Conseil de sécurité: le « jeune » Soudan du Sud doit encore progresser dans la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé, plaide le Représentant spécial
À quelques jours du dixième anniversaire de son indépendance, le 9 juillet prochain, le Soudan du Sud peut se targuer de progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé de 2018. Mais ce processus reste marqué par une relative lenteur, tandis que l’insécurité généralisée, attisée notamment par les violences intercommunautaires, continue d’entraver la réalisation d’une paix durable, a averti ce matin le Représentant spécial pour ce pays devant le Conseil de sécurité, appelant la communauté internationale à maintenir son soutien à « la plus jeune nation du monde ».
Au titre des avancées encourageantes, M. Nicholas Haysom a salué la création par le Gouvernement revitalisé d’un groupe de travail chargé de coordonner la justice transitionnelle, la nomination par le Président Salva Kiir des 550 nouveaux membres de l’Assemblée législative et le lancement du processus d’élaboration de la Constitution. Il s’est également félicité que le site de protection des civils de Bentiu ait été reclassé en camp de personnes déplacées, celui de Malakal conservant pour l’heure son statut en raison du climat persistant d’insécurité. Dans le même temps, a-t-il ajouté, une mission d’évaluation des besoins pour les élections a été menée en mai.
Cela étant, la mise en œuvre globale de l’Accord revitalisé reste lente, a constaté le haut fonctionnaire, également Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS). Alors que la formation de la législature demeure incomplète, la constitution du Conseil des États et la nomination du Président de l’Assemblée législative ne sont toujours pas finalisées, a-t-il noté, déplorant par ailleurs le retard pris dans l’application des dispositions transitoires de sécurité. Selon lui, la formation et la promotion des Forces unifiées sont un élément essentiel pour « prévenir les rechutes », d’autant plus que la faiblesse des institutions étatiques permet aux « saboteurs de la paix » d’exploiter les clivages communautaires et ethniques.
Dans ce contexte, aggravé par des conflits armés intermittents entre le Front de salut national et les Forces sud-soudanaises de défense du peuple dans les Équatorias, la MINUSS collabore avec les autorités locales et les communautés de Jongleï pour promouvoir la réconciliation, obtenir la libération des femmes et des enfants enlevés, et faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, a indiqué le Représentant spécial. La MINUSS continue aussi de soutenir les efforts de la communauté de Sant’Egidio pour faciliter le dialogue, tout en mettant en place un groupe de travail, codirigé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), pour traiter les problèmes de sécurité liés au climat.
Reste qu’une progression irréversible vers la paix nécessite d’avancer dans la mise en œuvre de « repères de transition convenus », comme les élections, la nouvelle Constitution et la mise en place d’institutions démocratiques, a soutenu M. Haysom, conscient que les efforts déployés par l’ONU et l’ensemble de ses partenaires dépendent de la volonté politique des autorités. Un constat sans fard repris par le Directeur exécutif et cofondateur de l’ONG « Organization for Responsive Governance » (ORG), selon lequel le leadership politique a « grossièrement fait défaut au Soudan du Sud depuis qu’il est devenu indépendant ».
Pour M. Rajab Mohandis, l’Accord revitalisé offre un « cadre raisonnable » pour restaurer la stabilité, répondre à la crise humanitaire, renforcer les institutions publiques, parvenir à une Constitution permanente et conduire à des élections crédibles. Malheureusement, « les avancées envisagées par cet Accord ne se sont pas réalisées », a-t-il pointé, avant de déplorer que les civils paient le prix fort de ces retards. À ses yeux, il importe que la société civile demande des comptes aux dirigeants du pays et que le Conseil de sécurité, appuyé par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), l’Union africaine et les autres acteurs internationaux, agisse contre toute violation délibérée des efforts de paix.
Assurant que les violences contre les civils et les attaques visant des travailleurs humanitaires font l’objet d’enquêtes, le représentant du Soudan du Sud a reconnu que « l’exécutif ne peut cependant pas être présent partout dans le pays ». Un aveu d’impuissance qui ne l’a pas empêché d’évoquer le projet de mémorandum d’accord pour la mise en service d’un tribunal mixte. Il a également espéré que le Représentant spécial sera en mesure de « trouver des solutions » aux problèmes soulevés par M. Mohandis, tout en se prononçant à nouveau pour une renégociation du « blocage » que représente l’embargo sur les armes.
Vent debout contre cette éventualité, les États-Unis ont rappelé que cet embargo, récemment renouvelé par le Conseil, comprend des procédures d’exemption simples au cas où le Soudan du Sud aurait besoin des armes et du matériel nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord de paix. Ils ont donc invité les autorités sud-soudanaises à travailler avec le Conseil pour atteindre les objectifs de la résolution 2577 (2021) et envisager des ajustements appropriés au régime de sanctions.
