Le Comité de la décolonisation entame sa session annuelle avec les questions de Gibraltar et du Sahara occidental
Une reprise du dialogue pour sortir de l’impasse à Gibraltar et au Sahara occidental: c’est le vœu des nombreuses délégations qui ont participé aujourd’hui à l’ouverture de la session annuelle du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. De profonds désaccords sur la manière de résoudre ces questions se sont de nouveau manifestés.
L’Espagne a plaidé pour des négociations avec le Royaume-Uni sur Gibraltar, affirmant qu’elle vient de soumettre au Comité « une proposition généreuse de cosouveraineté ». « Gibraltar ne sera jamais espagnole », a répété son Ministre principal, non sans tendre « une main amicale » et réitérer son désir de nouer « des relations fortes et positives avec le voisin espagnol ».
Concernant le Sahara occidental, les délégations ont à nouveau unanimement salué les efforts du Secrétaire général et de son Envoyé personnel pour encourager les négociations entre le Maroc et le Front Polisario et parvenir à une solution juste et mutuellement acceptable, maintenant que la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) a été prolongée de six mois par la résolution 2414 (2018) du Conseil de sécurité. Jugeant improbable la tenue d’un référendum dans ce délai, la Namibie a dit ne pas comprendre la logique de la résolution.
Ce texte est un « tournant majeur », a estimé le Maroc. Il consacre l’approche marocaine en appelant à une solution politique, réaliste, réalisable et durable. Le Conseil, a poursuivi le Maroc, a appuyé la proposition marocaine d’autonomie, « seule solution pour régler ce différend » et a demandé aux pays voisins de s’engager plus avant dans les négociations. La solution, a ajouté le Maroc, doit inclure toutes les parties prenantes, sous l’égide de l’ONU et sans l’intervention d’aucune autre organisation régionale ou internationale. Les organisations régionales, s’est-il expliqué, se sont disqualifiées, en acceptant des entités qui ne peuvent pas être « dedans et dehors ».
L’Algérie s’est dûment félicitée de la détermination de l’Union africaine à parachever le processus de décolonisation du Sahara occidental et des efforts de son Envoyé spécial. Elle en a profité pour prier le Secrétaire général de veiller au retour immédiat des observateurs de l’Union africaine au siège de la MINURSO. Le Front Polisario, a asséné l’Algérie, est le seul représentant légitime du Sahara occidental et on ne saurait « abuser » de la nature pacifique de la lutte qu’il mène depuis 1973. Il n’y a pas d’autres alternatives que l’autodétermination par le biais d’un référendum, a martelé l’Algérie. « La question du Sahara n’est pas une question de décolonisation mais bien une question de parachèvement de l’intégrité territoriale », a martelé, à son tour, le Maroc dont la proposition de large autonomie a été appuyée par un grand nombre d’orateurs.
« Arguments fantaisistes », a commenté le Front Polisario, arguant que le Sahara occidental est une question « évidente » de décolonisation et accusant le Maroc de faire obstacle à l’organisation du référendum, de poursuivre sa politique d’annexion et de tenter de modifier la composition démographique du territoire. Il a appelé l’ONU à suivre de près la situation sur le terrain et a invité le Comité spécial à effectuer une mission sur le terrain. « Comment se fait-il que la dernière visite remonte à 1975? » s’est-il impatienté, en citant les propos d’Ahmed Boukhari, représentant du Front Polisario à l’ONU, décédé au début du mois d’avril: « Le Comité a été établi afin d’éliminer le colonialisme et non le justifier ». Rendant à son tour hommage à la mémoire d’Ahmed Boukhari, l’Algérie a dit: « En ce mois de Ramadan, veillons à ce que sa lutte n’ait pas été vaine ».
Le Maroc a plutôt insisté sur l’attachement de la population du Sahara à sa marocanité, comme elle l’a démontré lors des dernières élections législatives. Le Conseil ayant été élu, la population a désormais « de vrais représentants », a confirmé un pétitionnaire.
Outre les questions de Gibraltar et du Sahara occidental, le Comité spécial a adopté par consensus trois projets de résolution dont la première sur « les renseignements relatifs aux territoires non autonomes » prie les puissances administrantes de communiquer régulièrement des renseignements statistiques et autres de nature technique relatifs à la situation économique et sociale et à l’éducation dans les territoires dont elles sont respectivement responsables, ainsi que des renseignements aussi complets que possible sur l’évolution politique et constitutionnelle des territoires en question.
Le deuxième texte sur « la diffusion d’informations sur la décolonisation » approuve les activités des Départements de l’information et des affaires politiques et les prient d’élaborer des procédures pour rassembler, établir et diffuser, en particulier à destination des territoires non autonomes de la documentation sur les questions relatives à l’autodétermination; de chercher à s’assurer le plein concours des puissances administrantes; d’étudier plus avant l’idée de créer un programme de collaboration pour les questions de décolonisation, notamment dans le Pacifique et les Caraïbes, de façon à améliorer l’échange d’informations; et d’encourager les ONG et les territoires non autonomes à participer à la diffusion d’informations sur la décolonisation.
