En cours au Siège de l'ONU

8940e séance - matin
CS/14747

Conseil de sécurité: appels à l’arrêt des colonies de peuplement et à la reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens, 5 ans après l’adoption de la résolution 2334

De nombreuses délégations ont exhorté, ce matin devant le Conseil de sécurité, à la mise en œuvre « complète » de la résolution 2334 (2016) qui appelle à l’arrêt des colonies de peuplement dans le Territoire palestinien occupé.  Elles ont également engagé de nouveau Israéliens et Palestiniens au dialogue, y compris dans le cadre d’une conférence internationale sur le processus de paix au Moyen-Orient. 

Adoptée le 23 décembre 2016 par 14 voix pour et l’abstention des États-Unis, la résolution 2334 (2016) réaffirme notamment que la création par Israël de colonies de peuplement dans le Territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, constitue une « violation flagrante » du droit international et un obstacle majeur à la réalisation de la solution des deux États et à l’instauration d’une paix globale, juste et durable.

Elle exige alors et de « nouveau » d’Israël qu’il arrête « immédiatement et complètement » toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est.

Or, cinq ans après son adoption, ont constaté des délégations, la résolution n’a pas permis d’empêcher la poursuite des activités de peuplement.  Pire, se sont-elles inquiétées, sa mise en œuvre est restée « inexistante », tandis que sur le terrain, la « tendance négative » s’est aggravée, notamment avec la multiplication du nombre de colonies de peuplement à proximité de Jérusalem et dans la vallée du Jourdain et les annonces concernant la construction de nouvelles unités.

À cela, s’ajoutent les destructions de biens et de maisons palestiniens et les expulsions qui ont atteint en cette année « des records ».  Au 6 décembre, on dénombrait 835 structures palestiniennes démolies illégalement, provoquant le déplacement forcé d’environ 1 044 personnes, soit le nombre de déplacés le plus élevé depuis 2016.  Aujourd’hui, ce sont 800 000 colons israéliens qui sont installés dans ces colonies illégales au regard du droit international, soit une hausse de 53% au cours des cinq années écoulées, ont détaillé le Niger et le Mexique.

Le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient et Représentant personnel du Secrétaire général a, de son côté, fait état d’un niveau de violences « préoccupant », notamment de la part des colons à l’encontre des Palestiniens, mais aussi de la part de factions palestiniennes appelant à la violence contre des Israéliens.

« Les niveaux de violence dont nous avons été les témoins ces dernières semaines devraient nous servir d’avertissement.  Si rien n’est fait, on s’orientera vers encore plus de violences », a mis en garde M. Tor Wennesland. 

Le Coordonnateur spécial a lui aussi décrié l’expansion des colonies israéliennes, pointant notamment les projets de construction dans des zones controversées qui menacent de fait la continuité territoriale d’un futur État palestinien.

Face à cette situation, des délégations, à l’instar de la France ont appelé la communauté internationale à « agir » afin de « sauver » la résolution 2334 qui bénéficie du soutien « écrasant » de la communauté internationale et des membres du Conseil de sécurité.

Pour le Niger par exemple, rejoint par le Kenya, la Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines, il est « grand temps » que la communauté internationale et le Conseil de sécurité abandonnent leur attitude « attentiste » qui consiste à réitérer les positions de principes et autres professions de foi pendant qu’au même moment, la perspective d’un État palestinien indépendant et la solution des deux États s’éloignent de plus en plus.

Le Conseil doit alors assumer ses responsabilités et mettre sur pied des moyens de vérification, afin d’obliger la « Puissance occupante » à respecter ses engagements, ont-ils dit.

Face à ces appels à une action du Conseil de sécurité, d’autres délégations se sont montrées moins pressantes, soulignant les faits positifs et appelant toujours à des négociations entre les parties.

Ainsi, les États-Unis ont relevé qu’Israël avait renoué avec des pays arabes de sa région, tandis que le Royaume-Uni et la Norvège saluaient la suspension de nouvelles constructions à Atarot.  Dès lors, a-t-il été dit, Israéliens et Palestiniens doivent « inverser les tendances négatives » et s’abstenir de toute mesure « susceptible d’aggraver » la situation et progresser vers la voie de la négociation.

La Fédération de Russie, qui a mis en avant ses initiatives « fructueuses », a dans ce contexte proposé ses services pour jouer les médiateurs, d’autant qu’elle a accueilli en novembre dernier à Sotchi, une rencontre entre le Premier Ministre israélien et le Président de l’Autorité palestinienne.  Ces contacts « accrus » et « de haut niveau » sont une « chance » qui doit être saisie, a encouragé la Chine, invitant le Conseil à agir avec un « sentiment d’urgence accru » sur ce dossier.

