Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 19 août 2020
(La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)
Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:
Mali
Le Secrétaire général continue de suivre de très près et avec une profonde préoccupation l’évolution de la situation au Mali. Le Conseil de sécurité se réunira cet après-midi à huis clos pour discuter de la situation dans ce pays. Il entendra un exposé de M. Jean-Pierre Lacroix, le chef des opérations de paix à l’ONU.
La mission dans le pays suit également la situation ainsi que les développements en cours.
Nos collègues sur le terrain soulignent que le travail de la mission de maintien de la paix des Nations Unies doit se poursuivre en appui au peuple malien et en liaison étroite avec les Maliens, y compris avec les Forces de sécurité et de défense maliennes du Nord et du Centre, où la situation est toujours très préoccupante.
Dans sa déclaration d’hier, le Secrétaire général a fermement condamné la mutinerie militaire, qui a abouti à l’arrestation du Président Keita et de membres de son gouvernement. Le Secrétaire général appelle au rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel et de l’état de droit au Mali.
Il a réitéré ses appels à une solution négociée et à un règlement pacifique des différends et exprime son plein appui à l’Union africaine et à la CEDEAO dans leurs efforts pour trouver une solution pacifique à la crise actuelle, notamment grâce aux bons offices de son Représentant spécial.
Il a exhorté toutes les parties prenantes, en particulier les Forces de défense et de sécurité, à faire preuve de la plus grande retenue et à faire respecter les droits de l’homme et les libertés individuelles de tous les Maliens.
Journée mondiale de l’aide humanitaire
Le 19 août a été choisi comme Journée mondiale de l’aide humanitaire parce que ce jour-là, en 2003, 22 membres du personnel de l’ONU ont été assassinés à Bagdad lors d’une attaque terroriste contre le siège de l’ONU à l’hôtel Canal. Aujourd’hui, nous les pleurons et rendons hommage à nos courageux collègues qui ont survécu. Beaucoup d’entre eux sont tranquillement retournés au travail et continuent de servir l’humanité jusqu’à ce jour.
Dans son message, le Secrétaire général a déclaré que les humanitaires, les agents de santé et les premiers intervenants sont les héros méconnus de la réponse à la COVID-19, qui risquent souvent leur propre vie pour en sauver d’autres. Le Secrétaire général appelle la communauté internationale à se joindre à lui pour les remercier de leur travail, leur solidarité et leur humanité en cette période de besoin sans précédent.
L’année dernière a été la plus violente jamais enregistrée pour les humanitaires, avec 483 travailleurs humanitaires attaqués, dont 125 tués, au cours de 277 incidents distincts. Nos collègues d’OCHA vous invitent à consulter le site Web worldhumanitarianday.org et les médias sociaux où sont partagées les histoires de ces courageux travailleurs de première ligne.
Secrétaire général
Prenant la parole, ce matin, à l’ouverture de la Conférence des présidents de parlement de l’Union interparlementaire (UIP), le Secrétaire général a évoqué l’énorme impact de la pandémie de COVID-19. Il a exhorté les parlementaires à faire de la reprise une réelle occasion de bien faire les choses pour l’avenir. Au sujet de la crise climatique, le Secrétaire général a déclaré que, alors que le monde se remet de la COVID-19, c’est un « moment décisif » pour la santé de notre planète.
Conseil de sécurité
Aujourd’hui, le Conseil de sécurité a tenu une séance publique sur la Syrie. L’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Geir Pedersen, a déclaré que des préparatifs sont en cours pour convoquer à Genève la troisième session de la Commission constitutionnelle syrienne dirigée par les Syriens et facilitée par l’ONU. Il y a eu une interruption de neuf mois en raison de différences sur l’ordre du jour, puis des restrictions dues à la COVID-19.
M. Pedersen a déclaré que l’établissement d’un acte fondamental, un contrat social pour les Syriens, après une décennie de conflit et au milieu de profondes divisions et de méfiance, est une tâche capitale. L’Envoyé spécial a souligné la nécessité d’un cessez-le-feu complet et immédiat à l’échelle nationale et de permettre un effort total pour lutter contre la pandémie.
Yémen
La Coordonnatrice humanitaire pour le pays, Mme Lise Grande, prévient que la moitié de tous les principaux programmes de l’ONU dans le pays souffrent actuellement d’un manque de financement. Déjà, 12 des 38 principaux programmes de l’ONU ont été fermés ou considérablement réduits. Entre août et septembre, 20 programmes font face à des réductions supplémentaires ou à la fermeture. Mme Grande a noté qu’alors que la Journée mondiale de l’aide humanitaire devrait être une journée de célébration, c’est le contraire cette année au Yémen.
En avril, les rations alimentaires destinées à plus de huit millions de personnes dans le nord du Yémen ont été réduites de moitié. Les services de santé ont été coupés ou réduits dans 275 centres spécialisés traitant des personnes atteintes de choléra et d’autres maladies infectieuses. Les allocations à près de 10 000 agents de santé de première ligne ont été supprimées. Si le financement n’est pas reçu de toute urgence dans les semaines à venir, la moitié des services d’eau et d’assainissement seront coupés, et les médicaments et les fournitures essentielles pour 189 hôpitaux et 2 500 cliniques de soins de santé primaire, représentant la moitié des établissements de santé du pays, seront arrêtés.