Enfin, le troisième projet de résolution sur « l’envoi de missions de visite et de missions spéciales dans les territoires » souligne la nécessité de dépêcher périodiquement de telles missions en vue de faciliter l’application effective de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. Il note avec satisfaction le travail accompli par la mission de visite du Comité spécial en Nouvelle-Calédonie, qui s’est tenue du 12 au 19 mars 2018, et prie le Président du Comité spécial d’établir en temps voulu un plan au cas par cas relatif pour d’autres missions.
Le Comité tiendra sa prochaine réunion publique le lundi 18 juin sur Puerto Rico.
ADOPTION DE PROJETS DE RÉSOLUTION SUR LES RENSEIGNEMENTS RELATIFS AUX TERRITOIRES NON AUTONOMES (A/AC.109/2018/L.3), LA DIFFUSION D’INFORMATIONS SUR LA DÉCOLONISATION (A/AC.109/2018/L.4) ET LA QUESTION DE L’ENVOI DE MISSIONS DE VISITE (A/AC.109/2018/L.5)
Déclarations
Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a exhorté le Département de l’information à couvrir largement les activités du Comité car « il est important que les peuples soient informés sur leurs moyens de parvenir à l’autodétermination ». Elle a voulu que l’on valorise tant les moyens traditionnels (radio, télévision) que les nouvelles technologies de l’information. Rappelant que le public hispanophone est celui qui visite le plus le site Web, elle a encouragé le Département de l’information à poursuivre la mise à jour des informations dans toutes les langues officielles et à corriger « le déséquilibre important » entre ces langues. Une information rapide et de qualité facilite les bonnes décisions, a-t-elle rappelé.
Mme NANETTE BRAUN, Département de l’information, a présenté les éléments saillants du rapport du Secrétaire général et indiqué que pendant la période à l’examen, son Département a publié 30 communiqués de presse sur la décolonisation, en anglais et en français, et envoyé un attaché de presse pour couvrir le Séminaire régional annuel pour les Caraïbes à Kingston du 16 au 18 mai. De janvier à décembre 2017, plus de 195 000 utilisateurs ont visité le site Web, ce qui représente une augmentation de 36,5% par rapport à 2016. Le Département s’efforce de mettre en avant les travaux du Comité spécial de la décolonisation, a-t-elle insisté.
Mme JOSIANE AMBIEHL, Département des affaires politiques, a en effet noté la bonne coopération entre son Département et le Département de l’information. Conformément au mandat de l’Assemblée générale, elle a indiqué que le vaste projet de remise à jour du site Internet du Comité de la décolonisation est sur le point d’aboutir, grâce à des ressources extrabudgétaires. Le contenu va migrer vers une plateforme de gestion des contenus qui offrira une traduction dans les six langues officielles.
Mme ZAINA BENHABOUCHE (Algérie) a aussi jugé « cruciale » la diffusion de l’information sur la décolonisation. Elle a promis une déclaration sur ce sujet qui devrait être publiée sur « PaperSmart ».
M. ACHNASUL HABIB (Indonésie) a dit attendre avec attention la présentation du nouveau site Web du Comité.
Mme RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a rappelé que les puissances administrantes sont tenues de communiquer des informations et des renseignements actualisés au secrétariat sur les territoires non autonomes qu’elles administrent. Elle s’est dite préoccupée par l’absence de renseignements sur certains territoires. Elle a appelé les puissances administrantes à participer de manière active au Comité.
Question de Gibraltar (A/AC.109/2018/8)
Ces sept dernières années, a souligné M. FABIAN PICARDO, Ministre principal de Gibraltar, l’Espagne nous a imposé les sanctions économiques et les restrictions les plus dures depuis l’ouverture de la frontière en 1982. Gibraltar a été soumis à une « campagne d’opprobre » pour briser les excellents liens commerciaux avec les territoires espagnols. Mais, s’est réjoui le Ministre principal, rien n’a pu détruire cette profonde entente. En revanche, le manque d’investissements a donné lieu à une intensification massive du trafic de drogue. L’année dernière, ce sont ainsi 11 tonnes de cocaïne qui ont été saisies à Algésiras, a prévenu le Ministre principal, affirmant que Gibraltar prend toutes les mesures possibles pour combattre ce fléau que ce soit en surveillant les « eaux territoriales britanniques » ou en réglementant plus strictement son système financier. Tout argument contraire est faux et ne vise qu’à discréditer Gibraltar, a insisté le Ministre principal. « Oui Monsieur le Président », a-t-il dit, nous sommes habitués à répondre aux contrevérités que propage sur nous dans le monde entier, le Gouvernement espagnol de Madrid. C’est une tactique pour décourager la communauté internationale de reconnaître le droit du peuple de Gibraltar à l’autodétermination. Mais le Gouvernement espagnol perd son temps, a prévenu le Ministre principal, « parce qu’il est tout simplement impossible de nier ce droit, inscrit dans la Charte des Nations Unies et dans plusieurs résolutions de l’Assemblée générale ».