Sur cette même ligne, la France a rappelé que, lors du renouvellement du régime de sanctions, le Conseil s’est dit prêt à revoir les mesures d’embargo sur les armes, notamment « par leur modification, leur suspension ou leur levée progressive », à condition que les objectifs fixés soient atteints. Plus définitive, la Fédération de Russie a jugé que, compte tenu de la « normalisation » de la situation au Soudan du Sud, un réexamen de ce régime doit être effectué, et ce, afin de poursuivre la formation des forces unifiées.
De son côté, le Royaume-Uni a exhorté les autorités à garantir la sécurité de ceux qui fournissent une assistance vitale et à demander des comptes aux auteurs, faute de quoi « nous devrons envisager d’ajouter des noms sur la Liste des sanctions ». Un projet que n’a pas cautionné le Mexique, aux yeux duquel l’inscription sur la liste des sanctions d’individus comme le général Santino Deng Wol, en tant que chef des forces armées, est « contraire à l’esprit de réconciliation et de paix » de l’Accord revitalisé.
En ce qui concerne le rôle de la MINUSS, les A3+1 (Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines) ont appelé le Conseil à examiner si, en tant que l’une des plus grandes opérations de paix de l’ONU, avec un budget annuel de 1,17 milliard de dollars, elle s’est acquittée de son mandat.
RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD - S/2120/566
Déclarations
M. NICHOLAS HAYSOM, Représentant spécial pour le Soudan du Sud et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a commencé par rappeler aux membres du Conseil que, le 9 juillet, la République du Soudan du Sud célébrera son dixième anniversaire en tant qu’État indépendant. Le soutien manifesté il y a 10 ans par la communauté internationale reste aussi important aujourd’hui « alors que la plus jeune nation du monde s’efforce d’apporter la paix, la sécurité et la prospérité à ses citoyens », a-t-il souligné, avant de faire état des progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé depuis son dernier rapport en mars. Il a ainsi salué la création par le Gouvernement revitalisé d’un groupe de travail chargé de coordonner la justice transitionnelle et les autres réformes, la nomination par le Président Salva Kiir des 550 nouveaux membres à la nouvelle assemblée législative et le lancement du processus permanent d’élaboration de la Constitution à Djouba.
En plus de ces réalisations, M. Haysom a indiqué que le site de protection des civils de Bentiu a été reclassé en camp de personnes déplacées, tandis que les soldats de la paix se déploient maintenant dans des endroits plus éloignés tels que Koch et Mayom, renforçant la confiance dans les zones de retour. Le dernier site de protection des civils à Malakal conserve quant à lui son statut de protection en raison de l’insécurité prolongée dans et autour de la zone, a-t-il précisé. Le Représentant spécial a également annoncé qu’une mission d’évaluation des besoins pour les élections a été menée du 6 au 26 mai. Ce travail, qui vise à soutenir les parties prenantes sud-soudanaises, nécessitera des efforts concertés de la part des Nations Unies, a expliqué le haut fonctionnaire.
S’agissant de la mise en œuvre globale de l’Accord revitalisé, M. Haysom a parlé d’une lente progression. Alors que la formation de la législature demeure incomplète, la constitution du Conseil des États et la nomination du président de l’Assemblée législative sont en cours, a-t-il noté, déplorant par ailleurs que les dispositions transitoires de sécurité restent en retard. Selon lui, la formation et la promotion des Forces unifiées sont un élément essentiel pour « prévenir les rechutes insolubles ». De plus, les troupes continuent de souffrir dans les cantonnements et manquent de soins de santé et de nourriture adéquats. Il est donc important, selon lui, de finaliser les lignes de commandement et de contrôle.
Le Représentant spécial a ensuite insisté sur l’insécurité généralisée qui continue d’entraver la réalisation d’une paix durable. Cette année, plus de 80% des victimes civiles ont été attribuées à des violences intercommunautaires et à des éléments de défense civile ou à des miliciens communautaires. Dans ce contexte, la force de la MINUSS a maintenu une présence dans des zones stratégiques, notamment pendant la saison des pluies, ce qui a contribué à une réduction globale de la violence et des pertes civiles par rapport à l’année précédente. Néanmoins, a regretté M. Haysom, la faiblesse des institutions de gouvernance étatiques a permis aux « saboteurs de la paix » d’exploiter les clivages communautaires et ethniques. L’insécurité enracinée a entravé les cultures et contribué à un cercle vicieux de pillages de bétail, a-t-il relevé, indiquant que de nombreuses communautés manquent dangereusement de nourriture dans des lieux tels que Warrap, Lakes et Jongleï. Pendant ce temps, dans les Équatorias, le Front de salut national et les Forces sud-soudanaises de défense du peuple restent engagés dans des conflits armés intermittents, a indiqué le haut fonctionnaire, appelant le Gouvernement à prendre des mesures concrètes pour s’attaquer aux causes profondes du conflit.