On notera par ailleurs que plusieurs délégations ont profité de cette réunion pour saluer le déroulement du premier tour des élections municipales palestiniennes, dont l’Irlande qui a souligné que les élections nationales seront cruciales pour asseoir la légitimité des institutions palestiniennes.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient et Représentant personnel du Secrétaire général, intervenant par visioconférence depuis Jérusalem, a fait le point sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016).  Il a dit être préoccupé par la dégradation de la situation sécuritaire en Cisjordanie, notamment dans la zone A.  La violence des colons s’est également poursuivie, tout comme les appels à la violence de factions palestinienne contre des Israéliens.  À cela s’ajoutent les mesures unilatérales comme la destruction de biens et de maisons palestiniens, de même que la grave crise financière que connaît l’Autorité palestinienne avec des répercussions sur la population.  Si la situation persiste, de nombreuses autres violences sont à craindre, a-t-il prévenu.

Le Coordonnateur spécial s’est également préoccupé de l’expansion des colonies israéliennes, décriant notamment les projets de construction dans des zones controversées qui menacent de fait la continuité territoriale d’un futur État palestinien.  Dans ce contexte, M. Wennesland a demandé à Israël de renoncer à ces projets, tant ils sont contraires au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité.  De plus, a-t-il dit, la violence des colons, que rien ne peut justifier, doit cesser.  Les parties doivent au contraire s’abstenir de toute mesure pouvant davantage envenimer la situation.

M. Wennesland a également appelé à renforcer la stabilité de l’Autorité palestinienne et rétablir les mesures de confiance, afin de répondre aux besoins du peuple palestinien.  Toute mesure qui vise à saper cette Autorité doit cesser, a-t-il insisté.  Les niveaux de violence dont nous avons été les témoins ces dernières semaines devraient nous servir d’avertissement.  Si rien n’est fait, on s’orientera vers encore plus de violences, a-t-il mis en garde.

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a regretté l’aggravation des tensions en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, exhortant les autorités à répondre aux attaques de manière proportionnée afin d’éviter toute escalade.  Israéliens et Palestiniens doivent s’abstenir de toute mesure susceptible d’aggraver la situation et progresser sur la voie de la négociation en vue de la réalisation de la solution des deux États, a dit le délégué   Il a demandé que les responsables d’actes violents soient jugés de manière équitable, avant de souligner le rôle important que peut jouer la société civile israélienne dans l’instauration de la paix.  Le délégué a précisé que son pays soutient les organisations de défense des droits humains palestiniennes et israéliennes.  Il a salué la récente visite du Premier Ministre israélien aux Émirats arabes unis et la reprise d’une coopération entre Israël et les pays de la région.  Les États-Unis sont déterminés à élargir « ce cercle de paix », a déclaré le représentant.  Enfin, il a précisé que la contribution de son pays à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) s’est élevée cette année à 318 millions de dollars, avant de déplorer les nouvelles difficultés financières que connaît cette agence.  Le délégué a demandé un soutien large des États membres afin d’y remédier.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a déclaré que la situation au Proche-Orient ne pourra s’améliorer sans un règlement juste du problème palestinien, la majorité de la communauté internationale demeurant attachée au principe de la solution des deux États.  Ce foyer de conflit ne fait qu’engendrer une escalade de la violence, a-t-il fait remarquer, en s’alarmant en particulier des affrontements dans la vieille ville de Jérusalem.  Appelant les parties concernées à la retenue, il a énuméré une série de mesures préoccupantes, notamment les incitations à la violence et les provocations, le rapport du Secrétaire général fournissant des chiffres inquiétants, a-t-il indiqué, en citant la multiplication du nombre de colonies de peuplement à proximité de Jérusalem et dans la vallée du Jourdain.  Le représentant russe a invité à renoncer aux provocations et aux mesures unilatérales, ainsi qu’à la recherche d’un règlement des dissensions entre les parties palestiniennes.  Manifestant la disponibilité de la Russie à jouer un rôle de facilitateur, il a appelé d’autres pays intéressés à favoriser cette démarche.  Un mois après la visite du Premier Ministre israélien, M. Naftali Bennet, en Russie en novembre, il a indiqué qu’une rencontre avait eu lieu à Sotchi entre celui-ci et le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas.  « Les initiatives russes sont fructueuses et restent d’actualité », a-t-il dit, en encourageant la tenue d’une conférence internationale sur le processus de paix.  Après l’escalade de mai dernier, il a appuyé les efforts des organisations internationales et ceux de l’UNRWA, en annonçant des contributions volontaires annuelles à cet Office.

