En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/20559

Le Secrétaire général appelle à saisir la chance d’une « remise à zéro » après la pandémie de COVID-19 pour un monde plus juste et durable

Le Secrétaire général, M. António Guterres, a appelé, aujourd’hui, lors d’une conférence de presse donnée en présentielle au Siège de l’ONU à New York, à saisir la chance d’une « remise à zéro » qu’offre la reprise après la COVID-19 pour répondre aux fragilités mondiales, renforcer la gouvernance mondiale et fournir des biens publics mondiaux.

Après avoir esquissé ses trois priorités pour l’année –la première, absolue, étant de vaincre la pandémie– le Secrétaire général a livré son point de vue sur plusieurs dossiers, en exprimant, là encore, son espoir, notamment pour la Libye, la Syrie ou bien encore pour la lutte contre les changements climatiques.

À l’entame de son intervention, le Secrétaire général a rappelé le très lourd bilan de la pandémie actuelle.  Cent millions de cas ont été confirmés, deux millions de vies ont été perdues, y compris parmi les membres de la famille des Nations Unies, tandis que quelque 500 millions d’emplois ont été détruits.  « Le monde est en pleurs. »  Et alors que quelque 600 000 cas sont confirmés chaque jour, le monde est encore rempli d’incertitudes.  M. Guterres a néanmoins estimé que cette crise, qui n’est pas le fait du hasard mais bien le fruit de « négligences » anciennes, est l’occasion d’un changement et d’un resserrement de la coopération internationale.  « Saisissons cette occasion. »

La priorité des priorités, a-t-il continué, c’est vaincre la pandémie. Les vaccins doivent être vus comme des biens publics mondiaux. Le Secrétaire général a prévenu que le Mécanisme COVAX a besoin de fonds pour se procurer et fournir des vaccins aux pays à faible et moyen revenus, notant que sur les plus de 70 millions de doses déjà administrées, moins de 20 000 l’ont été sur le continent africain. Si on laisse la COVID-19 se propager dans les pays du Sud, le virus va inévitablement muter, devenir plus contagieux, plus meurtrier et enfin, plus résistant aux vaccins, a-t-il averti.

M. Guterres a notamment mis en garde contre les dangers d’un « nationalisme vaccinal » -« un échec non seulement économique mais également moral »-, et résolument plaidé pour une campagne mondiale de vaccination.  Il a notamment indiqué qu’à moins d’appuyer les pays en développement, la crise sanitaire pourrait couter 9 200 milliards de dollars à l’économie mondiale, soit plus de 340 fois le manque de financement de 27 milliards de dollars de l’Accélérateur ACT, « le meilleur outil pour rendre le vaccin disponible à tous et partout et accélérer la reprise mondiale ».

La deuxième priorité, a-t-il poursuivi, est de fournir un appui financier à tous les pays qui en ont besoin afin d’assurer un relèvement économique inclusif et durable.  Il ne s’agit pas là d’un acte de charité, mais de bon sens économique, a-t-il tranché.  Le relèvement doit être durable et embrasser les énergies renouvelables et les infrastructures vertes et résilientes, a-t-il dit, avant de s’attarder sur sa troisième priorité.  « L’année 2021 doit être l’année du climat et de la biodiversité », a affirmé M. Guterres, qui a appelé à saisir l’occasion de mettre fin à « notre guerre insensée contre la nature ».

Le Secrétaire général a ainsi appelé à poursuivre l’élaboration de la coalition mondiale pour parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050; obtenir des gouvernements qu’ils soumettent leurs contributions déterminées au niveau national pour réduire leurs émissions de 45% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2010; honorer tous les engagements financiers pour le climat et adopter des politiques transformatives contre le carbone et les combustibles fossiles.

La mobilisation gigantesque de fonds pour le relèvement post-pandémie peut soit se faire en creusant les inégalités actuelles, soit en tendant vers un monde plus équitable, réconcilié avec la nature, a déclaré le Secrétaire général.  Il a souligné, comme signe positif, la prise de conscience mondiale de l’importance de la lutte contre les changements climatiques même si les moyens pour la mener ne sont pas encore au rendez-vous.

« À minuit moins cinq, les gouvernements commencent enfin à écouter les scientifiques, les entreprises, les villes, les universitaires et surtout les jeunes qui ont été les dirigeants mondiaux sur cette question. »

Répondant aux questions des correspondants de presse, M. Guterres a affiché son espoir dans plusieurs domaines, en saluant tout d’abord le renouvellement du traité New START entre les États-Unis et la Fédération de Russie.  Il s’agit d’une bonne décision, a-t-il dit, tout en insistant sur la responsabilité de tous les États dotés de l’arme nucléaire de progresser vers le désarmement.  Il a également appelé tous ceux qui ont souscrit au Plan d’action global commun relatif au programme nucléaire iranien à travailler ensemble pour réduire les incertitudes, répondre aux difficultés et aux obstacles et s’acheminer progressivement vers une situation où l’on puisse avoir un accord qu’il a jugé essentiel, pour la paix et la stabilité du Golfe et du monde entier. 

Interrogé sur le changement d’administration à Washington, le Secrétaire général a vu dans le retour des États-Unis dans l’Accord de Paris et leur changement de pied s’agissant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) ou encore le processus de paix au Moyen-Orient des « corrections » de décisions prises par l’administration antérieure qui « n’étaient pas conformes au multilatéralisme ».

Le Secrétaire général a également insisté sur les convergences entre les États-Unis et la Chine s’agissant de la lutte contre les changements climatiques.  Il a aussi espéré que ces deux pays choisiront la voie de la coopération plutôt que de l’affrontement dans le domaine du commerce et de la technologie.

Interrogé sur plusieurs situations de conflit, M. Guterres a également vu des raisons d’espérer en Palestine, se disant convaincu qu’un élargissement du Quatuor pourrait enfin devenir possible.  Il a également espéré que les élections prévues dans l’État de Palestine et en Israël contribueront à la création d’un environnement propice à la reprise du processus de paix et à la solution des deux États.

Il a en outre salué les « efforts remarquables » menés en Libye pour aboutir à un règlement et exhorté tous les combattants étrangers et les mercenaires à quitter le pays.  Il a en outre invité les Syriens à s’unir afin de réduire les ingérences étrangères et revenir à la normalité, se félicitant que le cessez-le-feu soit globalement respecté.  Quant à l’Inde et au Pakistan, il a jugé essentiel que ces deux États parviennent à se réunir pour discuter sérieusement de leur problème, avertissant qu’une confrontation militaire entre eux seraient un « désastre absolu » pour le monde entier.

Interrogé sur la situation des Ouïghours en Chine, M. Guterres a souligné l’importance de défendre les droits de l’homme tout en laissant le soin aux entités et tribunaux compétents de déterminer si les Ouïghours sont victimes d’un génocide.  Le Secrétaire général s’est aussi dit préoccupé devant le pouvoir grandissant des grandes entreprises de l’Internet et le manque de contrôle sur les données qu’elles collectent sur « chacun d’entre nous ».

Enfin, le Secrétaire général s’est félicité du fait que le Siège de l’ONU à New York ne soit pas devenu un foyer de transmission pour la COVID-19.  Il a cependant estimé qu’il serait difficile que l’Assemblée générale se tienne en septembre selon le format habituel, c’est-à-dire en présentiel.  La prochaine Assemblée sera probablement une version améliorée de celle que nous avons eue cet automne, a conclu M. Guterres.

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