L’argument de l’Espagne consistant à faire valoir une exception spéciale à ce droit ne tient pas la route juridiquement et ne bénéficie du soutien de personne, a souligné le Ministre principal. Notre droit à l’autodétermination est « clairement établi » et nous ne cesserons jamais d’insister sur son exercice. Notre souhait, a-t-il poursuivi, est d’être décolonisé conformément à la volonté librement exprimée du peuple de Gibraltar. Avançant, le territoire a adopté en 2006 une Constitution qui le rend entièrement autonome, à l’exception de la défense et des relations extérieures. « Avons-nous atteint le niveau le plus élevé d’autonomie avant l’indépendance? » Le Comité de la décolonisation ne nous a jamais répondu, a rappelé le Ministre principal. Une nouvelle fois, il a appelé ce dernier à se rendre à Gibraltar pour voir de lui-même « les circonstances réelles de notre réalité moderne ».
Le Ministre principal a espéré que les changements politiques à Madrid donneront lieu à une meilleure coopération. Il a en effet indiqué que dès que le Royaume-Uni a commencé à négocier son retrait de l’Union européenne, Gibraltar s’est lancé dans des discussions avec les responsables espagnols sur leur future coopération. Notre gouvernement, a-t-il affirmé, est prêt à travailler à des mesures pour contrer les conséquences de son « départ involontaire » de l’Union européenne et en particulier, protéger la liberté de mouvement de tous ses citoyens, y compris les 13 500 personnes qui vivent en Espagne mais travaillent à Gibraltar. Nous continuons de soutenir le Forum du dialogue dont l’Espagne s’est retirée, a dit le Ministre principal et contrairement à cette dernière, Gibraltar est disposé à continuer d’honorer ses obligations en vertu de l’Accord de Cordoba de 2006. « Nous sommes prêts à conclure d’autres accords dans des domaines d’intérêt commun, dont la transparence fiscale, la protection de l’environnement et la coopération judiciaire.
« Nous pouvons tellement faire, nous avons tellement de potentiel à débloquer et tant de bénéfices mutuels à explorer », a insisté le Ministre principal. Même si notre position est que Gibraltar ne sera jamais espagnole, nous tendons une main amicale et réitérons notre désir de nouer des relations fortes et positives avec le voisin espagnol. « La balle est dans son camp, nous ne supplierons personne mais nous sommes prêts à travailler ensemble dans l’intérêt mutuel », a conclu le Ministre principal.
Mme FRANCISCA MARÍA PEDROS CARRETERO (Espagne) a déploré que le Comité n’ait pas relevé le défi posé par la seule question coloniale qui existe encore en Europe, celle de Gibraltar. Elle a rappelé l’histoire de Gibraltar, dont le Royaume-Uni s’est emparé « illégalement », sans se priver de construire en 1909, une clôture autour de la zone. La représentante a exigé la restitution des territoires occupés sans titre et rappelé les différentes résolutions de l’Assemblée générale sur le sujet. « Les relations entre le Royaume-Uni et Gibraltar sont de nature coloniale », a-t-elle tranché, plaidant pour une solution négociée dans l’esprit de la Charte et demandant des négociations avec le Royaume-Uni. Mon pays reste ouvert au dialogue et vient de soumettre au Comité une proposition « généreuse » sur une cosouveraineté à Gibraltar, a révélé la représentante.
Question du Sahara occidental (A/AC.109/2018/17)
Pour M. DIEGO FERNANDO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur), il faut se concentrer sur la relance des négociations maintenant qu’approche la fin de la Troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme. Il faut reconnaître les noms propres des territoires et arrêter de les associer avec ceux de l’époque coloniale. Il faut, a poursuivi le représentant, appliquer la doctrine des années 60. Trente ans d’échec, c’est inacceptable, s’est impatienté le représentant, en citant le Sahara occidental, la Palestine ou encore Puerto Rico. Les instruments sont là, a-t-il souligné, avant de saluer le travail des Envoyés spéciaux, et plus particulièrement de l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental
M. MAUTITO (Timor-Leste) a demandé au Comité d’intensifier ses efforts, rappelant que les 17 territoires non-autonomes abritent près de deux millions de personnes. Il a encouragé le Comité à multiplier les visites afin de recueillir des informations de première main. Il s’est réjoui du référendum à venir en Nouvelle-Calédonie et a appelé à la transparence et à l’impartialité. Le Front Polisario, a-t-il souligné, est le représentant « légitime » du peuple du Sahara occidental. « Mon pays a établi des relations diplomatiques avec le peuple sahraoui et reconnaît la souveraineté de la République arabe sahraouie démocratique qui a ouvert une ambassade à Dili. »
Pour M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie), la situation politique au Sahara occidental a pris une nouvelle dimension avec le retour du Maroc au sein de l’Union africaine. Le Conseil de sécurité et le Secrétaire général sont saisis de la question, et mènent actuellement des consultations avec les interlocuteurs concernés, dont l’Union africaine », a-t-il fait savoir, en faisant part de son souhait de trouver des solutions durables et mutuellement acceptables pour toutes les parties prenantes dans le respect des résolutions des Nations Unies et de l’Union africaine.
