aujourd’hui, nous n’avons plus aucune réserve financière, a concédé M. Lazzarini affirmant avoir atteint la limite des mesures d’austérité et de contrôle des coûts.  « Aujourd’hui, l’UNRWA fait face à une menace existentielle. »

Concrètement, c’est l’éducation de qualité qui est en jeu, pour plus d’un demi-million de filles et de garçons, ainsi que l’accès aux soins de santé pour environ deux millions de réfugiés palestiniens et à un filet de sécurité sociale pour environ 400 000 des plus pauvres parmi eux.  C’est aussi le soutien psychosocial qui pourrait manquer à des centaines de milliers d’enfants, des opportunités d’emploi aux jeunes à Gaza et ailleurs, une aide alimentaire et en espèces d’urgence à plus de deux millions de réfugiés palestiniens dans la région.  C’est tout simplement un sentiment de normalité et d’espoir qui risque de manquer, puisque c’est ce qu’offrent les services de l’Office aux réfugiés palestiniens.  Il a également mis en avant le rôle de l’UNRWA dans la stabilité régionale qui découle précisément de la prévisibilité de ses services de haute qualité, en expliquant que pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA reste le dernier pilier de l’engagement de la communauté internationale envers leur droit à une vie digne et à une solution juste et durable.  « Quand ils nous voient retarder le paiement des salaires, diminuer la qualité des services et nous retrouver incapables de répondre à des besoins croissants, ils comprennent que le soutien de la communauté internationale s’estompe et le sentiment d’abandon et de désespoir grandit dans les camps de réfugiés. »  Le Commissaire général y a vu une menace pour la paix et la stabilité, craignant aussi l’affaiblissement de l’UNRWA et, avec le temps, son démantèlement complet.

Soulignant que la capacité de l’Office à remplir le mandat que lui a conféré l’Assemblée générale repose sur les États Membres des Nations Unies et sur leur volonté politique de financer intégralement son budget ordinaire, le Commissaire général a exhorté ceux qui ont réduit leur financement à reconsidérer l’impact de leur décision sur la stabilité de la région.  Il a appelé les États Membres qui ont changé leur politique étrangère dans la région à continuer de faire partie des réussites de l’éducation de l’UNRWA.  Rappelant que dans quelques semaines, la prolongation du mandat de l’UNRWA sera soumise à l’approbation de l’Assemblée générale, le Commissaire général a insisté pour que tous les États Membres se mobilisent politiquement et financièrement pour soutenir l’Office et continuent d’œuvrer à une solution politique qui profitera à la région et à ses peuples.

M. DANIEL LEVY, Président de « the U.S./Middle East Project (USMEP) », a constaté que mois après mois, le Conseil de sécurité se réunit pour réitérer ses habituelles condamnations, formules et slogans, alors que le déni permanent des droits les plus élémentaires et libertés du peuple palestinien ne permettra pas de parvenir à la sécurité.  De même, le blocus illégal de Gaza et l’occupation illégale des territoires palestiniens représentent des formes de violence structurelle et de punition collective que nous ne pouvons ignorer, a-t-il dit, soulignant l’urgence de respecter le droit international.  L’intervenant a relevé le besoin de renouveau politique palestinien, de réconciliation et de dépassement des divisions internes ainsi que d’un engagement international auprès de tous les acteurs concernés sans appliquer de conditions préalables irréalistes et sélectives.  Pour M. Levy, toute tentative de reprendre des négociations entre les parties sans aborder les asymétries de pouvoir est un exercice creux et redondant, et « le déséquilibre structurel de pouvoir entre un État occupant et un État occupé doit être reconnu ».  Il a appelé à fournir à l’UNRWA des ressources prévisibles, arguant que cela est non seulement une nécessité sécuritaire mais aussi un engagement politique.