M. GIDEON KINUTHIA NDUNG’U (Kenya) a déclaré qu’aucune cause ne peut justifier de prendre pour cible des civils.  Il a souligné que la mise en œuvre complète de la résolution 2334 (2016) passe par l’avènement de la solution des deux États.  Il est donc important de mettre sur pied les moyens de vérification des préceptes et directives de ladite résolution, a estimé le représentant qui a appelé à des analyses approfondies de la mise en œuvre de celle-ci et des autres cadres normatifs relatifs au processus de paix au Moyen-Orient.  Cette approche vise à sauver la résolution 2334 qui a pour but de créer les conditions pour la tenue de négociations directes sur le statut final.  Le représentant a enfin pris note de l’organisation réussie du premier tour des élections locales par l’Autorité palestinienne.

« Seule une solution à deux États, vivant en paix et en sécurité à l’intérieur de frontières reconnues, le long des lignes de 1967, et ayant tous deux Jérusalem pour capitale, permettra de répondre aux aspirations légitimes des peuples israélien et palestinien et de garantir la sécurité de tous », a déclaré M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France), avant de rappeler que cette solution a été définie par le droit international.  Le représentant a ensuite regretté que l’adoption de la résolution 2334, il y a maintenant cinq ans, n’ait pas permis d’empêcher la poursuite de la colonisation.  Pour lui, la tendance positive de ces derniers mois a été remise en cause par des actions unilatérales, citant plus particulièrement la multiplication d’annonces israéliennes en matière de colonisation après quelques mois de gel; le nombre de démolitions et d’expulsions qui « atteint des records »; ainsi que la désignation de six organisations non gouvernementales palestiniennes comme terroristes, notamment une ayant reçu le prix des droits de l’homme de la République française en 2018.  M. de Rivière a également appelé l’Autorité palestinienne à assurer le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les territoires sous son contrôle, ainsi qu’à un renforcement de la gouvernance démocratique palestinienne, se déclarant « préoccupé par les dérives inquiétantes observées ces derniers mois ».  « La communauté internationale doit agir », s’est enfin exclamé le représentant français, en invoquant la nécessité de consolider le cessez-le-feu à Gaza, d’intensifier la réponse humanitaire et les efforts de reconstruction, et de recréer un horizon politique à la reprise des négociations.

Mme ISIS AZALEA MARIA GONSALVES (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a déclaré que la confiance du monde vis-à-vis du Conseil de sécurité s’érode.  Nous adoptons des règles que nous ne respectons pas nous-mêmes, a-t-elle décrié, rappelant que cinq ans après l’adoption de la résolution 2334 (2016) la situation en Palestine ne fait que se détériorer.  Elle a jugé urgent de répondre à l’escalade des violences à Gaza; aux déplacements forcés provoqués par les démolitions de maisons; et aux restrictions indues à la liberté d’expression et au droit de réunion pacifique et d’association dans l’ensemble du territoire palestinien occupé.  Elle a également cité les exécutions extrajudiciaires de Palestiniens; et l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les Palestiniens et la situation des réfugiés palestiniens.  Cinq ans après l’adoption de la résolution 2334 (2016), la situation sur le terrain ne cesse de se dégrader, Israël ne respectant pas ses obligations, a-t-elle déploré, évoquant notamment la poursuite des activités de peuplement.  La représentante a également appelé à la levée du blocus imposé à Gaza, s’inquiétant par ailleurs de la situation financière de l’UNRWA.

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) s’est dit préoccupé par la violence persistante en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.  Cette année, le nombre de Palestiniens tués par le recours à la force en Cisjordanie est trois fois supérieur à 2019 et 2020, a-t-il déclaré.  Il a exhorté les parties, en particulier les Israéliens, à contrecarrer cette tendance négative.  « Palestiniens comme Israéliens méritent le même niveau de protection. »  Le délégué a déploré le peu de progrès dans la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) qui avait, il y a cinq ans, suscité l’espoir d’une avancée sur la question palestinienne.  Depuis, la situation s’est au contraire aggravée, a-t-il dit.  Il a déclaré que les tendances négatives sur le terrain ont sapé la perspective d’une solution à deux États, malgré le soutien écrasant de la communauté internationale, y compris des 15 membres actuels de ce Conseil, dont cette solution bénéficie.  Il a rappelé que les colonies de peuplement israéliennes constituent une violation flagrante du droit international.  Ce qui empêche le règlement du conflit, ce n’est pas l’absence d’un cadre mais son application inexistante, a-t-il déclaré.  Tout en appelant à la préservation de la sécurité d’Israël, il a estimé que la mise en œuvre de ladite résolution est dans son intérêt sécuritaire.  En conclusion, le représentant du Viet Nam a apporté son plein soutien à « la lutte légitime du peuple palestinien ».