M. YASSI MAXIMIN BROU (Côte d’Ivoire) a demandé une solution politique pour sortir de l’impasse actuelle au Sahara occidental. Il a salué les efforts de la Mission de l’ONU, en particulier dans la zone tampon, et dit adhérer à la nouvelle dynamique impulsée par le Secrétaire général. Le délégué a appuyé la proposition marocaine sur une large autonomie et a vivement encouragé la tenue d’un cinquième cycle de négociations sous les auspices de l’ONU. Il a souligné la volonté renouvelée du Conseil de sécurité d’aboutir à une solution globale et durable, tenant compte de l’intérêt général des peuples de la région. « Nul doute que cette approche continuera à renforcer le rapprochement et la coopération entre les États membres de l’Union du Maghreb, tout en créant les conditions d’une plus grande stabilité dans la région. »
M. LOREEN RUTH BANNIS-ROBERTS (Dominique) a salué l’adoption de la résolution 2414 (2018) du Conseil de sécurité demandant une solution réaliste, pratique et durable à la question du Sahara occidental. Il a appuyé, à son tour, la proposition marocaine sur une large autonomie que, a-t-il dit, le Conseil de sécurité juge « sérieuse et crédible ». Le règlement de ce différend régional, a estimé le représentant, permettra de renforcer la stabilité et la sécurité dans la région sahélo-saharienne qui se heurte à des menaces croissantes telles que le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.
Mme KEISHA ANIYA MCGUIRE (Grenade) a salué les efforts de développement dans le Sahara occidental et appuyé la résolution 1514 de l’Assemblée générale. Elle a aussi dûment appuyé la nouvelle dynamique impulsée par le Secrétaire général et insisté sur la protection des droits fondamentaux des réfugiés de Tindouf.
M. FRED SARUFA (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a regretté que le secrétariat n’ait pas tenu compte de la résolution la plus récente du Conseil de sécurité. « Il est important que les résolutions les plus récentes soient gardées à l’esprit lorsque sont élaborés des documents aussi importants que ceux-ci », s’est-il expliqué. Saluant les efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général, le représentant s’est félicité de la résolution 2414 (2018) du Conseil de sécurité, qui souligne l’importance de progresser vers une solution politique, pratique, réaliste et durable au Sahara occidental. Il a également salué les « efforts pratiques du Maroc », dont ses investissements importants, notamment dans la création d’emplois. Quant aux missions de visite, elles doivent se faire au cas par cas, a-t-il estimé. Comme le Sahara occidental est la seule question du Comité qu’examine également le Conseil de sécurité, toute visite du Comité constituerait une violation de la Charte, a argué le représentant.
Mme PHIPPS-BENJAMIN (Saint-Kitts-et-Nevis) a appuyé la résolution 2414 (2018), dans laquelle le Conseil de sécurité salue les efforts crédibles du Royaume du Maroc sur le dossier du Sahara occidental. La déléguée a appuyé la proposition marocaine sur une large autonomie.
M. BIRUK MEKONNEN DEMISSIE (Éthiopie) a jugé fâcheux que la question du Sahara occidental ne soit pas réglée et demandé la reprise des négociations. Les deux parties doivent coopérer avec l’Envoyé personnel du Secrétaire général, a-t-il dit, se déclarant en faveur d’une solution politique permettant de concrétiser le droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.
Pour M. JORGE ARTURO REYES HERNÁNDEZ, (Venezuela), les quatre cycles de négociations et de conversations tenus sous les auspices du Secrétaire général relèvent d’un effort précieux qui doit être renforcé. Cela peut s’accompagner d’un référendum comme l’indique la résolution du Conseil de sécurité de 1990, a-t-il rappelé. Le représentant a voulu de nouvelles mesures pour améliorer le sort de la population sahraouie, dont le renforcement de la coopération internationale. Il s’est attardé sur les ressources naturelles, estimant que « certaines activités économiques sur le territoire du Sahara occidental peuvent être contraires aux intérêts du peuple ». Il faut y mettre un terme, a-t-il estimé, arguant du droit dudit peuple à exercer le contrôle sur ses ressources. Le représentant a plaidé pour le dialogue et les contacts directs entre le Front Polisario et le Royaume du Maroc, comme le souhaitent d’ailleurs le Secrétaire général et son Envoyé personnel.