La MINUSS, a-t-il souligné, collabore avec les autorités locales et les communautés de Jongleï pour promouvoir la réconciliation, obtenir la libération des femmes et des enfants enlevés, et faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire. Sur ce dernier point, M. Haysom a constaté qu’un état de droit affaibli et des pressions économiques ont conduit à une augmentation de la criminalité et au ciblage des travailleurs humanitaires. Rien que cette année, quatre humanitaires ont été tués et des millions de dollars de fournitures humanitaires ont été pillés ou détruits, a-t-il dénoncé, assurant que la Mission continue de défendre des conditions de sécurité permettant la prestation de services vitaux. Parallèlement, la MINUSS continue de soutenir les efforts de la communauté de Sant’Egidio pour faciliter le dialogue, a ajouté le Représentant spécial. Il a exhorté le Gouvernement d’unité de transition et l’Alliance des mouvements d’opposition du Soudan du Sud à s’appuyer sur la Déclaration de principes conclue cette année à Naivasha, au Kenya.
M. Haysom a précisé qu’il a rencontré le Président et d’autres hauts fonctionnaires du Gouvernement depuis son arrivée à Djouba. Il s’est également rendu dans les 10 États pour entendre directement le peuple sud-soudanais. Ce qui ressort de ces échanges, a-t-il noté, c’est que les autorités locales veulent de l’aide pour « faire face aux conflits infranationaux et à la présence généralisée des armes à feu ». Elles ont besoin de soutien et d’infrastructures, a-t-il souligné, ajoutant que dans plusieurs régions, de longues périodes de sécheresse ont aggravé les vulnérabilités existantes. À cet égard, le haut fonctionnaire a indiqué que la Mission entend mettre en place un groupe de travail, codirigé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), pour traiter les problèmes de sécurité liés au climat au Soudan du Sud.
En ce qui concerne le mandat de consolidation de la paix confié à la MINUSS par le biais d’une vision stratégique sur trois ans, M. Haysom a estimé que le maintien d’une avancée irréversible vers la paix nécessite des progrès dans la mise en œuvre de repères de transition convenus, comme les élections, la nouvelle Constitution et la mise en place d’institutions démocratiques. Il convient pour cela que la Mission utilise au mieux son personnel en uniforme, grâce auquel elle peut renforcer la sécurité générale et contribuer à un environnement sûr et sécurisé, notamment pour l’acheminement de l’aide humanitaire et pour le retour des déplacés. Il importe en outre de maintenir les engagements politiques au niveau local et de garantir une chaîne de justice solide. Toutefois, a reconnu le Représentant spécial, la MINUSS est consciente que tous ces efforts ne peuvent être accomplis seuls. Elle compte pour cela sur la collaboration entre les partenaires internationaux, y compris l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), l’Union africaine, l’Union européenne, la Troïka, les États voisins et la communauté diplomatique. Des engagements renforcés avec le Gouvernement de transition seront également essentiels, a-t-il conclu, se disant convaincu qu’« ensemble, nous ferons progresser la mise en œuvre de la paix ».
M. RAJAB MOHANDIS, Directeur exécutif et cofondateur de « Organization for Responsive Governance (ORG »), a confié l’honneur qui est le sien de s’exprimer à la veille du dixième anniversaire de l’indépendance de son pays. « La déclaration d’indépendance, le 9 juillet 2011, a été un moment d’histoire et d’espoir pour les Sud-Soudanais, en venant concrétiser un rêve pour lequel des millions de personnes avaient donné leur vie. » Les Sud-Soudanais déplacés et réfugiés ont pu revenir dans le pays, tandis que les cadres de gouvernance locaux étaient fonctionnels. Le pays avait des ressources et bénéficiait de la bonne volonté internationale pour se développer, a-t-il rappelé. « Pour résumer, le Soudan du Sud au moment de l’indépendance possédait les ressources, les institutions et les cadres juridiques pour se gouverner, assurer les services publics et mettre le pays sur la voie du développement. » Malheureusement, le potentiel du pays a été rapidement gâché, conduisant à une fragilité grandissante de l’État et à son échec, a regretté M. Mohandis.
Il a ensuite avancé les deux raisons qui ont, à son avis, entravé les progrès au Soudan du Sud: un leadership politique déficient et l’oubli des principes qui ont guidé la lutte pour la libération et l’indépendance. Un leadership politique est à peu près tout ce dont un pays a besoin pour progresser, parce qu’il permet de définir une vision nationale unificatrice pour la direction du pays et d’instaurer un environnement propice à sa réalisation, a-t-il estimé. Il a déclaré que ce leadership a grossièrement fait défaut au Soudan du Sud depuis qu’il est devenu indépendant, en regrettant le manque de clarté en ce qui concerne la direction empruntée par le pays.