En outre, il a dénoncé à la fois le déficit de légitimité dans la politique palestinienne et le déficit de responsabilité dans la politique d’Israël.  Ce sont les actions d’Israël en tant que Puissance occupante qui déterminent de manière prédominante la direction que prend ce conflit, a-t-il soutenu.  L’orateur a ensuite fustigé l’agression visant celles et ceux qui documentent les abus et défendent les droits humains, ainsi que les prestataires de services au niveau communautaire, de même que les actions d’Israël à l’encontre de six éminentes organisations palestiniennes désignées comme organisations terroristes.  M. Levy s’est inquiété que les Israéliens en viennent à considérer, grâce à la normalisation des relations avec les pays arabes entraînée par les Accords d’Abraham, que les Palestiniens puissent être ignorés et marginalisés.  Il a fustigé la sélectivité à l’œuvre dans le respect du droit international, pourtant censé être universel, selon qui sont les alliés et les agresseurs.  Enfin, M. Levy a souligné l’urgence de trouver une façon juste pour les deux peuples de coexister.  Il y a 75 ans, l’ONU proposait la partition comme paradigme politique de la Terre sainte, a-t-il rappelé.  Aujourd’hui, elle est de facto sous une domination unique.  Et en l’absence d’action d’ampleur sans précédent pour que la partition fonctionne, alors « vos successeurs dans cette Assemblée viendront débattre du défi de réaliser l’égalité dans une réalité de non-partition », a-t-il lancé en conclusion.

Déclarations

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) s’est félicité à son tour du maintien du cessez-le-feu du 7 août à Gaza et de la reprise des fournitures de carburant dans la bande pour permettre aux hôpitaux et aux services publics de continuer à fonctionner.  Il a également adressé ses remerciements à l’Égypte, à la Jordanie, au Qatar et à l’ONU pour leur coopération étroite avec les parties en vue d’éviter une escalade.  Il a cependant déploré les morts et demandé une enquête approfondie sur les signalements de victimes palestiniennes.  Le représentant a d’autre part exigé que les organisations terroristes palestiniennes cessent leurs attaques contre Israël, lesquelles frappent aveuglément la population civile.  À cet égard, il a assuré que les États-Unis accordent une grande importance au rôle joué par les organisations indépendantes pour suivre les violations des droits humains.  Il s’est dit convaincu que ces organisations doivent poursuivre ce travail essentiel.  

Le délégué s’est ensuite déclaré préoccupé par l’escalade des tensions, y compris en Cisjordanie, et a exhorté Palestiniens et Israéliens à s’abstenir d’actions unilatérales susceptibles d’aboutir à la reprise de la violence.  Il a rappelé que, lors de sa visite en Israël et en Cisjordanie, le mois dernier, le Président Joe Biden a estimé que le peuple palestinien « mérite son propre État indépendant, souverain, viable et d’un seul tenant ».  Le Président américain, a-t-il ajouté, s’est prononcé pour « deux États pour deux peuples », dont les deux ont d’anciennes racines sur ces terres et qui vivraient côte à côte dans la liberté.  M. Biden a également jugé qu’il « n’y a pas de raccourci pour parvenir à cet État », toutes les parties prenantes devant aider à parvenir aux conditions nécessaires à un horizon politique permettant des négociations directes entre les deux parties.  

Sur le plan humanitaire, le représentant a réaffirmé l’engagement de son pays à être un important partenaire de l’UNRWA.  Les États-Unis sont fiers d’être le principal bailleur de fonds de l’agence, a-t-il dit, regrettant à cet égard que de nombreux pays apportent un « soutien rhétorique » à l’agence mais pas financier « à la hauteur de leur parole ».  Il a donc appelé les États à fournir un financement solide et fiable à l’UNRWA pour permettre sa viabilité à long terme.  Plus largement, il a exhorté toutes les parties prenantes, au Conseil et de par le monde, à appuyer les efforts qui aident à répondre aux besoins économiques, politiques et humanitaires des Palestiniens comme des Israéliens.  

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie), qui a salué le maintien du cessez-le-feu, a appelé les parties à faire preuve de retenue, à éviter les mesures unilatérales et les provocations, à respecter le droit international humanitaire et à empêcher une nouvelle escalade des hostilités.  Il a dit craindre la reprise à grande échelle des affrontements militaires et la détérioration de la situation dans la bande de Gaza, redoutant aussi qu’une provocation conduise à une nouvelle confrontation régionale à grande échelle.  Le représentant a aussi dénoncé les mesures unilatérales d’Israël, notamment la poursuite de la colonisation dans les territoires occupés, l’expulsion des Palestiniens, la destruction de leurs maisons, l’expropriation de leurs biens et les arrestations arbitraires.  Il a protesté contre la « carte blanche » donnée à l’armée israélienne pour recourir à la force et contre les violations systématiques du statu quo des Lieux saints.  

