Le Comité des 24 salue la libération du « patriote portoricain » Oscar López Rivera après 35 ans de prison
Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a salué*, aujourd’hui, la remise en liberté sans condition du « patriote portoricain » Oscar López Rivera, détenu pendant plus de 35 ans dans une prison américaine « pour des raisons touchant à la lutte pour l’indépendance de Porto Rico ».
En adoptant par consensus la résolution A/AC.109-2017/L.12, le Comité note en revanche avec inquiétude qu’en vertu de la décision du Congrès des États-Unis, au titre de la loi relative à la supervision, la gestion et la stabilité économiques, portant création d’un Conseil de supervision et d’administration financières, la marge de manœuvre déjà limitée dont dispose le régime de subordination politique et économique en place à Porto Rico a encore été réduite.
Le Comité spécial se déclare en outre gravement préoccuper par les actes commis contre des indépendantistes et souhaite que des enquêtes soient menées sur ces actes « avec tout le sérieux nécessaire » et avec la coopération des autorités compétentes.
« Après 35 ans de prison, je suis rentré chez moi la tête haute, avec toute ma dignité », a déclaré ce matin, M. Oscar López Rivera, dont la première intervention devant le Comité des 24 a été accueillie par une longue ovation debout, ponctuée de nombreux cris de joie et sifflements. « Lorsque l’on sert une cause juste et noble, perdre sa liberté n’est jamais un sacrifice », a-t-il notamment affirmé
Au cours de son intervention, M. López Rivera a vivement dénoncé l’impact de la colonisation de Porto Rico par les États-Unis, pointant notamment du doigt la création, en 2016, du Conseil de supervision et d’administration financières créé pour « piller Porto Rico et remplir les caisses des fonds spéculatifs américains ».
Alors que des populations pauvres sont déplacées de certaines régions pour y construire des appartements de luxe souvent achetés par des étrangers, M. López Rivera a signalé que la population vieillit et s’appauvrit, tandis que les services sociaux et médicaux se font de plus en plus rares, s’inquiétant notamment de la fermeture de 169 écoles à la rentrée prochaine, et du fait que le financement de l’Université de Porto Rico est menacé.
Ce dernier s’est aussi alarmé du fait que, depuis 2016, un million de Portoricains ont rejoint la diaspora, provoquant la plus importante fuite de cerveaux dans l’histoire de l’île.
« Dépeupler Porto Rico est l’objectif du Gouvernement des États-Unis depuis l’invasion et l’occupation », a-t-il accusé. « Et Porto Rico est menacé par une privatisation dont l’objectif criminel est d’extraire le dernier centime de chaque poche de chaque Portoricain. Si le dépeuplement de Porto Rico réussi, a-t-il mis en garde, son peuple perdra sa terre et son histoire. »
La création, par le Gouvernement américain, d’un Conseil de supervision et d’administration financières à Porto Rico a été unanimement dénoncée par les pétitionnaires qui y ont vu « une instance au service des fonds vautours créée pour vampiriser l’économie portoricaine » et imposer des mesures d’austérité qui privent les Portoricains des services de base et réduit à néant le respect des droits civils à Porto Rico.
Considérées par beaucoup comme le moteur de l’accélération de l’appauvrissement des Portoricains, plusieurs pétitionnaires ont en outre averti que les mesures adoptées par le Conseil de supervision et d’administration financières risquent de précipiter Porto Rico dans une « crise économique sans précédent », vont provoquer une migration forcée de milliers de Portoricains, et menacent le peuple d’une véritable crise humanitaire
Pour certains, Porto Rico serait tout simplement « en train d’être exterminé ».
La tenue du référendum du 11 juin 2017 a aussi été commentée à de nombreuses reprises. Alors que l’issue de celui-ci indiquerait qu’une forte majorité d’électeurs approuveraient le statut d’État libre associé, les pétitionnaires ont fait observer que ce scrutin, boycotté par toutes les forces politiques de Porto Rico et caractérisé par un faible taux de participation, représenterait au contraire « un net rejet du colonialisme américain ». Certains ont en outre affirmé que les résultats avaient été manipulés par la Puissance administrante.
De nombreux pays d’Amérique latine et des Caraïbes sont également intervenus au cours de cette séance pour réaffirmer le droit du peuple portoricain à l’indépendance et appeler, à l’instar du représentant de la Bolivie, à ce que Porto Rico puisse retrouver sa place au sein de la « famille d’Amérique latine et des Caraïbes ».
Lui emboitant le pas, le représentant de l’Équateur a souligné que l’effondrement économique de Porto Rico atteste de l’échec du statut d’État libre associé du territoire, estimant, en outre, que la création du Conseil fédéral de contrôle des finances à Porto Rico montre qu’il s’agit bien d’une colonie où 70% de la population n’a pas appuyé « la thèse de colonisation » lors du référendum du 11 juin.
À l’instar de nombreux intervenants, ce dernier a appelé l’Assemblée générale à se prononcer dans les plus brefs délais sur la question de Porto Rico,
La prochaine réunion du Comité spécial des 24 sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
* A/AC.109/2017/L.12
COMITÉ SPÉCIAL CHARGÉ D’ÉTUDIER LA SITUATION EN CE QUI CONCERNE L’APPLICATION DE LA DÉCLARATION SUR L’OCTROI DE L’INDÉPENDANCE AUX PAYS ET AUX PEUPLES COLONIAUX
Décision du Comité spécial du 20 juin 2016 concernant Porto Rico: audition de pétitionnaires (A/AC.109/2017/L.12 et A/AC.109/2017/L.13)
Déclarations
« C’est un combattant de l’autodétermination et un combattant de cette liberté pour laquelle nous nous battons tous au sein de ce comité », a déclaré le Président du Comité, M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) en donnant la parole, ce matin, à M. Oscar López Rivera qui a été libéré le 17 mai après près de 36 ans de prison. « Cette longue incarcération d’Oscar Lopez Rivera a été une grande peine pour sa famille et le peuple portoricain » a ajouté le Président du Comité en évoquant le cas de ces Portoricains qui, accusés d’avoir porté atteinte à la sûreté de l’État et de détention d’armes, ont purgé des peines de prison aux États-Unis. M. SUÁREZ MORENO a précisé que malgré les souffrances et les privations subies en prison, lorsqu’on lui avait fait une offre de remise en liberté, M. Oscar López Rivera l’avait refusée par solidarité avec ses compagnons en libération. Le Président du Comité a vu dans Oscar López Rivera un symbole des mouvements d’autodétermination, le qualifiant d’héro comme Nelson Mandela.