Mme ASHA CECILY CHALLENGER (Antigua-et Barbuda) a demandé une solution durable et réaliste au Sahara occidental, partageant la position de la Grenade, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et de la Côte d’Ivoire.
L’heure de la solution politique a sonné, a estimé, à son tour, M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua), en insistant sur le respect du droit international. Il s’est dit solidaire de la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance et a exhorté les deux parties à parvenir à un « plan d’aménagement » permettant au peuple sahraoui de concrétiser son droit à l’autodétermination.
M. ELTON KHOETAGE HOESEB (Namibie) a déploré les tensions persistantes au Sahara occidental qui entravent les efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général. Il a pris note avec préoccupation de la résolution 2414 (2018) réduisant la durée du mandat de la MINURSO d’une année à six mois. « Il est impératif que l’ONU continue de diriger le processus de négociation appuyé par l’Union africaine. », a-t-il souligné, jugeant improbable qu’un référendum puisse se tenir dans les six prochains mois. Le représentant a donc dit ne pas comprendre la logique de la résolution du Conseil. Il a insisté sur le référendum, estimant que la situation actuelle et le déni du droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental durent depuis trop longtemps. M. Hoeseb a exhorté le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités et à obtenir la mise en œuvre de toutes ses résolutions.
L’histoire de Belize et son attachement aux droits et libertés fondamentales exige qu’il soutienne le peuple sahraoui dans sa quête d’autodétermination, a déclaré Mme LOIS MICHELE YOUNG (Belize). Elle s’est réjouie de la résolution 2414 (2018) du Conseil de sécurité qui proroge le mandat de la Mission de l’ONU. Le court délai de six mois et l’accent mis par le Conseil sur la reprise des négociations sans conditions préalables et avec bonne foi sont un message « clair et fort » à toutes les parties concernées, a estimé la déléguée. Elle a exprimé l’espoir de voir le Conseil de sécurité réitérer son soutien à l’Envoyé personnel du Secrétaire général. Nous espérons que ce dernier recommandera bientôt à l’Assemblée générale de déterminer une date pour la tenue du référendum, a-t-elle confié.
Rappelant les nombreuses résolutions de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et de l’Union africaine de ces 22 dernières années, qui ont réaffirmé le droit à l’indépendance et à l’autodétermination du peuple sahraoui, Mme RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a regretté qu’en dépit de ces efforts, il n’y ait eu pratiquement pas de progrès. Le Sahara occidental est dans l’impasse depuis quatre décennies, a-t-elle souligné. Elle a salué la décision que l’Union africaine a prise au mois de janvier et a appelé de nouveau les parties prenantes à s’engager dans des discussions sérieuses en prévision du référendum. Depuis 1976, Cuba apporte une aide solidaire au Sahara occidental, a-t-elle souligné, en citant l’envoi de brigades médicales auprès des populations et l’octroi de bourses d’étude à des étudiants sahraouis. Quelque 2 876 Sahraouis ont obtenu leur diplôme à Cuba, a-t-elle précisé.
M. OYAMA MGOBOZI (Afrique du Sud) a indiqué que la solidarité de son pays avec le peuple sahraoui découle de la longue lutte contre l’apartheid et de l’attachement au droit à l’autodétermination. Le peuple du Sahara occidental attend depuis des décennies de pouvoir exercer son droit à l’autodétermination et de jouir de la liberté, a-t-il dit. « Comment avons-nous pu laisser la situation durer aussi longtemps? » s’est-il demandé. Il a rappelé la centralité de l’Union africaine et de l’ONU dans le règlement du conflit, demandé une aide durable et pérenne aux réfugiés sahraouis et réclamé la cessation immédiate de l’exploitation illégale des ressources naturelles au Sahara occidental. Le représentant a appuyé la reprise des négociations entre le Royaume du Maroc et la République arabe sahraouie démocratique en vue de parvenir à une solution durable. « Au niveau bilatéral, nous continuerons de rechercher les moyens de renforcer notre engagement diplomatique avec le Royaume du Maroc et la République arabe sahraouie démocratique », a-t-il promis.
M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a déclaré: votre mandat est clair. Vous, les membres du Comité, avez la responsabilité de mettre un terme à toutes les situations coloniales par le biais de tous les instruments dont vous disposez, à savoir la doctrine onusienne et le bon sens ». Il ne saurait y avoir de calculs dans cette instance, car tout calcul serait un mauvais calcul, a prévenu le représentant. Le Sahara partageant une frontière avec l’Algérie, il a affirmé que son pays ne ménagera aucun effort pour faire avancer la juste cause du peuple sahraoui, comme en atteste le fait qu’il a abrite des centaines de milliers de réfugiés depuis 40 ans. Le conflit du Sahara Occidental, qui met face à face le Front Polisario et le Maroc, ne peut être résolu que par la pleine mise en œuvre de la résolution 1514, a poursuivi le représentant. Mettant en exergue la nature juridique du conflit, il a appelé à l’exercice du droit à l’autodétermination et a souligné la position des Nations Unies reflétée dans les conclusions de la seule mission de visite en 1975. Ces conclusions doivent être publiées sur le site Web, a insisté le représentant. Pour lui, la dernière résolution du Conseil de sécurité réaffirme dûment l’attachement au droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. Il s’est d’ailleurs félicité de la détermination de l’Union africaine à parachever le processus de décolonisation du Sahara occidental et des efforts de son Envoyé spécial. Il s’est également réjoui des consultations menées sous l’égide de l’Envoyé personnel du Secrétaire général. Il en a profité pour prier ce dernier de veiller au retour immédiat des observateurs de l’Union africaine au siège de la MINURSO.