Il a ensuite indiqué que les principes de la lutte pour la libération avaient été clairement définis, à savoir la lutte « pour la justice, la liberté, la dignité humaine et l’émancipation politique et économique ». Malheureusement, 30 mois à peine après son indépendance, notre pays a connu de multiples guerres civiles, rendant plus difficile encore la concrétisation de ces principes, a-t-il reconnu. Il a estimé que ces deux facteurs ont conduit à l’échec majeur de l’incurie de l’État. Ce dernier n’est en effet pas en mesure de s’acquitter des fonctions élémentaires comme le maintien de l’ordre public ou bien encore la fourniture de services publics.
Pour M. Mohandis, l’Accord de paix revitalisé offre un cadre raisonnable pour la paix dans le pays: sa pleine mise en œuvre permettrait de restaurer la paix et la stabilité, de répondre à la crise humanitaire, de renforcer les institutions publiques, de parvenir à une constitution permanente et de conduire à des élections crédibles. Malheureusement, les avancées envisagées par cet Accord ne se sont pas réalisées, a-t-il déploré en notant par exemple que les arrangements de sécurité transitoires n’ont pas vu le jour. Si des forces unifiées de 83 000 hommes ont été agréées, le pays pour l’heure ne compte pas un seul de ces soldats, a-t-il constaté. Le Directeur de ORG a aussi regretté le manque de ressources financières qui entrave grandement le fonctionnement de ces mécanismes. Il s’est désolé de constater que les civils paient le prix fort de ces retards de mise en œuvre et de l’insécurité.
M. Mohandis a indiqué que l’efficacité de l’IGAD, en tant que garante principale de l’Accord de paix, va en diminuant, les membres de l’IGAD étant absorbés par leurs difficultés nationales, tandis que les parties sud-soudanaises à l’Accord revitalisé sont devenues imperméables à ses pressions. Ainsi, l’IGAD leur avait demandé de dissoudre le Parlement dans un délai de deux semaines et il leur a fallu plus de 10 mois pour ce faire.
Esquissant une voie pour sortir de cette crise qui dure depuis 10 ans, il a recommandé de mettre les Sud-Soudanais au centre des solutions, en exhortant la société civile à demander à leurs leaders de s’acquitter efficacement de leurs mandats dans le respect de la Constitution et de l’Accord revitalisé. Les Sud-Soudanais doivent en outre demander que leur pays soit gouverné sur la base des principes qui ont guidé la lutte pour l’indépendance. Enfin, il a demandé au Conseil d’appuyer les efforts de paix. Le Conseil pourrait agir avec l’IGAD, l’Union africaine et les autres acteurs internationaux afin de faire payer le prix fort à toute violation délibérée des efforts de paix, y compris la perpétuation de la violence, les violations des droits humains ou bien encore les restrictions de l’espace civique et politique, a conclu M. Mohandis.
M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) a encouragé vivement les dirigeants du Soudan du Sud à accélérer la mise en œuvre de l’Accord de paix. Il a noté l’engagement des parties sud-soudanaises au processus de consultation publique pour parvenir à une Constitution qui reflète la volonté du peuple. « Les États-Unis considèrent que des élections libres et équitables au Soudan du Sud sont essentielles au maintien de la paix et de la stabilité dans le pays » a dit M. Hunter avant d’appeler à garantir la participation pleine, égale et significative des femmes aux élections. Les États-Unis, a-t-il ajouté, attendent avec impatience les résultats de l’évaluation des besoins de l’ONU sur le processus électoral en cours.
M. Hunter a aussi appelé le Gouvernement de transition à donner suite à son engagement d’accélérer le reclassement des forces unifiées nécessaires et la mise en place d’un commandement conjoint. Par ailleurs, il a jugé fallacieuses les affirmations de responsables sud-soudanais selon lesquelles l’embargo sur les armes de l’ONU empêche la formation des forces unifiées nécessaires. Il a rappelé que cet embargo, récemment renouvelé par le Conseil de sécurité, comprend des procédures d’exemption simples au cas où le Soudan du Sud aurait besoin des armes et du matériel nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord de paix. C’est pourquoi, le représentant américain a appelé les responsables sud-soudanais à travailler avec le Conseil de sécurité pour atteindre les objectifs de la résolution 2577 afin d’envisager des ajustements appropriés au régime de sanctions.
En outre, après avoir dénoncé la montée de la violence infranationale au Soudan du Sud, impliquant souvent des groupes armés, parfois avec le soutien d’acteurs politiques et de membres des services de sécurité, M. Hunter a notamment déploré la violence contre les civils, qui a été documentée par la MINUSS, y compris les exécutions extrajudiciaires et les violences sexuelles et sexistes. Alors que le nombre de meurtres et d’attaques contre le personnel humanitaire a beaucoup augmenté en 2021, il a appelé les dirigeants du Soudan du Sud à prendre des mesures immédiates et efficaces pour protéger les civils, les travailleurs humanitaires et les personnes déplacées, et à demander des comptes aux responsables des attaques contre les humanitaires.