Des milliers d’enfants qui souffrent à la fois de malnutrition et de maladies pourraient mourir et au moins 70% des écoles seront probablement fermées ou à peine capables de fonctionner lorsque la nouvelle année scolaire commencera dans les semaines à venir. Des dizaines de milliers de personnes déplacées qui n’ont nulle part où aller seront contraintes de vivre dans des conditions inhumaines. Lors de la manifestation de haut niveau pour le Yémen à Riyad le 2 juin, les donateurs ont promis 1,35 milliard de dollars sur les 2,41 milliards de dollars nécessaires pour couvrir les activités humanitaires essentielles jusqu’à la fin de l’année. Cela représente un écart de plus d’un milliard de dollars.
Le Yémen reste la pire crise humanitaire au monde. Près de 80% de la population -plus de 24 millions de personnes- ont besoin d’une forme quelconque d’aide humanitaire et de protection.
Liban
Au Liban, le port de Beyrouth est temporairement opérationnel. Près de 9 000 conteneurs ont été déchargés au port entre le 11 août et hier. Plus de 1 000 tonnes de marchandises, y compris du fer et du blé, ont été importées par le port.
L’ONU et ses partenaires continuent de fournir une aide humanitaire d’urgence et d’effectuer des évaluations. ONU-Femmes a reçu des dizaines d’appels sur une ligne téléphonique sécurisée dédiée aux femmes et aux filles à risque ou qui sont victimes de violence sexiste dans les zones touchées par les explosions. ONU-Femmes et ses partenaires procéderont également à une évaluation de l’égalité des sexes plus tard ce mois-ci.
Depuis le lendemain des explosions, la ligne d’assistance du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a reçu plus de 6 000 appels et plus de 500 signalements de réfugiés ayant besoin d’aide. Le HCR fournit un soutien psychosocial, une aide d’urgence, des kits d’hébergement et un suivi sur toute question liée à la protection de l’enfance ou à la violence sexuelle et sexiste. L’accès à l’eau est un autre problème crucial à Beyrouth, avec plus de 680 ménages ayant besoin de réservoirs d’eau. L’eau est transportée par camion et certains bâtiments ont été raccordés à l’approvisionnement en eau.
Bien que le Gouvernement ait annoncé un confinement de deux semaines en raison de la COVID-19, du 21 août au 6 septembre, tous les travaux de secours et d’aide à la suite de l’explosion de Beyrouth seront autorisés à se poursuivre.
Libye
Plus tôt dans la journée, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, a nommé les membres de la mission indépendante d’établissement des faits en Libye. Il s’agit de M. Mohamed Auajjar du Maroc, Mme Tracy Robinson de la Jamaïque et M. Chaloka Beyani de la Zambie et du Royaume-Uni.
La mission a été créée par le Conseil des droits de l’homme en juin pour documenter les violations présumées des droits de l’homme et les abus concernant le droit international des droits de l’homme et le droit international humanitaire commis par toutes les parties en Libye depuis 2016.
Mme Bachelet a dit que la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays, ainsi que l’absence d’un système judiciaire fonctionnel, démontrent l’importance du travail d’une équipe d’experts indépendants. Ils serviront de mécanisme essentiel pour lutter contre l’impunité généralisée en ce qui concerne les violations des droits de l’homme et les violations commises, a poursuivi Mme Bachelet. La mission indépendante d’établissement des faits sur la Libye fera le point devant le Conseil des droits de l’homme en septembre, tandis qu’un rapport écrit complet sera rendu l’année prochaine.
Madagascar
À Madagascar, il y a plus de 13 800 cas confirmés de personnes contaminées par le coronavirus et 171 décès enregistrés. L’équipe de pays des Nations Unies, dirigée par la Coordonnatrice résidente par intérim, Mme Charlotte Faty Ndiaye, soutient le Gouvernement sur tous les fronts, y compris la santé et les réponses socioéconomiques.
Les agences des Nations Unies ont fourni près d’un million de dollars sous forme d’équipement de protection, de laboratoire et de matériel médical pour accroître la capacité locale de dépistage et de traitement. Des dizaines de milliers de ces articles ont été envoyés dans des centres de tests dans tout le pays.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) offre également une formation sur les communications relatives aux risques et fournit des conseils techniques aux travailleurs communautaires locaux et aux premiers intervenants. L’OMS poursuit ses campagnes de vaccination contre d’autres maladies infectieuses.
Don pour le maintien de la paix
La semaine dernière, l’ONU a reçu un don de 5 000 écouvillons nasaux de Copan Italia, une société basée à Mantua, en Italie. Les écouvillons sont utilisés pour prélever des échantillons et sont essentiels pour les tests de dépistage de la COVID-19. Les écouvillons, qui ont été reçus par la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi, seront distribués aux bureaux extérieurs pour tester le personnel. Ce don est un exemple du partenariat entre le secteur privé et l’ONU pour aider à mener les opérations en toute sécurité.
Burkina Faso
S’agissant du Burkina Faso, le Secrétaire général condamne l’assassinat, le week-end dernier, d’El Hadji Cissé, Grand Imam et Président de la communauté musulmane de Djibo, dans la province de Soum. Il avait été enlevé par des hommes armés encore non identifiés le 11 août. Le Secrétaire général présente ses plus sincères condoléances à sa famille ainsi qu’au Gouvernement et au peuple du Burkina Faso.
L’assassinat du Grand Imam s’inscrit dans une tendance de plus en plus inquiétante d’assassinats ciblés de dirigeants communautaires et religieux modérés au cours des derniers mois au Burkina Faso, dans une tentative ignoble mais vaine d’intimider et de contrôler la population.
Le Secrétaire général appelle les autorités burkinabè à ne ménager aucun effort pour identifier et traduire rapidement en justice les auteurs de ce crime odieux. Il réitère l’engagement de l’ONU à intensifier son soutien au Burkina Faso dans ses efforts pour créer les conditions d’une paix et d’un développement durables.