C’est sous une longue ovation debout de la salle, y compris des représentants d’États, ponctuée de nombreux cris de joies et de sifflements, que M. OSCAR LÓPEZ RIVERA, de la Fundación Oscar López Rivera Libertá, a ensuite pris la parole. Il a d’abord remercié le Comité pour chaque résolution adoptée demandant que Porto Rico puisse devenir une nation souveraine et exigeant la libération de tous les prisonniers politiques. « Les résolutions adoptées par le Comité ont toujours été une source d’espoir pour moi et m’ont convaincu qu’un jour Porto Rico serait décolonisée et deviendrait une nation souveraine comme toutes celles que vous représentez ici », a-t-il dit. « Après 36 ans de prison, je suis rentré chez moi la tête haute, avec toute ma dignité et il n’y a plus de prisonniers politiques portoricains dans les goulags américains », a dit M. López Rivera, soulignant que « lorsque l’on sert une cause juste et noble, perdre sa liberté n’est jamais un sacrifice ». Il a toutefois indiqué que de nombreux autres prisonniers politiques demeurent incarcérés aux États-Unis, citant notamment le cas d’Ana Belén Montes qui purge une peine de 25 ans et qui est atteinte du cancer.
Tournant ensuite son attention vers les problèmes les plus délétères provoqués par la colonisation de Porto Rico par les États-Unis, il a précisé que la diaspora compte cinq millions de Portoricains, alors qu’ils ne sont moins que 3,5 millions à Porto Rico. Il a affirmé que Porto Rico vit sous le joug d’un comité de contrôle fiscal (Fiscal Control Board) mis en place par les autorités américaines pour gérer, entre autres, le paiement d’une dette de 72 milliards de dollars et « piller Porto Rico et remplir les caisses des fonds spéculatifs américains ».
M. López Rivera a aussi dénoncé la construction d’appartements de luxe qui déplacent les populations pauvres, notamment dans les régions de Culebra et Vieques. « Dépeupler Porto Rico est l’objectif du Gouvernement des États-Unis depuis l’invasion et l’occupation », a-t-il accusé. Depuis 2016, a-t-il ajouté, un million de Porto Ricains ont rejoint la diaspora, provoquant la plus importante fuite de cerveaux dans l’histoire de l’île. De ce fait, s’est-il inquiété, la population vieillit et s’appauvrit et les services sociaux et médicaux se font de plus en plus rares, tandis que des étrangers achètent des propriétés de luxe. Il a également indiqué que 169 écoles seraient fermées à la rentrée prochaine, et que le financement de l’Université de Porto Rico est menacé.
Malgré cette triste réalité, a-t-il poursuivi, de nombreux Portoricains estiment néanmoins que c’est le meilleur moment pour lancer un processus de décolonisation effectif. « Nous aimons notre culture, notre langue et nos origines et nous sommes conscients des capacités et ressources humaines dont nous disposons pour pouvoir transformer Porto Rico en jardin d’Eden au cœur des Nations d’Amérique latine et des Caraïbes », a-t-il affirmé, avant d’appeler le Comité de décolonisation à porter la question de la décolonisation de Porto Rico devant l'Assemblée générale.
Le colonialisme est un crime contre l’humanité. Si les États-Unis sont le pays de l’état de droit qu’ils prétendent être, il leur incombe alors de décoloniser Porto Rico en respectant les dispositifs du droit international qui interdisent le crime du colonialisme.
Il s’est alarmé du fait que Porto Rico est menacé par une privatisation dont « l’objectif criminel » est d’extraire « le dernier centime de chaque poche de chaque Portoricain ». Et si le dépeuplement de Porto Rico réussi, a-t-il mis en garde, son peuple perdra sa terre et son histoire.
M. López Rivera a vu dans l’ingérence des États-Unis et son influence sur le monde entier « l’un des pires problèmes actuels. Évoquant les dictats imposés par les États-Unis à Cuba, au Venezuela et dans d’autres pays d’Amérique latine, il a mis l’accent sur « les changements positifs » occasionnés par certains dirigeants et leur peuple, citant notamment Hugo Chavez, au Venezuela, et Evo Morales, en Bolivie. « J’exhorte tous ceux qui le peuvent à lutter pour un monde meilleur », a-t-il lancé avant de conclure.
M. ALEJANDRO TORRES RIVERA, Organisation des avocats de Porto Rico, a souligné que la colonisation américaine de Porto Rico est un problème de droit de l’homme et a appelé les États-Unis à tenir des négociations bilatérales sur le droit à l’autodétermination. Le pétitionnaire qui a rappelé qu’en 2002, le peuple portoricain a rejeté le statut quo à l’issue d’un référendum. Mais, a-t-il regretté, par la suite le Congrès américain a approuvé la loi sur la stabilité de Porto Rico en créant notamment un organe de contrôle budgétaire. Il a également affirmé que le référendum sur le statut politique de Porto Rico, organisée le 11 juin dernier, à l’issue duquel il avait été décidé de maintenir la colonisation américaine en place, avait été manipulé. Le pétitionnaire a ensuite appelé la communauté internationale à faire respecter le droit à l’autodétermination. Il a proposé la création d’une association constitutionnelle.