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a condamné toutes les attaques entre Palestiniens et Israéliens, avant d’inviter les parties à appeler au calme et éviter qu’un nouveau cycle de violence ne commence.  Elle a invité le Gouvernement israélien à mettre fin à toutes les activités de colonisation, notant que cela met en péril la viabilité d’un futur État palestinien.  La déléguée a salué la suspension de la construction de nouvelles bâtisses à Atarot, espérant que la coopération économique se poursuivrait entre les parties, dans la droite ligne de la dernière réunion du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens, qui s’est tenue en novembre dernier.  Alors que débute une nouvelle année, la délégation a appelé à inverser les tendances négatives, rappelant que le Royaume-Uni reste fermement attaché à la solution des deux États, avec Jérusalem comme capitale des deux États.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a appelé Israël à cesser ses activités de peuplement, notamment dans les zones sensibles d’E1, d’Atarot et de Givat Hamatos, notant que ces colonies sont illégales au regard du droit international et obstruent la viabilité de la solution des deux États.  Elle a relevé qu’en 2021, un nombre record de Palestiniens ont été touchés par les démolitions, les expulsions et les confiscations de biens, notamment à Jérusalem-Est où 121 enfants ont été affectés.  Selon elle, ces expulsions forcées font planer le risque de « transfert forcé ».  La représentante a également dénoncé les actes de violence perpétrés par des colons et le fait que 72 Palestiniens dont 17 enfants ont été tués par balles réelles par les forces israéliennes.  Cet usage disproportionné de tirs à balle réelle est inacceptable, a-t-elle déclaré.

Poursuivant, Mme Byrne Nason a salué le déroulement du premier tour des élections municipales palestiniennes et a souligné que les élections nationales sont cruciales pour asseoir la légitimité des institutions palestiniennes.  Elle s’est inquiétée de la situation financière de l’Autorité palestinienne et a appelé au resserrement des relations économiques entre elle et Israël.  Elle a également encouragé à fournir un appui financier à l’UNRWA, notant que son action est « critique » pour la stabilité régionale.  La représentante a par ailleurs appelé à redoubler d’efforts, notamment par l’intermédiaire du Quatuor, pour avancer en direction de la solution des deux États.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) s’est dit préoccupé par l’escalade des tensions en Cisjordanie.  Il a appelé toutes les parties à s’abstenir de toute violence et provocation, avant de dénoncer l’expansion des colonies de peuplement israéliennes, pourtant illicites au regard du droit international.  Il a exhorté le Gouvernement israélien à abandonner tout projet d’expansion desdites colonies.  Le délégué a aussi appelé les autorités palestiniennes à garantir la liberté d’expression des défenseurs des droits humains et à protéger les témoins au procès de l’assassinat de Nizar Banat.  « Nous prenons aussi très au sérieux l’inscription par Israël de six organisations non gouvernementales palestiniennes en tant qu’organisations terroristes », a-t-il ajouté.

Le délégué a salué les contacts accrus entre les autorités palestiniennes et israéliennes, en espérant qu’ils seront suivis de mesures pratiques afin notamment de renforcer la stabilité institutionnelle de l’Autorité palestinienne.  Les efforts en vue de la réconciliation intra-palestinienne sont vitaux pour une solution durable au conflit, a-t-il insisté.  Le représentant a aussi salué l’assouplissement des restrictions à l’entrée de certains matériaux à Gaza.  En conclusion, M. Jürgenson a de nouveau exhorté les parties à s’abstenir de toute mesure unilatérale susceptible de saper la solution des deux États et à, au contraire, prendre des mesures concrètes afin de renforcer leur coopération.

M. TAREK LADEB (Tunisie) a déploré que les parties concernées ne se sentent pas obligées de respecter les résolutions du Conseil de sécurité.  « C’est la raison pour laquelle la situation au Moyen-Orient reste otage des tensions et de l’instabilité », a dit le représentant qui a relevé qu’aucun progrès n’a été réalisé depuis l’adoption de la résolution 2334 (2016), il y a cinq ans.  Il a appelé la communauté internationale et le Conseil de sécurité à assumer leurs responsabilités et obliger la Puissance occupante à respecter ses engagements en vertu du droit international, du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme.

