Conseil de sécurité: le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient appelle à la retenue après les incidents en Cisjordanie
Dans son exposé présenté ce matin au Conseil de sécurité, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient a appelé les parties -Israéliens et Palestiniens- à la retenue après les échauffourées de Cheik Jarrah. Depuis le 13 février, la situation est précaire, a noté M. Tor Wennesland en attirant l’attention sur la déstabilisation dans les territoires palestiniens occupés, l’élargissement des colonies illégales et les démolitions des maisons palestiniennes à Jérusalem-Est.
Après avoir énuméré les incidents violents dont se sont rendu responsables les forces de sécurité israéliennes et les colons israéliens comme les acteurs palestiniens, le Coordonnateur spécial s’est particulièrement préoccupé de la précarité de la situation depuis le 24 janvier, où le Gouvernement israélien a donné le feu vert à la construction de 400 nouveaux logements, et le 1er février, date à laquelle le Ministre israélien de la justice a autorisé le plan de colonisation du poste avancé d’Evyatar, en Cisjordanie. Il s’est aussi alarmé de la création, le 13 février, d’un bureau temporaire d’un député de l’extrême droite israélienne près de la maison d’une famille palestinienne à Cheik Jarrah.
Comme les autres membres du Conseil, les États-Unis ont demandé que cesse toute action unilatérale de la part des parties, ajoutant que lorsque les actions provocatrices violent la loi, les auteurs doivent être poursuivis. Le Royaume-Uni s’est opposé en particulier à la légalisation de l’avant-poste d’Evyatar, arguant que c’est une source d’instabilité depuis mai et que de tels avant-postes sont illégaux en vertu du droit international humanitaire et du droit israélien. La France a appelé à la suspension des évictions des familles palestiniennes au profit de solutions durables.
Une autre source de préoccupation a été soulevée par le Mexique à propos de la déclaration faite par le Conseil central palestinien après la tenue de sa première réunion depuis 2018. Le Conseil central a en effet décidé de suspendre la reconnaissance d’Israël jusqu’à ce que celui-ci reconnaisse l’État palestinien. Le Mexique a d’ailleurs regretté que certaines factions politiques n’aient pas participé à la réunion de ce conseil, ce qui montre que la réconciliation intrapalestinienne est toujours bloquée.
Il faut pourtant surmonter les divisions intrapalestiniennes pour résoudre le conflit israélo-palestinien, a plaidé la Fédération de Russie qui a salué les efforts déployés par l’Égypte et de l’Algérie pour rapprocher les factions palestiniennes. La Norvège a conseillé aux dirigeants palestiniens de renforcer leur légitimité démocratique, estimant prioritaires la réconciliation et l’unité de la Palestine.
Préoccupé également par la situation financière de l’Autorité palestinienne, le Coordonnateur spécial a demandé aux membres du Conseil d’éviter l’effondrement financier. Il a salué le travail de la mission d’appui du Fonds monétaire international (FMI) tandis que la Norvège a demandé à Israël et à la Palestine de progresser sur les questions fiscales et sur les réformes annoncées à Oslo pour remédier à la précarité de la situation financière de l’Autorité palestinienne. Pour améliorer aussi la situation économique de la Palestine, le Coordonnateur spécial a appuyé les efforts menés par Israël pour faciliter l’accès au marché israélien du travail pour les travailleurs palestiniens de Gaza et de Cisjordanie. Le Royaume-Uni a, pour sa part, encouragé l’Autorité palestinienne à mettre en œuvre les réformes économiques nécessaires.
Sur le plan politique, la solution des deux États a été au cœur de toutes les déclarations. La Fédération de Russie a estimé que « résoudre le conflit israélo-palestinien c’est aller à des pourparlers directs et répondre à nos initiatives ». La délégation a appelé le Quatuor pour le Moyen-Orient à convoquer une réunion et a réitéré son invitation à tenir des pourparlers à Moscou. La France a indiqué prévoir, avec l’Allemagne, l’Égypte et la Jordanie, de « recréer un horizon politique crédible » qui permettrait d’enrayer une nouvelle crise et de relancer les négociations entre les parties sous les auspices de l’ONU, y compris le Quatuor.
Israël est revenu sur les incidents violents et a regretté en particulier la mort tragique d’un père israélien et de son fils de 5 ans, victimes du Hamas, avant de dénoncer les Nations Unies qui contribuent à « diaboliser la seule vraie démocratie au Moyen-Orient ». Ce Conseil oublie de dénoncer les discriminations dont souffre Israël, a dit le délégué en se désolant que « le Conseil consacre l’essentiel de son temps à entendre les revendications anti-israéliennes émises par l’Observateur permanent de Palestine ».
Ce dernier a axé son discours sur l’apartheid dont il accuse Israël, arborant d’ailleurs un masque buccal noir sur lequel figurait le slogan « End APARTHEID ». Il a rapporté les propos d’un journaliste lui faisant remarquer l’inutilité de sa présence au Conseil, au motif que sa voix serait « noyée dans les fracas de la guerre ». Cela n’a pas empêché l’Observateur de la Palestine d’appeler à des actions concrètes pour en finir avec cet « apartheid » et avec l’occupation illégale, car, à son avis, « condamner la politique d’Israël ne suffit pas ».