« L’histoire se déroule sous nos yeux », a déclaré Mme VILMA M. MACHIN VASQUEZ, Fundacion Yo Soy de Boriken ou Movimiento Independentista Nacional Hostosiano, évoquant la libération et la présence, à la réunion du Comité des 24, de M. Oscar López Rivera. Elle a dénoncé la création de l’organe de contrôle budgétaire y voyant une instance au service des « fonds vautours », créé pour vampiriser l’économie portoricaine. Cet organe, dont l’action est supervisée par le Gouvernement américain, impose des mesures d’austérité qui nous privent des services sociaux comme l’éducation, les soins de santé, pille nos plages et nos ressources, et réduit à néant le respect des droits civils à Porto Rico. Elle a indiqué que le scrutin du 11 juin, dont le taux de participation avait été de moins de 40%, avait été boycotté par toutes les forces politiques de Porto Rico. Pour la pétitionnaire, la crise actuelle que connaît Porto Rico justifie la saisie de l’Assemblée générale qui doit demander aux États-Unis de cesser la destruction du territoire. Elle a également appelé le Comité des 24 à envoyer une mission d’établissement des faits à Porto Rico pour constater l’impact de 110 ans de colonialisme.
Mme OLGA I. SANABRIA DAVILA, Comité du Puerto Rico auprès des Nations Unies, a indiqué que si le statut quo est maintenu, 2020 marquera 120 années de colonisation américaine de Porto Rico. Elle a souligné que sur une population de huit millions, cinq millions vivent aux États-Unis. Elle a affirmé que Porto Rico avait été donné aux États-Unis comme butin de guerre et qu’aujourd’hui Porto Rico est considéré comme un « grand ranch » d’où les Portoricains ne peuvent pas sortir, sauf si c’est pour se rendre aux États-Unis. Nos sols et nos airs sont empoisonnés, le peuple est agressé, et même aux États-Unis des millions de Portoricains connaissent de graves problèmes sociaux en dépit de leur nationalité américaine. En 2020, lorsque l’ONU aura 75 ans, le silence ne devra plus régner sur Porto Rico, a-t-elle lancé avant de conclure.
M. LUIS GERARDO RIVERA MARTIN, Secrétaire d’Etat du Gouvernement de Porto Rico, a dénoncé « l’infériorité juridique » qui frappe les citoyens de Porto Rico. Faisant référence au référendum qui s’est tenu le 11 juin 2017 et au cours duquel 97% des électeurs ont approuvé l’option d’État libre associé, il a estimé que l’indépendance n’est plus une option viable pour Porto Rico. Néanmoins, il a estimé que la mise en place, en 2016, d’un organe de contrôle budgétaire (ou contrôle fiscal), qui a un pouvoir au-dessus de celui des citoyens portoricains, était un cas flagrant et inacceptable de colonialisme. Il a dit que l’affaire Porto Rico c. Sanchez Valle était une autre démonstration de cette situation colonialiste.
M. BENJAMIN RAMOS ROSADO, The ProLibertad Freedom Campaign, a dit que Porto Rico est une victime de l’exploitation économique des États-Unis. Il a dénoncé la mise en place d’un Conseil fédéral de contrôle des finances (ou contrôle fiscal) qui, a-t-il affirmé, sert d’outil pour piller Porto Rico au profit de fonds spéculatifs américains. Le colonialisme échouera parce que notre nation a toujours pu survivre face à toutes les adversités.
M. JESUS MANGUAL, Coordinadora de Solidaridad Disapora Boricua, a appelé à accélérer la décolonisation de Porto Rico et la faire figurer sur la liste des territoires non autonomes. Il a jugé nécessaire d’assurer la souveraineté immédiate du territoire afin de permettre à Porto Rico de faire face aux crises économique et humanitaire actuelles. Il a dénoncé la mise en place d’un Conseil fédéral de contrôle des finances (ou contrôle fiscal), créé, selon lui, sous le prétexte de restructurer une dette de plusieurs milliards de dollars « impayable ». Il a estimé que la question de Porto Rico doit être examinée par l’Assemblée générale et qu’il importe de mettre en place un mécanisme idoine pour permettre aux États-Unis de répondre au problème de la colonisation de Porto Rico. Il a ensuite fustigé la crédibilité du référendum du 11 juin 2017 qui n’a vu que 23% de participation, le scrutin ayant été boycotté, avançant que le référendum avait été conçu pour permettre à la Puissance coloniale de manipuler sa propre victoire. Il a appelé la Comité spécial a enquêté sur les faits.
M. RAMON R. O’NEIL SANTOS, Coordinadora Mexicana de Apoyo al Estado Nacional Soberano de Boriken, a demandé aux États-Unis de quitter pacifiquement Porto Rico, constatant que toutes les démarches légales pour y parvenir aient échoué. Le pétitionnaire a ensuite demandé la création d’un gouvernement provisoire pour le peuple boriken qui doit être reconnu par la communauté internationale et l’Assemblée générale. Il a aussi dénoncé le caractère frauduleux du scrutin du 11 juin dernier et rejeté ses résultats. Ce scrutin ne résout rien, a-t-il souligné, la seule solution passe par la création de l’État de Boriken.
M. IVAN RIVERA, Movimiento Amp lio Soberanista de Puerto Rico, s’est dit favorable à l’alternative de la libre association avec les États-Unis. La discussion sur cette question doit se poursuivre au sein du Comité des 24. Il a estimé que les recommandations du Comité doivent être présentées à l’Assemblée générale qui doit agir à propos de Porto Rico comme elle l’a fait avec l’État de Palestine. M. Rivera a aussi dénoncé le double langage des États-Unis qui limitent les alternatives à deux: la libre association, et le droit à l’autodétermination qu’ils s’emploient par ailleurs à saper en coulisse.
Mme MADELIN COLON PEREZ, Coalition portoricaine contre la peine de mort, a refusé que l’on impose au peuple portoricain la peine de mort. Elle a expliqué qu’à Porto Rico, la peine de mort avait été abolie depuis plusieurs décennies, un fait accepté par la Cour suprême américaine, mais que le Gouvernement fédéral des États-Unis passe outre, et ce, malgré le ferme rejet du peuple portoricain. Elle a notamment dénoncé le fait que la peine de mort serait administrée à Porto Rico en 2018. Elle a aussi dénoncé le fait qu’en dépit du fait que l’espagnol est la langue majoritairement parlé par les Portoricains, les procédures juridiques impliquant des peines de mort sont menées en anglais. La pétitionnaire a également critiqué le travail de l’organe de contrôle budgétaire dont la mission, a-t-elle affirmé, est de permettre aux créanciers de récupérer leur argent en obligeant les Portoricains à payer, se retrouvant privés de services sociaux.