Le représentant a également appuyé l’appel à la tenue d’une conférence internationale avec la participation de toutes les parties concernées pour relancer le processus de paix sur les bases du droit international, des résolutions de l’ONU, ainsi que de l’Initiative de paix arabe.  Enfin, M. Ladeb a estimé que l’aide octroyée à l’UNRWA doit être revue à la hausse, insistant sur son « rôle vital ».

Mme MONA JUUL (Norvège) a exhorté le Gouvernement israélien à arrêter et inverser les activités de colonisation, les démolitions, les expulsions et la violence, alertant que l’expansion des colonies dans et autour de Jérusalem, ainsi que dans la zone C, contribuent à compromettre les perspectives d’un futur État palestinien contigu.  La décision d’Israël de ne pas approuver dans l’immédiat la construction d’unités de colonisation à Atarot est un pas dans la bonne direction, a-t-elle estimé, relevant cependant que les médias ont signalés des « projets préoccupants » à Beit Safafa, Cheikh Jarrah, Dahiat al-Barid/Beit Hanina et Sur Baher. 

Mme Juul a ensuite condamné le taux élevé de violence perpétrée par les colons, les attaques lancées par des Palestiniens contre des Israéliens, et l’usage de la force meurtrière par les forces de sécurité israéliennes.  Elle s’est particulièrement préoccupée du fait que des enfants subissent des violences et des menaces sur le chemin de l’école par des colons et, semble-t-il, par les forces de sécurité israéliennes.

La représentante s’est par ailleurs inquiétée de la situation financière de l’Autorité palestinienne et a salué l’engagement accru entre les hauts responsables israéliens et palestiniens, à cet égard.  Elle s’est aussi félicitée des progrès réalisés dans la mise en œuvre des recommandations issues des réunions du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens et du Quatuor qui ont eu lieu à Oslo, en novembre.  Elle a notamment cité l’augmentation de l’entrée de marchandises à Gaza et du nombre de permis accordés aux commerçants gazaouis, ainsi qu’une mesure permettant d’améliorer la qualité de l’eau à Gaza.  Enfin, Mme Juul a salué le premier tour des élections locales le 11 décembre et a jugé impératif que le second tour se tienne comme prévu en mars 2022.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a déclaré que la situation actuelle montre que la résolution 2334 (2016) n’est pas mise en œuvre.  Il a dénoncé les attaques violentes perpétrées contre les civils palestiniens et israéliens, ainsi que les menaces d’expulsion pesant sur les familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah.  Le délégué a appelé les parties à prendre immédiatement des mesures concrètes afin de remédier à ces tendances négatives.  Il a mis en garde contre toute mesure unilatérale sapant la solution des deux États, soulignant la nécessité d’instaurer les conditions propices à la reprise de pourparlers de paix.  Certains pas ont été accomplis en ce sens, a noté le délégué, en notant le canal de communication qui s’est ouvert entre le Gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne.  Il a aussi salué l’assouplissement des restrictions à l’entrée de matériaux de construction à Gaza et souhaité l’accroissement des domaines de coopération afin de remédier au déficit de confiance entre les parties.  Le représentant a rappelé le soutien de son pays à la solution des deux États.  Les aspirations légitimes des Palestiniens à un État et les préoccupations sécuritaires légitimes des Israéliens peuvent être réglées par le biais d’un dialogue direct et ouvert entre les deux parties sur la base d’un cadre internationalement agréé, a conclu le représentant de l’Inde.

M. DAI BING (Chine) a déploré que la résolution 2334 (2016) ne soit toujours pas appliquée et dénoncé les projets de construction de nouvelles unités de logement israéliennes dans la zone C de la Cisjordanie.  Les colonies de peuplement israéliennes sont illégales et sapent la solution des deux États.  Il a exhorté Israël à appliquer ladite résolution, à mettre un terme à la colonisation et à revenir à la table des négociations.  Les violences des colons israéliens se sont intensifiées, a déclaré le délégué chinois, en appelant à la retenue.  Il a appelé Israël à s’acquitter de bonne foi de ses obligations en vertu du droit international humanitaire, tout en estimant que ses préoccupations sécuritaires légitimes doivent être respectées.  Le délégué a déploré la situation difficile à Gaza et exhorté Israël à faciliter l’accès de travailleurs humanitaires et l’entrée de matériaux à Gaza.  Enfin, il a espéré que 2022 ne sera pas une nouvelle année gâchée pour la paix au Moyen-Orient.  Les contacts de haut niveau récemment noués sont une chance qui doit être saisie, a conclu le délégué, en appelant le Conseil à agir avec un « sentiment d’urgence accru » sur ce dossier.