Pour le Coordonnateur spécial, il faudra des mesures durables qui reflètent une stratégie cohérente afin de renforcer l’Autorité palestinienne. Cette stratégie, a espéré M. Wennesland, devrait, petit à petit, ouvrir la voie à la réalisation de la solution des deux États. Il a exhorté les Israéliens, les Palestiniens, les États de la région et la communauté internationale à agir avec détermination pour permettre aux parties de renouer des liens et des contacts et de prendre de nouveau le chemin des négociations réelles pour mettre fin à l’occupation.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations
M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a pointé du doigt la poursuite de la déstabilisation dans les territoires palestiniens occupés y compris l’élargissement des colonies illégales et les démolitions des maisons à Jérusalem-Est. Ces exactions exacerbent la fragmentation territoriale de la Cisjordanie et hypothèquent les capacités de l’Autorité palestinienne à fournir les services essentiels à la population, a-t-il déploré. L’économie est à genoux et la communauté internationale doit prendre des mesures, a préconisé le haut fonctionnaire. Il a pris note des efforts d’Israël pour atténuer la violence des colons en Jordanie et pour éviter les provocations à Jérusalem-Est. Pour le moment le calme prévaut même si c’est fragile, a précisé M. Wennesland avant d’appeler Israël à lever les restrictions de mouvement des personnes et des biens vers Gaza.
Le Coordonnateur spécial a informé qu’en Cisjordanie occupée, des Palestiniens ont été tués par les forces de sécurité dont 2 enfants et 205 palestiniens, et 25 enfants ont été blessés. Des colons se sont rendus coupables de 55 assauts contre des Palestiniens faisant 18 blessés, a-t-il dit en ajoutant qu’ils ont endommagé des propriétés palestiniennes. Il a aussi informé que 92 Israéliens, dont une femme et 2 enfants, et 8 membres des forces de sécurité israéliennes ont été blessés par des Palestiniens dans des échauffourées. Au total, les Palestiniens se sont rendus coupables de 108 attaques contre des civils israéliens.
Poursuivant, M. Wennesland a dit que le 8 février, les forces de sécurité israéliennes ont pénétré dans la zone A de la Cisjordanie et ont tué trois Palestiniens, ce qui a conduit l’Autorité palestinienne à demander une enquête internationale et a entraîné des manifestations palestiniennes dans toute la Cisjordanie. Une grève générale a même été annoncée dans certaines zones. Le Coordonnateur spécial a énuméré les autres incidents: le 13 février, un Palestinien de 16 ans a été tué par les forces israéliennes près de Jénine; le 15 février, un Palestinien de 19 ans a été tué par les soldats israéliens dans le village de Nabi Saleh; le 18 février au cours de manifestations, 28 Palestiniens ont été blessés, dont 4 à balles réelles; le 22 février, les forces de sécurité israéliennes ont tué un garçon de 13 ans. Déplorant ces incidents, M. Wennesland a demandé aux forces de sécurité de faire preuve de la plus haute retenue et de ne recourir à la force que lorsque c’est inévitable afin de protéger des vies humaines.
Il a ajouté que la colonisation est une source de préoccupation, énumérant les nombreuses activités tout au long de la période à l’examen notamment le 21 janvier où, près de Naplouse, des colons ont planté des arbres. M. Wennesland a exhorté Israël à garantir la sûreté et la sécurité des Palestiniens. Les auteurs d’actes de violence doivent rendre des comptes et être traduits en justice, a-t-il exigé.
S’agissant des activités de peuplement, il a indiqué qu’Israël a, le 24 janvier, donné le feu vert au plan de construction de 400 nouveaux logements. Le 1er février, le Procureur général a publié un avis juridique permettant aux autorités israéliennes de donner le feu vert à des plans de colonisation dans le poste avancé d’Evyatar. Toutes les activités de peuplement sont illégales au regard du droit international et constituent un grave obstacle à la paix, a réitéré M. Wennesland ajoutant que les autorités israéliennes ont démoli et évacué de force 72 propriétés palestiniennes dans la zone C à Jérusalem-Est déplaçant ainsi 73 Palestiniens, dont 32 enfants. Le 30 janvier, les autorités israéliennes ont expulsé une famille palestinienne de 11 membres, dont 4 enfants, a-t-il ajouté.
À Cheik Jarrah, la situation déjà précaire a connu une escalade le 13 février, lorsqu’un membre de la Knesset issu d’un parti d’extrême droite a créé un bureau temporaire près de la maison d’une famille palestinienne et a demandé à ses partisans de venir dans ce quartier. Le 22 février, un tribunal israélien a suspendu l’ordre d’expulsion pour permettre à la famille de faire appel, a encore relaté le haut fonctionnaire qui a demandé aux autorités israéliennes de mettre fin aux déplacements et aux expulsions forcées de Palestiniens et de permettre aux familles palestiniennes de construire légalement.
M. Wennesland a ensuite parlé du Conseil central palestinien qui s’est réuni du 6 au 9 février, pour la première fois depuis 2018, et a demandé dans sa déclaration finale de cesser la coordination sécuritaire avec Israël, de suspendre la question de la reconnaissance d’Israël jusqu’à ce que ce pays reconnaisse l’État de Palestine sur la base des frontières de juin 1967 et de mettre fin aux activités de peuplement.
La situation budgétaire de l’Autorité palestinienne reste très précaire, a informé M. Wennesland ajoutant que les recettes ne sont pas à la hauteur des dépenses, que la dette s’accumule et que les investissements dans la santé, l’éducation et les infrastructures sont presque inexistants. Il faut éviter l’effondrement financier de l’Autorité palestinienne, a-t-il prévenu saluant la mission d’appui du Fonds monétaire international (FMI). Il a salué les efforts d’Israël pour faciliter l’accès des travailleurs palestiniens à Gaza et en Cisjordanie au marché du travail israélien. Il faut en outre lever les restrictions en matière d’accès pour les matériels à Gaza, a-t-il ajouté.