Le Front Polisario, a asséné le représentant, est le seul représentant légitime du Sahara occidental et ce fait ne peut être remis en cause ni son statut d’ailleurs qui est inscrit dans la résolution de l’ONU. Le Front, a rappelé, le représentant lutte depuis sa création en 1973 pour la libération nationale et on ne saurait abuser du fait que cette lutte demeure pacifique. Le représentant a aussi estimé que l’ONU ne saurait détourner les yeux de la question des droits de l’homme et de l’exploitation des ressources naturelles. Il a exhorté le Comité spécial à envisager rapidement une mission de visite au Sahara occidental « pour évaluer par lui-même la situation 43 ans après la seule et unique visite ». Après avoir réitéré son appui à l’Envoyé personnel du Secrétaire général, il a insisté sur le fait qu’il n’y a pas d’autres alternatives que l’autodétermination par le biais d’un référendum. Le représentant a conclu en s’inclinant devant la mémoire d’Ahmed Boukhari, représentant du Front Polisario auprès des Nations Unies, décédé plus tôt cette année. « En ce mois de Ramadan, veillons à ce que sa lutte n’ait pas été vaine. »
Mme JOSEPH (Sainte-Lucie) a demandé le règlement de la question du Sahara occidental aux fins d’une plus grande stabilité régionale. Elle a soutenu les efforts du Secrétaire général et de son Envoyé personnel, sans oublier d’appuyer les efforts du Maroc pour le développement économique dans la région.
M. ADIKALIE FODAY SUMAH (Sierra Leone) s’est félicité que deux pétitionnaires supplémentaires aient pu participer au Séminaire régional de la Grenade. Il a appuyé les résolutions du Conseil en vue d’un règlement durable de la question du Sahara occidental, avant d’encourager le Maroc à œuvrer au bien-être de la population sahraouie.
Mme KUMBIRAYI TAREMBA (Zimbabwe) a appuyé le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, « une question de principe » pour son pays. Elle a encouragé le Conseil de sécurité à intensifier ses efforts en vue d’une solution politique durable et acceptable par toutes les parties. Elle a également appuyé les efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général et de l’Envoyé spécial de l’Union africaine en vue d’une reprise des négociations.
Mme BEATRIZ NÚÑEZ RIVAS (Uruguay) a défendu le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et plaidé pour une solution politique qui puisse concrétiser ce droit. Elle a appuyé les efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général et jugé fondamental de relancer les discussions entre le Front Polisario et le Maroc. Elle a incité l’Union africaine à continuer d’œuvrer au rapprochement des parties, ajoutant que toute solution passe par une application intégrale des résolutions du Conseil et de l’Assemblée générale. Enfin, la déléguée a plaidé pour la convocation rapide du référendum.
Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) a estimé que le processus politique en cours, sous l’égide du Secrétaire général et de son Envoyé personnel, est essentiel, notamment « parce qu’il est réaliste et tient compte des spécificités de la région, minée par les menaces terroristes ». Pour la déléguée, l’initiative marocaine d’autonomie est un cadre idéal pour parvenir à une solution de compromis acceptable par toutes les parties, parce qu’elle est conforme au droit international et s’inscrit bien dans le cadre du droit à l’autodétermination. Elle a également mis en évidence l’importance de la coopération entre les États de la région, notamment les pays membres de l’Union du Maghreb arabe. « Il importe que ces pays collaborent pour consolider les progrès constatés ces dernières années », a-t-elle affirmé en pointant la participation de la population sahraouie aux élections communales et régionales de 2015 et aux élections législatives marocaines de 2016.
M. OMAR HILALE (Maroc) a déclaré que la question du Sahara n’est pas une question de décolonisation mais bien une question de parachèvement de l’intégrité territoriale du Maroc. D’ailleurs le Conseil de sécurité ne retient pas la qualification coloniale mais traite la question comme un différend régional, en vertu du Chapitre VI de la Charte. Le représentant a rappelé les convoitises passées des puissances occidentales; 12 d’entre elles ayant par exemple occupé Tanger. « Aucun pays n’a été occupé par autant de puissances que le Maroc », a-t-il souligné. Mon pays, a-t-il dit, a graduellement recouvré son intégrité territoriale avec la récupération de certaines parties de ce qui est maintenant le territoire marocain, y compris le Sahara. L’unique revendication du territoire du Sahara occupé alors par l’Espagne, émanait du Maroc, lequel a soumis cette question à l’attention de l’ONU en 1963, a argué le représentant, voyant là des « preuves irréfutables de la marocanité » du Sahara, lequel « restera marocain jusqu’à la fin des temps ».