Mme VILMA M: MACHIN VAZQUEZ, Fundacion Yo Soy Boricua, Inc, a dénoncé la mise en place d’un Conseil fédéral de contrôle des finances (ou contrôle fiscal) sous prétexte de restructuration de la dette de 72 milliards de dollars. Il a dit que cet instrument fiscal américain va entraîner un appauvrissement généralisé et une migration forcée de milliers de portoricains. Elle a appelé à la libération de Mme Ana Belén Monte, citoyenne portoricaine emprisonnée depuis 16 ans dans une prison fédérale et accusée d’avoir espionnée en faveur de Cuba dans le cadre de ses fonctions au sein de la CIA.
M. EDUARDO VILLANUEVA MUNOZ, Comité Derechos humanos de Puerto, a dit que Porto Rico devait pouvoir compter sur la majorité des États d’Amérique latine pour faire de la décolonisation une réalité. Il a dénoncé le caractère autoritaire du Conseil fédéral de contrôle des finances (ou contrôle fiscal) qui essaye de démanteler et de détruire l’université de Porto Rico.
FRANCISO RAPHAEL JORDAN GARCIA, Actividades del Cerro de los Martires, a estimé que la création d’un Conseil fédéral de contrôle des finances (ou contrôle fiscal) menace le peuple d’une véritable crise humanitaire. Il a dit que 40% des plus de 65 ans ont des revenus qui les placent dans une situation de pauvreté extrême. Il a appelé à la libération de Mme Ana Belén Monte, citoyenne portoricaine emprisonnée depuis 16 ans dans une prison fédérale.
M. MARCO ANTONIO RIGAU, Ateneo Puertorriqueño, a affirmé que le référendum du 11 juin n’aurait de conséquence sur la situation de Porto Rico, la solution passant par la reconnaissance du droit à l’autodétermination à Porto Rico. Il a estimé que la question de la souveraineté de Porto Rico, que ce soit une indépendance à part entière ou une situation de libre association, devait figurer dans la résolution de cette année. De son avis, la question qui se pose aujourd’hui est de définir ce que peut faire le Comité des 24 pour aider à décoloniser Porto Rico et de savoir si les États-Unis accepteront cela. Autrement, la situation perdura. Il a souligné que les États-Unis doivent comprendre qu’ils doivent être impliqués dans le processus de décolonisation et qu’ils y parviendront lorsqu’ils comprendront que Porto Rico ne pourra réussir sur le plan financier qu’une fois sa souveraineté assurée. Dans ce cas de figure, a-t-il fait observer, Porto Rico ne sera plus un fardeau pour la trésorerie américaine et pourrait ètre en outre un interlocuteur important avec l’Amérique latine.
Si Mme NATASHA LYCIA ORA BANNAN, Latino Justice PRLDEF, a reconnu que Porto Rico connaît une crise politique et économique, elle a dénoncé l’isolement économique dans lequel est plongé le territoire en raison de l’austérité imposée par les États-Unis et qui ne fait qu’aggraver les conditions de vie de la population. Elle a dénoncé le Gouvernement antidémocratique en place à Porto Rico qui « ne saurait être accepté dans d’autres pays ». L’actuelle politique d’austérité, dicté par l’organe de contrôle budgétaire a conduit à la fermeture des écoles et des hôpitaux. Le conseil budgétaire sape le développement du pays et viole les droits des citoyens. La pétitionnaire a attiré l’attention sur l’urgence de la situation et a appelé le Comité des 24 à prendre des mesures pour assurer la décolonisation de Porto Rico.
Mme MARIA ISABEL RIJOS, Asociacion de Residentes de Pinones, a dit que son ONG lutte contre la vente des terrains des familles pauvres aux exploitants immobiliers qui veulent en faire des complexes hôteliers. « Nous avons réussi jusqu’ici à faire fuir ces investisseurs, mais nous vivons toujours dans l’incertitude car nous ne savons pas si le prochain gouvernement, corrompu, essaiera encore une fois de vendre nos terres », a-t-elle indiqué. L’ONG travaille avec le Gouvernement provisoire de Boriken qui lui fournit un appui pour les services éducatifs et de santé notamment. La colonisation ne peut pas continuer d’autant plus que l’organe de contrôle budgétaire a accéléré l’appauvrissement des Portoricains.
M. MANUEL RIVERA, Puertorriquenos Unidos En Acciòn (PUA), a constaté une dégradation de la situation coloniale suite à la création du Conseil fédéral de contrôle des finances (ou contrôle fiscal) pour Porto Rico dont la constitution est dû, en partie, à l’incapacité du Gouvernement à répondre aux problèmes de Porto Rico. Il a salué le fait historique qu’a constitué la libération, le 17 mai, d’Oscar López Rivera après 36 ans de prison. Par ailleurs, il a estimé que la non-participation de 77% des électeurs au référendum du 11 juin 2017, représente un net rejet du colonialisme américain. Il a rappelé que le peuple de Porto Rico a une histoire vielle de 500 ans. Il est temps que Porto Rico s’intègre au monde et rejoigne les nations libres et souveraines de l’Amérique latine et des Caraïbes, a-t-il conclu.
Mme MARIA DE LOURDES SANTIAGO, Parti indépendantiste de Porto Rico, a estimé que la création, en 2016, d’un Conseil fédéral de contrôle des finances (ou contrôle fiscal) pour Porto Rico composé par sept personnes désignées par le Président des États-Unis n’est rien d’autre que l’expression d’une dictature. En écho au référendum du 11 juin 2017, elle a rappelé que le statut d’État libre associé a été rejeté par la majorité du peuple portoricain à l’occasion du plébiscite du 6 novembre 2012. Elle a rappelé que seulement 23% des Portoricains ont participé à ce referendum de 2017 « qui n’avait d’autre objectif que de valider l’annexion ».