Enfin, le représentant a jugé inacceptable que les autorités sud-soudanaises continuent d’entraver les observateurs du cessez-le-feu et les Casques bleus. « Les restrictions en cours sur les patrouilles et les mouvements des membres de la MINUSS –comme l’a signalé celle-ci– violent les obligations découlant de l’Accord sur le statut des forces », a-t-il dit avant d’appeler les dirigeants sud-soudanais à cesser d’entraver la Mission et à la considérer comme un partenaire à part entière dans le processus de transition.
Après avoir souligné les étapes positives franchies au Soudan du Sud, M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a salué la reconstitution d’un parlement de 550 membres et la création d’une équipe spéciale chargée de superviser l’application du chapitre V de l’Accord revitalisé. Il a espéré que d’autres mesures seront prises dans les mois à venir pour mettre en place et rendre opérationnel le Tribunal mixte. Les pourparlers de paix négociés par la communauté de Sant’Egidio entre l’Alliance des mouvements d’opposition du Soudan du Sud et le R-TGoNU et la signature d’une Déclaration de principes entre le Gouvernement de transition du Soudan et le Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS)/A-Nord, démontrent l’engagement des dirigeants sud-soudanais en faveur de la paix, a estimé M. Raguttahalli.
S’agissant de la sécurité, la violence a augmenté, a constaté le délégué qui a demandé la mise en place rapide du commandement unifié de l’armée et la radiation des forces unifiées nécessaires. Il a demandé à la MINUSS de poursuivre la transition du site de protection des civils de Malakal, dans la mesure où les conditions le permettront. Les besoins humanitaires augmentent et la communauté internationale doit intervenir pour combler le déficit de financement de plus de 1 milliard de dollars, a ajouté M. Raguttahalli. Lequel est préoccupé par les violations de l’Accord sur le statut des forces. Cette question doit être traitée dès que possible par le Gouvernement de transition, en collaboration avec la MINUSS. Après avoir loué la participation des Casques bleus indiens à la MINUSS, il a fait part de l’attribution à titre posthume de la Médaille Dag Hammarskjöld aux caporaux Yuvraj Singh et Ivan Michael Picardo ains qu’à Mulchand Yadav qui servait au sein de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI). Tous trois ont donné leur vie cette année alors qu’ils servaient dans les missions de maintien de la paix de l’ONU, a-t-il indiqué.
M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a insisté sur les progrès accomplis par le pays depuis son indépendance, dont le fonctionnement du gouvernement de transition aux niveaux central et local et le respect du cessez-le-feu. Si la mise en œuvre de l’Accord de paix est globalement limitée, les progrès enregistrés doivent être pleinement reconnus, eu égard aux nombreux défis que le pays doit relever, a déclaré le délégué. Il a appelé les autorités du pays et les parties concernées à accélérer la mise en œuvre de l’Accord, en particulier en vue de la formation de forces unifiées, et à accroître la participation des femmes. Jugeant critique la préservation du cessez-le-feu, il a demandé des efforts accrus contre la violence intercommunautaire, ainsi que des mesures de renforcement de la confiance afin de promouvoir la réconciliation. Le délégué a souhaité un renforcement de l’aide internationale humanitaire et financière apportée au pays, l’insécurité alimentaire continuant de toucher plus de la moitié de la population. Enfin, il a souligné que les sanctions du Conseil ne sont que des instruments provisoires destinés à assurer le maintien de la paix. « Les sanctions doivent être levées dès que les conditions fixées sont remplies. »
Au nom du Groupe A3+1 (Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a salué l’attachement constant des parties sud-soudanaises au cessez-le-feu permanent en vigueur depuis trois ans. Il s’est également dit encouragé par les progrès réalisés dans le cadre de l’« Initiative de Rome du processus de paix au Soudan du Sud », notamment la signature de la Déclaration de principes entre le Gouvernement du Soudan du Sud et l’Alliance du mouvement d’opposition du Soudan du Sud à Naivasha, Kenya. Néanmoins, il a exprimé des préoccupations quant à la lenteur de la mise en œuvre des dispositions transitoires de sécurité, dont le processus DDR, la finalisation de l’examen stratégique de défense et de sécurité, et la mise en place d’un système de gestion approprié des stocks d’armes et de munitions.
Pour aller de l’avant, le représentant de l’A3+1 a mis l’accent sur trois points. D’abord, la priorité du renforcement de l’État et des institutions alors que le Soudan du Sud célèbre son dixième anniversaire. À cet égard, il a jugé encourageant le lancement du processus permanent d’élaboration d’une Constitution, envisagé au chapitre 6 de l’Accord revitalisé. Il a aussi salué l’initiative des Nations Unies, en partenariat avec les Gouvernements de la Suède, de l’Irlande et du Kenya, de faciliter la conduite du recensement de la population et des logements en 2022, en tant que condition préalable essentielle à la planification socioéconomique et au processus politique vers la conduite des prochaines élections générales.