Nous sommes bien loin de la pleine mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) qui cherche principalement à détenir l’avancée des colonies de peuplement, a regretté M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique).  Ainsi, quelque 800 000 colons israéliens sont installés dans ces colonies, soit une hausse de 53% au cours des cinq années écoulées, a-t-il constaté, notant également la poursuite de la construction d’unités de logement menaçant la contiguïté géographique du territoire de Palestine, et l’augmentation du nombre de démolitions par rapport à 2009.  Ces colonies de peuplement violent le droit international et constituent un obstacle pour la solution des deux États, a affirmé le représentant, exhortant ensuite à cesser la construction de nouvelles unités de logement, les démolitions et les expulsions des propriétés palestiniennes.

Il a aussi relevé que les informations présentées par le Coordonnateur spécial rendent compte de la volatilité de la situation sur le terrain et des graves répercussions des colonies de peuplement israéliennes pour la population palestinienne.  Le représentant mexicain s’est également inquiété de la montée de la violence en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, jugeant inacceptable les affrontements entre les forces de l’ordre israéliennes et les civils palestiniens, ainsi que celles opposant colons israéliens et Palestiniens.  Il a tenu à préciser qu’au cours des deux dernières années, 540 attaques de colons ont été enregistrées, mettant l’accent sur les incidents violents survenus, il y a une semaine, à la périphérie de Nablous et dans les colonies de Homesh et Shavel Shomron.  Condamnant également les atteintes au statut des Lieux saints en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, le délégué mexicain a noté par ailleurs qu’en 2021, pas moins de 341 mineurs palestiniens avaient été détenus par les forces de l’ordre.

M. de la Fuente Ramírez s’est également dit consterné par le rétrécissement de l’espace démocratique pour la société civile, tant par Israël que par l’Autorité palestinienne.  Il a demandé que soit poursuivie la procédure juridique en vue de faire la lumière sur le décès du militant Nizar Banat, et pour que ses auteurs soient jugés.  Il a salué enfin l’organisation des élections municipales, le 11 décembre 2021, dans 154 localités de la Cisjordanie, exhortant l’Autorité palestinienne à convoquer les législatives dans les meilleurs délais.

M. ABDOU ABARRY (Niger) a dénoncé la poursuite effrénée de l’expansion des colonies israéliennes sur les terres palestiniennes, notamment à travers la délivrance accélérée de permis de construire en Cisjordanie occupée et dans des zones de Jérusalem-Est, mettant ainsi en péril la continuité territoriale d’un futur État palestinien avec ces zones.

M. Abarry a estimé qu’il était grand temps que la communauté internationale et le Conseil de sécurité abandonnent « leur attitude attentiste » qui consiste à réitérer les positions de principes et autres professions de foi pendant qu’au même moment, la perspective d’un État palestinien indépendant et la solution des deux États s’éloignent de plus en plus.  « Nous devons enfin agir de manière décisive pour sauver le processus de paix israélo-palestinien, dont la condition sine qua non reste l’arrêt de l’occupation des terres palestiniennes par Israël », a-t-il exhorté.

Le représentant a également fustigé la poursuite des démolitions de structures palestiniennes et la recrudescence des violences des colons contre les civils palestiniens.  Précisant qu’au 6 décembre, on ne dénombrait pas moins de 835 structures palestiniennes démolies par les autorités israéliennes.  Ces démolitions auront occasionné, au cours de cette année seulement, le déplacement d’environ 1 044 personnes, soit le nombre de déplacés le plus élevé depuis 2016, a souligné M. Abarry, qui a également dénoncé les attaques menées par les colons israéliens, parfois par balles réelles.

Il a demandé par ailleurs aux factions palestiniennes de se réconcilier et de s’unir dans la perspective d’un retour à la table des négociations entre Israéliens et Palestiniens, « ce qui ne peut se faire qu’à travers l’organisation d’élections générales crédibles ».  M. Abarry a aussi déclaré que la mise en œuvre de la résolution 2334 reste un vrai test à l’autorité du Conseil et à sa capacité à faire respecter ses propres résolutions, s’agissant d’Israël.

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