Mme LOURDES B. GARCIA, A Call To Action on Puerto Rico, a dénoncé le statut d’État libre associé qui a permis d’avaliser la création du Conseil fédéral de contrôle des finances (ou contrôle fiscal) pour Porto Rico. Elle a demandé que le Comité de décolonisation envoie une commission à Porto Rico pour enquêter sur les effets de la crise économique et ses liens avec la colonisation.
Mme JAN SUSLER, People’s Law Office, a affirmé le droit à l’autodétermination et à l’indépendance de Porto Rico. Elle a dénoncé la nature coloniale de la relation entre les États-Unis et Porto Rico, ainsi que les 75 milliards de dollars de dettes contractés depuis des décennies. La création de l’organe de contrôle budgétaire n’a rien résolu. Au contraire, a-t-elle dénoncé, cet organe a été créé pour payer les fonds souverains américains au détriment des Portoricains. Pour la pétitionnaire, la crise portoricaine est une crise du colonialisme. Elle a affirmé que le peuple portoricain continuera de résister à l’austérité, et que sa lutte avait d’ailleurs abouti à la libération d’Oscar Lòpez Rivera le 17 mai. Son message est un exemple parfait face aux problèmes de l’île. Il est exempt de haine et il est optimiste pour l’avenir de l’île, a-t-elle salué.
Mme DIGNA SANCHEZ, Diaspora de Porto Rico de New York, a énuméré les difficultés d’intégration des membres de la diaspora portoricaine à New York qui représentent les immigrés les plus pauvres des États-Unis. Elle a aussi dénoncé le fait que Porto Rico est confronté à un immense déficit budgétaire qui a bénéficié aux entreprises américaines et non au peuple portoricain. Elle a dénoncé la création de l’organe de contrôle fiscal qui profite aux fonds spéculatifs américains. Elle s’est aussi inquiétée du fait que trois Portoricains sur cinq vivent désormais à l’étranger, une situation qui assombrit l’avenir du territoire où la population et la main d’œuvre ne cessent de diminuer.
Mme MARA CLEMENTE LOPEZ, La Cacica Cimarrona Inc, a demandé la reconnaissance internationale de la souveraineté de l’État national de Borinken. L’ingérence américaine à Porto Rico pourrait nuire à la communauté internationale y compris l’ONU. Elle a dénoncé le fait que les États-Unis utilisent la loi du plus fort à Porto Rico, affirmant que le statut d’État libre associé de Porto Rico est une « farce juridique ». La pétitionnaire a aussi dénoncé le néocolonialisme et l’hégémonisme du pouvoir blanc et anglo-saxon qui continue l’esclavage, notamment à Porto Rico. « Comment est-ce possible que les États-Unis ne soient pas présents au Comité des 24? » s’est interrogée Mme Lòpez.
Le représentant du Comité mexicain an faveur des droits souverains de Porto Rico, a rappelé que la solidarité entre les populations du Mexique et de Porto Rico remontre à l’époque précolombienne. Il a dénoncé la « perversité impériale » qui s’est mise en place avec la Constitution de 1952 instituant l’État libre associé de Porto Rico. Il s’est insurgé contre une situation qui voit des étrangers avoir des avantages supérieurs à ceux de la population locale. Il a dit que la création d’un Conseil fédéral de contrôle des finances (ou contrôle fiscal) pour Porto Rico n’a d’autre fonction que de piller ce qu’il reste du patrimoine de Porto Rico, soulignant que seule l’indépendance permettra d’éviter le pillage de Porto Rico.
Mme DARLENE ELIAS, Green Party USA, a dit que le parti des verts des États-Unis jugeait indispensable que les États-Unis mettent fin au cadre colonial actuel. Elle a fustigé les pratiques créancières prédatrices des banques sous le prétexte fallacieux d’aider Porto Rico. Elle a estimé que l’action du Conseil fédéral de contrôle des finances (ou contrôle fiscal) pour Porto Rico précipitera Porto Rico dans une crise économique sans précédent. Elle a souhaité que le drapeau de Porto-Rico flotte aux Nations Unies.
M. URAYOAN JORDAN SALIVIA, Représentant de la jeunesse de Porto Rico, Juventud Boricua, a appelé à la libération d’Ana Belén Montes. Il a dénoncé la paupérisation de la situation à Porto Rico en raison de la situation coloniale. Il a regretté que le Gouvernement de Porto Rico accepte les exigences inacceptables des États-Unis, notamment les mesures d’austérité qui menacent de détruire l’Université de Porto Rico.
Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. DOUGLAS NICOMEDES ARCIA VIVAS (Venezuela), a réaffirmé le droit du peuple portoricain à l’indépendance avant d’appeler à la mise en œuvre des nombreuses résolutions adoptées à l’unanimité par le Comité. Il a exhorté le Gouvernement des États-Unis à restituer au peuple de Porto Rico les bases navales qu’il occupe. Il a fustigé aussi la volonté des États-Unis de contrôler le budget de Porto Rico avec la création d’un Comité de supervision et de gestion des affaires financières de Porto Rico.
M. LUIS MAURICIO ARANCIBIA FERNÁNDEZ (Bolivie) a demandé à assurer l’autodétermination et la décolonisation de Porto Rico, conformément à la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale et aux résolutions du Comité spécial de la décolonisation sur la question. La souveraineté de Porto Rico a été violée, a-t-il ajouté avant de souhaiter que Porto Rico puisse retrouver sa place au sein de la famille d’« Amérique latine et des Caraïbes ». Il a demandé aux États-Unis de restituer au peuple portoricain l’ensemble des terres occupées, notamment dans l’île de Vieques, et de procéder aux opérations de dépollution nécessaires.