Le représentant a également dénoncé les pays occidentaux qui détournent les yeux des violations systématiques des droits des Palestiniens.  Selon lui, ce sont les actions des États-Unis qui font obstacle à la réalisation d’une paix juste pour les Palestiniens.  À son avis, ce pays veut monopoliser le processus de paix et le reformater selon ses intérêts y compris par ses tentatives d’imposer la « paix économique » aux Palestiniens en échange de la satisfaction de leurs aspirations légitimes à établir leur propre État indépendant.  Il a noté à ce propos que les États-Unis ont bloqué les activités du Quatuor pour le Moyen-Orient dont la dernière réunion tenue au niveau ministériel date de 2016.  Pour sa part, la Fédération de Russie, a dit le représentant, promeut une solution juste au problème palestinien sur la base d’une formule à deux États, en prenant des mesures pour appuyer les efforts visant à instaurer la paix au Moyen-Orient.

M. JOÃO GENESIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a constaté que le cessez-le-feu annoncé le 7 août reste encore fragile et que sans mesures concrètes pour atténuer les tensions dans les territoires palestiniens et en Israël, le risque de reprise de la violence est réel.  La cessation des actes de violence et de terreur, la désescalade et le rétablissement de la confiance sont tous nécessaires et urgents, a-t-il souligné, mais ce ne sont pas des fins en soi.  À moins de progresser vers une solution politique juste et durable au conflit palestino-israélien, le danger posé par de nouveaux cycles de violence persistera.  Le respect du droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité doit être la base de toute paix durable, a exigé le représentant, en faisant part de la détermination du Brésil à contribuer à trouver des solutions concrètes et des voies à suivre.  Il a également réitéré le soutien de son pays à la solution des deux États. 

Alors que le conflit se prolonge, la population civile paie un lourd tribut non seulement en termes de vies perdues et de blessés, mais aussi en termes d’attentes frustrées et de rêves écourtés, a fait valoir le délégué.  La croissance économique et le développement sont nécessaires pour donner de l’espoir au peuple palestinien et contribuer à réduire l’attractivité des idéologies violentes, a-t-il relevé, en estimant que le soutien financier à l’Autorité palestinienne fait partie intégrante des efforts de paix et de sécurité.  En outre, l’économie palestinienne dans son ensemble a besoin d’un soutien pour ses secteurs industriel et agricole.  Dans ce contexte, le représentant a salué le travail de l’UNRWA et de son Commissaire général, M. Lazzarini, qui s’efforcent de remplir leur mission malgré un sous-financement persistant.  Même si le budget de notre gouvernement est lui-même confronté à des contraintes, le Brésil a annoncé en juin une contribution financière supplémentaire à l’Office, a rappelé le représentant, avant d’ajouter que son pays soutiendra le renouvellement du mandat de l’UNRWA lors de la prochaine Assemblée générale.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a relevé que respecter le cessez-le-feu entre Israël et les militants palestiniens est essentiel pour éviter une nouvelle explosion de violence.  Cela permettrait également de sauvegarder les gains réalisés grâce aux efforts inlassables de nombreux acteurs au cours des deux dernières années.  La violence est une tragédie à l’intérieur d’une plus grande tragédie, qui est et reste le conflit israélo-palestinien non résolu, a-t-il dit.  Par conséquent, tous les efforts doivent être faits pour empêcher l’escalade, et chaque opportunité saisie pour rapprocher les parties.  Le délégué a défendu le droit d’Israël à se défendre et à répondre aux attaques terroristes, de manière proportionnée et dans les limites des lois nationales et du droit international.  Nous sommes également préoccupés par les pertes en vies humaines parmi les Palestiniens, surtout les enfants, a-t-il souligné.  Ces cas tragiques devraient faire l’objet d’enquêtes appropriées pour dissuader les cas à l’avenir, a—t-il plaidé.