Mais il faut aller plus loin, a encouragé le haut responsable qui a exhorté les deux parties à améliorer les échanges commerciaux ainsi que l’accès aux biens et aux services. Il a dit également être préoccupé par les mesures prises par le Hamas qui risquent de compromettre le système bancaire palestinien. Sur le plan du développement et sur le plan humanitaire, grâce à des financements du Qatar, la reconstruction des logements a permis de loger 115 familles, a-t-il annoncé avant de parler des travaux menés par l’UNRWA pour réparer 7 000 logements. Il faut apporter des financements prévisibles à l’Office, a prié M. Wennesland insistant pour que soit empêchée une crise financière de l’ampleur de celle de l’année dernière.
S’agissant de la situation de la région, le cessez-le-feu entre Israël et la Syrie a tenu mais reste précaire avec des tirs de la part des forces de défense israéliennes dans la zone de séparation et la présence de forces armées syriennes dans cette même zone, a poursuivi M. Wennesland. Il a appelé les parties à respecter leurs obligations en vertu de l’accord de désengagement et à travailler avec la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD). Au Liban, après une impasse de trois mois, le Gouvernement s’est réuni de nouveau le 24 janvier et a adopté le budget de 2022, a indiqué le haut responsable en signalant des discussions en cours pour organiser des élections parlementaires le 15 mai. Sur le plan sécuritaire, il a dit que la situation reste relativement calme même si quelques incidents ont été signalés. La Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) continue de dialoguer avec les parties pour contenir tout incident et apaiser les tensions, a-t-il précisé.
Sur le plan économique, M. Wennesland a mentionné des initiatives économiques encourageantes mais estimé qu’il faut un processus politique permettant de régler les questions sous-jacentes, et donc les facteurs du conflit. Il a appelé à prendre un ensemble de mesures durables qui reflètent une stratégie cohérente visant à renforcer l’Autorité palestinienne et qui puisse petit-à-petit ouvrir la voie à la réalisation de la solution des deux États. Il a terminé en exhortant les Israéliens, les Palestiniens, les États de la région et la communauté internationale à agir avec détermination pour permettre aux parties de renouer des liens et des contacts et prendre de nouveau le chemin des négociations réelles pour mettre fin à l’occupation.
M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a axé son discours sur trois aspects de la situation au Moyen-Orient: les progrès permis par les Accords d’Abraham, les tensions accrues à Cheik Jarrah et dans toute la Cisjordanie, et le soutien humanitaire. Les États-Unis restent déterminés à élargir le cercle de la paix entre Israël et ses voisins et à approfondir la coopération entre les participants aux Accords d’Abraham, a-t-il déclaré en se disant encouragé par la visite du Premier Ministre israélien Bennett à Bahreïn le 14 février, et par l’accueil chaleureux qu’il a reçu du Prince héritier Salman bin Hamad Al Khalifa. Nous avons également été encouragés par la visite, le 7 février, de la délégation du Conseil national fédéral émirati à la Knesset israélienne, a-t-il dit. Ces visites démontrent qu’un engagement de bonne foi peut renforcer la confiance et ouvrir la voie à la coopération vers plus de sécurité, de prospérité et de dignité, a-t-il confié. En plus de ces visites, il a dit que les États-Unis soutiennent les efforts des signataires des Accords d’Abraham pour approfondir leurs relations par le biais de groupes de travail et d’autres initiatives visant à développer les liens commerciaux, culturels et interpersonnels.
Malgré ces progrès entre Israël et ses voisins arabes, la situation sur le terrain en Israël, en Cisjordanie et à Gaza reste fragile, a noté le délégué qui s’est dit particulièrement préoccupé par les tensions et la violence dans le quartier de Cheik Jarrah et dans toute la Cisjordanie. Pour M. Mills, les parties doivent s’abstenir de toute action unilatérale, ne pas exacerber les tensions et saper davantage les perspectives d’une solution négociée des deux États. Il a demandé que, lorsque ces actions provocatrices violent la loi, les auteurs soient poursuivis, qu’ils soient Israéliens ou Palestiniens. Le représentant a aussi évoqué la situation humanitaire à Gaza et plus largement pour les Palestiniens, disant soutenir un accès régulier, prévisible et à Gaza pour les acteurs humanitaires via les points de passage de Kerem Shalom et de Rafah. De même, il a encouragé fortement les États à se joindre à son pays pour financer l’UNRWA, afin que cette agence puisse continuer à gérer des écoles et des services de santé. M. Mills a enfin assuré que les États-Unis se tiennent prêts à soutenir les parties dans la recherche de la paix, en se basant sur une solution convenue par les parties elles-mêmes. Dans ce contexte, tenir des réunions pour le plaisir des réunions ne va pas aider, a-t-il averti, avant d’indiquer que lorsque les parties seront prêtes à aller de l’avant, les États-Unis seront là pour les soutenir.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a réaffirmé son appui à un règlement juste et durable du conflit israélo-palestinien, sur la base de la solution négociée des deux États, dans le respect scrupuleux des droits égaux entre Palestiniens et Israéliens. Le Conseil de sécurité a dressé le cadre juridique de cette solution, il faut maintenant aller plus loin, a-t-il plaidé, avant de dénoncer les mesures unilatérales qui entravent cette perspective de paix. Saluant les récentes rencontres entre responsables des deux parties, il a estimé que ces entrevues sont essentielles pour créer un climat propice à la paix. Mais il faut plus de contacts pour que la paix puisse s’installer, a ajouté le représentant, selon lequel il n’existe pas d’autre solution que celle du dialogue et des négociations. Dans ce contexte, les activités de peuplement ne font, selon lui, qu’exacerber le conflit. Après avoir condamné toutes les formes de haine et de violences de part et d’autre, il a dénoncé les attaques à la roquette perpétrées par des groupes terroristes palestiniens et a appuyé le droit d’Israël à la légitime défense. Dans le même temps, il s’est félicité de la levée de certaines restrictions à Gaza. Cela étant, le statu quo n’est pas tenable, a-t-il conclu, appelant les deux parties à reprendre le chemin de négociations réelles.