M. LOUAY FALOUH (Syrie) a rappelé que 49 décisions et résolutions ont été adoptées par les Nations Unies soutenant le droit du peuple portoricain à l’indépendance. Il a noté que cela fera 119 ans, le 25 juillet, que les États-Unis ont porté atteinte à la souveraineté de Porto Rico. Il a demandé aux États-Unis de restituer au peuple l’ensemble des terres occupées.
M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a déclaré que la libération de M. Lòpez Rivera est une nouvelle victoire du peuple portoricain et aussi une victoire du Comité des 24. Le Comité doit être heureux d’avoir obtenu ce résultat concret et doit poursuivre ses efforts pour réunir les conditions favorables à l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple de Porto Rico. Porto Rico fait partie intégrante de nos peuples et de l’Amérique latine, a martelé le représentant. Ce dernier a également estimé que la création du Conseil fédéral de contrôle des finances atteste de la faillite de la politique américaine à Porto Rico où la situation sociale des groupes les plus vulnérables est particulièrement difficile.
M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur) a réitéré son appui au droit inaliénable du peuple de Porto Rico à l’indépendance et à l’autodétermination. Il a appelé l’Assemblée générale à se prononcer dans les plus brefs délais sur la question de Porto Rico, soulignant que le territoire est une nation d’Amérique latine dotée de sa propre identité nationale. Il a indiqué que l’effondrement économique de Porto Rico atteste de l’échec du statut d’État libre associé du territoire. En outre, la création du Conseil fédéral de contrôle des finances à Porto Rico montre qu’il s’agit bien d’une colonie où 70% de la population n’a pas appuyé « la thèse de colonisation » lors du référendum du 11 juin. L’Amérique latine ne sera libre que lorsque Porto Rico fera partie des États indépendants et souverains, a-t-il martelé.
M. DOUGLAS NICOMEDES ARCIA VIVAS (Venezuela) a salué la remise en liberté d’Oscar López Rivera dont la cause, a-t-il noté, a fait l’objet de consensus au sein de la communauté internationale. Mais il reste beaucoup à faire pour que Porto Rico puisse exercer son droit à l’autodétermination d’autant qu’après l’adoption de 35 résolutions, la situation n’a pas évolué. Il a souligné que la crise économique actuelle tire ses origines des lois américaines imposées à Porto Rico qui est totalement contrôlé par les États-Unis. Porto Rico croule sous des lois et règlements imposés par la Puissance administrante et le Conseil fédéral de contrôle des finances, qui est composé de sept membres, dispose d’énormes pouvoirs dans différents secteurs y compris le pouvoir de privatiser des entreprises publiques. En outre, l’autorité du Congrès américain demeure inchangée malgré son échec à Porto Rico. Le référendum organisé le 11 juin dernier a été marqué par un taux d’abstention énorme et a été dénoncé par l’opposition en raison de son illégitimité. Le représentant a souligné que le colonialisme est une honte pour l’humanité, appelant la communauté internationale à accélérer le processus de décolonisation de Porto Rico.
Mme ANA SILVIA RODRIGUEZ ABASCAL (Cuba) a salué la libération de M. Oscar López Rivera qui a été incarcéré pendant 36 ans uniquement pour avoir lutté en faveur de la liberté de sa patrie. Au « plus ancien prisonnier politique de l’hémisphère », la représentante de Cuba a lancé à Oscar Lòpez Rivera, « nous t’attendons à Cuba pour t’offrir l’accueil chaleureux de notre peuple ». La représentante a ensuite qualifié le referendum du 11 juin 2017 de « farce ». Elle a également affirmé qu’il sera impossible à Porto Rico de rembourser aux États-Unis une dette de 72 milliards de dollars sans sacrifier des services publics essentiels. Elle a fustigé la mise en place d’un Comité de supervision et de gestion des affaires financières de Porto Rico qui impose des mesures d’austérité qualifiées de draconiennes par le prix Nobel Joseph Stiglitz.
Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des caraïbes (CELAC), le délégué a salué l’amnistie accordée, cette année, à M. Oscar López Rivera. Il a rappelé que les pays de la CELAC ont réaffirmé leur appui à l’autodétermination de Porto Rico lors de leur « Sommet de Punta Cana » le 25 janvier 2017. Il a également appelé à l’autodétermination et la décolonisation de Porto Rico, conformément à la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale et aux résolutions du Comité spécial de la décolonisation sur la question.
« Nous ne reconnaissons aux envahisseurs espagnols et américains aucun droit quelconque sur nos terres », a déclaré M. ROGER NIEVES, Brigada Guarionex. Il a rappelé que la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale stipule que le colonialisme sous toutes ses formes est un crime. Porto Rico n’est pas une île déserte qui a été peuplée par des Américains, a-t-il insisté. « Les tests génétiques le prouvent, nous sommes sur notre terre et ce sont les Américains qui sont de trop », a-t-il conclu.
M. GERARDO LUGO SEGARRA, Partido Nationalista de Puerto Rico, a dénoncé la colonisation américaine et a demandé à la communauté internationale de reconnaître le droit de Porto Rico à l’indépendance et à l’autodétermination. Il a affirmé que la création du Conseil fédéral de contrôle des finances est un acte colonial, ajoutant que Porto Rico connaît actuellement une crise profonde. La dette de 75 milliards de dollars n’est pas notre dette, ce sont au contraire les États-Unis qui ont des dettes envers Porto Rico, a-t-il lancé. Les États-Unis doivent reconnaître que les droits des portoricains sont des droits inaliénables.
Mme KRYSTAL BODON RAMOS, Fuerza de Resistencia Divica Borucua, a demandé le remplacement de la colonisation par un système fondé sur la justice, la démocratie et l’état de droit. Le référendum du 11 juin est un acte frauduleux et ne donne pas de légitimité à la présence coloniale américaine, a-t-elle affirmé. La pétitionnaire qui a appelé à la résistance civique, a demandé au Comité spécial de saisir l’Assemblée générale au sujet de l’exercice du droit à l’autodétermination des Portoricains, ainsi qu’à la création de l’État national et souverain de Borinken. C’est la seule façon d’aller de l’avant et de mettre un terme au système colonial actuel, a-t-elle souligné.