Selon lui, il ne fait aucun doute que la paix restera un rêve insaisissable jusqu’à ce qu’Israéliens et Palestiniens jouissent de droits complets et égaux, conditions d’une vie digne.  M. Hoxha a dit partager le point de vue de l’Union européenne et d’autres membres du Conseil de sécurité qui ont exprimé leur inquiétude face à l’action israélienne à l’encontre de six ONG palestiniennes.  Le représentant a indiqué que les colonies de peuplement et leur expansion vont à l’encontre du droit international et constituent un obstacle à la solution des deux États, laquelle est la pierre angulaire du processus de paix.  La table des négociations est le seul lieu pour un dialogue viable et juste, et c’est là qu’une solution peut être trouvée, a-t-il conclu.

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a constaté que les développements à Gaza reflètent une situation sécuritaire fragile et un cycle de violence qui tend à se répéter.  Appelant la communauté internationale à agir en faveur de la cause palestinienne, elle a jugé essentiel que tout soit fait pour encourager les parties à reprendre des négociations en vue de mettre en œuvre la solution des deux États et créer un État palestinien viable, dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.  À ses yeux, la communauté internationale doit aussi assumer sa responsabilité en matière de paix et de sécurité en appuyant le processus politique.  Dans le même temps, a poursuivi la représentante, il importe de maintenir le cessez-le-feu conclu à Gaza.  Saluant le rôle de médiatrice joué par l’Égypte dans ce conflit, elle a averti que les cycles de violence ne mèneront qu’à davantage de destructions.  Plus de 80% des Gazaouis comptent sur l’appui de la communauté internationale, a-t-elle insisté, appelant à redoubler d’efforts au sein des Nations Unies et avec les partenaires pour aider à la reconstruction de Gaza.

Selon elle, la détérioration de la situation humanitaire dans tout le Territoire palestinien occupé requiert des efforts importants, en particulier dans les domaines des services et de la santé.  Soulignant à ce propos le rôle crucial que joue la société civile à Gaza, elle a souhaité que l’on « aide les ONG à aider le peuple palestinien ».  Elle a par ailleurs regretté les incidents qui sapent la solution des deux États, notamment les activités de peuplement et la violence des colons juifs à l’égard des Palestiniens.  Elle a aussi demandé le maintien du statu quo à Jérusalem et l’arrêt de toute mesure tendant à changer la nature de la ville.  Pour conclure, elle a estimé que la diplomatie et le dialogue pacifique sont les meilleurs moyens de parvenir à la désescalade car « la violence ne peut servir aucune partie ».

Pour Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France), la priorité immédiate est d’assurer le maintien du cessez-le-feu à Gaza.  L’ouverture continue des points de passage d’Eretz et de Kerem Shalom est essentielle pour répondre aux besoins les plus pressants de la population locale, a-t-elle estimé.  La consolidation de la trêve doit aussi permettre la reprise des travaux de reconstruction entravés par la dernière escalade, a poursuivi la représentante, en appelant les bailleurs à renforcer leur soutien financier à l’UNRWA.  Selon elle, de nouvelles violences seront toutefois inévitables sans changement de paradigme ni relance d’un véritable processus politique.  Mme Broadhurst Estival a ensuite demandé que cessent les activités de colonisation, ainsi que les démolitions et les évictions, appelant Israël à renoncer à ses projets dans la zone E1.

Elle a encouragé les parties à s’abstenir de tout discours de haine et incitation à la violence, soulignant au passage l’importance de respecter le statu quo s’agissant des Lieux saints.  Préoccupée par les raids israéliens qui ont récemment pris pour cible les locaux de plusieurs ONG palestiniennes, la déléguée a qualifié d’inacceptables ces actions.  La France, a-t-elle assuré, poursuivra sa coopération avec la société civile dans les territoires palestiniens, en l’absence d’éléments démontrant le soutien de ces ONG ou leur participation à une activité terroriste.  Seule la solution des deux États permettra de parvenir à une paix juste et durable, a ajouté en conclusion la représentante, en appelant le Conseil à œuvrer sans plus attendre à restaurer un horizon politique à cette fin.

