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CS/13387

Le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient appelle, devant le Conseil de sécurité, à préserver « l’espoir » d’une reprise des négociations

Le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, a appelé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, à inverser, « ou tout du moins à contenir l’impact », des tendances négatives sur le terrain, pointant notamment les activités de peuplement illégales et l’incitation à la violence, afin de préserver « l’espoir » d’un retour à la table des négociations.

Ces mesures, a insisté M. Mladenov, sont également nécessaires pour prévenir toute escalade des tensions dans la région.

Venu présenter le sixième rapport sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, qui exige qu’Israël arrête « immédiatement et complètement » toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, le Coordonnateur spécial a indiqué qu’aucune mesure n’avait été prise dans ce sens pendant la période à l’examen allant du 26 mars au 12 juin 2018.

Il a notamment affirmé qu’environ 3 500 unités de logement dans la zone C de Cisjordanie s’étaient développées, dont un tiers, a-t-il précisé, se trouvant situées plus profondément à l’intérieur du territoire.  Des propositions pour 2 300 unités ont atteint l’étape d’approbation et des offres faites pour 900 autres unités.

En revanche, a-t-il poursuivi, aucune progression, approbation ou offre n’ont été signalées à Jérusalem-Est.  Le Bureau central de statistiques d’Israël a en outre publié, aujourd’hui même, un rapport soulignant que le niveau de construction pendant le premier trimestre 2018 dans la zone C est le plus faible de ces six dernières années, les 250 unités concernées étant bien en deçà de la moyenne mensuelle de 410 en 2017 et de 766 en 2016.

M. Mladenov a toutefois fait état d’une augmentation des démolitions dans la zone C, bien qu’elles s’effectuent à un rythme faible, précisant que 84 structures palestiniennes avaient été saisies ou détruites, provoquant le déplacement de 67 personnes et affectant potentiellement la vie de 4 500 autres personnes.  

Il a aussi appelé à annuler la démolition prévue de Khan al-Ahmar – Abu al-Helu, avertissant qu’outre l’impact sur les populations concernées, elle établirait un précédent qui pourrait affecter d’autres communautés bédouines et pastorales.

Au cours de son intervention, M. Mladenov s’est également préoccupé du niveau élevé de violence dans la région, citant notamment les attaques à la roquette lancées depuis la bande de Gaza, ainsi que la mort, depuis le 30 mars, de 135 Palestiniens tués par les forces de sécurité israéliennes au cours d’une série de manifestations à Gaza.

De plus, sous le couvert de ces manifestations, a-t-il poursuivi, le Jihad islamique palestinien et d’autres militants se sont livrés à des actes de violence et de provocation, notamment en lançant des cerfs-volants incendiés par-dessus la clôture et en déposant des engins explosifs improvisés.

Le Coordonnateur spécial a condamné dans les termes les plus forts les actes qui ont provoqué tant de pertes en vies humaines.  Israël, a-t-il souligné, tout en ayant le devoir de protéger ces citoyens, doit faire preuve de retenue dans l’utilisation de balles réelles et de recours à la force meurtrière.

En outre, les actions du Hamas, du Jihad islamique palestinien et d’autres groupes militants à Gaza mettent en péril les aspirations pour un État palestinien et aggravent la crise humanitaire.

M. Mladenov a aussi déploré la recommandation du Conseil national palestinien de suspendre des éléments clefs des Accords d’Oslo, notant que si celle-ci venait à être mise en œuvre, la reprise des négociations en serait d’autant plus difficile.  

Il s’est également inquiété de la dispersion par la force, le 13 juin, à Ramallah, par les forces de sécurité palestiniennes d’une manifestation de plusieurs milliers de Palestiniens qui demandaient la levée des mesures imposées par l’Autorité palestinienne à Gaza et la fin des divisions politiques, entres autres.  Des dizaines de manifestants ont été blessés ou arrêtés, et les médias ont été empêchés de couvrir les événements, a-t-il déploré.  De leur côté, les autorités israéliennes ont traduit en justice plusieurs Palestiniens et Israéliens accusés d’appartenir à des cellules terroristes.

Le Coordonnateur spécial s’est également préoccupé du recours à une rhétorique incendiaire, pointant notamment les propos antisémites prononcés le 30 avril par le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, lors de son discours devant le Conseil national palestinien, les incitations à la violence formulées par plusieurs dirigeants du Hamas, et la glorification, par le Fatah, des auteurs d’attaques terroristes.

Du côté israélien, ce sont les appels à l’annexion des colonies de peuplement, le déni du fait que les territoires palestiniens sont occupés et le rejet du droit des Palestiniens à un État qui ont inquiété le Coordonnateur spécial.

Au cours de son intervention, M. Mladenov a par ailleurs annoncé la tenue, le 25 juin, à New York, d’une conférence de promesses de contributions pour l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), avertissant que dans quelques semaines l’Office, qui fait face à un manque de financement sans précèdent de plus de 250 millions de dollars, devra réduire son aide d’urgence, à Gaza notamment.

Adoptée le 23 décembre 2016 par 14 voix et l’abstention des États-Unis, la résolution 2334 (2016) avait été qualifiée à l’époque d’« historique » par plusieurs membres du Conseil de sécurité, étant le premier texte adopté au sujet du conflit israélo-palestinien depuis 2008.

En outre, la réunion d’aujourd’hui marque la première présentation d’une version écrite du rapport trimestriel sur la mise en œuvre de cette résolution, les cinq autres présentations ayant été strictement orales.  

Ce faisant, le Secrétaire général s’est plié à la demande formulée par 10 membres du Conseil de sécurité qui ont souligné, dans une lettre en date du 14 mai 2018, que la pratique usuelle veut que le Conseil de sécurité reçoive des rapports écrits.

Dans cette lettre, ces 10 États se déclarent également profondément préoccupés par les manquements à la résolution 2334 (2016).

L’intégralité du rapport présenté aujourd’hui par M. Mladenov sera disponible prochainement en version électronique sous la cote S/2018/614.

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