Mme DAMARIS ORTEGA, International Human Rights Association of American Minorities, a demandé à ce que la Comité spécial condamne le référendum illégal, « nul et de nul effet » organisé par les États-Unis le 11 juin dernier. Elle a souligné que pour être valide, tout referendum doit être garanti par l’ONU, se tenir dans un contexte de retrait des forces militaires américaines de Porto Rico, accorder au peuple une période importante pendant laquelle discuter des options disponibles, et, enfin, garantir que la volonté du peuple l’emporte, y compris le choix de l’indépendance.
M. LARRY ALICEA, Colegio de Profesionales del Trabajo Social de Puerto Rico, a déclaré que l’adoption, en juin, par le Congrès américain du projet de loi PROMESA portant création d’un Comité de supervision et de gestion des affaires financières de Porto Rico est une nouvelle étape de la colonisation de Porto Rico. Il a estimé que ce Comité de supervision montrait son mépris en imposant des modèles en totale contradiction avec les réalités sociales des Portoricains. Il a fustigé un système violent, avec un accès quasi nul aux médicaments et aux services d’éducation spécialisés.
Adoption sans vote du projet de décision concernant Porto Rico A/AC.109/2017/L.12
Présentant ce projet, la représentante de Cuba a indiqué que ce texte rappelle que Porto Rico est une nation d’Amérique latine et des Caraïbes dotée d’une identité et d’une historie spécifiques. Ce texte, a-t-elle ajouté, dénonce l’adoption par le Congrès américain du projet de loi PROMESA portant création d’un Comité de supervision et de gestion des affaires financières de Porto Rico, qui marque une nouvelle étape de la colonisation. Elle a précisé que ce texte a trouvé l’appui unanime des 120 États membres du Mouvement des pays non alignés et des 33 pays de la CELAC.
M. REINALDO MARTINEZ VELAZQUEZ, Movimiento Union Soberanista, a dénoncé « le caractère immoral et illégal de la revendication des États-Unis sur Porto Rico ». Tant que les États-Unis ne renonceront pas à leurs ambitions coloniales, les droits humains fondamentaux du peuple portoricain ne seront pas respectés, a-t-il dit. Il a dit que la loi PROMESA portant création d’un Comité de supervision et de gestion des affaires financières de Porto Rico démontre que Porto Rico se trouve sous le joug des autorités fiscales américaines. Il a souhaité un dialogue avec le Gouvernement américain pour avancer sur la décolonisation de Porto Rico.
M. WALTER ALOMAR, Organization for Culture of Hispanic Origins, a dénoncé l’absence de résultat obtenu par le Comité spécial au sujet de la question de Porto Rico. Notre île est absente des trois décennies internationales de l’élimination du colonialisme, a-t-il regretté. Que faut-il faire pour obtenir l’aide du Comité spécial d’autant plus que la Puissance administrante a totalement failli à son rôle? La population patauge dans une profonde crise économique et sociale. Le Comité spécial semble être complice de cette situation faute d’action depuis des années, a dénoncé le pétitionnaire qui a assimilé la situation de Porto Rico à un « génocide ». La colonisation est synonyme d’extinction de Porto Rico qui souffre, qui meurt. « Qu’allez-vous faire? Nous faisons tout ce que nous pouvons faire, et vous? » a interpellé M. Alomar.
Mme MARIE CRUZ SOTO, New York Solidarity with Vieques, a parlé de l’importance de l’exercice du droit à l’autodétermination dans l’île de Vieques. Elle a indiqué que le colonialisme militarisé rend la population vulnérable, les habitants se retrouvant obligés de vivre dans un environnement dégradé, la petite île étant en proie à une crise sanitaire.
M. OSVALDO TOLEDO GARCIA, American Association of Jurists, a affirmé qu’après 119 ans de colonisation, Porto Rico est plongée dans une crise financière profonde. Depuis l’année dernière, le système colonial a changé de forme, avec la création du Conseil fédéral de contrôle des finances qui est censé gérer la situation. Mais à ce jour, le Conseil n’a pas fait l’audit de la dette de Porto Rico alors qu’il adopte des mesures de redressement aux conséquences désastreuses pour la population.
Mme MIRIAM MONTES-MOCK, Mesa de Trabajo por Ana Belen Montes Puerto Rico, a dit que l’adoption, par le Congrès américain, du projet de loi PROMESA portant création d’un Comité de supervision et de gestion des affaires financières de Porto Rico démontre le statut colonial de Porto Rico. Elle a attiré l’attention sur la situation d’Ana Belen Montes, citoyenne portoricaine, emprisonnée depuis 18 ans pour avoir transmis, dans le cadre de ses fonctions au Pentagone, des informations au Gouvernement cubain. Elle a expliqué que ce cas illustre un des aspects de la situation coloniale puisqu’il s’agit d’une citoyenne sensible à son identité qui a jugé que la politique des États-Unis à Cuba est cruelle et immorale.
M. HECTOR BERMUDEZ ZENON, Grupo por la Igualdad y la Justicia de Puerto Rico, a appelé à une action favorable à la paix visant à déloger les États-Unis de Porto Rico. Il a souhaité que l’on retire le bracelet électronique de Porto Rico.
Mme JUDY SHERIDAN-GONZALEZ, New York Nurses Association, a dit que les femmes portoricaines pauvres ont été utilisées comme des rats de laboratoires malgré elles lorsque les laboratoires américains ont testé des contraceptifs sur elles, tandis que d’autres ont été stérilisées sans leur consentement. Elle a aussi dit que Porto Rico était surnommé la « Mecque des transplantations » en raison d’une forte disponibilité d’organes provoquée par le taux élevé de décès chez les jeunes. Elle s’est aussi inquiétée de la présence de métaux toxiques dans la chaîne alimentaire en raison de la pollution.
M. OSBORNE HART, Socialist Workers Party, a affirmé que le succès de la lutte contre la colonisation de Porto Rico sera aussi le succès des travailleurs new yorkais. Nous sommes aux côtés des travailleurs portoricains immigrants aux États-Unis. Nous sommes solidaires avec tous les militants contre le colonialisme, qu’ils soient à Guantanamo ou à Porto Rico, a assuré M. Hart.