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a salué le fait que l’accord de cessez-le-feu continue de tenir en faisant remarquer que dans une situation économique déjà délicate, comme à Gaza, chaque escalade aggrave la situation humanitaire et exacerbe les tensions existantes.  À ce titre, il est essentiel que ce Conseil condamne fermement les attaques terroristes de groupes tels que le Hamas, le Jihad islamique palestinien et leurs affiliés contre des civils, a-t-il exigé.  Déplorant l’isolement économique dans lequel se trouve Gaza, le représentant a salué la récente décision du Gouvernement israélien d’augmenter le quota de permis de travail délivrés aux Palestiniens de Gaza et de rouvrir les points de passage d’Erez et de Kerem Shalom.  Il a réitéré que les efforts de paix qui intègrent de manière globale le développement socioéconomique de tous les secteurs de la société, sont et seront essentiels pour la stabilité et la paix de la région à court et à long terme.  

Notant que l’UNRWA joue un rôle clef en facilitant l’accès aux soins de santé, l’éducation, la protection sociale, la microfinance et d’autres services pour la population palestinienne au Moyen-Orient, il a regretté de voir que sa situation budgétaire reste désastreuse.  À cet égard, outre le respect des promesses de financement adéquat et prévisible pour l’URWA, le délégué a appelé à intensifier les efforts pour identifier les domaines de coopération et collaboration entre l’UNRWA et d’autres organisations de consolidation de la paix et entités de développement pour avoir un impact durable sur le terrain.  Cela ne saurait toutefois se substituer à la reprise du processus politique et au dialogue entre les deux parties pour parvenir à la stabilité et la paix à long terme de la région, a estimé M. Kimani.  Ma délégation souligne que l’objectif de longue date d’une région où deux États démocratiques, Israël et la Palestine, coexistent en paix, et à l’intérieur de frontières sûres et reconnues basées sur les lignes de 1967, exige un engagement significatif envers le processus de paix de la part de toutes les parties conformément au droit international; la Charte des Nations Unies; aux résolutions de ce Conseil, y compris la résolution 2334; et aux initiatives de paix régionales.

Mme ALLEGRA PAMELA R. BONGO (Gabon) a constaté que la situation sécuritaire sur le terrain demeure fragile, appelant toutes les parties à s’abstenir d’actions unilatérales pouvant entraîner la reprise des hostilités.  Préoccupée par les situations humanitaire et économique dans les territoires occupés, elle s’est alarmée des difficultés financières auxquelles sont confrontées l’Autorité palestinienne et l’UNRWA, rendant d’autant plus nécessaire l’action de la société civile sur le terrain.  Poursuivant, la représentante s’est félicitée de la décision des autorités militaires israéliennes d’augmenter le nombre de travailleurs palestiniens autorisés à entrer en Israël, ainsi que celle autorisant le lancement de vols vers l’étranger pour des Palestiniens de Cisjordanie.  Elle a réaffirmé son attachement à la solution des deux États, exhortant les parties au conflit à relancer les négociations en vue de la résolution de la crise israélo-palestinienne.  La récente visite du Président Mahmoud Abbas en Türkiye après le rétablissement, par ce pays, de ses relations diplomatiques avec Israël, est un signe encourageant, a estimé Mme Bongo.  La normalisation des relations entre Israël et les pays arabes doit contribuer au processus de paix au Moyen-Orient, et répondre ainsi aux besoins et aspirations légitimes des peuples, a-t-elle ajouté en conclusion.

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) s’est félicitée que le cessez-le-feu qui a mis fin aux violences survenues à Gaza au début du mois se maintienne.  Appelant à une enquête exhaustive pour établir les responsabilités sur la mort de civils, elle a salué la réouverture des postes frontaliers et l’augmentation du nombre de permis de travail délivrés aux Palestiniens.  Elle a cependant constaté que la situation demeure critique dans la bande de Gaza, appelant à nouveau à la levée du blocus.  Sans horizon politique vers une paix durable, les cycles de violence se perpétueront, a estimé la représentante, avant de souligner l’importance du travail de l’UNRWA en termes d’aide humanitaire, de reconstruction et de fourniture de services de base pour environ six millions de Palestiniens.  Malheureusement, le déficit financier chronique de l’Office compromet sa capacité à répondre à de telles demandes, a-t-elle déploré, indiquant que son pays contribue annuellement au budget de l’UNRWA depuis 2008.