M. JUN ZHANG (Chine) a relevé que la situation des Palestiniens continue de se détériorer depuis le début de l’année. Il s’est dit préoccupé par l’escalade des constructions de colonies de peuplement israéliennes et l’expulsion de familles palestiniennes de leurs maisons. Israël doit cesser d’expulser les Palestiniens de leurs habitations et territoires, de détruire les maisons et de construite des colonies en Cisjordanie, a exigé le représentant avant de se dire également inquiet de la situation sécuritaire dans les territoires occupés. Les opérations militaires israéliennes ont fait beaucoup de victimes, a-t-il déploré en dénonçant aussi la violence des colons qui continue de faire des victimes palestiniennes. Le délégué a exhorté Israël à garantir la sécurité des populations des territoires occupés, d’enquêteur ces violences, de cesser les discours de violence et d’améliorer la situation économique dans les territoires occupés.
La communauté internationale doit également aider les Palestiniens à faire face à la crise, à lutter contre la pandémie et à reconstruire la bande de Gaza, a poursuivi le représentant, avant de signaler que la Chine et l’Égypte ont donné 700 000 doses de vaccin contre la COVID-19 à Gaza. Il a aussi appelé à soutenir les réfugiés palestiniens ainsi que l’UNRWA. En outre, il a exhorté la communauté internationale à renforcer les capacités des autorités palestiniennes en matière de sécurité. Il a demandé à Israël de soutenir la coordination économique avec l’Autorité palestinienne et à lever le blocus de Gaza. Le délégué a été d’avis que l’approche fragmentée suivie actuellement pour résoudre ce conflit risque de faire perdurer la situation. Il faut mettre fin à l’occupation et raviver la solution des deux États, a-t-il plaidé en soulignant l’importance de parvenir à l’unité des fractions palestiniennes. Le Conseil de sécurité doit faire preuve d’une plus grande responsabilité, a-t-il conclu.
Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a estimé que la voie vers la paix au Moyen-Orient passe par la solution des deux États, avec Israël et la Palestine vivant côte à côte sur les frontières d’avant 1967. Elle a salué le dialogue diplomatique de haut niveau qui se poursuit en encourageant les parties à continuer en ce sens. Il est temps pour les Nations Unies et la communauté internationale de mettre en place des synergies pour régler ce problème qui perdure depuis plusieurs décennies, a-t-elle plaidé. La représentante a en outre appelé à la prudence dans les projets israéliens de colonisation. Elle a dit espérer que les pourparlers intrapalestiniens, sous l’égide de l’Algérie, puissent conduire à l’unité des parties palestiniennes. La représentante a également appelé à traiter de la crise fiscale palestinienne, avant de souligner l’importance pour l’UNRWA d’avoir un financement plus prévisible pour poursuivre son soutien aux plus de 4 millions de Palestiniens qui dépendent de l’Office.
M. MARTIN KIMANI (Kenya) a condamné les actes terroristes perpétrés par différentes milices qui aspirent à des objectifs non conformes à la Charte des Nations Unies et menacent la paix et la sécurité au Moyen-Orient. Leurs actions sont aussi lourdes de conséquences pour l’Afrique, a-t-il relevé, avant d’exhorter les parties à éviter tout acte de provocation, comme la réouverture récente d’un bureau parlementaire dans le quartier de Cheik Jarrah, à Jérusalem-Est. Mettant en garde contre un risque d’escalade, le délégué a estimé que ces tendances rendent nécessaire la mise en place d’un règlement négocié. Selon lui, le Conseil de sécurité doit collectivement encourager les pourparlers qui favorisent la réalisation de la solution des deux États, fondée sur les frontières de 1967. Il faut pour cela multiplier les mesures de confiance entre responsables et individus des deux parties, a-t-il plaidé, saluant à cet égard les mesures tendant à renforcer la coopération israélo-palestinienne dans les domaines civil et économique. Avancer vers la paix nécessite également la cessation de la construction de nouveaux logements dans territoires palestiniens occupés et l’arrêt des démolitions de bâtiments palestiniens, a souligné le représentant, pour qui il importe par ailleurs de soutenir les activités de l’UNRWA afin de permettre un relèvement équitable post-COVID-19.
Mme MONA JUUL (Norvège) a condamné l’expulsion de la famille Salihiya de leur maison à Cheik Jarrah. Elle a exhorté Israël à mettre fin aux expulsions à Jérusalem-Est et à respecter les droits des Palestiniens qui y vivent. La liberté d’expression et de réunion, ainsi que le droit de manifester pacifiquement doivent être respectés, a-t-elle ajouté avant de demander aussi le respect de l’intégrité des lieux saints et du statu quo historique. Mme Juul a jugé illégales les colonies israéliennes dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-Est, et appelé à cesser leur construction ainsi que les démolitions et les expulsions. Les acteurs de la société civile doivent être autorisés à travailler, a-t-elle également plaidé en demandant aussi de protéger les défenseurs des droits humains.