Mme MARTA M. BUSTILLO, Asociacion Puertorriqueña de Profesores Universitarios, a rappelé qu’à une époque, le système d’enseignement à Porto Rico était un modèle d’excellence et de réussite. Mais aujourd’hui, notre existence même est menacée avec la baisse de trois millions de dollars du budget prévu par le Conseil de supervision financière. Le Gouvernement menace aussi le droit au développement économique de Porto Rico. Elle a demandé au Comité de protéger le territoire contre cette attaque. Elle s’est aussi inquiétée de la situation que connaît l’université de Porto Rico, soulignant que l’institution est essentielle pour la reconstruction de l’île.
Mme MARTA QUINONES DOMINGUES, Association de Economistas de Puerto Rico, a dit que le Gouvernement américain continue de dégrader l’économie de Porto Rico, pointant notamment du doigt la création du Conseil de supervision des affaires financières pour aider au remboursement de la dette de 75 milliards de dollars attribuée à Porto Rico. Mais nous ne savons même pas d’où est venue cette dette, et lorsque nous demandons à en connaître l’origine, nous sommes battus, s’est-elle indignée. La pétitionnaire a dit protester non seulement contre cette politique mais aussi contre ses conséquences sociales et économiques.
Mme AMY RUIZ GOYCO, International Law Student Society, a déclaré que la réalité est que Porto Rico est actuellement géré par un Comité de supervision et de gestion des affaires financières créé par le Congrès américain. Elle a affirmé que la spécificité de ce statut colonial empêche Porto Rico de se développer correctement.
« Porto Rico est en train d’être exterminé », a déclaré ANTONIO CAMACHO, Latino Law Student Society. Les écoles sont fermées, les hôpitaux sont fermés, les impôts ne cessent d’augmenter tandis que les aliments locaux sont plus chers que la nourriture importée. Évoquant son expérience en tant que capitaine de l’armée américaine ayant combattu en Afghanistan, il a affirmé que les États-Unis ont une approche très sélective de la démocratie.
Mme ANA LOPEZ, porte-parole de la coordination de New York pour la libération d’Oscar Lòpez Rivera, a remercié le Comité d’avoir aidé Porto Rico à ramener Oscar Lòpez Rivera chez lui. Elle a fustigé la campagne de dénigrement lancée par le FBI dans le but d’intimider tous ces qui voulaient souhaiter la bienvenue à Oscar Lòpez Rivera.
M. JOSE M. LOPEZ SIERRA, Companeros Unidos para la Descolonizacion de Puerto Rico, a rappelé que cette année, le défilé de Porto Rico de New York a été boycotté par ses sponsors parce que les organisateurs ont osé se réjouir de la libération d’Oscar Lòpez Rivera et défiler avec lui. Il a rappelé l’origine du statut juridique actuel de Porto Rico et les contradictions des États-Unis et des Nations Unies sur la question. Porto Rico ne figure même pas sur la liste des territoires à décoloniser, a regretté le pétitionnaire.
Mme MERCEDES MARTINEZ PADILLA, Teachers Federation of Puerto Rico, a donné un aperçu de l’historique de l’enseignement à Porto Rico pour souligner le caractère injuste du système éducatif actuel qui ne bénéficie qu’aux privilégiés. Elle a dénoncé l’ingérence des autorités fédérales dans le système actuel ainsi que la création du Conseil de supervision des affaires financières qui amplifie l’appauvrissement des Portoricains.
Mme JOSELYN M. SANTOS VALDERAMA, Juventud Hostosiana, a énuméré les chiffres de la crise sociale et a dénoncé la coupe de 500 millions de dollars du budget social à Porto Rico. Ces mesures vont provoquer une dégradation de la situation non seulement sociale mais aussi politique et économique. En conséquence, la fuite de cerveaux se poursuit de plus belle. Il faut une autre politique et se libérer des entraves qui nous empêchent de développer, a exhorté Mme Valderama.
Elle a demandé au Comité des 24 de préciser les différences qui existent entre la libre association et l’indépendance. Elle a aussi souhaité que l’Assemblée générale ajoute Porto Rico à la liste des territoires à décoloniser.
M. FAVIO RAMIREZ-CAMINATTI, El centro de Inmigrante, a dit que la création d’un Comité de supervision et de gestion des affaires financières pour Porto Rico est une tyrannie mise en place sans consultation avec les populations locales. Il a jugé urgent que les Nations Unies qualifient la situation de Porto Rico de situation coloniale.
Mme MONIKA PONTON ARRINGTON, Indigenous Women Knwoledge, a demandé au Comité de décolonisation de présenter une résolution invitant l’Assemblée générale à inscrire Porto Rico sur la liste des territoires à décoloniser.
Mme JOSCELYN VELAZZQUEZ RODRIGUEZ, Frente Socialista, a dit que le Conseil de supervision des affaires financières est un instrument politique chargé d’assurer la répression des Portoricains. Ces dernières semaines, de nombreux camarades ont été arrêtés lors de manifestations et n’ont pas la possibilité de saisir leurs avocats. Mais nous allons continuer la lutte car il y a urgence. Elle a estimé que la question de Porto Rico doit être traitée par une instance supérieure « car il en va de la vie de millions de gens ».
M. ISMAEL BETANCOURT, Institute for Multicultural Communications Cooperation and Developement, a dénoncé le référendum frauduleux du 11 juin. Selon lui, Porto Rico doit être indépendant et les Portoricains doivent jouir de la double nationalité. Il a proposé de permettre à Porto Rico de disposer de 10 ans avant de faire un choix sur le système politique pour le territoire.
M. NELSON ROCHET-SANTORO, Concilio de Veteranos y Soldados de Puerto Rico, a condamné la colonisation américaine de Porto Rico qui traite les Portoricains comme des esclaves. Il a appelé le Comité à exiger des États-Unis le respect de la résolution 1514 (1960).