Évoquant ensuite les multiples incidents de ces derniers jours, la déléguée a condamné l’attaque de fidèles juifs dans la vieille ville de Jérusalem, tout en se disant préoccupée des affrontements qui ont résulté d’opérations des forces de l’ordre israéliennes en Cisjordanie.  Elle a noté qu’au cours des sept premiers mois de l’année, 45 décès ont été provoqués par des munitions létales et près de 4 300 Palestiniens ont été blessés, dont 503 mineurs.  Elle a aussi déploré la décision israélienne de construire 1 400 logements supplémentaires dans les colonies de Har Homa et Givat Hamatos.  Contraire au droit international et aux résolutions du Conseil, cette décision compromet la viabilité de la solution des deux États, a-t-elle souligné.  Elle a enfin pris note de la décision de certains pays européens de continuer à coopérer avec six organisations de la société civile en l’absence de preuves de liens avec le terrorisme, demandant qu’il soit mis fin au harcèlement contre ces structures.  Un État démocratique ne devrait pas se livrer à des actions de nature à restreindre les espaces civiques, a fait valoir la déléguée.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a salué le deuxième anniversaire des Accords d’Abraham ce mois-ci, se félicitant ensuite du cessez-le-feu à Gaza et appelant les parties à le maintenir.  Mais il s’est dit consterné par l’attentat terroriste perpétré à Jérusalem le 13 août.  S’il a réitéré l’engagement de sa délégation en faveur de la sécurité d’Israël, le représentant s’est déclaré préoccupé par le nombre alarmant de Palestiniens tués par les forces de sécurité israéliennes cette année, demandant une enquête approfondie et transparente sur chaque incident.  Faisant part de son inquiétude face à la décision du Gouvernement israélien l’an dernier de désigner six ONG palestiniennes comme organisations terroristes, le représentant a estimé que la société civile doit pouvoir opérer librement dans les territoires palestiniens occupés.  Il a également appelé les autorités israéliennes à mettre fin aux projets d’expulsions à Khan Al Ahmar et au plan de colonisation E1, dont l’avancement entraverait sérieusement la réalisation de la solution des deux États.

M. FELIX AKOM NYARKU (Ghana) a regretté que les parties se soient éloignées l’une de l’autre et que la situation sur le terrain continue d’entraver la concrétisation rapide de la solution des deux États.  Il a salué la reprise des relations amicales entre Israël et la Türkiye, en espérant que cela contribue à renforcer la stabilité régionale et à soutenir la reprise du dialogue requis en vue de la réalisation de la solution des deux États.  Tout en étant conscient des préoccupations sécuritaires d’Israël, le délégué s’est dit inquiet de la détérioration de la sécurité humaine, de la situation humanitaire désastreuse, de l’incidence des violations des droits humains, ainsi que des détentions sans inculpation ni jugement dans certaines parties du territoire palestinien occupé, en particulier en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est.  Il a partagé la préoccupation de la communauté internationale face aux actions unilatérales des colons israéliens visant à forcer les communautés et les familles palestiniennes à quitter leurs terres à travers la Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.  Il s’est inquiété notamment du pillage et de la fermeture des bureaux de six éminentes organisations de la société civile palestinienne, qui sont connues pour avoir contribué à la protection des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, après leur désignation l’année dernière comme groupes terroristes.  Affirmant ne pas tolérer le terrorisme sous quelque forme ou manifestation que ce soit, le représentant a estimé que de telles désignations, si elles doivent être partagées par la communauté internationale, nécessiteraient une justification complète.  La paix exige des actions délibérées pour instaurer la confiance, a-t-il fait valoir en conclusion, en demandant instamment aux parties de désamorcer les tensions existantes et de générer l’élan politique nécessaire pour des négociations directes. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a plaidé pour que le cessez-le-feu continue d’être respecté et pour que se poursuivent les mesures économiques et l’assouplissement des restrictions d’accès et de circulation.  Elle a rappelé que toutes les parties sont tenues de protéger les civils et de respecter pleinement le droit international humanitaire, y compris ses principes de distinction, de proportionnalité et de précaution.  Elle a également condamné fermement tous les actes de terreur, notamment l’attaque contre des civils israéliens à Jérusalem le 14 août, laquelle a fait huit blessés.  Tout le monde, Israéliens et Palestiniens, méritent de vivre en sécurité, a-t-elle déclaré.