Les dirigeants palestiniens devraient prendre des mesures pour renforcer la légitimité démocratique, a poursuivi la représentante estimant que la réconciliation et l’unité en Palestine doivent être une priorité. Elle a aussi souhaité que les parties palestiniennes et israéliennes progressent sur les questions fiscales et que des progrès soient faits après les réformes annoncées à Oslo pour remédier à la précarité de la situation financière de l’Autorité palestinienne. Pour Mme Juul, l’objectif des pourparlers entre les parties devrait être de discuter d’un horizon politique et d’un retour aux négociations pour la solution des deux États. La Norvège reste prête à apporter son aide, a-t-elle assuré en insistant au demeurant pour que les populations civiles puissent vivre dans le calme et pour que le cessez-le-feu soit prolongé pour que les travaux sur les infrastructures soient achevés. Elle a terminé en soulignant la nécessité d’accroître l’appui des donateurs à l’UNRWA, la Norvège ayant récemment augmenté sa contribution d’environ 125 millions de dollars sur une période de quatre ans.
M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a dit soutenir une résolution de l’Assemblée générale sur l’holocauste. Sur la situation au Moyen-Orient, il a appelé les parties à plus de retenue, rappelant que les civils ne doivent jamais être la cible délibérée d’attaques. Il a relevé que la crise économique rend plus difficile les perspectives de réconciliation intrapalestinienne, avant d’appeler à la reconstruction des infrastructures palestiniennes et à la poursuite de la fourniture de l’aide humanitaire. Les réunions de haut niveau qui ont suivi la signature des accords de normalisation des relations entre Israël et des pays arabes sont encourageants, a-t-il estimé. Il a terminé son propos en rappelant le vœu du Brésil de voir se réaliser la solution des deux États, vivants côte à côte dans le cadre de frontières sécurisées.
Mme SHERAZ GASRI (France) a réaffirmé son soutien résolu à la solution des deux États, estimant que c’est, à ce jour, la seule à même de permettre une paix juste et durable. La tentative d’une solution qui s’en éloignerait est au contraire « porteuse de risques, pour la région et pour la sécurité d’Israël », a-t-elle soutenu, jugeant qu’il est de la responsabilité du Conseil de sécurité d’œuvrer à préserver cette perspective. Cela passe en priorité par la fin des actions unilatérales, a plaidé la représentante, avant d’appeler à la suspension des évictions de familles palestiniennes, notamment dans le quartier de Cheik Jarrah, à Jérusalem-Est, au profit de solutions durables. Dans le cas contraire, nous risquons d’être confrontés à une brutale dégradation de la situation au cours du mois de Ramadan, qui coïncidera cette année avec les fêtes juives de Pessah.
La déléguée a ensuite réitéré son appel à Israël à revenir sur ses dernières décisions en matière de colonisation, en suspendant définitivement les plans concernant la création d’une nouvelle colonie à Atarot et ceux visant à étendre la zone E1. Elle a également exhorté Israéliens et Palestiniens à œuvrer à la consolidation du cessez-le-feu à Gaza et à renforcer leur coopération dans tous les domaines. Dans ce contexte, Mme Gasri s’est inquiétée du rétrécissement de l’espace dans lequel opère la société civile, qualifiant de très préoccupantes les désignations de six ONG palestiniennes par Israël comme organisations terroristes et les dérives en matière de respect des droits humains, du droit international humanitaire et des libertés dans les territoires palestiniens. Appelant par ailleurs à préserver l’espace humanitaire, elle a réaffirmé le plein soutien de la France à l’UNRWA et a demandé à tous les États Membres de contribuer à son budget.
Pour la représentante, il serait « illusoire » de penser que l’on peut acheter la paix uniquement avec des mesures économiques. C’est dans cet esprit, a-t-elle indiqué, que le Ministre français de l’Europe et des affaires étrangères, M. Jean-Yves Le Drian, s’est réuni avec ses homologues allemand, égyptien et jordanien à Munich, le 19 février dernier. À cette occasion, il a rappelé avec force l’importance de recréer un horizon politique crédible, qui permette d’enrayer une nouvelle crise et de relancer les négociations entre les parties ou sous les auspices des Nations Unies, y compris en associant le Quatuor, a précisé Mme Gasri.
Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) s’est inquiétée du recours excessif à la force par les forces de sécurité israéliennes qui, entre le 25 janvier et le 7 février seulement, ont blessé 215 Palestiniens en Cisjordanie, dont 28 enfants, et tué un adolescent palestinien le 13 février et hier encore un garçon de 14 ans au sud de Bethléem. Elle a souhaité qu’Israël mène des enquêtes approfondies sur tous ces incidents et en poursuive leurs auteurs, avant de lui demander de mettre fin à l’expansion des colonies, aux confiscations, aux démolitions et aux expulsions des Palestiniens de leurs territoires et de leurs maisons. Mme Byrne Nason a également exprimé sa préoccupation quant à l’escalade de la violence des colons à Jérusalem-Est comme l’incendie récent de la maison d’une famille juive à Cheik Jarrah. Elle a appelé les autorités israéliennes à traduire en justice les responsables d’attaques violentes et à veiller à ce qu’ils soient tenus responsables.