« Deuxièmement, l’A3+1 réitère son appel à renforcer le soutien international au Soudan du Sud » a dit le représentant du Kenya avant de rappeler que le processus de paix et l’Accord revitalisé sont des arrangements complexes et coûteux qui nécessitent un engagement politique fort, ainsi qu’un temps et des ressources considérables.
Enfin, au titre du troisième point, le représentant de l’A3+1 a noté que la MINUSS est aussi ancienne que le Soudan du Sud, ayant été créée à la veille de l’indépendance du pays. Soulignant que cette mission est l’une des plus grandes opérations de paix des Nations Unies au monde avec un budget annuel de 1,17 milliard de dollars, le représentant a jugé indispensable que le Conseil de sécurité se demande si la MINUSS s’est acquittée de son mandat. Il a rappelé que le rôle le plus important de la Mission doit rester d’aider le peuple du Soudan du Sud à jeter les bases solides de la paix, de la stabilité et du développement.
M. BING DAI (Chine) a estimé que le dixième anniversaire du Soudan du Sud, célébré le mois prochain, devrait marquer un tournant dans l’avenir du pays. Toutes les parties doivent continuer de s’engager pour la promotion l’Accord revitalisé, a-t-il dit, avant d’appeler l’opposition à conclure un accord dès que possible. Rappelant la gravité de la situation humanitaire dans le pays, le délégué a déclaré qu’il est important d’appuyer toutes les organisations internationales et régionales qui jouent un rôle sur place pour alléger la souffrance de la population. Il a demandé la levée des sanctions et appelé toutes les parties à respecter le cessez le feu et mettre un terme aux affrontements communautaires. Préoccupé par les défis humanitaires énormes qu’affronte le Soudan du Sud, il a appelé à veiller à la poursuite de l’aide humanitaire doit continuer. Pour sa part, la Chine a envoyé plus de 300 000 tonnes d’aides et des experts médicaux pour aider à surmonter la crise sanitaire, a-t-il fait savoir.
M. JAMES PAUL ROSCOE (Royaume-Uni) a noté à son tour que cela fait presque 10 ans que la plus récente nation du monde est née. Il a donc jugé important de célébrer ce « jalon important ». Le représentant a également salué le fait que l’Accord de paix ait mis fin à cinq années de guerre et que son acceptation par les parties ait donné lieu à des compromis. Il a cependant constaté que le Soudan du Sud reste l’un des pays les moins développés du monde et que sa courte histoire est dominée par la violence, la corruption et la souffrance. De fait, il a estimé que les progrès dans la mise en œuvre du processus de paix ont été « trop lents et trop limités », en raison principalement de l’absence de volonté politique. De plus, a-t-il encore déploré, l’économie nationale s’est contractée malgré des revenus pétroliers de plusieurs milliards de dollars. Une situation qu’il a imputée à l’exploitation illicite des ressources naturelles et au détournement de fonds publics. Dans ce contexte, plus de personnes ont besoin d’aide humanitaire qu’à aucun autre moment depuis l’indépendance du pays, a-t-il dénoncé, observant que cette tragédie humaine est pourtant « évitable ».
Reconnaissant que le Gouvernement sud-soudanais doit tout à la fois lutter contre la corruption, conduire des réformes économiques et respecter l’Accord sur le statut des forces, M. Roscoe l’a néanmoins appelé à prendre ses responsabilités et à agir en véritable partenariat avec la communauté des donateurs pour résoudre cette crise. Il a ensuite exhorté les autorités du pays à garantir la sécurité de ceux qui fournissent une assistance vitale et à demander des comptes aux auteurs. S’ils ne le font pas, « nous devrons envisager d’ajouter des noms sur la liste des sanctions », a-t-il averti, avant de se féliciter que le Conseil ait récemment renouvelé l’embargo sur les armes, le régime de sanctions et le mandat du Groupe d’experts. Á cet égard, le délégué a encouragé le Gouvernement à faire avancer les travaux sur les critères de l’embargo sur les armes, y compris la création de la force unifiée nécessaire avec un commandement véritablement unifié.
Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a appelé à accélérer le processus de paix, notant que la voie à suivre est clairement désignée, notamment par les critères intégrés le mois dernier dans le régime des sanctions en vue de leur levée éventuelle. Elle a indiqué que la préservation du cessez-le-feu ne doit pas être tenue pour acquise. L’absence de tout conflit n’est pas suffisante lorsque la violence continue, que le nombre de civils tués double d’année en année, que la faim se fait plus prégnante et que les plus vulnérables demeurent soumis à un traitement des plus haineux, en particulier de la part de ceux qui sont censés les protéger.