La représentante a ensuite marqué sa préoccupation face à la réduction de l’espace de la société civile, à cause notamment des récents raids israéliens contre plusieurs organisations de la société civile palestinienne de la zone A à Ramallah.  Ces organisations mènent un travail important de défense des droits humains des Palestiniens face aux actions des autorités israéliennes et palestiniennes, a-t-elle relevé en appelant à ce qu’elles soient autorisées à continuer à travailler dans un environnement sûr et propice.  La Norvège a clairement indiqué que les informations fournies par Israël n’étaient pas suffisamment justifiées pour désigner ces organisations comme « organisations terroristes », a-t-elle rappelé.  La représentante a souligné combien une société civile forte et dynamique est essentielle pour promouvoir la démocratie et les droits de l’homme en Palestine ainsi que pour soutenir la solution des deux États.  Elle a conclu en notant que la Norvège convoquera la réunion ministérielle du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens (AHLC) en marge de l’Assemblée générale le 22 septembre.  Cette réunion permettra de discuter du renforcement institutionnel de l’Autorité palestinienne et de l’augmentation de ses revenus.  Mme Heimerback s’est inquiétée à ce sujet, face à l’éventualité d’une nouvelle crise de financement de l’UNRWA à l’automne.  « Nous appelons à redoubler d’efforts pour mobiliser des ressources, fournir un financement flexible et placer l’Office sur une assise financière plus stable. »

Mme CAÍT MORAN (Irlande) s’est félicitée que le cessez-le-feu conclu le 7 août entre Israël et le Jihad islamique palestinien continue de tenir.  Elle a également salué la levée des restrictions supplémentaires imposées le 2 août sur les points de passage vers la bande de Gaza.  La déléguée s’est cependant inquiétée de la fragilité du cessez-le-feu et de la possibilité d’une nouvelle escalade.  Dans ce contexte, elle a regretté que le Conseil doive à nouveau traiter du meurtre d’enfants innocents, 17 mineurs palestiniens ayant trouvé la mort dans les hostilités de la bande de Gaza ce mois-ci.  Le droit international humanitaire est pourtant clair, a-t-elle fait valoir: « toute attaque doit respecter les principes de distinction, de proportionnalité et de précautions ».  Pour protéger les civils à Gaza, il faut un cessez-le-feu et la levée du blocus, conformément à la résolution 1860 (2009), a plaidé la représentante, avant d’appeler à la poursuite de l’appui à l’UNRWA, dont l’action est essentielle pour faire face à la crise humanitaire à Gaza et venir en aide aux réfugiés palestiniens.

La déléguée s’est ensuite déclarée préoccupée par l’augmentation alarmante de morts civils palestiniens en Cisjordanie à la suite de l’utilisation de balles réelles par les forces israéliennes.  Appelant Israël à s’abstenir de recourir à une force excessive et à mener des enquêtes transparentes sur tous les incidents ayant entraîné la mort ou des blessures, elle a également condamné l’attaque à l’arme à feu perpétrée le 14 août contre un bus de fidèles juifs.  Elle s’est par ailleurs alarmée du recours massif par Israël à la détention administrative, demandant à cet État de s’abstenir de toute arrestation arbitraire.  De même, elle a dénoncé les raids israéliens contre six organisations de la société civile palestinienne, le 18 août, et a dit soutenir l’appel lancé par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme pour qu’Israël révoque la désignation de ces organisations comme entités terroristes.  Par ailleurs, réitérant la position de son pays sur l’activité de peuplement d’Israël et sa pratique des expulsions et des démolitions, la déléguée a estimé que toute avancée des colonies dans la zone E1 porterait atteinte à la viabilité d’un futur État palestinien et compromet la solution des deux États.  Enfin, réaffirmant le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, elle a jugé qu’il incombe aux parties et au Conseil, avec l’ensemble de la communauté internationale, de relancer des discussions politiques inclusives afin qu’Israéliens et Palestiniens puissent vivre en paix.