Également préoccupée par les menaces d’expulsion et de démolition à Cheik Jarrah, qui vont alimenter inévitablement les tensions, elle a aussi parlé du plan de l’aqueduc inférieur et d’autres plans de colonisation qui menacent la contiguïté d’un futur État palestinien et ne devraient pas aller de l’avant, selon elle. Elle a réitéré l’importance de maintenir le statu quo historique et juridique des lieux saints de Jérusalem et le statut de la Jordanie à cet égard. Dénonçant l’impact de la politique des autorités israéliennes sur les droits humains des Palestiniens, la représentante a regretté l’inégalité de traitement des Palestiniens, l’application de normes différentes dans les territoires palestiniens occupés et l’incapacité d’Israël à assurer la protection et le bien-être des Palestiniens vivant sous son occupation. Elle s’est dite également inquiète face à la décision d’Israël de désigner certaines organisations de la société civile palestinienne comme des entités terroristes. Elle a conclu en appelant à soutenir l’UNRWA, à mettre fin aux divisions intrapalestiniennes et à faire des progrès vers la réalisation de la solution des deux États.
M. ECKERSLEY (Royaume-Uni) a salué la récente visite du Premier Ministre israélien à Bahreïn, avant de dire que le Royaume-Uni soutient activement la poursuite de la stabilité régionale par le biais de relations normalisées. Il a marqué sa préoccupation devant les tendances négatives sur le terrain dans les territoires palestiniens occupés, notamment un niveau croissant de violence et d’incitation à la violence. Il a condamné les tirs de missiles par des militants palestiniens à Gaza début février, avant d’appeler le Hamas et les autres groupes terroristes à mettre définitivement fin à leurs actions incendiaires contre Israël.
Le représentant a ensuite relevé que la violence en Cisjordanie, y compris les attaques des colons contre le peuple et les biens palestiniens, est en augmentation. De ce fait, il est de la responsabilité du Gouvernement israélien d’assurer la protection des civils palestiniens, de veiller à ce que tous ces incidents fassent l’objet d’enquêtes approfondies et de traduire les responsables en justice. Il a appelé à la retenue de toutes parts et à l’arrêt des expulsions forcées et des démolitions en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, en demandant d’arrêter définitivement les activités de colonisation qui menacent la solution des deux États. Il a indiqué que le Royaume-Uni s’oppose à l’autorisation de légaliser l’avant-poste d’Evyatar en Cisjordanie, arguant qu’Evyatar est une source d’instabilité depuis mai et que de tels avant-postes sont illégaux en vertu du droit international humanitaire et israélien.
Le représentant a noté que la crise budgétaire de l’Autorité palestinienne s’aggrave et a plaidé pour une action rapide afin d’améliorer la situation, en conseillant à l’Autorité palestinienne de mettre en œuvre les réformes nécessaires. Le Royaume-Uni souhaite voir une coopération continue entre Israéliens et Palestiniens, y compris sur des initiatives économiques, pour stimuler l’économie palestinienne et améliorer la vie de tous dans les territoires palestiniens occupés, a expliqué le délégué arguant que cela est bénéfique pour la sécurité et la prospérité des Israéliens comme des Palestiniens. Il a rappelé que nous approchons d’une convergence des fêtes religieuses musulmanes, juives et chrétiennes en avril. Il a jugé crucial que toutes les parties s’engagent à respecter le statu quo historique et prennent des mesures pour éviter d’exacerber les tensions, afin d’empêcher toute escalade.
M. JEAN-PIERRE-HEMERY DOUMBENENY NDZIGNA (Gabon) a noté que la situation au Moyen-Orient est un sujet de préoccupation à divers titres, qu’il s’agisse des différents fronts du conflit au Yémen, des attaques contre les Casques bleus au Liban ou encore de la situation humanitaire dramatique en Afghanistan. Pour ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, il a observé que le quotidien des populations demeure marqué par les violences, dont certaines résultent de la construction de nouvelles colonies et des frustrations qui en découlent. Condamnant toutes les violences qui ciblent des civils, en particulier les enfants et les femmes, le représentant a jugé fondamental d’améliorer les conditions de détention et de faire cesser les actes répressifs de masse. Il a également réitéré son appui à la solution des deux États pour établir une paix durable dans la région. À cette fin, il convient, selon lui, d’agir en encourageant les actions intercommunautaires afin de faciliter les échanges et de favoriser le vivre-ensemble. De telles mesures peuvent servir de socle à l’établissement d’un climat de confiance et au déploiement de la diplomatie internationale, a-t-il affirmé, avant de conclure sur un appel à la désescalade.
M. MOHAMMAD YOUSUF ABDULLA MOHAMMAD BASTAKI (Émirats arabes unis) a souligné l’importance d’instaurer un contexte politique favorable pour que l’élan actuel se poursuive. Le représentant a encouragé à fournir des efforts supplémentaires pour garantir la stabilité et la sécurité au Moyen-Orient, y compris dans les territoires palestiniens occupés. Il a exhorté à pérenniser le cessez-le-feu actuel et à cesser toutes les violences. Le dialogue est le meilleur moyen de faire des progrès tangibles, a-t-il estimé arguant que cela permettrait de faire revivre la perspective de la solution des deux États. Israël doit assumer ses responsabilités, préserver le statut de Jérusalem-Est et respecter le statut de la Jordanie concernant les lieux saints, a exigé le délégué. Il a conclu en demandant un appui aux agences de l’ONU qui doivent pouvoir continuer à prendre des mesures concrètes pour alléger la situation humanitaire des réfugiés. Les Émirats arabes unis poursuivront leur aide à la bande de Gaza pour combattre la pandémie, a assuré le représentant.