Il a attiré l’attention sur les investissements économiques « conséquents » du Maroc dans la région qui ont conduit à une amélioration des indicateurs humains. Loin d’être statique, l’approche du Maroc est dynamique et vise à répondre aux attentes de la population locale. Le blocage politique et les tergiversations des autres parties ne sauraient entraver le développement du Sahara marocain, a prévenu le représentant. Il a souligné l’attachement de la population du Sahara à sa marocanité, comme elle l’a fait lors des dernières élections législatives qui se sont tenues de manière transparente. Cette question, a encore rappelé le représentant, est la seule à être débattue simultanément par l’Assemblée générale et par le Conseil de sécurité, en contradiction avec l’Article 12 de la Charte qui dispose que l’Assemblée ne peut faire de recommandation sur un différend tant que le Conseil en est saisi. « C’est une anomalie qui doit être corrigée », s’est impatienté un représentant attaché au processus de négociations mené par l’ONU, sous les auspices du Conseil.
Il a d’ailleurs estimé que la résolution 2414 (2018) est un « tournant majeur ». Malgré l’agitation des uns et des autres, le texte a consacré l’approche du Maroc en appelant à une solution politique, réaliste, réalisable et durable. Le Conseil a ainsi souligné que la solution ne pourra être que politique, a appuyé la proposition marocaine d’autonomie qui est la seule solution pour régler ce différend et a demandé aux pays voisins de s’engager plus avant dans les négociations. La solution, a poursuivi le représentant, doit être recherchée dans le respect de la souveraineté du Maroc. Elle doit inclure toutes les parties prenantes, sous l’égide de l’ONU et sans l’intervention d’aucune autre organisation régionale ou internationale. Le délégué a en effet estimé que les organisations régionales se sont disqualifiées par le passé, en acceptant des entités qui ne peuvent pas être « dedans et dehors ». Le délégué a conclu en demandant l’enregistrement des réfugiés de Tindouf. « Le monde doit savoir s’il y a un million ou 30 000 réfugiés. »
M. FRANÇOIS ABOU SOUMAH (Guinée) a appelé à la poursuite des consultations de l’Envoyé personnel du Secrétaire général en vue du rapprochement des positions sur la base du réalisme et du compromis. Il a jugé que la dynamique du dialogue, encouragée par la résolution 2414 (2018) du Conseil de sécurité, contribuerait au rétablissement d’un environnement de stabilité dans la région du Sahel. Le délégué a salué les importantes réformes institutionnelles et économiques engagées par le Maroc, ainsi que la tenue des élections législatives le 7 octobre 2016 qui ont vu l’élection de représentants de la région du Sahara à l’issue d’un processus démocratique, libre et transparent. Souscrivant au principe d’une solution politique négociée, il a estimé que l’initiative marocaine d’autonomie, soumise au Conseil le 11 avril 2017, y est conforme.
M. SALIOU NIANG DIENG (Sénégal) a affirmé son soutien au processus mené sous les auspices exclusifs des Nations Unies, sur la base des résolutions existantes et en particulier la résolution 2414 (2018) du Conseil de sécurité. Il a voulu que l’on garde à l’esprit l’énorme potentiel d’un règlement du conflit en termes de développement mais aussi pour affronter les importantes difficultés qui se posent au Sahel. Il faut jeter un regard neuf, à la lumière de l’initiative d’autonomie avancée proposée par le Maroc. « Cette initiative demeure un cadre approprié pour trouver une issue heureuse sur la base d’un compromis dynamique », a-t-il jugé.
Audition de pétitionnaires
M. SIDI MOHAMED OMAR ABDELLAHI, Front Polisario, a insisté sur le fait que le Front est le seul représentant « légitime » du peuple sahraoui. Le Sahara occidental, a-t-il aussi insisté, est une question évidente de décolonisation à l’ordre du jour de l’ONU depuis 1963. Rejetant les « arguments fantaisistes » pour convaincre le Comité du contraire, le représentant a estimé que le processus de décolonisation a été interrompu quand le Maroc a envahi le Sahara occidental en 1975, « une invasion dénoncée par l’Assemblée générale à plus d’une occasion ». C’est l’occupation et l’annexion marocaines qui sont le principal obstacle à la décolonisation, a martelé le délégué, pour qui les « vaines tentatives » du Maroc de s’approprier la souveraineté du Sahara occidental est une des causes principales du conflit. Depuis 25 ans, le Maroc fait obstacle à l’organisation du référendum, poursuit sa politique d’annexion et tente de modifier la composition démographique du territoire, a accusé le représentant.