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a exhorté les parties à respecter l’accord de cessez-le-feu.  Elle a pris note des efforts d’Israël pour la reprise des mouvements de personnes en provenance de Gaza et l’entrée de biens humanitaires et de carburant, après le cessez-le-feu.  Il faut rechercher une solution politique et déraciner les causes de la situation économique et humanitaire désastreuse à Gaza, a recommandé la représentante qui s’est dite préoccupée par l’évolution de la situation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, citant des attaques violentes et des meurtres de civils au cours de la période considérée.  Les actes de destruction et de démolition se poursuivent également, a-t-elle noté en observant de nouvelles tensions autour des Lieux saints de Jérusalem.  Elle a dénoncé les actes de terreur et les incidents violents en Cisjordanie et en Israël et demandé que cessent tous les actes de violence, en particulier contre les femmes et les enfants.  Les parties doivent s’abstenir de prendre des mesures unilatérales qui détruisent les conditions nécessaires à la promotion de la paix, a-t-elle expliqué.  Elle a conseillé de se concentrer plutôt sur la réduction du déficit de confiance, priant la communauté internationale d’envoyer un signal fort contre toute mesure empêchant la possibilité d’une solution à deux États.  En réponse à la crise de financement de l’UNRWA, l’Inde, depuis 2018, a contribué à hauteur de 20 millions de dollars dont 5 millions de dollars pour cette année, a enchaîné la déléguée.  En conclusion, elle a plaidé pour la reprise immédiate des pourparlers de paix entre Israël et l’État de Palestine, se disant toujours favorable à des négociations de paix directes en vue d’une solution à deux États.  L’ONU et la communauté internationale doivent donner la priorité à la reprise de ces négociations, a-t-elle conclu.

M. ZHANG JUN (Chine) a noté que la situation délicate dans les territoires palestiniens occupés a de nouveau préoccupé le monde ce dernier mois, en citant les nombreuses victimes civiles à Gaza.  Il a salué les efforts de médiation de l’Égypte, du Qatar et de la Jordanie pour parvenir à un accord de cessez-le-feu, en appelant à promouvoir le respect de ce cessez-le-feu par toutes les parties qui doivent faire preuve de retenue alors que les efforts diplomatiques sur tous les fronts doivent se poursuivre.

Le représentant a souligné le rôle inestimable de l’UNRWA, en particulier à Gaza, en exhortant la communauté internationale à soutenir davantage l’Office et à revoir à la hausse la réponse humanitaire.  Il a ensuite demandé à Israël de lever le blocus de Gaza, condamnant l’usage excessif de la force par Israël en exigeant des enquêtes sur les incidents ayant provoqué la mort de civils, y compris sur la mort de la journaliste d’Al-Jazira.

Les mesures prises par Israël contre des organisations civiles palestiniennes sont préoccupantes, a poursuivi le représentant, en demandant à Israël de répondre aux questions de la communauté internationale à ce sujet.  Il faut s’attaquer aux causes profondes de ce conflit, a souhaité le représentant, en arguant qu’Israël et l’État de Palestine sont et resteront des voisins.  Il faut donc encourager les deux parties à trouver un terrain d’entente pour parvenir à leur sécurité commune.  En outre, le délégué a dénoncé la poursuite des activités de colonisation israéliennes qui sapent les perspectives d’un État palestinien indépendant.  Des générations de réfugiés palestiniens ont perdu leurs foyers et ont été victimes de déplacement, a souligné le délégué, avant de déclarer que ce qui manque dans la question du règlement de ce conflit, c’est une volonté de justice.  Il faut prendre d’urgence des mesures pour promouvoir la solution des deux États et la coexistence harmonieuse entre les nations arabes et Israël, a-t-il insisté en conclusion.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.