La déléguée a noté que le Soudan du Sud fait face au plus haut niveau d’insécurité alimentaire depuis l’indépendance, avant de se dire vivement préoccupée par la recrudescence des attaques contre les travailleurs humanitaires. Elle a demandé que les auteurs de violations des droits humains soient traduits en justice. Les élections doivent se tenir conformément à l’Accord revitalisé, a par ailleurs déclaré Mme Byrne Nason. Enfin, la représentante irlandaise a estimé que des gains supplémentaires sont possibles dans le pays. « C’est maintenant au Soudan du Sud de montrer la voie. »
Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a déclaré que la formation d’un gouvernement de transition et l’achèvement de la période de prétransition au Soudan du Sud ont créé les conditions nécessaires pour que ce pays se dirige vers la stabilité politique et la réconciliation nationale. La représentante s’est aussi félicitée de la nomination des gouverneurs des États et des organes directeurs des comtés, ainsi que de la reconstitution de l’Assemblée de transition et de la rédaction d’une nouvelle Constitution. Elle a souligné que seule la mise en œuvre rapide et complète de l’Accord de paix revitalisé permettra d’instaurer la confiance et d’éviter de répéter les « erreurs du passé ». « Le travail doit également se poursuivre vers la formation des forces armées unifiées », a-t-elle insisté avant de noter que cette étape a été compliquée par le manque de matériel, d’assistance technique et de financement. La représentante a salué les efforts de médiation de l’Union africaine et de l’IGAD, avant d’exhorter les deux organisations à maintenir une unité dans leurs approches pour agir dans l’esprit des « solutions africaines aux problèmes africains ». Alors que la situation au Soudan du Sud se normalise, un réexamen du régime de sanctions actuel doit également être effectué, a-t-elle ajouté.
Mme MONA JUUL (Norvège) a rappelé que le Soudan du Sud est né d’une longue histoire de conflits, de déplacements et de guerre civile, et que construire un État moderne prend du temps et est difficile. Elle a noté des signes importants de progrès, à commencer par le fait que l’Accord sur la cessation des hostilités est largement respecté. Mme Juul s’est cependant déclarée « déçue » de la situation actuelle, condamnant notamment les souffrances que subit la population en raison du conflit et de l’insécurité alimentaire, ainsi que les attaques à l’encontre des travailleurs humanitaires.
Une paix globale est essentielle, a souligné la représentante qui a appelé toutes les parties à négocier de bonne foi et à parvenir à des accords inclusifs. Le Gouvernement d’unité nationale devrait accélérer la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé, y compris la disposition qui vise à accorder 35% des postes gouvernementaux aux femmes. Et les travaux sur la nouvelle constitution doivent commencer avec la participation inclusive et significative des femmes et des jeunes. Elle a enfin déclaré que le leadership politique est crucial pour faire en sorte que la prochaine décennie soit meilleure que la première. Les dirigeants actuels doivent évaluer honnêtement les domaines dans lesquels les progrès font défaut et tirer les leçons de ces défis.
À un mois du dixième anniversaire de l’indépendance du Soudan du Sud, M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a exhorté le Gouvernement de transition à mettre en œuvre pleinement l’Accord revitalisé qui constitue la base du progrès, de la stabilité et de la croissance du pays. Il a déclaré voir dans la reconstitution de l’Assemblée nationale législative de transition une étape importante dans ce sens. Le représentant s’est toutefois alarmé de l’application sélective des dispositions sécuritaires liées à la justice transitionnelle, à la responsabilisation, à la réconciliation ou au respect du quota relatif au genre. De même, a-t-il souligné, l’inscription sur la liste des sanctions du Comité 2206 d’individus comme le général Santino Deng Wol, en tant que chef des forces armées, est selon lui « contraire à l’esprit de réconciliation et de paix » de l’Accord revitalisé.
Constatant ensuite que le Soudan du Sud fait face aux niveaux d’insécurité alimentaire les plus élevés depuis son indépendance, le délégué s’est inquiété de la recrudescence des violences dans l’Équatoria central, des pillages à Tonj et dans la zone administrative de Pibor, ainsi que des attaques contre le personnel humanitaire. Il a appelé le Gouvernement à faciliter la fourniture de l’aide tout en créant les conditions de sécurité nécessaires. S’agissant par ailleurs du reclassement du centre de protection des civils de Bentiu, M. de la Fuente Ramirez a invité la MINUSS à garder une certaine souplesse dans la préparation des analyses de risques. Il a également encouragé le reclassement du centre de protection des civils à Malakal, lorsque les conditions seront réunies. Enfin, après avoir déploré la poursuite de cycles de violence communautaire, notamment dans la région de Jongleï, le représentant a jugé que le renforcement de l’état de droit, qui est un des grands axes de l’Accord revitalisé, doit être une priorité pour mettre fin à l’insécurité. À ses yeux, « ne pas mettre pleinement en œuvre l’Accord, c’est priver le pays de garanties quant à son avenir ».