M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a salué les récentes interactions de haut niveau entre les autorités israéliennes et palestiniennes, mais a dit sa préoccupation face aux récents développements sur le terrain, en particulier les attaques violentes et les meurtres de civils. Il a exhorté toutes les parties à prendre des mesures immédiates pour la cessation complète de la violence. Il a dit que l’Inde suit de près les développements à Cheik Jarrah où les tensions ont de nouveau augmenté autour de la question de l’expulsion de certaines familles palestiniennes. Le délégué a appelé au calme des deux côtés. Il a rappelé que la résolution 2334 (2016) a été adoptée par ce Conseil pour réaffirmer le ferme engagement de la communauté internationale à prévenir l’érosion de la solution des deux États. Il a aussi appelé les parties à empêcher tous les actes de violence contre les civils et à s’abstenir de toute provocation en demandant aussi la fin des activités de colonisation. Toute action qui modifie indûment le statu quo sur le terrain et compromet la viabilité de la solution des deux États doit être évitée dans l’intérêt plus large d’assurer la paix et la stabilité, a-t-il argué.
Le représentant a en outre appelé les parties à se concentrer sur le traitement des défis sécuritaires et économiques, y compris la précarité de la situation financière de l’Autorité palestinienne. Il a réitéré la nécessité d’une reprise rapide des discussions politiques en lançant des négociations crédibles sur toutes les questions relatives au statut final. Pour le délégué, l’absence de tels pourparlers directs sur les questions politiques clefs a des coûts asymétriques pour les Israéliens et les Palestiniens et n’est pas de bon augure pour une paix à long terme. Il a donc appelé l’ONU et la communauté internationale, le Quatuor pour le Moyen-Orient en particulier, à donner la priorité à la relance de ces négociations.
Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) s’est alarmée de la « stagnation » du dialogue politique entre les parties au conflit. Il a notamment jugé préoccupante l’annonce récente du Conseil central palestinien approuvant la déclaration par laquelle la reconnaissance d’Israël est suspendue, jusqu’à que celui-ci reconnaisse l’État palestinien. Il a également regretté que certaines factions politiques n’aient pas participé à la réunion du Conseil central palestinien, ce qui montre que la réconciliation intrapalestinienne continue d’être bloquée. Le délégué s’est également inquiété de la poursuite de la violence à Jérusalem-Est, notamment dans le quartier de Cheik Jarrah. Il a appelé le Gouvernement israélien à suspendre toutes les expulsions et à stopper immédiatement la construction de logements supplémentaires dans les territoires palestiniens. Ces actions unilatérales non seulement alimentent la violence, mais compromettent également la viabilité de toute perspective d’une paix juste et durable, a-t-il souligné.
Le représentant a souhaité à cet égard que le statut particulier de Jérusalem soit respecté. À ses yeux, les plans israéliens d’expansion des parcs nationaux dans le bassin de la vieille ville pourraient porter atteinte au caractère démographique, historique, culturel et religieux de Jérusalem. Il a d’autre part exhorté la communauté internationale à soutenir le peuple palestinien, constatant que la situation financière précaire de l’Autorité palestinienne, ainsi que la crise budgétaire de l’UNRWA affectent négativement la fourniture de services de base à la population. Enfin, il a réitéré le soutien du Mexique à la solution des deux États et a invité Palestiniens et Israéliens à reprendre leurs pourparlers de paix.
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a déclaré que l’impasse actuelle du processus politique est à l’origine du regain de violence en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Le représentant a dit être préoccupé par l’augmentation des attaques brutales commises par les colons israéliens et par le recours à la violence par Israël, citant en exemple ce qui s’est passé dans le quartier de Cheik Jarrah. Il a aussi exprimé son inquiétude par rapport aux projets d’élargissement des activités sur le plateau du Golan, réitérant que la position de la Fédération de Russie reste inchangée sur cette question. « Nous ne reconnaissons pas l’occupation israélienne du Golan. Le Golan appartient à la Syrie », a insisté le délégué.
Résoudre le conflit israélo-palestinien, c’est aller à des pourparlers directs et surmonter les divisions intrapalestiniennes, a analysé le représentant qui a salué les efforts de l’Égypte et de l’Algérie pour rapprocher les factions palestiniennes et a réitéré l’invitation de sa délégation pour tenir des pourparlers à Moscou. Il a enfin encouragé le Quatuor pour le Moyen-Orient à renforcer son travail et à convoquer une réunion, y compris avec les Palestiniens et les acteurs clefs de la région. Les conditions ne seront jamais idéales pour régler un conflit, a fait remarquer en conclusion le représentant pour qui ce n’est pas une raison pour ne rien faire. Les parties doivent réagir à nos initiatives, a-t-il prié avant d’appeler à aider davantage l’UNRWA pour que l’Office puisse s’acquitter de son mandat de venir en aide aux réfugiés.
L’Observateur permanent de l’État de Palestine, M. RIYAD H. MANSOUR, a dit qu’avant cette séance, un journaliste lui a expliqué l’inutilité de sa présence en arguant que « sa voix sera noyée par le fracas de la guerre ». M. Mansour a rétorqué qu’on fait pourtant la guerre aux Palestiniens depuis 75 ans, de leur naissance et même jusqu’après leur mort. Portant un masque anti-COVID noir avec le slogan « END APARTHEID », il a dénoncé la politique d’apartheid qui se manifeste quand Israël parle du droit de retour des Juifs et exclut ce droit aux Palestiniens qui sont partis depuis 75 ans seulement. Il a ajouté que les politiques israéliennes confinent les Palestiniens à de petits espaces alors que les colons israéliens ont le feu vert pour poursuivre la colonisation. Il s’agit encore d’une politique d’apartheid quand Israël crée des parcs nationaux, « un prétexte pour s’emparer de nos terres en déracinant des arbres centenaires », a-t-il estimé.
