Conseil de sécurité: les manifestations au Soudan ont un impact sur les pourparlers de paix, a averti la Présidente du comité 1591
La Présidente du Comité des sanctions concernant le Soudan a indiqué cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, que les manifestations qui se déroulent au Soudan ont un impact sur les pourparlers de paix dans ce pays, les mouvements non-signataires ayant suspendu leur participation aux discussions.
Venu présenter son rapport trimestriel qui couvre la période entre le 18 janvier et le 25 mars 2019, Mme Joanna Wronecka, qui est également la Représentante permanente de la Pologne, a indiqué que le Groupe d’experts sur le Soudan avait surveillé de près la situation qui a précédé et suivi la déclaration de l’état d’urgence dans le pays. Au moment de la rédaction du rapport, les manifestations se poursuivaient dans certaines régions du pays et des partis de l’opposition avaient rejoint les protestataires, a fait savoir Mme Wronecka qui a indiqué que la situation globale au Darfour est restée stable par rapport à Khartoum et à d’autres localités du Soudan.
Bien que la dynamique régionale globale ait été stable, le Groupe d’experts, a rapporté la Présidente, a également mis en exergue certains risques et menaces régionaux qui planent sur le processus de paix au Darfour. Des escarmouches localisées et fréquentes au Jebel Marra, opposant l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid (ALS-AW) au Gouvernement, ont été signalées, ainsi que les activités des groupes rebelles du Darfour basés en Libye.
Pour ce qui est de la situation humanitaire, en dépit de la diminution des conflits, des milliers de personnes ont toujours besoin d’aide humanitaire. La Présidente a attiré l’attention du Conseil sur l’insuffisance des rations alimentaires et des fournitures médicales dans les camps de personnes déplacées, ainsi que sur la poursuite de la politique gouvernementale de démantèlement des camps de déplacés.
Réagissant au rapport du Secrétaire général, le délégué du Soudan a déclaré que la situation en 2005 était bien différente de celle qui prévaut à l’heure actuelle et a souhaité une révision du régime de sanctions, au regard précisément de la nouvelle situation sur le terrain. Le délégué a notamment réclamé la levée « très prochaine » de l’embargo sur les armes, et a demandé une mise en cohérence du régime de sanctions avec l’amélioration de la situation au Darfour et la réduction des effectifs de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).
« Nous refusons que le Groupe d’experts, le Comité ou bien la MINUAD outrepassent les mandats qui leur ont été conférés », a protesté le représentant du Soudan.
Au cours de son intervention, la Présidente du Comité a également informé le Conseil de son intention de se rendre prochainement au Soudan, précisant cependant que les dates de sa visite restent à déterminer en raison de la situation politique et sécuritaire dans le pays.
Ce projet de visite a été salué par le représentant soudanais qui a espéré qu’elle « permettra d’aboutir à des décisions étayées par des informations crédibles », soulignant dans la foulée, la bonne coopération de son pays avec le Comité 1591.
Mme Wronecka a aussi rappelé que le mandat du Groupe d’experts a pris fin le 12 mars 2019 et a fait savoir que le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques et à la consolidation de la paix avait proposé le nom de cinq individus, tous titulaires, pour siéger au sein du Groupe. Le Comité a concouru avec cette sélection et attend à présent la nomination officielle des cinq experts par le Secrétaire général.
Créé par la résolution 1591 (2005), le Groupe d’experts sur le Soudan est chargé, notamment, d’aider le Comité à surveiller l’application des mesures imposées par le Conseil de sécurité comme l’embargo sur les armes, l’interdiction de voyager et le gel des avoirs.