Mme SHERAZ GASRI (France) a appelé toutes les parties au plein respect de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire. « La poursuite des violences, en particulier dans les régions de Malakal, du Nil supérieur et du Jongleï, est particulièrement préoccupante et mêle toutes des dynamiques locales avec des rivalités politiques nationales. »
Elle a ensuite condamné les attaques contre les personnels humanitaires et médicaux. « Le Soudan du Sud est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les personnels humanitaires : 128 personnels humanitaires y ont perdu la vie depuis 2013. » Ces violences ne doivent pas rester impunies et il importe que les auteurs de ces actes soient traduits en justice et sanctionnés par ce Conseil, a déclaré Mme Gasri.
La déléguée a indiqué que la France est prête à concrétiser la main tendue par le Conseil de sécurité au Soudan du Sud, à condition que les objectifs fixés soient atteints par le Gouvernement. En mars, lors du renouvellement du mandat de la MINUSS, a-t-elle rappelé, le Conseil s’est montré prêt à des ajustements des effectifs de la MINUSS et de son mandat de renforcement des capacités. En mai, lors du renouvellement du régime de sanctions, il s’est ensuite dit prêt à revoir les mesures d’embargo sur les armes, notamment par leur modification, leur suspension ou leur levée progressive.
Le Conseil a fixé des conditions claires pour cela qui doivent être mises en œuvre par le gouvernement du Soudan du Sud, avec le soutien de la MINUSS, a conclu Mme Gasri, en rappelant que l’essentiel des mesures reste en attente, en particulier s’agissant de la réforme du secteur de la sécurité.
M. GERT AUVÄÄRT (Estonie) a déclaré que le Soudan du Sud a encore un long chemin à parcourir pour créer un environnement sûr et stable pour les Sud-Soudanais. Tout en se félicitant de la reconstitution de l’Assemblée législative nationale, il a regretté que le quota de 35% de participation des femmes dans le secteur public n’a pas été atteint. Il s’est inquiété que les élections qui auraient dû avoir lieu en 2022, sont reportées à 2023, avant de rappeler que des élections libres, justes et apaisées sont essentielles pour l’avenir apaisé du pays. Le représentant a aussi appelé le Gouvernement et l’Union africaine à finaliser le projet de statut et le mémorandum d’accord, pour que les tribunaux hybrides soient opérationnels.
Mettant l’accent sur les points positifs, M. Auväärt s’est dit encouragé que le cessez-le-feu continue de tenir en grande partie, malgré des violences localisées. L’Estonie s’est néanmoins dite préoccupée par les exécutions extrajudiciaires menées dans l’État de Warrap sur instruction du gouverneur, avant d’exhorter le Gouvernement à enquêter sur ces meurtres, conformément à ses obligations internationales en vertu du droit international des droits de l’homme. Notant aussi que les milices communautaires poursuivent leurs violentes manœuvres à Jongleï, tuant des individus, pillant et détruisant des propriétés, le représentant de l’Estonie a prévenu que le cycle de la violence ne peut s’arrêter si le gouvernement ne traduit pas les auteurs en justice. Enfin, il s’est particulièrement inquiété de la situation humanitaire dans un Soudan du Sud confronté à ses plus hauts niveaux d’insécurité alimentaire et de malnutrition depuis l’indépendance. « Environ 60% de la population est susceptible de faire face à une insécurité alimentaire aiguë », a-t-il prévenu avant de noter que l’accès humanitaire continue d’être difficile en raison de la résurgence du conflit armé dans certaines parties du pays et des attaques contre les humanitaires.
M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a dit que comme de nombreux membres du Conseil, il est lui aussi préoccupé par la situation sécuritaire et humanitaire qui prévaut dans le pays à la veille du dixième anniversaire de son indépendance. Le représentant a assuré que les violences et les attaques contre les travailleurs humanitaires font l’objet d’enquête. Le gouvernement s’efforcera d’amener leurs auteurs à rendre des comptes, a promis M. Malwal ajoutant que l’exécutif ne peut cependant pas être présent partout dans le pays. Le gouvernement n’est pas sourd aux propos des membres de ce Conseil, a ajouté le représentant évoquant notamment le projet de statut et de mémorandum d’accord pour la mise en service du Tribunal mixte.
M. Malwal a espéré que le Représentant spécial du Secrétaire général sera en mesure de trouver des solutions permettant de résoudre les problèmes du pays y compris ceux soulevés au cours de la réunion par le représentant de la société civile sud-soudanaise. Dénonçant l’obstacle que représente l’embargo, il a indiqué que l’un des objectifs du Gouvernement de transition est de le renégocier. Dans les conditions actuelles, il est difficile d’avancer, a-t-il martelé. Et cette question devra être débattue au moment de l’examen du renouvèlement du mandat de la Mission. Il a aussi insisté sur le fait que beaucoup attendent que justice soit rendue à la suite du conflit de 2015. Enfin, répondant à la Fédération de Russie, M. Malwal a affirmé que le Soudan du Sud n’avait pas besoin d’argent. Ce dont nous avons besoin, ce sont des compétences et des capacités, a indiqué le délégué.