Il faut des funérailles dignes pour les Israéliens tués, mais pas pour les morts palestiniens, a aussi dénoncé M. Mansour en évoquant encore l’apartheid. Il a également dénoncé le fait que les Israéliens désignent les ONG palestiniennes comme des organisations terroristes, « alors même que les colons qui perpétuent des attentats terroristes siègent à la Knesset ». Israël a déjà incarcéré plus d’un million de Palestiniens alors qu’aucun Israélien ne l’a été, a encore argué l’Observateur qui a énuméré divers arsenaux militaires israéliens utilisés contre les populations palestiniennes. Il a affirmé que tout Palestinien vivant dans un camp de réfugié peut témoigner de l’apartheid dont il est victime, même si le peuple palestinien ne se soumettra pas. L’Observateur a rappelé que tout le monde était contre l’apartheid en Afrique du Sud, même si Israël était un allié du régime sud-africain du fait des mêmes valeurs partagées. Vous condamnez tous la politique d’Israël, mais cela ne suffit pas et il faut désormais des actions concrètes pour mettre fin à cette occupation illégale et à l’apartheid, a-t-il conclu.
M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a commencé par narrer la mort tragique d’un père israélien et de son fils de 5 ans, victimes tous deux d’un tir de roquette du Hamas. « Cette organisation terroriste palestinienne continue de cibler des civils au nom de la destruction d’Israël », s’est-il indigné, jugeant choquant que, malgré les intentions affichées par ce groupe, les Nations Unies contribuent de « diaboliser » la seule vraie démocratie du Moyen-Orient. Il en a pris pour preuve la création par le Conseil des droits de l’homme d’une commission d’enquête « soi-disant impartiale » sur les événements de Gaza. Dans les faits, cette commission est « loin d’être neutre », a-t-il dénoncé, considérant que la création d’un organe véritablement impartial ne devrait pas alimenter « l’objectif de délégitimisassions de l’État d’Israël ». Alors que ce même Conseil fait fi des crimes perpétrés par certains de ses membres contre leur propre peuple, il oublie de dénoncer les discriminations dont souffre Israël, a accusé le représentant, avant d’observer que le budget alloué à la commission d’enquête est deux fois supérieur à celui d’organes qui investiguent sur les crimes les plus graves commis en Syrie et au Venezuela. Comment cette commission pourrait-elle être neutre quand tous ses membres défendent des vues hostiles à Israël, a-t-il renchéri, justifiant ainsi le refus de son pays de coopérer avec elle.
Il s’est ensuite élevé contre les campagnes anti-israéliennes menées, selon lui, par des organisations de défense des droits humains, telles qu’« Amnesty International » ou « Human Rights Watch », qui préfèrent lancer un « jihad » contre la seule démocratie de la région plutôt que de condamner les agissements de l’Iran. Face à ce qu’il a qualifié de « rapports haineux », le délégué a fait valoir que son pays protège tous ses citoyens et ne commet pas d’injustices systématiques. Il a relevé à cet égard qu’un juge musulman a récemment été élu à la Cour suprême israélienne et qu’un membre arabe du Parlement vient d’être promu à de hautes fonctions. Plutôt que de donner droit à la rhétorique alimentée par une Autorité palestinienne « corrompue », ces organisations devraient rechercher de véritables violations, notamment en regardant comment le Hamas traite les minorités, les femmes et les LGBTQ, a-t-il lancé, ajoutant que, si deux millions d’Arabes peuvent vivre librement en Israël, les Israéliens qui s’aventurent à Ramallah deviennent des « cibles ».
Dans ce contexte, le Conseil de sécurité consacre l’essentiel de son temps à entendre les revendications anti-israéliennes émises par l’Observateur permanent de la Palestine, a regretté le représentant. Alors que près de 500 actes terroristes ont été perpétrés contre Israël ces deux derniers mois, « ce n’est jamais l’objet des débats », a-t-il dénoncé, avant de se demander quand une discussion sur ces questions aura lieu à l’Assemblée générale. Il a estimé que la séance de ce jour devrait se centrer sur la menace que représente l’Iran arguant que c’est le principal État parrainant le terrorisme. L’Iran, a-t-il dit, sème la mort dans la région et fait tout pour favoriser une hégémonie chiite, via le Hezbollah et les houthistes. « À quoi ressemblera la région quand l’Iran sera doté de l’arme nucléaire? Quelle sera la situation quand ses alliés seront protégés par un État nucléaire ? » Pour le délégué, les négociations en cours à Vienne contribueront malheureusement à créer un contexte plus instable au Moyen-Orient et à laisser les « ayatollahs » mettre au point des armements sophistiqués. « Le Conseil de sécurité ferme les yeux mais Israël n’hésitera pas à agir », a-t-il martelé, assurant que son pays ne sera pas lié par l’issue des négociations de Vienne et gardera sa pleine liberté d’action. « Il fera tout ce qui est nécessaire pour mettre fin aux aspirations nucléaires de l’Iran et de ses intermédiaires », a insisté le représentant, ajoutant en conclusion qu’Israël continuera à agir pour la paix et pour la sécurité de ses enfants victimes d’actes terroristes.