Le Maroc, a-t-il poursuivi, tente de priver le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination et multiplie les stratégies et les menaces, « comme nous l’avons constaté récemment ». Que la question du Sahara occidental soit encore à l’ordre du jour du Comité montre bien clairement que c’est bien une question de décolonisation a répété le représentant, en pointant sur la responsabilité des Nations Unies vis-à-vis du peuple sahraoui. Il a appelé l’ONU à suivre de près la situation sur le terrain et le Comité à effectuer une mission sur le terrain. « Comment se fait-il que la dernière visite remonte à 1975? s’est-il impatienté, en citant les propos d’Ahmed Boukhari, décédé début avril: « Le Comité a été établi afin d’éliminer le colonialisme et non le justifier ». « Le Maroc est une puissance coloniale et vous le savez », a tonné M. Omar Abdellahi. « Ce comité doit dire les choses telles qu’elles sont au Maroc et lui demander de mettre fin à son occupation et à son annexion pour que notre peuple puisse jouir de sa liberté et de son indépendance à l’instar des autres peuples du monde. »
M. AHMAD MOHAMED FALL a parlé de la zone tampon qui coupe le Sahara occidental en deux, avec de graves conséquences pour la population. Près de sept millions de mines antipersonnel ont été déversées dans cette zone, a-t-il dit, en violation flagrante du droit international que le Maroc est tenu de respecter. Il a exhorté la France à cesser de soutenir l’occupation du Sahara occidental par le Maroc. « Longue vie au Front Polisario », s’est-il écrié.
Mme AHMED DA a affirmé que le Maroc est la Puissance occupante du Sahara occidental qui exploite les ressources naturelles de ce territoire et bafoue les droits du peuple sahraoui. Les Sahraouis sont considérés comme des citoyens de seconde zone sur leur propre terre, a-t-elle accusé, en ajoutant que le nombre de colons marocains ne fait que croître.
Nous condamnons les législatives qui viennent de se dérouler au Maroc, a dit M. NAMA CHAHIR. Il n’y a pas d’autres représentants du peuple sahraoui que le Front Polisario, a-t-il martelé, dénonçant, à son tour, les nombreuses violations des droits de l’homme commises par le Maroc ainsi que l’oppression, comparable à l’apartheid. Il a aussi dénoncé la politique de la terre brûlée du Maroc et « le génocide » qu’il a commis contre un peuple qui attend de pouvoir exercer son droit à l’autodétermination.
Le Maroc, a déclaré à son tour, M. AGHELA ABA, étouffe la liberté d’expression et réprime les journalistes qui veulent dire la vérité sur le Sahara occidental. Le Maroc, qui est « un expert » de la violation de la liberté de la presse et empêche les journalistes étrangers de se rendre au Sahara occidental.
M. MOHAMED ALI ARKOUKOU, représentant d’une ONG basée aux États-Unis, qui travaille auprès des réfugiés sahraouis a aussi souligné que le Front Polisario est le représentant « légitime » du peuple. C’est l’Espagne, a-t-il dit, qui a trahi ses responsabilités pendant le processus de décolonisation, très vite relayé par le Maroc qui « fait des tours de passe-passe pour essayer de justifier son occupation ». Il a, à son tour, dénoncé une violation systématique des droits de l’homme et réclamé l’organisation rapide du référendum et l’amélioration des conditions de vie « déplorables » dans les camps de réfugiés.
De l’autre côté du spectre, Mme AHMED JATA a raconté qu’elle a été démocratiquement élue lors des élections organisées le 4 septembre 2015, sous la supervision de 4 000 observateurs nationaux et internationaux. Ces élections, « dans les deux zones », ont fait avancer la décentralisation et permettront davantage d’indépendance dans l’administration et la gestion budgétaire. Aujourd’hui, a-t-elle affirmé, la région est transformée et le développement humain est parmi les plus élevés. Elle a parlé de la construction de deux aéroports, du taux d’accès à l’eau et à l’électricité, des installations sanitaires, des stades ou encore des projets dans le domaine de la pêche, de l’agriculture ou de l’écotourisme. Elle n’a pas oublié de mentionner la construction d’un port sur l’Atlantique et même la création d’un musée sur le patrimoine des provinces du Sud. L’impact de ces projets dépasse de loin la simple construction de logements. Ces projets créent des emplois stables et renforcent les capacités économiques de la population locale, a-t-elle souligné.
Autre élu, M. MHAMED ABBA, a indiqué que les deux régions du Sahara se transforment, jouissant d’un bon accès à la santé, à l’éducation ou aux infrastructures. Le Conseil appuie les investissements sociaux, encourage le secteur privé, protège la culture locale, promeut les pratiques de pêche durables, génère des emplois et stimule le commerce. Une des priorités est de booster le PIB et de créer plus d’opportunités pour la population locale, a-t-il ajouté, soulignant que depuis l’élection de son Conseil, la population a désormais « de vrais représentants ».